Timor Oriental - Actualités 2000
Timor oriental: deuxième réunion des pays donateurs (AFP, 20/6/2000)
Les pays donateurs vont se réunir du 21 au 23 juin à Lisbonne pour examiner l'avancement de la reconstruction du Timor oriental, cinq mois après avoir octroyé 520 millions de dollars lors de la conférence de Tokyo organisée par les Nations-Unies et la Banque mondiale.
 Klaus Rohland, responsable de la Banque mondiale pour l'Asie et le Pacifique, qui dirige la délégation à la conférence de Lisbonne, a déclaré à l'agence Lusa que cette réunion devrait permettre d'examiner le chemin parcouru depuis l'engagement des pays donateurs à Tokyo. "Ce n'est pas le moment de demander plus d'argent aux donateurs mais de leur dire ce que nous avons fait, comment nous l'avons fait", a-t-il ajouté.
 Une trentaine de pays et une vingtaine d'organisations internationales avaient promis leur aide à l'ancienne colonie portugaise annexée en 1976 par l'Indonésie et dont la population s'est prononcée le 30 août 1999 massivement en faveur de l'indépendance.
 Il s'agissait, comme l'a fait remarquer le responsable de l'Administration transitoire des Nations Unies pour le Timor oriental (UNTAET), Sergio Vieira de Mello, de trouver "urgemment un soutien fort" de la communauté internationale pour un territoire qui se trouvait dans un "état désastreux". Les crimes et les exactions commis par les milices pro-intégration soutenues par l'armée indonésienne avaient abouti à la quasi destruction de la plupart des villes du territoire.

 Deux fonds spéciaux ont été créés après la conférence de Tokyo. L'un géré par la Banque mondiale devrait financer les infrastructures, programmes agricoles, de santé, d'éducation. L'autre géré par l'UNTAET et par les responsables timorais devrait mettre en place une administration là où, selon Sergio Vieira de Mello, "il n'y avait pas de police, pas de juges, pas de système bancaire, pas d'organisation fiscale, pas de monnaie officielle et pas même de langue officielle".
 Le Japon, qui a accueilli la première conférence de pays donateurs, a tenu à être le premier contributeur, avec un montant de 100 millions de dollars sur trois ans, compensant ainsi son absence de la force internationale déployée dans le territoire, en raison de sa Constitution qui limite tout déploiement de troupes à l'étranger.
 Le Portugal a annoncé la semaine dernière qu'il allait doubler son aide au processus de reconstruction en accordant un montant de 100 millions de dollars contre 55 millions de dollars octroyés à la conférence de Tokyo.
 "Le Portugal a déjà fait parvenir à Timor les 55 millions de dollars promis lors de la première réunion", a affirmé le ministre portugais de Affaires étrangères Jaime Gama qui, accompagné de ses homologues de l'Union européenne, a reçu mercredi dernier l'administrateur de l'ONU au Timor oriental lors de leur dernière réunion au Luxembourg.
 Jaime Gama, qui offre mercredi un dîner officiel aux participants à la conférence de Lisbonne, a souligné "l'engagement très fort" de la communauté internationale qui s'est traduit à Tokyo par un montant de 150 millions de dollars en faveur du territoire qui attend son indépendance complète dans trois ans.
 Le président du Conseil national de la résistance timoraise (CNRT), Xanana Gusmao, père de l'indépendance timoraise est attendu à Lisbonne où il participera à la conférence des pays donateurs. Il sera mercredi l'hôte à déjeuner du Premier ministre Antonio Guterres qui recevra également dans l'après-midi l'administrateur provisoire de l'ONU, Sergio Vieira de Mello.

Fracassante démission d'un haut responsable de l'ONU au Timor oriental (AFP, 13/3/2000)
JAKARTA, 13 mars (AFP) - Un haut responsable de l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (UNTAET), M. Jarat Chopra, a démissionné pour manifester son désaccord avec la politique suivie par les Nations unies dans l'ancienne colonie portugaise libérée l'année dernière de l'occupation indonésienne.
 M. Chopra, ressortissant britannique, a déclaré lundi à l'AFP avoir quitté son poste de Directeur de l'administration locale car il estimait ne plus pouvoir remplir sa mission en raison, selon lui, des rêves d'empire bureaucratique de l'UNTAET (Administration transitoire des Nations Unies pour le Timor oriental).
 Pour M. Chopra, qui assure que de nombreux autres fonctionnaires de l'ONU partagent les mêmes sentiments, l'UNTAET a perdu le contact et la confiance des Est-Timorais et ne s'est pas réveillée à temps pour faire face aux problèmes cruciaux.
 Fixer une date pour l'indépendance du Timor oriental est la seule possibilité d'éviter l'échec de la mission de l'ONU dans l'ancienne colonie portugaise, a-t-il estimé.
 "Les sourires qui ont accueilli les troupes qui ont rétabli la paix sont en train de virer au ressentiment", a-t-il déclaré de Dili, interrogé par téléphone depuis Jakarta.
 M. Chopra a également accusé certains responsables d'utiliser des "méthodes staliniennes" et de chercher à saboter les programmes de développement locaux visant à permettre aux Est-timorais de prendre eux-mêmes en charge leur existence.
 M. Chopra, qui est spécialisé dans les questions liées aux opérations de maintien de la paix, a mis au point un modèle de développement du Timor oriental basé sur la population au niveau du district.
 Le Timor oriental, ancienne colonie portugaise, a été occupé pendant presque 25 ans par l'armée indonésienne qui l'a systématiquement détruit et en a chassé la population avant de s'en retirer après la victoire des partisans de l'indépendance lors d'un vote organisé par l'ONU.
 Six mois après le rétablissement de l'ordre par la Force internationale conduite par l'Australie, une grande partie de la population est rentrée dans le territoire dévasté, mais la reconstruction piétine malgré les promesses financières de la communauté internationale.
 Dans sa lettre de démission datée du 6 mars, M. Chopra écrit que "sans calendrier établissant méthodiquement les étapes d'un transfert du pouvoir, la mission (des Nations Unies) va dériver, organisera des élections pour se trouver une porte de sortie et s'en ira en laissant les Timorais sans véritable possibilité de bâtir" leur pays.
 "Nous n'aurons fait ainsi que répéter pendant quelques mois ce que les colonisateurs avaient fait durant des décennies", ajoute-t-il.
 M. Chopra explique qu'il avait prévu de rester deux ou trois ans au Timor oriental mais qu'il s'est retrouvé dans l'impossibilité de travailler après s'être victorieusement opposé "aux bureaucrates haut placés" qui ont essayé de bloquer le financement de la Banque Mondiale destiné aux communautés locales.
 Bureau, téléphone, ordinateur et voiture m'ont été retirés, a-t-il ajouté, qualifiant ces mesure de "dépersonnalisation punitive de type stalinien".
 La bataille sur le financement des communuatés locales a été gagnée, a poursuivi M. Chopra, mais le prix est énorme et la Banque Mondiale comme les Est-timorais, notamment le Conseil National de la résistance, sont désormais amers et hostiles.

Timor oriental: retour des réfugiés en grand nombre (Reuters, 15/3/2000)
NATIONS UNIES (Reuters) - Plus de 1.000 ressortissants du Timor oriental, dont un grand nombre d'opposants à l'indépendance, ont quitté leurs camps au cours du plus important exode depuis octobre.
Les Timorais avaient dû fuir sous le coup d'une évacuation forcée organisée par la milice et ses alliés de l'armée indonésienne à l'issue du scrutin organisé le 30 août par l'Onu, dans lequel une écrasante majorité d'entre eux avait voté pour l'indépendance vis-à-vis de l'Indonésie.
Fred Eckhard, principal porte-parole de l'Onu, a déclaré au bureau du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l'Onu, que plus de 150.000 des 250.000 habitants du Timor oriental étaient retournés chez eux, 100.000 demeurant encore dans les camps.
Les départs observés jeudi des camps de Tuapukan, Noelbaki et Naimbonair sont les plus importants depuis octobre, précise l'UNHCR.
Dans l'ancien territoire portugais désormais sous administration de l'Onu, un premier plein bateau de 450 personnes est parti pour Dili, la capitale du Timor oriental, avec 20 anciens soldats de l'armée indonésienne à son bord.
Le reste vient d'Ailieu, un bastion des combattants indépendantistes au sud de Dili, et ils attendent des assurances de sécurité des responsables politiques du Timor oriental et les forces de l'Onu stationnent sur le territoire.
Le HCR estime qu'environ la moitié des 100.000 réfugiés encore au Timor oriental veulent quitter les camps sordides, contrôlés par la milice qui avait fui à l'ouest lorsque les troupes australiennes étaient arrivées à la mi-septembre pour arrêter la violence perpétrées par cette milice.
Le gouvernement indonésien a donné aux réfugiés jusqu'au 20 avril pour choisir de retourner au Timor oriental ou se rendre ailleurs, une décision que des responsables du HCR ont qualifié d'inacceptable tant que les Timorais sont détenus par la milice pro-indonésienne.
Le secrétaire général de l'Onu Kofi Annan avait reçu le mois dernier des assurances à Djakarta de la part du nouveau gouvernement indonésien sur un départ de la milice des camps.
Mais jusqu'à cette semaine, le nombre de réfugiés s'était réduit quasiment à néant, ce qui embarrassait les Nations unies, qui accompagne le territoire sur le chemin de l'indépendance au cours d'une période de deux ans.
Le Timor oriental compte quelque 850.000 habitants, dont près de la moitié étaient enregistrés sur les listes électorales du scrutin du 30 août.

Protestations et quelques acclamations pour le président Wahid (AFP, 29/2/2000)
Des manifestations de protestations, mais aussi quelques acclamations, ont marqué la brève visite effectuée par le président de l'Indonésie Abdurrahman Wahid mardi à Dili, la capitale du Timor oriental en marche vers l'indépendance après 25 ans d'occupation indonésienne.L'imposant déploiement des soldats des Nations Unies -qui à une occasion au moins ont du tirer des coups de feu en l'air pour faire reculer des manifestants hostiles- a cependant évité tout incident sérieux lors de cette visite hautement symbolique qui aura duré à peine trois heures.Déposant deux gerbes, l'une au cimetière de Santa Cruz théâtre d'une sanglante tuerie de manifestants est-timorais par les soldats de Jakarta, l'autre au cimetière militaire indonésien voisin, le président Wahid a présenté ses excuses aux morts et aux familles des deux camps. "Ils ont été les victimes de circonstances que nous n'avions pas voules", a expliqué M. Wahid, le premier chef de l'Etat indonésien élu par un processus démocratique. L'Indonésie a militairement envahi en 1975 l'ancienne colonie portugaise et l'a formellement annexée l'année suivante mais n'est jamais parvenue à la contrôler malgré une brutale répression qui a coûté la vie à plus de 200.000 est-timorais......
Sans tenir compte d'un groupe d'environ 200 manifestants hostiles, M. Wahid s'est aussi brièvement adressé à environ 4.000
personnes réunies devant le palais du Gouverneur pour leur rappeler qu'il y avait "beaucoup en commun entre les deux pays".
Xanana Gusmao, le président du Conseil national de la résistance, a essayé d'entraîner la foule à acclamer M. Wahid affirmant que le passé devait être oublié et de nouvelles relations établies. "La normalisation entre l'Indonésie et le Timor oriental doit intervenir aussi vite que possible" a délaré le président Wahid soulignant qu'il fallait pour ce faire "créer une atmopshère de respect mutuel". "Beaucoup peut être fait", a-t-il encore dit remarquant "et pas seulement en termes d'argent car nous sommes pauvres l'un et l'autre". Le président Wahid a également inauguré ce qui sera le siège du bureau de liaison de l'Indonésie avec l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (UNTAET) et, ultérieurement l'ambassade de Jakarta.
Le choix du bâtiment par les autorités indonésiennes a cependant surpris et irrité: il s'agit en effet de l'immeuble fortifié, l'un des
rares bâtiments à ne pas avoir été détruit, qui abritait les services de renseignements indonésiens et que les organisations
est-timoraises de défense des droits de l'Homme voulaient transformer en musée à la mémoire des torturés et disparus.
Avant de rentrer à Jakarta, le président Wahid a fait escale à Kupang, la principale localité de la partie indonésienne de l'île de Timor où il devait visiter un des camps abritant des déplacés du Timor oriental. Plus de 100.000 Est-timorais, selon les chiffres de sources officielles indonésiennes, se trouvent toujours dans des camps en Indonésie, notamment dans la partie ouest de l'île de Timor qui sont toujours pour la plupart sous le contrôle des miliciens anti-indépendantistes. Malgré ses engagements devant la communauté internationale, le gouvernement de Jakarta n'a toujours pas en effet désarmé et mis hors d'état de nuire ces milices qui empêchent les réfugiés qui le souhaitent de rentrer chez eux et contrôlent l'accès des représentants des organisations humanitaires internationales.

L'ONU implique l'armée indonésienne dans les exactions au Timor (AP, 31/1/2000)
Les enquêteurs de l'ONU sur les violations des droits de l'homme au Timor-Oriental ont rendu un rapport lundi dans lequel ils impliquent le haut commandement de l'armée indonésienne et les milices qu'il contrôlait dans la campagne de terreur qui a ensanglanté l'ancienne province portugaise après l'écrasante victoire du ``oui'' au référendum d'autodétermination l'an dernier. Dans un rapport accusateur, la commission d'enquête sur le Timor-Oriental recommande la mise sur pied d'un tribunal international
pour juger les militaires indonésiens, au premier rang desquels le général Wiranto, à l'époque considéré comme l'homme fort du
régime et, de ce fait, éventuellement responsable de crimes contre l'humanité dans le territoire. A l'annonce de ces accusations, le président indonésien Abdurrahman Wahid a dit qu'il n'excluait pas de demander au général Wiranto de démissionner de son poste de ministre chargé des affaires de sécurité. ``J'ai la conviction que nous devons appliquer les droits de l'homme'', a déclaré M. Wahid lundi au Forum économique de Davos en Suisse. En revanche, il a rejeté catégoriquement l'idée d'un tribunal international en soulignant dans une lettre aux Nations unies que le système judiciaire de l'Indonésie était en mesure de poursuivre les responsables des exactions. A l'inverse, le prix Nobel de la paix timorais José Ramos-Horta a estimé lundi à Singapour que le général Wiranto devait être jugé par une cour internationale. 

Première en Indonésie: l'armée appelée à rendre des comptes (AFP, 1/2/2000)
L'armée indonésienne, souvent présentée comme l'institution la plus solide du pays et l'ultime garant de son intégrité, se retrouve, pour la première fois dans l'histoire de l'Indonésie, au banc des accusés, appelée à rendre des comptes et assumer sa responsabilité dans la destruction et la mise à sac du Timor oriental. "Pour la première fois, le principe de l'impunité de l'institution militaire et des officiers de haut rang qui n'ont traditionnellement pas de compte à rendre, et surtout pas à la justice civile, a volé en éclat", commentait mardi un diplomate occidental suivant les affaires militaires en Indonésie.
"Même si le processus s'enlise, un tabou a été brisé et la notion de responsabilité des officiers affirmée", a-t-il ajouté.
Une commission d'enquête officielle indonésienne sur les atrocités commises au Timor oriental a recommandé l'ouverture de
poursuites judiciaires contre, notamment, une brochette de généraux, dont le général Wiranto, commandant-en-chef de l'armée au
moment des faits, actuellement ministre de la Sécurité et des Affaires politiques. Cette mise en cause directe intervient alors que la capitale indonésienne ne cesse de bruire de rumeurs sur l'éventualité d'un coup de force de l'armée dont la position privilégiée dans la vie politique et économique se trouve menacée par le président Abdurrahman Wahid, le premier chef d'Etat indonésien élu démocratiquement. M. Wahid, qui au cours de ces dernières semaines a exigé et obtenu des changements de titulaires de quelques uns des postes-clés de la hiérarchie militaire, a lui-même écarté la menace d'un coup de force à son encontre.
"Je pars l'esprit libre" a-t-il ainsi déclaré la semaine dernière avant de s'envoler pour une tournée de plus de deux semaines à
l'étranger affirmant que seul 10 pc des officiers ne lui étaient pas loyaux.
"Et il ne sont ni soutenus ni écoutés par leurs subordonnés", a ajouté le président Wahid qui, fort de l'appui de la communauté
internationale et notamment de Washington pour imposer un contrôle civil sur l'armée, a, de Suisse, appellé lundi le général Wiranto à démissionner du cabinet. Les premiers commentaires des hommes politiques indonésiens et de la presse sont en général favorables mais sans illusion, à l'image du Jakarta Post qui rélève que "probablement" la procédure, comme à l'accoutumée en Indonésie, s'enlisera dans des détails de procédure et n'aboutira à rien. Le premier commentaire du général Wiranto mardi a d'ailleurs été pour protester contre la publication du rapport de la commission, selon lui, "contraire à la loi". La perspective d'un tel procès, devant une cour spéciale chargée de juger les violations des droits de l'Homme qui n'existe pas
encore, constitue également un défi pour la justice indonésienne couramment accusée d'incompétence et de complaisance voire de corruption. "Le nombre de cas de violation des droits de l'Homme non résolus, écrit ainsi The Jakarta Post, nous pousse à nous interroger sur la possibilité et la capacité du gouvernement et du système légal à rendre justice". Parmi ces cas, pédiodiquement et vainement à ce jour évoqués par les organisations de défense de droits de l'Homme, figurent notamment le rôle de l'armée dans les enlèvements suivis de disparitions d'opposants politiques, les tirs contre les manifestants dans le centre de Jakarta ou les viols de masse de plusieurs dizaines d'Indonésiennes d'origine chinoise en avril 1998 à Jakarta peu avant la chute du président Suharto.

Wiranto cité dans une enquête Indonésienne sur le Timor (Reuters, 31/1/00)
L'ancien général indonésien Wiranto figure sur une liste d'officiers qui doivent faire l'objet d'un complément d'enquête sur les violences de l'an dernier au Timor oriental, a indiqué le secrétaire d'une commission d'enquête indonésienne. Asmara Nababan a précisé qu'une centaine de noms figuraient sur la liste qui sera remise au procureur général Marzuki Darusman. Les conclusions de l'enquête doivent être dévoilées dans le courant de la journée de lundi.  La semaine dernière, le président Abdurrahman Wahid a signé un décret mettant à la retraite, à compter du 31 mars, le général Wiranto et trois autres officiers faisant partie du gouvernement. Wiranto a démenti dans le passé avoir encouragé les violences au Timor oriental où des centaines de personnes ont été tuées par des milices pro-Djakarta, soutenues par l'armée, à la suite d'un référendum favorable à l'indépendance, en août dernier. 

Encore 150.000 Est-Timorais dans les camps du Timor occidental (AFP, 29/1/00)
Encore plus de 150.000 Est-Timorais, presque la moitié de tous ceux déplacés souvent sous la menace et la contrainte en moins de quinze jours en septembre dernier lors de la mise à sac du Timor oriental par l'armée indonésienne, sont toujours, quatre mois après, entassés dans des camps sur la partie ouest de l'île de Timor appartenant à l'Indonésie. "La sécurité s'est améliorée dans les deux derniers mois mais il ne faut pas se faire d'illusions, elle reste très fragile", souligne Graig Sanders, le chef du bureau du Haut commissariat de l'ONU pour les Réfugiés (HCR) de Kupang, le chef lieu du Timor occidental. La situation reste précaire : deux journalistes du Sunday Telegraph, l'hebdomadaire britannique, ont ainsi été mardi dernier attaqués et battus par des miliciens pro-indonésiens dans le camp de Nual Baki, à une demi-heure de Kupang. Ils n'ont dû leur salut qu'à l'intervention de l'équipe du HCR sur place. L'incident a cependant contraint le HCR à suspendre ses opérations et à retirer pendant trois jours son personnel du camp. "Nous patinons sur une glace très fine et une erreur ne pardonne pas", commente M. Sanders, à Kupang depuis le début des opérations de rapatriement. "A l'époque, ce que nous faisions, c'était littéralement des extractions entre les déplacés qui nous suppliaient de les emmener et les miliciens qui nous menaçaient. Ce n'est plus ce que nous faisons, enfin sauf de temps en temps quand tout recommence", ajoute-t-il.
Depuis le début des opérations de rapatriement en octobre, plus de 133.000 personnes sont rentrées au Timor oriental dont près de 70% grâce au HCR et le reste spontanément. Selon les estimations des autorités indonésiennes 277.000 Est-Timorais avaient été déplacés au Timor occidental. Il en resterait donc près de 150.000 dans les camps, un chiffre jugé cependant très élevé par le HCR, qui souhaiterait qu'il puisse être procédé à un enregistrement des personnes déplacées. Parmi celles-ci, estime M. Sanders, environ 50.000, soit 10.000 familles, souvent de militaires ou de policiers, ne veulent pas rentrer au Timor oriental et souhaitent s'installer en Indonésie. Un autre tiers voudrait rentrer immédiatement mais en est empêché par des menaces directes ou indirectes. Quant au dernier tiers, il hésite et n'a pas encore pris de décision. M. Sanders, comme ses collègues à Dili, pense que beaucoup qui ont eu la possibilité de défricher et de planter du maïs, la denrée de base du Timor, attendent la récolte de mars, qui grâce à des pluies favorables s'annonce exceptionnelle, pour rentrer au Timor oriental après la moisson. Les chefs des milices pro-indonésiennes, qui à ce jour refusent obstinément le rameau d'olivier tendu par le Conseil national de la résistance timoraise, bloquent le retour des déplacés. Ils utilisent la présence de ces réfugiés en Indonésie, pour justifier leurs thèses anti-indépendantistes et conserver un moyen de pression, tant vis-à-vis de Djakarta que de la communauté internationale.
Cancio Carvalho, le chef de Mahidi, l'une des plus sanglantes milices, indiquait ainsi ouvertement début janvier qu'il avait toujours la possibilité de lâcher ses hommes et de faire connaître à Kupang le même sort que Dili, systématiquement dévastée et pillée. La présence qui perdure de dizaines de milliers de déplacés pose cependant des problèmes pour cette région, l'une des plus
pauvres de l'Indonésie, notamment des problèmes de cohabitation avec la population locale souvent envieuse de l'aide internationale distribuée dans les camps. Périodiquement également, il est fait état de l'apparition "d'agitateurs", de "provocateurs" s'efforçant de souffler sur les différences, notamment religieuses, et d'envenimer les relations entre les deux communautés. Et l'exemple des Moluques et de Lombok montre qu'en Indonésie, où le pouvoir central apparaît faible voire paralysé, il en faut peu
pour déclencher incendies et massacres.

Détérioration du climat social et politique (AFP, 28/1/00)
Le climat social et politique se détériore progressivement au Timor-Oriental où les Nations unies, quatre mois après leur arrivée en libérateurs, sont maintenant accusées de lenteur, voire d'inefficacité. Mgr Carlo Bello, l'évêque de Dili, évoque sa "désillusion", et Xanana Gusmao, la figure emblématique de la résistance est-timoraise, sa "frustration" sur fond de malaise social et de petite criminalité grandissante qui menacent de pourir l'union politique achevée dans la lutte contre l'occupation indonésienne. "La population se sent de plus en plus frustrée, la jeunesse est de moins en moins contrôlée", constatait cette semaine M.
Gusmao, le président du Conseil national de la résistance timoraise (CNRT) commentant une série d'incidents - pillages, règlements de comptes - intervenus les jours précédents dans la capitale timoraise. "Maintenir la loi et l'ordre est le premier défi", dit de son côté M. Bello qui souligne : "La désillusion s'accroit parmi la population car elle ne voit rien venir : elle ne peut pas reconstruire sa maison et elle n'a pas de perspectives de travail." Pour le prix Nobel de la paix 1996, "le monde entier a promis de l'argent, beaucoup d'argent, mais rien ne vient et le principal problème est la bureaucratie et l'inefficacité des Nations unies". Sergio Vieira de Mello, le chef de l'administration transitoire des Nations unies au Timor oriental (Untaet), écarte avec impatience
ces critiques, soulignant l'ampleur et la rapidité de l'intervention internationale pour reconstruire cette ancienne colonie portugaise
occupée pendant vingt-cinq ans, et que l'armée indonésienne a systématiquement détruite en se retirant en septembre dernier. 525 millions de dollars ont été promis pour la reconstruction du Timor oriental lors de la Conférence des donateurs à Tokyo en
décembre dernier mais les structures pour pouvoir faire usage de cette aide sont juste en train de se mettre en place. C'est seulement cette semaine que la devise officielle du territoire a été choisie - c'est le dollar américain et non l'escudo portugais -
et les bases et le cadre légal des institutions financières viennent juste d'être jetés.
Le manque de cadre est-timorais est tel, explique Jean-Christian Cady, le chef de l'administration publique de l'Untaet, que la seule manière de faire rapidement fonctionner le bureau central des paiements - la future Banque centrale - sera de lancer un appel d'offres auprès des établissements financiers internationaux. Près de 90 % de la population d'origine de Dili - soit presque 139.000 personnes, selon le dernier décompte des Nations unies - sont désormais rentrés dans la capitale dévastée et incendiée. Mais les habitants revenus n'ont rien pour relever les ruines et seuls 20 % d'entre eux bénéficient d'un moyen de subsistance, en général dépendant des Nations unies ou des organisations internationales. A trois reprises au moins cette semaine, des pillages ou mini-émeutes ont éclaté. Les cambriolages, les vols se multiplient, exaspérant la population. Les "Civpol", la police civile des Nations unies, est débordée. Ils sont un peu moins de 400 sur 1.600 prévus et, fait remarquer M. Cady, "une police qui ne parle pas la langue et ne connaît pas les coutumes des populations dont elle a la charge perd de son efficacité". Ces policiers - dont beaucoup sont originaires de pays d'Afrique de l'Ouest - ne se sentent pas toujours le coeur à sévir. "On ne peut pas être trop durs avec des gens qui ont faim et sont désespérés", commentait ainsi un gradé ghanéen en regardant s'enfuir un groupe de pillards qui venaient de dévaliser un entrepôt. "Ce sont des problèmes sociaux dûs essentiellement au chômage, il n'y a rien de politiquement motivé", affirme José Ramos-Horta, le porte-parole en exil de la résistance timoraise maintenant rentré à Dili. Mais Gusmao, en qui beaucoup voient le premier président du Timor oriental libre, ne cache pas son inquiétude. "Je n'ai pas complètement perdu l'espoir, confiait-il récemment à quelques journalistes, mais je suis frustré. Il n'y a pas de travail, rien ne se passe et tout ce que peut faire le CNRT c'est parler, expliquer."  Et au sein du CNRT, qui a fait son unité dans la lutte contre l'occupation indonésienne, des failles, suivant les anciens clivages politiques qui avaient amené le territoire au bord de la guerre civile lors du départ des Portugais en 1975, sont en train de réapparaître. "La compétition entre les partis timorais commence à se manifester sur le terrain", commente un responsable de l'Untaet. "Cela complique le travail des Nations unies et des organisations humanitaires auprès de la population et, ajoute-t-il, les conséquences pourraient être à terme catastrophiques."

La dépendance alimentaire de Timor-est devrait diminuer (AFP, 26/1/00)
Une récolte qui promet d'être record en mars devrait rendre le Timor oriental moins dépendant de l'aide alimentaire internationale. Selon des estimations recueillies à Dili auprès du Programme alimentaire mondial (PAM), la récolte de mars sera particulièrement
bonne en raison de conditions climatiques très favorables. Les semences de maïs, principale culture du petit territoire, ont été
effectuées dès le retour en décembre des Est-timorais. Le PAM qui assure le soutien logistique de l'ensemble des organisations humanitaires présentes dans le petit territoire dévasté, a ainsi ralenti depuis la mi-janvier sa distribution d'aide d'urgence au profit d'une aide ciblée géographiquement ou par secteur de population. Le PAM porte ses efforts, explique Lucielo Ramirez, responsable du programme de cette organisation, sur "les familles dirigées par une femme seule, les malades, les personnes âgées". Le PAM fournit aussi une aide alimentaire aux fonctionnaires, notamment aux enseignants qui reprennent peu à peu le travail. Le PAM dirige également les programmes "Food for work" (nourriture contre travail) où la population employée à des travaux d'intérêt commun est payée en nature. Cette décision, critiquée par le Conseil national de la résistance timoraise (CNRT), est loin de faire l'unanimité parmi les responsables des organisations humanitaires qui craignent des retombées politiques et sociales négatives, à un moment où la tension sociale s'accroît. Ainsi, à Dili, la capitale, les Est-timorais ont fait, début janvier, une semaine de grève pour protester contre des salaires jugés trop faibles.
"La décision du PAM est peut-être justifiée économiquement, commente, sous le couvert de l'anonymat, le responsable d'une
agence de l'ONU, mais c'est politiquement et socialement dangereux et devrait être reconsidéré". "C'est juste un ralentissement", explique Kerren Hedlund, responsable de l'information du PAM, qui ajoute cependant que "l'objectif reste l'arrêt des distributions générales". En effet, dit-elle, la "période d'urgence passée, il faut éviter de créer la dépendance de la population" par rapport à l'aide internationale. Cette dépendance "peut également compromettre la reprise de la production agricole locale qui risque de ne pas trouver preneur sur les marchés", selon elle. Entre l'arrivée, fin septembre, des organisations internationales sous la protection de la Force internationale pour le Timor oriental et la mi-janvier, un peu plus de 25.000 tonnes d'assistance alimentaire, essentiellement riz et maïs, ont été distribuées au Timor oriental, selon le PAM. 6.700 tonnes qui couvrent les besoins jusqu'en mars, début de la première récolte sont, par ailleurs, entreposées au Timor oriental, prêtes à être distribuées. La population déracinée, quand ce n'était pas conduite de force en bateaux et camions militaires en Indonésie, est en majorité revenue à l'exception d'un peu plus de 110.000 personnes toujours retenues dans des camps, essentiellement dans la partie indonésienne de l'île de Timor. Les statistiques disponibles à Dili indiquent ainsi qu'à la fin janvier la population générale du territoire approche les 780.000 (779.884) contre près de 890.000 (887.685) Est-timorais vivant dans le territoire avant sa destruction systématique à partir du début de septembre dernier.

L'Interfet va laisser la place aux Casques bleus (AFP, 24/1/00)
La force internationale pour le Timor oriental (Interfet) qui, emmenée par l'Australie, a rétabli l'ordre dans le territoire mis à sac par l'armée indonésienne et ses milices, se prépare à laisser la place aux Casques bleus. Ce changement, qui fait partie du processus de normalisation au Timor oriental, placé sous l'administration provisoire des Nations unies et qui commence le 1er février prochain, se traduira essentiellement par un changement de couleur des couvre-chefs des soldats et gradés. Les casques, chapeaux de brousse et autres bérets multicolores vont ainsi être progressivement unifiés par le bleu profond qui est la couleur des Nations unies, mais 70% des militaires qui l'arboreront sont déjà sur place au titre de l'Interfet. Le porte-parole des Casques bleus de la Force de maintien de la paix de l'administration transitoire des Nations unies au Timor oriental (Untaet), Manoel de Almeida e Silva, a précisé lundi, au cours d'une conférence de presse à Dili --principale ville du Timor oriental--, que la transition durerait jusqu'à la fin février.  Elle débutera par l'extrême est du territoire (confié aux détachements sud-coréens) pour gagner progressivement l'ouest et la frontière terrestre avec l'Indonésie, essentiellement du ressort des Australiens, Brésiliens et Néo-Zélandais. La mission des Casques bleus reste la même que celle de l'Interfet qui agissait sous mandat des Nations unies, mais sous la responsabilité opérationnelle complète de l'Australie qui en supportait d'ailleurs l'intégralité de la charge financière. M. Almeida n'a pu préciser si les Casques bleus auraient de nouvelles instructions, notamment en ce qui concerne "les règles
d'engagement" qui régissent l'ouverture du feu. Il a cependant souligné que la Mission se déroulait toujours au titre du Chapitre 7 de la Charte des Nations unies qui autorise explicitement le recours à la force. Le contingent des Casques bleus doit compter quelque 8.500 soldats parmi les nouveaux venus des détachements du Brésil, du Portugal, du Kenya et de Jordanie. L'affectation du bataillon jordanien à la garde d'Oucussi, une enclave est-timoraise dans la partie indonésienne de l'île du Timor et théâtre régulièrement d'incidents armés, a provoqué les protestations, en particulier de M. José Ramos Horta, l'un des chefs de la
résistance est-timoraise. Les objections de M. Horta s'inquiétant des liens qui, selon lui, existent entre la Jordanie et certains milieux militaires indonésiens extrémistes ont été balayés par Sergio Vieira de Mello, l'administrateur de l'ONU pour le Timor oriental, pour lequel il n'y a aucune raison de mettre en doute le professionnalisme des soldats jordaniens. Ceux-ci , a-t-il assuré, ont fait leurs preuves lors de précédentes missions des Nations unies. Une autre source de polémique est la taille du contingent. Certains trouvent l'effectif de 8.500 hommes trop important et trop coûteux pour la tâche à accomplir. Pour ces critiques, y compris des membres de l'Untaet ou même de l'Interfet, qui ne peuvent être cités, il aurait été souhaitable de concentrer un effectif plus réduit dans la zone frontalière et en revanche de déployer plus de policiers afin de faire respecter la loi et l'ordre. Ces mêmes critiques soulignent, par ailleurs, que, pour certains pays, participer à de telles missions est un moyen d'obtenir des devises, mais que les soldats fournis n'ont souvent ni l'entraînement ni l'équipement nécessaires. Tandis qu'un responsable civil de l'ONU s'étonnait récemment devant l'AFP d'avoir découvert que le chef d'un contingent africain avait demandé que quelque 10.000 préservatifs soient fournis à ses 215 soldats...

Le dollar américain, devise légale du Timor oriental (AFP, 24/1/00)
Le dollar américain a été choisi comme la devise légale du Timor oriental, a-t-il été annoncé lundi à Dili par l'administration transitoire des Nations unies au Timor oriental, UNTAET. A partir de ce jour, toutes les transactions avec les autorités, et organisées officiellement, doivent être faites en dollars et le billet vert ne peut plus être refusé pour régler une transaction. Les transactions entre individus restent cependant libres et peuvent être effectuées dans la devise librement acceptée par les parties
concernées.  La roupie indonésienne peut encore, pour une période transitoire, selon la circulaire officielle, être utilisée pour les transactions officielles mais en acquittant une commission pour frais dont le montant sera fixé ultérieurement. L'adoption d'une devise nationale de référence au lendemain de l'annonce de la mise en place du bureau central de paiement, appelé à jouer le rôle de banque centrale du futur Etat indépendant, constitue une étape décisive de la normalisation des activités financières et bancaires au Timor oriental. Le choix, jusqu'au dernier moment, selon des sources suivant le dossier, a balancé entre la devise américaine et l'escudo portugais que Lisbonne, qui avait offert sa garantie financière, aurait souhaité voir à nouveau utiliser dans son ancienne colonie. Les membres du conseil consultatif national, l'organe de concertation mis en place par l'UNTAET, comme ceux du Conseil national de la résistance timoraise (CNRT) étaient eux-mêmes partagés sur la question : certains étaient en faveur de l'escudo et d'autres du dollar américain. La décision en fin de compte, selon l'UNTAET, a été acceptée à l'unanimité même si, comme l'a fait remarquer le représentant du Fonds monétaire international, Luis Valdivieso, "en choisissant le dollar américain le Timor oriental a abandonné son indépendance monétaire pour s'en remettre au Trésor américain."
Monsieur Joao Carrascalao, membre du CNRT, a souligné que le Timor oriental "ne renonçait pas à se doter un jour de sa propre
devise" reconnaissant toutefois qu'il "ne serait pas facile de détrôner le dollar une fois qu'il sera installé". A ce jour, les seules ressources du Timor oriental, systématiquement mises à sac par les troupes indonésiennes et leur milice en retraite, sont les contributions de la communauté internationale. Jean-Christian Cadi, le chef de l'administration de l'UNTAET, a précisé que le budget de fonctionnement des Nations unies au Timor oriental était de 30 millions de dollars par an, dont une partie non négligeable est dépensée sur place. La communauté internationale a d'autre part promis, lors d'une réunion à Tokyo à la fin de l'année dernière, de consacrer 525 millions de dollars à la reconstruction du pays. La roupie indonésienne et le dollar australien, les deux devises dont l'usage est actuellement le plus répandu, n'ont pas été sérieusement considérées comme le moyen légal de paiement du Timor. Avant le choix d'une devise nationale, l'UNTAET, qui construit de toutes pièces un pays indépendant, avait mis en place une ébauche de banque centrale, "une autorité centrale fiscale", embryon de ministère des Finances, et aussi jeté les bases d'une réglementation d'une activité bancaire et des entreprises, préalable à la mise en oeuvre d'un système de collecte de taxes et d'impôts.

Les soldats français se retirent du Timor-Oriental (Reuters, 12/1/2000)
Les soldats français servant au sein de la force internationale (Interfet) se retireront du Timor-Oriental le 18 janvier, a annoncé mercredi à Paris le ministère de la Défense. "Déployées dans l'urgence dès le 16 septembre 1999, lendemain du vote de la résolution 1.264 des Nations unies, les forces françaises se retirent totalement du Timor-Oriental", précise-t-il dans un communiqué. "Les derniers éléments quitteront la zone le 18 janvier, à l'exception de trente hommes et d'un avion de transport tactique maintenus à Darwin (Australie) jusqu'au 31 janvier et dont le départ mettra un terme définitif à l'opération Santal, la participation française se limitant à trois officiers d'état-major", ajoute le ministère. Au plus fort de l'opération Santal, 600 militaires français ont servi au sein de l'Interfet. Ce nombre avait été réduit à 140 le mois dernier. Entre le 22 et le 28 septembre 1999, les forces françaises ont largué 54 tonnes d'aide à la population timoraise. Une antenne chirurgicale avancée, pendant quatre mois, a effectué 170 interventions chirurgicales et 7.000 consultations. Un groupe de transport opérationnel, basé à Darwin, a effectué 190 rotations, transportant au total 4.000 passagers et 1.500 tonnes de fret. Le transport de chalands de débarquement Siroco, puis le bâtiment de transport léger Jacques-Cartier, ont acheminé 3.600 tonnes de fret et 300 véhicules au profit de l'Interfet et des organisations humanitaires. 

Un rapport sur les atrocités au Timor oriental remis à Annan (Reuters, 11/1/2000)
Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, et ses collaborateurs étudient un rapport d'une commission spéciale de l'Onu sur les atrocités au Timor oriental et ils ont l'intention de formuler des recommandations, a annoncé mardi un porte-parole de l'Onu. La commission de quatre membres dirigée par la Costaricienne Sonia Picado n'a elle-même tiré aucune conclusion à l'issue de son enquête de neuf jours entamée le 25 novembre. Picado a néanmoins dit le mois dernier que son équipe avait relevé des preuves de tueries "systématiques" au Timor oriental où des milices créées et soutenues par l'armée indonésienne se sont livrées à de multiples exactions après le vote massif de la population en faveur de l'indépendance, le 30 août dernier. Fred Eckhard, porte-parole de l'Onu, n'a pas précisé quand le rapport, qui doit être remis au Conseil de sécurité, à l'Assemblée générale et à la Commission des droits de l'Homme de l'Onu, serait diffusé. L'Indonésie, qui mène sa propre enquête, a refusé d'autoriser Picado à interroger les Timorais orientaux qui ont fui, souvent sous la contrainte, au Timor occidental pendant les violences du mois de septembre. Eckhard a cependant déclaré que l'influence des milices semblait s'amenuiser dans les camps de réfugiés du Timor occidental et qu'un nombre croissant de personnes s'inscrivaient auprès du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés afin d'être rapatriées. On estime à 120.000 le nombre de Timorais orientaux encore présents au Timor occidental, pour beaucoup contre leur gré. Ces trois derniers mois, quelque 128.000 Timorais orientaux sont rentrés du Timor occidental ou d'autres endroits en Indonésie, selon l'Organisation internationale pour les migrations. Eckard a souligné que des campagnes d'information du HCR avaient apparemment encouragé les réfugiés à rentrer après avoir subi pendant des mois la propagande des milices les mettant en garde contre leur sort s'ils retournaient chez eux.