Afghanistan archives 1998-1999
L'actualité sur l'Afghanistan en ligne avec l'AFP
Chronologie de la guerre d'Afghanistan
Les principaux acteurs du conflit afghan 
la politique américaine
L'Afghanistan et les Talibans  Rapport rédigé par Mme Soukhria Haidar
                Présidente de l’Association de soutien aux femmes afghanes (NEGAR) 
Sanctions financières internationales 
 
L'Inde compte sur les talibans pour trouver une issue au détournement de l'Airbus
Les pirates de l'air ont cédé sur deux de leurs revendications (Le Monde, 30/12/1999)

La situation est devenue extrêmement tendue au septième jour du détournement de l'avion d'Indian Airlines. Selon des sources à Kandahar, ville du sud de l'Afghanistan où l'avion, avec ses quelque 160 passagers et membres d'équipage, est stationné depuis samedi, les pirates de l'air, de plus en plus nerveux, ont menacé mercredi 29 décembre au soir de redécoller vers une destination inconnue s'il ne se passait rien. 
Relayant cette impatience, le ministre des affaires étrangères d'Afghanistan, le taliban Wakil Ahmad Mutawakil, a affirmé lors d'une conférence de presse tenue sur le tarmac : « Si la partie indienne ne résout pas la crise, nous demanderons aux pirates de quitter l'Afghanistan et nous les y forcerons. » 
M. Mutawakil s'est refusé à préciser combien de temps les talibans étaient encore prêts à attendre, déclarant : « Nous ne sommes pas ici pour donner des ultimatums, nous sommes ici pour trouver une solution pacifique au problème. » Il a toutefois ajouté : « Nous exigeons des deux parties qu'elles ne perdent pas de temps et qu'elles parviennent à une solution. »

« NON CONFORMES À L'ISLAM »

Les talibans, dont une partie au moins sont entrés dans la négociation, avaient obtenu mercredi que les pirates cèdent sur deux de leurs revendications, « non conformes à l'islam » : le retour du corps d'un séparatiste musulman tué au Cachemire indien en juin lors d'une « tentative d'évasion », et une somme de 200 millions de dollars. Ils ont aussi, selon une source à Kandahar, « donné des cours de théologie islamique aux pirates pour leur faire valoir que la prise d'otages innocents était contraire à l'islam ». Les pirates exigent toujours la libération de trente-six militants cachemiris détenus dans les prisons indiennes, dont celle d'un chef religieux pakistanais, Masood Azhar.
L'entrée dans la négociation des talibans, et en particulier de M. Mutawakil, qui, dit-on à Delhi, « aide beaucoup et paye de sa personne pour la faire avancer », était souhaitée depuis le début par l'Inde qui, après avoir voué les talibans aux gémonies, s'en remet totalement à eux pour trouver une issue à la crise. Dans cette optique, le ministre indien des affaires étrangères, Jaswant Singh, a affirmé mercredi qu'il avait pris contact avec l'Arabie saoudite et avec les Emirats arabes unis, deux des trois pays (le troisième étant le Pakistan) à reconnaître les talibans, ainsi qu'avec des gens qui avaient accès au Mollah Omar, chef suprême des talibans, pour leur demander d'aider à finir au plus vite cette affaire. 
La baisse des exigences des pirates a été accueillie sans enthousiasme particulier à New Delhi, où le ministre des affaires parlementaires, Pramod Mahajan, a affirmé : « Nous prenons en compte les revendications dans leur ensemble. Cette annonce ne change rien à la situation. » Se voulant rassurant quant à la limite de temps invoqué par M. Mutawakil, M. Mahajan a ajouté : « Dans une situation comme celle-ci, aucun délai ne peut être fixé et rien ne prouve que les talibans sont en train de perdre patience. » Le gouvernement indien, qui se sent sans doute rassuré depuis que la montée en puissance des exigences des pirates a soudé l'opinion publique - y compris des parents des otages - en faveur de la fermeté, fait montre d'un calme qui contraste sérieusement avec l'ambiance régnant à Kandahar.

RASSURER, GAGNER DU TEMPS

Dédramatisant le sort des passagers, Jaswant Singh a affirmé mercredi : « En dépit des circonstances et de leur longue incarcération forcée, une attention médicale est fournie aux otages ainsi que des médicaments », ajoutant que « de la nourriture et de l'eau sont apportées en permanence et suivant les besoins ». Selon un soldat taliban monté dans l'avion mercredi, les otages auraient la permission de se déplacer dans l'avion et certains ont été vus jouant aux cartes et aux échecs. Les hommes n'auraient plus les yeux bandés. 
Ces nouvelles rassurantes visent de toute évidence à conforter les familles et à justifier le temps qui passe. Combien de temps les pirates sont-ils prêts à attendre, c'est là toute la question alors que clairement l'équipe de négociateurs indiens à Kandahar ne cherche qu'à gagner du temps. Le temps nécessaire, espère-t-on désormais à New Delhi, pour que les talibans convainquent les pirates de l'air de relâcher leurs otages.

Libération pour les 160 otages du détournement d'un avion indien (AFP, 31/12/99)
Quelque 160 personnes, otages de cinq pirates de l'air, ont été libérés vendredi quelques heures avant le nouvel an, au huitième jour du détournement d'un avion d'Indian Airlines après que New Delhi eût accepté de libérer trois militants islamistes.Les pirates ont aussi quitté l'avion, et la milice islamiste des taliban au pouvoir à Kaboul, leur a donné dix heures pour quitter l'Afghanistan.Tous les passagers et membres d'équipage de l'Airbus A-300, immobilisé depuis samedi dernier sur le tarmac de l'aéroport de Kandahar (sud de l'Afghanistan) sont rentrés à New Delhi, sains et saufs. Ce détournement a néanmoins fait un mort, un jeune Indien de 25 ans, qui rentrait de voyage de noces, poignardé par les pirates de l'air. ....
Cette libération après une semaine de calvaire pour ces otages a été rendue possible grâce à un accord conclu entre l'Inde et les
cinq pirates de l'air, prévoyant un échange entre ces 160 otages et trois militants islamistes jusqu'à présent emprisonnés au
Cachemire indien. Ces trois militants sont le religieux sunnite Masood Azhar, 31 ans, en tête de la liste des 36 militants dont la libération était réclamée par les pirates de l'air, Sheikh Mushtaq Zargar et Ahmed Unar Syed. New Delhi combat depuis dix ans une insurrection musulmane au Cachemire, territoire montagneux que se dispute l'Inde et le Pakistan depuis un demi-siècle.
Islamabad a salué vendredi le dénouement heureux de ce détournement et nié que les pirates de l'air puissent se rendre au
Pakistan. "Nous ne savons rien de cela", a affirmé un porte-parole officiel, Tariq Altaf.
Un diplomate à Kandahar (sud) où l'avion est resté immobilisé près d'une semaine, a indiqué que les pirates de l'air seraient
expulsés de l'Afghanistan par les taliban, vers un pays voisin, probablement le Pakistan. "Ils seront expulsés ce soir (vendredi) par la route", a indiqué ce diplomate ayant requis l'anonymat. Les taliban , qui contrôlent 80% de l'Afghanistan et dont le quartier-général se trouve à Kandahar, ont joué un rôle important dans le dénouement de cette crise. L'Inde, comme la plupart des pays dans le monde, ne reconnaît pas le régime des taliban. Mais New Delhi a salué à plusieurs reprises les autorités taliban pour leur attitude et leur coopération depuis le début de la crise. Sept négociateurs indiens avaient entamé lundi des pourparlers avec les pirates de l'air. L'Inde avait attendu deux jours avant de dépêcher cette délégation, provoquant la colère des proches des otages, et l'impatience des taliban. Ces derniers avaient menacé à plusieurs reprises, notamment jeudi, de contraindre l'avion détourné à redécoller, faute de solution rapide à la crise. La situation des 160 otages, à bord de l'avion depuis huit jours, s'était détériorée vendredi après que les moteurs de l'appareil eurent été brusquement coupés, les exposant à des températures glaciales. L'avion, détourné lors d'un vol Katmandou-New Delhi, était arrivé samedi à Kandahar après des escales à Amritsar (Inde), Lahore (Pakistan) et Dubaï (Emirats Arabes Unis). Parmi les otages figuraient une quinzaine d'Occidentaux. Les pirates de l'air avaient libéré 27 passagers lors d'une escale à Dubaï et un passager malade dimanche à Kandahar.

L'héritage de l'invasion soviétique toujours visible en Afghanistan (AFP, 24/12/99)
L'héritage de l'invasion par l'URSS, le jour de noël 1979, est toujours visible en Afghanistan, que continue de ravager une interminable guerre malgré le retrait, dix ans après son entrée, de l'armée soviétique.Les militaires soviétiques ont envahi l'Afghanistan en 1979 pour consolider le régime pro-Moscou à Kaboul. Plus d'un million et demi d'Afghans et 15.000 soldats soviétiques ont été tués au cours des dix années d'occupation qui ont suivi. La population de Kaboul se souvient encore du matin du 27 décembre 1979 lorsqu'il a été annoncé que le dirigeant communiste Hafizullah Amin avait été renversé et exécuté par son frère d'armes, Babrak Karmal. Ce dernier affirmait alors que les Soviétiques étaient entrés en Afghanistan dans le cadre d'une mission de paix internationale destinée à éviter que le pays ne soit la proie de l'impérialisme américain. Mais la population s'est rapidement mise à prier pour le départ des "monstres rouges". "J'étais professeur à l'époque", se souvient Atiqullah, qui habite la capitale afghane. "Les gens ont commencé à tuer le bétail et à réciter des versets du coran pour favoriser le départ des monstres rouges", a-t-il affirmé à l'AFP. La "mission de paix" soviétique a rencontré très peu de soutien au sein de la population afghane, et des millions d'Afghans ont préféré fuir leur pays. "J'ai vu les premiers soldats soviétiques près du fort historique de Balahesar (à Kaboul). J'ai souhaité pouvoir en tuer le plus possible", s'est souvenu de son côté Mohammad Rafi, autre résident de Kaboul. Les rangs de la résistance ont commencé à s'étoffer et Washington a saisi cette opportunité pour l'assister financièrement et
militairement dans le cadre d'une des plus importantes opérations américaines de ce genre depuis la fin de la seconde guerre
mondiale. Résultat, en 1989, l'armée soviétique a plié bagage, laissant seul le président Mohammad Najibullah. Quelques mois plus tard, c'était l'URSS qui commençait à s'effondrer. "L'invasion soviétique a eu pour résultat la destruction complète de l'infrastructure du pays, l'exode des réfugiés et un désastre humanitaire pour l'Afghanistan", a résumé Farid Homayoon, médecin afghan réputé. Inversement, de nombreux Afghans, et Afghanes, ont eu la possibilité de suivre des études gratuitement en URSS et dans d'autres pays socialistes. D'ailleurs, beaucoup d'Afghans parlent encore le russe, particulièrement ceux qui vivaient à proximité des camps militaires soviétiques. Aujourd'hui, les femmes sont privées d'accès à l'éducation, en vertu de la lecture très particulière que font les taliban, la milice religieuse au pouvoir à Kaboul, de la charia, la loi islamique, et des préceptes du coran. Autre héritage de l'URSS, tous les pilotes d'aéronefs ont été entraînés par les Soviétiques et l'armement laissé derrière eux par les
Soviétiques, en vente sur les marchés afghans, est le seul utilisé en Afghanistan. Quant aux bâtiments de l'ambassade d'URSS à Kaboul, ils servent aujourd'hui de centre d'accueil à quelque 16.000 réfugiés ayant fui les combats du nord du pays. Pendant les trois années qui ont suivi leur retrait d'Afghanistan, les Soviétiques, puis les Russes après la chute de l'URSS, sont parvenus à maintenir au pouvoir le président Najibullah, en particulier grâce à de généreuses livraisons d'armes. Mais, en 1992, les Moudjahidine (la résistance afghane) ont envahi Kaboul, qu'ils ont en partie détruite, laissant 65.000 morts derrière eux. Quatre ans plus tard, ils ont à leur tour été évincés par les taliban, au pouvoir à Kaboul depuis 1996. La milice islamiste a étendu son contrôle sur la plus grande partie du pays, à l'exception du nord où le commandant Ahmad Shah Massoud, ancien ministre de la Défense des Moudjahidine, tient toujours tête aux taliban.

Les taliban et l'opposition afghane échangent des prisonniers (AFP, 20/12/99)
Assis les jambes croisées sur le sommet de la colline ensoleillée, le commandant de la milice des taliban entouré de ses combattants parle avec son homologue de l'opposition de l'autre coté du front avec sa radio. Le Mawlawi Habibullah Reshad, chef des interrogatoires du département du renseignement des "étudiants en théologie" au pouvoir à Kaboul est en train d'arranger l'échange de 14 prisonniers avec les forces de l'opposition anti-taliban du commandant Ahmed Shah Massoud.
"L'échange de prisonniers entre nous est une affaire de routine. Au cours des deux derniers mois nous avons échangé 350
prisonniers des deux cotés", a-t-il affirmé. Autour de lui, la zone désertique de la ligne de front à Barikau (45 km au nord de Kaboul) est calme alors que les belligérants -- qui se sont durement combattus l'été dernier dans cette plaine de Chamali -- observe le jeûne du mois du ramadan. Par la radio située dans son abris souterrain, Reshad demande en outre à son alter égo une faveur personnelle: retrouver la trace d'un combattant taliban disparu depuis deux ans. Les taliban qui contrôlent la majeure partie du pays, détiennent 4.500 personnes: 2.300 prisonniers de guerre, les reste étant des prisonniers politiques, a affirmé le commandant taliban. Ils sont détenus à Kaboul ou à Kandahar, le quartier général de la milice dans le sud du pays. De son coté, selon lui, Massoud détient 750 miliciens dans la vallée du Panchir, son bastion de l'Indou Kouch à une centaine de kilomètres au nord de Kaboul. Le mawlawi Reshad assure que les taliban sont disposés à faire un échange global des prisonniers mais que l'opposition y est opposée. Quand l'échange ne peut se faire, il n'est pas rare que des prisonniers soient rachetés. "Récemment nous avons acheté une trentaine de prisonniers à l'autre côté", dit Reshad. Les taliban, précise-t-il, allouent 9.000 afghanis (20 US cents) à chaque prisonnier pour sa nourriture quotidienne. Les familles, ajoute-t-il, peuvent apporter d'autres nourritures. L'opposition anti-taliban contrôle principalement les deux provinces du nord-est du pays -- Takhar et Badakshan -- ainsi qu'une partie de la plaine de Chamali au nord de la capitale.

Course contre la montre pour aider les réfugiés du Panchir (AFP, 23/11/99)
Des dizaines de milliers de réfugiés encore entassés dans des conditions épouvantables dans la vallée du Panchir, au nord de Kaboul, redoutent l'arrivée du terrible hiver afghan contre lequel les organisations humanitaires livrent désormais une véritable course contre la montre. Selon un responsable humanitaire, le froid et le manque de nourriture sont les deux dangers qui guettent les plus vulnérables de ces réfugiés. Ceux-ci ont fui l'été dernier, quand les combats faisaient rage dans la plaine de Chamali, pour se rendre dans la vallée du Panchir, le bastion du chef de l'opposition anti-taliban Ahmed Shah Massoud."Sur 60.000 réfugiés, 20.000 sont très vulnérables, ne disposant encore que d'abris de fortune et de très peu de nourriture", a ajouté ce responsable d'une organisation non gouvernementale européenne."Ces plus démunis sont ceux qui viennent de la partie sud de la plaine de Chamali, encore sous le contrôle des taliban", a-t-il ajouté. "Il n'ont pu retourner chez eux pour y récupérer leurs maigres biens, d'ailleurs détruits dans la plupart des cas".
Au gros de l'offensive d'été de la milice intégriste au pouvoir à Kaboul, plus de 100.000 personnes avaient trouvé refuge sur les bords de la rivière Panchir, dans cette triste vallée encaissée du sud de l'Indou Kouch.
Les déplacés de la partie nord de la plaine, récupérée par le commandant Massoud lors d'une contre-offensive en août, ont pu se
réinstaller chez eux. Mais ceux qui vivaient près de la ligne de front, à une cinquantaine de km au nord de Kaboul, sont restés dans la vallée, après avoir récupéré ce qui pouvait l'être. 60.000 personnes s'entassent ainsi dans des bâtiments publics, des écoles, ou vivent dans des camps de toiles ou des abris de fortune. Bazarak, une petite ville de la basse vallée, possède une école en dur. Des centaines de personnes y vivent entassées dans les salles de classe et les couloirs. L'école a été bombardée jeudi dernier par un avion taliban. Bilan : 25 morts et des dizaines de blessés. Plus haut dans la vallée, vers le col d'Anjouman déjà bloqué par les neiges, à Dasht-i-Rewat, 409 familles vivent dans un camp de toiles. La nuit, la température en ce mois de novembre est déjà négative. Bismillah, un fermier qui ignore son âge, a quitté son village de Qara Bagh à cause des taliban et vit désormais dans ce camp avec les onze membres de sa famille et six personnes de celle d'un neveu tué par les taliban.
"Ils ont tué les gens, brûlé les maisons, détruit nos vignes et nos récoltes", dit-il, ajoutant qu'il a perdu un fils et un frère lors de
l'offensive de la milice intégriste. "Nous ne sommes que des fermiers, pas des soldats", dit-il, entouré de ses enfants grelottant de
froid, la peau rougie par les engelures.
Deux organisations humanitaires européennes, ACTED (France) et OXFAM (G-B) construisent des maisons en pierres et en terre,
où pourront s'abriter ces familles dans quelques jours. "Il faut nous dépêcher, car l'hiver va arriver tôt cette année", dit un
responsable installé sur place. Chaque maison comprend quatre pièces, chacune destinée à accueillir une famille. Celles-ci disposeront d'un poêle et de charbon et le Programme alimentaire mondial (PAM) devrait fournir la nourriture. Sur les 6.000 tonnes de vivres qui peuvent permettre aux déplacés de tenir jusqu'au printemps, le PAM a acheminé jusqu'à maintenant 3.000 tonnes, en passant dans des conditions très difficiles par le Tadjikistan et le nord de l'Afghanistan.Seule note d'espoir dans ce flot de misère : les taliban ont accepté samedi de laisser passer les convois humanitaires des Nations unies par Kaboul et la plaine de Chamali.

La vieille citée grecque de Ai Khânoum meurt lentement mais surement (AFP, 24/11/99)
20 ans de guerres et de pillages en Afghanistan ont réussi ce que 24 siècles n'avaient pu accomplir: détruire pratiquement totalement Ai Khânoum, une cité antique grecque qui agonise au nord de l'Afghanistan, dans une boucle de l'Amou Daria.De cette ville hellénistique, sans doute créee au 4ème siècle avant notre ère soit par Alexandre ou quelques années plus tard par
Seleucos, on a oublié jusqu'au nom d'origine -- Ai Khânoum signifie "Dame Lune" en langue ouzbèke. Un nom prémonitoire dans la mesure où il ne reste pratiquement plus rien debout sur ce plateau boueux éloigné de tout et bordé par les eaux sauvages de l'Amou Daria au delà desquelles dominent les falaises rouges du Tadjikistan.
Le site est entouré de collines dont les sommets sont hérissés des canons de l'artillerie des forces du commandant Ahmed Shah
Massoud -- qui contrôlent la région -- pointés vers les lignes de la milice religieuse des taliban. Des 118 colonnes d'un palais qu'on imagine volontiers somptueux, on ne repère plus que les socles, quelques fûts couchés et des chapiteaux mutilés par les burins de pillards en quête de pierres sculptées. Maintenant on ne peut que déambuler entre des pans de murs informes de briques crues qui auraient dû disparaitre au cours des âges si un incendie au 2ème siècle avant notre ère ne les avaient "cuites" pour en faire un vestige inestimable pour la postérité. Mais ces reliques de la présence hellénistique en Asie centrale, qui avaient tant bien que mal survécues aux invasions, n'a pas résisté à ces deux dernières décennies de guerre qui ont ravagé le pays tout entier. C'est au cours de partie de chasse dans les années 60, que le dernier roi afghan Zaher Shah, qui vit en exil à Rome, a été alerté sur
la présence de pierres sculptées dans cette région du nord de la province de Takhar. De retour dans la capitale, le roi a signalé cette trouvaille au directeur de la mission archéologique française en Afghanistan Daniel Schlumberger qui a entrepris les fouilles qui ont permis de mettre au jour les ruines de la cité grecque, dont les spécialistes savaient qu'elle existait tout en en ayant perdu la trace. De ces fouilles, il ne reste presque rien et la vieille cité s'est à nouveau plongé dans un sommeil à peine troublé par les tirs d'armes automatiques et des mortiers dans le lointain et par les coups de marteaux des pilleurs. Mais ce sommeil pourrait bien cette fois s'avérer mortel.

Afghanistan: les talibans bombardent la vallée du Panjshir (AP, 18/11/99)
Les talibans au pouvoir à Kaboul ont bombardé jeudi la vallée du Panjshir que contrôlent l'opposition afghane, tuant au moins 13 personnes et blessant 64 autres. Selon un porte-parole de l'opposition, Mohammed Arif, joint au téléphone de la région par l'Associated Press, ces raids sont les plus violents de ces dernières semaines dans la vallée du Panjshir, située à environ 130 kilomètres au nord de la capitale Kaboul. Mohammed Arif a précisé que des camps de réfugiés et les environs de Bazarakh avaient été touchés. Parmi les victimes, figurent des réfugiés des combats de l'été dernier dans la plaine Shomali, au nord de Kaboul. ``Nous avons des problèmes pour soigner les victimes car nous manquons cruellement de médicaments et d'équipements'', a-t-il ajouté. 

Ben Laden-Manifestation à Kaboul contre les sanctions de l'Onu (Reuters, 14/11/99)
Les sanctions adoptées par les Nations unies contre l'Afghanistan sont entrées en vigueur dimanche, les Talibans au pouvoir à Kaboul n'ayant pas livré le milliardaire saoudien intégriste Oussama Ben Laden. Ces sanctions prévoient l'interdiction de tous les vols d'avions appartenant ou affrétés par les Talibans, ainsi que le gel des avoirs du mouvement islamiste afghan à l'étranger.  Elles ont été adoptées le 15 avril par le Conseil de sécurité, avec un délai de 30 jours pour livrer Ben Laden, accusé d'avoir commandité les meurtriers attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, en août 1998. Le Slovène Danilo Turk, président du Conseil de sécurité de l'Onu, a déclaré vendredi aux journalistes que les sanctions entreraient automatiquement en vigueur, le délai d'un mois ayant expiré. Samedi, le ministre afghan des Affaires étrangères, Wakil Ahmad Muttawakil, avait, dans un entretien à Reuters à Kaboul, formulé un appel de dernière minute aux Nations unies, leur demandant de renoncer ou de reporter les sanctions et proposant de nouvelles discussions avec Washington. Mais il avait réaffirmé que son gouvernement n'était pas disposé à extrader contre son gré le milliardaire saoudien aux Etats-Unis. 

Les avions d'Ariana cloués en Afghanistan 
A Kaboul, des dizaines de milliers d'Afghans en colère ont défilé dimanche dans les rues de la capitale pour protester contre les
sanctions de l'Onu. Il ont jeté des pierres et attaqué deux bureaux des Nations unies, détruisant des barrières et des ordinateurs et incendiant le drapeau bleu de l'organisation mondiale. Aucun membre du personnel de l'Onu n'a été blessé mais plusieurs vigiles talibans qui tentaient de protéger les bâtiments et qui ont tiré en l'air en guise d'avertissement ont en revanche été blessés.  Les manifestants ont également scandé des slogans anti-américains ("Mort à l'Amérique, A bas Clinton !" et "Vive l'islam !") devant
l'ambassade des Etats-Unis, fermée depuis 1989. L'un des bureaux des Nations unies attaqués appartenait au Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).  Mercredi, les bureaux de l'Onu à Kandahar, la "capitale des Talibans" située dans le sud du pays, avaient été attaqués à coups de pierres par une foule de 50.000 manifestants. A Kaboul, les responsables ont indiqué dimanche que les sanctions n'avaient eu, pour le moment, aucune répercussion visible, sauf pour la compagnie nationale Ariana dont les avions ont reçu l'ordre de ne pas quitter l'Afghanistan.

L'Afghanistan manifeste sa colère à Kaboul contre les sanctions de l'ONU (AFP, 14/11/99)
Des manifestants afghans ont exprimé leur colère dimanche devant les sanctions décidées par l'ONU en jetant des pierres sur les bureaux des Nations unies à Kaboul et sur les bâtiments de l'ancienne ambassade américaine. Des milliers de manifestants et des soldats de la milice islamiste des taliban, au pouvoir à Kaboul, se sont rassemblés devant les bâtiments de l'ONU et ont crié des slogans anti-américains. Des pierres ont brisé des vitres des bureaux de l'ONU et des manifestants ont réussi à franchir des barrières disposées devant les bâtiments de l'ancienne mission américaine, qu'ils ont tenté d'investir, avant d'en être empêchés.  Des coups de feu en l'air ont été tirés par des gardes taliban pour disperser la foule. "Mort à l'Amérique, mort au séducteur Clinton", a chanté la foule des manifestants, avant de se disperser. "Les sanctions de l'ONU sont en fait une attaque contre le monde islamique dans son ensemble", a dit à la foule un des leaders de la manifestation, apparement organisée à l'avance, pendant que des manifestants chantaient ""Allah-Akbar (Dieu est grand)". Le Conseil de sécurité de l'ONU a imposé des sanctions, dont l'entrée en vigueur avait été décidée pour ce dimanche, à l'encontre de l'Afghanistan, coupable selon l'ONU de n'avoir pas extradé le terroriste présumé Oussama ben Laden, dont la tête a été mise à prix par les Etats-Unis. "Oussama est seulement une excuse. Les Etats-Unis veulent mettre en oeuvre ici leurs propres desseins", a expliqué à la foule des manifestants un responsable taliban. "Ne vous préoccupez jamais de ces sanctions. Dieu nous nourrit", a ajouté ce responsable. Des milliers de personnes ont manifesté la semaine dernière à travers l'Afghanistan, et six explosions visant des intérêts américains ou de l'ONU ont eu lieu vendredi à Islamabad au Pakistan. Ces explosions ont été revendiquées dimanche dans un coup de téléphone au bureau de l'AFP à Dacca par un homme se présentant au nom d'une organisation islamiste inconnue, "Al-Jihad", basée selon lui à Kandahar (sud de l'Afghanistan). Cet homme qui s'exprimait en anglais avec un accent arabe s'est simplement présenté comme étant "Ahmed" avant de raccrocher, refusant de répondre aux questions. Les taliban, milice islamiste qui contrôle 80% du territoire afghan, se sont jusqu'à présent refusés de livrer ben Laden, que les Etats-Unis veulent juger pour terrorisme. Washington accuse ce milliardaire d'origine saoudienne d'être responsable de deux attentats contre des ambassades américaines commis en août 1998 et qui avaient fait 224 morts.Les sanctions édictées par les Nations unies prévoient l'interdiction à la compagnie aérienne afghane Ariana, contrôlée par les taliban, d'exploiter toute liaison internationale, et le gel des comptes bancaires des taliban à l'étranger. Les taliban ont confirmé la suspension de ces vols internationaux après l'arrivée samedi soir à Kandahar d'un vol transportant 14 tonnes de fret en provenance de Sharjah, aux Emirats arabes unis. "Nous n'avons pas l'intention de mettre en oeuvre d'autres vols", a déclaré le ministre taliban de l'aviation civile Akhtar Mohammad Mansur, cité dimanche par l'Agence islamique de presse, basée au Pakistan. Le ministre a également affirmé que les taliban n'avaient pas l'intention de violer les sanctions décidées à leur encontre. M. Mansur a déploré ces sanctions en affirmant qu'elles provoqueraient davantage de souffrances pour le peuple afghan déjà durement touché par la guerre qui sévit en Afghanistan depuis deux décennies presque sans interruption. "La mesure prise par les Etats-Unis et les Nations unies est une violation claire des droits de l'Homme", a-t-il dit. La compagnie Ariana dipose de trois Boeing 727 déjà usagés pour ses liaisons internationales qui desservent quelque 120
destinations et transportent chaque mois 1.200 passagers et 2.000 tonnes de fret.

Les Talibans demandent le report des sanctions de l'ONU (AP, 13/11/99)
Les Talibans ont offert samedi de discuter avec Washington du cas d'Oussama Ben Laden, commanditaire présumé d'attentats anti-américains au Kenya et en Tanzanie en août 1998, en échange du report des sanctions qui devaient être décrétées dimanche par les Nations unies contre l'Afghanistan. La radio officielle a fait état de manifestations anti-américaines dans quatre grandes villes du pays -mais pas dans la capitale, Kaboul, aux cris de ``Mort à l'Amérique''. ``Une fois de plus, nous exigeons que les Nations unies reviennent sur leur décision ou en retardent l'application pour laisser le temps de trouver une solution'', a déclaré le ministère taliban des Affaires étrangères dans un communiqué. Les Etats-Unis demandent aux Talibans qui contrôlent 90% du pays mais ne sont pas reconnus par l'ONU de leur livrer -ou à un pays tiers- Oussama Ben Laden pour qu'il soit jugé. Sinon, une résolution votée le 15 octobre par le Conseil de sécurité prévoit le gel des avoirs des Talibans à l'étranger et l'interdiction des avions des Talibans dans les aéroports internationaux, à part pour les vols humanitaires et le pélerinage à la Mecque. Kaboul accuse ``les Nations unies d'être utilisées par les Etats-Unis pour persécuter l'Afghanistan'' et juge les sanctions ``déraisonnables'', demandant aux autres pays musulmans de les refuser. Les Talibans ont également demandé le soutien de l'organisation de la conférence islamique. Ils ont assuré qu'aucune menace ne pesait sur les travailleurs étrangers. Oussama Ben Laden, ancien combattant de la résistance afghane -alors soutenue par les Etats-Unis- contre l'Armée rouge dans les années 1980, est réfugié en Afghanistan depuis mai 1996. 

Omar, le chef des Taliban afghans : un borgne solitaire (AFP, 12/11/99)
Mullah Mohammad Omar, fondateur et chef de la milice des Taliban au pouvoir en Afghanistan est un combattant endurci et solitaire qui a perdu un oeil à la guerre. Son refus de livrer le terroriste présumé Oussama ben Laden va entraîner l'application à compter de ce dimanche de sanctions à l'encontre de l'Afghanistan décidées par le Conseil de sécurité des Nations Unies.
Intraitable, le chef des Taliban voue aux gémonies Washington en affirmant que les Etats Unis-essuieront la colère de Dieu pour
l'oppression des fondamentalistes musulmans."Dieu le Tout-Puissant Allah vous infligera des tremblements de terre et des tempêtes et alors vous serez étonnés de subir ce que vous méritez", a-t-il lancé cette semaine.
Commandant d'un groupe de Moudjahidine afghans à l'époque de la lutte contre les Soviétiques au cours de laquelle il a perdu un
oeil, Omar a assis son autorité à partir de 1994 au moment où les différentes factions de la résistance s'entredéchiraient dans des
luttes intestines.
Alors que l'anarchie était à son comble, son programme axé sur la promesse du retour à la sécurité par l'application de la Chariah,
la loi islamique, a rassemblé derrière lui et son mouvement, à l'époque embryonnaire, un large mouvement de citoyens ordinaires
lassés des combats et de l'arbitraire. Devant le monde étonné, les combattants Taliban ont alors pris le contrôle d'une grande partie du pays et se sont emparés sans coup férir de la capitale afghane en 1996. Aujourd'hui plus de 80% de l'Afghanistan est sous leur autorité. Seul le nord-est du pays est toujours aux mains des forces de l'opposition qui y sont retranchées. Désigné sous le titre de Amir-ul-Momenin, ou Commandant de la Foi, Omar est un officier du culte musulman et, à l'intérieur de l'Afghanistan, il n'a jamais été ni photographié ni filmé. Alors qu'il approche de la quarantaine, le chef des Taliban est un homme solidement charpenté qui, sans le dire, a transféré la réalité du pouvoir afghan de Kaboul à Kandahar. Ceux qui le connaissent affirment qu'il vit modestement et qu'il se désigne lui-même comme un "serviteur de l'Islam". Il a suivi des études religieuses mais sa scolarité a été brutalement interrompue lorsqu'il a décidé de se joindre au Jihad --la guerre sainte-- après l'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique en 1979. Une dizaine d'années plus tard, les Soviétiques étant partis, il a fondé un mouvement islamique radical à partir de son école et de son village natal de Singesar dans le sud de l'Afghanistan. Son programme tenait en trois points: rétablissement de l'ordre, mise en vigueur de la loi islamique fondamentale et défense du territoire de l'Afghanistan. Au Pakistan voisin, les nombreux réfugiés afghans ont rejoint en masse le mouvement des étudiants (Talib en arabe) qui rapidement
a pris de l'ampleur. Le monde entier a condamné la politique des Taliban d'Omar qui ne sont guère approuvés que par les groupes islamiques du Pakistan. L'application stricte de la loi islamique a pour résultat de faire des femmes des prisonnières de leur foyer, contraintes de se couvrir entièrement le corps quand elles sont autorisées à sortir. Les photographies de tous les êtres vivants sont interdites, les mains des voleurs sont coupées et les condamnés pour meurtre sont exécutés en public. Les homosexuels sont écrasés sous un mur de briques et les femmes adultères sont lapidées à mort.L'homme fort d'Afghanistan à interdit de fumer à ses soldats bien que le pays soit devenu l'un des plus grands producteurs d'opium dans le monde. En août, Omar, qui compte de nombreux ennemis aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, a échappé de justesse à un camion piégé à Kandahar qui a tué plusieurs de ses gardes du corps. Mais en définitive son refus d'expulser ou de livrer Ben Laden, lui vaut aujourd'hui le soutien des groupes de musulmans fondamentalistes.

Ben Laden devrait s'inquiéter du précédent libyen, selon des analystes arabes (AFP, 12/11/99)
Le terroriste présumé Oussama ben Laden, dont la présence en Afghanistan risque de valoir à Kaboul des sanctions de l'ONU, devrait méditer l'exemple libyen et s'inquiéter pour son avenir, selon des analystes arabes.Les Nations unies réclament au régime des taliban l'extradition de ben Laden, sous peine de sanctions à partir du 14 novembre.Les sanctions de l'ONU ont contribué à la décision de la Libye de livrer à la justice deux accusés dans l'explosion de l'avion de Lockerbie, et pourraient être encore plus efficaces pour convaincre la milice islamiste d'Afghanistan de livrer ben Laden, ont estimé des analystes et des diplomates arabes. "Nous n'avons pas affaire (en Afghanistan) à un Etat stable ou à un régime stable. Les sanctions exerceront forcément des
pressions sur les taliban pour livrer ben Laden", selon Reda Hilal, vice-rédacteur en chef du quotidien gouvernemental égyptien
Al-Ahram. L'Afghanistan est plus vulnérable à l'impact des sanctions que la Libye, qui est un Etat stable, disposant d'une économie organisée et de plusieurs "amis" malgré son isolement international, selon les analystes. Mais les sanctions ne sont pas toujours suffisantes, ajoutent-ils. Il a fallu sept ans de sanctions, de plus en plus dures, pour pousser le colonel Kadhafi à livrer, en avril, les deux agents libyens soupçonnés d'avoir commis en 1988 l'attentat contre un avion américain au-dessus de la ville de Lockerbie, en Ecosse. 270 personnes avaient péri dans l'explosion. Mais la décision de Kadhafi était intervenue à la suite d'un compromis, faisant comparaître les deux suspects devant un tribunal écossais aux Pays-Bas, plutôt que devant un tribunal situé aux Etats-Unis ou en Ecosse, comme le réclamaient Washington et Londres. "Ce ne sont pas seulement les sanctions qui ont permis le compromis", selon un diplomate arabe ayant requis l'anonymat. Ce compromis a été atteint grâce aussi à la "flexibilité" libyenne et au soutien de plus en plus important apporté par des Etats arabes, musulmans, africains et même quelques pays européens, à une solution négociée, précise-t-il. Hilal estime également que, si les sanctions avaient accru l'isolement de la Libye, elles n'en étaient pas l'unique cause. Des mutations mondiales comme l'effondrement de l'Union soviétique, le déclin des Etats nationalistes arabes et l'influence grandissante des Etats arabes pro-occidentaux sont également des facteurs dans le changement d'attitude de Kadhafi. "Nous avons actuellement affaire à un Kadhafi différent. Il recherche la normalisation. Son but est de continuer à gouverner la Libye", poursuit Hilal. Le diplomate arabe affirme que les Etats-Unis devraient trouver plus que les sanctions de l'ONU pour faire sortir ben Laden de son refuge afghan. "Les sanctions pourraient constituer un premier pas", reconnaît-il, mais "le plus important, c'est de créer un consensus international et régional" au sein de pays disposant d'une influence directe en Afghanistan. Les analystes estiment que les sanctions sont généralement inopérantes, et qu'elles affectent surtout les peuples. Ils citent à ce propos l'exemple irakien, relevant que Saddam Hussein a survécu aux sanctions, alors que le peuple irakien en paie le prix. "Le peuple paiera le prix. L'hiver commence en Afghanistan", conclut Hilal. "Il faut faire une distincion entre ben Laden et les taliban et le peuple afghan. C'est le dilemme que les sanctions posent".

Les Talibans mettent en garde sur les conséquences d'éventuelles sanctions (AP, 9/11/99)
Le très secret Mollah Omar, chef spirituel des talibans au pouvoir à Kaboul, a menacé mardi de ``surprises'' si des sanctions sont effectivement prises contre l'Afghanistan par la communauté internationales. Les Nations unies ont donné jusqu'au 14 novembre au régime afghan pour livrer le chef terroriste présumé Oussama Ben Laden, accusé par les Etats-Unis d'être derrière les attentats anti-américains de l'été 1998 en Afrique. Faute de quoi, Kaboul aurait à subir des sanctions économiques. Dans une lettre adressée au ``peuple des Etats-Unis'', et reçue par l'Associated Press au Pakistan, le Mollah Omar écrit ``vous serez alors supris de ce qui vous arrivera et serez incapable de faire quoi que ce soit contre cela''. Par la suite, le porte-parole des talibans Tayyab Aga a précisé la pensée du chef des talibans: ce dernier parlait des maux qu'Allah enverra aux Etats-Unis, ``tremblements de terre et inondations''. 

L'opposition afghane repousse les talibans dans le nord (AP, 7/11/99)
L'opposition afghane au régime de Kaboul a annoncé dimanche avoir repoussé une puissante offensive des talibans dans le nord du pays. Les talibans, soutenus par l'aviation et l'artillerie lourde, ont attaqué samedi le district de Toupzar, 280 km au nord-ouest de Kaboul, mais ont dû faire retraite après une bataille de sept heures, a expliqué le porte-parole de l'opposition Hussain Anwari à l'Associated Press. Ils ont laissé au moins 28 cadavres sur le terrain et la coalition a également capturé 20 soldats, a-t-il ajouté, sans faire état de victimes dans les rangs de l'opposition. Les talibans n'ont pas commenté cette bataille, au cours de laquelle ils tentaient de reprendre une région reprise le mois dernier par l'opposition. 

Les talibans n'obligeront pas Ben Laden à quitter l'Afghanistan (Reuters, 30/10/99)
Les talibans au pouvoir en Afghanistan ont fait savoir samedi qu'ils ne contraindraient pas le milliardaire d'origine saoudienne Ossama ben Laden, accusé de terrorisme par Washington, à quitter le pays contre son gré. Le mouvement islamiste a donné cette assurance après avoir annoncé la veille que Ben Laden avait demandé par lettre à son dirigeant, le mollah Omar, de l'aider à quitter l'Afghanistan. Abdul Haid Mutmaen, porte-parole des talibans, a déclaré à Reuters que la direction du mouvement attendait des éclaircissements de Ben Laden, afin de s'assurer qu'il ne souhaitait pas quitter le pays en raison des pressions extérieures exercées sur Kaboul. "Nous tenons à lui assurer qu'il ne sera jamais expulsé ni remis à quelque pays que ce soit en raison de mesures coercitives exercées de l'extérieur. (...) nous allons lui demander si sa lettre a été inspirée par une crainte quelconque"", a dit le porte-parole. D'après l'agence indépendante Afghan Islamic Press (AIP), basée au Pakistan, Ben Laden a posé deux conditions à son départ - que le gouvernement afghan l'aide à gagner le pays de son choix et que celui-ci ne soit connu que du chef des talibans et d'une autre personne. Un tel projet est loin de répondre à l'attente des Etats-Unis, qui ont exigé des talibans qu'ils expulsent ou extradent Ben Laden afin qu'il soit jugé pour son rôle présumé dans les attentats d'août 1998 contre les ambassades de Washington au Kenya et en Tanzanie, dont le bilan s'était élevé à plus de 200 morts. 

Les talibans refusent toujours de livrer Ben Laden (AP, 16/10/99)
Les talibans au pouvoir en Afghanistan ont une nouvelle fois refusé samedi de livrer le chef terroriste présumé Oussama ben Laden. Ils ont violemment critiqué l'ONU, qui utilise désormais la menace des sanctions pour faire pression sur le régime de Kaboul. ``Nous ne livrerons jamais Oussama, quel qu'en soit le prix'', a affirmé dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères, le Mollah Mohammed Hassan Akhund. Vendredi, le conseil de sécurité de l'ONU a décidé d'imposer des sanctions économiques limitées à l'Afghanistan si les talibans ne livrent pas d'ici au 14 novembre l'homme d'affaires saoudien, inculpé aux Etats-Unis pour avoir organisé les attentats à la bombe contre des ambassades américaines de Dar es Salaam en Tanzanie et de Nairobi au Kenya qui avaient fait 224 morts en 1998. Le ministre afghan a une nouvelle fois estimé que les accusations américaines n'étaient pas fondées. Il a reproché à l'ONU d'avoir perdu toute crédibilité en se comportant comme ``le serviteur des Etats-Unis''. Expulser ou livrer Ben Laden, hôte de l'Afghanistan, ``irait à l'encontre des principes de l'Islam'', a ajouté le Mollah Mohammed. Au Pakistan, d'autres groupes islamistes extrémistes se sont eux aussi juré de protéger Ben Laden. Ils ont prévenu que des sanctions contre l'Afghanistan provoqueraient la colère des musulmans du monde entier et leur ``haine envers les Etats-Unis''. 

Les Taliban accusent la France d'aider le commandant Massoud (Reuters, 9/10/99)
Un journal dirigé par les Taliban, qui contrôlent la quasi-totalité de l'Afghanistan, accuse samedi la France d'avoir fourni une assistance financière et militaire au commandant Ahmad Shah Massoud, chef du dernier bastion de l'opposition, la vallée du Panchir. "Afin de prolonger l'existence de Massoud de quelques jours, la France a apporté une aide financière et militaire aux opposants de l'émirat islamique. La livraison a été effectuée par avion via la ville de Kolyab au Tadjikistan", écrit le journal Hiouad. 
La France n'a pour l'heure pas réagi à ces informations. Les Taliban ont successivement accusé la Russie, l'Iran et le Tadjikistan de soutenir le commandant Massoud, qui contrôle les 10% du pays qui ne sont pas sous la coupe des "étudiants en religion". L'article de samedi constitue la première accusation sérieuse des Taliban contre la France. Paris avait noué des relations étroites avec Massoud durant l'occupation soviétique de l'Afghanistan, dans les années 80, et reconnaît toujours comme légitime le gouvernement renversé par les Taliban, tout comme le fait le Tadjikistan. Les Taliban avaient protesté vivement en septembre contre la visite dans le Panchir de deux hommes politiques français.

Les USA proposent un embargo aérien sur l'Afghanistan (Reuters, 6/10/99)
Les Etats-Unis ont demandé mercredi au Conseil de sécurité de l'Onu d'imposer un embargo aérien sur l'Afghanistan et de geler les comptes bancaires des Talibans qui refusent d'extrader le milliardaire saoudien, Oussama ben Laden. Celui-ci est soupçonné par Washington d'être à l'origine des attentats meurtriers commis en août 1998 contre les ambassades américaines du Kenya et de Tanzanie et les Etats-Unis accusent les Talibans au pouvoir à Kaboul de le protéger. Le projet de résolution présenté par les Américains prévoit une suspension des vols internationaux depuis la plupart des villes d'Afghanistan, à l'exception des vols humanitaires. Washington demande également aux Talibans de s'assurer que les territoires qu'ils contrôlent n'abritent aucune base terroriste. Les Talibans, dont les comptes bancaires et autres actifs à l'étranger seront gelés, devront livrer ben Laden à tout Etat qui réclamera son extradition, précise la résolution. Les Etats-Unis ont déjà pris leurs propres sanctions en août en gelant notamment les actifs de la compagnie aérienne nationale Ariana. Les attentats de Nairobi et de Dar es-Salaam avaient fait plus de 200 morts et 4.000 blessés. 

L'Onu dénonce des ingérences étrangères dans la guerre afghane (28/8/99)
Kieran Prendergast, sous-secxrétaire général des Nations unies chargé des affaires politiques, a déclaré vendredi au Conseil de sécurité que des ingérences étrangères prolongeaient la guerre en Afghanistan et ik a accusé les Talibans d'avoir contraint 70.000 personnes à abandonner leur domicile. Des pays étrangers livrent du matériel de guerre à tous les camps et envoient des combattants, parmi lesquels de jeunes garçons, participer aux affrontements, a dit Prendergast. "Si les parties afghanes au conflit et ceux qui les soutiennent de l'extérieur ne changent pas d'attitude, la nature de la guerre insensée d'Afghanistan évoluera de plus en plus vers un conflit régional encore plus étendu et destructeur", a-t-il averti à l'ouverture d'un débat d'un jour sur l'Afghanistan. Les Talibans, au pouvoir à Kaboul, ont lancé en juillet une grande offensive contre les forces du commandant Ahmad Shah Massoud, dernier obstacle à leur hégémonie sur l'ensemble du pays. 
Cette offensive a été précédée de l'arrivée à Kaboul de miliers de Pakistanais et de centaines d'Arabes prêts à livrer une guerre sainte contre le Front unifié de Massoud. Abdullah Abdullah, vice-ministre des Affaies étrangères du gouvernement renversé par les Talibans et reconnu par l'Onu, a accusé le Pakistan de "terrorisme parrainé par l'Etat". Un responsable taliban, Abdul Hakim Mujahid a de son côté affirmé lors d'une conférence de presse que le Conseil de sécurité, "poussé par les mauvaises intentions" de la Russie, voulait imposer des sanctions aux Talibans et fermer les yeux sur les crimes de l'opposition. 

Une bombe explose près du quartier général des talibans: sept morts (AP, 25/8/99)
Le chef des talibans, le mollah Mohammed Omar, a échappé à un attentat à la bombe qui visait le quartier général de la milice fondamentaliste à Kandahar dans le sud de l'Afghanistan, a annoncé mercredi son entourage. Cet attentat au camion piégé a fait sept morts, dont trois gardes du corps du chef des talibans. Omar était sorti de sa maison juste avant l'explosion, qui s'est produite mardi soir peu après 22h (16h30 GMT). ``Omar et sa famille sont en bonne santé'', a déclaré son porte-parole, le wakil Ahmed Muttawakil. L'attentat n'a pas été revendiqué, mais un autre responsable des talibans, Abdul Hai Muttmain, a accusé les ``ennemis'' des fondamentalistes, qui contrôlent 90% du territoire afghan, et notamment la coalition d'opposition dirigée par le commandant Ahmed Shah Massoud et les Etats-Unis. Il s'agit du premier attentat survenu à Kandahar depuis que les talibans ont pris le contrôle de la ville il y a six ans. 

L'intransigeant chef des taliban a survécu à un attentat (AFP, 25/8/99)
Le chef suprême des taliban afghans au pouvoir, le mollah Mohamed Omar, qui a échappé de justesse à un attentat mardi à Kandahar, a rarement quitté son quartier général dans cette ville du sud de l'Afghanistan.
Plusieurs gardes du "Commandeur des Croyants" ont péri dans l'explosion d'un camion piégé, mais le mollah Omar -- un vétéran de la guerre contre les soviétiques des années 80 -- a survécu à cet "acte de sabotage" qui est à ce jour la tentative la plus dangeureuse contre sa vie depuis de nombreuses années. Ancien commandant d'un groupe de Moujahidine, le mollah Omar a perdu un oeil au cours des combats contre l'armée rouge, avant d'acceder à la notoriété comme chef des taliban (les "étudiants en théologie") qui ont fait irruption sur la scène afghane en octobre 1994, alors que le pays était en proie à la lutte des factions incapables de s'entendre après le renversement du régime communiste de Najibullah en 1992. A la tête de ces "étudiants" pachtounes sortis des madrassas (écoles coraniques) afghanes et pakistanaises -- qu'il dirige d'une main de fer grace à son aura religieuse -- le mollah Omar est parti à la conquète de son pays en s'appuyant sur une conception ultra-stricte de la Charia (les lois coraniques).Il lui aura fallu quatre ans pour imposer la loi des taliban sur plus de 80% du pays, dont la capitale Kaboul, enlevée au commandant Ahmed Shah Massoud en septembre 1996. Religieux musulman fondamentaliste, le mollah Omar a rétabli les châtiments islamiques, imposé une ségrégation absolue entre les hommes et les femmes qui se sont vues interdire l'acces au travail et à l'éducation. Refusant d'être photographié ou filmé, cultivant le mystère autour de sa propre vie, ce "serviteur de l'islam" comme il aime à se définir vit, selon ses proches, de la plus simple des manières à Kandahar, dont il a fait la véritable capitale du pouvoir taliban. Selon certaines sources, il aurait lancé en personne l'offensive des taliban à la fin du mois de juillet dans la plaine de Shomali, au nord de Kaboul, contre les forces principalement tadjikes du commandant Massoud, le dernier chef militaire à s'opposer à son pouvoir. Massoud ne contrôle plus que l'extrême Nord-Est -- de manière très précaire -- ainsi qu'une partie de la plaine de Shomali, qui s'étend du nord de Kaboul aux contreforts sud de la chaîne montagneuse de l'Indou Kouch. Le mollah Omar a gagné le soutien des groupes musulmans extremistes en accordant sa protection -- jamais démentie jusqu'à présent -- à l'islamiste Oussama ben Laden, que les Etats-Unis accusent de terrorisme et dont ils veulent obtenir l'extradition. Le 20 août 1998, les Etats-Unis avaient lancé des dizaines de missiles de croisière contre des camps d'entraînement d'activistes musulmans présumés établis dans l'est de l'Afghanistan, qui visaient ben Laden.

Un attentat visant le chef des taliban a fait au moins dix morts (AFP, 25/8/99)
Le chef dela milice islamiste des taliban au pouvoir en Afghanistan, le mollah Mohamed Omar, est
sorti indemne d'un attentat au camion piégé qui a fait au moins dix morts et des dizaines de blessés, mardi, à Kandahar, dans le
sud du pays. Des responsables taliban ont affirmé que l'explosion d'un camion bourré d'explosifs dans la soirée était "un acte de sabotage" ayant fait au moins dix morts et de nombreux blessés et causé des destructions considérables dans un rayon d'un kilomètre."C'est un acte de sabotage délibéré des ennemis de l'Emirat Islamique d'Afghanistan", a affirmé Abdul Hai Mutmaen, un porte-parole des "étudiants en théologie" au pouvoir à Kaboul qui a refusé de désigner un responsable. M. Mutmaen a expliqué que le camion avait été garé non loin de la maison du mollah Omar, sur la route de Hérat, alors que des premières informations avaient fait état mardi soir d'une possible attaque de roquettes. Selon des sources indépendantes, les locaux de la Croix-Rouge internationale et de l'organisation humanitaire française Médecins sans Frontières, situées à environ 1 km de la maison du dirgeant taliban avaient été fortement endommagés par l'explosion. "La Croix-Rouge n'a plus de fenêtres intactes", d'après l'une de ces sources.

Forte explosion signalée dans le fief des Talibans (Afghan Islamic Press, 24/8/99)
Une puissante explosion a secoué mardi soir la ville de Kandahar, centre spirituel du mouvement des Talibans situé dans le sud de l'Afghanistan. Les premières informations font état de nombreuses victimes et de dégâts importants. Selon l'agence indépendante Afghan Islamic Press (AIP) basée au Pakistan, des habitants ont dit que l'explosion s'était produite à 22h30 (17h30 GMT). On manque encore de précisions sur l'endroit où elle a eu lieu. "L'explosion était si forte que chacun a cru qu'elle s'était produite dans son quartier", écrit AIP.  "Les gens sont sortis de chez eux, des fenêtres ont été brisées, la panique et la confusion régnaient. Personne ne connaît la cause de l'explosion."Selon AIP, des habitants ont pensé qu'il pouvait s'agir d'une nouvelle attaque des Etats-Unis contre des repaires présumés du milliardaire saoudien Ossama ben Laden, que Washington accuse de terrorisme et qui est officiellement l'"invité" du mouvement islamiste qui contrôle la plus grande partie de l'Afghanistan. Rien ne permet toutefois de confirmer une telle hypothèse, note AIP: "Certaines personnes ont dit craindre qu'il ne s'agisse d'un nouveau tir de missile américain pour capturer Ossama ben Laden, mais nul ne sait de quoi il retourne, la confusion règne." Les Etats-Unis avaient procédé à des tirs de missiles contre des repaires présumés de ben Laden en Afghanistan le 20 août dernier, en représailles aux attentats contre les ambassades de Washington au Kenya et en Tanzanie dans lesquels 200 personnes avaient trouvé la mort. Ben Laden, qui exige le retrait des Etats-Unis d'Arabie saoudite, est soupçonné d'avoir organisé les attentats de Nairobi et Dar Es-Salaam. Sa présence a été signalée à divers moments près de Kandahar, dans la ville orientale de Jalalabad et dans des repaires de montagne, mais le lieu où il se trouve reste un mystère. Kandahar est le fief du mouvement des Talibans et de son dirigeant suprême, le mollah Mohammad Omar. Kaboul, située à 400 km environ de Kandahar, étant la capitale administrative du régime. La ville se trouve à une grande distance des lignes de front qui séparent les Talibans des forces d'opposition du commandant Ahmad Shah Massoud. Leurs combats se concentrent pour l'essentiel dans une région qui s'étend au nord de Kaboul. /PBR 

Les enfants-soldats de plus en plus nombreux en Afghanistan, selon l'ONU (AP, 20/8/99)
Les talibans ont récemment lancé une nouvelle opération de recrutement d'enfants pour combattre dans leurs rangs, s'est inquiété vendredi un responsable des Nations unies au Pakistan. Selon Louis Arsenault, représentant pour l'Afghanistan de l'UNICEF, le Fonds pour l'enfance de l'ONU, des enfants-soldats combattent depuis des années dans les rangs des différentes factions afghanes, mais ils sont de plus en plus nombreux. Il n'a cependant pas pu fournir de chiffre global. Mais les talibans ont fait appel en masse aux élèves des écoles religieuses au Pakistan, et certains n'ont que 14 ans. Selon M. Arsenault,quelque 2.500 jeunes Afghans et Pakistanais sont partis combattre pour les talibans depuis les écoles religieuses de la province pakistanaise du nord-ouest. ``Ces nouvelles recrues sont des volontaires motivés. La plupart n'ont même pas dit à leurs familles qu'ils partaient se battre'', a-t-il ajouté, soulignant que l'opposition nordiste également comptait de nombreux enfants-soldats dans ses rangs.  Les liens entre les talibans, formés pour la plupart dans les écoles religieuses du Pakistan, et les mouvements religieux pakistanais sont très forts. Depuis le début du mois et les revers subis par l'armée des talibans face aux hommes d'Ahmed Shah Massoud, chef des forces de l'opposition, plusieurs écoles religieuses ont même fermé complètement leurs portes au Pakistan, tous les personnels et élèves partant combattre en Afghanistan. 

 Les forces de Massoud passent à la contre-attaque (Reuters, 5/8/99)
Les forces de l'opposition afghane ont annoncé jeudi avoir lancé une contre-attaque après dix jours d'offensive des Talibans, miliciens intégristes qui contrôlent au moins 90% de l'Afghanistan et viennent de repousser plus au nord la ligne de front proche de Kaboul. Des porte-parole du commandant Massoud, chef de la résistance dans la vallée du Panchir et à ses abords, ont déclaré à Reuters que ses combattants avaient bouté les Talibans hors de plusieurs villes dont ils s'étaient emparés lors de leur offensive, dernière tentative en date pour contrôler la totalité du territoire national. Les affirmations du commandant Massoud n'ont pas été confirmées de source indépendante, mais de source afghane digne de foi, on signalait jeudi de nouveaux combats dans des secteurs au nord de Kaboul dont les Talibans s'étaient emparés au cours de leur offensive. Un collaborateur de Massoud précise à Reuters à Islamabad (Pakistan) que la contre-attaque a été lancée dans la nuit de mercredi à jeudi depuis la vallée du Panchir et que plusieurs centaines de Talibans ont été tués. "Plus de 400 combattants talibans ont péri au cours de notre opération et les combats ont atteint le district de Karabagh", a déclaré à Reuters le général Fahim, proche collaborateur de Massoud. Selon lui, les troupes du "lion du Panchir" ont déjà repris Charikar, à 60 km au nord de Kaboul, ainsi que Mahmoud i Raki, chef-lieu de la province de Kapisa. Ils se dirigent désormais vers Bagram, où Massoud disposait d'une base aérienne stratégique, pouvant jusqu'à ces derniers jours permettre l'acheminement d'une aide militaire en provenance du Tadjikistan.

Les forces de Massoud aux portes de Bagram? 
Le général Fahim affirme d'autre part que les troupes de Massoud ont également reconquis Gulbahar, petite ville à l'entrée de la
longue vallée du Panchir (170 km), plaine où vivent des dizaines de milliers de partisans de souche tadjike du commandant. La base aérienne de Bagram, construite par les Soviétiques, avait été la première cible de l'offensive des Talibans. Selon un autre
collaborateur de Massoud, Abdullah, les forces anti-Talibans sont maintenant à Pole Sayyad, à trois kilomètres seulement de
Bagram. Là non plus, l'information n'est pas confirmée de source indépendante. L'annonce de cette contre-offensive fait suite à l'appel lancé par le leader des Talibans, le mollah Mohammad Omar, pour que les combattants de Massoud capitulent ou rejoignent les rangs de sa milice, avec pour objectif de mettre en place dans la totalité de l'Afghanistan un Etat appliquant d'une manière draconienne les préceptes de l'islam. "La vie et les biens de ceux qui rejoindront [les Talibans] seront préservés et ceux qui s'opposeront à nous seront considérés comme des rebelles agissant dans l'intérêt de l'ennemi intérieur et extérieur", avait déclaré le mollah Omar. L'opposition pro-Massoud accuse les Talibans, de l'ethnie majoritaire pachtoune, de provoquer un exode des Tadjiks de souche des plaines du Shomali, conquise lors de l'offensive taliban. Selon le commandant Massoud, 250.000 civils ont fui en direction du Panchir par peur de la barbarie des Talibans. Amnesty International et d'autres organisations de défense des droits de l'Homme ont fait part de leur vive préoccupation concernant les représailles ethniques de la part des deux belligérants dans les combats en cours, les plus violents depuis le début de l'année.

L'opposition afghane demande une aide internationale pour les réfugiés du Panshir (AFP, 3/8/99)
Au moins 100.000 Afghans se sont réfugiés ces derniers jours dans le Panshir à la suite de l'offensive victorieuse des taliban au nord de Kaboul et l'opposition a réclamé mardi une aide internationale pour y faire face.
"Il y a maintenant 250.000 réfugiés dans la vallée. Ils ont peu d'eau et de la nourriture pour quelques jours et on ne peut rien faire
pour eux", a affirmé un porte-parole de l'opposition de la vallée du Panshir où les troupes commandant Ahmed Shah Massoud se
sont retirées lundi après leur défaite face la milice des "étudiants en théologie" au pouvoir à Kaboul.
"La vallée n'est pas capable d'assister tant de gens, nous demandons aux organisations comme la Croix Rouge Internationale de
faire quelque chose", a-t-il ajouté. "Nous essayons de les assister mais nous ne pouvons pas faire grand-chose", a-t-il dit en
soulignant qu'il n'y avait "ni abris ni nourriture".
Selon des sources indépendantes, ce chiffre apparaît plausible alors qu'un un expert occidental affirmait de son coté que "100.000
personnes déplacées étaient un minimum".
Des responsables des Nations Unies contactés à Islamabad ont affirmé avoir connaissance de cet afflux de réfugiés dans le Panshir sans en "connaître le nombre exact". "Nous tentons d'évaluer la situation et étudions les divers moyens d'organiser les secours à ces populations civiles déplacées si cela s'avérait nécessaire", a dit un responsable.
"Il peut y avoir une très grosse crise humanitaire", a de son coté prévenu l'expert occidental car selon lui, car le chiffre des déplacés est peut-être supérieur dans la mesure où la population civile de la région des combats est estimé à 300.000 personnes". Selon l'opposition, l'arrivée de ces réfugiés a doublé la population de la vallée depuis le début de l'offensive des taliban mercredi dernier qui leur a permis de prendre l'immense plaine de Shamali au nord de Kaboul. Un autre porte-parole de Massoud, le Dr Abdullah a décrit l'exode de ces réfugiés comme "le pire de ces 20 dernières années de guerre en Afghanistan".
"Nous n'avons jamais vu cela, même à l'époque de la guerre contre les soviétiques" qui ont occupé l'Afghanistan pendant toutes les années 80, a-t-il dit."Les gens continuent de fuir", a ajouté le Dr Abdullah. Des sources indépendantes ont précisé que ces civils étaient pour la plupart d'origine tadjike et qu'ils avaient quitté les localités du nord de Kaboul, par crainte "d'actions punitives" des taliban pour leur soutien à Massoud lui aussi d'origine tadjike tout comme la plupart de ses troupes. Les organisations des Droits de l'Homme et les Nations Unies ont dénoncé à plusieurs reprises dans le passé des massacres massifs de populations civiles locales par les taliban après leurs conquêtes, dans le nord et le centre du pays. Ainsi, lors de l'été 1998, selon l'ONU et Amnesty International, les taliban ont tués plusieurs milliers de civils hazaras --hommes, femmes et enfants -- dans les deux jours qui ont suivi la prise de Mazar-i-Sharif, la "capitale" de l'opposition nordiste le 9 août. Selon les mêmes organisations, les miliciens intégristes se sont livrés à des actions similaires, mais de moindre importance, à nouveau contre des Hazaras, dans le centre du pays, lorsqu'ils ont reconquis en avril dernier le Hazarajat . les taliban, qui ont fait irruption sur la scène afghane en 1994, ont successivement éliminé les forces ouzbeks du général Abdul Rachid Dostam dans le nord et le nord-ouest du pays, puis celles des Hazaras du Hezb-i-Wahdat de Karim Khalili dans le centre. Les taliban ont lancé mercredi dernier une offensive générale contre les forces de Massoud au nord de la capitale afin, selon un responsable de la milice, "d'en finir une fois pour toute avec l'opposition".

Au moins 100.000 civils afghans ont fui l'avance des taliban (AFP, 3/8/99)
Au moins 100.000 Afghans ont fui l'offensive des taliban au nord de Kaboul faisant craindre une grave crise humanitaire en Afghanistan alors que la milice islamique d'avancer vers le nord du pays. L'importance de cet exode est estimé à 100.000 personnes "au moins" selon des responsables humanitaires alors que l'opposition affirme que ce sont 250. 000 civils qui se sont réfugiés ces derniers jours dans la vallée du Panshir où les troupes commandant Ahmed Shah Massoud se sont retirées lundi après leur défaite face la milice des "étudiants en théologie" au pouvoir. "Il y a maintenant 250.000 réfugiés dans la vallée" située à la lisière sud de la chaine montagneuse de l'Indou Kouch, a en effet
déclaré un porte-parole du commandant Massoud. "Ils ont peu d'eau et de la nourriture pour quelques jours et on ne peut rien faire
pour eux", a-t-il ajouté en appelant à des aides internationales. Des responsables des Nations Unies contactés à Islamabad ont affirmé avoir connaissance de cet afflux de réfugiés sans en connaître "le nombre exact". "Nous tentons d'évaluer la situation et étudions les divers moyens d'organiser les secours à ces populations civiles déplacées si cela s'avérait nécessaire", a dit un responsable.
"Il peut y avoir une très grosse crise humanitaire", a de son côté prévenu un expert occidental car selon lui, le chiffre des déplacés
peut encore grossir "dans la mesure où la population civile de la région des combats est estimé à 300.000 personnes".
Selon l'opposition, l'arrivée de ces réfugiés a doublé la population de la vallée depuis le début de l'offensive des taliban mercredi
dernier qui leur a permis de prendre l'immense plaine de Shamali au nord de Kaboul. Un autre porte-parole du commandant Massoud, le Dr Abdullah a décrit l'exode de ces réfugiés comme "le pire de ces 20 dernières années de guerre en Afghanistan" y compris "à l'époque de la guerre contre les soviétiques" dans les années 80, a-t-il dit. "Les gens continuent de fuir", a ajouté le Dr Abdullah qui a affirmé que les taliban continuait leur avance vers le nord en penetrant dans l'Indou Kouchy vers le tunnel du Salang qui ouvre la porte des régions du nord-est sur lesquelles le commandant Massoud exerce encore un contrôle précaire. Des sources indépendantes ont précisé que ces civils étaient pour la plupart d'origine tadjike et qu'ils avaient quitté les localités du nord de Kaboul, par crainte "d'actions punitives" des taliban pour leur soutien à Massoud lui aussi d'origine tadjike tout comme la plupart de ses troupes. Les organisations des Droits de l'Homme et les Nations Unies ont dénoncé à plusieurs reprises dans le passé des massacres massifs de populations civiles locales par les taliban après leurs conquêtes, dans le nord et le centre du pays. Ainsi, lors de l'été 1998, selon l'ONU et Amnesty International, les taliban ont tués plusieurs milliers de civils hazaras --hommes, femmes et enfants-- dans les deux jours qui ont suivi la prise de Mazar-i-Sharif, la "capitale" de l'opposition nordiste le 9 août. Selon les mêmes sources, les miliciens islamiques se sont livrés à des actions similaires, mais de moindre importance, à nouveau contre des Hazaras, dans le centre du pays, quand ils ont reconquis le Hazarajat en avril dernier. Les taliban, qui contrôlent désormais plus de 80% du territoire afghan, ont lancé mercredi dernier une offensive générale contre les forces du commandant Massoud au nord de la capitale afin, selon un responsable de la milice, "d'en finir une fois pour toute avec l'opposition".

Les taliban ont pris Jabul Seraj et pressent leur avantage (AFP, 2/8/99)
La milice intégriste des taliban a capturé lundi la ville de Jabul Seraj à 80 km au nord de Kaboul repoussant les troupes de l'opposition afghane du commandant Ahmed Shah Massoud dans les montagnes de l'Indou Kouch, a annoncé l'agence Afghan Islamic Press (AIP). Les forces des "étudiants en théologie" au pouvoir à Kaboul, qui avaient capturé la ville de Charikar et la base aérienne de Bagram (50 km au nord de Kaboul) quelques heures auparavant, conduisent des opérations de nettoyage de la zone, a poursuivi l'AIP, une agence proche des taliban basée à Peshawar (nord-ouest du Pakistan). Selon l'agence, les forces du commandant Massoud -- les dernieres à combattre les taliban -- se sont réfugiées dans la vallée du Panshir, leur bastion et leur refuge traditionnels à une dizaine de km au nord-est de Jabul Seraj, dont ils ont dynamité l'entrée. Ces informations n'ont pu être confirmées de sources indépendantes. Selon un journaliste local qui a pu se rendre sur place lundi matin "la base de Bagram et Charikar, sont sous le contrôle total des taliban". Il a affirmé que Charikar était devenue "une ville fantome", tous les habitants -- des tadjikes comme Massoud -- ayant fui. "L'avance des taliban a forcé des centaines d'habitants à fuir", a confirmé une source humanitaire. "Beaucoup vont à Kaboul tandis que d'autres, partisans de Massoud, s'enfuient vers le nord et la vallée du Panshir". Les taliban ont pris Charikar, le chef lieu de la province de Parwan et la base aérienne de Bagram à quelques km au sud-est, après de violents combats avec les forces de Massoud qui ont fait, selon l'AIP, 28 morts et de nombreux prisonniers dans les rangs de l'opposition. La perte de Jabul Saraj et, sans doute, de la localité voisine de Gulbahar deux positions-clé, marque la fin de la présence du commandant Massoud dans la vaste plaine de Shamali qui va du nord de Kaboul aux confins de l'Indou Kouch. Jabul Seraj commande l'accès à la vallée du Salang où est situé le tunnel du même nom qui est le seul accès, à travers la chaîne montagneuse de l'Indou Kouch, vers le nord-est du pays où Massoud exerce encore un contrôle précaire. Gulbahar, située à une dizaine de kilomètres à l'est de Jabul Saraj commande l'entrée de la vallée du Panchir, à la lisière sud de l'Indou Kouch, qui est le bastion et le refuge ultime du commandant Massoud qui y est né. Les combats de ces cinq derniers jours ont fait plus de 1.500 tués et blessés, selon une source humanitaire. Les taliban, qui contrôlent déjà 80% du pays, ont lancé mercredi dernier une offensive générale contre les forces de Massoud au nord de la capitale afin, selon un responsable de la milice, "d'en finir une fois pour toute avec l'opposition". Lors de l'été 1998, les taliban ont éliminé successivement les forces ouzbekes du général Abdul Rachid Dostam dans le nord-ouest du pays, puis celles des Hazaras du Hezb-i-Wahdat de Karim Khalili dans le centre. Selon la source diplomatique, des milliers de militants islamistes étrangers, principalement des pakistanais, participent à l'offensive des taliban contre Massoud. Les taliban, des intégristes musulmans sunnites ont fait irruption sur la scène afghane en 1994 et ont mis en place dans les zones sous leur contrôle un "système islamique intégral" en imposant une charia (loi coranique) dont il font une interprétation ultra-stricte.

Massoud incontournable : la CIA a le nez dedans (N°26-27 /printemps 1999, Françoise Causse)

Les taliban, l’hydre à trois têtes des Pakistanais, des Saoudiens et des Américains, sont parvenus à faire régner leur système de terreur sur plus de 80% du territoire afghan. Un hiatus toutefois dans cette horlogerie qui semblait bien huilée : les Etats-Unis commencent à se désengager du piège taliban qu’ils avaient aidé à mettre en place, emmenant les Saoudiens à leur suite.

Les taliban, plus que jamais pressés d’en finir avec la dernière poche de résistance située au nord-est du pays, ont déclenché à l’automne dernier une série d’offensives importantes. Si la bataille s’avérait totalement disproportionnée, la victoire ne leur est pourtant toujours pas acquise : leur fait face Ahmed Shah Massoud, celui qui naguère avait fait plier les Soviétiques avec des moyens de misère, le seul commandant des nombreuses factions résistantes d’alors à ne pas être parti se réfugier à l’étranger et qui ne s’achète pas.

Se jouent actuellement, dans le plus grand silence médiatique, les batailles décisives d’une guerre qui plonge l’Afghanistan dans l’abîme depuis vingt ans. Tout porterait à croire que les taliban ont gagné. Forts de leur emprise sur plus de 80% du territoire conquis sans effort grâce aux dollars saoudiens (1), à la complicité de la CIA et à la logistique de l’armée et des services secrets pakistanais (SIS), il n’est pourtant pas exclu que leurs succès d’hier ne se dégonflent pas d’ici à deux ans comme une simple baudruche.

Une option qui prend l’eau

Les Américains qui avaient tout misé sur les " étudiants en théologie " sont bien obligés de constater que leur option prend l’eau.

Compte tenu de la mauvaise image que les taliban offrent au monde, il aurait mieux valu que ceux-ci soient rapides à " sécuriser " le pays. Ce qui n’est toujours pas le cas. Non seulement il leur reste à mater les irréductibles du Nord, mais les exactions qu’ils commettent commencent à faire des vagues : deux rapports sortis en novembre dernier, l’un d’Human Rights Watch, l’autre des Nations unies, relatent en détail les massacres qui ont eu lieu en août lors de la prise de Mazar-e-Sharif (nord du pays), qui a coûté la vie à plusieurs milliers d’Hazaras, hommes, femmes et enfants. L’opposition afghane, quant à elle, dénonçait en novembre l’ouverture de véritables camps de concentration dans lesquels moisiraient, battus, laissés sans soins et affamés, tous ceux qui, appartenant aux minorités ethniques, Hazaras, Tadjiks, Ouzbeks, n’ont pas la chance d’être pashtouns comme les taliban. Sans parler des images des exécutions qui se déroulent publiquement chaque vendredi à Kaboul, parvenues en Occident en décembre, qui montrent des victimes ligotées et saignées par leurs bourreaux au nom de l’application de la charia.

Ambassadrice hip-hop made in CIA

Tentative a pourtant été faite de redorer le blason de la milice fondamentaliste en la personne de Laïla Helms, propulsée " ambassadrice " des taliban et parfaite incarnation de la femme moderne et cultivée. Dépêchée comme porte-parole à l’ONU (2), elle se trouve être mariée au neveu d’un ancien directeur de… la CIA. Cela n’a semble-t-il pas calmé le jeu du côté des féministes américaines, qui décidément n’apprécient guère la façon dont sont traitées leurs congénères afghanes et qui ont à leur actif d’avoir fait plier la compagnie pétrolière Unocal qu’elles menaçaient de boycott. Unocal se trouve être le principal actionnaire du projet de construction d’un double oléoduc, gaz et pétrole, évalué à plus de 4 milliards de dollars, qui doit traverser l’est de l’Afghanistan afin d’acheminer vers le Pakistan ces matières premières provenant des riches gisements du sol turkmène, contournant ainsi l’Iran, toujours sous embargo américain. La compagnie pétrolière américaine avait évidemment aussi opté pour les taliban, leur proposant, dès leur entrée dans Kaboul une solde de 100 millions de dollars par an pour garantir la sécurité du pipeline – lequel devait rapporter à terme annuellement 2 milliards de dollars.

Le 24 août, Unocal, grande amie des narco-dictatures – on la retrouve en Birmanie – décida de jeter l’éponge tant que le pays ne serait pas stable… Il faut dire que les attentats du 7 août 1998 perpétrés contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, attribués à un certain Ben Laden, protégé par les taliban, avaient fâché les Etats-Unis!

Ce lâchage des Américains a déstabilisé les Saoudiens, co-acteurs du consortium CentGaz avec leur compagnie Delta Oil. De fait, l’enjeu était suffisamment important pour qu’en novembre Riyad dépêche un employé de la Delta Oil afin de négocier un accord de principe sur un échange de prisonniers entre Massoud et les taliban, faisant la navette entre Kandahar, lieu de résidence de Mollah Omar, le chef spirituel des taliban, et la vallée du Panjshir, chez Massoud.

L’attitude des taliban qui s’obstinent à refuser l’extradition du richissime saoudien Oussama Ben Laden (3), islamiste extrémiste soupçonné d’être à l’origine d’attentats anti-américains depuis plusieurs années – avant la Tanzanie et le Kenya, il y avait eu celui du World Trade Center –, a tout pour agacer les Etats-Unis. Les grands stratèges américains doivent l’avoir mauvaise : c’est la CIA itself qui a formé et entraîné Ben Laden (4) quand celui-ci, au moment de l’invasion soviétique, s’était rallié à la résistance afghane. Il avait ainsi ouvert des camps d’entraînement, dont on dit qu’ils auraient été financés pour part par la CIA. En effet, à cette époque déjà, l’Amérique avait misé sur les factions islamistes les plus dures, considérant qu’elles étaient les meilleurs remparts contre le communisme, préférant ainsi Hekmatyar à Massoud, qu’ils ont toujours savamment ignoré, le jugeant trop indépendant.

A la recherche des Stinger perdus

On s’inquiéterait aujourd’hui de savoir si Ben Laden, qui déclare se lancer dans une djihad contre les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et Israël, ne posséderait pas quelques Stinger, les fameux missiles sol-air d’une efficacité redoutable, que la CIA avait confiés au services secrets pakistanais pour les redistribuer aux divers commandants de la résistance afghane, afin de les aider dans leur combat contre les Soviétiques.

Sur les mille généreusement fournis, la moitié avait été détournée par l’armée pakistanaise. L’autre moitié avait été livrée à Hekmatyar hormis quelques dizaines distribuées aux autres factions, dont quelques-uns à Massoud. Les Etats-Unis tentent bien aujourd’hui de racheter leurs missiles en en proposant 100.000 dollars pièce, mais Ben Laden, de son côté, a mis la barre à 250.000 dollars!

Massoud et le facteur temps

Les taliban, profitant de la vague victorieuse qui leur avait donné le contrôle de Mazar et de Bamyan en août 1998, ont lancé en octobre une série d’offensives sur huit fronts à la fois pour tenter d’en finir avec Massoud, retranché dans son fief du Panjshir. Seul moyen désormais de récupérer les contrats pétroliers et d’obtenir la reconnaissance internationale, laquelle tarde à venir malgré quelques tentatives de séduction opérées par l’ONU. Celle-ci, en mai 1998, avait notamment négocié et signé avec les taliban un mémorandum réglementant les conditions dans lesquelles l’aide humanitaire devait être apportée. Fêtée comme une avancée par le représentant de l’ONU, cette reconnaissance implicite du régime taliban n’était pas pour plaire aux ONG, qui avaient jugé l’opération complaisante et qui en firent les frais peu de temps après en étant virées de Kaboul manu militari.

Revers sérieux pour les taliban

Pourtant, malgré leur suprématie évidente en matériels et les bombardements intensifs de l’aviation pakistanaise, non seulement les taliban ont reperdu très vite la vallée d’Andarar, le seul des huit fronts qu’ils avaient réussi à percer, mais cela leur a coûté un millier d’hommes. C’est devant ces piètres performances que l’homme de la Delta Oil fut dépêché pour négocier des libérations de prisonniers.

Massoud, contrairement aux taliban, a le temps pour lui, tout comme à l’époque des Soviétiques, dont les attaques étaient supérieures à celles qu’il essuie aujourd’hui. Il arrive toujours le moment où, les morts s’accumulant, le moral des troupes baisse et les questions se posent. Le mensonge des généraux soviétiques n’avait pu accomplir ce miracle de faire passer pour utile une guerre absurde. Il y a fort à parier que l’enthousiasme dont font preuve les taliban dans la guerre facile qu’ils ont menée jusqu’à présent, alors que les portes des villes s’ouvraient sans mener bataille grâce à l’argent, de l’opium et des Saoudiens, distribué largement aux commandants et autres chefs locaux, soit mis à mal confronté à de véritables combats. " S’ils sont mis en échec, explique Merabudine Masstan, compagnon de lutte de Massoud, dans le salon fantomatique de l’ambassade d’Afghanistan à Paris, ça peut changer. Rapatrier mille corps dans la région de Kandahar, c’est quelque chose! En 1996, quand les taliban avaient perdu 2000 hommes dans la plaine de Chamali, des gens avaient manifesté dans les rues : "On veut bien se battre, mais contre qui? Et pourquoi? Pourquoi y a-t-il tant de morts? On nous avait dit qu’il y avait des Russes là-bas! Mais on s’est fait battre par des Panjshiris, par des hommes de Sorlang, par des hommes de Chamali." "

Les services secrets pakistanais l’ont bien compris. Depuis quelques mois ils envoient sur le front Syriens, Jordaniens, Palestiniens, Bengladeshis, Yéménites, Algériens et Pakistanais, qui, lorsqu’ils sont arrêtés, se transforment en autant de prisonniers hagards, perdus, ne parlant pas la langue de l’ennemi… L’ennemi de quoi au fait? (5)

Dernière donne, enfin, à laquelle la CIA prête toujours un intérêt farouche, l’Afghanistan est devenu le premier producteur d’opium (6) devant la Birmanie. Les zones de culture du pavot ont été étendues à d’autres régions, les taliban encourageant son développement, prélevant au passage une taxe de 20% sur les récoltes malgré les remarques fâchées de Pino Arlacchi, directeur du Programme des Nations unies pour le contrôle international des drogues – qui avait exhorté les " étudiants de la foi " de l’éradiquer, sans aller trop vite toutefois (7)!

Avec l’interruption du projet pétrolier, les Américains ne voient plus guère où seraient leurs intérêts à ce qu’un tel marché continue de proliférer. Ecartés de fait des bénéfices du trafic, ceux-ci ne profiteraient plus qu’aux seuls services secrets pakistanais, qui gagneraient en indépendance, et aux réseaux islamistes internationaux, pas franchement copains des Occidentaux.

Kaboul, cimetière vivant

Les taliban ont diabolisé Kaboul, la ville impure dans laquelle des femmes en minijupes se promenaient autrefois aux côtés de celles qui portaient le tchadri traditionnel, aujourd’hui imposé à toutes. S’est abattue sur le pays la plus grande vague d’obscurantisme de l’histoire de l’Afghanistan. Empêchées de sortir sauf accompagnées d’un homme de la famille, de se soigner, d’aller à l’école ou à l’université, de travailler, elles remplissent de leur chagrin le seul hôpital qui les reçoivent encore. Devenues folles. C’est le prix de la pacification vantée par les taliban, auxquels on reconnaît la vertu d’avoir désarmé les petits bandits qui sévissaient un peu partout, violant, rackettant, tuant, en jouisseurs primitifs du pouvoir que confèrent les armes dans un univers de politiciens corrompus.

Les armes, les taliban les ont récupérées en les troquant contre les enfants qu’ils enlevaient. Efficace, semble-t-il, dans un pays où l’enfant est sacré…

Massoud, c’est vrai, n’avait pas réussi à désarmer la population quand il était entré dans Kaboul en 1992, ce qui lui vaut aujourd’hui d’avoir pas mal de détracteurs, l’ayant à tort mis dans le même sac que les autres chefs de guerre imbus de pouvoir.

" Peu d’Occidentaux ont compris, explique le cinéaste Christophe de Ponfilly, qui était sur place à ce moment-là, que quand Massoud est arrivé à Kaboul, il y avait un désordre phénoménal. Les prisons avaient été ouvertes par les communistes avant de quitter la ville. Pour ajouter encore à la confusion, dès que les moudjahidin sont arrivés, des tas de gens se sont mis à porter le pacol, ce béret afghan devenu emblématique de la résistance afghane, ainsi on ne savait plus qui était qui. Sans parler des hommes de Dostom, avec lequel Massoud s’était allié, qui abusaient énormément de la vodka et qui étaient d’une violence extrême : il y a eu un nombre de pillages absolument hallucinant, des meurtres, des viols… Les moudjahidin avaient honte. "

Massoud a toujours dénoncé le travail de sape des services secrets pakistanais, qui n’ont jamais voulu qu’une chose : avoir le contrôle du pays, utile base arrière dans le conflit qui les oppose à l’Inde. Ils fourniront ainsi à Hekmatyar, vexé de ne pas être au gouvernement, les roquettes qui s’abattront non stop sur Kaboul, jusqu’à 2.000 par jour, cinq semaines seulement après l’entrée des hommes de Massoud dans la capitale afghane et qui lui donneront l’allure d’un cimetière de pierres.

Massoud, dégoûté, démissionnera de son poste de ministre de la Défense. Le président Rabanni nommera Hekmatyar Premier ministre, mais refusera de céder le pouvoir aux autres composantes du gouvernement, comme c’était prévu avec un système de tournante entre les différentes ethnies; il sera contraint d’abandonner Kaboul, alors en proie au chaos, aux mains des taliban, pour éviter un nouveau bain de sang.

Ponfilly ne peut que constater le gâchis engendré par une politique douteuse : " L’Occident ou l’ONU aurait dû aider Massoud au moment où il est arrivé dans Kaboul. Si tel avait été le cas, il aurait pu démilitariser et, à mon avis, il réglait la guerre d’Afghanistan. Mais, là, personne n’a rien fait! Les Américains ont laissé les Pakistanais continuer à jouer avec leur petit préféré, Hekmatyar, et ça a été la catastrophe. "

la solution qui s’impose

Aujourd’hui, le fait que les hommes de Massoud ne s’avouent pas vaincus semble encourager les habitants à se mobiliser contre les taliban. Ainsi certains commandants pashtouns se sont-ils ralliés à Massoud, lui demandant aide et conseil. En décembre, l’AFP rendait compte de révoltes anti-taliban obligeant la milice islamiste à envoyer des renforts de Kaboul.

Il est clair que Massoud ne regagnera pas la totalité du territoire, son objectif n’est d’ailleurs pas là mais davantage à obliger les taliban à négocier pour instaurer un gouvernement dans lequel toutes les tendances seraient représentées. Car, aime à rappeler le " Lion du Panjshir ", que rien ne prédisposait à la guerre, la solution du conflit afghan n’est pas militaire mais politique. n

Françoise Causse
Notes :

1) la prise de la ville d’Herat aurait coûté 30 millions de dollars aux Saoudiens.

2) Alors qu’ils n’ont aucune reconnaissance internationale. Seuls aujourd’hui le Pakistan, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes ont reconnu les taliban comme autorité suprême de la république d’Afghanistan, rebaptisée en octobre 1997 émirat islamique d’Afghanistan. " Certains pays prétendent que nous accueillons des terroristes et que nous ne respectons pas les droits de l’homme, alors que le gouvernement précédent avait été accusé de faire la même chose, mais cela ne l’a pas empêché d’être reconnu ", se plaignait en novembre dernier Mollah Mohamad Hassan, le "ministre" – taliban – des Affaires étrangères afghanes, ne niant aucunement enfreindre les droits de l’homme!

3) Ben Laden s’est réfugié à Kandahar dans la même rue que le chef des taliban Mollah Omar, après son expulsion d’Arabie Saoudite en 1991, pour activités antigouvernementales. Il est aujourd’hui déchu de sa nationalité.

4) Ben Laden a été un mercenaire des Etats-Unis de 1978 à 1989. C’est seulement en 1991 que celui-ci se retournera contre ses "employeurs" lorsque ceux-ci libéreront le Koweït depuis l’Arabie Saoudite.

5) Pour motiver les Pashtouns sur le front nord on a attisé les haines ethniques – ceux qui peuplent cette région sont Tadjik, Ouzbek ou Hazaras. A ceux qui étaient envoyés sur la frontière iranienne un moment en ébullition, on rappelait aux sunnites que, de l’autre côté, il y avait ces infidèles de chiites à éliminer. Tous les arguments sont bons pour transformer un homme en chair à canon…

6) A noter qu’une fois encore tout cela s’est effectué au détriment de la culture du cannabis, consommé traditionnellement par les Afghans mais qui ne rapporte rien et dont les taliban ont condamné la production et l’usage.

7) Pour plus de détails, voir le rapport de l’OGD la Géopolitique mondiale des drogues 1997-1998, p. 102.
 
 

" Afghanistan, pays lointain, en guerre,
dont tout le monde se fout, ou presque. "

De 1981 à 1998, Christophe de Ponfilly s’est rendu à plusieurs reprises en Afghanistan. Sa première rencontre avec le commandant Massoud s’est transformée en amitié. En 1998, le cinéaste réalise un nouveau film, Massoud l’Afghan, dans lequel il fait le point sur ce pays qu’il affectionne, toujours en guerre, et son métier, trop souvent dévolu à une quête d’images dépourvues de sens. Un document magnifique, diffusé sur Arte et aujourd’hui en salles à Paris, dont voici quelques extraits :

Dans le tumulte d’images et de sons du monde moderne, tenir une caméra a-t-il encore un sens? Lorsque j’ai commencé ce film, il y a seize ans, je ne me posais pas la question, c’était mon premier film. J’allais rencontrer des hommes remarquables, dont le commandant Massoud, pas des héros de pacotille, ni des produits de marketing comme on nous en fabrique tant aujourd’hui. J’ai rassemblé les traces de cette formidable aventure, pour survivre à tout ce bluff qui nous entoure, et pour quelque chose de plus précieux que je vais vous confier…

C’est mon huitième voyage en Afghanistan. Je m’étais pourtant promis de ne jamais y revenir, mais j’ai trop rêvé de ce pays en paix et trop admiré Massoud pour me résigner à lire dans les journaux qu’il était perdu, encerclé par les taliban.

Massoud n’aime pas les interviews. J’ai demandé à être là, c’est tout. Il a accepté. Je peux filmer ce que je veux, quand je veux, comme avant.

Ne restent avec Massoud que ses derniers fidèles. la plupart de ses compagnons ont disparu, d’autres l’ont abandonné, certains trahi. A tous les niveaux, les cadres font défaut : en Afghanistan, la plupart des gens éduqués sont morts ou ont quitté le pays.

Propos d’un vieil homme venu de la plaine occupée par les taliban au QG de Massoud pour demander des armes.

" Nous sommes prêts à nous battre contre les taliban. S’il le faut avec des fusils de chasse ou des cailloux.

– Combien voulez-vous d’armes? lui demandent les lieutenants de Massoud.

– A vous de voir : nous sommes entre 1500 et 2000 personnes.

– Tous veulent prendre les armes?

– Oui, les hommes comme les femmes, tous veulent se battre. Notre patience est à bout. "

Dans ce combat inégal, Dieu semblait leur seul allié. La CIA n’avait pas choisi leur camp!

[ En avril 1992, Massoud reprend Kaboul, la trêve ne durera que quelques semaines.]

Massoud le libérateur avait cédé le pouvoir aux politiques.

A Kaboul, l’image du héros moudjahed, combattant de la foi et de la paix, était à jamais détruite : quantité d’armes circulaient, mes amis avaient honte, moi aussi.

Jamais filmer ne m’avait semblé si inutile. Déçu, comme beaucoup, je m’étais promis ne jamais revenir.

J’ai, depuis, en horreur, ces gestes de victoire sur fond de ruines.

J’ai aimé les Afghans et goûté leur poésie. Des individualistes, souvent grandes gueules, ils n’avaient rien de fanatiques religieux. Ils avaient même su garder ce que nous sommes en train de perdre : le sens de la communauté, le respect des anciens, et cette fierté de peuple jamais colonisé.

Les Soviétiques ont détruit ce monde : un million et demi d’Afghans sont morts, trois millions vivent encore aujourd’hui en exil.

Pendant dix années, les Soviétiques se sont acharnés à apporter à ce peuple une conception du monde que les Afghans ne comprenaient pas. Les Soviétiques ont exacerbé l’islam politique, mais se sont perdus eux-mêmes.

J’ai posé la caméra : n’auriez-vous pas dû venir à l’étranger? lui ai-je demandé. Devant le Congrès américain, on vous aurait applaudi. Aujourd’hui, le monde est comme ça: on vend de la politique comme on vend des lessives ! Si vous aviez appris l’anglais, vous seriez passé dans toutes les télévisions, et qui sait, peut-être auriez-vous changé le cours de l’histoire. La nuit est tombée, Massoud a souri, puis il est parti.


Bibliographie

nMassoud l’Afghan, Christophe de Ponfilly, Editions du Félin-Arte Editions, 1998,139 francs : un ouvrage complémentaire au film du même nom qui permet à l’auteur d’approfondir son sujet.

n Les Nouvelles d’Afghanistan, revue sur abonnement, BP 254, 75524 Paris Cedex 11.4 numéros 120 francs. Chèques à l’ordre d’Afrane (Amitié franco-afghane).

n De Kaboul à Marseille, Nassim Nafi, Editions Indigo et Côté Femmes, 1998, 110 francs. Récit d’une femme qui a fuit son pays lors de l’invasion soviétique et qui après l’Iran se retrouvera à Marseille.

n Afghanistan : Du communisme au fondamentalisme, Sylvie Gélinas, Editions L’Harmattan, 1997, 140 francs.

n Les cercueils de zinc, Alexievith Svetlana, Collection 10/18, 44 francs. Récit de la guerre d’Afghanistan vue par les Soviétiques. Témoignages.

n Poussières de guerre, Christophe de Ponfilly et Frédéric Laffont, Editions Laffont, 1990, 118 francs

Bibliographie de Sayd Bahodine Majrouh

nEgo Monstre I - Le Voyageur de Minuit. Traduit par Serge Sautreau. Editions Phébus, 1989.

nEgo Monstre II - Le Rire des Amants. Traduit par Serge Sautreau. Editions Phébus, 1991.

nChants de l’errance. Traduit par Serge Sautreau. Editions Orphée La Différence, 1989.

nRire avec Dieu. Aphorismes et contes soufis. Traduit par Serge Sautreau. Editions Albin Michel, coll.. Spiritualités vivantes, 1995.

nLe Suicide et le Chant (poésie populaire des femmes pashtounes), traduit par André Velter, Cahiers des Brisants, 1988; " Connaissance de l’Orient ", Gallimard, 1994.
 

Oussama ben Laden, financier présumé du terrorisme islamiste (AFP, 30/7/99)
L'islamiste Oussama ben Laden, qui aurait décidé de quitter l'Afghanistan en accord avec les Taliban au pouvoir à Kaboul, est un héros pour l'Islam extremiste et l'ennemi public no1 des Etats-Unis. Il figure en effet sur la liste des dix criminels les plus recherchés par le FBI, qui a mis sa tête à prix cinq millions de dollars. Déchu de sa nationalité saoudienne, longtemps exilé au Soudan puis en Afghanistan, Oussama ben Laden déclare régulièrement la guerre sainte (Jihad) contre les Etats-Unis et son nom refait surface à chacun des attentats anti-américains depuis des années. Avec l'un de ses adjoints, identifié comme étant Mohammed Atef dit aussi Abou Ahafs, tous deux recherchés, il a été inculpé en novembre dernier pour les attentats du 7 août 1998 contre les ambassades des Etats-Unis à Nairobi et Dar-es-Salaam, qui ont fait 224 morts et des milliers de blessés, et pour conspiration visant à assassiner des Américains hors des Etats-Unis. Le 20 août, les Etats-Unis ont attaqué des camps d'entraînement d'extremistes islamistes en Afghanistan, en représailles aux attentats, sans atteindre ben Laden. Le dirigeant fondamentaliste a nié à plusieurs reprises être l'instigateur des attentats, tout en exprimant son "appui et son admiration à ces attaques et à l'auteur de toute action militaire contre les forces américaines". Avec une longue barbe qui mange son visage émacié aux yeux étroits et aux pommettes saillantes, cet homme frêle de 41 ans est un héros de la résistance musulmane à l'occupation soviétique de l'Afghanistan dans les années 80. Né à Ryad en 1957 dans une famille fortunée d'entrepreneurs, ben Laden fait ses études à Djeddah, en Arabie saoudite. Il se lie dès 1973 à des groupes islamistes et accroît sa fortune en gérant l'entreprise familiale de construction. Il se précipite en Afghanistan après l'invasion soviétique de 1979 et équipe, arme et finance le voyage des volontaires des pays arabes --"des milliers", dira-t-il. Il regagne l'Arabie en 1992, mais son passeport saoudien lui est retiré par Ryad qui l'accuse de soutenir des groupes islamistes en Egypte et en Algérie. Dès que l'interdiction est levée, il s'installe au Soudan. Mais les services de renseignements américains le soupçonnent de financer des camps d'entraînement terroriste. L'Arabie saoudite lui retire sa nationalité en 1994, le Caire, Alger et le Yémen l'accusant de continuer à financer les extrémistes chez eux. En 1996, c'est le Soudan qui lui demande de partir, sous la pression des Nations unies. La rumeur le dit au Yémen, puis clandestin en Arabie saoudite, mais il refait surface en 1996 en Afghanistan, d'où il lance des fatwa (décrets religieux) contre les Américains --civils et militaires-- en avril 1996, en février 97 et février 98. Il serait impliqué, selon Washington, dans une série d'attentats, dont l'explosion au World Trade Center de New York (6 tués et un millier de blessés en février 1993), l'attentat contre un centre d'entraînement de la Garde Nationale saoudienne à Ryad (7 morts le 13 novembre 1995), et celui qui a tué 19 militaires américains à Dahran en Arabie saoudite le 25 juin 1996. Ben Laden a des résidences à Kandahar, le quartier général de la milice des taliban et de son chef le mollah Mohamed Omar, dans le sud de l'Afghanistan, avec lequel il entretient de bonnes relations. Son dernier lieu de résidence connu était la région de Jalalabad (est de l'Afghanistan), où il vivait protégé par une garde prétorienne de plusieurs centaines de combattants islamistes. Ces derniers mois, sa trace était plus difficile à suivre avec exactitude d'autant que les taliban, toujours en quête de reconnaissance internationale, font l'objet depuis l'année dernière de pressions de plus en plus fortes de la part des Etats-Unis pour qu'ils "lachent" ben Laden. Jusqu'à présent, ces pressions relayées par le Pakistan, le principal allié des Taliban, n'avaient eu d'autre effet que de pousser les taliban à restreindre la liberté d'action de celui qu'ils consideraient comme "un hote" à qui, affirmaient-ils, ils avaient cepedant interdit toute activité subversive.

Hearing on the continuing crisis in Afghanistan, 14/4/99 (USIA prochainement)

U.S. Case Against Bin Laden In Embasy Blasts Seems To Rest On Ideas (By Tim Weiner , New York Times, April 13, 1999)
American commandos are poised near the Afghan border, hoping to capture Osama bin Laden, the man charged with blowing up two American embassies in Africa eight months ago, senior American officials say. But they still do not know how to find him. They are depending on his protectors in Afghanistan to betray him -- a slim reed of hope for one of the biggest and most complicated international criminal investigations in American history.Capturing bin Laden alive could deepen the complications. American officials say that so far, firsthand evidence that could be used in court to prove that he commanded the bombings has proven difficult to obtain. According to the public record, none of the informants involved in the case have direct knowledge of bin Laden's involvement.
For now, officials say, Federal prosecutors appear to be building a case that his violent words and ideas, broadcast from an Afghan cave, incited terrorist acts thousands of miles away. In their war against bin Laden, American officials portray him as the world's most dangerous terrorist. But reporters for The New York Times and the PBS program "Frontline," working in cooperation, have found him to be less a commander of terrorists than an inspiration for them. Enemies and supporters, from members of the Saudi opposition to present and former American intelligence officials, say he may not be as globally powerful as some American officials have asserted. But his message and aims have more resonance among Muslims around the world than has been understood here. "You can kill Osama bin Laden today or tomorrow; you can arrest him and put him on trial in New York or in Washington," said Ahmed Sattar, an aide to Sheik Omar Abdel Rahman, the blind Egyptian cleric convicted of inspiring the bombing of the World Trade Center in 1993. "If this will end the problem -- no. Tomorrow you will get somebody else." Interviews with senior American officials and knowledgeable observers of bin Laden in Pakistan, Sudan and elsewhere suggest that there is widespread support among ordinary people in the Muslim world for his central political argument: that American troops should get out of Saudi Arabia. The embassy bombings, they note, took place eight years to the day after the G.I.'s were ordered onto Saudi soil. The interviews also raise questions about key assertions that have been made by the Government about bin Laden. Senior intelligence officials concede that their knowledge of him is sketchy. "We can't say for sure what was going on" with him from 1991 to 1996 -- most of the years covered in the indictment -- one senior official said. His Affluence Seems Overstated Present and former American officials and former business associates of bin Laden say he appears to control only a fraction of the $250 million fortune that the American Government says he possesses. "Clearly, his money's running out," said Frank Anderson, a former senior Central Intelligence Agency official who maintains close Middle Eastern contacts. Larry Johnson, the State Department deputy counterterrorism director from 1988 to 1993, said Administration officials had "tended to make Osama bin Laden sort of a Superman in Muslim garb -- he's 10 feet tall, he's everywhere, he knows everything, he's got lots of money and he can't be challenged." Milton Bearden, a retired senior C.I.A. official who ran the agency's war in Afghanistan and retired in 1995, said the Government had "created a North Star" in bin Laden. "He is public enemy No. 1," Bearden said. "We've got a $5 million reward out for his head. And now we have, with I'm not sure what evidence, linked him to all of the terrorist acts of this year -- of this decade, perhaps." Political leaders in Sudan and Pakistan who have met bin Laden describe him as intelligent, soft-spoken, polite. They also say he is deadly serious about his violent brand of radical politics and capable of killing in God's name. U.S. Case Against Bin Laden In Embasy Blasts Seems To Rest On Ideas Osama bin Laden was born into the ruling class of Saudi Arabia. His father was the favorite construction magnate of the Saudi royal family, who gave bin Laden's family huge contracts to renovate the holy cities of Mecca and Medina and build palaces for Saudi princes. American officials calculated bin Laden's fortune by estimating the family fortune at $5 billion and dividing by 20, the number of male heirs. But business associates of bin Laden said his family cut him off years ago and are managing his share of his inheritance for him as long as he is disowned. Business associates say that bin Laden has been living on a generous allowance from his eldest brother and that his assets in Saudi Arabia are now frozen. In 1980, at 22, bin Laden left Saudi Arabia and moved to the Afghan frontier. In Peshawar, Pakistan -- working alongside, but never directly allied with, the C.I.A. -- he used his money and his machines to help the Afghan rebels fight the Soviet Army invaders. The Afghan war shaped bin Laden, those who know him say. "He is an ordinary person who is very religious," said President Omar Hassan al-Bashir of Sudan, who met bin Laden often from 1992 to 1996. "He believes in the rule of Islam and where possible the establishment of an Islamic state. The time that he spent in Afghanistan led him to believe that this might be achieved through military means." Legend has it that bin Laden fought bravely against Soviet troops. But former C.I.A. officers say he was a financier, not a warrior -- "a philanthropist supporting a number of health care, widows-and-orphans charity operations in Peshawar for Afghan refugees," as Anderson put it. He also helped create a headquarters called Al Qaeda, the Base. It was a way station in Peshawar where Egyptian and Saudi volunteers rested before setting off for battle in Afghanistan. Its name became a kind of flag uniting bin Laden's followers. American officials call it a global terrorist network. When the Soviet forces left Afghanistan in 1989, bin Laden went home to Saudi Arabia. He soon set his sights on the last remaining superpower. "He himself was very much wary about America," said Saad al-Faqih, a Saudi exile living in London, who worked as a surgeon for wounded Afghan fighters, "very skeptical about America and the Saudi regime."
He found a new enemy on Aug. 7, 1990, when the United States began sending half a million soldiers to Saudi Arabia, preparing for war against Iraq. "One of the stories put out by bin Laden is that he went to King Fahd and promised that he would raise holy warriors who would protect Saudi Arabia," said Anderson, who was the chief of the C.I.A.'s Near East operations in the mid-1990's. "His violent opposition to the Saudi royal family began when King Fahd denied or rejected that offer." Americans Painted As New Crusaders To bin Laden the deployment of Americans in the land of Mecca and Medina smacked of the Crusades, the Christian religious wars against Islam that began nine centuries ago. His rage transformed him into a stateless outlaw. In November 1991, Saudi intelligence officers caught bin Laden smuggling weapons from Yemen, his father's homeland. They withdrew his passport. Soon afterward he made his way to Sudan, which had decreed its borders open to all Muslims, with or without passports or visas. Veterans of the Afghan jihad, or holy war, against Moscow followed bin Laden, under Al Qaeda's banner. But "when Al Qaeda was moved to Sudan, it lost around 70 percent of its members," Mamdouh Mahmud Salim, accused of being an associate of bin Laden, said during an interrogation by the German police after his arrest in September.
"This group didn't have a purpose except to carry out the jihad," Salim said, "and since nobody carried out the jihad, it lost a lot of its members." He Lived As an Investor There were three kinds of men in Al Qaeda, he said. First, "people who had no success in life, had nothing in their heads and wanted to join just to keep from falling on their noses." Second, "people who loved their religion but had no idea what their religion really meant." And third, "people who have nothing in their heads but to fight and solve all the problems in the world with battles." Osama bin Laden lived in Khartoum, the Sudanese capital, "as an investor," said President Bashir. "With his money, he was adventurous, and probably he gained this mentality by his experiences as a fighter." The indictment against bin Laden says he provided training camps in Sudan where Afghan war veterans prepared for terrorist missions. But a senior American intelligence official contradicted that, saying, "There was never a bin Laden-financed training camp in Sudan." The official added: "In 1993, '94, '95, he's managing and building up his legitimate business presence there in Sudan. I won't pretend we've got a good intelligence base on this period, but we think he was laying the groundwork for Al Qaeda." In 1995 two C.I.A. officers were stalked by teen-age followers of bin Laden in the streets of Khartoum. "Bin Laden was approached by us and was told that this would not be tolerated," said Ghazi Salaheldin, the Sudanese Information Minister. Sudan expelled the teen-agers. In the face of such perceived threats -- though some were mirages, based on a slew of false C.I.A. reports -- the United States withdrew from Sudan in late 1995. The absence of American diplomats and spies in the country diminished Washington's ability to know what bin Laden was doing at the very moment he stepped up his political war. In 1995, after the Saudi Government rescinded his citizenship, he began sending scathing attacks on the royal family from Khartoum. "Bin Laden took a chance and started doing some political activities," President Bashir said, "not terrorist activities, but he started issuing political bulletins and communiqués and faxes" denouncing the Saudi Government as corrupt and repressive. The United States took notice. "There had been confusion" after the World Trade Center bombing about the nature of radical Islamic threats to the United States, said Johnson, the former senior counterterrorism official.
No Evidence To Implicate Him "There were lots of theories, not very good intelligence, and so the intelligence community actually started generating a picture that Osama bin Laden was, if you will, the new face of terrorism," he said.
On May 31, 1996, four Saudis were beheaded after confessing to bombing a Saudi National Guard post in Riyadh and killing five Americans. All told their interrogators that they had received bin Laden's communiqués. Only 25 days later, a truck bomb tore through a military post in Dhahran, killing 19 American soldiers.
Osama bin Laden was blamed by American officials for instigating the attacks. But no known evidence implicates him, and the Saudi Interior Minister, Prince Nayef ibn Abdel Aziz, has absolved him. "Maybe there are people who adopt his ideas," Prince Nayef said. "He does not constitute any security problem to us."
Shortly before the Dhahran attack, bin Laden and members of his entourage left Sudan in a C-130 military transport plane. The Sudanese had asked him to leave -- at the request of the United States. bin Laden landed at an American-built airport in Kandahar, Afghanistan. Three months later, on Aug. 23, 1996, he declared war on the United States.
"The situation in Saudi Arabia is like a great volcano about to erupt," his declaration stated. "Everyone talks openly about economic recession, high prices, debt" and "the filling up of the prisons."
How Did He Control the Bombers?
bin Laden's criticisms of Saudi repression and corruption closely corresponded with State Department reports and C.I.A. analyses. But bin Laden blamed the United States. "The root of the problem is the occupying American enemy," he proclaimed, "and all efforts should focus on killing, fighting and destroying it."
A second, more ominous warning from him came on Feb. 23, 1998: "To kill Americans and their allies, both civil and military, is an individual duty of every Muslim who is able, in any country where this is possible," until American armies, "shattered and broken-winged, depart from all the lands of Islam."
Then came the embassy bombings last August. American authorities say the men who attacked the embassies in Kenya and Tanzania were controlled by bin Laden. But they still have no clear idea how.
Despite efforts at the highest levels of the United States Government, bin Laden and his closest associates remain isolated in Afghanistan.
It is difficult to say precisely where the criminal case against bin Laden stands. Prosecutors have obtained unusually restrictive court orders that bar the defendants and their lawyers from communicating with virtually anyone.
The Case Runs Out of Steam
Publicly, at least, the case has lost momentum. While two men suspected of being bombers were quickly apprehended, many other suspects are still at large. The last arrest was more than six months ago. A spokesman for the United States Attorney in Manhattan declined comment.
Now the hunt for bin Laden depends on whether the Taliban, his radical hosts in Afghanistan, will betray him. The United States has little leverage with the Taliban, and little fresh intelligence on how to capture bin Laden. It has no spies in Afghanistan and little new information on precisely how he might have instigated the deadly bombings.
"I do not have a clear picture yet of what happened when," said Prudence Bushnell, the United States Ambassador to Kenya, who was wounded in the bomb blast, which killed 12 of her colleagues. "I may not ever have a clear picture of what happened when. None of us may."
This article resulted from a collaboration between The New York Times and the PBS program ``Frontline,'' which will broadcast a documentary on Tuesday Night about Osama bin Laden that will run on most PBS stations at 9 o'clock. The ``Frontline'' program was based on the work of Lowell Bergman, correspondent, Martin Smith, producer, and Orianna Zill and Ivana Damjanov, associate producers.

Les paysans afghans s'apprêtent à faire une récolte record d'opium (AFP, 14/4/99)
Le long des principales routes et jusque dans les hameaux les plus reculés d'Afghanistan, le pavot est en pleine floraison, promesse d'argent pour les paysans et casse-tête pour les agences internationales de lutte contre la drogue."L'année dernière n'a pas été bonne. Nous avons dû emprunter l'argent des semences aux trafiquants", dit un fermier de la région de Saraqala (180 km au sud-ouest du col de Khyber (la fameuse "Khyber Pass") à la frontière de l'Afghanistan et du Pakistan."Cette fois la récolte est très prometteuse", ajoute ce cultivateur, fier des fleurs de pavots qui forment une mer rouge, pourpre ou blanche.Pour ces paysans, le pavot est une culture comme une autre qui permet de nourrir leur famille. "L'année dernière de la pomme de terre, maintenant de l'opium, peut être de l'oignon la prochaine fois si les prix sont meilleurs", dit l'un d'eux.Shamsul Haq Sayeed, coordinateur rural d'une agence de lutte contre la drogue des Nations unies, souligne qu'une abondance de fleurs rouges fait plaisir aux paysans, car elle est signe de récolte exceptionnelle. Elles indiquent que le pavot va donner plus de résine d'opium. Il faut dix jours pour que la fleur perde ses pétales et que le bulbe arrive à maturité. Il est alors entaillé sur quatre côtés pour laisser
sourdre la résine liquide, blanche au départ mais qui noircit en se figeant au contact de l'air. La scène va se répéter de l'est au sud de l'Afghanistan pendant les deux prochains mois. Selon le Programme des Nations unies pour le contrôle des drogues (PNUCID), l'Afghanistan est le premier producteur d'opium au monde avec 50% de la récolte mondiale, suivi par le Myanmar, l'ancienne Birmanie (40 %).En 1998 l'Afghanistan a produit 3.269 tonnes d'opium générant un revenu de 105 millions de dollars pour les cultivateurs, et des milliards de dollars pour les trafiquants des marchés occidentaux, selon le PNUCID. L'opium est raffiné dans des laboratoires clandestins en Afghanistan même ou en Turquie, plaque tourante du trafic vers l'Europe, selon les experts. Les taliban, les "étudiants en théologie" au pouvoir à Kaboul, ont interdit l'opium, qu'il mettent sur le même plan que l'alcool. A la fin de l'an dernier ils ont fermé deux raffineries à Jalalabad (est) et ont détruit 34 petits laboratoires. Mais il est difficile de priver les paysans afghans de cette source de revenu sans mettre en place des cultures du substitution. Le PNUCID a donc lancé un programme limité d'éradication de l'opium dans trois districts de la province de Kandahar (sud) et un dans celle de Nangarhar (est), avec une aide à d'autres cultures. Des essais sont faits sur l'introduction de la culture de l'oignon, des champignons, des amandes et des abricots. Selon un des responsables du programme, les résulats de ces projets pilotes sont satisfaisants. "Je pense que cela peut réussir. Mais les consommateurs sont en Occident et les gouvernements doivent couper la demande la-bas, sinon il sera difficile d'empêcher les fermiers de continuer à y répondre", ajoute-t-il.

Afghanistan: talibans et opposition vont entamer des négociations, selon les Nations unies (AP, 4/3/99)
L'envoyé spécial des Nations unies a affirmé jeudi que les différentes parties en guerre en Afghanistan avaient accepté de se rencontrer pour tenter de trouver une solution négociée au conflit. Lakhdar Brahimi a précisé que les talibans, qui contrôlent environ 90% du pays, retrouveraient leurs adversaires du nord le 10 mars en terrain neutre, dans la capitale du Turkmenistan, Ashkabad. ``Nous appelons les deux parties à ne pas décevoir une fois de plus le peuple afghan'', a déclaré M. Brahimi lors d'une conférence de presse à Islamabad, capitale du Pakistan. Il a ajouté qu'il était urgent de négocier alors que les deux camps se préparent pour une nouvelle période de combats après l'accalmie de l'hiver. L'envoyé des Nations unies devait quitter l'Afghanistan vendredi pour évoquer la situation avec les autorités iraniennes, qu'il tente de persuader, comme le Pakistan, d'arrêter de fournir des armes aux combattants afghans -l'Iran à l'opposition et le Pakistan aux talibans. 

L'envoyé spécial des Nations Unies va rencontrer les dirigeants afghans (AFP, 23/2/99)
   L'envoyé special de l'ONU pour L'Afghanistan, Lakhdar Brahimi, va rencontrer cette semaine les dirigeants taliban dans le cadre de sa mission de paix en Afghanistan, ont annoncé des sources des Nations Unies mardi à Islamabad.  Le négociateur de l'ONU se trouve à Islamabad où il a rencontré le ministre pakistanais des Affaires étrangères Sartaj Aziz lundi pour discuter de la situation en Afghanistan.M. Brahimi, dont c'est la 2ème visite dans la région en cinq mois, tente d'organiser une nouvelle réunion du "groupe des six" à Tachkent (Ouzbekistan) pour tenter de débloquer le processus de paix en Afghanistan. 
   Le "groupe des six" comprend les voisins de l'Afghanistan (Iran, Pakistan, Chine, Tadjikistan, Ouzbzkistan et Turkmesnistan) auxquels se sont joints les Etats Unis et la Russie.  L'envoyé de l'ONU doit se rendre aussi en Iran, où il pourrait rencontrer des dirigeants de l'opposition afghane, en Russie et d'autres pays d'Asie centrale.Les taliban contrôlent actuellement environ 80% du pays, alors que l'opposition du commandant Ahmed Shah Massoud est réduite à la portion congrue du nord-est de l'Afghanistan. 
   La mission de M. Brahimi est de tenter de réunir les factions afghanes dans des discussions pour instaurer la paix dans le pays ravagé par deux décennies de guerres. Les contacts entre les différents voisins de l'Afghanistan -- l'Iran étant le principal soutien de l'opposition, le Pakistan celui des taliban -- se sont multipliés ces derniers temps pour sortir de l'impasse, alors que les combats ont fait rage avant l'hiver dans le nord du pays et risquent de reprendre au printemps. 

Accroissement de la production et du trafic d'opium afghan, selon l'ONU (AFP, 23/2/99)
   L'Afghanistan est le premier pays producteur d'opium, et sa production et le trafic qui lui est lié est en augmentation, a affirmé un rapport des Nations Unies publié mardi à Islamabad. Selon ce rapport, la production d'opium afghan a été, en 1998, de 2.200 tonnes (9 % de plus que l'année précédente) avec une surface de pavot cultivé de 63.000 hectares. Selon les experts, 80 % de la production vient des zones sous la domination des taliban, les "étudiants en théologie" au pouvoir à Kaboul qui controlent plus des deux tiers du pays. "L'Afghanistan peut maintenant fabriquer l'héroïne qui était autrefois faite au Pakistan", a aussi affirmé Bernard Frahi, du Programme des Nations Unies pour le Contrôle International des Drogues (PNUCID). "Le problème a certainement augmenté", a-t-il dit. A cet égard, le jour où l'ONU a rendu public son rapport, les taliban, toujours en quête de reconnaissance internationale pour leur régime, ont annoncé la mise en place d'une opération d'élimination des laboratoires d'héroïne. Selon un reponsable taliban, Najibullah Shams, les opérations ont commencé dans le sud-ouest de l'Afghanistan, notamment les provinces du Helmand et de Kandahar.Najibullah Shams, qui est secrétaire général de la Haute commission anti-drogue des taliban, a affirmé que les opérations avaient aussi permis de détruire 34 unités de production d'héroine dans la province de Nagarhar (est). Le responsable du PNUCID a déclaré pour sa part qu'il croyait que la drogue était maintenant principalement entreposée dans le nord de l'Afghanistan, à proximité du Tadjikistan d'où elle est écoulée vers d'autres pays."Les trafiquants semblent avoir créé de nouvelles routes à travers la Communauté des Etats Indépendants (qui regroupe les anciennes républiques soviétiques) en Asie Centrale d'où la drogue part pour le Belarus, la Russie, l'Ukraine et les Etats baltes puis l'Europe de l'"ouest", a-t-il dit. M. Frahi a souligné qu'alors que la production d'opium était en augmentation en Afghanistan, elle a connu une baisse radicale de la production ces dernières années: 25 tonnes en 1998 contre 800 tonnes en 1979. "Le Pakistan est sur la voie de l'élimination de sa production d'héroïne", a-t-il aussi estimé. 

Oussama ben Laden interdit de communications par les talibans (AP, 12/2/99)
 Les talibans au pouvoir en Afghanistan ont pris des mesures contre le chef terroriste présumé Oussama ben Laden: le milliardaire saoudien, ennemi public numéro un des Etats-Unis, ne peut plus communiquer par téléphone satellite et n'a plus le droit de parler à la presse, a annoncé vendredi un responsable du régime de Kaboul. ``Nous lui avons coupé le téléphone (...) c'est une nouvelle restriction, et il n'a pas le droit de faire des déclarations publiques'' ni de donner des interviews, a précisé le porte-parole Wakil Ahmed Muttawakil.  En revanche, les talibans ne le remettront pas à un pays tiers, affirmant qu'ils veulent des preuves de son implication présumée dans des actes terroristes. Les Etats-Unis, qui veulent le juger, l'accusent d'être derrière les attentats meurtriers du 7 août dernier contre leurs ambassades en Tanzanie et au Kenya. Après ces attentats, les Etats-Unis avaient tiré des missile sur une de ses bases, non loin de Khost (160 Km de Kaboul). Avec ses trois femmes et plusieurs centaines de partisans, Oussama ben Laden vit à Kandahar, quartier général de l'armée islamique des taliban. Il avait à l'automne appelé ses partisans à frapper les intérêts américains et britanniques partout dans le monde.

Ossama ben Laden se trouverait toujours en Afghanistan (Reuter, 15/2/99)
Le dirigeant islamiste saoudien Ossama ben Laden, qui ne serait plus en odeur de sainteté auprès des talibans, aurait échappé à leur surveillance mais se trouverait toujours en Afghanistan. Les autorités de Kaboul ont annoncé qu'il avait disparu la semaine dernière de sa résidence à Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan, sans qu'elles l'aient le moins du monde prié de partir et qu'elles ne savaient pas où il se trouvait. Les Etats-Unis, qui accusent le milliardaire saoudien d'être le cerveau des attentats sanglants d'août dernier contre leurs ambassades à Nairobi et Dar es Salaam, avaient indirectement menacé l'Afghanistan de nouvelles représailles s'il ne leur était pas livré. Le mollah Mohammad Omar, chef des tabilans, a affirmé dimanche qu'il ne savait pas où se trouvait Ben Laden, mais un dignitaire afghan, Maulana Samiul Haq, a confié à Reuters qu'il pensait que l'activiste était simplement entré dans la clandestinité en Afghanistan même. "Toutes ces histoires de disparition, ce n'est que du boniment. Je ne pense pas que les talibans lui auraient fait l'affront de le prier de partir", a ajouté Haq, chef de la faction du parti Jamiatul Ulema-i-Islami dont les écoles religieuses ont formé la plupart des talibans. Le quotidien à capitaux saoudiens édité à Londres Al-Hayat écrit lundi que Ben Laden a bien quitté Kandahar il y a plusieurs jours en compagnie de dix hommes, dont un leader islamiste égyptien, mais croit aussi savoir qu'il se trouve toujours en territoire afhgan. De son côté, Abdel-Bari Atouan, rédacteur en chef d'Al Qods al Arabi, un autre journal arabophone international, affirme que Ben Laden s'est senti rejeté récemment par le leader des talibans. Lorsque Ben Laden est venu le féliciter le 18 janvier dernier à l'occasion de la fête de l'Aïd el Fitr, qui marque la fin du ramadan, le mollah Omar l'a fait patienter plus de deux heures avant de le recevoir dans un climat glacial, croit savoir Atouan de source proche
du Saoudien. "Ben Laden en a déduit qu'il était devenu indésirable en Afghanisan et il a décidé de trouver une autre lieu de résidence", ajoute-t-il.  Avant même qu'il ne s'évanouisse dans la nature, Ben Laden avait fait l'objet d'une surveillance accrue des talibans, qui surveillaient ses visiteurs et lui avaient confisqué son téléphone satellite.

Les forces anti-taliban ont repris l'offensive dans le Nord (AFP, 17/1/99)
Les troupes de l'opposition anti-taliban commandée par Ahmed Shah Massoud ont repris l'offensive dans le nord et le centre de l'Afghanistan et se sont emparées de deux localités stratégiques, ont annoncé dimanche diverses sources indépendantes. Selon des sources humanitaires, l'opposition anti-taliban s'est emparée de Shirin Tagab, au nord de Maimana (province de Faryab, nord-ouest), coupant ainsi un important axe d'approvisionnement de la milice musulmane intégriste au pouvoir à Kaboul. D'autre part, un porte-parole du commandant Massoud, le dr Abdullah, a annoncé la prise de Yakawlang, une ville qui commande l'accès à Bamyan, le chef-lieu du Hazarajat (centre). "L'opposition vient de capturer Shirin Tagab et nous avons des informations selon lesquelles de violents combats se déroulent dans la région", a indiqué le responsable d'une organisation humanitaire. La localité est sur l'une des seules voies de communication entre Hérat, la principale de ville de l'Ouest, sous contrôle taliban, et Mazar-i-Sharif (nord), l'ancienne "capitale" de l'opposition capturée par la milice religieuse en août dernier. Selon un analyste, le commandant Massoud semble vouloir profiter de la période de l'Aïd el-Fitr qui marque la fin du ramadan, le mois de jeûne des musulmans, pour avancer ses positions. "Ordinairement, il s'agit d'une période de trêve, mais peut-être que Massoud veut l'utiliser à son avantage", a suggéré l'analyste.Le chef des taliban, le mollah Mohamed Omar, avait recémment annulé les permissions des miliciens pour cette fête, l'une des plus importantes de la religion musulmane. Le commandant Massoud, le dernier chef de guerre afghan de renom à se battre encore contre les taliban, a lancé récemment des offensives dans le nord-ouest et le centre du pays, après une serie d'offensives réussies dans le Nord-Est, qui lui ont permis de desserrer l'étau que faisait peser la milice contre son bastion tadjik. En juillet et août derniers, la milice intégriste avait pris le contrôle de tout le Nord-Ouest et le nord du pays, qui était auparavant le bastion du chef de guerre ouzbèk Abdul Rachid Dostam. Les taliban s'étaient ensuite emparés du Hazarajat (constitué en gros par la province de Bamyan) qui était jusque là contrôlé par le Hezb-i-Wahdat des Hazaras chiites, la troisième composante de l'opposition armée. Yakawlang, où les combats ont éclaté samedi, selon M. Abdullah, avait déjà était prise par des troupes de l'opposition en décembre, mais celles-ci n'avaient pu s'y maintenir en raison de différends entre diverses factions.

L'hiver s'annonce terrible pour la minorité chiite d'Afghanistan (AFP, 2/1/99)
 Les 13 membres de sa famille ne mangent que deux fois par jour: le matin du thé et du pain, le soir des patates dans un peu de graisse. ``Regardez autour de vous, nous n'avons rien'', lance Ali Jan, paysan hazara, membre de cette minorité chiite
d'Afghanistan. Les hivers sont rudes dans le Hazarajat, région montagneuse isolée dans le centre de l'Aghanistan, dans la province de Bamyan, où vivent bon nombre de chiites --15% de la population de ce pays à majorité sunnite dirigé par les talibans, pachtouns pratiquant une version extrêmement dure de l'Islam. Mais cette année, les effets de la guerre civile et le retard des pluies ont encore empiré les choses. 
Selon Susan Manual, du Programme alimentaire mondial de l'ONU, installé au Pakistan voisin, disette et malnutrition menacent au Hazarajat. Le PAM a donc mis en oeuvre un programme de livraison de céréales. Pour acheter des vivres, les plus riches ont vendu leurs rares moutons, se privant donc de la laine et des peaux qui leur permettaient d'affronter le froid.  A Almasad, explique Mohammed Hasan, 70 ans, dix villageois sont morts de malnutrition ces derniers mois. Les gens mangent désormais les plantes qu'on ne donnait autrefois qu'aux bêtes. 
Amna Bibi a marché cinq heures en portant son fils malade et dénutri, jusqu'au dispensaire le plus proche. Là, il n'y avait rien: le médecin ``ne m'a donné que des cachets et quelques jours plus tard mon fils était mort''. Cultivées en terrasses, les céréales n'ont pas eu assez d'eau, en raison de pluies tardives. Les routes sont détruites à cause des violents combats entre les talibans au pouvoir à Kaboul et l'opposition nordiste, empêchant les Hazaras de commercer, d'être ravitaillés, d'emmener leurs blessés et leurs malades à la capitale. 
L'Iran chiite a accusé les talibans de persécuter les Hazaras et les Nations unies ont promis d'enquêter, dans ce pays où il leur est si difficile de travailler. Lors de la chute du bastion de l'opposition nordiste, Mazar-I-Charif, tombé en août, les talibans y auraient massacré de centaines de Hazaras. Mais dans la province de Bamyan, les Hazaras disent ne pas souffrir de persécutions. La seule chose qu'ils souhaitent, c'est la fin des combats:``si les talibans amènent la paix, c'est cela que nous voulons'', dit Qasim. Et avec elle, l'ouverture de la route de Kaboul, qui leur donnerait accès à ce dont ils ont tant besoin, le commerce et la nourriture. 

Prières pour la pluie en Afghanistan (AFP, 1/1/99)
 A l'appel du chef suprême de la milice islamique des Talibans, le mollah Mohammed Omar, des milliers d'Afghans ont prié
vendredi pour qu'averses de pluie et chutes de neige viennent mettre fin à la sécheresse qui règne sur le pays. L'absence de précipitations cet hiver risque de créer des pénuries d'eau cet été, menaçant les prochaines récoltes. Nombre de résidents de Kaboul ont donc fermé boutiques et bureaux pour se rendre dans le désert de Bagrami aux abords de la capitale afghane, pour des prières dirigées par les principaux responsables talibans. Les Talibans, musulmans sunnites, qui se sont emparés du contrôle de 90% du territoire afghan, ont imposé un régime fondé sur l'application intégriste de la loi islamique. 

Malheur aux barbes entretenues (Reuters, 30/12/98)
Les Afghans qui entretiennent leur barbe avec zèle sont devenus la cible de la police des talibans, ont rapporté mercredi des habitants de Kaboul. Depuis le début du ramadan, voici 12 jours, des dizaines d'hommes ont été jetés en prison pour ce forfait. 
"Nous avons dit et répété aux gens de se soumettre aux règles, mais certains font la sourde oreille et les emprisonner est justifié, parce qu'ainsi nous voulons les rééduquer spirituellement", a déclaré le chef de la police religieuse. 
Les Talibans, qui ont rendu obligatoire le port de la barbe après leur arrivée au pouvoir en 1996, contrôlent désormais 90% de l'Afghanistan et se targuent d'avoir instauré l'Etat où l'islam est le plus purement appliqué. 
Ils ont ainsi interdit aux jeunes filles de recevoir une éducation, empêché les femmes de travailler hors de chez elle, à l'exception du secteur médical. En outre, les femmes doivent porter une "bourka" qui les enveloppe de la tête aux pieds; les hommes ne doivent absolument pas s'habiller à l'européenne. Les hommes jugés coupables d'avoir taillé leur barbe sont emprisonnés pour dix jours. La rigueur des talibans s'applique également aux Afghans revenant de l'étranger. La majeure partie sont incarcérés dans la prison de Pouli Charkhi, de sinistre notoriété, où jadis le pouvoir communiste persécutait ses opposants islamistes. 

Les taliban contrôlent désormais la quasi-totalité de l'Afghanistan (AF¨P, 17/12/98)
Les intégristes musulmans taliban ont pris le contrôle de la quasi-totalité de l'Afghanistan en 1998
après avoir défait plusieurs mouvements de l'opposition, mais ils attendent toujours une reconnaissance internationale de leur régime islamique ultra-rigoureux. Cette reconnaissance se heurte à un dossier des droits de l'Homme particulièrement difficile à défendre, notamment après les massacres par la milice intégriste de plusieurs milliers de civils dans le nord du pays en août dernier.
L'été avait pourtant d'abord été favorable à la milice des "étudiants en théologie" au pouvoir à Kaboul qui, au cours d'une vaste offensive, s'était emparée d'une grande partie du territoire de l'opposition. En juillet et août, profitant de ralliements de commandants de milices locales, les taliban ont, en effet, investi le nord-ouest et le nord, balayant d'abord les forces ouzbèkes du général Abdul Rachid Dostam.
Ainsi, le 8 août, la milice intégriste a pris Mazar-i-Sharif, qui était la "capitale" de la coalition du nord. Dans les jours suivants, selon les organisations internationales, les taliban y ont massacré entre 5.000 et 8.000 civils de l'ethnie Hazara -- hommes, femmes et enfants -- tués par balles, égorgés ou étouffés dans des conteneurs. Le 20 septembre, les taliban ont occupé la ville de Bamyan (centre du pays), le quartier général du Hezb-i-Wahdat de Karim Khalili, le principal mouvement des Hazaras chiites soutenus par l'Iran. Ce dernier pays a exercé à ce moment-là, une très forte pression en déployant à proximité de la frontière afghane près de 200.000 militaires, officiellement pour des maoeuvres en riposte, selon Téhéran, à l'assassinat par les taliban de huit diplomates et un journaliste iranien à Mazar dans les jours qui ont suivi la capture de la ville. Les forces du commandant Ahmed Shah Massoud ont dès lors pu reprendre dans le nord-est, le bastion tadjik, les territoires conquis par la milice intégriste sur la lancée de ses victoires d'août. Massoud, le dernier chef militaire de renom à combattre encore les taliban, est même passé à l'offensive en octobre et tente actuellement de prendre la province de Kunduz, une région principalement peuplée de Pachtouns -- l'ethnie de la quasi-totalité des miliciens intégristes taliban -- et qui constitue leur point d'appui principal dans le nord.
Toutefois, ces victoires ne remettent pas en cause, pour le moment, le rapport de force entre l'opposition et les taliban qui contrôlent 80% du pays. Même si quelques révoltes, en décembre, dans des zones du nord et du nord-ouest semblent indiquer la difficulté à assurer une mainmise durable sur cette partie non-pachtoune du pays. Mais ces gains militaires n'ont pu empêcher une nouvelle déconfiture des taliban aux Nations unies, où le régime de l'ancien président Burhanuddin Rabbani s'est vu une nouvelle fois attribuer le siège de l'Afghanistan deux ans après avoir été renversé par les taliban (27 septembre 1996). 1998 a même été une année d'un plus grand isolement du régime intégriste -- uniquement reconnu par le Pakistan, l'Arabie saoudite et les Emirats -- dans la mesure où l'ONU a retiré son personnel expatrié après le meurtre de l'un d'entre eux à kaboul le 21 août et le départ des organisations humanitaires non gouvernementales (ONG) quelques semaines auparavant. Le 8 décembre, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté une résolution sur d'éventuelles sanctions contre les taliban si ceux-ci n'instaurent pas un cessez-le-feu, s'ils ne mettent pas fin à la prodution de drogues (surtout l'opium) ou bien encore aux discriminationx contre les femmes.

Afghanistan-ONU : Taliban: interdiction de la drogue contre une reconnaissance par l'ONU (AFP, 9/12/98)
ONU-Afghanistan : Le Conseil de sécurité menace les taliban d'éventuelles sanctions (AFP, 9/12/98)
Afghanistan-USA : Les taliban craignent des tentatives américaines pour "liquider" ben Laden (AFP, 7/12/98)
Afghanistan-combats : Les combats diminuent en Afghanistan, où 118 prisonniers  sont libérés (AFP, 6/12/98)
Afghanistan-taliban : Les taliban annoncent la libération de 118 partisans de Massoud (AFP, 5/12/98)
Afghanistan-combats : Combats sporadiques et tentative de réunification de l'opposition  (AFP, 5/12/98)
Afghanistan-Russie-Laden : Ben Laden s'apprêterait à se réfugier en Tchétchénie, selon un journal (AFP, 5/12/98)
Afghanistan-combats : Combats sporadiques dans le nord de l'Afghanistan (AFP, 5/12/98)
Afghanistan-séisme : Fort tremblement de terre à Kaboul (AFP, 4/12/98)
ONU-Afghanistan : Menaces de sanctions contre les taliban en discussions à l'ONU (AFP, 3/12/98)
Iran-Afghanistan-drogue : L'Iran presse les taliban de mettre fin au trafic de drogue (AFP, 3/12/98)
Afghanistan-USA-Laden : Ben Laden: un prétexte pour que les USA restent dans le Golfe, selon Kaboul (3/12/98)
Iran-Afghanistan : M. Kharazi: les responsables des meurtres des Iraniens doivent être punis (AFP, 3/12/98)
Afghanistan-combats : Soulèvements antitaliban dans le nord, selon l'opposition afghane (AFP, 3/12/98)
ONU-Afghanistan : Les forces d'opposition afghanes "largement éliminées", selon M. Annan (AFP, 2/12/98)
Yémen-Afghanistan : Un religieux yéménite dément avoir rencontré Oussama ben Laden (AFP, 2/12/98)
Afghanistan-combats : Poursuite de l'offensive de Massoud contre les taliban (AFP, 30/11/98)
Afghanistan-Yémen : Rencontre d'ouléma yéménites avec Oussama ben Laden (al-Hayat) (AFP, 30/11/98)
Iran-Afghanistan : Téhéran demande aux taliban de châtier les meurtriers d'Iraniens  (AFP, 29/11/98)
Afghanistan-combats : Massoud bombarde l'aéroport de Kaboul et progresse dans le nord  (AFP, 28/11/98)
ONU-Afghanistan : Les taliban ont ouvert des "camps de concentration", selon l'opposition (AFP, 25/11/98)
 Iran-Afghanistan : Téhéran annonce la libération du dernier Iranien détenu par les taliban (AFP, 25/11/98)
Afghanistan-opposition : Poursuite des combats dans le nord et libération de prisonniers à Kaboul (AFP, 24/11/98)
Afghanistan-combats : Violents combats dans le nord de l'Afghanistan (AFP, 23/11/98)
Afghanistan-combats : Offensive des taliban dans le nord de l'Afghanistan, selon AIP (AFP, 22/11/98)
Afghanistan-Laden : Les taliban réitèrent leur soutien à Oussama ben Laden (AFP, 20/11/98)
Afghanistan-Arabie-USA : Les taliban veulent normaliser avec Ryad et nouer des relations avec Washington (19/11/98)
Afghanistan-USA-Laden : Terrorisme: les taliban attendent toujours des preuves  impliquant ben Laden (AFP, 19/11/98)
Iran-Afghanistan : Une "mission technique" iranienne en Afghanistan (AFP, 17/11/98)
Afghanistan-combats : Les forces du commandant Massoud ont pris le district de Nejrab (AFP, 17/11/98)
Afghanistan-combats : Violents combats pour le contrôle de routes stratégiques dans le nord (AFP, 16/11/98)
Edition-Afghanistan : Massoud l'Afghan: portrait d'un combattant (AFP, 16/11/98)
Afghanistan-combats : Les forces du commandant Massoud affirment avoir repris deux districts (AFP, 14/11/98)
Afghanistan-trêve : Trêve d'une semaine entre les taliban et Massoud, selon AIP (AFP, 13/11/98)
Afghanistan-combats : Plus de cent civils tués par les taliban, selon l'opposition (AFP, 12/11/98)
Afghanistan-combats : Les forces anti-taliban reprennent des positions dans le nord (AFP, 12/11/98)
Afghanistan-combats : Un journaliste confirme l'offensive des Taliban en direction de Taloqan (AFP, 11/11/98)
Afghanistan-USA : Le nouveau ton menaçant des taliban contre les Etats-Unis (AFP, 10/11/98)
Afghanistan-USA-Laden : Menace des taliban contre les Etats-Unis à propos de ben Laden (AFP, 10/11/98)
 Iran-Afghanistan : M. Kharazi: le conflit entre l'Iran et les taliban n'est pas terminé (AFP, 7/11/98)
France-Afghanistan-ONG : ACF reprendra ses activités en Afghanistan à certaines conditions (AFP, 6/11/98)
Afghanistan-USA : Les taliban prêts à juger Ben Laden en Afghanistan (AFP, 6/11/98)
 ONU-Afghanistan : Pas de progrès en Afghanistan sans une coopération régionale, selon l'ONU 
 ONU-Afghanistan : Mazar-i-Sharif: un rapport de l'ONU sur la "folie meurtrière" des taliban (AFP, 5/11/98)
Afghanistan-ONU : Une agence de l'ONU proteste contre les confiscations des Taliban (AFP, 5/11/98)
Afghanistan-USA : Les taliban critiquent l'offre des Etats-Unis pour la capture de ben Laden (AFP, 5/11/98)
 ONU-Afghanistan : Proposition pour une surveillance des droits de l'Homme en Afghanistan (AFP, 5/11/98)

Énergie L'américain Unocal suspend son projet de gazoduc en Afghanistan (La Tribune, 25/8/98)
 L'américain Unocal, leader d'un consortium gazier au Turkménistan, a suspendu un projet de construction d'un gazoduc en Afghanistan, « vu les conditions politiques », selon un porte-parole du groupe. Ce gazoduc de 1.271 kilomètres et d'un coût proche de 2 milliards de dollars doit relier les gisements gaziers de Davletabad (sud-est du Turkménistan) à la ville de Multan, dans la province du Punjab  (centre du Pakistan). Le projet associe notamment à Unocal (36,5 %), le saoudien Delta Gas Pipeline (15 %) et  le russe Gazprom. 

Le Congrès américain se prépare à enterrer la clause dite « de la nation la plus favorisée » (MFN), terminologie qui désigne en réalité les pays avec lesquels Washington entretient des relations commerciales normales. Une sous-commission de la commission des Voies et Moyens vient en effet d'intégrer, au sein d'une proposition législative traitant de la réforme du fisc, une résolution abolissant ce  terme controversé et le remplaçant par le terme « relations normales de commerce » (NTR). « Le peuple américain a le droit de comprendre que le statut de nation la plus favorisée signifie simplement un statut commercial normal », explique dans un communiqué le président de la commission Bill Archer. Le renouvellement de la clause MFN à la Chine entraîne chaque année un débat houleux au Congrès, les législateurs hostiles à Pékin ayant beau jeu de faire valoir auprès de l'opinion publique qu'un gouvernement responsable d'atteintes aux droits de l'homme ne mérite pas la clause de « nation la plus favorisée ». La commission des voies et moyens relève que six pays seulement se sont vu refuser la clause MFN :  l'Afghanistan, Cuba, le Laos, la Corée du Nord, le Vietnam et la Yougoslavie. (La Tribune, 26/6/98)


 
Chronologie de la guerre d'Afghanistan (AP, 15/2/99)
Voici une chronologie de la guerre d'Afghanistan qui opposa les moudjahidine afghans à l'envahisseur soviétique
entre 1979 et 1992 : Plus de vingt ans de conflit en Afghanistan 

1978

-27 avril: conduit par Hafizullah Amin, un coup d'Etat militaire pro-soviétique renverse le président Mohammad Daoud Khan, cousin
du roi Zahir Shah, détrôné en 1973. Au pouvoir, le Parti démocratique populaire d'Afghanistan (PDPA) installe Nour Mohammad
Taraki à la présidence 

1979

-12 mars: le Front de libération nationale (musulman) lance le djihad le 12 mars contre le pouvoir. En juillet, les Soviétiques déploient
leur première unité de combat dans le pays, un bataillon aéroporté de 400 hommes envoyé à Bagram (nord de Kaboul) 

-14 décembre: de moins en moins soutenu par Moscou, le Premier ministre Amin fait étrangler le président Taraki lors d'un coup
d'Etat, alors que la rébellion islamiste s'accroît 

-24 décembre: 40.000 soldats de l'Armée rouge entrent en Afghanistan pour renverser Amin, ramenant dans leurs bagages le
pro-soviétique Babrak Karmal. L'invasion provoque un exode qui pousse des millions d'Afghans à se réfugier en Iran et au Pakistan.
On en recensera plus tard 2,9 millions au Pakistan et à 2,3 millions en Iran. 

Trois jours plus tard, l'URSS installe Karmal à la tête du pays. La guerilla afghane commence à se former et harcèle les troupes
soviétiques 

1980

-Alors que l'assemblée générale de l'ONU réclame le ``retrait immédiat, sans condition et total des troupes étrangères'', l'Armée
rouge est portée en février à 75.000 hommes, avant d'atteindre les 115.000 hommes, selon des estimations occidentales 

1984

-janvier: les rebelles prennent temporairement le contrôle de Kandahar, deuxième ville du pays. En avril, les Soviétiques pilonnent
pour la première fois les places fortes et les villages des rebelles, avec des bombardiers Tupolev-16

1985

-mai: l'Institut international des études stratégiques de Londres estime que les Soviétiques ont perdu 20.000 à 25.000 hommes en
cinq ans. A Peshawar (Pakistan), une alliance de rebelles fondementalistes musulmans rejoint des modérés au sein de l'Unité
islamique de groupes afghans, à sept composantes 

1986

-4 mai: Karmal doit céder la place à Mohammed Najibullah, ancien chef du Khâd (police secrète). Vers la fin de l'année, les
moudjahedines basés au Pakistan et répartis en sept factions reçoivent des armes américaines, dont des missiles Stinger, et
intensifient leur lutte contre Kaboul 

-juin: Mikhaïl Gorbatchev annonce le retrait de six régiments mais il s'agit, selon Washington, de forces anti-aériennes peu utiles qui sont remplacées par des régiments blindés 

-septembre: les rebelles auraient reçu leurs premiers missiles anti-aériens américains Stinger et britanniques Blowpipe qui leur
permettent, en l'espace de quelques mois, d'abattre en moyenne un appareil ennemi par jour 

-décembre: rencontre Najibullah-Gorbatchev à Moscou. Annonce de la formation d'un gouvernement d'unité nationale qui comprendra des dirigeants en exil 

1987

-15 janvier: Najibullah offre un cessez-le-feu et un plan de réconciliation à la résistance, qui refuse 

-novembre: Najibullah propose un calendrier de 12 mois pour le retrait des troupes soviétiques 

1988

-janvier: le président pakistanais Zia ul-Haq déclare qu'il accepte une participation communiste dans un futur gouvernement afghan
comme prix d'un retrait soviétique 

-mars: Ronald Reagan affirme que l'aide à la résistance afghane continuera après le retrait soviétique

-14 avril: le Pakistan et l'Afghanistan signent sous l'égide de l'ONU un traité qui prévoit le retrait des 115.000 soldats soviétiques
d'Afghanistan dans les dix mois 

-15 mai: début du retrait soviétique 

1989

-15 février: le dernier soldat de l'Armée rouge quitte le pays. La guerre a fait plus de 1,5 million de morts et cinq millions de réfugiés 

-février-mars: bataille de Jalalabad; l'armée afghane repousse les assauts de la résistance 

1990

-6 mars: tentative de coup d'Etat du ministre de la Défense Shah Nawaz Tanai, avec le soutien du chef résistant Gulbaddin
Hekmatyar 

1991

-avril 1991: après près de dix ans de combats, la résistance s'empare de la ville de Khost, infligeant à Najibullah un revers majeur 

-mai 1991: le secrétaire général de l'ONU Javier Perez de Cuellar présente un plan de paix prévoyant l'installation à Kaboul d'un
gouvernement intérimaire 

1992

-10 avril 1992: le nouveau secrétaire général de l'ONU Boutros Boutros-Ghali annonce que les belligérants ont convenu de créer un
``conseil de pré-transition'' qui recueillerait le pouvoir et le remettrait à un gouvernement intérimaire. Il ne dit rien du rôle que
Najibullah pourrait avoir dans cette dernière structure 

-15 avril: Najibullah est destitué, alors que la résistance prend la base aérienne stratégique de Baghram à 50km au nord de Kaboul 

-16 avril: les moudjahidine prennent Kaboul et chassent le pouvoir pro-soviétique. 

Chronologie de la guerre civile afghane (AP, 15/2/99)
Voici une chronologie de la guerre civile qui a éclaté en Afghanistan en 1992 : 

-16 avril 1992: à peine les moudjahidine prennent Kaboul qu'éclatent les luttes intestines entre les différentes factions. Le
Hezb-e-islami du pachtoune Gulbuddin Hekmatyar s'en prend à Burhanuddin Rabbani et au commandant Ahmed Shah Massoud,
tous deux du parti centriste islamique Jamiat-i-Islami. Les combats éclatent aussi entre l'Ittihad-i-Islami (pachtounes sunnites
pro-saoudiens) et le Hezb-i-Wahadat (chiites pro-iraniens). C'est le coup d'envoi d'une guerre civile qui va faire 50.000 morts, essentiellement civils, et envoyer plus de deux millions de réfugiés au Pakistan voisin. Kaboul se transforme en champ de ruines. Au moins quatre accords seront signés, mais aucun ne serarespecté.

1994

-septembre: d'anciens étudiants en théologie dont on n'avait jamais entendu parler, les talibans, entrent dans la bataille et
s'emparent en novembre de la province méridionale de Kandahar. Dans les deux années à venir, ils s'empareront du sud, de l'ouest
et de l'est du pays pour contrôler finalement 85% du pays 

1996

-13 mai: devant l'avancée implacable des talibans, Hekmatyar se rallie au régime 

-27 septembre: les talibans chassent le président Burhanuddin de Kaboul, conquièrent la capitale et pendent dans la rue l'ancien
président Mohammed Najibullah. La charia'a (loi islamique) est appliquée d'une main de fer. Les talibans se battent contre les forces du commandant tadjik Massoud et du chef de guerre ouzbek Rachid Dostom 

1997

-24 mai: soutenus par Malik Pahlawan, bras droit félon du général Dostom, les talibans prennent le contrôle du nord et contraignent Dostom à l'exil. Mais leur alliance fait long feu. En novembre, l'ONU découvre des charniers dans la région 

1998

-mars: le négociateur onusien Lakhdar Brahimi fait la navette entre les factions et dans la région pour tenter de faire ouvrir des
négociations. Les parties conviennent de mettre sur pied un conseil de sages 

-17 avril: l'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU Bill Richardson obtient des deux camps la promesse qu'ils entament des
négociations directes -les premières en deux ans- en vue de conclure un cessez-le-feu. Les combats se poursuivent néanmoins 

-26 avril: les talibans et l'opposition armée se retrouvent à Islamabad pour tenter de mettre fin à la guerre civile 

-9 août : les taliban reprennent Mazar et une grande partie du nord du pays, détruisant les forces de l'oppositon ouzbèke et
acculant Massoud dans le nord-est du pays. Dans les deux jours qui suivent la capture de Mazar, les Taliban massacrent plusieurs milliers d'Hazaras.

- 20 août : les Etats Unis lancent des dizaines de missiles contre des camps d'entrainement d'extremistes musulmans qui
visent Ousama ben laden accusé d'être le chef du terrorisme anti-américain réfugié en Afghanistan.

- 13 septembre : les taliban s'emparent du Hazarajat (centre du pays) le bastion du Hezb-i-Wahdat, le mouvement de
Khalili. les taliban controlent 80 % du pays sans être reconnus par la communauté internationale.

- octobre : les talibans consolident leur pouvoir sur 90% du territoire et éliminent toute l'opposition à l'exception du Jamiat-i-Islami de Rabbani. 

- novembre : Contre-offensives de Massoud, resté seul face aux taliban, qui sécurise son bastion du nord-est et la zone qu'il contrôle au nord de Kaboul.

1999

- 21 avril : le Wahdat reprend une partie du Hazarajat dont Bamiyan la principale ville.

- 9 mai : les taliban repennent Bamiyan et le Hazarajat.

- 28 juillet : début de l'offensive des taliban contre Massoud.



Les principaux acteurs du conflit afghan (AFP, 7/2/2000)
Les taliban au pouvoir à Kaboul ont accusé lundi l'opposition afghane d'être à l'origine du détournement du Boeing-727 du vol intérieur de la compagnie Ariana qui se trouvait lundi sur un aéroport londonien.L'Afghanistan est déchiré par la guerre depuis plus de deux décennies. Après le retrait des troupes soviétiques en 1989, les combats pour le pouvoir ont continué entre les factions victorieuses.Depuis la prise de Kaboul par les taliban en septembre 1996, la milice intégriste a conquis 80% environ du pays au détriment d'une opposition de plus en plus réduite.
Voici les principaux acteurs du drame afghan:
LES TALIBAN:
Il s'agit d'une milice religieuse inspiré par le sunnisme intransigeant d'inspiration déobandi du nom de Déoband, une madrassa (école coranique) située en Inde. Les taliban ("étudiants en théologie"), principalement d'ethnie pachtoune majoritaire dans le pays, sont issus de madrassa pakistanaises ou du sud de l'Afghanistan. Ils ont fait irruption sur la scène afghane à la fin de 1994 et ont conquis Kaboul le 27 septembre 1996.
Leur chef suprême, le mollah Mohamed Omar -- qui vit en reclus à Kandahar, dans le sud du pays, d'ou il a imposé un Islam
particulièrement rigoureux -- vient d'affirmer qu'il n'était pas question de négocier avec les auteurs du détournement dont il a tenu
responsable l'opposition.
L'OPPOSITION:
Elle s'est étiolée au fils des années depuis le renversement du président Burhanuddine Rabbani par les taliban en 1996 dont le
régime est cependant toujours reconnu par les Nations Unies et de nombreux pays. Elles comprenait principalement des mouvements représentants les Tadjikes sunnites (Rabbani et Ahmed Shah Massoud), les Ouzbeks sunnites (le général Rachid Dostam, en exil en Turquie) et les Hazaras chiites (Karim Khalili, en exil en Iran). Désormais seules les troupes du commandant Massoud jouent un rôle significatif dans la lutte contre les taliban, notamment dans l'immense plaine de Chamali, au nord de Kaboul et dans un réduit de l'extrême nord-est du pays.
L'ANCIEN ROI:
Zaher Shah, 86 ans, vit à Rome depuis son renversement en 1973. Il constitue l'espoir de ramener la paix dans le pays pour certains groupes monarchistes. La famille royale est d'origine pachtoune et trouve de nombreux soutiens dans les tribus de l'est du pays, dont le soutien a toujours été un élément important pour la stabilité de la monarchie.

Le mollah Omar aussi bien que le commandant Massoud sont hostiles à l'option monarchiste.
 


 
L'Afghanistan et les taliban L'Afghanistan et les Talibans

Rapport rédigé par Mme Soukhria Haidar
Présidente de l’Association de soutien aux femmes afghanes (NEGAR)

I. LA SITUATION ACTUELLE DANS LES REGIONS CONTROLEES PAR LES TALIBAN

Depuis leur prise de Kaboul, le 27 septembre 1996, la milice islamique des Taliban contrôle environ les 2/3 du pays. Dès leur entrée dans la capitale afghane, leur premier acte a symbolisé leur profond mépris de toutes les lois internationales : ils ont violé les locaux de l’ONU pour s’emparer de l’ancien président communiste Nordjiballah qu’ils ont ensuite pendu sans jugement après l’avoir torturé.

Le monde entier a alors découvert avec horreur sous quel régime de terreur vivaient les Afghans passés sous leur contrôle. Jamais, dans toute l’histoire de l’Afghanistan, on n’avait à ce point nié les droits les plus élémentaires de l’être humain, ni tout ce qui faisait la culture millénaire du pays.

Les premières mesures prises par les Taliban concernent les femmes :

Le travail des femmes est interdit
Après 18 ans de guerre, et la mort ou l’exil de millions d’hommes, beaucoup de femmes étaient devenues soutiens de familles et occupaient 70 % des postes dans l’administration, la santé ou l’éducation. Les renvoyer à la maison signifie que les 40.000 veuves de Kaboul sont réduites à la mendicité, que l’enseignement et les soins ne peuvent plus être assurés correctement, que beaucoup de femmes qui avaient des postes importants sont réduites à l’exil.

Le but des Taliban est la paralysie totale de l’appareil fonctionnel de l’Etat, de manière à pouvoir le contrôler à leur profit.

L’enseignement est interdit aux filles
Les Taliban ont fermé toutes les écoles et lycées de filles et ont interdit aux étudiantes de se rendre à l’université. A leur arrivée, il y avait 60 % de filles à l’université de Kaboul. Toutes les familles qui en avaient les moyens ont envoyé leurs jeunes filles continuer leurs études en exil. Les autres se désespèrent dans leur maison et se tournent parfois vers le suicide.

Par exemple, en octobre 1996, une jeune étudiante de Kaboul a voulu se suicider parce qu’elle n’avait plus le droit de continuer ses études ; elle s’est injecté du poison dans les veines de la main. Elle n’est pas morte, mais on a dû lui couper la main et elle est devenue folle.

Après 20 ans de guerre, la pression exercée par les Taliban est insupportable, il faut beaucoup de courage pour continuer à lutter malgré tout.

Dans toutes les villes occupées par les Taliban, des femmes ont bravé les interdits et essaient d’organiser, dans leurs maisons, des classes clandestines pour les fillettes interdites d’études. Saluons le courage de ces femmes qui, sans aucun moyen et malgré les menaces de répression qui pèsent sur elles si elles sont découvertes, s’obstinent à continuer à transmettre leur savoir à des fillettes qui ne souhaitent que retourner à l’école.

Il est interdit aux femmes de sortir sans un membre mâle de leur famille proche et sans une raison « valable » aux yeux des Taliban
De quel droit les Taliban se permettent-ils de juger des raisons « valables » d’une femme et osent-ils décider à la place des femmes ? Quelles sont les femmes qui ont toujours un mâle à leur disposition pour les accompagner ?

Les femmes n’ont pas une vocation de prisonnières et, malgré les menaces et les coups, continuent à sortir, le plus souvent en groupe, pour intimider les Taliban. Dans aucun pays au monde, aucun gouvernement n’a jamais décrété l’assignation à résidence de plus de la moitié de sa population, pour cause de « féminité » !

Le port du tchadri est obligatoire
Les Taliban ont décidé de ne plus voir les femmes, qu’ils considèrent comme des invitatrices à la débauche. Comme ils ne peuvent pas les enterrer vivantes, ils les cachent sous le voile intégral du tchadri qui les recouvre de la tete aux pieds sans qu’un centimère carré de peau soit visible.

Même entièrement voilées, selon la consigne, les femmes peuvent encore se faire battre sous n’importe quel prétexte : leur tchadri est trop court, ou trop joli, ou on a vu un bout de leurs doigts, ou le bout de leurs pieds…

En 1996, une femme de Kaboul, entièrement recouverte du tchadri, a été rouée de coups par des Taliban. Elle est tombée par terre et ne pouvait plus se relever. Des hommes se sont alors interposés pour empêcher les Taliban de continuer à la frapper. Elle a alors pu leur demander pourquoi ils la frappaient ainsi et l’un d’eux a répondu : « Parce que tu as des chaussettes blanches et que le blanc est la couleur de notre drapeau ».

Aucune femme ne se sent jamais en sécurité, même si elle a le sentiment de respecter tous les interdits, uniquement parce qu’elle est une femme.

Par exemple, début 1997 une femme médecin, membre d’une ONG française, attendait des amis dans une rue commençante de Kaboul. Une voiture était arrêtée non loin d’elle, et tous ses occupants étaient des Taliban qui la dévisageaient avec insistance. Avec ses cheveux noirs, elle pouvait passer pour une Afghane qui n’aurait pas mis de tchadri. Les Taliban ont alors reculé leur voiture dans sa direction, comme s’ils avaient l’intention de l’écraser contre le mur du magasin devant lequel elle se tenait. Aussitôt, en quelques secondes, une dizaine d’Afghanes qui passaient dans la rue recouvertes de leur tchadri, sans se concerter, sont venues vers elle et lui ont fait un rempart de leur corps. Intimidés par le nombre, les Taliban ont embrayé et se sont éloignés. Les femmes se sont aussitôt dispersées, et l’une d’entre elles s’est tournée vers la Française en lui murmurant : « be careful ! ».

La répression
La répression envers les femmes est impitoyable. Les Taliban n’hésitent pas à les frapper jusqu’à la mort sous n’importe quel prétexte. Tout leur est interdit et même les fillettes sont menacées.

Par exemple, le 14 octobre 1996, une fillette de 10 ans qui avait mis du vernis à ongles a été condamnée à l’amputation de ses doigts. On a même interdit les hôpitaux aux femmes, après leur avoir interdit de se faire soigner par un médecin homme.

En 1997, un médecin qui avait opéré une femme gravement brûlée, dans un hôpital de Kaboul, a eu les bras fracassés par les Taliban à coups de crosse de Kalashnikov et a dû finalement s’exiler. 

Deux femmes en train d’accoucher dans une clinique de Kaboul ont été violemment jetées dehors par les Taliban.

Les exemples sont innombrables d’actes horribles et inadmissibles perpétrés par les Taliban à l’encontre des femmes.

La répression touche aussi les hommes condamnés par les Taliban à porter une barbe longue et hirsute, à se raser le pubis (ce qu’ils contrôlent en les déculottant en public), à porter des vêtements traditionnels et à aller prier tous les jours dans les mosquées. Les gens sont licenciés de leur travail sous n’importe quel prétexte et, de toute façon, les salaires des fonctionnaires ne sont plus versés depuis l’entrée des Taliban à Kaboul.

En 1997, 80 % des médecins et chirurgiens employés dans les hôpitaux de Kaboul ont fui à l’étranger à cause des conditions de travail devenues insupportables : défense de soigner les femmes, quel que soit leur état, obligation de pratiquer l’amputation en public des condamnés pour vol.

Début 1998, 35.000 personnes ont été rassemblées de force dans le stade de Kaboul pour assister à l’amputation de deux personnes accusées d’avoir volé pour 200 $ de marchandises dans un magasin de Kaboul, et à la flagellation de deux jeunes gens qui ont reçu 100 coups de fouet chacun pour avoir eu des relations sexuelles.

Même cérémonie en mars 1998 quand on a exécuté à la mitraillette un assassin présumé, puis quinze jours plus tard quand deux autres assassins présumés ont été égorgés au couteau.

Depuis 1995, un certain nombre de lapidations de gens accusés d’adultère ont aussi eu lieu en public dans les zones contrôlées par les Taliban.

Les Taliban font passer tous ces actes barbares au nom de l’Islam, mais quand les Afghans leur démontrent que rien de tout cela n’est dans le Coran, ils se bornent à répondre que c’est leur politique.

Il s’agit pour les Taliban d’écraser toute aspiration au progrès et à la liberté, de punir et finalement de faire fuir tous les gens qui ont été sensibles aux courants démocratiques et libéraux qui ont influencé la capitale et les grandes villes afghanes depuis un siècle, et finalement d’empêcher tout espoir d’évolution chez les campagnards qui ont un mode de vie plus traditionnel.
 
 

II. REFERENCE AU PASSE
Cette situation de dictature obscurantiste s’imposant par la terreur au nom de l’Islam est unique dans le monde et dans l’histoire de l’Afghanistan. Le pays est connu depuis l’antiquité comme un carrefour des cultures védique, grecque, boudhiste, hindouiste et finalement musulmane. Les vestiges architecturaux du passé sont nombreux, de même que toutes les expressions littéraires et artistiques. Les femmes y ont toujours tenu une place importante, qu’elles aient été reines, mécènes, poétesses, artistes ou héroïnes épiques. Quelques uns des plus grands philosophes ou scientifiques mondialement connus en sont originaires, comme Avicenne.

Dès le siècle dernier, le pays a été sensible aux mouvement réformateurs et modernistes et s’est engagé sur la voie du progrès.

En 1924, on ouvrait les premiers lycées de filles et, quelques années plus tard, des jeunes filles partaient en Europe.

Les femmes acquirent ensuite le droit de vote et, en 1954, des femmes siégeaient au Parlement. Plus tard, certaines devinrent ministres. 

Dans les campagnes, les femmes avaient leur place dans les « Loya Djiija » ou Assemblées traditionnelles des villages, déterminant l’avenir de la communauté. Des écoles et lycées de garçons et de filles s’étaient ouverts dans tout l’Afghanistan. Partout les femmes avaient leur place dans la vie active.

Les Taliban sont en rupture totale avec tout ce qui fait le passé et la culture plusieurs fois millénaire de l’Aghanistan. A côté de leurs mesures mysogines et humiliantes visant à éliminer toute velléité de résistance, toute aspiration au progrès et à faire disparaître tous les intellectuels, ils s’attaquent à tout ce qui fait partie depuis toujours de la vie quotidienne, de la culture millénaire du pays, ainsi qu’à toute référence à la modernité :

La musique et le chant sont interdits

Dans tout le pays, ils font pourtant intimement partie de la vie quotidienne.

La peinture et le dessin sont interdits

Les miniaturistes, renommés depuis la Renaissance, et les peintres figuratifs s’exilent ou se cachent.

Les cinémas ont été fermés, les films brûlés, les télévisions et les vidéos (dénoncées par les Taliban comme « boîtes de Satan ») cassées, ainsi que les radios et les magnétophones ; les cassettes sont impitoyablement fracassées, déroulées et suspendues en trophées à l’entrée des villes. On supprime ainsi toute information et toute source de connaissance.

Les jeux sont interdits. Tous les genres de jeux ou de sports, traditionnels ou modernes, pour tout âge et de tout ordre, sont rigoureusement prescrits, malgré leur popularité dans toutes les couches de la société.

Les fêtes

Les fêtes traditionnelles sont supprimées. La fête du Nouvel-An elle-même, traditionnellement célébrée avec faste le 21 mars depuis plusieurs millénaires, a été interdite. Les Taliban viennent même de remplacer le calendrier solaire afghan par le calendrier lunaire arabe, changeant ainsi la date et le nom des mois de l’année pour les remplacer par la date et les mois arabes.

III. QUI SONT LES TALIBAN ?
Pendant la guerre contre l’occupation soviétique de l’Afghanistan, le Pakistan soutenait le parti fondamentaliste de la Résistance afghane, celui de Gulbudin Hekmatyar. Après le retrait de l’Armée Rouge, le Pakistan, désireux de vassaliser l’Afghanistan pour des raisons politiques de suprématie dans la région, et économiques d’accès aux nouveaux marchés et aux hydrocarbures d’Asie Centrale, décidait de continuer à jouer la carte Hekmatyar contre le nationaliste Massoud.
La carte Hekmatyar
Hekmatyar avait deux avantages aux yeux d’Islamabad : il était l’ennemi juré du patriote Massoud et il désirait diriger seul un Afghanistan uni au Pakistan sous la forme d’un « Marché commun » islamique.

Abondamment pourvu en munitions par Islamabad , Hekmatyar échoua pourtant à prendre Kaboul malgré un déluge de roquettes et la destruction de la capitale décidée par le Pakistan.

Cet échec, ainsi que l’implication de Hekmatyar dans l’attentat du World Trade Center de New-York en 1993, poussèrent Islamabad à le lacher et à jouer une autre carte susceptible d’empêcher l’installation à Kaboul d’un état souverain.

La carte Taleban
Pour remplacer Hekmatyar, les services secrets pakistanais créèrent alors de toute pièce un autre mouvement extrémiste, le mouvement des Taliban. Les Taliban sont des jeunes gens issus des écoles islamiques pakistanaises, principalement composés de Pashtouns, ethnie commune au sud de l’Afghanistan et à l’ouest du Pakistan. Leurs rangs sont grossis de chômeurs des régions du Pandjab ou du Sindh pakistanais et de mercenaires arabes, kurdes ou autres, tous payés 300 US $ par mois par le Gouvernement pakistanais.

Leur coloration d’extrémistes sunnites satisfait l’Arabie Saoudite, rivale politique de l’Iran chiite dans la région, et leur réputation « d’étudiants en religion vertueux » doit suffire, selon Islamabad, à les faire accepter par la population afghane. Leur but est de prendre le contrôle de l’Afghanistan pour le compte d’Islamabad, donc de chasser les dernières « têtes pensantes » et les derniers nationalistes du pays.

L’avancée des Taliban
Ils sont précédés d’une habile propagande pakistanaise et saoudienne, relayée par une minorité de collaborateurs afghans, liés à l’ancienne famille royale afghane. Ces derniers pensent revenir au pouvoir comme des dirigeants fantoches au service du Pakistan, grâce à la force de frappe des Taliban. Sans armée présente sur le terrain, mais eux-mêmes présents dans toutes les organisations internationales, ils pensent pouvoir légitimer au niveau mondial leur future accession au pouvoir. Cette propagande pakistano-saoudienne présente les Taliban comme des « envoyés de Dieu » venus réconcilier tous les Afghans au nom du Coran, et rétablir la paix et la sécurité dans un pays ravagé par 18 ans de guerre. Elle leur fait aussi une réputation d’honnêteté et de lutte contre la corruption.

Ils sont surtout abondamment pourvus en armes et en munitions par le Pakistan, encadrés par les officiers de l’armée pakistanaise et alimentés en dollars par l’Arabie Saoudite.

Cet équipement militaire est destiné à impressionner les forces du gouvernement central qui seraient insensibles à leurs soit-disant buts vertueux, ainsi que les commandants locaux refusant de les rallier sur leur bonne mine. Les dollars leur ont permis d’acheter la plupart des commandants locaux du sud afghan qui se sont ainsi ralliés à eux par appât du gain et non par idéologie.

Le vrai visage des Taliban
Une fois installés dans les régions qu’ils ont conquises, les Taliban montrent leur vrai visage. Ils sont bien une armée d’occupation et non pas de libérateurs puisqu’ils imposent par la force une série d’interdits et d’obligations qui n’ont jamais eu cours sur le sol afghan et qu’il reçoivent toutes leurs directives d’Islamabad. Ils se comportent en ennemis vainqueurs, se faisant craindre par leur brutalité, leur pillage des biens de gens qu’ils sont censés être venus défendre, leur racisme vis-à-vis des différentes ethnies coexistant depuis toujours sur le sol afghan et leur racisme linguistique vis-à-vis du persan qui est la langue véhiculaire du pays, la langue de culture depuis des millénaires. Contre cette langue, la seule légitime en Afghanistan, ils veulent imposer la langue d’une ethnie commune au sud de l’Afghanistan et à l’ouest du Pakistan. Ils veulent ainsi couper définitivement le pays de sa culture et de tout accès à la modernité, et s’imposer en perturbant les gens qui ne se comprendront plus.

Coupés de toute base populaire, les miliciens Taliban restent toujours entre eux, sans chercher à se faire accepter par une population qui les hait. Leur réputation d’honnêteté s’est effondrée devant la réalité de leurs actions de pillage et la sécurité qu’ils disaient apporter est en fait un sentiment d’insécurité permanent devant les coups qu’ils distribuent et les arrestations arbitraires qu’ils multiplient, ainsi que devant les enlèvements de filles qu’ils épousent de force pour les abandonner dès qu’ils changent de garnison.

La résistance aux Taliban
L’avancée des Taliban a vite été bloquée au nord de Kaboul. Devant leurs exactions, bombardements de villages, massacres de population, déportation de plus de 100.000 personnes, les gens se sont révoltés. Les femmes ont pris les armes et, aux côtés des hommes, ont repoussé les Taliban jusqu’à Kaboul.

Au centre du pays, craignant leur arrivée, des femmes se sont organisées en un groupe armé, prêtes à défendre leur région les armes à la main.

A Hirat, ville d’ethnie tarjike et de culture persane de l’ouest afghan, les femmes, soutenues par les hommes, ont fait plusieurs manifestations contre l’occupation de la ville par les Taliban, que ceux-ci ont réprimées dans le sang.

Dans les régions sud, où l’ethnie pashtoun prédomine et où les Taliban devraient donc être mieux acceptée, puisque beaucoup sont des Pashtouns, de multiples commandants qui les avaient ralliés, dégoûtés par leur comportement et leurs actions dans lesquelles ils ne se reconnaissant pas, sont en train de s’unir pour organiser une résistance.

Le 1/3 du pays reste sous le contrôle des forces de l’ancien gouvernement qui continuent de s’opposer à leur avancée.

Il est maintenant clair que les Taliban ne sont qu’une force de frappe au service des intérêts économiques et politiques du Pakistan et de l’Arabie Saoudite (rappelons qu’ils viennent de changer le nom de « République d’Afghanistan » en « Emirat Islamique d’Afghanistan ») et des intérêts d’une fraction de collaborateurs afghans opportunistes qui veulent faire passer les Taliban pour des gens honnêtes et respectables, de façon à les utiliser pour éliminer toute opposition et retrouver le pouvoir.

Cependant, la communauté internationale ne peut pas rester insensible à toutes les exactions commises par les Taliban dans toutes les régions qu’ils contrôlent et à la situation insupportable à laquelle ils réduisent la population du pays. Il est impossible, en cette fin du XXe siècle, de laisser une telle barbarie s’installer dans un pays qui fut le berceau et le lieu d’épanouissement de cultures raffinées, connues dans le monde entier. Il est du devoir de tout démocrate de dénoncer les atteintes aux droits de l’être humain et en particulier aux droits des femmes, absolument inadmissibles, commises par les Taliban. Il ne faut pas les laisser s’exprimer au nom de l’Islam, car de quel Islam s’agit-il ? Ni au nom de la sécurité, car ils ont apporté une insécurité totale.

Il est facile de soutenir la résistance de la population et de chasser les Taliban ; il suffit de leur couper tout soutien extérieur et là, comme toute armée étrangère au pays et à la population, ils s’effondreront d’eux-mêmes. Une action politique est donc nécessaire auprès des gouvernements pakistanais et arabes et de leurs commanditaires.

Avec leur départ, la population afghane retrouvera sa liberté, les femmes en particulier retrouveront leur dignité et leur droit à la vie, comme dans n’importe quel autre pays du monde.



SANCTIONS FINANCIÈRES INTERNATIONALES 
source : http://www.finances.gouv.fr/pole_ecofin/international/sanctions/talibans.htm

Règlement (CE)N° 337/2000 du Conseil du 14 février 2000 concernant l’interdiction des vols et le gel des fonds et autres ressources financières décidés à l’encontre des Taliban d’Afghanistan "Ajout à l'annexe I du règlement 337/2000 du 14 février 2000, de la ADB (Agricultural Development Bank of Afghanistan")

Position commune du Conseil, du 24 janvier 2000, relative à l’Afghanistan - Journal officiel n° L 021 du 26/01/2000 p. 0001 – 0003
 

 Mise à jour :  novembre 2001
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