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* en millions d'U.S.$
** en U.S.$ |
Le Brunei est l'un des pays les plus riches au monde et un de ceux qui possèdent le P.N.B. par habitant le plus élevé. Mais son économie dépend presque exclusivement des revenus perçus par rentes, redevances, taxes et dividendes provenant de l'industrie du gaz naturel et du pétrole. Or, les réserves en hydrocarbures n'étant pas inépuisables, le gouvernement brunéien tente depuis plusieurs années de diversifier ses activités économiques. Néanmoins, l'International Country Risk Guide estimait, en 1994, que le risque économique, dans le Sultanat, était faible.
La Bank Investment Authority (B.I.A.), créée en 1983 et installée à Londres, a été chargée de gérer ce fonds dont l'importance et la distribution demeurent très secrètes - mais il serait d'au moins 60 milliards d'US$. 60% de ces réserves ont été confiés à des groupes américains et japonais, une manière pour le petit et richissime Sultanat de s'assurer l'appui politique de ces deux pays.
La production moyenne de pétrole est de 180.000 barils par jour, ce qui représente 0,25% des besoins à l'échelle mondiale et procure à l'état des revenus annuels estimés à 2,5 milliards d'US$. Le pétrole est produit en partenariat à 50/50 avec la compagnie Royal Dutch/Shell qui est le principal investisseur. Shell exerce un tel monopole qu'on parle parfois de "Shelltanat". Pour contrer de tels reproches, Brunei a autorisé (à petite échelle cependant) l'exploitation pétrolière par des compagnies malaises et françaises. Qui plus est, Brunei n'est pas membre de l'O.P.E.C. Ainsi il est entièrement libre quant à sa production. En 1991, Brunei exportait 30,9% de son pétrole vers le Japon, 19,7% vers la Corée du Sud, 17,7% vers la Thaïlande et 12% vers Singapour.
Après l'Indonésie, l'Algérie et la Malaisie, le Brunei est le quatrième exportateur au monde de gaz naturel liquéfié. Il est aussi le premier producteur mondial de gaz naturel par habitant. En 1992, sa production s'élevait à 10 milliards de m3. Le Japon est son client principal, il a signé un contrat de quasi-exclusivité pour une durée de vingt ans en 1993. Mais depuis 1994, Brunei est autorisé à vendre un peu de son gaz à la Corée du Sud.
Les ventes cumulées de pétrole et de
gaz représentent 99% des exportations de marchandises et 40% du
P.N.B. Mais au taux actuel de production annuelle, les réserves
en hydrocarbures, et en pétrole surtout, seront épuisées
d'ici 40 ans au maximum. D'où la volonté du
gouvernement de diversifier son économie et d'attirer des investisseurs
étrangers.
Depuis 1953, le gouvernement brunéien a lancé six Plans de Développement National (1953-1958; 1962-1966; 1975-1979; 1980-1984; 1986-1990 et 1991-1995). Dans chacun de ces plans, il a souligné la nécessité de diversifier l'économie nationale à travers l'expansion de l'agriculture et du secteur de l'industrie, et le développement des services financiers et du tourisme. Le cinquième plan (1985-1990) avait pour objectif d'accélérer le développement des secteurs agricoles et industriels. Le Brunei, qui a un taux de croissance annuelle d'environ 3% voudrait atteindre un taux minimum de 6% d'ici à la fin des années 1990.
L'agriculture est le parent pauvre de l'économie brunéienne. Elle représente à peine 2% du P.N.B. et n'emploie que 2% de la population active. La balance agricole présente un déficit considérable (170 millions d'US$ en 1993, soit 3,7% du P.N.B.). La production agricole est quasi inexistante. La première culture est celle du riz (900 hectares, soit seulement 13% des terres arables). La production rizicole était de 1000 tonnes en 1993. Le rendement est médiocre, seulement 1625 kg par hectare (la moitié du rendement mondial moyen). La pêche est restée artisanale et l'exploitation forestière couvre 36% des sols. Brunei voudrait parvenir à une autosuffisance alimentaire. Ironiquement sa principale activité agro-alimentaire est l'exploitation du ranch que possède le Sultan au nord de l'Australie et qui fournit toute la viande de boeuf au Sultanat.
Dans son sixième plan (1991-1995), le gouvernement a attribué 71,8 millions d'US$ pour la promotion et l'expansion industrielles. Cependant les signes d'une réelle diversification demeurent très faibles. En 1985, il a proposé un grand plan de 20 ans dans lequel il est suggéré, entre autres, que les importantes réserves de silice pourraient être utilisées pour développer l'industrie des puces électroniques et des fibres optiques. Brunei tente d'attirer des investisseurs étrangers pour bâtir son infrastructure industrielle. L'absence de taxes et les standards régionaux qui permettent une bonne infrastructure sont des facteurs favorables à cette ouverture à des capitaux étrangers. Mais le marché local est de petite taille, la main-d'oeuvre sur place est rare et chère.
La bonne santé économique du Sultanat est un facteur de stabilité intérieure essentiel. Et sur le plan international, il ne craint rien quant à sa souveraineté tant que son économie reste sûre. Après des années d'autarcie et d'opulence, Brunei semble s'orienter vers la voie de coopérations économiques internationales.
Importations (1995) :
Source: K.C.W.D.
Brunei a signé l'accord instaurant une zone de libre-échange (A.F.T.A., A.S.E.A.N. Free-Trade Area) au sein de l'A.S.E.A.N. Il doit ouvrir, en principe, ses barrières commerciales aux autres pays de l'A.S.E.A.N. d'ici 2003. Mais, comme l'Indonésie et les Philippines, Brunei est à la traîne de ce programme car les tarifs douaniers sont une importante source de revenus pour l'Etat brunéien.
En octobre 1993 a été émise l'idée d'un quadrangle de croissance regroupant la province de Mindanao (Philippines), celles de Sarawak, Labuan et Sabah (Malaisie), celles de Kalimantan, Maluku et Sulawesi (Indonésie) et Brunei, sur le modèle du triangle de croissance SIJORI (Singapour-Johor-Riau). L'année suivante, les différents intéressés se sont mis d'accord pour créer la Zone de Croissance de l'Est de l'A.S.E.A.N., l'E.A.G.A. (East Asean Growth Area). De telles zones économiques sub-régionales cherchent à encourager l'augmentation des échanges et des investissements transfrontaliers. L'E.A.G.A. pourrait donner l'essor nécessaire aux plans de diversification économique du gouvernement brunéien.
Cependant, dans la région, l'allié principal du Brunei reste Singapour. Le dollar de Brunei est maintenu à parité avec celui de Singapour et les deux monnaies sont interchangeables. L'infusion d'argent brunéien est une source importante de force et de stabilité pour le dollar de Singapour.
Dans le marché de l'armement, la France tente de tirer son épingle du jeu. Elle a notamment vendu au Brunei des missiles MM-38 Exocet dans les années 1970 et des VAB en 1990.
De plus en plus de sociétés françaises participent au développement du petit Sultanat. Déjà en 1982, les Aéroports de Paris avaient réalisé le nouveau terminal passager de l'aéroport de Bandar Seri Begawan, qu'ils dotent actuellement d'une tour de contrôle. En 1986, la société Elf avait investi 1 milliard de francs et amorcé une exploration pétrolière d'environ 40% de la zone offshore, dans un pays où Shell a le quasi-monopole de l'exploitation du pétrole. Enfin, en 1994, Paribas a signé un accord de joint-venture pour créer la Baiduri Bank Berhad, première banque commerciale à capitaux en majorité brunéiens. Elle en détient 15%. C'est un véritable "coup de maître" car les banques étrangères sont admises au compte-gouttes. Cette première étape pourrait lui permettre d'accéder à une partie des fonds de la BIA qui gère la fortune du Sultan.
Le Sultan Hassanal Bolkiah s'est rendu en France en visite officielle, en décembre 1996, pour la première fois. A cette occasion, il a rencontré le Président de la République Jacques Chirac et s'est rendu à Toulouse où se trouvent les usines d'Aerospatiale. Cette visite devrait être le point de départ d'une nouvelle ère de coopération entre les deux pays. Pour Brunei, il s'agit d'attirer les investisseurs français. Pour la France, il s'agit d'être davantage présente en Asie du Sud-Est.