Politique
intérieure
L'Australie déterminée à donner
un coup d'arrêt au trafic de clandestins (AFP, 28/8/2001)
Le refus de l'Australie de laisser accoster le cargo norvégien
Tampa et ses 438 clandestins vise à donner un coup d'arrêt
aux trafics de clandestins qui, profitant de sa législation libérale,
placent ses services d'immigration devant le fait accompli.
Son programme pour des réfugiés, qui malgrè
les critiques internationales fait partie de l'un des plus généreux
du monde, témoigne de l'hospitalité de Canberra vis à
vis des populations fuyant les régimes totalitaires d'Asie et du
Moyen-Orient.
L'Australie accueille environ 8.000 réfugiés par
an, ce qui la place au deuxième rang derrière le Canada en
nombre d'attribution de résidences permanentes au prorata de ses
quelque 19 millions d'habitants.
Les autorités australiennes insistent sur le fait que
ce droit d'asile est accordé selon des critères portant sur
le profil des réfugiés et le choix de leur date d'entrée
en Australie.
Or, les centres de rétention sont désormais pleins
à craquer et abritent quelque 3.000 immigrés illégaux,
arrivés dans le pays à bord d'embarcations précaires,
le plus souvent à prix d'or, par le biais de réseaux internationaux.
Canberra estime que ces réseaux sont en fait en train
de mettre en péril son programme d'accueil de réfugiés.
Ils ont été à l'origine de la venue de la majeure
partie des 4.000 clandestins, comptablilisés depuis le début
de l'année, et des 3 000 enregistrés l'an dernier.
Le Premier ministre John Howard et son ministre de l'Immigration
Philip Ruddock veulent désormais mettre un terme à la réputation
de destination facile que l'Australie s'est forgée au sein des passeurs
de clandestins, en raison des largesses de sa législation.
A quelques mois des élections législatives, qui
se tiennent en fin d'année, le gouvernement conservateur de M. Howard,
qui multiplie les mauvais résultats dans les sondages depuis plusieurs
mois, fait par ailleurs l'objet de pressions politiques répétées
pour mettre un terme à l'immigration clandestine.
En décidant d'interdire lundi le Tampa de mouiller dans
un port australien, M. Howard a voulu donner une preuve de sa détermination
à lutter contre ce trafic.
Il a d'ailleurs immédiatement reçu le soutien des
formations d'opposition, aussi bien du parti travailliste que de l'extrême
droite de Pauline Hanson et son parti One Nation.
L'un des rares élus à contester la décision
de M. Howard d'interdire le cargo chargé de clandestins naufragés
est un sénateur Vert, Bob Brown, qui a accusé le gouvernement
de flirter avec les idées d'extrême droite.
"Je pense que le gouvernement mène sa politique en lorgnant
sur les prochaines élections, où il croit pouvoir gagner
des voix en empruntant des stratégies proche de l'extrême
droite de Pauline Hanson", a-t-il déclaré mardi.
L'Australie garde sa reine (AP, 6/11/99)
L'Australie va rester une monarchie constitutionnelle.
Consultés par référendum, les sujets de l'autre bout
du monde d'Elisabeth II d'Angleterre ont dit ``non'' samedi à l'abolition
de la royauté et à l'instauration de la République.
Selon les résultats portant sur près de 80% des suffrages
dépouillés, cités par la Commission électorale,
55% des 12,3 millions d'électeurs ont estimé que leur pays
doit demeurer cette étrange monarchie, héritière de
l'empire colonial, membre du Commonwealth, avec comme chef d'Etat la reine
d'Angleterre représentée par un gouverneur général,
comme au Canada. Les partisans du ``oui'' à la République
ont pour leur part recueilli 45% des voix. Selon la télévision
ABC, le ``non'' était en passe de l'emporter dans les Etats du Queensland,
de Nouvelle Galles du Sud, de Tasmanie et d'Australie du Sud. Pour que
le ``oui'' l'emporte, une majorité était nécessaire
dans quatre des six Etats composant la fédération australienne.
Mais ce référendum est loin de signifier la fin de l'idée
républicaine en Australie: c'est en effet l'alliance improbable
des monarchistes purs et durs et de républicains partisans du suffrage
universel qui a permis la victoire du ``non'': les seconds jugeaient trop
modérée la proposition d'élection du président
par le Parlement. Le résultat du référendum n'est
pas une surprise. Même si les Australiens estiment dans leur majorité
que la reine est une institution dépassée, héritée
de la colonisation, tous les sondages laissaient entrevoir cette victoire
du ``non''. Ce n'est en effet pas le sentiment anti-monarchique qui a perdu
dans cette Australie indépendante depuis 1901, mais les opposants
à la reine étaient trop profondément divisés.
Les plus fervents partisans de la République souhaitaient en effet
que le chef de l'Etat soit élu au suffrage universel, ce qui ne
figurait pas dans le projet soumis au vote. Un éventuel président
australien aurait été désigné par le Premier
ministre, et élu à la majorité des deux-tiers par
le Parlement. ``Rien ne tuera jamais le mouvement républicain. Rien
ne le tuera jusqu'à ce qu'il réussisse'', a lancé
le chef de file de l'opposition fédérale Kim Beazely. ``Je
suis terriblement attristé par le résultat, parce que cela
fera un peu de mal à notre pays'', a-t-il ajouté, reconnaissant
la défaite de son camp.
``C'est très décevant, une occasion
manquée'', a estimé Ted Smout, 101 ans, le plus vieux vétéran
australien de la Première guerre mondiale, qui avait voté
``oui''. Mais le vieux monsieur restait optimiste: ``l'Australie deviendra
une république, c'est juste une
question de temps. C'est reporté, mais
c'est le sens de l'histoire''. Le Premier ministre John Howard, qui avait
fait campagne en faveur du ``non'', n'a pas commenté immédiatement
ces résultats. Les républicains l'ont accusé d'avoir
manipulé le scrutin et divisé leur clan avec ce projet de
suffrage indirect. Quant à la principale intéressée,
la reine elle-même, qui doit se rendre en mars en Australie, elle
a accueilli sobrement cette victoire: ``Je respecte et accepte ce résultat'',
écrit-elle dans un communiqué de Buckingham Palace. ``Il
a toujours été clair que l'avenir de la monarchie en Australie
était une question qui ne pouvait être tranchée que
par le peuple australien, d'une façon démocratique et constitutionnelle'',
ajoute-t-elle, réaffirmant l'''affection profonde'' de tous les
Windsor pour ``l'Australie et les Australiens, où qu'ils soient,
et ce quel que soit le résultat''.
Les Australiens étaient également
appelés à se prononcer sur une modification du préambule
de leur Constitution, passé quasiment inaperçu pendant la
campagne, reconnaissant les Aborigènes comme ``premier peuple de
la Nation'' et les saluant pour leur ``relation profonde avec leurs terres''.
Le ``non'' était aussi sur le point de l'emporter avec près
de 60% des voix alors que seuls 60% des bulletins étaient dépouillés.
Selon M. Beazley, les Aborigènes se seront pas trop déçus,
car les termes proposés pour leur inclusion dans la Constitution
ne les satisfont pas non plus.
Australie - Sondage défavorable à
une République (Reuters, 1/11/99)
Près de 56% d'Australiens sont opposés
à l'instauration d'une République dans leur pays, rapporte
un sondage publié par le quotidien Newspoll mardi à quatre
jours du référendum constitutionnel. Ils étaient seulement
46% d'opposants un mois plus tôt. En revanche, les partisans de la
République ne sont plus que 41% contre 49% début octobre.
Les Australiens sont appelés à se prononcer samedi par référendum
sur la rupture des liens traditionnels avec la Grande Bretagne et la création
d'une République avec à sa tête un président
qui serait nommé par le parlement à la majorité des
deux tiers. Pour être adoptée, la réforme constitutionnelle
doit être approuvée par une majorité d'électeurs
sur le plan national et au moins quatre Etats sur six. La seconde question
soumise à réferendum trouve, elle aussi, de moins en moins
de partisans. Le projet de nouveau préambule à la Constitution,
reconnaissant les traditions des Aborigènes est crédité
de 52% d'opinions défavorables contre 39% un mois plut tôt.
Les aborigènes réclament des
compensations pour les ``générations volées'' (Reuters,
1/9/99)
Les dirigeants aborigènes ont demandé
dimanche au gouvernement australien de verser des compensations financières
à leur peuple, dans la logique du message de regrets pour les mauvais
traitements infligés à ces populations indigènes.
A Canberra, le Conseil pour la réconciliation aborigène a
estimé que des compensations pour ceux qu'on appelle les ``générations
volées'' seraient un grand pas vers une réconciliation entre
indigènes et non-indigènes. De 1910 jusque dans les années
70, quelque 100.000 enfants aborigènes furent arrachés à
leurs parents, en vertu de la théorie selon laquelle être
aborigène était une malédiction et que l'humanisme
commandait de ``sauver'' ces enfants de la déchéance. Les
plus noirs de peau étaient élevés dans des orphelinats,
recevant une ``éducation blanche'' à coups de mauvais traitements
et d'oblitération de leurs origines, les plus clairs étaient
adoptés par des familles blanches, créant ainsi ces ``générations
volées'' encore traumatisées aujourd'hui. A l'heure actuelle,
les 350.000 aborigènes australiens sont le groupe le plus défavorisé,
avec une espérance de vie de 20 ans inférieure à celle
des blancs, frappés par la mortalité infantile, l'illettrisme,
l'alcoolisme et la drogue. Jeudi, dans un texte adopté par le Parlement
australien, le Premier ministre John Howard a exprimé ses regrets
``sincères et profonds'' pour ``le chapitre le plus sombre de l'histoire
nationale'' et ``le mauvais traitement de nombreux Australiens indigènes''.
Mais le texte ne va pas jusqu'à faire des excuses, ces injustices
étant le fait des générations passées, et ne
prévoit pas de compensations financières. Pour la présidente
du Conseil Evelyn Scott, il faut désormais que cette résolution
soit suivie d'actions concrètes, soit ``la mise en oeuvre de mécanismes
de réparation, compensation et solution''. Mais, pour le Conseil
aborigène, les regrets gouvernementaux ont crée une ``nouvelle
ambiance'' favorable à la réconciliation dans le pays. |