Le spectre d'une nouvelle crise hante
l'Asie après les attentats aux Etats-Unis (AFP, 18/9/2001)
L'Asie est hantée par le spectre d'une nouvelle crise économique
après le choc porté à l'économie américaine
par le double attentat de New York et Washington alors qu'elle avait déjà
du mal à faire face au ralentissement de son activité.
Ces attentats ont également percuté de plein fouet
le commerce mondial et pour les économies des pays asiatiques fortement
tournées vers l'exportation les perspectives sont plutôt sombres.
Singapour et Taïwan connaissent déjà la récession,
Hong Kong s'en rapproche dangereusement, quant à la Thaïlande
et à la Malaisie, elles viennent d'y échapper de justesse.
"La situation va s'aggraver. Le résultat sera un naufrage
de l'économie mondiale", a déclaré à l'AFP
Chia Woon Khien, une économiste de la banque anglo-néerlandaise
ING Barings.
"Ce qui s'est produit aux Etats-Unis s'apparente à une
perte sèche. Pour l'Asie, l'impact sera plus grave. Une récession
prolongée est vraisemblable", affirme-t-elle.
Dans la période ayant précédé les
attentats, les experts de la région faisaient preuve d'un optimisme
prudent, considérant que l'Asie pourrait retrouver une croissance
modeste au cours de la première moitié de 2002, mais désormais
de tels espoirs sont hors de propos.
"Pour les cent prochains jours, tant que l'économie américaine
sera en deuil nous pensons que les investissements et les dépenses
seront différés", affirme Song Seng Wun, économiste
de l'institut de placement GK Goh.
La période qui précède Noël et le Nouvel
An est traditionnellement essentielle pour l'Asie et notamment pour le
secteur dominant de l'électronique.
Selon les experts, l'enchaînement des évènements
aurait difficilement pu être pire pour les économies asiatiques
convalescentes à la suite de la crise financière de 1997-1998.
A l'époque, l'économie américaine faisait figure de
chevalier blanc en Asie, cette fois ci, il n'y a pas grand-chose à
faire pour amortir le choc sinon de faire le gros dos, affirment-ils.
"La demande en provenance des Etats-Unis devrait se rétracter
en raison du ralentissement de la consommation et des investissements dans
la période suivant les attentats", affirme Norman Yin, professeur
à l'université nationale Chengchi de Taïwan.
En Malaisie, le gouvernement envisage actuellement des mesures
additionnelles à la rallonge budgétaire de 789 millions de
dollars et il devrait revoir ses prévisions de croissance pour 2001.
L'institut en sciences économiques de Malaisie a revu à la
baisse ses prévisions pour l'année, mais il estime qu'il
ne devrait pas y avoir de récession.
Les autorités de Hong Kong ont également reconnu
que le territoire ne serait pas en mesure d'échapper à la
chute. Le secrétaire aux finances Antony Leung a expliqué
que, "dans la mesure où les consommateurs américains sont
inquiets, cela va exercer une pression sur l'économie des Etats-Unis
et donc sur celle de Hong Kong".
La Thaïlande, qui a évité la récession
au second trimestre 2001, a revu à la baisse ses prévisions
de croissances après les attentats.
Cependant, l'Indonésie s'accroche à ses prévisions
de croissance de 3,5% pour l'année, le gouvernement estimant qu'il
est encore trop tôt pour envisager les retombées économiques
des attentats.
Pour le Cambodge, les perspectives sont sinistres dans la mesure
où la survie économique du pays dépend de l'aide qui
devrait atteindre les 620 millions de dollars sur l'année budgétaire
terminée en juin 2002. Les investissements étrangers se sont
effondrés ces dernières années et ils ne devraient
pas dépasser 120 millions de dollars sur 12 mois.
Au Vietnam, l'économie la plus dynamique de l'Asie du Sud-Est,
la baisse des exportations ne devrait pas entraîner une récession
en raison de leur modestie, tout en écornant l'ambition des plans
gouvernementaux.
La Chine et l'Inde devraient connaître une croissance confortable
cette année, mais aucun de ces deux poids lourds ne sera épargné
par les ondes de choc économiques des attentats.
En Chine les conséquences négatives de la crise
américaine devraient être limitées dans la mesure où
le gouvernement continuera de favoriser la demande intérieure, souligne
Johnson Liu, expert de Great Wall Securities.
La pieuvre ben Laden en Asie : jusqu'où
vont ses ramifications ? (AFP, 18/9/2001)
L'Asie s'inquiète des possibles répercussions de représailles
anti-terroristes américaines en se demandant jusqu'où s'étendent
les ramifications dans la région du réseau d'Oussama ben
Laden, ont indiqué des experts mardi.
Des pistes, pas toujours fiables, ont déjà conduit
les enquêtes sur les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis jusqu'au
Japon, aux Philippines, Hong Kong et Macau, outre bien sûr l'Afghanistan,
refuge de ben Laden, le suspect numéro un d'origine saoudienne.
Mais l'étendue des relations de son organisation, al Qada,
avec la myriade de groupes musulmans d'Asie reste difficile à évaluer,
d'autant que la plupart des gouvernements refusent de reconnaître
que leur pays ait pu être infiltré.
Aux Philippines, où différents mouvements islamistes
et groupes de rebelles parfois crapuleux infestent le sud de l'archipel,
le millionnaire a financé le Front Moro islamique de libération
(MILF), principale guérilla séparatiste.
Mais, dit Ustada Zhariff Julabbi, un des dirigeants du MILF,
"c'était il y a longtemps" et l'argent, assure-t-il, a servi à
financer des écoles, mosquées et dispensaires de Mindanao.
Dans les années 1990, le beau-frère de ben Laden,
Mohammad Jamal Khalifa, y avait fondé un Centre de relations internationales
et d'information, une ONG qui aurait entraîné au maniement
d'explosifs des membres du groupe Abu Sayyaf, connu pour ses enlèvements
contre rançons.
Des membres du groupe avaient projeté d'assassiner le
pape Jean Paul II lors d'une visite dans l'archipel.
Le centre aurait cessé ses opérations mais, dit
le conseiller à la sécurité nationale de la présidente
Gloria Arroyo, Roilo Golez, "nous ne savons pas encore de manière
sûre si les cellules" de ben Laden "sont toujours là".
Plus au sud, l'Indonésie, premier pays musulman du monde
par sa population, paraît particulièrement vulnérable
aux infiltrations terroristes de par sa taille et le relatif manque de
contrôle des autorités.
Comme ailleurs dans la région, des militants indonésiens
ont fait leurs armes contre l'Union soviétique dans les années
1980 et les spéculations vont bon train, bien que l'on soit sans
preuves de liens entre les groupes les plus radicaux et al Qada agissant
par exemple aux Moluques.
Au Cachemire indien, le chef des forces frontalières Rudrepal
Singh assure que dix ans de lutte contre les séparatistes musulmans
n'ont pas permis d'établir la présence de militants de ben
Laden dans cette région frontalière du Pakistan.
Mais, répond Ajai Sahni, spécialiste des conflits
de l'Asie du Sud à l'Institute for Conflict Management and Sud Asia
Terrorism Portal, 52% des militants arrêtés ou tués
au Cachemire sont d'origine étrangère, dont près de
la moitié des moudjahidine afghans.
"Deux groupes au moins actifs au Cachemire --le Lashkar-e-Toiba
et le Harkat-ul-Mujahideen-- ont des liens directs avec ben Laden", dit-il.
En 1998, le Harkat avait reconnu avoir perdu des hommes dans
les bombardements américains de camps d'entraînement de ben
Laden en Afghanistan, en représailles aux attentats contre des ambassades
américaines en Afrique.
En Chine, des séparatistes ouïgours du Xinjiang,
une région du nord-ouest à majorité musulmane, auraient
également été entraînés en Afghanistan.
Même la Malaisie musulmane, jusqu'alors sans problèmes
de terrorisme islamique, a découvert en juin un petit groupe dont
les membres auraient été entraînés en Afghanistan.
Enfin, au Japon, où les Etats-Unis maintiennent 47.000
soldats, l'agence Kyodo a rapporté mardi que les autorités
étaient sur les traces de 19 extrémistes islamistes qui seraient
entrés dans le pays début septembre et dont certains proviendraient
du fief taliban de Kandahar.
Washington se tourne vers les fragiles républiques
d'Asie centrale (AFP, 18/9/2001)
Les attentats d'il y a une semaine ont amené les Etats-Unis
à fortement intensifier leurs contacts avec les républiques
d'Asie centrale, une région volatile qui occupe une position stratégique
au nord de l'Afghanistan.
Alors que tous les indices concordent pour accuser le terroriste
présumé Oussama ben Laden et ses protecteurs, la milice afghane
des taliban, "nous portons une attention toute particulière à
l'Asie centrale", affirme un responsable américain sous couvert
de l'anonymat.
Les cinq pays de la région - Kazakhstan, Kirghizstan,
Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan - pourraient jouer
un rôle capital en cas d'opération de représailles
américaines.
Cette partie de l'ancien empire soviétique est toutefois
aussi particulièrement fragile: la majorité des pays la composant
font déjà face à des groupes radicaux islamistes,
et risquent de recevoir un afflux déstabilisant de réfugiés
afghans en cas d'hostilités.
Contrairement au Pakistan, qui a accepté pratiquement
toutes les demandes de Washington pour agir contre ben Laden et faire pression
sur les taliban, les pays d'Asie centrale ne se sont pas encore vu présenter
de requêtes spécifiques des Etats-Unis, selon ce responsable.
Mais, a-t-il souligné, les cinq pays ont reçu plus
de messages détaillés en provenance de Washington que d'autres
nations également pressées de rejoindre la coalition antiterroriste
américaine.
Ce responsable n'a pas précisé si ces messages
étaient différents, mais a indiqué que, comme pour
les autres pays, ils portaient sur la traque des groupes terroristes au
travers de sanctions financières, de restrictions de mouvement ou
en fermant leurs bureaux diplomatiques.
Les Etats-Unis ont placé un accent particulier sur deux
de ces cinq Etats, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. "Il y a eu un
nombre considérable d'échanges avec les Ouzbeks et les Tadjiks",
a-t-il assuré.
L'Ouzbékistan, qui partage quelque 170 kilomètres
de frontière avec l'Afghanistan, a annoncé lundi qu'il pourrait
autoriser l'utilisation de son territoire pour d'éventuelles opérations
aériennes américaines.
"L'Ouzbékistan a été plutôt engageant",
a déclaré lundi le secrétaire d'Etat Colin Powell.
Tachkent est confronté à une rebellion armée
menée par le Mouvement Islamique d'Ouzbékistan, qu'il accuse
les taliban de soutenir et d'entraîner d'Afghanistan.
Le Tadjikistan, qui a une frontière de quelque 1.200 km
avec l'Afghanistan, a placé ses troupes en alerte lundi et s'est
déclaré prêt à aider les Etats-Unis à
combattre le terrorisme, mais a ajouté qu'il consulterait la Russie
avant de décider de sa participation.
Les présidents russe Vladimir Poutine et tadjik Emomali
Rakhmonov ont évoqué le sujet par téléphone
lundi, sans qu'aucune décision précise ne soit annoncée.
Le Kazakhstan et le Kirghizstan, qui n'ont pas de frontière
avec l'Afghanistan, ont également indiqué qu'ils envisageaient
d'assister les Etats-Unis.
Seul le Turkménistan, qui partage une frontière
de 744 km avec l'Afghanistan, a fait part clairement de sa réticence
à laisser les forces américaines utiliser ses bases militaires
en raison de sa neutralité.
Le sous-secrétaire d'Etat américain John Bolton
a affirmé lundi que Moscou n'excluait pas la possibilité
de laisser les Américains utiliser des bases russes en Asie centrale,
contrairement aux déclarations négatives faites vendredi
sur une telle éventualité par le ministre de la Défense
Sergueï Ivanov.
Ben Laden menace l'Asie centrale (site : http://www.geo-islam.org/
) 7/9/2000
Après avoir flirté avec la CIA pendant de nombreuses
années, le milliardaire séoudien rêve d’en découdre
avec « l’Occident impie » dont le cœur n’est autre que les
Etats-Unis. Ainsi, Oussama Ben Laden a patiemment mis sur pied une organisation
internationale de grande envergure, dont la tâche principale est
la coordination des groupes islamistes opérant de par le monde.
Du GIA algérien au groupe Abou Sayyaf des Moros, en passant par
les attentats anti-américains de Dar el Salam et de Nairobi, la
structure Ben Laden, « Al Qaïda » (la Base) se trouve
derrière pratiquement toutes les insurrections musulmanes de la
planète. Aussi n’est-il pas étonnant de trouver l’argentier
du fondamentalisme sunnite au côté du tristement célèbre
régime Taliban en place à Kaboul. Mais avant de déclencher
la grande « Révolution islamique mondiale », projet
suprême d’Abou Abdallah - pseudonyme de Ben Laden pendant la première
guerre d’Afghanistan contre les soviétiques - le leader islamiste
cherche avant tout à déstabiliser les anciennes républiques
musulmanes de l’ex-URSS, probablement trop laïques et pro-russes à
son goût. Projet ambitieux qui ne doit pas déplaire à
Washington quant on connaît les visées du Département
d’Etat dans cette région. On ne s’étonnera pas par conséquent
du peu d’effort fourni par la CIA pour mettre la main sur son soit-disant
« ennemi public numéro un ». Depuis qu’ils se sont rendus
maîtres de Kaboul, les « étudiants en théologie
» ont laissé Ben Laden transformer l’Afghanistan en base arrière
du terrorisme islamique. Les combattants islamistes venus de tout le monde
arabo-musulman sont regroupés derrière la Brigade 055, mise
sur pied par Ben Laden en 1996 pour aider les Taliban à s’emparer
du pouvoir et réduire à néant l’alliance du Nord -
coalition gouvernementale - Parmi les membres de la Brigade 055 se trouvent
les fidèles de Tahir Yoldasev, leader du Mouvement Islamique d’Ouzbékistan
(MOI), dont le programme se résume au renversement du régime
politique en place à Tachkent et l’élimination du Président
Islam Karimov. Lors de la prise de Mazar-I-Sharif en 1998 par les Taliban,
Ben Laden et Yoldasev y installèrent un centre opérationnel
et transformèrent la région en base arrière. La proximité
de la ville avec l’Ouzbékistan voisin facilite en effet grandement
les opérations. L’autre voisin menacé est la République
populaire de Chine. Sa région ouest, le Xinjiang, peuplé
en majorité de musulmans sunnites d’origines turcs, les ouïgours,
est victime depuis le début des années 90 d’une agitation
islamiste de plus en plus violente. En fait, dès les années
50, des groupes nationalistes ouïgours panturcs opèrent depuis
Ankara en Turquie, dans l’espoir de faire renaître le Turkestan,
devant s’étendre de l’Anatolie au limés de la civilisation
Han. Encouragés par la victoire des moudjahidines sur l’armée
rouge en Afghanistan et l’indépendance des républiques musulmanes
d’Asie centrale en 1991, les ouïgours, dont un bon nombre s’est battu
dans l’ancienne Bactriane, ont établi des connexions avec Oussama
Ben Laden. Le troisième pays d’importance à subir les machinations
du séoudien en exil est l’Iran chiite, qui a vu neuf de ses diplomates
abattus à Mazar-I-Sharif par la Brigade 055. Comme l’a annoncé
l’un des responsables du régime Taliban : « l’Afghanistan
est en mesure d’héberger des opposants au régime iranien
sur son territoire et de mettre ainsi l’Iran en difficulté ».
C’est ainsi que l’organisation iranienne en exil « Ahl-I-Sunnah Wal
Jamaat (l’association des sunnites) s’est vu attribuée une base
opérationnelle vers Herat, à la frontière iranienne.
Selon certains témoignages, des membres de l’organisation «
les moudjahidines du Peuple » effectuent des voyages réguliers
à Kandahar, où est situé le quartier général
de Ben Laden. L’ISI, le service secret pakistanais, qui a tant fait pour
contribuer à la victoire des Taliban en Afghanistan et à
l’instauration de liens entre Ben Laden et les « étudiants
en théologie », devrait s’interroger davantage sur les menaces
que font peser un régime et une organisation sur le Pakistan même.
Plusieurs milliers de pakistanais fondamentalistes se trouvent en effet
en Afghanistan, dont certains sont poursuivis par la justice de leur propre
pays pour tentative de meurtre sur la personne de l’ancien Premier ministre
Nawaz Sharif. Si les autorités séoudiennes utilisent l’argent
du pétrole au service de différents programmes d’islamisation
ou de réislamisation de par le monde, le prince déchu de
sa nationalité, Ben Laden, place quant à lui, les dividendes
de la drogue au service du Jihad. Ayant transformé de vaste région
d’Afghanistan en plantation de pavot, notamment la province de Helmand,
il parvient à financer la majeure partie de ses opérations
grâce à cette redoutable manne financière. Ainsi, drogue,
kalachnikov et Coran devraient logiquement servir de détonateur,
embrasant la région et portant atteinte à la sécurité
internationale si rien n’est entrepris pour éradiquer ce phénomène.
Politique
intérieure
Tadjikistan: forte participation aux législatives (Reuters,
27/2/2000)
Les élections législatives de dimanche au Tadjikistan
ont été marquées par une forte participation révélatrice
de la volonté des 2,8 millions d'électeurs de voir la démocratie
mettre fin aux violences. Le scrutin pour l'élection des députés
au Majilisi Namoyandagon (chambre basse) a été déclaré
clos à 20h00 (15h00 GMT). Les premiers résultats partiels
sont attendus lundi. Selon la commission électorale, le taux de
participation était de 87,3% à 18h00 (13h00 GMT), soit un
taux nettement supérieur aux
50% nécessaires pour valider l'élection. Les élections
entrent dans le cadre d'un processus de paix initié en 1997, lorsque
le gouvernement pro-russe et l'opposition à dominante islamiste
sont convenus de mettre fin à cinq ans de guerre civile. Les enlèvements
et les meurtres ne s'en sont pas moins poursuivis en raison du maintien
des activités de chefs de guerre et du
trafic d'opium et d'héroïne en plein développement
avec l'Afghanistan voisin. Les mesures de sécurité ont été
renforcées après la mort, la semaine dernière, de
Chamsoullo Djabirov, vice-ministre de la Sécurité et candidat
aux élections, tué dans un attentat à la grenade à
Douchanbé.
Une Chambre haute le 23 mars
Les principales formations en lice sont le Parti démocratique
populaire (pro-gouvernemental), le Parti communiste et le Parti de la
renaissance islamique. Actuellement, le Tadjikistan ne compte qu'une
seule assemblée, mais des élections pour la désignation
d'une chambre haute, le Majilisi Milli, sont prévues le 23 mars.
Les députés du Majilisi Namoyandogon sont élus pour
un mandat de cinq ans. Tout candidat obtenant au moins 50% est élu.
Si aucun candidat ne recueille 50% des suffrages, un second tour doit être
organisé dans les deux semaines pour départager les deux
candidats les mieux placés. L'Organisation pour la Sécurité
et la Coopération en Europe et les Nations unies ont envoyé
des observateurs au Tadjikistan. L'OSCE avait dénoncé l'élection
présidentielle de novembre remportée par le président
sortant Imomali Rakhmonov avec 96% des suffrages. Davlat Ousmon, son seul
adversaire, s'était retiré de la course à la présidence
en dénonçant une farce électorale.
Karimov réélu président à la quasi-unanimité
(AFP,
10/1/2000)
Le président ouzbek Islam Karimov a été réélu
dimanche avec 91,9% des voix, écrasant son adversaire Abdoulhasiz
Djalalov qui ne recueille que 4,1% des suffrages, lors d'un scrutin dont
la légitimité a été mise en cause par la communauté
internationale. M. Djalalov lui-même a avoué avoir voté
pour le chef de l'Etat sortant et admis implicitement que sa candidature
n'était qu'une
candidature de complaisance pour donner à l'élection
une apparence de démocratie.
"J'ai voté pour la stabilité, la paix, l'indépendance
de la nation, pour le développement de l'Ouzbékistan (...)
C'est pourquoi j'ai voté
pour Islam Karimov", a déclaré M. Djalalov après
avoir déposé son bulletin dans l'urne dimanche.
Dans un entretien accordé lundi à l'AFP, M. Djalalov
s'est déclaré très satisfait du déroulement
du scrutin, affirmant simplement que "la démocratie n'a pas encore
pleinement pris racine en Ouzbékistan".
Islam Karimov (61 ans) dirige son pays d'une main de fer et redoute
en particulier les activités des islamistes fondamentalistes qui
constituent une menace pour son régime. Il a essuyé les
critiques des défenseurs des droits de l'homme pour avoir mis en
place un système très autoritaire, où les journalistes
récalcitrants sont arrêtés et les opposants exilés.
L'Organisation pour la sécurité et la coopération
en Europe (OSCE) n'avait même pas envoyé d'observateurs dimanche,
après les élections législatives de décembre
où les cinq partis en lice étaient tous pro-Karimov. Piqué
au vif, Islam Karimov a lui-même invité 108 observateurs de
pays étrangers comme la Chine, la Russie ou la Moldavie, les accueillant
à bras ouverts dans le seul hôtel luxueux de la capitale Tachkent.
Lundi, ces observateurs ont donné leur caution à l'élection.
"J'avais prévu ce résultat après avoir passé
toute la journée dans les bureaux de vote, à voir combien
les gens étaient avides de voter, et de voter seulement pour Karimov",
a affirmé l'Egyptien
Mouhammad As-Said Salim, directeur du département d'études
eurasiatiques de l'Université du Caire, "l'Ouzbékistan a
besoin d'un
leader fort. Ils voient leur avenir dans Karimov". La télévision
d'Etat, la seule que reçoivent tous les Ouzbeks, a fait de son mieux
pour montrer l'enthousiasme des électeurs. A six heures de matin
dimanche, l'heure de l'ouverture du scrutin, un reportage en direct a montré
une foule d'Ouzbeks se précipitant en courant dans un bureau de
vote à peine les portes ouvertes. "Je suis très heureux de
remplir mon devoir en votant pour l'avenir de l'Ouzbékistan", déclarait
l'une des femmes interrogées par le journaliste sur place. La participation
s'est officiellement élevée à 95,1%. Islam Karimov
dirige l'Ouzbékistan depuis 10 ans. En 1991, trois mois après
la proclamation de l'indépendance, les Ouzbeks avaient élu
au suffrage universel celui qui était du temps de l'URSS le premier
secrétaire du Parti communiste ouzbek. En 1995, ce premier mandat
avait été prolongé par référendum jusqu'en
2000. Sur le plan économique, l'Ouzbékistan est resté
un pays pauvre sous le président Karimov et n'a pas réussi
à attirer les investisseurs étrangers pour valoriser ses
richesses : coton, or, uranium, pétrole et gaz.
Islam Karimov, l'homme qui mène l'Ouzbékistan à
la baguette depuis 10 ans (AFP, 7/1/2000)
Islam Karimov, le président ouzbek qui se présente
dimanche à sa propre succession avec de fortes chances de l'emporter,
dirige son pays à la baguette depuis plus de dix ans.Premier secrétaire
du Parti communiste ouzbek à l'époque de l'URSS puis élu
à la tête de l'Ouzbékistan indépendant, Karimov
est réputé pour sa poigne de fer : l'opposition est muselée,
les islamistes réprimés et des journalistes ont été
emprisonnés pour avoir tenu des "propos offensants" envers le président.Islam
Karimov, visage rond et débonnaire, ne cache pas son ambition de
jouer un rôle de leader en Asie centrale. En froid avec Moscou pendant
les premières années de l'indépendance, il a récemment
renoué avec la Russie dont il attend l'aide militaire en cas de
crise grave provoquée par les groupes islamistes.A quelques semaines
de son 62ème anniversaire, Islam Karimov est en pleine forme physique
pour participer dimanche à sa seconde élection présidentielle
pour un mandat de cinq ans.Il est souvent accusé de vouloir tout
contrôler et d'être omniprésent dans la vie politique,
mais même ses adversaires reconnaissent qu'il n'a pas développé
le népotisme répandu dans les sphères dirigeantes
d'autres pays d'Asie centrale.En 1991, trois mois après la proclamation
de l'indépendance, les Ouzbeks l'avaient élu au suffrage
universel. En 1995, ce premier mandat avait été prolongé
jusqu'en 2000 par référendum.En 1989, peu avant l'écroulement
de l'Union soviétique, M. Karimov avait accédé à
la tête de la république socialiste d'Ouzbékistan.
Ce jeune ingénieur originaire de Samarkand a suivi une carrière
classique d'apparatchik qui l'a mené au département de la
Planification, puis au ministère des Finances avant de gravir
les échelons de la direction du Parti communiste ouzbek. Très
inquiet de la menace de déstabilisation du pays et de toute l'Asie
centrale par les fondamentalistes musulmans, le président Karimov
a mené une sévère campagne de répression en
1998 contre ces mouvements, notamment dans la vallée de Ferghana,
dans
l'est du pays.Arrestations et procès se sont succédé,
malgré les appels des défenseurs des droits de l'Homme ouzbeks
et étrangers, qui reprochent au pouvoir une répression aveugle,
frappant indistinctement dissidents religieux et politiques, simple croyants
et fondamentalistes.La répression s'est accentuée après
la série d'attentats du 16 février 1999 à Tachkent,
qui a fait 16 morts. Le président Karimov avait alors déclaré
que les auteurs en étaient des islamistes voulant attenter à
sa vie.Il est cependant revenu sur ses propos en avril, après la
condamnation à mort de six des accusés, une sentence qu'il
a "regrettée". En avril dernier, Islam Karimov a prôné
une ouverture politique et économique du pays. Mais les récentes
élections législatives de décembre ne se sont pas
déroulées dans des conditions démocratiques pour autant,
selon l'OSCE chargée d'observer le scrutin. Les cinq partis en lice
étaient tous pro-gouvernementaux et le taux de participation de
95,03 % a été qualifié de "suspect" par l'Organisation
pour la sécurité et la coopération en Europe.
Un salaire moyen de 10 dollars et peu d'investissements étrangers
(AFP,
7/1/2000)
L'Ouzbékistan, qui élit dimanche son président,
reste un pays pauvre, avec un salaire moyen de 10 dollars, faute d'avoir
su attirer les investisseurs étrangers pour valoriser ses richesses
: coton, or, uranium, pétrole et gaz.Huit ans après l'indépendance,
la majorité des 24,3 millions d'habitants de cette ancienne république
soviétique, vit difficilement : l'un des objectifs proclamés
du président Islam Karimov est d'assurer l'approvisionnement en
eau potable de 85 % de la population en l'an 2005.
Plus de 60% des Ouzbeks vivent encore en milieu rural.
Le développement de l'Ouzbékistan, qui souffre d'un appareil
industriel vétuste hérité de l'URSS, passe obligatoirement
par un
accroissement des investissements étrangers, selon les experts
de la Banque Mondiale.
Le coton est la principale richesse de cette république d'Asie
centrale (cinquième producteur et deuxième exportateur mondial),
mais le pays est aussi le septième producteur mondial d'or et
dispose d'importantes réserves de pétrole, de gaz et d'uranium.
Jusqu'à présent, le principal succès en matière
d'investissement étranger est la production de véhicules
Daewoo à Assaka, dans la vallée de Ferghana (est du pays).
Une partie des voitures et mini-bus de la firme sud-coréenne est
exportée avec succès dans les pays voisins, notamment en
Russie.
La Corée du sud est de loin le principal investisseur local
avec 910 millions de dollars d'investissements directs, dans la
construction automobile et le textile.
Mais la non-convertibilité de la monnaie nationale est considérée
comme un handicap majeur par de nombreux investisseurs. Ce
problème a amené le coréen Samsung Electronics
à fermer en octobre dernier une fabrique de poste de télévisions.
Les entreprises étrangères hésitent à s'implanter
en Ouzbékistan en évoquant d'innombrables entraves bureaucratiques,
une
corruption très répandue et le risque que représente
l'activisme islamiste dans la région.
Un rapport de la Banque Européenne de Reconstruction et de Développement
(BERD) avait désigné en 1998 l'Ouzbékistan comme
le pays où les officiels sont les plus corrompus, avec l'Azerbaïdjan,
le Kazakhstan, la Russie et l'Ukraine.
Pendant plusieurs années, l'Ouzbékistan s'est félicité
de voir que sa récession après la chute de l'URSS était
moins prononcée que celle de la plupart des autres républiques
ex-soviétiques.
Mais un rapport de la Banque mondiale s'est inquiété
en octobre dernier de l'apparition de nombreuses tendances négatives
qui
menacent la stabilité du pays : baisse des exportations depuis
un an et demi, accroissement de la dette extérieure, écart
croissant entre le cours officiel et le change au noir du soum, la monnaie
nationale, et chute des prix mondiaux de l'or et du coton, les deux principales
exportations de l'Ouzbékistan.
Opposé à toute thérapie de choc, le président
Karimov a privilégié jusqu'à présent le rôle
central de l'Etat dans l'économie, menant
une politique de réformes très prudente et procédant
à une privatisation progressive.
Candidat à sa propre succession et quasiment assurée
de sa réélection, Islam Karimov fait tout pour montrer que
les investisseurs
n'ont rien à craindre pour leur sécurité et celle
de leurs entreprises.
Des groupes armés islamistes, accusés d'avoir perpétré
des attentats meurtriers, sont cependant considérés comme
une menace
directe par les autorités de Tachkent qui ont arrêté
et condamné à de longues peines de prison des dizaines de
fondamentalistes.
Le Tadjikistan, un pays miné par la pauvreté et le
chômage (AFP, 4/11/99)
La plus petite des républiques d'Asie centrale, le Tadjikistan,
est minée par une pauvreté grandissante et un chômage
dramatique, plus de 70% de ses six millions d'habitants vivant en dessous
du seuil de pauvreté, selon des rapports des ONG et de l'ONU. A
peine remis d'une guerre civile de 1992 à 1997, le pays à
majorité musulman traîne derrière les autres anciennes
républiques de
l'URSS pour la mise en place de réformes économiques.Le
chômage y est endémique et les entreprises, dont la majorité
ne sont pas encore privatisées, ne travaillent en moyenne qu'à
36% de leur capacité. Selon un rapport de l'ONU, plus de 70% de
la population vit sous le seuil de pauvreté. Outre une criminalité
récurrente, les affrontements entre clans régionaux et chefs
de guerre éloignent les investisseurs. Au total seules 260 entreprises
étrangères s'y sont implantées, dont la majorité
sont des PME, constate le ministre de l'Economie (également chef
du Parti de la Renaissance islamiste) Davlat Ousmon. Pourtant à
la suite des accords de paix de 1997, le Tadjikistan a commencé
à coopérer avec le Fonds monétaire international et
la Banque mondiale pour stabiliser son économie, renforcer sa monnaie,
et améliorer sa balance des paiements. Le gouvernement a ainsi adopté
un programme de cinq ans qui prévoit de ralentir l'inflation de
43 à 8% en 2001, et d'accroître la production industrielle
annuelle de 4 à 5%. La coopération avec les organisations
financières internationales a permis de "relativement stabiliser
l'économie, d'arrêter la chute de la production, et d'augmenter
quelque peu le produit intérieur brut vers la fin de 1997 et en
1998", s'est félicité le ministre de l'Economie. Alors que
le PIB croissait de 17% en 1998 (se montant à 1.22 milliard de dollars),
il n'a augmenté que de 0.9% pour les 9 premiers mois de cette année,
a toutefois reconnu M. Ousmon. Pour lui, l'élan tant attendu ne
peut venir que d'une augmentation des investissements étrangers
dans le pays. "Sinon ce sera la misère", prévoit-il pessimiste.
Malgré ses ressources naturelles -- en minéraux, gaz naturel
et charbon --, et son potentiel hydro-électrique, avec près
de 60% des rivières d'Asie centrale qui y prennent leur source,
le pays n'arrive pas à attirer la manne vitale."Si la situation
politique du pays est stable, les investisseurs étrangers viendront
s'établir ici", assure le ministre de l'Economie. Une opinion
partagée par de nombreux observateurs. "Le Tadjikistan est le plus
petit et le plus inaccessible des pays de l'Asie centrale. S'il ne s'améliore
pas du moins politiquement, les investisseurs iront ailleurs, là
où ils peuvent prospérer plus rapidement", soulignait ainsi
un observateur étranger sous couvert de l'anonymat. Pourtant les
tensions entre le président Emomali Rakhmonov et l'opposition islamiste
se sont multipliées ces dernières semaines avec la campagne
électorale. L'opposition, qui a été déboutée
du scrutin présidentiel de dimanche, a accusé la présidence
d'avoir sciemment multiplié les obstacles à sa participation.
De nombreux observateurs ont qualifié de "farce" le scrutin pour
lequel le président Emomali Rakhmonov est seul candidat. Mercredi,
l'Union européenne s'est dite inquiète du déroulement
de l'élection.
Le Kazakhstan s'estime menacé par la subversion islamique
(AP, 6/11/99)
Le chef de la diplomatie kazakhe a déclaré samedi que
des islamistes tentaient de former des groupes armés dans le sud
du pays. Selon des propos rapportés par l'agence de presse russe
Interfax, le ministre Erlan Idrissov a déclaré que ces militants
intégristes profitaient de ``la crise sérieuse (...) affectant
tous les pays'' d'Asie centrale. Interfax précise que les forces
kazakhes ont lancé une opération samedi contre ``des formations
de bandits étrangers'' dans le sud du pays. Si le Tadjikistan est
la seule république indépendante d'Asie centrale à
avoir fait face à une véritable guerre civile entre ex-communistes
au pouvoir et islamistes, les dirigeants des pays voisins ont souvent mis
en garde contre la contagion intégriste. L'été dernier
un groupe extrémiste se réclamant de l'islam a lancé
un coup de main au Kirghizstan, pays pourtant réputé comme
étant le plus paisible de la région.
Le président Rakhmonov rêve de devenir un leader populaire
(AFP, 4/11/99)
Le président tadjik Emomali Rakhmonov, seul candidat à
sa propre succession, est un homme peu charismatique dont la plus grande
réussite a été de signer en 1997 un accord de paix
avec l'opposition islamiste, mettant fin à cinq ans de guerre civile.
Jouissant d'une popularité surtout fondée sur le manque de
cohérence de ses adversaires, il espère par la présidentielle
de
dimanche retrouver un nouveau souffle afin de se dégager de
la pression des militaires et des leaders régionaux. Initiateur
d'un référendum le 26 septembre, largement approuvé,
sur une Constitution plus démocratique, l'ancien directeur de kolkhoze
soviétique du Sud agricole (Kouliab) est toutefois seul candidat
à sa propre succession, entachant d'ores et déjà la
crédibilité du scrutin. Réputé proche de Moscou,
Emomali Rakhmonov, 47 ans, dirige la petite république d'Asie centrale
depuis 1992 à la suite d'un coup d'Etat néo-communiste qui
a renversé une hétéroclite coalition islamo-démocrate.
Le pays est alors dans le chaos d'une guerre civile qui a fait 55.000 morts
et un million de réfugiés. Après la signature d'un
cessez-le-feu en octobre 1994, cet homme imposant remet son mandat en jeu
lors d'une élection présidentielle qu'il remporte le 6 novembre
de la même année. Le scrutin connaît de nombreuses irrégularités,
selon les observateurs.Les affrontements se poursuivent malgré tout.
En 1997, il finit, sous la pression de Moscou, par accepter les négociations
avec l'opposition dirigée par Saïd Abdoullah Nouri et les divers
clans régionaux. Des accords de paix sont signés à
Moscou en juin. La paix retrouvée, cette république, la plus
pauvre de l'ex-URSS, ne se remet toutefois pas. Chômage, pauvreté
et forte criminalité restent le pain quotidien de ses quelque 6
millions d'habitants. M. Rakhmonov a encore de nombreux ennemis et est
victime en 1997 d'un attentat à la grenade, dont il sort blessé
à la jambe. Populaire dans son fief du Sud surtout, il lui manque
le soutien des régions. L'élection présidentielle
doit être pour lui l'occasion de "changer cette situation" et "de
devenir un leader national", remarquait dernièrement un diplomate
occidental. Pour cela, selon ce diplomate, il pourra compter sur un "certain
soutien populaire" acquis lors du processus de réconciliation durant
lequel "il a montré beaucoup de leadership" et surtout sur le fait
que la population est "fatiguée des combats" après cinq ans
de guerre civile. Dans un geste vers les islamistes, nombreux dans son
pays, ce père de sept filles et d'un garçon s'est rendu il
y a deux ans à La Mecque pour gagner le respect des musulmans, a
indiqué dernièrement son porte-parole. Toutefois, l'élection
présidentielle a été dénoncée comme
une "farce" par de nombreux observateurs qui ont relevé que l'opposition
à M. Rakhmonov avait été écartée du
scrutin. Officiellement, les candidats n'ont pas réussi à
réunir les 145.000 signatures nécessaires pour l'enregistrement
de leur candidature, un chiffre jugé exorbitant par les experts.
Un autre candidat en lice a refusé dans ces conditions de prendre
part au vote. Malgré tout la Commission électorale a affirmé
que le nom de ce candidat figurerait sur les bulletins de vote. Fils de
paysan originaire du sud du Tadjikistan (district sud de Dangarin), Emomali
Rakhmonov est reçu en 1982 le diplôme de sciences économiques
à l'Université d'Etat du Tadjikistan. Il a servi de 1971
à 1974 dans la marine soviétique.
Après Caucase et Asie centrale, le wahhabisme attaque le coeur
de la Russie (AFP, 30/8/99)
Le wahhabisme, l'un des principaux courants de l'islam radical, s'est
implanté dans le Caucase et en Asie centrale et tente de prendre
pied au coeur de la Russie, dans les républiques musulmanes du Tatarstan
et de Bachkirie. Dans le Caucase, les principaux foyers sont le Daguestan
et la Tchétchénie, où l'islam radical compterait plusieurs
milliers d'adeptes.Le wahhabisme y est apparu à la fin des années
80, quand des prédicateurs arabes ont recruté leurs premiers
adeptes parmi les nationalistes et islamistes persécutés
par le KGB dans les républiques musulmanes de l'URSS. Magomed Tagaïev,
porte-parole des islamistes du Daguestan, est l'un d'entre eux: il a passé
5 ans dans les camps soviétiques pour avoir fondé en 1968
un éphémère Comité national de libération
du Daguestan. Le chef des wahhabites locaux, Bagaouddine Mouhamad, a lui
aussi participé aux débuts clandestins du mouvement islamiste
dans le Caucase, à l'époque soviétique. En Tchétchénie,
le wahhabisme s'est renforcé au cours de la guerre d'indépendance
contre Moscou (décembre 1994-août 1996) avec l'arrivée
de volontaires de pays musulmans. Parmi eux de nombreux wahhabites, notamment
le "commandant" Khattab, un Jordanien établi depuis en Tchétchénie,
qui a commandé les islamistes lors de la rébellion du mois
d'août au Daguestan. Pendant la guerre, les Tchétchènes
ont été en contact avec des groupes fondamentalistes en Afghanistan
comme le Hezb-i-Islami de Gulbuddin Hekmatyar et les taliban, selon Iossef
Bodansky, un ancien expert du Département de la Défense américain.
L'ancien président tchétchène Zelimkhan Iandarbiev
et "ministre des Affaires étrangères" Movladi Oudougov sont
aujourd'hui les soutiens majeurs du wahhabisme en Tchétchénie,
selon le mufti de la république, Ahmad Kadyrov.
En Asie centrale, le wahhabisme a été introduit par des
missionnaires pakistanais, turcs ou saoudiens, régulièrement
expulsés par les autorités, et par des étudiants ayant
étudié au Soudan, au Pakistan ou en Arabie Saoudite. Au Tadjikistan,
les idées wahhabites sont arrivées d'Afghanistan. Fuyant
la guerre civile de 1992, quelque 60.000 Tadjiks ont trouvé refuge
pendant six ans en Afghanistan. Là, dans les camps de réfugiés,
taliban et wahhabites ont recruté et l'islam radical a suivi le
retour des réfugiés ces dernières années au
Tadjikistan. Une partie de l'opposition islamiste tadjike, encore puissante
dans l'est du pays, se réclame ouvertement du wahhabisme. Au Kirghizstan,
selon les autorités, les wahhabites sont surtout liés au
mouvement séparatiste de la minorité ouïgour, ou membres
de groupes armés ouzbeks qui opèrent dans la région
frontalière avec le Tadjikistan. En Ouzbékistan, les autorités
estiment à 6.000 le nombre de fondamentalistes islamistes.
Au coeur même de la Russie, au Tatarstan et en Bachkirie, les
wahhabites tentent de s'implanter. Plusieurs dizaines de missionnaires
pakistanais qui tentaient de recruter des jeunes pour se lancer dans la
lutte armée ont été expulsés au cours des deux
dernières années dans ces deux républiques à
population majoritairement musulmanes, selon des sources officielles.
L'aviation kirghize bombarde les militants islamistes (AP,
30/8/99)
L'aviation kirghize a bombardé lundi les militants islamistes
venus du Tadjikistan voisin qui retiennent en otage au moins 13 personnes
dans une région montagneuse du sud de cette république d'Asie
centrale, ont déclaré à l'agence russe ITAR-Tass des
responsables ouvernementaux kirghizes. On ne connaissait pas dans
un premier temps les résultats de ces bombardements. Les islamistes
occupent depuis la semaine dernière cinq villages du Tian-Shan.
Ils avaient libéré dimanche quatre de leurs otages, mais
détiennent toujours quatre géologues japonais. Pour le président
kirghize Askar Akaïev, qui a réclamé l'aide de Moscou
et de ses voisins, ces combattants ont commis ``des actions terroristes
criminelles aggravant la situation dans toute l'Asie centrale''. Ils seraient
dirigés par un Ouzbek basé au Tadjikistan, proche d'autres
groupes de séparatistes islamiques dans les républiques d'Asie
centrale issues de l'éclatement de l'URSS.
Les islamistes armés menacent le Caucase russe et l'Asie centrale
(AFP, 30/8/99)
Les groupes armés wahhabites ou proches d'autres courants de
l'islam radical constituent une menace croissante pour la stabilité
du Caucase russe et de l'Asie centrale comme l'ont montré la rébellion
meurtrière au Daguestan et les troubles au Kirghizstan. Le 7 août,
un millier d'islamistes armés passent de Tchétchénie
au Daguestan (Caucase russe), s'emparent de plusieurs villages et appellent
à la "guerre sainte" contre Moscou. Deux semaines plus tard, alors
que cette rébellion est en passe de se terminer, des centaines d'islamistes
s'infiltrent du Tadjikistan au Kirghizstan, prenant en otages quatre Japonais
et un général kirghiz. L'Ouzbékistan, le Tadjikistan,
le Kazakhstan et le Kirghizstan mènent une guerre ouverte contre
les wahhabites: des centaines de fondamentalistes ont été
arrêtés, certains lourdement condamnés, et des "prédicateurs"
étrangers, pakistanais, soudanais, jordaniens et saoudiens, ont
été expulsés. La situation est différente dans
le Caucase, notamment en Tchétchénie où le président
Aslan Maskhadov est incapable de mettre au pas les wahhabites liés
aux milices des anciens chefs de la guerre d'indépendance contre
Moscou (décembre 1994-août 1996) qui ont été
au coeur de la rébellion au Daguestan. A la tête de cette
rébellion, le chef de guerre tchétchéne Chamil Bassaïev
et un Jordanien, le "commandant" Khattab, promoteur du wahhabisme dans
la région. Les combattants étaient Tchétchènes,
Ouzbeks, Daguestanais, Ingouches, Pakistanais et Arabes, selon des sources
islamistes et russes. Il a fallu à Moscou plus de deux semaines
de bombardements et des combats meurtriers pour reprendre le contrôle
du terrain et chasser les islamistes. Un scénario similaire s'est
répété au Kirghizstan, avec l'infiltration du Tadjikistan
voisin de plusieurs centaines d'islamistes armés. Ces rebelles sont
pour la plupart des Ouzbeks qui, après avoir combattu aux côtés
des islamistes pendant la guerre civile au Tadjikistan en 1992, sont restés
sur place et échappent à tout contrôle. Leur chef,
Djouma Namangani, un Ouzbek de 35 ans, s'est battu au Tadjikistan et en
Afghanistan dans les rangs des taliban. Ces bandes armées constituent
"une même menace pour tous les Etats de la région", ont estimé
les ministres kazakh, ouzbek, tadjik et kirghiz des Affaires étrangères
et de la Défense réunis samedi à Bichkek. Au Kirghizstan
comme au Daguestan, ce sont des "brigades internationales" composées
d'anciens des guerres d'Afghanistan, du Tadjikistan et de Tchétchénie
qui forment le gros des troupes. A ces "professionnels" se joignent des
jeunes, désorientés par une situation économique catastrophique
et une société corrompue, et attirés par l'islam austère
prôné par les wahhabites ou des mouvements comme le Hezbi-Takhrir
Islamyia (Parti de la libération) en Ouzbékistan. Pendant
la rébellion au Daguestan, Moscou a reconnu que 10% de la population
locale soutenait les wahhabites, attribuant ce fait à la dégradation
de la situation sociale dans cette région où le chômage
peut toucher jusqu'à 80% des habitants. Dans l'ouest du Daguestan,
les districts de Karamakhi et Tchabanmakhi ne reconnaissent plus le pouvoir
civil depuis un an et vivent selon la charia, la loi islamique. Les autorités
ont laissé faire jusqu'à dimanche, quand des hélicoptères
russes ont tiré à la roquette sur ces fiefs islamistes après
avoir demandé en vain aux habitants de rendre leurs armes. Dans
le Caucase et en Asie centrale, wahhabites et partisans de l'islam radical
sont accusés par les autorités de vouloir instaurer par la
violence un Etat islamique et dénoncés par les dignitaires
musulmans. Ennemi juré des wahhabites, le mufti du Daguestan Saïd
Moukhamed Aboubakarov a été tué dans un attentat à
la voiture piégée en 1998. Le président ouzbek Islam
Karimov a accusé des militants du Hezbi-Takhrir d'être les
auteurs de plusieurs attentats à la bombe contre lui qui avaient
fait 16 morts en mars à Tachkent et pour lesquels six islamistes
ont été condamnés à mort. "Ils (les wahhabites)
voudront ensuite aller vers l'Ingouchie, la Kabardino-Balkarie et les autres
républiques musulmanes pour créer une enclave musulmane de
la Caspienne à la mer Noire", s'est inquiété le président
ingouche Rouslan Aouchev. Le wahhabisme s'est introduit dans le Caucase
et en Asie centrale à la fin des années 80, avec l'arrivée
de prédicateurs arabes et avec le retour des premiers pèlerinages
à la Mecque autorisés après la chute de l'Union soviétique.
Kirghizistan (AP, 28/8/99)
De violents affrontements ont opposé à partir de vendredi
soir les forces gouvernementales kirghizes aux rebelles islamistes venus
du Tadjikistan voisin qui occupent depuis dimanche plusieurs villages dans
le sud de la république et détiennent plusieurs otages, a
annoncé le ministère des situations d'urgence. Depuis vendredi
soir, ces combats ont d'ores et déjà fait deux morts côté
gouvernemental et dix dans les rangs des rebelles, selon l'ambassadeur
kirghize à Moscou. Les ministres de la Défense kirghize,
ouzbek, kazakh et tadjik se sont retrouvés samedi à Osh,
non loin de la zone des combats, pour discuter des moyens de contrer les
rebelles, qui seraient de 200 à 1.000, et contre lesquels l'aviation
ouzbèke est déjà intervenue à plusieurs reprises,
selon l'agence russe Interfax. Bichkek a demandé vendredi l'assistance
de Moscou, en armes et en matériel. Selon le ministère des
situations d'urgence, quelque 4.000 personnes ont déjà fui
cette région montagneuse du sud du pays, coincée entre Ouzbékistan
et Tadjikistan. Ces rebelles islamistes seraient dirigés par un
Ouzbek basé au Tadjikistan, proche d'autres groupes de séparatistes
islamiques dans les républiques d'Asie centrale issues de l'explosion
de l'URSS.
au Kirghiztan (AP, 23/8/99)
Des combattants du Tadjikistan ont pénétré au
Kirghiztan voisin, une République d'Asie centrale, pour prendre
plusieurs personnes en otages. Les rebelles contrôlaient lundi plusieurs
villages. Environ 200 hommes armés sont entrés dans le sud
du Kirghiztan dimanche et ont pris au moins sept personnes en otages, dont
un commandant des forces intérieures du pays, selon Kaznybek Imanaliyev,
porte-parole du président du Kirghiztan Askar Akayev. Les assaillants
détiennent également quatre spécialistes japonais
de l'exploitation minière, leur interprète et un soldat local,
selon l'agence de presse Interfax. Les rebelles semblent essentiellement
exiger des habitants de la région qu'ils leur fournissent des vivres.
Selon M. Imanaliyev, ils ont pris le contrôle de trois villages,
dans les régions d'Osh et de Batken. Des renforts ont été
envoyés sur place, a-t-il précisé. L'attaque a eu
lieu dans une région montagneuse isolée, située entre
l'Ouzbékistan et le Tadjikistan.
Le Tadjikistan est une république d'Asie centrale, théâtre
d'une grande instabilité depuis la trêve qui a mis fin en
1997 à cinq années de guerre civile. Lors d'une précédente
prise d'otages ce mois-ci dans la même région, les Tadjiks
avaient libéré leurs otages après des négociations
avec les autorités du Kirghiztan.
Craintes d'un nouveau conflit autour des islamistes en Asie centrale
(AFP, 21/8/99)
Une attaque aérienne menée au Kirghizstan par les gouvernements
de Tachkent et de Bichkek contre un groupe de rebelles islamistes pourrait
marquer le début d'un nouveau conflit entre les Etats d'Asie centrale
issus de l'ex-URSS et les extrémistes musulmans, estiment les analystes.
Ce raid "peut se développer en un conflit militaire à
plus grande échelle si les problèmes sociaux ne sont pas
résolus", avertit Andreï Piontkovski, du Centre d'Etudes stratégiques
de Moscou. L'Ouzbékistan et le Kirghizstan ont procédé
à une intervention militaire aérienne conjointe le 16 août
dernier pour déloger un groupe de 21combattants islamistes d'une
région montagneuse du Kirghizstan, située tout près
de la frontière tadjike. L'opération a eu des répercussions
diplomatiques, le Tadjikistan accusant l'Ouzbékistan d'avoir bombardé
également sur son territoire. Après avoir nié vigoureusement
qu'il y ait eu violation de frontière, le président ouzbek
Islam Karimov a fini par admettre, jeudi, que son aviation ait pu lâcher
des bombes sur le Tadjikistan. Cependant le président Karimov a
tenu très propos très durs envers les autorités de
Douchanbé, les accusant de ne pas contrôler les rebelles sur
leur territoire et de mettre en danger leurs voisins. Les trois anciennes
républiques soviétiques Ouzbékistan, Tadjikistan et
Kirghizstan ont des frontières communes. Les relations entre Tachkent
et Douchanbé étaient déjà tendues avant le
raid du 16 août contre des islamistes au Kirghizstan. L'Ouzbékistan
accuse en effet le Tadjikistan d'héberger des camps d'entraînement
de musulmans fondamentalistes cherchant à renverser le pouvoir ouzbek
pour établir un Etat islamique. Les autorités ouzbèkes
combattent d'une main de fer un mouvement islamiste sur leur territoire,
notamment dans la vallée de Fergana, dans l'est du pays.
Le rôle-clef joué par Tachkent dans les opérations
militaires du 16 août est observé avec attention dans les
capitales des autres républiques d'Asie centrale. C'est le cas au
Kazakhstan, traditionnel rival de l'Ouzbékistan pour la suprématie
régionale, selon un porte-parole du ministère kazakh des
Affaires étrangères, qui a refusé de faire d'autres
commentaires. Au Kirghizstan, un député, Dosbol Nour Oulou,
s'est montré préoccupé suite à l'intervention
aérienne conjointe. "Le Kirghizstan a créé un précédent
dangereux : les militaires ont exécuté une opération
qui entache l'image d'un Kirghizstan souverain et démocratique",
a déclaré ce député kirghiz. Pour des analystes,
il n'est relativement pas étonnant que l'Ouzbékistan, la
république d'Asie centrale la plus peuplée, ait dirigé
l'attaque militaire."L'Ouzbékistan jouera un rôle leader parce
qu'il est le plus fort aussi bien militairement que politiquement dans
la région", commente M. Piontkovski du Centre d'Etudes stratégiques
de Moscou. De telles opérations militaires peuvent continuer jusqu'à
ce que les menaces de rébellions armées et de l'extrémisme
religieux soit éliminées, ont d'ailleurs déclaré
les autorités ouzbèkes."Nous souhaiterions voir les Etats
d'Asie centrale chercher d'autres solutions plutôt que d'utiliser
immédiatement la force", a souligné de son côté
Gantcho Gantchev, responsable de l'antenne de l'Organisation pour la sécurité
et la coopération en Europe (OSCE) à Tachkent."Le danger
d'utiliser la force est toujours le même", ajoute-t-il, "il y a des
répercussions négatives, et dans le cas présent, elles
pourraient être nombreuses", a-t-il souligné.
Le Kazakhstan arrête les trains ouzbeks (AFP, 21/4/99)
Le Kazakhstan empêche les trains de marchandises
ouzbeks à traverser son territoire jusqu'à ce que Tachkent
règle les taxes de transit impayées de huit millions de dollars,
a indiqué mercredi un responsable kazakh. D'autre part, à
partir du 25 avril prochain, les passagers de trains en Ozbékistan
ne pourront plus acheter de billet pour continuer leur voyage à
travers le Kazakhstan, a ajouté ce responsable. "Tant qu'ils ne
règlent pas leur dette, pas question d'accepter leurs trains", a
souligné un porte-parole du ministère des Transports.
Les deux parties devaient tenter mercredi lors d'une réunion à
Astana, la capitale kazakhe, de trouver une solution au différend
avant que la menace d'une suspension des trains de passagers ne devient
réalité, a-t-elle ajouté. Le Kazakhstan avait
déjà refusé la semaine dernière le transit
de trains venant du Kirghisztan, après que cette autre ancienne
république soviétique d'Asie centrale eut laissé accumuler
une dette de 3,8 millions de dollars, avait rapporté l'agence Interfax.
Un compromis est intervenu entretemps.
Un courant islamiste radical menace la stabilité du Tatarstan
(AFP,
8/4/99)
Un courant islamiste radical apparu récemment au Tatarstan constitue
à terme une menace pour la coexistence entre Russes et Tatars et
la stabilité de cette république à majorité
musulmane qui ignorait jusqu'à présent l'extrémisme
religieux. Signe de la préoccupation des autorités, le président
du Tatarstan Mintimer Chaïmiev a dénoncé fin mars "les
émissaires de pays islamiques qui recrutent en Russie des jeunes
gens pour leur donner à l'étranger une formation militaire".
Ces derniers mois, plusieurs "missionnaires" pakistanais ont été
expulsés du Tatarstan pour s'être livrés à des
"activités illégales", notamment pour avoir appelé
à la guerre sainte, selon des sources informées à
Kazan, la capitale située à 850 km au sud-est de Moscou.
Le risque vient de ces "missionnaires" et d'étudiants revenus des
universités coraniques de Syrie, d'Arabie Saoudite, de Libye ou
d'Egypte "qui introduisent chez nous des idées étrangères
à la voie sunnite", affirme le chef spirituel des musulmans du Tatarstan,
Gousman hazrat Iskhakov, 42 ans. "Il est difficile d'avoir une idée
du nombre des Wahhabites (qui ne reconnaissent pas les représentants
de l'islam officiel) ou de ceux qui appartiennent à des tariqas
(confréries soufies)", souligne M. Iskhakov, en estimant qu'ils
sont peu nombreux par rapport aux quelque 2 millions de musulmans du Tatarstan
(sur une population de 3,8 millions).
"Aujourd'hui, les Wahhabites ne sont pas très dangereux mais
la situation peut changer rapidement car ils recrutent dans les
régions pauvres du pays, où la population ne croit plus
à rien et se montre réceptive", estime un fidèle de
la mosquée Nouroulla,
au centre de Kazan, qui se dit lui-même proche des Wahhabites.
Les Wahhabites semblent disposer d'un soutien non négligeable au
sein des organisations ultra-nationalistes qui revendiquent l'indépendance
du Tatarstan, comme le Centre Public Tatar.
En décembre dernier, le responsable à Naberejnye Tchelny
(est du Tatarstan) du Centre Tatar, Rafis Kachapov, a annoncé avoir
envoyé, en Tchétchénie, des volontaires rejoindre
des groupes wahhabites et, en Irak, d'autres volontaires "partis se battre
pour
Allah et l'Islam".La Tchétchénie et une autre république
du Caucase russe, le Daguestan, ont connu ces dernières années
un développement important des groupes wahhabites, de même
que plusieurs républiques d'Asie centrale comme l'Ouzbékistan.
Le Centre Tatar à Naberejnye Tchelny s'oppose actuellement à
la construction d'une église orthodoxe à proximité
d'une mosquée, a indiqué de son côté l'archevêque
orthodoxe de Kazan et du Tatarstan, Mgr Anastassi, sans vouloir pour autant
donner trop d'importance aux extrémistes musulmans. Le Tatarstan
compte environ 48% de Russes, de tradition orthodoxe.
Enfin, au nom de la défense "des musulmans albanais persécutés",
le Centre Tatar a appelé début avril des volontaires à
aller
combattre au Kosovo contre les Serbes.Les autorités ont réussi
jusqu'à présent à maintenir une coexistence harmonieuse
entre Russes orthodoxes et Tatars musulmans, en évitant tout favoritisme
et en accordant une aide sensiblement égale aux deux communautés
pour la reconstruction des églises et des mosquées. Les relations
entre les hiérarchies musulmane et orthodoxe sont excellentes, soulignent
Gousman hazrat Iskhakov et Mgr Anastassi en rappelant les traditions de
tolérance mutuelle entre les deux communautés au Tatarstan.
Zaki Zainullin: un fanatique de l'indépendance du Tatarstan
(AFP, 7/4/99)
Ancien colonel de l'armée soviétique, Zaki Zainullin,
66 ans, et leader des indépendantistes tatars, rêve d'un Tatarstan
indépendant, débarrassé des Russes, qui renouerait
avec le passé glorieux de l'époque de la Horde d'Or de Baty
Khan, le petit-fils de Gengis Khan.Président du Centre Public tatar,
une organisation ultra-nationaliste qui revendique l'indépendance
du Tatarstan et sa sortie de la Fédération de Russie, M.
Zainullin a commencé son combat contre "l'impérialisme russe"
à la fin des années 80, en prenant fait et cause en Lettonie
pour les indépendantistes baltes en lutte contre Moscou. Spécialiste
des missiles et des armes nucléaires, ses activités lui ont
alors valu d'être expulsé de l'armée soviétique
et un peu plus tard, pour la même raison, d'être décoré
par la Lettonie pour sa participation au processus qui a abouti à
l'indépendance de ce pays balte. Cheveux blancs taillés en
brosse, petite moustache et manières très militaires, Zaki
Zainullin ne cache pas ses sentiments vis-à-vis des Russes: "Ce
sont des ivrognes, des incapables. La spécialité des Russes
a été de piller les peuples voisins, les Tatars, les Bachkirs
et les Bouriates". M. Zainullin a longtemps refusé d'adhérer
au Centre Public tatar, considérant que cette organisation ne luttait
pas de manière assez radicale pour l'indépendance et contre
les "traîtres à la cause tatare et les collaborateurs des
Russes". Aujourd'hui, il admet avec amertume que "la moitié des
Tatars ne rêvent même pas de l'indépendance" et rend
en partie responsable de ce manque d'ardeur nationaliste les dirigeants
de la communauté musulmane du Tatarstan "qui ont toujours prêché
la soumission aux Russes", selon lui. Méfiant envers les autorités
musulmanes, M. Zainullin l'est aussi envers ceux qui tiennent un discours
islamique radical et il regrette les déclarations de certains responsables
locaux du Centre Public tatar qui ont annoncé en décembre
dernier avoir envoyé des volontaires en Irak et en Tchétchénie
"pour lutter pour Allah et l'Islam". "Nous ne serons jamais une république
fondamentaliste", assure M. Zainullin. Cependant, l'ancien colonel a exigé
que les croix surplombant les coupoles des églises orthodoxes soient
retirées, voyant là une offense à l'islam. Il a aussi
menacé de représailles l'archevêque de Kazan, Mgr Anastassi,
en cas de refus.Né dans un village tatar de la république
voisine du Bachkortostan, Zaki Zainullin se flatte d'être issu d'une
famille proche de Sultan Galiev, une grande figure nationale tatare, victime
de Staline. Chaque année, M. Zainullin et ses amis commémorent
pieusement le 15 octobre 1552, date de la prise de Kazan par le tsar Ivan
le Terrible et début de la "colonisation russe", qui devrait, selon
eux, être célébré comme un jour de deuil national
au Tatarstan.
Nazarbaïev remporte aisément la première présidentielle
"libre" (AFP, 11/1/99)
Le président sortant Noursoultan Nazarbaïev a remporté
haut la main dimanche le scrutin présidentiel du Kazakhstan auquel
ont massivement participé les électeurs, malgré un
résultat attendu. Avec 81,71% des voix selon des résultats
provisoires fournis lundi par la commission électorale, M. Nazarbaïev
devance largement le candidat du Parti communiste Sérikbolsyn Abdildine,
dont le bon score, avec 12,08% des voix, a constitué une surprise.
Le chef des douanes Gani Kassimov a été crédité
de 4,72% des voix et le député Engels Gabbassov a recueilli
0,78% des voix, selon ces résultats provisoires. Agé de 58
ans, Noursoultan Nazarbaïev a été réélu
dimanche pour un mandat de sept ans au cours de la première élection
présidentielle "libre" organisée dans l'ex-république
soviétique, indépendante depuis 1991. Les Kazakhs ont participé
massivement au vote malgré son caractère controversé
et un résultat attendu, le chef de l'Etat Noursoultan Nazarbaïev
étant assuré de le remporter. 86,28 % des 8,5 millions d'électeurs
inscrits ont pris part au vote, selon un chiffre définitif. "Grâce
à notre campagne pour montrer aux jeunes que c'est leur avenir qui
est en jeu, beaucoup sont allés voter", avait estimé la présidente
de la commission Zaguipa Balieva, mentionnant également un exceptionnel
beau temps dans tout le pays. Un observateur de l'Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a déclaré
à l'AFP que le scrutin s'était passé normalement.
Le caractère démocratique de l'élection a cependant
été mis en cause dès l'annonce du scrutin, avancé
de près de deux ans par M. Nazarbaïev, qui a pris de court
l'opposition. Assesseurs et observateurs ont contrôlé toute
la journée de dimanche la régularité d'un vote dénoncé
à l'avance comme truqué par les dirigeants et les partisans
de l'opposition. C'est la première fois depuis l'indépendance
du Kazakhstan, lors de l'éclatement de l'URSS à la mi-décembre
1991, que plusieurs candidats étaient en lice pour l'élection
présidentielle. M. Nazarbaïev avait été élu
président dans les premiers jours de décembre 1991 sans avoir
d'opposant contre lui. M. Nazarbaïev, qui dirige aujourd'hui le pays
d'une main de fer, est à la tête de la république depuis
1989, date à laquelle il est devenu chef du parti communiste kazakh.
Son principal rival, l'influent ancien Premier ministre Akejan Kajegeldine,
n'a pas été autorisé à briguer le poste suprême
sous des prétextes administratifs. L'élection a lieu alors
que la population (16 millions de personnes), qui avait beaucoup espéré
de la sortie de la sphère communiste, est confrontée depuis
sept ans à une dégradation de son niveau de vie et au chômage.
Au moment de mettre son bulletin dans l'urne, le président kazakh
avait relevé dimanche à Astana, la nouvelle capitale, que
"les
gens votent pour une vie tranquille, le développement économique
et la liberté" et il avait promis de "mettre l'accent sur la
démocratie" lors de son prochain mandat. Sur l'économie
du pays, au sous-sol riche en pétrole, M. Nazarbaïev a noté
que "la situation est compliquée pour le monde entier" et que "le
Kazakhstan n'est pas une exception".
Le président Nazarbaïev, réformateur convaincu
et démocrate frileux (AFP, 11/1/99)
Le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, qui a été
réélu dimanche avec 81,71% des voix selon des résultats
provisoires donnés lundi, est un partisan des réformes économiques
mais son engagement en faveur de la démocratie est moins net. Elégant
et énergique, il règne sur le Kazakhstan depuis l'époque
soviétique, lorsqu'il était chef du parti communiste de cette
république d'Asie centrale. Outre son image de réformiste,
Noursoultan Nazarbaïev (58 ans) aime se présenter comme celui
qui a su épargner à son pays des querelles interethniques
entre Kazakhs et Russes (5 millions sur une population de 16 millions)
qui vivent dans la république. Son bilan politique sur le plan de
la démocratie laisse davantage à désirer. Par deux
fois, il a eu recours à des moyens douteux pour prolonger son règne
en arrachant un nouveau mandat de cinq ans par le biais d'un referendum
en 1995, puis en avançant le présent scrutin de deux ans
prenant ses adversaires par surprise. Pour Noursoultan Nazarbaïev,
la démocratisation doit être conduite avec prudence en raison
de la tension interethnique qui pourrait déstabiliser cette république
riche en pétrole et dont le territoire est plus de dix fois celui
de la Grande-Bretagne ou plus de quatre fois celui de la France. "Je ne
suis pas d'accord pour accepter la démocratie à n'importe
quel prix si cela doit déboucher sur le chaos et les querelles interethniques",
a récemment déclaré le président à l'AFP.
Ce père de trois filles, dont l'une a épousé le fils
du président de la république voisine du Kirghizstan, a grandi
dans le village de Chemolgan, près de l'ancienne capitale du Kazakhstan,
Almaty. Il se souvient avoir vécu dans deux pièces, mangeant
assis sur le sol comme le veut la coutume du pays, et aidant un voisin
à construire sa maison pour s'offrir un accordéon d'occasion.
Après ces débuts modestes, Noursoultan Nazarbaïev
a gravi les échelons du Parti communiste kazakh jusqu'à en
devenir premier
secrétaire en 1989. Peu avant l'effondrement de l'URSS, Noursoultan
Nazarbaïev était élu en décembre 1991 premier
président du Kazakhstan, lors d'un scrutin où il était
seul candidat. Il a rapidement lancé des réformes économiques
et a réussi à attirer quelque 7 milliards de dollars en investissements
étrangers entre 1993 et 1997, en majeure partie de la part de compagnies
pétrolières. "Si cet Etat ne veut pas rester à la
traîne de la communauté mondiale, il doit s'habituer aux réformes",
estime le président qui dirige son pays d'une main de fer, interdisant
les critiques contre son régime et exigeant l'enregistrement officiel
de toutes les organisations. Il exerce également un contrôle
strict sur les médias, notamment par l'intermédiaire de sa
fille Dariga, qui a temporairement démissionné de ses fonctions
à la tête de la télévision d'Etat pendant l'élection.
Le gouvernement contrôle également les imprimeries. Le président
a assuré pendant la campagne électorale qu'il introduirait
progressivement des réformes démocratiques, y compris la
mise en place d'un système de partis et l'élection des responsables
locaux. Il est cependant resté vague sur le calendrier de ces réformes,
suscitant le scepticisme des militants des droits de l'Homme, locaux et
occidentaux.
Le président Nazarbaïev, réformateur convaincu
et démocrate frileux (AFP, 8/1/99)
Le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, quasiment assuré
d'être réélu dimanche, est un partisan des
réformes économiques mais son engagement en faveur de
la démocratie est moins net.
Elégant et énergique, il règne sur le Kazakhstan
depuis l'époque soviétique, lorsqu'il était chef du
parti communiste de cette
république d'Asie centrale. Outre son image de réformiste,
Noursoultan Nazarbaïev (58 ans) aime se présenter comme celui
qui a su épargner à son pays des querelles interethniques
entre Kazakhs et Russes (5 millions sur une population de 16 millions)
qui vivent dans la république.
Son bilan politique sur le plan de la démocratie laisse davantage
à désirer. Par deux fois, il a eu recours à des moyens
douteux pour prolonger son règne en arrachant un nouveau mandat
de 5 ans par le biais d'un referendum en 1995, puis en avançant
le présent scrutin de deux ans prenant ses adversaires par surprise.
Pour Noursoultan Nazarbaïev, la démocratisation doit être
conduite avec prudence en raison de la tension interethnique qui pourrait
destabiliser cette république riche en pétrole et dont le
territoire est plus de dix fois celui de la Grande-Bretagne ou plus de
quatre fois celui de la France. "Je ne suis pas d'accord pour accepter
la démocratie à n'importe quel prix si cela doit déboucher
sur le chaos et les querelles interethniques", a déclaré
le président à l'AFP cette semaine.
Dans le cas où les électeurs ignoreraient encore l'histoire
de leur président, la télévision d'Etat, Khabar, a
diffusé cette semaine un
documentaire sur sa vie en cinq épisodes. Ce père de
trois filles, dont l'une a épousé le fils du président
de la république voisine du Kirghizstan, a grandi dans le village
de Chemolgan, près de l'ancienne capitale du Kazakhstan, Almaty.
Il se souvient avoir vécu dans deux pièces, mangeant
assis sur le sol comme le veut la coutume du pays et aidant un voisin à
construire sa maison pour s'offrir un accordéon d'occasion.
Après ces débuts modestes, Noursoultan Nazarbaïev a
gravi les échelons du Parti communiste kazakh jusqu'à en
devenir premier secrétaire en 1989. Peu avant l'effondrement de
l'URSS, Noursoultan Nazarbaïev était élu premier président
du Kazakhstan, lors d'un scrutin où il était seul candidat.
Il a rapidement lancé des réformes économiques et
a réussi à attirer quelque 7 milliards de dollars en investissements
étrangers entre 1993 et 1997, en majeure partie de la part de compagnies
pétrolières. "Si cet Etat ne veut pas rester à la
traîne de la communauté mondiale, il doit s'habituer aux réformes",
estime le président qui dirige son pays d'une main de fer, interdisant
les critiques contre son régime et exigeant l'enregistrement officiel
de toutes les organisations. Il exerce également un contrôle
strict sur les médias, notamment par l'intermédiaire de sa
fille Dariga, qui a temporairement démissionné de ses fonctions
à la tête de la télévision d'Etat pendant l'élection.
Le gouvernement contrôle également les imprimeries. Le président
assure qu'il va progressivement introduire des réformes démocratiques,
y compris la mise en place d'un système de partis et l'élection
des responsables locaux. Il reste cependant vague sur le calendrier de
ces réformes, suscitant le scepticisme des militants des droits
de l'Homme, locaux et occidentaux. |