Depuis sa création comme Etat en 1747, l’Aghanistan, enjeu et
objet de convoitise des puissances extérieures, a toujours été
considéré comme une « zone tampon » entre les
empires (russe, britannique) et un carrefour stratégique pour les
acteurs régionaux sans cesse renouvelés. Cette apparente
neutralité garantie par les voisins n’empêcha jamais les luttes
internes entre clans d’ethnies différentes plus ou moins soutenus
par les grandes puissances.
Sa situation géographique en Asie centrale, où émergent de nouveaux pays indépendants et musulmans, fait de l’Afghanistan un enjeu géopolitique capitale qui va conduire les Etats-Unis et la Russie à intervenir directement. Attisé par les rivalités ethniques et religieuses, le conflit afghan se complique avec les intérêts économiques étrangers, une certaine similitude avec l’ancienne « route de la soie ». Le pays, est en guerre depuis bientôt 18 ans, et les trahisons soudaines, ralliements imprévus et retournements d’alliances, illustrent parfaitement la situation politico-militaire actuelle. Il est l’un des pays les plus pauvres du monde et constitue le plus vaste chantier de mines antipersonnel de la planète. 1) La situation politique Aujourd’hui, les taliban, d’ethnie pachtoune, contrôlent
les deux tiers du pays et ont pratiquement réussi en deux ans, à
réunifier l’Afghanistan et à le « pacifier »
en installant un régime islamique pur et dur, sur la base
d’une interprétation très stricte de la « Charia »
(loi coranique) : discrimination systématique à l’encontre
des femmes afghanes, violations des droits de l’homme, endoctrinement forcé,
racisme ethnique.
Trois provinces du nord résistent toujours et le grand jeu afghan se résume à l’affrontement entre les milices taliban et les forces de l’Alliance du Nord, de nouveau coalisées et dirigées par l’ancien ministre de la défense, le commandant Ahmed Shah Massoud (tadjik), et du général Rachid Dostom (ouzbek). L’Alliance des forces anti-taliban
2) L’économie afghane Agriculture : elle représente l’essentiel de la production mais reste limitée en raison de l’intensification de la guerre civile. Les cultures de blé et de riz ne peuvent assurer l’autosuffisance alimentaire. L’ONU a exprimé ses craintes sur les risques de famine pour au moins 160 000 personnes si l’aide alimentaire n’arrivait pas aux vrais destinataires. Industrie: la plus importante industrie en Afghanistan est celle du coton. Les autres industries présentes en Afghanistan sont le ciment, les engrais, les meubles, les chaussures, la confection manuelle de tapis. Mines et énergie: l'Afghanistan possède des ressources importantes en charbon, chrome, minerai de fer, argent, or, cuivre et lapis lazuli, mais les problèmes d'accès et de transport soulèvent des doutes quant à la viabilité de leur exploitation. La seule ressource réellement exploitée est le gaz naturel sachant que 97 % de la production est exporté vers les pays de la CEI à travers 180 km de pipeline, ce qui représente environ 25% du revenu des exportations. Infrastructures : les moyens de communication sont très insuffisants et il n’y a pas de lignes ferroviaires. Les principaux indicateurs économiques
L’aide humanitaire et internationale L’Union européenne est de loin le plus grand pourvoyeur de fonds de l’Afghanistan. En 1997, elle a accordé au total 25 millions d’écus à l’Afghanistan. L’Union européenne (et les Etats membres au niveau bilatéral) avait octroyé une aide de 200 millions d’écus au pays au cours des deux années précédentes. 3) Les enjeux économiques régionaux Depuis l’effondrement de l’URSS, l’Asie centrale est devenue une région d’importance stratégique et économique pour toutes les puissances. Elle représente de formidables marchés et plus encore des richesses en gaz, pétrole et minéraux parmi les les plus importantes du monde. Au nord de l’Afghanistan, en Ouzbékistan, se trouverait la plus importante mine d’or du monde - sa production est estimée à 50 tonnes de minerai par an. Au nord-est, le Tadjikistan aurait le plus vaste gisement d’argent de la planète. Le sous-sol des pays riverains de la Caspienne et de la mer Noire renfermeraient plus du quart des réserves connues de pétrole dans le monde sans parler du gaz du Turkménistan. Le Croissant d’or (Pakistan, Afghanistan, Iran) est devenu le
premier centre de production d’opium du monde. L’opium afghan qui affluait
auparavant dans les laboratoires de Turquie par l’Iran, commence à
explorer les routes du nord, celles des Républiques d’Asie centrale
indépendantes depuis 1991, qui ont leur propre potentiel de culture
de pavot. La transformation de l’opium en héroïne rapporterait
plus de 2 milliards de dollars par an et près des deux tiers (3500
tonnes en 1994, 2700 tonnes en 1995) des ventes se feraient sur les marchés
européens (80 % de l’héroïne saisie en Europe provient
d’Afghanistan).
4) Le rôle joué par les puissances étrangères Le soutien du Pakistan et des Etats-Unis aux taliban Le Pakistan a pour objectif historique d’empêcher l’installation à Kaboul d’un pouvoir qui risque de prendre le Pakistan à revers par une alliance avec l’Inde. Mais c’est aussi et depuis des siècles, le commerce pakistanais qui dépend de la route vers l’Asie centrale. Pour s’imposer et maintenir l’ouverture de cette voie stratégique vers les richesses de cette région, le Pakistan tisse, grâce à des accords de coopération économique, sa toile avec les Républiques d’Asie centrale (accord sur le gaz turkmène, réseau téléphonique par fibre optique via l’Afghanistan, débouché d’exportation martime par Karachi via un corridor de transit terrestre afghan ...). En juin 1995, les gouvernements du Pakistan et du Turkménistan, la compagnie américaine Unocal et la firme saoudienne Delta Oil négocient le projet de construction d’un gazoduc de 1400 km qui acheminera les ressources turkmènes à travers l’Afghanistan jusqu’au Pakistan puis vers l’océan indien. L’exploitation des matières premières a besoin d’un état de non-guerre en Afghanistan. Il est donc essentiel de s’assurer le contrôle des territoires traversés par le futur gazoduc, c’est à dire les régions du centre et de l’ouest. Pour cela, il fallait donc créer un mouvement national cohérent fort au nom d’un islam rassembleur qui permettrait de "pacifier" suffisamment l’Afghanistan pour que les grandes stratégies commerciales puissent se mettre en place. L’émergence de cette nouvelle force politico-militaire, c’est le mouvement des taliban, crée en septembre 1994 et sachant qu’il y a environ 1 500 000 réfugiés afghans au Pakistan. Le Pakistan est, avec l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, l’un des trois pays reconnaissant la légitimité du régime islamique des taliban. De riches familles saoudiennes comme les Ben Laden, classées parmi les plus riches du monde, finance le régime des taliban. Les Etats-Unis ont rectifié depuis peu leur politique
envers le régime des taliban. L’administration américaine
affiche depuis août 1997, une neutralité pleine et entière
à l’égard de l’Afghanistan. Le régime instauré
par les taliban a horrifié le monde entier et notamment la presse
américaine. De plus la coalition russo-irano-indienne pourrait se
révéler redoutable. Rappelons que les Etats-Unis poursuivaient
des objectifs stratégiques, militaires et économiques en
afghanistan :
L’aide de la Russie et le soutien de l’Inde à l’Alliance du
Nord
La politique régionale de l’Iran vise à créer une entente avec ses voisins et, à pénétrer les marchés de l’Asie centrale au delà des discours idéologiques. L’Iran chiite accuse les taliban sunnites (intégristes au pouvoir à Kaboul) de salir le nom de l’islam par leur extrémisme et refusent de reconnaître le gouvernement en poste dans la capitale afghane. Téhéran continue de voir dans l’ancien président afghan, Burhanuddin Rabbani, destitué par les taliban, le chef de l’Etat légitime de l’Afghanistan. L’Iran accueille environ 1 million de réfugiés afghans.
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