Aspects historiques et géographiques
Aspects
historiques
L'Australie est peuplée
depuis des milliers d'années par des aborigènes. Les premiers
contacts des Européens avec le continent australien tiennent à
l'expansion commerciale vers l'Asie des Portugais, des Espagnols et des
Hollandais aux XVIe et XVIIe siècles. En 1606, le navigateur espagnol
Luis Vaez de Torres traverse le détroit qui porte désormais
son nom. Un navire hollandais, le Duyfken, effectue la même année
un accostage, le premier dont l'authenticité ait été
établie, au Cap d'York. En 1642, le navigateur hollandais Abel Tasman
découvre la Tamanie, qu'il baptise alors Terre de Van Diemen.
D'autres brefs débarquements ont lieu ensuite, mais il faut attendre
1770 pour que le Capitaine James Cook, de la Marine Royale Britannique
arrive en vue de la côte est, la plus fertile.
Colonisation
britannique
Le 13 mai 1787, une flotte
composée de 11 navires appareille d'Angleterre avec à son
bord 1 530 personnes dont 736 bagnards. Les navires atteignent Botany Bay
le 18 janvier 1788. Huit jours plus tard, la flotte quitte ce lieu pour
établier une colonie à Port Jackson, quelque
kilomètres plus au nord. La petite colonie se développera
pour devenir Sydney, la plus grande ville d'Australie.
L'île a servi de pénitencier
à l'Angleterre jusqu'en 1840 pendant que l'on installait des colonies
de peuplement (en 1803 à Hobart, en Tasmanie; en 1824 sur les rives
du fleuve Brisbane, au Queensland; sur celles du fleuve Swan, en Australie
Occidentale, en 1829; près de la Baie Port Phillip, dans le Victoria,
en 1835; et sur le Golfe de Saint-Vincent, en Australie Méridionale,
en 1836) en provenance de la Grande-Bretagne et de l'Irlande.
L'Australian Colonies
Act de 1840 a reconnu à l'Australie un début d'autonomie
qui n'est venue qu'en 1901 avec la création du Commonwealth d'Australie.
Le pays forme une fédération de six États – Australie
méridionale, Australie occidentale, Nouvelles-Galles du Sud, Queensland,
Tasmanie, Victoria – et de deux territoires (Territoire du Nord et Territoire
de la capitale fédérale).
Géographie
et population
L'Australie forme la plus
grande île du monde avec une superficie 7 682 300 km²
(Densité : 2,3 hab/km²). Cette immense île est
limitée à l'ouest et au sud par l'océan Indien, à
l'est par l'océan Pacifique et la mer de Tasman, qui la sépare
de la Nouvelle-Zélande . Outre l'île d'Australie, le pays
occupe aussi l'île de Tasmanie (au sud) ainsi que de petites îles
dans les océans Indien et Pacifique (Norfolk, Christmas et Cocos).
Près d'un tiers du
continent est situé sous les tropiques, et le reste se trouve dans
la zone tempérée. L'altitude moyenne en Australie est inférieure
à 300m, alors qu'elle s'établit aux alentours de 700m pour
l'ensemble du monde. Dans le sud-est, les Alpes Australiennes offrent le
relief le plus elevé du pays, le Mont Kosciusko étant le
sommet le plus haut, avec un sommet à 2 228m d'altitude. Le climat
varie du nord au sud, passant du tropical au tempéré. L'été
dure de décembre à février, l'automne de mars à
mai, l'hiver de juin à août et le printemps de septembre à
novembre. Croissance
démographique : 1,33%
La population est massée
principalement dans les régions côtières du continent.
Les trois quarts de la superficie de l'Australie, qui occupent les territoires
désertiques de l'intérieur sont peu habitées, sinon
par les aborigènes. L'essentiel de la population demeure surtout
concentré au sud et à l'est du pays. L'Australie est le quatrième
pays d'immigration et ses nouveaux citoyens proviennent principalement
d'Europe et du Sud-Est asiatique. Bien que l'on dénombre au moins
115 langues dans ce pays, 95 % de la population parle l'anglais, sinon
comme langue maternelle, du moins comme langue seconde. Si les Anglo-Australiens
forment le groupe le plus important (82 %), on doit tenir compte des immigrants
d'origine italienne, puis grecque, allemande, hollandaise, irlandaise,
polonaise, maltaise, etc. Un autre groupe d'immigrants est originaire d'Asie
et d'Afrique: des Chinois, des Turcs, des Vietnamiens, des Égyptiens,
etc. Toutes ces communautés ne conservent leur langue que pendant
une ou deux générations tout au plus et s'assimilent à
l'anglais rapidement.
On compterait encore 150
000 Australiens aborigènes, mais seulement 40 000 ou 50 000 d'entre
eux gardent une connaissance de leur langue ancestrale, parfois vieille
de 5000 ans. Les langues aborigènes sont considérées
comme faisant partie du patrimoine de l'"australianité" [Australian-ness].
La politique gouvernementale reconnaît aux premiers habitants du
pays le droit de faire usage de leur langue ancestrale dans les services
de l'administration. L'anglais
reste la langue commune des domaines de la législation, de la justice,
des services gouvernementaux, de l'enseignement, des médias, du
commerce, du travail, de l'affichage, etc.
UNE SOCIÉTÉ MULTICULTURELLE (Extraits du compte rendu de la mission effectuée en Australie par une délégation du groupe sénatorial France-Australie du 6 au 13 mars 2000 : http://www.senat.fr/ga/ga-031/ga-031_mono.html )
Depuis plus de 20 ans, les gouvernements australiens encouragent une politique d'immigration fondée sur la non-discrimination : en 1998-99, l'Australie a accueilli des immigrés en provenance de plus de 150 pays. Toutefois, sous l'influence d'une opinion publique plus réservée à l'égard de l'immigration, le gouvernement libéral élu en mars 1996 a pris des mesures visant à opérer une sélection plus rigoureuse des personnes autorisées à s'établir en Australie.
A. DE L'AUSTRALIE « BLANCHE » AU MULTICULTURALISME
1. Un pays d'immigration
Au XIXème siècle, même si la majorité des immigrants était anglo-irlandais, d'autres nationalités s'étaient également installées, leur présence provoquant parfois des réactions de rejet : Chinois attirés par la ruée vers l'or, Afghans (chameliers) participant à la construction du centre du pays, Japonais contribuant à l'essor de l'industrie perlière et Canaques travaillant dans les plantations de canne à sucre du Queensland.
Sous l'effet conjugué de l'hostilité des travailleurs australiens à l'immigration - par crainte d'une concurrence déloyale - et des préoccupations de sécurité quant au « péril jaune », l'Australie se dote en 1901 d'une législation restrictive empêchant l'immigration en provenance de pays non européens. La première moitié du XXème siècle se caractérise en outre par un état d'esprit plutôt malthusien qui ne favorise pas une politique migratoire active.
La seconde guerre mondiale amène un bouleversement des mentalités. Le bombardement de Darwin et les incursions japonaises dans le Nord du pays, très peu peuplé, inspirent à Arthur Calwell, ministre de l'immigration en 1945, le slogan : « peupler ou périr ».
Outre les considérations de sécurité, la pénurie de main-d'oeuvre est un facteur contribuant à la mise en place d'une politique d'immigration à grande échelle dont l'objectif était d'atteindre une croissance de la population à un taux de 2 % par an.
Depuis 1945, l'Australie a ainsi accueilli près de 6 millions de personnes, et la population totale de l'Australie pendant cette même période est passée de 7 à 18,7 millions d'habitants en 1997.
Dans l'immédiat après-guerre, cette immigration à large échelle a été facilitée par la conclusion d'accords avec certains pays européens et avec le Commissariat des Nations-Unies pour les personnes déplacées par la guerre.
L'abolition progressive entre 1966 et 1973 de la politique de « l'Australie blanche » a permis ensuite l'arrivée d'un nouveau type d'immigrants, en provenance notamment des pays asiatiques. La part des asiatiques dans l'immigration totale est ainsi passée de 15 % en 1977 à 32 % en 1997-98 (après un pic de 51 % en 1991-92).
Lors du recensement de 1996, un Australien sur quatre était né dans un pays non-anglophone ou avait au moins un parent originaire d'un tel pays. Toutefois, la population asiatique ne représentait que 5,3 % de la population australienne qui restait très majoritairement anglo-saxonne et blanche puisque 74 % de la population étaient d'ascendance anglo-celte et 19 % originaires d'autres pays d'Europe.
2. L'affirmation d'une identité multiculturelle
A partir du milieu des années 1970, les Gouvernements australiens prirent conscience de la diversité ethnique du pays et prônèrent résolument le caractère multiculturel de la société australienne (*).
Dans un premier temps, cette politique multiculturelle consista à encourager l'expression culturelle des minorités en déclarant celle-ci légitime et en la faisant bénéficier du soutien des autorités. Divers programmes gouvernementaux (stations de radio et de télévision destinées aux minorités ethniques, services d'interprétariat, enseignement renforcé de l'anglais pour les non-anglophones...) furent mis en place pour que les immigrés non britanniques puissent vivre en Australie comme des citoyens à part entière. L'objectif était l'intégration et non plus l'assimilation.
Néanmoins, on s'aperçut bientôt que cela ne suffisait pas à faire disparaître les handicaps dont souffraient ces minorités. Aussi la politique multiculturelle fut-elle infléchie pour lui permettre de remédier aux inégalités qui empêchaient les immigrés de s'intégrer pleinement et équitablement dans la société australienne.
Le multiculturalisme est aujourd'hui présenté comme une grande réussite de la politique sociale australienne : le pays a tiré un trait sur son racisme de naguère pour devenir l'une des nations les plus tolérantes du monde.
Cette politique multiculturelle a reçu l'appui des principaux partis. Le 30 octobre 1996, le premier ministre, M. John Howard, a ainsi proposé que la Chambre des Représentants réaffirme son engagement :
(1) à veiller à
ce que tous les Australiens jouissent des mêmes droits et soient
traités avec le même respect, sans distinction de race, couleur,
religion ou origine ;
(2) à maintenir une
politique d'immigration non-discriminatoire en raison de race, couleur,
religion ou origine ;
(3) à poursuivre le
processus de réconciliation avec les aborigènes et les habitants
des îles du détroit de Torrès, dans le cadre des efforts
pour remédier aux préjudices sociaux et économiques
considérables qui leur ont été portés ;
(4) à maintenir une
société australienne ouverte, tolérante et faisant
preuve de diversité culturelle, unie par un engagement profond envers
notre nation et ses
institutions et valeurs démocratiques
; et
(5) dénonce toute
forme d'intolérance raciale considérée comme inconciliable
avec le genre de société que l'Australie est et veut être.
Le chef de l'opposition, M. Kim Beazly, a appuyé cette proposition qui été votée à l'unanimité.
Toutefois, l'affirmation d'une identité multiculturelle de l'Australie ne fait pas l'unanimité dans le pays. Certains, parmi la majorité anglo-saxonne, y voient un encouragement au séparatisme, ainsi que cadeaux dispendieux et inutiles faits aux minorités ethniques.
B. UNE POLITIQUE D'IMMIGRATION PLUS SÉLECTIVE
1. Les réticences de l'opinion publique australienne à l'égard de l'immigration asiatique
Depuis une quinzaine d'années, le consensus sur la politique d'immigration a ainsi été remis en cause par différents secteurs de la population australienne.
Un courant néo-malthusien, principalement représenté par les experts et les scientifiques, prônant la stabilisation voire la réduction de la population au nom de préoccupations environnementales ou de qualité de vie a fait son apparition. La montée du chômage pendant cette période a également fait réapparaître la tentation « protectionniste », notamment chez les syndicats, dont les soucis ont été pris en compte puisque l'immigration a fortement diminué pendant les périodes de ralentissement économique.
En sens inverse, le Premier Ministre du Victoria, Jeff Kennett, et le Business council of Australia, qui regroupe les grosses entreprises, ont plaidé en faveur d'un accroissement sensible, voire un doublement de l'immigration de travailleurs qualifiés pour stimuler l'économie et donner à l'Australie l'envergure dont elle manque sur la scène internationale.
Ce point de vue est, semble-t-il, loin d'exprimer les vues de la majorité puisque, d'après un sondage effectué en juin 1996, 88 % des personnes interrogées estimaient que l'Australie accueillait trop d'immigrés asiatiques. Les deux tiers considéraient le nombre d'immigrants trop important et 61 % d'entre elles pensaient que le nombre de personnes sélectionnées pour le regroupement familial devrait être réduit.
Les réticences de l'Australien moyen à l'égard de l'immigration, en particulier asiatique, ont trouvé un écho lors de la création en 1997 par Pauline Hanson du parti One Nation (Une seule nation). Le parti One Nation est ouvertement raciste, xénophobe et demande l'arrêt de l'immigration. Ses arguments sont classiques : les immigrants sont mieux traités que les Australiens de souche, ils volent le travail des Australiens, coûtent cher au contribuable, etc. Le parti de Pauline Hanson a créé la surprise en remportant 11 sièges lors des élections du Queensland en juin 1998 et en atteignant des scores parfois supérieurs à 30 % des voix dans certaines circonscriptions lors des élections fédérales d'octobre 1999.
Même si les statistiques montrent que le « péril jaune » est très surévalué, le gouvernement de coalition libérale-nationale, élu en octobre 1996, est pleinement conscient de cette nouvelle sensibilité de l'opinion publique australienne et en a tenu compte dans la mise en oeuvre de sa politique d'immigration.
2. Une politique d'immigration plus restrictive et plus sélective
Les immigrants arrivent chaque année au titre du programme humanitaire ou au titre du programme d'immigration. Ce dernier est établi chaque année après consultation des Etats, des syndicats et des représentants des différentes communautés ethniques, et comprend deux grandes catégories : le regroupement familial et les travailleurs qualifiés. Des quotas globaux et par catégorie sont fixés chaque année : en 1998-99 celui du programme humanitaire était de 12.000 personnes, celui du programme d'immigration de 68.000 personnes, soit un total de 80.000 personnes, en réduction par rapport au niveau du début des années 90.
Outre cette limitation des quotas en dépit d'une économie en phase de croissance soutenue, le Gouvernement a pris des mesures pour sélectionner la population la plus favorable pour l'économie australienne.
La part du regroupement familial - plus coûteux pour le contribuable australien car concernant en général des personnes inactives mais bénéficiant de prestations sociales - dans le programme d'immigration a été réduite, passant de 70 % en 1995-96 à 47 % en 1997-98. La communauté la plus touchée par cette mesure a été la communauté asiatique qui utilisait largement le regroupement familial. La catégorie des « travailleurs qualifiés » a été en revanche favorisée car elle concerne des immigrants qualifiés ou des hommes d'affaires créateurs d'entreprises peu susceptibles de rencontrer des problèmes d'adaptation et dont on attend un effet positif dans les secteurs-clé de l'économie australienne.
* Voir, pour plus de précisions,
Xavier Pons, L'Australie. Entre Occident et Orient, Notes et études
documentaires n° 5107, février 2000, La documentation française,
pp. 94 et suivantes.
Sources :
compte rendu de la mission effectuée en Australie par une délégation du groupe sénatorial France-Australie du 6 au 13 mars 2000 : http://www.senat.fr/ga/ga-031/ga-031_mono.html
Site de l'Ambassade d'Australie
à Paris :
http://www.austgov.fr/ausbrief/histoire.htm
http://www.austgov.fr/ausbrief/lesgens.htm
Autres sites intéressants
:
The Australian Surveying
& Land Information Group
Commonwealth Bureau of Meteorology,
Australia