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La Chine
étale sa force et lance un nouvel avertissement à Taiwan
(AFP,
1/10/99)
Le régime chinois a profité vendredi de son cinquantième
anniversaire pour étaler sa puissance militaire, tout en rappelant
aux dirigeants taiwanais que Pékin n'abandonnera pas l'objectif
de la réunification. "Le défilé visait à montrer
la puissance de la Chine sur la scène mondiale, avec un message
appuyé lancé à Taiwan", a commenté Jean-Pierre
Cabestan, le directeur du Centre d'Etudes Français sur la Chine
Contemporaine, basé à Hong Kong.Premier défilé
militaire organisé depuis 1984, la manifestation de vendredi a permis
d'apercevoir un large échantillon des armements chinois les plus
récents - dont certains capables de transporter des charges nucléaires
- parmi lesquels le très attendu DF-31 (Dongfeng-31), un missile
balistique intercontinental d'une portée de 8.000 km. Ce missile
sol-sol, capable d'atteindre la côte ouest des Etats-Unis, avait
été testé avec succès en août après
avoir été accusé en mai par la CIA de plagier la technologie
du W-88, le missile américain le plus moderne. Parmi les autres
nouveautés, le premier chasseur bombardier de conception entièrement
chinoise, le FBC-1 ou "Léopard volant" qui a traversé le
ciel de Pékin dans le cadre du plus important défilé
aérien jamais organisé en Chine. Malgré l'absence
de surprises majeures, plusieurs experts occidentaux ont souligné
la volonté des autorités de faire étalage de leurs
progrès technologiques, tout en affichant plus particulièrement
leur capacité à déclencher des opérations militaires
contre Taiwan. Outre une unité de l'infanterie de marine, elles
ont ainsi montré des ravitailleurs en vol de type B-6, (inspirés
du TU-16 russe) ainsi qu'un exemplaire du tout dernier chasseur de la flotte
nationale, le F-8II, qui selon un expert, serait ravitaillable en vol.
"Cela montre qu'ils peuvent aller loin des côtes chinoises et exercer
un contrôle plus réel sur la mer de Chine du sud", où
la Chine se dispute l'archipel des Spratlys avec plusieurs pays d'Asie
du Sud-est, a commenté M. Cabestan. Présidant les cérémonies,
le président Jiang Zemin a réitéré l'engagement
de Pékin de parvenir à la réunification avec Taiwan,
sans toutefois mentionner un éventuel recours à la force."La
réunification totale de la patrie et le maintien de sa sécurité
sont le fondement même de la grande renaissance de la nation chinoise
et la volonté inébranlable de tout le peuple chinois", a
lancé M. Jiang du haut de la porte Tiananmen, d'où Mao Tsé-toung
avait proclamé la République populaire le 1er octobre 1949.
Parmi les nombreux missiles déployés, les experts ont
noté les missiles à courte portée DF-11 et DF-15,
tous deux capables de
transporter des charges nucléaires, d'une portée d'environ
400 km, "qui s'avéreraient les plus dangereux en cas de conflit
avec
Taiwan".
Lors de la précédente crise sino-taiwanaise provoquée
en 1995 par une visite "privée" du président taiwanais Lee
Teng-Hui aux
Etats-Unis, Pékin avait tiré des missiles tactiques à
courte et moyenne portée à proximité des côtes
de l'île.
Mais jusqu'à présent, les experts occidentaux jugeaient
l'armée chinoise assez mal préparée pour lancer une
véritable opération
contre Taiwan, qui possède une flotte aérienne et maritime
dernier cri (60 Mirage 2000-5, 150 F-16 américains, six frégates
françaises de type La Fayette).
L'armée chinoise, plus forte en nombre, aligne une aviation
et une marine encore largement obsolète, même si elle possède
suffisamment de bâtiments de débarquement et les moyens
logistiques de déplacer des forces spéciales marines rapidement
d'un
point à l'autre du pays.
"L'armée chinoise monte en puissance, elle a fait des progrès
évidents, mais la grande inconnue reste son niveau opérationnel
qui
reste probablement très inférieur à celui des
grands pays occidentaux", a noté un expert étranger.
Démonstration
de force pour les 50 ans de la Chine communiste
(Reuters, 1/10/99)
Des chasseurs, des bombardiers et des avions de ravitaillement ont
survolé vendredi la place Tiananmen où l'armée chinoise
défilait pour le cinquantième anniversaire de la révolution
communiste.
Du balcon de la Porte de la Paix céleste, qui domine la place,
où Mao Zedong avait proclamé le 1er octobre 1949 la naissance
de la
République populaire, le président Jiang Zemin a donné
le coup d'envoi des célébrations militaires et affirmé
que "le socialisme était
le seul salut de la Chine".
Jiang, en costume Mao gris anthracite, était entouré
du président du Parlement, Li Peng, et du Premier ministre, Zhu
Rongji.
"De la moitié de ce siècle à la moitié
du siècle prochain, le peuple chinois, en cent ans de travail, fera
naître la modernisation
socialiste", a-t-il déclaré, profitant de son discours
pour dénoncer l'"hégémonisme", autrement dit la suprématie
mondiale des
Etats-Unis, et pour réaffirmer l'objectif d'une réunification
avec Taiwan.
Tiananmen, coeur et symbole du communisme chinois, a été
le théâtre des triomphes et des échecs de la révolution
- du discours
de Mao célébrant "le peuple chinois debout" aux rassemblements
des Gardes rouges de la Révolution culturelle jusqu'au Printemps
de Pékin de 1989, écrasé dans le sang par les
chars de l'armée populaire.
Un demi-million de participants
Cinquante coups de canon ont été tirés au-dessus
de la place recouverte d'une marée humaine d'un demi-million de
participants aux
cérémonies, soigneusement sélectionnés
en fonction de leur enthousiasme militant et de leur loyauté au
régime.
Cent mille écoliers vêtus de jaune ont formé deux
immenses caractères chinois signifiant "réforme" et "ouverture"
sur la place que
sillonnaient des patineurs en tenue fluorescente.
Le drapeau rouge aux cinq étoiles a été apporté
sur la place par un détachement de l'armée et a été
hissé pendant qu'un orchestre
jouait l'hymne national, entonné par tous les dirigeants du
pays réunis au grand complet.
Jiang a ensuite pris place à bord d'une limousine noire décapotable
pour passer les troupes en revue avant que ne commence un
gigantesque défilé militaire, le premier en quinze ans.
"Camarades, comment allez-vous?", "Camarades, vous avez travaillé
dur", a lancé Jiang aux troupes en remontant l'Avenue de la
Paix éternelle. "Servez le peuple", lui ont répondu les
soldats, reprenant un slogan des premiers jours de la révolution
communiste.
En bérets écarlates et bottes noires, une unité
féminine de l'armée a ouvert au pas de l'oie un défilé
sous le signe de la grandeur et
de la puissance.
Objectif de ce déploiement d'armes impressionnant, où
missiles balistiques d'une portée suffisante pour atteindre les
Etats-Unis et
autre équipement de haute technologie occupaient une bonne place:
montrer au monde la force et l'unité de la nouvelle Chine.
La présence notamment d'avions de ravitaillement dans le ciel
de Pékin rappelle que l'armée chinoise dispose des moyens
de
projection nécessaire pour mener une opération d'ampleur
sur un théâtre extérieur. A Taiwan, par exemple.
Sécurité absolue
Mais les organisateurs des cérémonies n'avaient pas oublié
les références au passé en décorant la place
d'immenses lanternes
rouges traditionnelles et d'un portrait de Sun Yat-sen, qui renversa
la dernière dynastie impériale chinoise en 1911.
Un lâcher de 50.000 pigeons a ponctué les célébrations
sous les applaudissements de Jiang Zemin et des hiérarques du Politburo.
Seul le ciel couvert a assombri la manifestation qu'aucun incident
n'est venu émaillé.
Les forces de police, qui redoutaient une éventuelle action
armée des séparatistes musulmans du Xinjiang, avaient multiplié
il est
vrai les mesures de sécurité: maintien à distance
des habitants, fouilles systématiques de tous les bâtiments
élevés dominant la
place et obturations des portes et fenêtres et patrouilles avec
chien dans les rues de la capitale.
Les autorités avaient également pris le soin d'arrêter
dissidents et membres de la secte Falungong, et regroupé loin des
regards les
mendiants, les vagabonds et les handicapés mentaux.
Jiang
Zemin consacré 3ème "empereur rouge" lors d'un défilé
colossal (AFP, 1/10/99)
Le président chinois Jiang Zemin est apparu comme l'héritier
des deux premiers "empereurs rouges" Mao Tsé-toung et Deng Xiaoping
vendredi lors d'un colossal défilé civil et militaire à
la gloire du régime. Pendant environ plus d'une heure, quelque 12.000
militaires suivis de centaines de milliers de figurants entourant 90 chars
de carnaval ont défilé devant la direction communiste réunie
au grand complet sur la porte Tiananmen, d'où Mao Tsé-toung
a proclamé la République Populaire le 1er octobre 1949.
Clou du spectacle, trois chars portant chacun des portraits géants
de Mao, Deng et Jiang Zemin, ont illustré la filiation des "trois
générations de dirigeants" au pouvoir à Pékin
depuis 50 ans.
M. Jiang a poussé l'analogie avec ses deux prédécesseurs
en revêtant un costume Mao sombre, similaire à celui porté
par le
"Grand Timonier" sur son portrait accroché en permanence à
la porte Tiananmen.
Il a également passé les troupes en revue dans la limousine
décapotable utilisée par Deng lors du dernier défilé
militaire à Pékin, le
1er octobre 1984.
Les dirigeants chinois se sont efforcés de placer les célébrations
de 1999 sous le signe des succès économiques des 20 dernières
années, laissant de côté les 30 premières
années du régime, marquées par les excès du
maoïsme.
Le portrait du fondateur de la dynastie communiste a ouvert le défilé
"populaire" dans la foulée du défilé militaire.
Mao, entouré d'une marée de figurants brandissant des
drapeaux rouges, était représenté en train de proclamer
la République
populaire. Après des danses traditionnelles du lion et du dragon,
suivait le char de Deng Xiaoping, présenté à son zénith
lors des célébrations du 35ème anniversaire du régime.
Le patriarche, décédé en 1997, était entouré
de milliers de figurants vêtus de vert et brandissant des épis
de maïs, symbole de la réussite des réformes lancées
par Deng dans l'agriculture. Lui-même victime du "Grand Timonier"
pendant la "Révolution Culturelle" (1966-76), Deng Xiaoping a toujours
refusé pour lui le culte de la personnalité qui avait entouré
Mao. Suivirent de nombreux chars illustrant thème par thème
la modernisation du pays à la faveur des réformes des 20
dernières années :
le barrage des Trois Gorges du Yangtsé, qui doit devenir le
plus grand du monde, a ainsi eu droit de défiler sous la forme d'une
maquette laissant passer l'eau du plus grand fleuve de Chine. Enfin
Jiang Zemin vint, représenté en train de prononcer un discours
lors du dernier congrès du Parti Communiste Chinois (PCC) en 1997,
lorsqu'avait été décidée la restructuration
du secteur public. Le portrait du président avançait au milieu
de milliers de personnages en costumes folkloriques, représentant
les 56 nationalités du pays. L'image animée de l'actuel chef
d'Etat est également apparue sur un écran géant transporté
par un char à la gloire des sciences et technologies. Chacune des
provinces chinoises a eu droit à son char, y compris Taiwan, que
le régime chinois considère comme partie intégrante
de son territoire. "La question de Taiwan ne pourra être éternellement
repoussée", proclamait le char. Fermant la marche, des centaines
de jeunes "pionniers" au foulard rouge ont accouru vers la tribune officielle
au milieu d'un lâcher de ballons, sous l'oeil ravi du président,
visiblement soulagé que son grand jour se soit déroulé
sans incident. Les autorités n'ont pris aucun risque avec la sécurité,
bouclant entièrement le centre de Pékin et ne laissant accès
aux festivités qu'à des spectateurs dûment encartés.
Ces derniers ont dû arriver sur place vers 5h00 du matin et attendre
pendant cinq heures le début des cérémonies.
La
Chine fête ses 50 ans de régime communisme (AP, 1/10/99)
Les canons ont tonné, les chasseurs ont percé le ciel
de Pékin tandis que les soldats en uniformes impeccables et portant
des armes rutilantes ont paradé sur la place Tiananmen pour marquer,
vendredi, le coup d'envoi des festivités du 50e anniversaire du
régime communiste chinois. Le président Jian Zemin et les
autres dignitaires du régime ont assisté depuis le haut de
la Porte de la Paix céleste au défilé d'un demi-million
de soldats et de civils. Une garde d'honneur de 200 hommes portant baïonette
au fusil ont gravi au pas de l'oise un tapis rouge conduisant à
la Porte de la Paix céleste tandis que 50 canons se faisaient entendre.
Cette démonstration de force mais aussi de progrès économique
rapide illustre l'évolution du pays depuis que Mao Tsé-Toung,
du
haut de la même Porte de la Paix céleste, a proclamé,
le 1er octobre 1949, la naissance de la République populaire de
Chine.
``Une lutte ardue et des efforts soutenus depuis 50 ans, et en particulier
au cours de ces vingt dernières années depuis la réforme
et
l'ouverture, ont permis des changements stupéfiants à
la vieille et faible Chine d'autrefois'', a déclaré Jiang
Zemin dans un bref
discours truffé de références au passé
et d'espoirs pour l'avenir.
``Longue vie à la grande République populaire! Longue
vie au grand Parti communiste chinois! Longue vie au grand peuple chinois!''
a-t-il lancé.
Portant un costume Mao de couleur grise, Jiang Zemin a ensuite passé
les troupes en revue à bord d'une limousine noir à toit
ouvrant et portant des drapeaux rouges -tout comme l'avait fait 15
ans auparavant son mentor et le père des réformes en Chine
Deng
Xiaoping.
Sur les trois kilomètres du défilé, Jiang Zemin,
qui dirige la commission du Parti en charge de l'armée, a crié
à plusieurs reprises en
direction des soldats dans les trois micros montés sur sa voiture:
``Camarades, vous travaillez dur!''
``Servir le peuple!'' répondaient les soldats en saluant Jiang
Zemin.
Après le défilé militaire, la place Tiananmen
s'est soudain transformée en une mer colorée. Des milliers
d'enfants portant des
éventails rouge et or ont ``écrit'' l'idéogramme
``Guoqing'' signifiant Journée Nationale.
Pourtant un cordon militaire tenait les gens ordinaires à l'écart
des festivités au programme desquelles figurent également
un feu
d'artifice et des spectacles auxquels sont conviés des invités
triés sur le volet.
Jiang
promet de nouveaux exploits sous l'égide du socialisme (Reuters,
1/10/99)
Le président Jiang Zemin a rendu hommage vendredi aux "exploits
immortels" des anciens révolutionnaires et a promis que la Chine
réaliserait la "modernisation socialiste". "La pratique a pleinement
prouvé que le socialisme est la seule voie possible pour sauver
et faire évoluer la Chine", a dit Jiang dans son discours de la
place Tiananmen, pour le cinquantenaire de la Chine communiste.
"De la moitié de ce siècle à la moitié
du prochain, le peuple chinois, en cent ans de travail acharné et
audacieux, fera naître la
modernisation socialiste", a-t-il dit dans son allocution, diffusée
en direct par la télévision.
Jiang, vêtu d'un costume Mao gris, a appelé les 1,23 milliard
de Chinois à "porter haut la grande bannière du marxisme,
du
léninisme, des pensées de Mao Zedong et de la théorie
de Deng Xiaoping et à marcher courageusement vers nos objectifs
suprêmes".
Il a précisé que ces objectifs comprenaient la recupération
de Taiwan.
"Nous poursuivrons notre politique de réunification pacifique
dans l'esprit 'un pays, deux systèmes" et, après le retour
réussi de
Hong Kong et Macao, nous réaliserons la réunification
nationale de Taiwan avec le continent".
Au chapitre international, Jiang a déclaré que la Chine
continuerait à s'opposer à "l'hégémonisme",
autrement dit la suprématie
mondiale américaine.
La Chine, a dit Jiang, "sera, comme toujours, aux côtés
du grand nombre des pays en développement et des peuples du monde
entier opposés à l'hégémonisme, pour promouvoir
la multipolarité mondiale et oeuvrer pour l'établissement
d'un nouvel ordre politique
et économique international juste et équitable".
Sur le front économique, "50 ans de lutte ardue et d'efforts
acharnés, particulièrement ces 20 dernières années
depuis la réforme et
l'ouverture, ont apporté des changements capitaux à la
vieille Chine pauvre et faible d'autrefois", a dit Jiang allusivement.
Chine
- A 50 ans, le communisme se veut seulement à mi-parcours (Reuters,
30/9/99)
La Chine célèbrera vendredi dans un luxe de fastes et
de mesures de sécurité les cinquante ans d'un régime
communiste qui s'affirme encore suffisamment fringant pour pouvoir prétendre
devenir centenaire. L'éditorialiste du Quotidien du Peuple prédit
en effet que le Parti communiste, arrivé au pouvoir en 1949, y restera
au moins 50 ans de plus: "Nous aurons foncièrement abouti à
la modernisation pour le 100e anniversaire. La seule certitude est que
le communisme chinois n'aura rien à voir en 2050 avec celui que
Mao Tsé-tung rêvait en 1949 d'offrir à son pays. Le
fossé entre la réthorique communiste et la réalité
économique s'accroît de jour en jour. "Le communisme? Ha!
Est-ce que j'ai l'air d'un membre du Parti? Je crois au pouvoir de l'argent,
un point c'est tout!", s'exclame un opérateur boursier de 28 ans,
Zhang Weixun. Ce dont le pays a le plus besoin, dans les décennies
à venir, c'est de stabilité, "car l'Histoire nous enseigne
que sans stabilité on ne peut rien faire", a souligné de
son côté le Premier ministre Zhu Rongj.
"Il nous faut chérir cent fois plus encore notre unité
et notre stabilité chèrement payées", a-t-il déclaré
lors d'une réception à la veille
des festivités, marquées à Pékin par un
défilé civil et militaire d'un demi-million de participants.
Obsédées par l'idée que la fête puisse être
gâchée, les autorités chinoises n'ont pas lésiné
sur les mesures de sécurité préventives,
interdisant la secte Falun Gong, pour contestation du monopole du PC,
et arrêtant de nombreux opposants.
Toilettage pékinois
Aussi le maire de Pékin, Liu Qi est-il en mesure de prédire
que rien ne viendra troubler la commémoration de la proclamation
de la
République populaire de Chine le 1er octobre 1949 par un Mao
juché au faîte d'une des portes de la place Tienanmen, S'il
ne peut nullement commander à la météorologie, qui
prévoit un vendredi pluvieux, le régime de Pékin n'a
en revanche rien négligé
pour contrôler la situation en ville, que la police a ratissée
avec des chiens renifleurs à la recherche d'éventuels explosifs.
Les fenêtres des immeubles administratifs et des hôtels situés
sur l'avenue de Changan menant à la place Tienanmen, d'où
les
dirigeants chinois suivront le défilé, ont été
calfeutrées pour dissuader tout franc-tireur, jeteur de tract ou
simple protestataire. Les rues de la capitale ont été débarrassées
des cochards, vagabonds, sans-logis et autres éléments jugés
parasites et les
travailleurs non-originaires de Pékin ont été
renvoyés à la campagne pour l'occasion, tandis que, contestaires
potentiels, les
retraités ont reçu leurs arriérés de pension
d'Etat. La capitale, où seront exhibées vendredi les armes
chinoises les plus modernes, comme les missiles intercontinentaux Dong
Feng-31 et ses chasseurs-bombardiers "léopards volants", a subi
un toilettage radical en quelques semaines. Dix millions de pots de fleurs,
de plantes, de lanternes traditionnelles et de guirlandes ont été
disposés en ville tandis que les vieilles échoppes et pavillons
vétustes ont été rasés. Au Tibet, la population
s'est vu signifier que salaires et retraites seraient impayées si
elle ne participait pas aux préparatifs des festivités. Dans
la province musulmane de Xingjiang, secouée par l'activisme sécessionnistes
des Ouïgours turcophones, les mesures de sécurité sont
maximales.
50 ans après sa défaite, Chiang Kai-shek attire les
foules en Chine (AFP, 30/9/99)
Cinquante ans après avoir été forcé de
se réfugier à Taiwan pour échapper aux troupes communistes
chinoises, le dirigeant nationaliste Chiang Kai-Shek commence à
être reconnu comme un personnage historique sur le continent.Sa maison
natale de Xikou, dans l'est de la Chine, attire une foule de touristes
taiwanais comme continentaux, malgré l'opprobre que voue toujours
le régime chinois au chef du Kuomintang, le parti nationaliste vaincu
en 1949."Les jours fériés, nous recevons jusqu'à 10.000
visiteurs", assure Li Tianfang, un responsable local, dans la petite maison
à un étage où Chiang a vu le jour en 1887. La modeste
demeure où le grand-père, puis le père du futur dictateur
exerçaient le commerce du sel, est devenue monument historique en
1996. Un peu plus loin, une autre demeure familiale, somptueuse celle-là,
témoigne de l'enrichissement du clan Chiang à la faveur de
l'ascension de l'enfant du pays pendant la première moitié
du siècle.Dans les deux musées, les innombrables mentions
de "M. Chiang Kai-shek" soulignent l'évolution du régime
communiste face à l'ancien chef d'Etat: pendant la "Révolution
culturelle" (1966-76), un simple lien familial, réel ou supposé,
avec un ancien membre du Kuomintang, pouvait valoir de terribles persécutions
aux mains des gardes rouges. Aujourd'hui, le sentiment des visiteurs à
l'égard de Chiang varie largement de l'indifférence à
la dénonciation virulente, mais un intellectuel pékinois
résume bien le sentiment général: "C'était
un personnage historique influent".Chiang Kai-shek, à la tête
des armées du Kuomintang, s'est d'abord signalé en 1926 en
conduisant victorieusement "l'Expédition du Nord" de Canton (sud)
jusqu'à Nankin (centre), lorsque les nationalistes s'efforçaient
de réunifier le pays divisé entre "seigneurs de la guerre".
Mais Chiang rompait l'alliance avec les communistes l'année suivante
en ordonnant le massacre de milliers de militants de ce parti et de syndicalistes
à Shanghai. A la tête d'un régime autoritaire,
mafieux et corrompu, Chiang n'aura de cesse d'éradiquer le communisme,
une obsession qui affaiblira sa résistance aux Japonais pendant
la guerre (1937-45) et finira par lui valoir la défaite face à
Mao Tsé-toung en 1949, estiment les historiens. Mais son rôle
de "méchant" dans la mythologie communiste a eu l'effet paradoxal
d'en faire un personnage fascinant pour les continentaux. L'acteur Sun
Feifu, qui a incarné le dictateur dans une quarantaine de films
chinois depuis le début des années 1980, estime que les studios
de Pékin ne cherchent plus désormais à systématiquement
diaboliser Chiang Kai-shek. "Poursuivre cette diabolisation n'avait plus
aucun sens, car l'histoire elle-même a tranché: Chiang a perdu",
observe Sun, qui doit sa célébrité à son crâne
chauve et à sa moustache évoquant l'ancien président.
L'acteur se dit surpris des réactions populaires à son égard.
"Je pensais que l'homme de la rue rejetterait Chiang Kai-shek, mais personne
ne m'a jamais insulté. Au contraire, la plupart des gens me donnent
du "Bonjour, Président Chiang!". Sun Feifu y voit la marque "d'un
respect non seulement pour l'acteur, mais aussi pour Chiang Kai-shek".
De l'avis des analystes, le régime chinois donne quitus à
son ancien ennemi d'avoir au moins considéré Taiwan comme
partie intégrante du territoire chinois, alors qu'ils accusent l'actuel
président taiwanais, Lee Teng-hui, de vouloir l'indépendance
de l'île. Jusqu'à sa mort en 1975, Chiang se considérait
comme le président légitime de toute la Chine. En 1962, seule
une intervention des Etats-Unis le dissuadera de tenter l'invasion du continent
à la faveur de la brouille sino-soviétique.
La veste
"Zhong Shan Zouan" (la veste Mao)
(extraits du site http://www.misschina.tm.fr/concept/mao.html) Elle est née de l'uniforme des officiers européens
venus en Asie à la fin du XIXe siècle. Porteuse d'une symbolique
particulière, elle est reconnue comme costume officiel chinois sous
le nom de Zhong Shan Zouan en 1929 et devient l'emblème de tout
un peuple lors de la révolution culturelle, dés 1965.
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