CHINE : 50 ans de régime communiste
Bilan des 50 ans :
  • Les grandes dates de la RPC depuis sa fondation
  • Le 1/10/1949, Mao proclame la RPC
  • Entre 40 et 70 millions de morts
  • L'économie chinoise et la corruption
  • Après Mao et Deng, Jiang Zemin se pose en troisième "empereur rouge"
  • La Chine cherche sa place dans un monde dominé par les Etats-Unis 
  • 50 ans après, la Chine reste confrontée à des défis majeurs 

  • Articles :

  • Chine : le spectre des « sociétés secrètes » et de la subversion (Le Monde, 23/7/99) De tout temps, les Chinois ont éprouvé le besoin de se rassembler au sein d'organisations échappant au contrôle du pouvoir
  • Commémoration du cinquantième anniversaire
    de la République Populaire de Chine, le 1er octobre 1999 :
    La Chine étale sa force et lance un nouvel avertissement à Taiwan (AFP, 1/10/99)
    Démonstration de force pour les 50 ans de la Chine communiste (Reuters, 1/10/99)
    Jiang Zemin consacré 3ème "empereur rouge" (AFP, 1/10/99)
    La Chine fête ses 50 ans de régime communisme (AP, 1/10/99)
    Jiang promet de nouveaux exploits sous l'égide du socialisme (Reuters, 1/10/99)
    A 50 ans, le communisme se veut seulement à mi-parcours (Reuters, 30/9/99)
    50 ans après sa défaite, Chiang Kai-shek attire les foules en Chine (AFP, 30/9/99) 
    Un cinquantenaire grandiose mais sous haute surveillance (AFP, 23/9/99)
  • Portrait de Sun Yat-sen, celui qui renversa la dernière dynastie impériale chinoise en 1911 : Dr.Sun Yat-sen's Mausoleum
  • La veste "Zhong Shan Zouan" (la veste Mao) 
  • 1949 en Asie | 1956 (Les cent fleurs)  | 1966 - Asie (Le Petit Livre rouge | La grande révolution culturelle prolétarienne)
  • Le printemps de pékin : Archives de la CIA   |  site personnel
  • La Chine étale sa force et lance un nouvel avertissement à Taiwan (AFP, 1/10/99)
    Le régime chinois a profité vendredi de son cinquantième anniversaire pour étaler sa puissance militaire, tout en rappelant aux dirigeants taiwanais que Pékin n'abandonnera pas l'objectif de la réunification. "Le défilé visait à montrer la puissance de la Chine sur la scène mondiale, avec un message appuyé lancé à Taiwan", a commenté Jean-Pierre Cabestan, le directeur du Centre d'Etudes Français sur la Chine Contemporaine, basé à Hong Kong.Premier défilé militaire organisé depuis 1984, la manifestation de vendredi a permis d'apercevoir un large échantillon des armements chinois les plus récents - dont certains capables de transporter des charges nucléaires - parmi lesquels le très attendu DF-31 (Dongfeng-31), un missile balistique intercontinental d'une portée de 8.000 km. Ce missile sol-sol, capable d'atteindre la côte ouest des Etats-Unis, avait été testé avec succès en août après avoir été accusé en mai par la CIA de plagier la technologie du W-88, le missile américain le plus moderne. Parmi les autres nouveautés, le premier chasseur bombardier de conception entièrement chinoise, le FBC-1 ou "Léopard volant" qui a traversé le ciel de Pékin dans le cadre du plus important défilé aérien jamais organisé en Chine. Malgré l'absence de surprises majeures, plusieurs experts occidentaux ont souligné la volonté des autorités de faire étalage de leurs progrès technologiques, tout en affichant plus particulièrement leur capacité à déclencher des opérations militaires contre Taiwan. Outre une unité de l'infanterie de marine, elles ont ainsi montré des ravitailleurs en vol de type B-6, (inspirés du TU-16 russe) ainsi qu'un exemplaire du tout dernier chasseur de la flotte nationale, le F-8II, qui selon un expert, serait ravitaillable en vol. "Cela montre qu'ils peuvent aller loin des côtes chinoises et exercer un contrôle plus réel sur la mer de Chine du sud", où la Chine se dispute l'archipel des Spratlys avec plusieurs pays d'Asie du Sud-est, a commenté M. Cabestan. Présidant les cérémonies, le président Jiang Zemin a réitéré l'engagement de Pékin de parvenir à la réunification avec Taiwan, sans toutefois mentionner un éventuel recours à la force."La réunification totale de la patrie et le maintien de sa sécurité sont le fondement même de la grande renaissance de la nation chinoise et la volonté inébranlable de tout le peuple chinois", a lancé M. Jiang du haut de la porte Tiananmen, d'où Mao Tsé-toung avait proclamé la République populaire le 1er octobre 1949.
    Parmi les nombreux missiles déployés, les experts ont noté les missiles à courte portée DF-11 et DF-15, tous deux capables de
    transporter des charges nucléaires, d'une portée d'environ 400 km, "qui s'avéreraient les plus dangereux en cas de conflit avec
    Taiwan".
    Lors de la précédente crise sino-taiwanaise provoquée en 1995 par une visite "privée" du président taiwanais Lee Teng-Hui aux
    Etats-Unis, Pékin avait tiré des missiles tactiques à courte et moyenne portée à proximité des côtes de l'île.
    Mais jusqu'à présent, les experts occidentaux jugeaient l'armée chinoise assez mal préparée pour lancer une véritable opération
    contre Taiwan, qui possède une flotte aérienne et maritime dernier cri (60 Mirage 2000-5, 150 F-16 américains, six frégates
    françaises de type La Fayette).
    L'armée chinoise, plus forte en nombre, aligne une aviation et une marine encore largement obsolète, même si elle possède
    suffisamment de bâtiments de débarquement et les moyens logistiques de déplacer des forces spéciales marines rapidement d'un
    point à l'autre du pays.
    "L'armée chinoise monte en puissance, elle a fait des progrès évidents, mais la grande inconnue reste son niveau opérationnel qui
    reste probablement très inférieur à celui des grands pays occidentaux", a noté un expert étranger.

    Démonstration de force pour les 50 ans de la Chine communiste (Reuters, 1/10/99)
    Des chasseurs, des bombardiers et des avions de ravitaillement ont survolé vendredi la place Tiananmen où l'armée chinoise défilait pour le cinquantième anniversaire de la révolution communiste.
    Du balcon de la Porte de la Paix céleste, qui domine la place, où Mao Zedong avait proclamé le 1er octobre 1949 la naissance de la
    République populaire, le président Jiang Zemin a donné le coup d'envoi des célébrations militaires et affirmé que "le socialisme était
    le seul salut de la Chine".
    Jiang, en costume Mao gris anthracite, était entouré du président du Parlement, Li Peng, et du Premier ministre, Zhu Rongji.
    "De la moitié de ce siècle à la moitié du siècle prochain, le peuple chinois, en cent ans de travail, fera naître la modernisation
    socialiste", a-t-il déclaré, profitant de son discours pour dénoncer l'"hégémonisme", autrement dit la suprématie mondiale des
    Etats-Unis, et pour réaffirmer l'objectif d'une réunification avec Taiwan.
    Tiananmen, coeur et symbole du communisme chinois, a été le théâtre des triomphes et des échecs de la révolution - du discours
    de Mao célébrant "le peuple chinois debout" aux rassemblements des Gardes rouges de la Révolution culturelle jusqu'au Printemps
    de Pékin de 1989, écrasé dans le sang par les chars de l'armée populaire.

    Un demi-million de participants
    Cinquante coups de canon ont été tirés au-dessus de la place recouverte d'une marée humaine d'un demi-million de participants aux
    cérémonies, soigneusement sélectionnés en fonction de leur enthousiasme militant et de leur loyauté au régime.
    Cent mille écoliers vêtus de jaune ont formé deux immenses caractères chinois signifiant "réforme" et "ouverture" sur la place que
    sillonnaient des patineurs en tenue fluorescente.
    Le drapeau rouge aux cinq étoiles a été apporté sur la place par un détachement de l'armée et a été hissé pendant qu'un orchestre
    jouait l'hymne national, entonné par tous les dirigeants du pays réunis au grand complet.
    Jiang a ensuite pris place à bord d'une limousine noire décapotable pour passer les troupes en revue avant que ne commence un
    gigantesque défilé militaire, le premier en quinze ans.
    "Camarades, comment allez-vous?", "Camarades, vous avez travaillé dur", a lancé Jiang aux troupes en remontant l'Avenue de la
    Paix éternelle. "Servez le peuple", lui ont répondu les soldats, reprenant un slogan des premiers jours de la révolution communiste.
    En bérets écarlates et bottes noires, une unité féminine de l'armée a ouvert au pas de l'oie un défilé sous le signe de la grandeur et
    de la puissance.
    Objectif de ce déploiement d'armes impressionnant, où missiles balistiques d'une portée suffisante pour atteindre les Etats-Unis et
    autre équipement de haute technologie occupaient une bonne place: montrer au monde la force et l'unité de la nouvelle Chine.
    La présence notamment d'avions de ravitaillement dans le ciel de Pékin rappelle que l'armée chinoise dispose des moyens de
    projection nécessaire pour mener une opération d'ampleur sur un théâtre extérieur. A Taiwan, par exemple.

    Sécurité absolue
    Mais les organisateurs des cérémonies n'avaient pas oublié les références au passé en décorant la place d'immenses lanternes
    rouges traditionnelles et d'un portrait de Sun Yat-sen, qui renversa la dernière dynastie impériale chinoise en 1911.
    Un lâcher de 50.000 pigeons a ponctué les célébrations sous les applaudissements de Jiang Zemin et des hiérarques du Politburo.
    Seul le ciel couvert a assombri la manifestation qu'aucun incident n'est venu émaillé.
    Les forces de police, qui redoutaient une éventuelle action armée des séparatistes musulmans du Xinjiang, avaient multiplié il est
    vrai les mesures de sécurité: maintien à distance des habitants, fouilles systématiques de tous les bâtiments élevés dominant la
    place et obturations des portes et fenêtres et patrouilles avec chien dans les rues de la capitale.
    Les autorités avaient également pris le soin d'arrêter dissidents et membres de la secte Falungong, et regroupé loin des regards les
    mendiants, les vagabonds et les handicapés mentaux.

    Jiang Zemin consacré 3ème "empereur rouge" lors d'un défilé colossal (AFP, 1/10/99)
    Le président chinois Jiang Zemin est apparu comme l'héritier des deux premiers "empereurs rouges" Mao Tsé-toung et Deng Xiaoping vendredi lors d'un colossal défilé civil et militaire à la gloire du régime. Pendant environ plus d'une heure, quelque 12.000 militaires suivis de centaines de milliers de figurants entourant 90 chars de carnaval ont défilé devant la direction communiste réunie au grand complet sur la porte Tiananmen, d'où Mao Tsé-toung a proclamé la République Populaire le 1er octobre 1949.
    Clou du spectacle, trois chars portant chacun des portraits géants de Mao, Deng et Jiang Zemin, ont illustré la filiation des "trois
    générations de dirigeants" au pouvoir à Pékin depuis 50 ans.
    M. Jiang a poussé l'analogie avec ses deux prédécesseurs en revêtant un costume Mao sombre, similaire à celui porté par le
    "Grand Timonier" sur son portrait accroché en permanence à la porte Tiananmen.
    Il a également passé les troupes en revue dans la limousine décapotable utilisée par Deng lors du dernier défilé militaire à Pékin, le
    1er octobre 1984.
    Les dirigeants chinois se sont efforcés de placer les célébrations de 1999 sous le signe des succès économiques des 20 dernières
    années, laissant de côté les 30 premières années du régime, marquées par les excès du maoïsme.
    Le portrait du fondateur de la dynastie communiste a ouvert le défilé "populaire" dans la foulée du défilé militaire.
    Mao, entouré d'une marée de figurants brandissant des drapeaux rouges, était représenté en train de proclamer la République
    populaire. Après des danses traditionnelles du lion et du dragon, suivait le char de Deng Xiaoping, présenté à son zénith lors des célébrations du 35ème anniversaire du régime. Le patriarche, décédé en 1997, était entouré de milliers de figurants vêtus de vert et brandissant des épis de maïs, symbole de la réussite des réformes lancées par Deng dans l'agriculture. Lui-même victime du "Grand Timonier" pendant la "Révolution Culturelle" (1966-76), Deng Xiaoping a toujours refusé pour lui le culte de la personnalité qui avait entouré Mao. Suivirent de nombreux chars illustrant thème par thème la modernisation du pays à la faveur des réformes des 20 dernières années :
    le barrage des Trois Gorges du Yangtsé, qui doit devenir le plus grand du monde, a ainsi eu droit de défiler sous la forme d'une
    maquette laissant passer l'eau du plus grand fleuve de Chine. Enfin Jiang Zemin vint, représenté en train de prononcer un discours lors du dernier congrès du Parti Communiste Chinois (PCC) en 1997, lorsqu'avait été décidée la restructuration du secteur public. Le portrait du président avançait au milieu de milliers de personnages en costumes folkloriques, représentant les 56 nationalités du pays. L'image animée de l'actuel chef d'Etat est également apparue sur un écran géant transporté par un char à la gloire des sciences et technologies. Chacune des provinces chinoises a eu droit à son char, y compris Taiwan, que le régime chinois considère comme partie intégrante de son territoire. "La question de Taiwan ne pourra être éternellement repoussée", proclamait le char. Fermant la marche, des centaines de jeunes "pionniers" au foulard rouge ont accouru vers la tribune officielle au milieu d'un lâcher de ballons, sous l'oeil ravi du président, visiblement soulagé que son grand jour se soit déroulé sans incident. Les autorités n'ont pris aucun risque avec la sécurité, bouclant entièrement le centre de Pékin et ne laissant accès aux festivités qu'à des spectateurs dûment encartés. Ces derniers ont dû arriver sur place vers 5h00 du matin et attendre pendant cinq heures le début des cérémonies.

    La Chine fête ses 50 ans de régime communisme (AP, 1/10/99)
    Les canons ont tonné, les chasseurs ont percé le ciel de Pékin tandis que les soldats en uniformes impeccables et portant des armes rutilantes ont paradé sur la place Tiananmen pour marquer, vendredi, le coup d'envoi des festivités du 50e anniversaire du régime communiste chinois. Le président Jian Zemin et les autres dignitaires du régime ont assisté depuis le haut de la Porte de la Paix céleste au défilé d'un demi-million de soldats et de civils. Une garde d'honneur de 200 hommes portant baïonette au fusil ont gravi au pas de l'oise un tapis rouge conduisant à la Porte de la Paix céleste tandis que 50 canons se faisaient entendre.  Cette démonstration de force mais aussi de progrès économique rapide illustre l'évolution du pays depuis que Mao Tsé-Toung, du
    haut de la même Porte de la Paix céleste, a proclamé, le 1er octobre 1949, la naissance de la République populaire de Chine.
    ``Une lutte ardue et des efforts soutenus depuis 50 ans, et en particulier au cours de ces vingt dernières années depuis la réforme et
    l'ouverture, ont permis des changements stupéfiants à la vieille et faible Chine d'autrefois'', a déclaré Jiang Zemin dans un bref
    discours truffé de références au passé et d'espoirs pour l'avenir.
    ``Longue vie à la grande République populaire! Longue vie au grand Parti communiste chinois! Longue vie au grand peuple chinois!''
    a-t-il lancé.
    Portant un costume Mao de couleur grise, Jiang Zemin a ensuite passé les troupes en revue à bord d'une limousine noir à toit
    ouvrant et portant des drapeaux rouges -tout comme l'avait fait 15 ans auparavant son mentor et le père des réformes en Chine Deng
    Xiaoping.
    Sur les trois kilomètres du défilé, Jiang Zemin, qui dirige la commission du Parti en charge de l'armée, a crié à plusieurs reprises en
    direction des soldats dans les trois micros montés sur sa voiture: ``Camarades, vous travaillez dur!''
    ``Servir le peuple!'' répondaient les soldats en saluant Jiang Zemin.
    Après le défilé militaire, la place Tiananmen s'est soudain transformée en une mer colorée. Des milliers d'enfants portant des
    éventails rouge et or ont ``écrit'' l'idéogramme ``Guoqing'' signifiant Journée Nationale.
    Pourtant un cordon militaire tenait les gens ordinaires à l'écart des festivités au programme desquelles figurent également un feu
    d'artifice et des spectacles auxquels sont conviés des invités triés sur le volet.

    Jiang promet de nouveaux exploits sous l'égide du socialisme (Reuters, 1/10/99)
    Le président Jiang Zemin a rendu hommage vendredi aux "exploits immortels" des anciens révolutionnaires et a promis que la Chine réaliserait la "modernisation socialiste". "La pratique a pleinement prouvé que le socialisme est la seule voie possible pour sauver et faire évoluer la Chine", a dit Jiang dans son discours de la place Tiananmen, pour le cinquantenaire de la Chine communiste.
    "De la moitié de ce siècle à la moitié du prochain, le peuple chinois, en cent ans de travail acharné et audacieux, fera naître la
    modernisation socialiste", a-t-il dit dans son allocution, diffusée en direct par la télévision.
    Jiang, vêtu d'un costume Mao gris, a appelé les 1,23 milliard de Chinois à "porter haut la grande bannière du marxisme, du
    léninisme, des pensées de Mao Zedong et de la théorie de Deng Xiaoping et à marcher courageusement vers nos objectifs
    suprêmes".
    Il a précisé que ces objectifs comprenaient la recupération de Taiwan.
    "Nous poursuivrons notre politique de réunification pacifique dans l'esprit 'un pays, deux systèmes" et, après le retour réussi de
    Hong Kong et Macao, nous réaliserons la réunification nationale de Taiwan avec le continent".
    Au chapitre international, Jiang a déclaré que la Chine continuerait à s'opposer à "l'hégémonisme", autrement dit la suprématie
    mondiale américaine.
    La Chine, a dit Jiang, "sera, comme toujours, aux côtés du grand nombre des pays en développement et des peuples du monde
    entier opposés à l'hégémonisme, pour promouvoir la multipolarité mondiale et oeuvrer pour l'établissement d'un nouvel ordre politique
    et économique international juste et équitable".
    Sur le front économique, "50 ans de lutte ardue et d'efforts acharnés, particulièrement ces 20 dernières années depuis la réforme et
    l'ouverture, ont apporté des changements capitaux à la vieille Chine pauvre et faible d'autrefois", a dit Jiang allusivement.

    Chine - A 50 ans, le communisme se veut seulement à mi-parcours (Reuters, 30/9/99)
    La Chine célèbrera vendredi dans un luxe de fastes et de mesures de sécurité les cinquante ans d'un régime communiste qui s'affirme encore suffisamment fringant pour pouvoir prétendre devenir centenaire. L'éditorialiste du Quotidien du Peuple prédit en effet que le Parti communiste, arrivé au pouvoir en 1949, y restera au moins 50 ans de plus: "Nous aurons foncièrement abouti à la modernisation pour le 100e anniversaire. La seule certitude est que le communisme chinois n'aura rien à voir en 2050 avec celui que Mao Tsé-tung rêvait en 1949 d'offrir à son pays. Le fossé entre la réthorique communiste et la réalité économique s'accroît de jour en jour. "Le communisme? Ha! Est-ce que j'ai l'air d'un membre du Parti? Je crois au pouvoir de l'argent, un point c'est tout!", s'exclame un opérateur boursier de 28 ans, Zhang Weixun. Ce dont le pays a le plus besoin, dans les décennies à venir, c'est de stabilité, "car l'Histoire nous enseigne que sans stabilité on ne peut rien faire", a souligné de son côté le Premier ministre Zhu Rongj.
    "Il nous faut chérir cent fois plus encore notre unité et notre stabilité chèrement payées", a-t-il déclaré lors d'une réception à la veille
    des festivités, marquées à Pékin par un défilé civil et militaire d'un demi-million de participants.
    Obsédées par l'idée que la fête puisse être gâchée, les autorités chinoises n'ont pas lésiné sur les mesures de sécurité préventives,
    interdisant la secte Falun Gong, pour contestation du monopole du PC, et arrêtant de nombreux opposants.

    Toilettage pékinois
    Aussi le maire de Pékin, Liu Qi est-il en mesure de prédire que rien ne viendra troubler la commémoration de la proclamation de la
    République populaire de Chine le 1er octobre 1949 par un Mao juché au faîte d'une des portes de la place Tienanmen, S'il ne peut nullement commander à la météorologie, qui prévoit un vendredi pluvieux, le régime de Pékin n'a en revanche rien négligé
    pour contrôler la situation en ville, que la police a ratissée avec des chiens renifleurs à la recherche d'éventuels explosifs. Les fenêtres des immeubles administratifs et des hôtels situés sur l'avenue de Changan menant à la place Tienanmen, d'où les
    dirigeants chinois suivront le défilé, ont été calfeutrées pour dissuader tout franc-tireur, jeteur de tract ou simple protestataire. Les rues de la capitale ont été débarrassées des cochards, vagabonds, sans-logis et autres éléments jugés parasites et les
    travailleurs non-originaires de Pékin ont été renvoyés à la campagne pour l'occasion, tandis que, contestaires potentiels, les
    retraités ont reçu leurs arriérés de pension d'Etat. La capitale, où seront exhibées vendredi les armes chinoises les plus modernes, comme les missiles intercontinentaux Dong Feng-31 et ses chasseurs-bombardiers "léopards volants", a subi un toilettage radical en quelques semaines. Dix millions de pots de fleurs, de plantes, de lanternes traditionnelles et de guirlandes ont été disposés en ville tandis que les vieilles échoppes et pavillons vétustes ont été rasés. Au Tibet, la population s'est vu signifier que salaires et retraites seraient impayées si elle ne participait pas aux préparatifs des festivités. Dans la province musulmane de Xingjiang, secouée par l'activisme sécessionnistes des Ouïgours turcophones, les mesures de sécurité sont maximales.

    50 ans après sa défaite, Chiang Kai-shek attire les foules en Chine (AFP, 30/9/99)
    Cinquante ans après avoir été forcé de se réfugier à Taiwan pour échapper aux troupes communistes chinoises, le dirigeant nationaliste Chiang Kai-Shek commence à être reconnu comme un personnage historique sur le continent.Sa maison natale de Xikou, dans l'est de la Chine, attire une foule de touristes taiwanais comme continentaux, malgré l'opprobre que voue toujours le régime chinois au chef du Kuomintang, le parti nationaliste vaincu en 1949."Les jours fériés, nous recevons jusqu'à 10.000 visiteurs", assure Li Tianfang, un responsable local, dans la petite maison à un étage où Chiang a vu le jour en 1887. La modeste demeure où le grand-père, puis le père du futur dictateur exerçaient le commerce du sel, est devenue monument historique en 1996. Un peu plus loin, une autre demeure familiale, somptueuse celle-là, témoigne de l'enrichissement du clan Chiang à la faveur de l'ascension de l'enfant du pays pendant la première moitié du siècle.Dans les deux musées, les innombrables mentions de "M. Chiang Kai-shek" soulignent l'évolution du régime communiste face à l'ancien chef d'Etat: pendant la "Révolution culturelle" (1966-76), un simple lien familial, réel ou supposé, avec un ancien membre du Kuomintang, pouvait valoir de terribles persécutions aux mains des gardes rouges. Aujourd'hui, le sentiment des visiteurs à l'égard de Chiang varie largement de l'indifférence à la dénonciation virulente, mais un intellectuel pékinois résume bien le sentiment général: "C'était un personnage historique influent".Chiang Kai-shek, à la tête des armées du Kuomintang, s'est d'abord signalé en 1926 en conduisant victorieusement "l'Expédition du Nord" de Canton (sud) jusqu'à Nankin (centre), lorsque les nationalistes s'efforçaient de réunifier le pays divisé entre "seigneurs de la guerre". Mais Chiang rompait l'alliance avec les communistes l'année suivante en ordonnant le massacre de milliers de militants de ce parti et de syndicalistes à Shanghai.  A la tête d'un régime autoritaire, mafieux et corrompu, Chiang n'aura de cesse d'éradiquer le communisme, une obsession qui affaiblira sa résistance aux Japonais pendant la guerre (1937-45) et finira par lui valoir la défaite face à Mao Tsé-toung en 1949, estiment les historiens. Mais son rôle de "méchant" dans la mythologie communiste a eu l'effet paradoxal d'en faire un personnage fascinant pour les continentaux. L'acteur Sun Feifu, qui a incarné le dictateur dans une quarantaine de films chinois depuis le début des années 1980, estime que les studios de Pékin ne cherchent plus désormais à systématiquement diaboliser Chiang Kai-shek. "Poursuivre cette diabolisation n'avait plus aucun sens, car l'histoire elle-même a tranché: Chiang a perdu", observe Sun, qui doit sa célébrité à son crâne chauve et à sa moustache évoquant l'ancien président. L'acteur se dit surpris des réactions populaires à son égard. "Je pensais que l'homme de la rue rejetterait Chiang Kai-shek, mais personne ne m'a jamais insulté. Au contraire, la plupart des gens me donnent du "Bonjour, Président Chiang!". Sun Feifu y voit la marque "d'un respect non seulement pour l'acteur, mais aussi pour Chiang Kai-shek". De l'avis des analystes, le régime chinois donne quitus à son ancien ennemi d'avoir au moins considéré Taiwan comme partie intégrante du territoire chinois, alors qu'ils accusent l'actuel président taiwanais, Lee Teng-hui, de vouloir l'indépendance de l'île. Jusqu'à sa mort en 1975, Chiang se considérait comme le président légitime de toute la Chine. En 1962, seule une intervention des Etats-Unis le dissuadera de tenter l'invasion du continent à la faveur de la brouille sino-soviétique.
     
    Un demi-siècle de bouleversements en Chine (AFP, 23/9/99)
    Voici les grandes dates de la République Populaire de Chine depuis sa fondation le 1er octobre 1949 :

    - 1er octobre 1949 : création de la République Populaire de Chine (RPC). Le chef du Parti communiste chinois (PCC), Mao
    Tsé-toung, devient le premier président du "Gouvernement populaire".

    - 14 février 1950 : signature d'un Traité d'amitié et d'assistance avec l'URSS.

    - 1950-1953 : participation de la Chine à la guerre de Corée.

    - 1956-1957 : "Cent fleurs". 500.000 intellectuels envoyés en camp de travail pour avoir été invités par Mao à critiquer le PCC.

    - 1958 : établissement des communes populaires. Mao lance le "Grand bond en avant" qui engendre une catastrophe économique et une famine qui fera 30 millions de morts.

    - mars 1959 : Rébellion des Tibétains écrasée par les troupes chinoises. Le Dalaï Lama s'enfuit en Inde.

    - 16 juillet 1960 : rupture sino-soviétique à la suite de l'annulation par Khrouchtchev d'un accord nucléaire de 1955.

    - 16 octobre 1964 : Explosion de la première bombe atomique chinoise.

    - 16 mai 1966 : déclenchement de la "Révolution culturelle".

    - mars 1969 : incidents meurtriers à la frontière sino-soviétique.

    - 25 octobre 1971 : admission de la RPC à l'ONU à la place de Taiwan.

    - 21 février 1972 : visite à Pékin du président américain Richard Nixon, qui ouvre la voie à la normalisation avec Washington. 

    - 8 janvier 1976 : mort du Premier ministre Chou En-lai. Incidents à Pékin Place Tiananmen en avril entre forces de l'ordre et
    manifestants venus saluer sa mémoire.

    - 9 sept 1976 : mort de Mao Tsé-Toung suivie de l'arrivée au pouvoir de Hua Guofeng et de l'arrestation de la Bande des Quatre, dont Jiang Qing, la veuve de Mao. 

    - 1978 : Deng Xiaoping accède au pouvoir suprême et lance les réformes économiques.

    - 1er janvier 1979 : établissement de relations diplomatiques avec les Etats-Unis.

    - 12 septembre 1982 : le réformiste Hu Yaobang devient secrétaire général du PCC.

    - 19 décembre 1984 : accord sino-britannique prévoyant le retour de Hong Kong à la Chine.

    - 16 janvier 1987 : chute de Hu Yaobang, accusé de faiblesse lors de manifestations étudiantes de la fin 1986. Un autre réformiste,
    Zhao Ziyang, lui succède à la tête du PCC.

    - 15 avril 1989: mort de Hu Yaobang, qui donne le signal des manifestations de Tiananmen en faveur de la démocratie. 

    - 16 mai 1989 : Normalisation sino-soviétique avec la visite de Mikhaïl Gorbatchev à Pékin.

    - 4 juin 1989 : l'armée écrase les manifestants, faisant des centaines de morts. Limogeage de Zhao Ziyang, remplacé par Jiang
    Zemin.

    - 21 mars 1990 : Deng Xiaoping abandonne son dernier poste officiel.

    - 1993 : Jiang Zemin devient chef de l'Etat.

    - 1995/1996: la Chine tire des missiles à proximité des côtes taiwanaises.

    - 19 février 1997 : Mort de Deng Xiaoping.

    - 1er juillet 1997: rétrocession de Hong Kong. 

    - mars 1998 : le "tsar de l'économie" Zhu Rongji devient Premier ministre.

    - 25 juin 1998 : visite de Bill Clinton en Chine, la première d'un président américain depuis Tiananmen.

    - 7 mai 1999 : bombardement de l'ambassade de Chine à Belgrade par l'OTAN, à l'origine de manifestations anti-américaines.

    50 ans de communisme chinois: entre 40 et 70 millions de morts
    Le régime communiste chinois, qui fête le 1er octobre son cinquantième anniversaire, est responsable directement ou indirectement de la mort de 40 à 70 millions de personnes, selon les estimations de sinologues occidentaux.Dès leur arrivée au pouvoir en 1949, les communistes engagent dans les campagnes une réforme agraire qui se traduit par l'exécution d'au moins un million de propriétaires terriens à l'issue de procès expéditifs, estiment en général les experts.
    Pour Jean-Louis Margolin, auteur du Livre noir du communisme, le bilan se situe entre 2 et 5 millions de morts si l'on inclut les
    exécutions effectuées dès 1946 dans les zones contrôlées par le Parti communiste chinois (PCC).
    Après les zones rurales, le PCC lance dans les villes une série d'offensives contre les anciens partisans ou fonctionnaires du
    Kuomintang (parti nationaliste vaincu en 1949), la bourgeoisie, les dirigeants d'entreprises privées, puis les intellectuels.
    La répression culmine en 1957 lorsque le parti se retourne contre ses propres membres, qui avaient pris au mot l'appel de Mao à
    critiquer ouvertement sa politique ("Cent Fleurs"). Des milliers de cadres sont invités à gagner de lointains camps "de rééducation
    par le travail".
    Au total, l'épuration urbaine fait au moins un million de morts entre 1950 et 1957, selon M. Margolin. 
    En 1958, Mao Tsé-toung lance le "Grand Bond en Avant" afin de collectiviser rapidement les campagnes et industrialiser la Chine à outrance. L'opération se traduit par la famine la plus meurtrière de l'histoire de l'humanité: entre 20 et 43 millions de morts, selon les estimations.
    Mis à l'écart après cet échec, Mao ne parvient à reprendre le pouvoir qu'en déclenchant en 1966 "la Révolution culturelle" contre
    l'appareil du parti. En 10 ans de luttes sanglantes, le mouvement laisse entre deux et cinq millions de morts si l'on additionne les victimes des purges et celles de la guerre civile entre l'armée régulière et les différentes factions de "gardes rouges", selon Jean-Pierre Cabestan, directeur du Centre d'Etudes Français sur la Chine contemporaine à Hong Kong.
    Des millions de "contre-révolutionnaires" vont grossir les camps de travail, dont beaucoup ne reviendront pas avant la fin des années 1970.  Le peuple de Pékin profite de la mort du Premier ministre Zhou En-laï pour s'opposer en avril 1976 à la dictature maoïste, qui réprime le mouvement au prix de dizaines de morts sur la place Tiananmen. Avec la mort de Mao en 1976 prend fin l'époque des purges sanglantes. Mais son successeur Deng Xiaoping brise le mouvement démocrate de Tiananmen en envoyant l'armée contre les manifestants, faisant des centaines, voire des milliers de morts dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, puis lors des exécutions sommaires de contestataires dans les mois suivants.
    Si l'on ajoute les décès en détention (20 millions) et les victimes des répressions au Tibet (entre 0,6 et 1,2 million) à la suite de
    l'échec du soulèvement de Lhassa en 1959, on arrive à un total compris entre 44,5 et 72 millions de morts, selon M. Margolin.
    Le régime chinois a également engagé le pays dans des guerres sanglantes en Corée (1950-53, entre 700.000 et 900.000 morts du côté chinois selon le sinologue américain Jonathan Spence), et dans des conflits frontaliers brefs mais sanglants avec l'Inde (1962) et la Russie (1969, 800 morts chinois). L'invasion ratée du Vietnam lancée par Deng au début de 1979 a laissé des milliers de morts de part et d'autre.M. Margolin rappelle que le régime de Pékin a activement soutenu le pouvoir des Khmers Rouges au Cambodge, responsable de la mort de 2 millions de personnes entre 1975 et 1978. 

    50 ans après, la Chine communiste reste confrontée à des défis majeurs (AFP, 23/9/99)
    Surpopulation, pollution et réforme de l'Etat providence: cinquante ans après leur arrivée au pouvoir, les communistes sont confrontés à des défis majeurs qui déstabilisent leurs appuis traditionnels dans le monde paysan et ouvrier."Les défis sont énormes: ils vont de l'équilibre entre la population et l'espace au succès de la modernisation économique, en passant par le développement des moyens de transport", relève Jean-Pierre Cabestan, directeur du Centre d'études français sur la Chine contemporaine à Hong Kong.Pour loger et nourrir une population qui atteignait 1,248 milliard d'habitants l'an dernier et plafonnerait à 1,6 milliard en 2040, la Chine devra compenser la diminution régulière des terres arables par une productivité accrue ou un recours massif aux importations agricoles. Mais elle devra surtout commencer à se préoccuper des dommages qu'elle cause à l'environnement, alors que le succès de sa transition vers l'économie de marché n'est pas encore assuré. "La protection de l'environnement est de loin le problème le plus grave qui se pose à la Chine, avec une pollution de l'eau qui atteint des proportions dramatiques, juste avant la pollution atmosphérique" commente Zhang Jilian, de l'organisation non-gouvernementale "Les Amis de la Nature". 
    Du déboisement aux pluies acides, en passant par la pollution des cours d'eau et la présence de plusieurs villes dans le "top ten"
    des cités les plus polluées du monde, le bilan écologique de vingt ans de croissance économique accélérée est accablant.
    Selon un rapport publié l'an dernier par la Banque Mondiale, près de 180. 000 citadins chinois meurent prématurément chaque
    année à cause de la pollution.
    Malgré l'adoption d'un impressionnant arsenal juridique, peu de pollueurs ont été sanctionnés dans un pays gangrené par la
    corruption, un autre sujet majeur de préoccupation des Chinois.
    "Même si les dirigeants sont honnêtes, le pouvoir aura du mal à faire le ménage sans démocratisation du régime", note M.
    Cabestan, en soulignant une aggravation du "délitement de l'état". Ce phénomène se traduit par l'appropriation d'une partie
    importante des biens publics par les cadres corrompus, comme le développe l'économiste He Qinglian dans un livre intitulé "Les
    pièges de la modernisation chinoise".
    Mais juste après la corruption, les Chinois, pendant longtemps assurés d'avoir un emploi à vie, redoutent désormais le chômage,
    l'une des principales conséquences des réformes lancées par le régime.
    Le succès de la transition vers l'économie de marché, engagée par le patriarche Deng Xiaoping à la fin des années 1970 et qui s'est traduite par une hausse sans précédent du niveau de vie, est aujourd'hui largement lié à celui de la délicate réforme des entreprises d'état déficitaires.
    Cette réforme, qui a commencé à se traduire par des dizaines de millions de licenciements, se heurte à de sérieuses résistances,
    tant au sein d'une population qui ne dispose encore pratiquement d'aucune protection sociale, qu'au sein des milieux dirigeants, mal préparés à affronter des réformes d'une telle ampleur.
    Même les 800 millions de paysans, pourtant les premiers à profiter de la décollectivisation, commencent à perdre patience. Ecrasés d'impôts et soumis à l'arbitraire de cadres corrompus, ils n'hésitent plus à organiser des manifestations lorsque la pression est trop forte.
    Mais d'autres hypothèques pèsent sur l'avenir: le règlement du problème de Taiwan, l'attitude des autorités face aux séparatismes
    tibétain et ouïgour, mais surtout face à la démocratisation du régime. Et à la question "la Chine pourra-t-elle encore longtemps
    maintenir un régime autoritaire", les réponses varient, allant d'un non catégorique des dissidents à des réponses plus nuancées de
    la plupart des experts occidentaux.

    En 50 ans, l'économie chinoise a décollé, la corruption aussi (AFP, 23/9/99)
    En 50 ans de pouvoir, les communistes sont parvenus à faire décoller l'économie chinoise au prix d'un renoncement total aux principes des pères fondateurs, mais cette réussite s'accompagne d'une irrésistible envolée de la corruption.Ningbo, une grande ville portuaire de l'est du pays, résume à elle seule les contradictions du décollage économique, avec ses usines dernier cri, ses sièges sociaux flambant neufs et son scandale de corruption qui a décimé la municipalité. Ningbo, l'un des premiers ports chinois ouverts au commerce étranger par le traité de Tianjin (Tien-tsin) en 1858, a retrouvé la prospérité à la faveur des réformes engagées par le patriarche Deng Xiaoping à la fin des années 1970 en rupture totale avec le système collectiviste que le fondateur de la République populaire, Mao Tsé-toung, avait imposé depuis 1949. Les réformes ont sorti le pays de l'ornière bien avant celles engagées en URSS par Gorbatchev: au cours des 20 dernières années, la croissance du PIB a atteint 9,6% en moyenne par an, alors que le revenu par tête était multiplié par 16, dépassant désormais 6.000 dollars. La Chine est devenue la 10ème puissance commerciale mondiale, alors qu'elle se situait au 32ème rang à la mort de Mao.  Poussant à l'ombre de Shanghai, Ningbo fabrique désormais un dixième de la production chinoise de prêt-à-porter, un fer de lance des exportations. Depuis le début de la décennie, son PIB a été multiplié par sept. La ville se situe au quatrième rang national pour le revenu par habitant, de 70% supérieur à la moyenne nationale. Mais le principal responsable de la ville, le secrétaire du PCC Xu Yunhong, a été exclu mercredi du parti par le Comité central, réuni au grand complet à Pékin en présence du président Jiang Zemin. La commission disciplinaire du PCC a découvert que M. Xu avait utilisé son influence pour obtenir plus de 800.000 dollars au profit de sa femme et de son fils. Il devrait à présent faire l'objet de poursuites judiciaires. Xu Yunhong est devenu ainsi le premier des 330 membres du "parlement" du PCC à "tomber" pour corruption depuis que l'ancien maire de Pékin, Chen Xitong, a été condamné l'an dernier à 16 ans de prison après avoir été impliqué dans un scandale portant sur la bagatelle de 2,2 milliards de dollars.
    A Ningbo, un maire adjoint avait déjà été condamné à mort en juin, avec un sursis à exécution de deux ans, pour avoir accepté
    78.300 dollars de pots-de-vin. Fatalistes, les habitants de Ningbo voient dans la corruption un mal qui accompagne inévitablement l'amélioration du niveau de vie. Ils sont prêts à absoudre le maire adjoint, qui n'a fait selon eux qu'accepter de l'argent de sociétés locales en échange de contrats publics.
    "Au moins, il n'a pas détourné l'argent des contribuables", se félicite un chauffeur de taxi. "Ces choses là arrivent partout dans notre pays". Reste que le ras-le-bol des Chinois pour la corruption, largement à l'origine des manifestations de Tiananmen en 1989, est pris au sérieux par les dirigeants du pays, qui y voient "une question de vie ou de mort pour le parti", comme l'a reconnu le président Jiang Zemin en 1997. Le régime, qui se flatte d'avoir "sorti 200 millions de personnes de la pauvreté" grâce aux réformes, a aussi permis à une classe de "nouveaux riches" de faire rapidement fortune, une étape qualifiée officiellement de "nécessaire" avant la prospérité générale. 

    Le 1er octobre 1949, Mao proclame à Pékin la République Populaire (AFP, 23/9/99)
    Il y a 50 ans, Mao Tsé-toung proclamait à Pékin la République Populaire de Chine (RPC), unifiant l'Empire du Milieu après un siècle de déchirements, mais d'autres bouleversements attendaient les Chinois avec l'imposition du communisme.
    "Le peuple chinois s'est levé !" Du haut de la porte Tiananmen, qui donne accès à l'ancien palais impérial de Pékin, Mao vient de
    tourner une page d'histoire et de réaliser son rêve: amener le Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir après un combat de trois
    décennies. A ses pieds, des dizaines de milliers de partisans acclament le président du nouveau "gouvernement populaire", qui, à 55 ans, vient de réunifier le pays après le chaos laissé par la chute du régime impérial en 1911, la guerre sino-japonaise (1937-45) et quatre ans de guerre civile avec les nationalistes du Kuomintang. Sa victoire met aussi un terme à un siècle de conflit avec les puissances étrangères, qui s'étaient taillées leurs zones d'influence depuis la "Guerre de l'opium" (1839).
    "Il y a eu un cri énorme: tout le monde hurlait 'Vive Mao, Vive le PCC'", se souvient Liu Baoqing, un "soldat modèle" alors âgé de 20 ans, qui montait la garde sous la tribune officielle.Ce fils de paysans pauvres reste "très fier" d'avoir assisté à ce moment historique, car "tout le monde ne pouvait pas y participer: il fallait avoir une bonne origine familiale". 
    Dans les zones qu'il contrôle, le PCC a en effet engagé depuis plusieurs années une réforme agraire qui se traduit par une
    discrimination entre les différentes catégories de paysans: les "propriétaires terriens" sont persécutés et leurs terres attribuées aux "paysans pauvres", sur lesquels s'appuie le nouveau régime.
    Pour la proclamation du 1er octobre, les autorités "redoutaient qu'il y ait des troubles" et s'étaient assurées que seuls leurs plus
    fervents partisans assisteraient à la cérémonie, explique l'ancien soldat.
    Lors de la "libération" de Pékin en janvier 1949, les paysans soldats de l'armée rouge avaient débarqué comme "des martiens" dans une ville soulagée par la fin des combats mais inquiète des projets de ces inconnus en guenilles.
    Comme Mao le reconnaîtra plus tard, sa victoire doit beaucoup à l'invasion japonaise (1937-45) qui a affaibli le Kuomintang. Battu fin 1948 en Mandchourie, le parti de Chiang Kai-chek, laminé par la corruption, une inflation galopante et les désertions, doit se replier sur Taiwan. Sur le continent, la chasse aux nationalistes se poursuit dans le sud et l'ouest jusqu'au début de 1950. Mao attend l'année suivante pour envoyer ses troupes au Tibet, avant d'écraser une rébellion huit ans plus tard, forçant le dalai-lama à l'exil. Comme dans les campagnes, l'imposition du communisme en ville se fait par la force, visant successivement les partisans de l'ordre ancien, la bourgeoisie, puis les intellectuels. Les luttes de pouvoir au sein du PCC se retournent contre ses propres membres durant les "Cent fleurs" (1957), puis la "Révolution culturelle" (1966-76), isolant la Chine dans la violence maoïste jusqu'à la mort du "Grand Timonier" (1976). Entre-temps, la catastrophe économique du "Grand bond en avant" (1958-59) provoque la plus grave famine de l'histoire de l'humanité, avec au moins 30 millions de morts selon la plupart des spécialistes occidentaux. En contradiction totale avec le credo marxiste, la politique de réformes amorcée par Deng Xiaoping en 1978 relance l'économie mais
    attise la soif de liberté des Chinois ainsi que leur rage contre la corruption. Le PCC n'imposera sa loi face aux mécontents qu'en
    envoyant les chars en juin 1989 sur la place Tiananmen. Quant à la "réunification de la patrie", elle s'est poursuivie avec la rétrocession de Hong Kong en 1997. Elle ne sera complète aux yeux des dirigeants chinois qu'avec celle de Macao, le 20 décembre, et celle, plus hypothétique, de Taiwan.

    Après Mao et Deng, Jiang Zemin se pose en troisième "empereur rouge" (AFP, 23/9/99)
    Héritier des deux "empereurs rouges" Mao Tsé-toung et Deng Xiaoping, le président chinois Jiang Zemin, au pouvoir depuis dix ans, entend profiter du 50ème anniversaire de la fondation du régime communiste pour entrer au panthéon des grands dirigeants chinois.Alors que le 1er octobre 1949 Mao Tsé-toung proclamait la république populaire du haut de la porte Tiananmen, c'est à un
    impressionnant défilé militaire rassemblant plus de 500.000 personnes qu'assistera son successeur Jiang Zemin, 50 ans plus tard
    jour pour jour au même endroit.Mais si la Chine a radicalement changé entre les deux événements, passant d'un pays pauvre et isolé sur la scène internationale à une grande puissance influente, Jiang a conservé de nombreux points communs avec ses deux prédécesseurs, dont certains savamment copiés.C'est ainsi qu'il s'efforce chaque jour un peu plus de ressembler au "Grand Timonier" par sa démarche et ses gestes, lorsqu'il effectue des tournées d'inspection ou qu'il est pris en photo au milieu de petits enfants. Un culte de la personnalité de plus en plus évident transparaît dans les médias, même s'il reste loin des sommets atteints pendant la "Révolution culturelle" (1966-76), lorsque le "petit livre rouge" de Mao était la bible des Chinois. Jiang s'évertue surtout à être le digne successeur du patriarche Deng Xiaoping, décédé en 1997, et qui était venu le chercher en juin 1989 après la répression du "printemps de Pékin" pour présider aux destinées chinoises. Tout en concentrant les trois plus hauts postes du régime à la tête du Parti communiste chinois (PCC) de l'Etat et de l'armée, il s'évertue, à l'instar de son mentor, à jouer le rôle d'un "arbitre" placé au centre d'un échiquier politique confronté à de nombreux défis. Parmi ceux-ci, la mise en place des ambitieuses réformes économiques lancées par Deng, une tâche particulièrement délicate qui vaut à Jiang de rendre des arbitrages constants entre son premier ministre actuel, le pragmatique Zhu Rongji, et l'ancien, Li Peng, qui passe pour plus conservateur. Pour l'instant, Jiang a réussi à éviter les limogeages spectaculaires ordonnés par ses deux prédécesseurs. Le plus radical a, sans conteste, été Mao, qui n'a pas hésité à mettre le pays à feu et à sang pendant la "Révolution culturelle" pour récupérer un pouvoir qui lui échappait, limogeant et tuant des milliers de hauts responsables du PCC, dont l'ancien président de la République Liu Shaoqi, mort en prison en 1969, et Deng Xiaoping, purgé à deux reprises.
    Réhabilité un an après la mort de Mao en 1976, Deng Xiaoping devait rapidement faire le ménage et éliminer Hua Guofeng, le
    successeur désigné par le "grand timonier", avant de se retourner dix ans plus tard contre ses deux plus proches collaborateurs :
    l'ancien secrétaire général du parti Hu Yaobang, limogé en 1987 pour avoir manqué de fermeté à l'égard de manifestations étudiantes de l'hiver 86-87, puis deux ans plus tard Zhao Ziyang, son successeur à ce poste, pour s'être opposé à la force contre les manifestations étudiantes du "Printemps de Pékin" en 1989.
    Malgré des revirements à 180 degrés - l'imposition dans les années 50 d'un collectivisme pur et pur, suivi dans les années 80 d'une
    décollectivisation massive -, les trois grandes figures qui ont marqué la Chine des 50 dernières années, ont en commun la volonté de promouvoir un socialisme à la chinoise, fortement teinté de nationalisme.
    C'est ainsi que "l'intérêt national" revient constamment sur le devant de scène, même au plus fort de la politique d'ouverture. Malgré une nette embellie dans les relations sino-américaines, le président chinois a ainsi rappelé au président américain Bill Clinton qu'il n'était pas question pour la Chine de "sacrifier ses intérêts nationaux" pour adhérer à l'Organisation Mondiale du commerce (OMC), lors de leur récente rencontre au sommet à Auckland.

    La Chine cherche sa place dans un monde dominé par les Etats-Unis (AFP, 23/9/99)
    Cinquante ans après l'arrivée au pouvoir du régime communiste, la Chine populaire, passée d'un isolement quasi-complet à une politique d'ouverture vers l'étranger, cherche aujourd'hui sa place dans un monde dominé par les Etats-Unis.Initialement boudé par l'occident qui continuait à reconnaître le gouvernement nationaliste réfugié à Taiwan, le régime communiste devrait profiter de son 50ème anniversaire, le 1er octobre, pour s'afficher comme une puissance régionale revendiquant une place à sa mesure sur la scène internationale. Ses objectifs en matière de politique étrangère sont résumés par le professeur Bill Jenner de l'Université Nationale australienne: "maintenir l'empire, l'étendre, accroître au maximum les divisions des ennemis potentiels, réduire la puissance américaine, faire trembler le monde". Ces ambitions contrastent avec l'isolement total dans lequel la Chine s'était retrouvée après la rupture avec Moscou en 1959, lorsque ne lui restait plus que l'Albanie comme pays ami à la surface de la planète. Depuis le lancement de la politique d'ouverture par Deng Xiaoping à la fin des années 1970, Pékin a graduellement pris de
    l'assurance en matière de politique étrangère. Depuis l'établissement formel de relations diplomatiques entre Pékin et Washington en 1979, les relations sino-américaines ont dominé cette nouvelle politique, malgré une volonté affichée de combattre "l'hégémonisme" américain. Parmi les principaux sujets de contentieux figure la pression internationale sur la question des droits de l'homme depuis la répression sanglante du mouvement démocratique de Tiananmen en 1989. Pékin y voit un prétexte des pays développés pour s'ingérer dans les affaires intérieures des autres pays. Pékin s'est ainsi vivement opposé aux frappes de l'OTAN sur la Yougoslavie avant même que son ambassade à Belgrade ne soit bombardée par erreur, selon la version de l'OTAN, en mai dernier, qualifiant cette politique de "diplomatie de la canonnière". "La Chine est très sensible face à ce problème: nous avons été envahis et avons souffert des ingérences étrangères à de nombreuses reprises", note Jia Qingguo, un professeur de relations internationales de l'Université de Pékin, tout en reconnaissant que la Chine allait devoir tenir compte de la tendance à la mondialisation des problèmes. Des concepts comme la globalisation ou l'interdépendance restent encore largement inconnus de la plupart des hauts dirigeants communistes, habitués à distinguer entre pays "amis" (Russie, Pakistan, pays du Tiers monde en général) et "ennemis" (occidentaux, Japon, Inde), en se référant à une conception étroite des intérêts chinois. C'est ainsi que les efforts faits par la Chine pour devenir un membre responsable de la communauté internationale sur des sujets tels que la prolifération des armements ou les droits de l'homme ont souvent été liés à l'évolution des relations sino-américaines. La Chine a toutefois adopté récemment une attitude plus positive sur la question du Timor oriental, soulignant qu'elle respecterait le
    résultat du vote en faveur de l'indépendance de l'ex-colonie portugaise annexée par l'Indonésie en 1976. Elle a également décidé d'y envoyer un contingent de policiers, dans le cadre d'une opération approuvée par l'ONU, une initiative exceptionnelle de la Chine qui jusqu'à présent n'avait fait de même que pour le Cambodge. Depuis l'éclatement de l'URSS et la fin de la guerre froide, Pékin voit l'ONU comme le seul moyen de développer un monde multipolaire et faire contrepoids aux Etats-Unis, la dernière superpuissance.

    Chine: un cinquantenaire grandiose mais sous haute surveillance (AFP, 23/9/99)
    Le régime chinois s'apprête à célébrer 50 ans de communisme par des cérémonies grandioses visant à donner de la Chine l'image d'un pays en phase de modernisation accélérée, en dépit d'un déploiement extraordinaire de mesures de sécurité.Après des mois de nettoyage et de travaux d'embellissement, la plantation de dizaines de milliers d'arbres et la multiplication de guirlandes et de néons multicolores le long des principales avenues, la capitale chinoise n'a plus qu'à attendre le bouquet final le 1er octobre. Les cérémonies comprendront un vaste défilé militaire et civil rassemblant plus de 100.000 personnes, qui passera devant la
    hiérarchie du régime rassemblée sur la porte Tiananmen, d'où Mao Tsé-toung proclama la République populaire en 1949. Le clou du spectacle sera une vaste démonstration de force de l'armée chinoise qui fera défiler des centaines de chars et de missiles pour la première fois depuis 15 ans, tandis que des avions de chasse sillonneront le ciel de Pékin. Les autorités ont également prévu un défilé civil, rassemblant une centaine de gigantesques chars de carnaval, tous censés représenter un thème cher au pouvoir, comme la politique de l'enfant unique, l'agriculture ou la conquête spatiale. "Le développement est une nécessité absolue", proclame en anglais l'un des chars, surmonté de dizaines de figurants. Mais pour des raisons de sécurité, seules quelque 400.000 personnes triées sur le volet pourront assister au spectacle, les autres devant se contenter des retransmissions télévisées. "Il sera impossible de circuler sans autorisation, nous ne pourrons plus utiliser nos bipeurs, je crois bien que je ne bougerai pas de
    chez moi", prévoit Wang, un homme d'une quarantaine d'années, qui traduit le ras-le-bol de nombreux Pékinois face aux
    commémorations. Pour faire place nette et assurer un maximum de solennité aux cérémonies, les autorités ont fait enlever tous les panneaux publicitaires ornant l'immense avenue Changan, qui traverse Pékin d'est en ouest, au grand dam des annonceurs étrangers qui attendent encore un dédommagement. Mais elles ont surtout procédé à un "nettoyage" généralisé des "indésirables", qu'il s'agisse des mendiants, des travailleurs migrants, voire même des malades mentaux, sans parler des opposants politiques traditionnels tels que les dissidents ou les séparatistes musulmans ouïgours, constamment sous surveillance pour avoir commis une série d'attentats au cours des dernières années. Les autorités ont annoncé un renforcement du contrôle des armes et des explosifs à Pékin à l'approche des festivités.  Des milliers de policiers en tenue seront déployés dans les rues, aidés par près de 500.000 volontaires civils arborant des brassards rouges. Mais le 50ème anniversaire, qui consacrera la prééminence du président Jiang Zemin sur la scène politique, comme le 35ème avait confirmé celle du patriarche Deng Xiaoping, devrait surtout être l'occasion pour la Chine d'impressionner le reste du monde. Les autorités ont accordé une large publicité à une série de grands projets évalués à 13 milliards de dollars, parmi lesquels la réfection complète de l'artère commerçante de Wangfujing, un nouveau terminal à l'aéroport à Pékin et un aéroport à Shanghai. Elles sont en revanche restées silencieuses sur le coût des cérémonies elles-mêmes. "C'est vraiment du gaspillage, alors que tant de gens sont au chômage", râle une fonctionnaire de 45 ans, qui vient pourtant de bénéficier d'une hausse de salaire de 30%, décidée pour amadouer la population juste avant le 1er octobre.
     


     


    Chine : le spectre des « sociétés secrètes » et de la subversion (Le Monde, 23/7/99)

    De tout temps, les Chinois ont éprouvé le besoin de se rassembler au sein d'organisations échappant au contrôle du pouvoir

    Le caractère loufoque des élucubrations mystiques inspirant les millions de membres de la secte Fa Lun Gong, ouvre du « grand maître » exilé Li Hongzhi, pourrait prêter à sourire ; et, accessoirement, le ton de panique du régime de Pékin devant l'émergence de ce phénomène pourrait susciter l'étonnement : comment un gouvernement communiste bientôt cinquantenaire, qui s'était vanté d'avoir éradiqué les superstitions « féodales » au profit d'un scientisme pesant, peut-il se sentir menacé par un « gourou » de quarante-huit ans au charlatanisme fumeux, qui affirme avoir eu la révélation de ses pouvoirs surnaturels quand, à l'âge de huit ans, le fait d'être devenu « invisible » lui permit de remporter haut la main des parties de cache-cache avec ses camarades de classe ? 

    Cet extraordinaire développement, survenant alors que la République populaire de Chine s'apprête à célébrer son demi-siècle d'existence, tient à deux faits essentiels : la place cruciale des « sociétés secrètes » dans l'histoire politique de la Chine et la conscience, plus aiguë qu'il n'y paraît, de la fragilité de son règne qu'a finalement acquise un parti qui se dit encore aujourd'hui « communiste », après avoir très largement procédé à la décommunisation du pays.

     Le comportement des adeptes de ce mouvement est en lui-même une forte indication de sa référence historique essentielle : les sociétés secrètes. Les observateurs ont été frappés, durant leurs apparitions publiques, par le degré d'organisation des membres du Fa Lun Gong, soudés par une véritable loi du silence. D'un petit geste, ils refusent de répondre aux questions, respectant à la lettre une apparente consigne de mutisme collectif. Dès qu'un curieux tente de capter une conversation, des responsables aux aguets font les causeurs étourdis.

    REFUGE

     De tout temps, les Chinois ont éprouvé le besoin de se rassembler au sein d'organisations échappant au contrôle du pouvoir, y trouvant souvent un refuge contre l'arbitraire d'Etat. Les « sociétés secrètes » font partie intégrante de la société chinoise depuis la fondation de l'empire il y a vingt-deux siècles. Alternativement, elles ont servi au Trône céleste de rouage supplétif de pouvoir, lui apportant leur forte implantation sociale, ou, pour la même raison, de levier organisationnel aux vagues de fond le jetant à bas, quand il avait perdu « le mandat céleste ». Ainsi s'en sont allés bien des monarques, voire des dynasties, rejetés par le peuple pour leur excès d'autocratie.

     Ce qui, en la circonstance, explique l'effroi qui vient de saisir les autorités chinoises à constater que des millions de Chinois communiaient, derrière d'anodines gesticulations de gymnastique, dans un discours de rigorisme moral qui n'est pas sans évoquer la « révolution culturelle » : dénonciation des valeurs matérielles, culte du sacrifice personnel, refus des logiques économiques, réfutation de la science (médicale en particulier : Li Hongzhi incite ses fidèles à se priver de tout médicament)… De là à soupçonner qu'il nourrissait en son sein un parti virtuel d'opposition et à tenter de l'arracher à ses propres entrailles, le gouvernement chinois a eu l'impression de n'avoir que trop hésité depuis trois mois. A plusieurs reprises, les membres du Fan Lun Gong sont allés jusqu'à occuper des locaux d'organes gouvernementaux pour contraindre les autorités à les reconnaître. En outre, de discrets contacts avaient été pris auprès de la secte par des membres de l'opposition politique, interdite en dépit du fait que celle-ci se réclame, elle, de la démocratie à l'occidentale. De quoi convaincre les maîtres de Pékin que ce crypto-taoïsme de pacotille était bel et bien une hydre au moins aussi dangereuse que, voici dix ans, l'insurrection pacifique de Tiananmen.


     
    La veste "Zhong Shan Zouan" (la veste Mao) 
    (extraits du site http://www.misschina.tm.fr/concept/mao.html)

    Elle est née de l'uniforme des officiers européens venus en Asie à la fin du XIXe siècle. Porteuse d'une symbolique particulière, elle est reconnue comme costume officiel chinois sous le nom de Zhong Shan Zouan en 1929 et devient l'emblème de tout un peuple lors de la révolution culturelle, dés 1965.
    Elle devient officielle à partir de 1929, en mémoire de Sun Yat-Sen, le révolutionnaire démocratique de 1911.
    Elle est l'uniforme sans décorations des hauts fonctionnaires de l'état.
    Mao Zedong proclame, le 1er octobre 1949, la République Populaire de Chine. A partir de cette date, il ne quittera plus son uniforme de la "longue marche". Pourquoi le choix de cette veste s'impose-t-il ? Est-ce pour le pouvoir qu'elle représente ou pour son coté pratique ?
    Pendant sept années, cette même veste symbolisera en Chine la révolution culturelle, le refus du pouvoir passé.
    En mai 68, l'Occident découvre "la veste Mao" et, avec elle, toute la symbolique de la dictature du prolétariat. Les bleus de chauffe, à boutons boules, "Made in China", apparaissent et ça déteint pendant les manifs... L'image de Mao se confond avec la veste des révolutionnaires, la veste des travailleurs, la veste des paysans, la veste de millions de chinois.
     
    Symbolique chinoise de la veste Mao
  • Cinq boutons représentent cinq tâches administratives fondamentales :

  • - la fonction exécutive
    - la fonction législative
    - la fonction judiciaire
    - les pouvoirs d'examen
    - les pouvoirs de contrôle
     
  • Quatre poches représentant les 4 vertues :

  • - la politesse
    - la fidélité
    - l'honnêteté
    - la pudeur
     
  • Trois boutons sur la manche représentent les trois principes du peuple :

  • - le nationalisme
    - la démocratie
    - le socialisme
     
  • Col rond avec pied de col