Economie, Industrie,
R&D
Augmentation de la population nord-coréenne malgré
la disette (AP, 27/1/02)
Malgré une disette persistante, la population de la Corée
du Nord a augmenté de 1,9% entre 1999 et 2001, passant à
22,3 millions d'habitants, selon une estimation du Programme alimentaire
mondial (PAM) rendue publique dimanche à Séoul en Corée
du Sud.
C'est la première fois que la population de la République
populaire démocratique de Corée augmente dans la période
récente. La famine et des maladies liées à la malnutrition
ont fait un nombre indéterminé dans ce pays au milieu des
années 90. Le chiffre de deux millions de morts a été
avancé.
Le PAM fonde son estimation sur les informations fournies par Pyongyang.
Les Nations unies estiment que la Corée du Nord risque de devoir
affronter une nouvelle année de disette en 2002 en raison de la
persistance d'un déficit alimentaire estimé à 1,47
million de tonnes de vivres.
Sur Internet :
- ONU (questions humanitaires) : www.reliefweb.int
- PAM : www.wfp.org
Relations internationales
En Chine, les "migrants de la faim" nord-coréens sont traités
comme des criminels (Le Monde, 4/8/2001)
Jusqu'à présent, les réfugiés fuyant la
famine en Corée du Nord et passés en Chine en traversant
les
fleuves Yalu ou Tumen, qui séparent les deux pays, n'étaient
pas désignés comme tels dans les documents de la police chinoise
: c'était des "immigrants illégaux"dont la nationalité
n'était pas précisée. Désormais, sur les murs
des villes de la région frontalière de Yanbian, sont apparues
des affiches appelant la population à coopérer à la
campagne nationale d'éradication de la criminalité dont certaines
désignent, parmi les criminels, les "migrants de la faim" nord-coréens
: "Si vous cachez un Coréen du Nord, vous serez puni", pouvait-on
lire, début juillet, sur des affiches à Longjing (ville située
entre Yanji, la capitale régionale, et la frontière), rapporte
un volontaire de Médecins sans frontières (MSF) qui revient
de la région.
CHASSE AUX RÉFUGIÉS
"Chaque policier a le devoir d'attraper au moins un Nord-Coréen
: si ce n'est pas le cas, il perd ses primes", poursuit-il. Les policiers
locaux, qui fermaient souvent les yeux sur les réfugiés,
étant parfois eux-mêmes d'origine coréenne (Yanbian
compte une forte minorité ethnique d'habitants ayant fui la péninsule
pendant l'occupation japonaise, de 1910 à 1945), ne peuvent plus
faire preuve de la même indulgence : depuis l'incident de la famille
nord-coréenne qui s'est réfugiée, fin juin, au siège
du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés
(HCR) à Pékin, avant d'être finalement autorisée
à gagner la Corée du Sud, ce sont les autorités centrales,
courroucées par cette embarrassante affaire, qui ont pris la situation
en main à Yanbian, précise le volontaire de MSF.
Largement ignoré de la communauté internationale comme
du HCR, qui se retranche derrière la souveraineté de l'Etat
chinois - pour lequel les migrants de la faim ne sont que des "immigrants
illégaux", passibles comme tels de rapatriement - pour ne rien faire,
le sort tragique de ces réfugiés nord-coréens (plusieurs
dizaines de milliers chaque année) en quête de nourriture
a empiré au cours des dernières semaines.
Médecins sans frontières vient d'exprimer sa " grave
préoccupation concernant ces rapatriements forcés et l'impossibilité
pour les organisations humanitaires d'avoir accès à des populations
qui ont besoin d'assistance et de protection".
Selon des témoignages concordants, les réfugiés
rapatriés sont passibles d'une peine allant du simple interrogatoire
à de la prison, voire une exécution selon leurs antécédents.
Les peines les plus sévères frappent ceux qui ont été
en contact en Chine avec des Coréens du Sud et des chrétiens.
Selon des témoignages recueillis par MSF dans une ville frontière
chinoise, une cinquantaine de migrants de la faim sont rapatriés
chaque jour, " entassés dans des camions comme du bétail".
Certains sont battus sévèrement, raconte un chauffeur de
taxi de Tumen, autre ville frontière. Les contrôles d'identité
sur les routes ou dans les rues ainsi que les perquisitions à domicile
se sont multipliés.
Dans ce climat de chasse aux réfugiés, les organisations
humanitaires - essentiellement sud-coréennes ou américano-coréennes,
et en majorité chrétiennes - qui travaillent le long de la
frontière ont de plus en plus de difficultés à venir
en aide aux réfugiés. Les chancelleries étrangères
à Pékin restent d'une extrême prudence. La Corée
du Sud connaît l'ampleur du problème mais veut éviter
un afflux de réfugiés chez elle et maintenir le dialogue
avec la Chine ; l'Union européenne, qui vient de reconnaître
le régime de Pyongyang, est divisée et se contente de ressasser
la rhétorique des droits de l'homme sans agir. Quant aux Américains,
ils ont d'autres fers au feu avec Pyongyang.
LE PRIX DE LA FUITE
Il y a quelque temps, on pouvait se trouver devant un dilemme : des
pressions internationales sur la Chine risquaient de cabrer Pékin
et de compromettre l'assistance discrète fournie par les organisations
humanitaires du côté chinois de la frontière. Pour
aider les dizaines de milliers de réfugiés, il valait mieux
fermer les yeux sur le drame de ceux qui étaient rapatriés.
Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. De part et d'autre de la frontière
sino-nord-coréenne, c'est la répression : les Chinois, qui
minimisent le nombre des réfugiés et le sort qui les attend,
rapatrient à tour de bras ; les Coréens du Nord font payer
à leurs "traîtres" le prix de leur fuite, et les organisations
humanitaires sont quasiment paralysées par l'action policière
: les plus petits réseaux, en particulier, sont écrasés
d'amendes lorsqu'ils sont pris en "flagrant délit" d'assistance
aux migrants de la faim. Un faisceau de facteurs qui rendent encore plus
précaire le sort de ceux qui, en dépit de la répression,
continuent à passer en Chine la faim au ventre.
La longue équipée ferroviaire, à la manière
stalinienne, de Kim Jong-il à travers la Sibérie (Le
Monde, 4/8/2001)
Le chef de la Corée du Nord, Kim Jong-il, est arrivé
vendredi 3 août à Moscou, au terme d'un périple
ferroviaire de neuf jours depuis son pays à travers la Sibérie.
Fidèle à son style de gouvernement ancré dans les
anciennes manières du bloc soviétique, il n'est pratiquement
pas descendu de son train blindé spécial, sinon pour visiter
une usine de chars à Omsk. Il cherche à obtenir une aide
économique pour son pays.
Après un périple de neuf jours en train à travers
la Russie, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il est arrivé
vendredi 3 août à Moscou, où il devait avoir, samedi,
ses premiers entretiens avec le président Vladimir Poutine. L'assistance
économique de la Russie à un régime qui fut longtemps
soutenu par l'URSS ainsi que la fourniture d'armements seront les principaux
thèmes des entretiens.
Le "Cher Leader" est logé au Kremlin, loin de son ambassade,
où ont lieu des manifestations de défenseurs des droits de
l'homme. Pas plus la durée de son séjour que les détails
de sa visite n'ont été annoncés. Il doit se rendre
à Saint-Pétersbourg dimanche.
L'arrivée de Kim Jong-il à Moscou n'a pas été
présentée à la télévision, et la presse
occidentale a été bannie des événements auxquels
participera le dirigeant nord-coréen, à la demande expresse
de Pyongyang. Quant aux journalistes russes accrédités, ils
sont tenus à distance par les services de sécurité.
Comme l'a relevé un opposant russe, Sergueï Ivanenko, cité
par l'AFP, ce voyage en train blindé, entouré du plus grand
secret et protégé par un dispositif de sécurité
impressionnant, "a quelque chose des vieux films sur Staline".
Au cours de son périple, Kim Jong-il n'est pratiquement pas
descendu de son train de 21 wagons gris-vert, spécialement construit
au Japon, dans lequel il voyage en compagnie d'une suite de 150 officiels
et membres des services de sécurité.
A l'exception d'une escale à Omsk, où il est resté
deux jours et a visité une usine de chars T-80 et une fabrique de
charcuterie, et d'une autre, plus brève, pour qu'il puisse tremper
la main dans l'eau du lac Baïkal, Kim Jong-il n'a fait aucune apparition.
Pas même pour saluer, à Novossibirsk, la veuve d'un paysan
qui aurait sauvé la vie de son père Kim Il-sung, il y a quarante-huit
ans : la pauvre femme, qui attendait sous la pluie, n'a pas été
invitée à bord. Elle a reçu simplement une valise
de cadeaux d'un membre du protocole.
Entourée d'une manie du secret d'un autre âge, la visite
de Kim Jong-il à Moscou a néanmoins une visée évidente
: obtenir de la Russie une assistance économique dont la République
populaire démocratique de Corée (RPDC) a un impérieux
besoin. Il paraît peu vraisemblable que Moscou accepte de vendre
des armes à la RPDC, qui serait d'ailleurs bien en peine de les
payer : elle n'a pas de devises et doit déjà 5,5 milliards
de dollars à la Russie. Ce n'est pas la fourniture d'une main-d'œuvre
corvéable à merci, qui travaille dans des camps d'exploitation
forestière en Sibérie orientale, qui va réduire rapidement
cette dette. Le travail fourni est évalué à 50 millions
de dollars par an. A ce rythme, il faudra des décennies pour rembourser
les 5,5 milliards...
La Russie pourrait en revanche construire une centrale nucléaire,
non loin de la frontière nord-coréenne, destinée à
lui fournir de l'énergie. Toute la question est de savoir ce que
Pyongyang peut donner en échange. Ce que Moscou attend d'un renforcement
des liens avec Pyongyang semble plus clair : un levier dans le jeu géostratégique
en Asie du Nord-Est.
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