Timor oriental: deuxième réunion des pays donateurs
(AFP, 20/6/2000)
Les pays donateurs vont se réunir du 21 au 23 juin à
Lisbonne pour examiner l'avancement de la reconstruction du Timor oriental,
cinq mois après avoir octroyé 520 millions de dollars lors
de la conférence de Tokyo organisée par les Nations-Unies
et la Banque mondiale.
Klaus Rohland, responsable de la Banque mondiale pour l'Asie
et le Pacifique, qui dirige la délégation à la conférence
de Lisbonne, a déclaré à l'agence Lusa que cette réunion
devrait permettre d'examiner le chemin parcouru depuis l'engagement des
pays donateurs à Tokyo. "Ce n'est pas le moment de demander plus
d'argent aux donateurs mais de leur dire ce que nous avons fait, comment
nous l'avons fait", a-t-il ajouté.
Une trentaine de pays et une vingtaine d'organisations internationales
avaient promis leur aide à l'ancienne colonie portugaise annexée
en 1976 par l'Indonésie et dont la population s'est prononcée
le 30 août 1999 massivement en faveur de l'indépendance.
Il s'agissait, comme l'a fait remarquer le responsable de l'Administration
transitoire des Nations Unies pour le Timor oriental (UNTAET), Sergio Vieira
de Mello, de trouver "urgemment un soutien fort" de la communauté
internationale pour un territoire qui se trouvait dans un "état
désastreux". Les crimes et les exactions commis par les milices
pro-intégration soutenues par l'armée indonésienne
avaient abouti à la quasi destruction de la plupart des villes du
territoire.
Deux fonds spéciaux ont été créés
après la conférence de Tokyo. L'un géré par
la Banque mondiale devrait financer les infrastructures, programmes agricoles,
de santé, d'éducation. L'autre géré par l'UNTAET
et par les responsables timorais devrait mettre en place une administration
là où, selon Sergio Vieira de Mello, "il n'y avait pas de
police, pas de juges, pas de système bancaire, pas d'organisation
fiscale, pas de monnaie officielle et pas même de langue officielle".
Le Japon, qui a accueilli la première conférence
de pays donateurs, a tenu à être le premier contributeur,
avec un montant de 100 millions de dollars sur trois ans, compensant ainsi
son absence de la force internationale déployée dans le territoire,
en raison de sa Constitution qui limite tout déploiement de troupes
à l'étranger.
Le Portugal a annoncé la semaine dernière qu'il
allait doubler son aide au processus de reconstruction en accordant un
montant de 100 millions de dollars contre 55 millions de dollars octroyés
à la conférence de Tokyo.
"Le Portugal a déjà fait parvenir à Timor
les 55 millions de dollars promis lors de la première réunion",
a affirmé le ministre portugais de Affaires étrangères
Jaime Gama qui, accompagné de ses homologues de l'Union européenne,
a reçu mercredi dernier l'administrateur de l'ONU au Timor oriental
lors de leur dernière réunion au Luxembourg.
Jaime Gama, qui offre mercredi un dîner officiel aux participants
à la conférence de Lisbonne, a souligné "l'engagement
très fort" de la communauté internationale qui s'est traduit
à Tokyo par un montant de 150 millions de dollars en faveur du territoire
qui attend son indépendance complète dans trois ans.
Le président du Conseil national de la résistance
timoraise (CNRT), Xanana Gusmao, père de l'indépendance timoraise
est attendu à Lisbonne où il participera à la conférence
des pays donateurs. Il sera mercredi l'hôte à déjeuner
du Premier ministre Antonio Guterres qui recevra également dans
l'après-midi l'administrateur provisoire de l'ONU, Sergio Vieira
de Mello.
Fracassante démission d'un haut responsable de l'ONU au Timor
oriental (AFP, 13/3/2000)
JAKARTA, 13 mars (AFP) - Un haut responsable de l'Administration transitoire
des Nations Unies au Timor oriental (UNTAET), M. Jarat Chopra, a démissionné
pour manifester son désaccord avec la politique suivie par les Nations
unies dans l'ancienne colonie portugaise libérée l'année
dernière de l'occupation indonésienne.
M. Chopra, ressortissant britannique, a déclaré
lundi à l'AFP avoir quitté son poste de Directeur de l'administration
locale car il estimait ne plus pouvoir remplir sa mission en raison, selon
lui, des rêves d'empire bureaucratique de l'UNTAET (Administration
transitoire des Nations Unies pour le Timor oriental).
Pour M. Chopra, qui assure que de nombreux autres fonctionnaires
de l'ONU partagent les mêmes sentiments, l'UNTAET a perdu le contact
et la confiance des Est-Timorais et ne s'est pas réveillée
à temps pour faire face aux problèmes cruciaux.
Fixer une date pour l'indépendance du Timor oriental est
la seule possibilité d'éviter l'échec de la mission
de l'ONU dans l'ancienne colonie portugaise, a-t-il estimé.
"Les sourires qui ont accueilli les troupes qui ont rétabli
la paix sont en train de virer au ressentiment", a-t-il déclaré
de Dili, interrogé par téléphone depuis Jakarta.
M. Chopra a également accusé certains responsables
d'utiliser des "méthodes staliniennes" et de chercher à saboter
les programmes de développement locaux visant à permettre
aux Est-timorais de prendre eux-mêmes en charge leur existence.
M. Chopra, qui est spécialisé dans les questions
liées aux opérations de maintien de la paix, a mis au point
un modèle de développement du Timor oriental basé
sur la population au niveau du district.
Le Timor oriental, ancienne colonie portugaise, a été
occupé pendant presque 25 ans par l'armée indonésienne
qui l'a systématiquement détruit et en a chassé la
population avant de s'en retirer après la victoire des partisans
de l'indépendance lors d'un vote organisé par l'ONU.
Six mois après le rétablissement de l'ordre par
la Force internationale conduite par l'Australie, une grande partie de
la population est rentrée dans le territoire dévasté,
mais la reconstruction piétine malgré les promesses financières
de la communauté internationale.
Dans sa lettre de démission datée du 6 mars, M.
Chopra écrit que "sans calendrier établissant méthodiquement
les étapes d'un transfert du pouvoir, la mission (des Nations Unies)
va dériver, organisera des élections pour se trouver une
porte de sortie et s'en ira en laissant les Timorais sans véritable
possibilité de bâtir" leur pays.
"Nous n'aurons fait ainsi que répéter pendant quelques
mois ce que les colonisateurs avaient fait durant des décennies",
ajoute-t-il.
M. Chopra explique qu'il avait prévu de rester deux ou
trois ans au Timor oriental mais qu'il s'est retrouvé dans l'impossibilité
de travailler après s'être victorieusement opposé "aux
bureaucrates haut placés" qui ont essayé de bloquer le financement
de la Banque Mondiale destiné aux communautés locales.
Bureau, téléphone, ordinateur et voiture m'ont
été retirés, a-t-il ajouté, qualifiant ces
mesure de "dépersonnalisation punitive de type stalinien".
La bataille sur le financement des communuatés locales
a été gagnée, a poursuivi M. Chopra, mais le prix
est énorme et la Banque Mondiale comme les Est-timorais, notamment
le Conseil National de la résistance, sont désormais amers
et hostiles.
Timor oriental: retour des réfugiés en grand nombre
(Reuters,
15/3/2000)
NATIONS UNIES (Reuters) - Plus de 1.000 ressortissants du Timor oriental,
dont un grand nombre d'opposants à l'indépendance, ont quitté
leurs camps au cours du plus important exode depuis octobre.
Les Timorais avaient dû fuir sous le coup d'une évacuation
forcée organisée par la milice et ses alliés de l'armée
indonésienne à l'issue du scrutin organisé le 30 août
par l'Onu, dans lequel une écrasante majorité d'entre eux
avait voté pour l'indépendance vis-à-vis de l'Indonésie.
Fred Eckhard, principal porte-parole de l'Onu, a déclaré
au bureau du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l'Onu,
que plus de 150.000 des 250.000 habitants du Timor oriental étaient
retournés chez eux, 100.000 demeurant encore dans les camps.
Les départs observés jeudi des camps de Tuapukan, Noelbaki
et Naimbonair sont les plus importants depuis octobre, précise l'UNHCR.
Dans l'ancien territoire portugais désormais sous administration
de l'Onu, un premier plein bateau de 450 personnes est parti pour Dili,
la capitale du Timor oriental, avec 20 anciens soldats de l'armée
indonésienne à son bord.
Le reste vient d'Ailieu, un bastion des combattants indépendantistes
au sud de Dili, et ils attendent des assurances de sécurité
des responsables politiques du Timor oriental et les forces de l'Onu stationnent
sur le territoire.
Le HCR estime qu'environ la moitié des 100.000 réfugiés
encore au Timor oriental veulent quitter les camps sordides, contrôlés
par la milice qui avait fui à l'ouest lorsque les troupes australiennes
étaient arrivées à la mi-septembre pour arrêter
la violence perpétrées par cette milice.
Le gouvernement indonésien a donné aux réfugiés
jusqu'au 20 avril pour choisir de retourner au Timor oriental ou se rendre
ailleurs, une décision que des responsables du HCR ont qualifié
d'inacceptable tant que les Timorais sont détenus par la milice
pro-indonésienne.
Le secrétaire général de l'Onu Kofi Annan avait
reçu le mois dernier des assurances à Djakarta de la part
du nouveau gouvernement indonésien sur un départ de la milice
des camps.
Mais jusqu'à cette semaine, le nombre de réfugiés
s'était réduit quasiment à néant, ce qui embarrassait
les Nations unies, qui accompagne le territoire sur le chemin de l'indépendance
au cours d'une période de deux ans.
Le Timor oriental compte quelque 850.000 habitants, dont près
de la moitié étaient enregistrés sur les listes électorales
du scrutin du 30 août.
Protestations et quelques acclamations pour le président Wahid
(AFP,
29/2/2000)
Des manifestations de protestations, mais aussi quelques acclamations,
ont marqué la brève visite effectuée par le président
de l'Indonésie Abdurrahman Wahid mardi à Dili, la capitale
du Timor oriental en marche vers l'indépendance après 25
ans d'occupation indonésienne.L'imposant déploiement des
soldats des Nations Unies -qui à une occasion au moins ont du tirer
des coups de feu en l'air pour faire reculer des manifestants hostiles-
a cependant évité tout incident sérieux lors de cette
visite hautement symbolique qui aura duré à peine trois heures.Déposant
deux gerbes, l'une au cimetière de Santa Cruz théâtre
d'une sanglante tuerie de manifestants est-timorais par les soldats de
Jakarta, l'autre au cimetière militaire indonésien voisin,
le président Wahid a présenté ses excuses aux morts
et aux familles des deux camps. "Ils ont été les victimes
de circonstances que nous n'avions pas voules", a expliqué M. Wahid,
le premier chef de l'Etat indonésien élu par un processus
démocratique. L'Indonésie a militairement envahi en 1975
l'ancienne colonie portugaise et l'a formellement annexée l'année
suivante mais n'est jamais parvenue à la contrôler malgré
une brutale répression qui a coûté la vie à
plus de 200.000 est-timorais......
Sans tenir compte d'un groupe d'environ 200 manifestants hostiles,
M. Wahid s'est aussi brièvement adressé à environ
4.000
personnes réunies devant le palais du Gouverneur pour leur rappeler
qu'il y avait "beaucoup en commun entre les deux pays".
Xanana Gusmao, le président du Conseil national de la résistance,
a essayé d'entraîner la foule à acclamer M. Wahid affirmant
que le passé devait être oublié et de nouvelles relations
établies. "La normalisation entre l'Indonésie et le Timor
oriental doit intervenir aussi vite que possible" a délaré
le président Wahid soulignant qu'il fallait pour ce faire "créer
une atmopshère de respect mutuel". "Beaucoup peut être fait",
a-t-il encore dit remarquant "et pas seulement en termes d'argent car nous
sommes pauvres l'un et l'autre". Le président Wahid a également
inauguré ce qui sera le siège du bureau de liaison de l'Indonésie
avec l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (UNTAET)
et, ultérieurement l'ambassade de Jakarta.
Le choix du bâtiment par les autorités indonésiennes
a cependant surpris et irrité: il s'agit en effet de l'immeuble
fortifié, l'un des
rares bâtiments à ne pas avoir été détruit,
qui abritait les services de renseignements indonésiens et que les
organisations
est-timoraises de défense des droits de l'Homme voulaient transformer
en musée à la mémoire des torturés et disparus.
Avant de rentrer à Jakarta, le président Wahid a fait
escale à Kupang, la principale localité de la partie indonésienne
de l'île de Timor où il devait visiter un des camps abritant
des déplacés du Timor oriental. Plus de 100.000 Est-timorais,
selon les chiffres de sources officielles indonésiennes, se trouvent
toujours dans des camps en Indonésie, notamment dans la partie ouest
de l'île de Timor qui sont toujours pour la plupart sous le contrôle
des miliciens anti-indépendantistes. Malgré ses engagements
devant la communauté internationale, le gouvernement de Jakarta
n'a toujours pas en effet désarmé et mis hors d'état
de nuire ces milices qui empêchent les réfugiés qui
le souhaitent de rentrer chez eux et contrôlent l'accès des
représentants des organisations humanitaires internationales.
L'ONU implique l'armée indonésienne dans les exactions
au Timor (AP, 31/1/2000)
Les enquêteurs de l'ONU sur les violations des droits de l'homme
au Timor-Oriental ont rendu un rapport lundi dans lequel ils impliquent
le haut commandement de l'armée indonésienne et les milices
qu'il contrôlait dans la campagne de terreur qui a ensanglanté
l'ancienne province portugaise après l'écrasante victoire
du ``oui'' au référendum d'autodétermination l'an
dernier. Dans un rapport accusateur, la commission d'enquête sur
le Timor-Oriental recommande la mise sur pied d'un tribunal international
pour juger les militaires indonésiens, au premier rang desquels
le général Wiranto, à l'époque considéré
comme l'homme fort du
régime et, de ce fait, éventuellement responsable de
crimes contre l'humanité dans le territoire. A l'annonce de ces
accusations, le président indonésien Abdurrahman Wahid a
dit qu'il n'excluait pas de demander au général Wiranto de
démissionner de son poste de ministre chargé des affaires
de sécurité. ``J'ai la conviction que nous devons appliquer
les droits de l'homme'', a déclaré M. Wahid lundi au Forum
économique de Davos en Suisse. En revanche, il a rejeté catégoriquement
l'idée d'un tribunal international en soulignant dans une lettre
aux Nations unies que le système judiciaire de l'Indonésie
était en mesure de poursuivre les responsables des exactions. A
l'inverse, le prix Nobel de la paix timorais José Ramos-Horta a
estimé lundi à Singapour que le général Wiranto
devait être jugé par une cour internationale.
Première en Indonésie: l'armée appelée
à rendre des comptes (AFP, 1/2/2000)
L'armée indonésienne, souvent présentée
comme l'institution la plus solide du pays et l'ultime garant de son intégrité,
se retrouve, pour la première fois dans l'histoire de l'Indonésie,
au banc des accusés, appelée à rendre des comptes
et assumer sa responsabilité dans la destruction et la mise à
sac du Timor oriental. "Pour la première fois, le principe de l'impunité
de l'institution militaire et des officiers de haut rang qui n'ont traditionnellement
pas de compte à rendre, et surtout pas à la justice civile,
a volé en éclat", commentait mardi un diplomate occidental
suivant les affaires militaires en Indonésie.
"Même si le processus s'enlise, un tabou a été
brisé et la notion de responsabilité des officiers affirmée",
a-t-il ajouté.
Une commission d'enquête officielle indonésienne sur les
atrocités commises au Timor oriental a recommandé l'ouverture
de
poursuites judiciaires contre, notamment, une brochette de généraux,
dont le général Wiranto, commandant-en-chef de l'armée
au
moment des faits, actuellement ministre de la Sécurité
et des Affaires politiques. Cette mise en cause directe intervient alors
que la capitale indonésienne ne cesse de bruire de rumeurs sur l'éventualité
d'un coup de force de l'armée dont la position privilégiée
dans la vie politique et économique se trouve menacée par
le président Abdurrahman Wahid, le premier chef d'Etat indonésien
élu démocratiquement. M. Wahid, qui au cours de ces dernières
semaines a exigé et obtenu des changements de titulaires de quelques
uns des postes-clés de la hiérarchie militaire, a lui-même
écarté la menace d'un coup de force à son encontre.
"Je pars l'esprit libre" a-t-il ainsi déclaré la semaine
dernière avant de s'envoler pour une tournée de plus de deux
semaines à
l'étranger affirmant que seul 10 pc des officiers ne lui étaient
pas loyaux.
"Et il ne sont ni soutenus ni écoutés par leurs subordonnés",
a ajouté le président Wahid qui, fort de l'appui de la communauté
internationale et notamment de Washington pour imposer un contrôle
civil sur l'armée, a, de Suisse, appellé lundi le général
Wiranto à démissionner du cabinet. Les premiers commentaires
des hommes politiques indonésiens et de la presse sont en général
favorables mais sans illusion, à l'image du Jakarta Post qui rélève
que "probablement" la procédure, comme à l'accoutumée
en Indonésie, s'enlisera dans des détails de procédure
et n'aboutira à rien. Le premier commentaire du général
Wiranto mardi a d'ailleurs été pour protester contre la publication
du rapport de la commission, selon lui, "contraire à la loi". La
perspective d'un tel procès, devant une cour spéciale chargée
de juger les violations des droits de l'Homme qui n'existe pas
encore, constitue également un défi pour la justice indonésienne
couramment accusée d'incompétence et de complaisance voire
de corruption. "Le nombre de cas de violation des droits de l'Homme non
résolus, écrit ainsi The Jakarta Post, nous pousse à
nous interroger sur la possibilité et la capacité du gouvernement
et du système légal à rendre justice". Parmi ces cas,
pédiodiquement et vainement à ce jour évoqués
par les organisations de défense de droits de l'Homme, figurent
notamment le rôle de l'armée dans les enlèvements suivis
de disparitions d'opposants politiques, les tirs contre les manifestants
dans le centre de Jakarta ou les viols de masse de plusieurs dizaines d'Indonésiennes
d'origine chinoise en avril 1998 à Jakarta peu avant la chute du
président Suharto.
Wiranto cité dans une enquête Indonésienne sur
le Timor (Reuters, 31/1/00)
L'ancien général indonésien Wiranto figure sur
une liste d'officiers qui doivent faire l'objet d'un complément
d'enquête sur les violences de l'an dernier au Timor oriental, a
indiqué le secrétaire d'une commission d'enquête indonésienne.
Asmara Nababan a précisé qu'une centaine de noms figuraient
sur la liste qui sera remise au procureur général Marzuki
Darusman. Les conclusions de l'enquête doivent être dévoilées
dans le courant de la journée de lundi. La semaine dernière,
le président Abdurrahman Wahid a signé un décret mettant
à la retraite, à compter du 31 mars, le général
Wiranto et trois autres officiers faisant partie du gouvernement. Wiranto
a démenti dans le passé avoir encouragé les violences
au Timor oriental où des centaines de personnes ont été
tuées par des milices pro-Djakarta, soutenues par l'armée,
à la suite d'un référendum favorable à l'indépendance,
en août dernier.
Encore 150.000 Est-Timorais dans les camps du Timor occidental (AFP,
29/1/00)
Encore plus de 150.000 Est-Timorais, presque la moitié de tous
ceux déplacés souvent sous la menace et la contrainte en
moins de quinze jours en septembre dernier lors de la mise à sac
du Timor oriental par l'armée indonésienne, sont toujours,
quatre mois après, entassés dans des camps sur la partie
ouest de l'île de Timor appartenant à l'Indonésie.
"La sécurité s'est améliorée dans les deux
derniers mois mais il ne faut pas se faire d'illusions, elle reste très
fragile", souligne Graig Sanders, le chef du bureau du Haut commissariat
de l'ONU pour les Réfugiés (HCR) de Kupang, le chef lieu
du Timor occidental. La situation reste précaire : deux journalistes
du Sunday Telegraph, l'hebdomadaire britannique, ont ainsi été
mardi dernier attaqués et battus par des miliciens pro-indonésiens
dans le camp de Nual Baki, à une demi-heure de Kupang. Ils n'ont
dû leur salut qu'à l'intervention de l'équipe du HCR
sur place. L'incident a cependant contraint le HCR à suspendre ses
opérations et à retirer pendant trois jours son personnel
du camp. "Nous patinons sur une glace très fine et une erreur ne
pardonne pas", commente M. Sanders, à Kupang depuis le début
des opérations de rapatriement. "A l'époque, ce que nous
faisions, c'était littéralement des extractions entre les
déplacés qui nous suppliaient de les emmener et les miliciens
qui nous menaçaient. Ce n'est plus ce que nous faisons, enfin sauf
de temps en temps quand tout recommence", ajoute-t-il.
Depuis le début des opérations de rapatriement en octobre,
plus de 133.000 personnes sont rentrées au Timor oriental dont près
de 70% grâce au HCR et le reste spontanément. Selon les estimations
des autorités indonésiennes 277.000 Est-Timorais avaient
été déplacés au Timor occidental. Il en resterait
donc près de 150.000 dans les camps, un chiffre jugé cependant
très élevé par le HCR, qui souhaiterait qu'il puisse
être procédé à un enregistrement des personnes
déplacées. Parmi celles-ci, estime M. Sanders, environ 50.000,
soit 10.000 familles, souvent de militaires ou de policiers, ne veulent
pas rentrer au Timor oriental et souhaitent s'installer en Indonésie.
Un autre tiers voudrait rentrer immédiatement mais en est empêché
par des menaces directes ou indirectes. Quant au dernier tiers, il hésite
et n'a pas encore pris de décision. M. Sanders, comme ses collègues
à Dili, pense que beaucoup qui ont eu la possibilité de défricher
et de planter du maïs, la denrée de base du Timor, attendent
la récolte de mars, qui grâce à des pluies favorables
s'annonce exceptionnelle, pour rentrer au Timor oriental après la
moisson. Les chefs des milices pro-indonésiennes, qui à ce
jour refusent obstinément le rameau d'olivier tendu par le Conseil
national de la résistance timoraise, bloquent le retour des déplacés.
Ils utilisent la présence de ces réfugiés en Indonésie,
pour justifier leurs thèses anti-indépendantistes et conserver
un moyen de pression, tant vis-à-vis de Djakarta que de la communauté
internationale.
Cancio Carvalho, le chef de Mahidi, l'une des plus sanglantes milices,
indiquait ainsi ouvertement début janvier qu'il avait toujours la
possibilité de lâcher ses hommes et de faire connaître
à Kupang le même sort que Dili, systématiquement dévastée
et pillée. La présence qui perdure de dizaines de milliers
de déplacés pose cependant des problèmes pour cette
région, l'une des plus
pauvres de l'Indonésie, notamment des problèmes de cohabitation
avec la population locale souvent envieuse de l'aide internationale distribuée
dans les camps. Périodiquement également, il est fait état
de l'apparition "d'agitateurs", de "provocateurs" s'efforçant de
souffler sur les différences, notamment religieuses, et d'envenimer
les relations entre les deux communautés. Et l'exemple des Moluques
et de Lombok montre qu'en Indonésie, où le pouvoir central
apparaît faible voire paralysé, il en faut peu
pour déclencher incendies et massacres.
Détérioration du climat social et politique (AFP,
28/1/00)
Le climat social et politique se détériore progressivement
au Timor-Oriental où les Nations unies, quatre mois après
leur arrivée en libérateurs, sont maintenant accusées
de lenteur, voire d'inefficacité. Mgr Carlo Bello, l'évêque
de Dili, évoque sa "désillusion", et Xanana Gusmao, la figure
emblématique de la résistance est-timoraise, sa "frustration"
sur fond de malaise social et de petite criminalité grandissante
qui menacent de pourir l'union politique achevée dans la lutte contre
l'occupation indonésienne. "La population se sent de plus en plus
frustrée, la jeunesse est de moins en moins contrôlée",
constatait cette semaine M.
Gusmao, le président du Conseil national de la résistance
timoraise (CNRT) commentant une série d'incidents - pillages, règlements
de comptes - intervenus les jours précédents dans la capitale
timoraise. "Maintenir la loi et l'ordre est le premier défi", dit
de son côté M. Bello qui souligne : "La désillusion
s'accroit parmi la population car elle ne voit rien venir : elle ne peut
pas reconstruire sa maison et elle n'a pas de perspectives de travail."
Pour le prix Nobel de la paix 1996, "le monde entier a promis de l'argent,
beaucoup d'argent, mais rien ne vient et le principal problème est
la bureaucratie et l'inefficacité des Nations unies". Sergio Vieira
de Mello, le chef de l'administration transitoire des Nations unies au
Timor oriental (Untaet), écarte avec impatience
ces critiques, soulignant l'ampleur et la rapidité de l'intervention
internationale pour reconstruire cette ancienne colonie portugaise
occupée pendant vingt-cinq ans, et que l'armée indonésienne
a systématiquement détruite en se retirant en septembre dernier.
525 millions de dollars ont été promis pour la reconstruction
du Timor oriental lors de la Conférence des donateurs à Tokyo
en
décembre dernier mais les structures pour pouvoir faire usage
de cette aide sont juste en train de se mettre en place. C'est seulement
cette semaine que la devise officielle du territoire a été
choisie - c'est le dollar américain et non l'escudo portugais -
et les bases et le cadre légal des institutions financières
viennent juste d'être jetés.
Le manque de cadre est-timorais est tel, explique Jean-Christian Cady,
le chef de l'administration publique de l'Untaet, que la seule manière
de faire rapidement fonctionner le bureau central des paiements - la future
Banque centrale - sera de lancer un appel d'offres auprès des établissements
financiers internationaux. Près de 90 % de la population d'origine
de Dili - soit presque 139.000 personnes, selon le dernier décompte
des Nations unies - sont désormais rentrés dans la capitale
dévastée et incendiée. Mais les habitants revenus
n'ont rien pour relever les ruines et seuls 20 % d'entre eux bénéficient
d'un moyen de subsistance, en général dépendant des
Nations unies ou des organisations internationales. A trois reprises au
moins cette semaine, des pillages ou mini-émeutes ont éclaté.
Les cambriolages, les vols se multiplient, exaspérant la population.
Les "Civpol", la police civile des Nations unies, est débordée.
Ils sont un peu moins de 400 sur 1.600 prévus et, fait remarquer
M. Cady, "une police qui ne parle pas la langue et ne connaît pas
les coutumes des populations dont elle a la charge perd de son efficacité".
Ces policiers - dont beaucoup sont originaires de pays d'Afrique de l'Ouest
- ne se sentent pas toujours le coeur à sévir. "On ne peut
pas être trop durs avec des gens qui ont faim et sont désespérés",
commentait ainsi un gradé ghanéen en regardant s'enfuir un
groupe de pillards qui venaient de dévaliser un entrepôt.
"Ce sont des problèmes sociaux dûs essentiellement au chômage,
il n'y a rien de politiquement motivé", affirme José Ramos-Horta,
le porte-parole en exil de la résistance timoraise maintenant rentré
à Dili. Mais Gusmao, en qui beaucoup voient le premier président
du Timor oriental libre, ne cache pas son inquiétude. "Je n'ai pas
complètement perdu l'espoir, confiait-il récemment à
quelques journalistes, mais je suis frustré. Il n'y a pas de travail,
rien ne se passe et tout ce que peut faire le CNRT c'est parler, expliquer."
Et au sein du CNRT, qui a fait son unité dans la lutte contre l'occupation
indonésienne, des failles, suivant les anciens clivages politiques
qui avaient amené le territoire au bord de la guerre civile lors
du départ des Portugais en 1975, sont en train de réapparaître.
"La compétition entre les partis timorais commence à se manifester
sur le terrain", commente un responsable de l'Untaet. "Cela complique le
travail des Nations unies et des organisations humanitaires auprès
de la population et, ajoute-t-il, les conséquences pourraient être
à terme catastrophiques."
La dépendance alimentaire de Timor-est devrait diminuer (AFP,
26/1/00)
Une récolte qui promet d'être record en mars devrait rendre
le Timor oriental moins dépendant de l'aide alimentaire internationale.
Selon des estimations recueillies à Dili auprès du Programme
alimentaire mondial (PAM), la récolte de mars sera particulièrement
bonne en raison de conditions climatiques très favorables. Les
semences de maïs, principale culture du petit territoire, ont été
effectuées dès le retour en décembre des Est-timorais.
Le PAM qui assure le soutien logistique de l'ensemble des organisations
humanitaires présentes dans le petit territoire dévasté,
a ainsi ralenti depuis la mi-janvier sa distribution d'aide d'urgence au
profit d'une aide ciblée géographiquement ou par secteur
de population. Le PAM porte ses efforts, explique Lucielo Ramirez, responsable
du programme de cette organisation, sur "les familles dirigées par
une femme seule, les malades, les personnes âgées". Le PAM
fournit aussi une aide alimentaire aux fonctionnaires, notamment aux enseignants
qui reprennent peu à peu le travail. Le PAM dirige également
les programmes "Food for work" (nourriture contre travail) où la
population employée à des travaux d'intérêt
commun est payée en nature. Cette décision, critiquée
par le Conseil national de la résistance timoraise (CNRT), est loin
de faire l'unanimité parmi les responsables des organisations humanitaires
qui craignent des retombées politiques et sociales négatives,
à un moment où la tension sociale s'accroît. Ainsi,
à Dili, la capitale, les Est-timorais ont fait, début janvier,
une semaine de grève pour protester contre des salaires jugés
trop faibles.
"La décision du PAM est peut-être justifiée économiquement,
commente, sous le couvert de l'anonymat, le responsable d'une
agence de l'ONU, mais c'est politiquement et socialement dangereux
et devrait être reconsidéré". "C'est juste un ralentissement",
explique Kerren Hedlund, responsable de l'information du PAM, qui ajoute
cependant que "l'objectif reste l'arrêt des distributions générales".
En effet, dit-elle, la "période d'urgence passée, il faut
éviter de créer la dépendance de la population" par
rapport à l'aide internationale. Cette dépendance "peut également
compromettre la reprise de la production agricole locale qui risque de
ne pas trouver preneur sur les marchés", selon elle. Entre l'arrivée,
fin septembre, des organisations internationales sous la protection de
la Force internationale pour le Timor oriental et la mi-janvier, un peu
plus de 25.000 tonnes d'assistance alimentaire, essentiellement riz et
maïs, ont été distribuées au Timor oriental,
selon le PAM. 6.700 tonnes qui couvrent les besoins jusqu'en mars, début
de la première récolte sont, par ailleurs, entreposées
au Timor oriental, prêtes à être distribuées.
La population déracinée, quand ce n'était pas conduite
de force en bateaux et camions militaires en Indonésie, est en majorité
revenue à l'exception d'un peu plus de 110.000 personnes toujours
retenues dans des camps, essentiellement dans la partie indonésienne
de l'île de Timor. Les statistiques disponibles à Dili indiquent
ainsi qu'à la fin janvier la population générale du
territoire approche les 780.000 (779.884) contre près de 890.000
(887.685) Est-timorais vivant dans le territoire avant sa destruction systématique
à partir du début de septembre dernier.
L'Interfet va laisser la place aux Casques bleus (AFP, 24/1/00)
La force internationale pour le Timor oriental (Interfet) qui, emmenée
par l'Australie, a rétabli l'ordre dans le territoire mis à
sac par l'armée indonésienne et ses milices, se prépare
à laisser la place aux Casques bleus. Ce changement, qui fait partie
du processus de normalisation au Timor oriental, placé sous l'administration
provisoire des Nations unies et qui commence le 1er février prochain,
se traduira essentiellement par un changement de couleur des couvre-chefs
des soldats et gradés. Les casques, chapeaux de brousse et autres
bérets multicolores vont ainsi être progressivement unifiés
par le bleu profond qui est la couleur des Nations unies, mais 70% des
militaires qui l'arboreront sont déjà sur place au titre
de l'Interfet. Le porte-parole des Casques bleus de la Force de maintien
de la paix de l'administration transitoire des Nations unies au Timor oriental
(Untaet), Manoel de Almeida e Silva, a précisé lundi, au
cours d'une conférence de presse à Dili --principale ville
du Timor oriental--, que la transition durerait jusqu'à la fin février.
Elle débutera par l'extrême est du territoire (confié
aux détachements sud-coréens) pour gagner progressivement
l'ouest et la frontière terrestre avec l'Indonésie, essentiellement
du ressort des Australiens, Brésiliens et Néo-Zélandais.
La mission des Casques bleus reste la même que celle de l'Interfet
qui agissait sous mandat des Nations unies, mais sous la responsabilité
opérationnelle complète de l'Australie qui en supportait
d'ailleurs l'intégralité de la charge financière.
M. Almeida n'a pu préciser si les Casques bleus auraient de nouvelles
instructions, notamment en ce qui concerne "les règles
d'engagement" qui régissent l'ouverture du feu. Il a cependant
souligné que la Mission se déroulait toujours au titre du
Chapitre 7 de la Charte des Nations unies qui autorise explicitement le
recours à la force. Le contingent des Casques bleus doit compter
quelque 8.500 soldats parmi les nouveaux venus des détachements
du Brésil, du Portugal, du Kenya et de Jordanie. L'affectation du
bataillon jordanien à la garde d'Oucussi, une enclave est-timoraise
dans la partie indonésienne de l'île du Timor et théâtre
régulièrement d'incidents armés, a provoqué
les protestations, en particulier de M. José Ramos Horta, l'un des
chefs de la
résistance est-timoraise. Les objections de M. Horta s'inquiétant
des liens qui, selon lui, existent entre la Jordanie et certains milieux
militaires indonésiens extrémistes ont été
balayés par Sergio Vieira de Mello, l'administrateur de l'ONU pour
le Timor oriental, pour lequel il n'y a aucune raison de mettre en doute
le professionnalisme des soldats jordaniens. Ceux-ci , a-t-il assuré,
ont fait leurs preuves lors de précédentes missions des Nations
unies. Une autre source de polémique est la taille du contingent.
Certains trouvent l'effectif de 8.500 hommes trop important et trop coûteux
pour la tâche à accomplir. Pour ces critiques, y compris des
membres de l'Untaet ou même de l'Interfet, qui ne peuvent être
cités, il aurait été souhaitable de concentrer un
effectif plus réduit dans la zone frontalière et en revanche
de déployer plus de policiers afin de faire respecter la loi et
l'ordre. Ces mêmes critiques soulignent, par ailleurs, que, pour
certains pays, participer à de telles missions est un moyen d'obtenir
des devises, mais que les soldats fournis n'ont souvent ni l'entraînement
ni l'équipement nécessaires. Tandis qu'un responsable civil
de l'ONU s'étonnait récemment devant l'AFP d'avoir découvert
que le chef d'un contingent africain avait demandé que quelque 10.000
préservatifs soient fournis à ses 215 soldats...
Le dollar américain, devise légale du Timor oriental
(AFP,
24/1/00)
Le dollar américain a été choisi comme la devise
légale du Timor oriental, a-t-il été annoncé
lundi à Dili par l'administration transitoire des Nations unies
au Timor oriental, UNTAET. A partir de ce jour, toutes les transactions
avec les autorités, et organisées officiellement, doivent
être faites en dollars et le billet vert ne peut plus être
refusé pour régler une transaction. Les transactions entre
individus restent cependant libres et peuvent être effectuées
dans la devise librement acceptée par les parties
concernées. La roupie indonésienne peut encore,
pour une période transitoire, selon la circulaire officielle, être
utilisée pour les transactions officielles mais en acquittant une
commission pour frais dont le montant sera fixé ultérieurement.
L'adoption d'une devise nationale de référence au lendemain
de l'annonce de la mise en place du bureau central de paiement, appelé
à jouer le rôle de banque centrale du futur Etat indépendant,
constitue une étape décisive de la normalisation des activités
financières et bancaires au Timor oriental. Le choix, jusqu'au dernier
moment, selon des sources suivant le dossier, a balancé entre la
devise américaine et l'escudo portugais que Lisbonne, qui avait
offert sa garantie financière, aurait souhaité voir à
nouveau utiliser dans son ancienne colonie. Les membres du conseil consultatif
national, l'organe de concertation mis en place par l'UNTAET, comme ceux
du Conseil national de la résistance timoraise (CNRT) étaient
eux-mêmes partagés sur la question : certains étaient
en faveur de l'escudo et d'autres du dollar américain. La décision
en fin de compte, selon l'UNTAET, a été acceptée à
l'unanimité même si, comme l'a fait remarquer le représentant
du Fonds monétaire international, Luis Valdivieso, "en choisissant
le dollar américain le Timor oriental a abandonné son indépendance
monétaire pour s'en remettre au Trésor américain."
Monsieur Joao Carrascalao, membre du CNRT, a souligné que le
Timor oriental "ne renonçait pas à se doter un jour de sa
propre
devise" reconnaissant toutefois qu'il "ne serait pas facile de détrôner
le dollar une fois qu'il sera installé". A ce jour, les seules ressources
du Timor oriental, systématiquement mises à sac par les troupes
indonésiennes et leur milice en retraite, sont les contributions
de la communauté internationale. Jean-Christian Cadi, le chef de
l'administration de l'UNTAET, a précisé que le budget de
fonctionnement des Nations unies au Timor oriental était de 30 millions
de dollars par an, dont une partie non négligeable est dépensée
sur place. La communauté internationale a d'autre part promis, lors
d'une réunion à Tokyo à la fin de l'année dernière,
de consacrer 525 millions de dollars à la reconstruction du pays.
La roupie indonésienne et le dollar australien, les deux devises
dont l'usage est actuellement le plus répandu, n'ont pas été
sérieusement considérées comme le moyen légal
de paiement du Timor. Avant le choix d'une devise nationale, l'UNTAET,
qui construit de toutes pièces un pays indépendant, avait
mis en place une ébauche de banque centrale, "une autorité
centrale fiscale", embryon de ministère des Finances, et aussi jeté
les bases d'une réglementation d'une activité bancaire et
des entreprises, préalable à la mise en oeuvre d'un système
de collecte de taxes et d'impôts.
Les soldats français se retirent du Timor-Oriental (Reuters,
12/1/2000)
Les soldats français servant au sein de la force internationale
(Interfet) se retireront du Timor-Oriental le 18 janvier, a annoncé
mercredi à Paris le ministère de la Défense. "Déployées
dans l'urgence dès le 16 septembre 1999, lendemain du vote de la
résolution 1.264 des Nations unies, les forces françaises
se retirent totalement du Timor-Oriental", précise-t-il dans un
communiqué. "Les derniers éléments quitteront la zone
le 18 janvier, à l'exception de trente hommes et d'un avion de transport
tactique maintenus à Darwin (Australie) jusqu'au 31 janvier et dont
le départ mettra un terme définitif à l'opération
Santal, la participation française se limitant à trois officiers
d'état-major", ajoute le ministère. Au plus fort de l'opération
Santal, 600 militaires français ont servi au sein de l'Interfet.
Ce nombre avait été réduit à 140 le mois dernier.
Entre le 22 et le 28 septembre 1999, les forces françaises ont largué
54 tonnes d'aide à la population timoraise. Une antenne chirurgicale
avancée, pendant quatre mois, a effectué 170 interventions
chirurgicales et 7.000 consultations. Un groupe de transport opérationnel,
basé à Darwin, a effectué 190 rotations, transportant
au total 4.000 passagers et 1.500 tonnes de fret. Le transport de chalands
de débarquement Siroco, puis le bâtiment de transport léger
Jacques-Cartier, ont acheminé 3.600 tonnes de fret et 300 véhicules
au profit de l'Interfet et des organisations humanitaires.
Un rapport sur les atrocités au Timor oriental remis à
Annan (Reuters, 11/1/2000)
Le secrétaire général des Nations unies, Kofi
Annan, et ses collaborateurs étudient un rapport d'une commission
spéciale de l'Onu sur les atrocités au Timor oriental et
ils ont l'intention de formuler des recommandations, a annoncé mardi
un porte-parole de l'Onu. La commission de quatre membres dirigée
par la Costaricienne Sonia Picado n'a elle-même tiré aucune
conclusion à l'issue de son enquête de neuf jours entamée
le 25 novembre. Picado a néanmoins dit le mois dernier que son équipe
avait relevé des preuves de tueries "systématiques" au Timor
oriental où des milices créées et soutenues par l'armée
indonésienne se sont livrées à de multiples exactions
après le vote massif de la population en faveur de l'indépendance,
le 30 août dernier. Fred Eckhard, porte-parole de l'Onu, n'a pas
précisé quand le rapport, qui doit être remis au Conseil
de sécurité, à l'Assemblée générale
et à la Commission des droits de l'Homme de l'Onu, serait diffusé.
L'Indonésie, qui mène sa propre enquête, a refusé
d'autoriser Picado à interroger les Timorais orientaux qui ont fui,
souvent sous la contrainte, au Timor occidental pendant les violences du
mois de septembre. Eckhard a cependant déclaré que l'influence
des milices semblait s'amenuiser dans les camps de réfugiés
du Timor occidental et qu'un nombre croissant de personnes s'inscrivaient
auprès du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés
afin d'être rapatriées. On estime à 120.000 le nombre
de Timorais orientaux encore présents au Timor occidental, pour
beaucoup contre leur gré. Ces trois derniers mois, quelque 128.000
Timorais orientaux sont rentrés du Timor occidental ou d'autres
endroits en Indonésie, selon l'Organisation internationale pour
les migrations. Eckard a souligné que des campagnes d'information
du HCR avaient apparemment encouragé les réfugiés
à rentrer après avoir subi pendant des mois la propagande
des milices les mettant en garde contre leur sort s'ils retournaient chez
eux.
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