Japon 
Archives de mai 98
 

Légers signes de reprise au Japon (la Tribune, 29/5/98)
Une batterie d'indicateurs économiques diffusés hier confirme que l'économie japonaise est toujours au bord de la récession, en dépit de  quelques petites lueurs d'espoir. La production industrielle a reculé pour le troisième mois consécutif en avril, enregistrant une baisse de  1,1 % (comparé à mars) après - 3,9 % en février et - 2,3 % en mars. Le ministère du Commerce internatio- nal et de l'Industrie (Miti) juge  toujours l'activité industrielle réelle collée sur une tendance à la baisse du fait des niveaux élevés des stocks.
  Par ailleurs, les ventes de détail ont progressé de 3,9 % en avril (comparé à avril 1997), la première hausse en treize mois. Mais ce rebond  demeure bien timide puisqu'il se greffe sur des ventes particulièrement mauvaises il y a un an (- 8 % en avril 1997), conséquence alors du  relèvement de la TVA de 3 % à 5 %.
  Enfin, l'indicateur avancé de la conjoncture, censé préfigurer l'évolution de l'économie dans les six mois à venir, s'est établi à 30 points en  mars, contre 20 points en février. Bien que meilleur et parfaitement conforme aux attentes du marché, ce chiffre demeure pour le sixième  mois consécutif sous la barre des 50 points qui sépare théori- quement la croissance de la récession.

Spéculations sur la croissance japonaise (la Tribune, 27/5/98)
  En six semaines, l'OCDE a changé de position à l'égard du Japon. Dans la version préliminaire de ses
  perspectives économiques, publiée le 8 avril, l'organisation tablait sur une croissance nippone limitée à 0,3 % en  1998. Parue hier, la version définitive des Perspectives est l'occasion d'une remise à jour. Prenant en compte, d'une  part, « un rythme de croissance sous-jacent de l'économie plus faible que prévu » et, d'autre part, le plan de relance  de 16.000 milliards de yens annoncé le 24 avril dernier, l'OCDE chiffre l'impact net de cette stimulation massive à un  surcroît de production compris entre 0,75 % et 1,25 % pour l'année civile en cours. Ce qui porterait la croissance  japonaise à un rythme de 1 % à 1,5 % en 1998 et de 1,5 % à 2 % pour l'année fiscale se terminant le 31 mars 1999.  L'OCDE note ainsi que le volet budgétaire du plan de stimulation « répond largement aux besoins immédiats de  relance économique, et pourrait avoir une forte incidence positive sur l'activité à court terme ». Son impact, note  toutefois le rapport, « dépendra très largement de la rapidité avec laquelle seront mises en oeuvre les dépenses  publiques prévues et, d'autre part, de la mesure dans laquelle les allégements proposés se traduiront par une  augmentation de la consommation des ménages et non par une épargne supplémentaire ». L'OCDE se fait en outre du souci quant à la durabilité de la reprise ainsi enclenchée : « L'effet expansionniste dû aux allégements temporaires d'impôt devrait être maintenu dans le cadre d'une refonte du régime d'imposition des  sociétés et du revenu des personnes physiques. » Une manière de pousser le gouvernement à respecter ses engagements à procéder à une réforme fiscale dans les trois ans. Dans le domaine structurel, l'organisation se   félicite que « le rythme de la déréglementation semble s'être accéléré avec l'annonce du programme "big-bang"  dans le secteur financier, de la restructuration dans le secteur des communications et de l'ouverture du secteur des  transports ».  Néanmoins, l'OCDE invite Tokyo à aller plus loin. Ainsi, le « big-bang » doit « s'accompagner d'un réexamen du   rôle des institutions financières publiques telles que la caisse d'épargne postale et le programme budgétaire d'investissement et de prêts ». Le gouvernement est en outre invité à « réexaminer l'efficience de ses dépenses  d'investissement, en augmentant les investissements publics dans les infrastructures nécessaires pour faire face  aux nouveaux progrès de la technologie et aux nouvelles demandes de la collectivité ».

La crise de confiance dans le yen s'aggrave (la Tribune, 26/5/98)
La chute du yen s'est aggravée hier sur les marchés des changes, la devise japonaise cotant 137,19 yens pour un dollar, son plus bas   niveau depuis sept ans. Les opérateurs ont réagi ainsi à des propos prêtés au secrétaire au Trésor américain Robert Rubin : rapportés par   la presse américaine, ils laisseraient entendre que Washington se résignerait à laisser filer le yen jusqu'à 150 yens pour un dollar, afin de   sortir le Japon de la crise grâce aux exportations. L'économie nippone est toujours dolente, aucun plan de relance n'ayant pu jusqu'ici la   ranimer. L'activité est aussi perturbée par la crise asiatique, ne serait-ce qu'en rai- son des créances douteuses qui « plombent » le bilan   des banques. Mais une dépréciation supplémentaire du yen ferait peser un risque encore plus grand sur toute la zone, car elle   handicaperait lourdement la Chine, qui subit déjà les dévaluations des devises de la région.  La baisse de la devise nippone pourrait accélérer la sortie de crise.

Un pays plus que jamais dépendant de ses exportations (la Tribune, 26/5/98)
A court terme, le salut pour le Japon ne peut venir que de son commerce extérieur. Mais dans un contexte asiatique délicat, une nouvelle chute du yen n'est pas sans danger.
Qu'il l'ait dit ou non, au fond, peu importe. Les marchés financiers ont vu dans les déclarations prêtées à Robert Rubin le prétexte idéal  pour provoquer une nouvelle dégringolade du yen. Du coup, leur lecture de la situation économique japonaise apparaît clairement. A court  terme, le sursaut dont l'économie nippone a tant besoin ne peut venir, selon les opérateurs, que du commerce extérieur et passe par une  dépréciation de la monnaie nippone.  Principale planche de salut de l'économie japonaise, les exportations semblent sur le point de marquer le pas. Les dernières statistiques  mensuelles, publiées jeudi dernier et relatives au mois d'avril, ont fait apparaître une chute de 1,7 % des exportations en rythme annuel, la  première en trente-trois mois. Mais le recul beaucoup plus rapide des importations (-13,8 %) s'est traduit par la treizième augmentation  consécutive de l'excédent commercial. La crise asiatique et ses conséquences sont perceptibles dans les statistiques du commerce extérieur japonais. Sur la même période, l'excédent japonais vis-à-vis de l'Asie chute de près de 28 %. Il augmente en revanche dans des  proportions similaires vis-à-vis des Etats-Unis. Il explose dans les échanges avec l'Union européenne : + 67 %.  Revirement spectaculaire. Si Robert Rubin a bien tenu les propos que l'on lui attribue, il a donc jugé que la très solide économie américaine  était en mesure de supporter un creusement plus prononcé encore de son déficit commercial vis-à-vis du Japon afin d'éviter que l'archipel  ne sombre dans la déflation. Reste à savoir si l'Europe est disposée à se montrer aussi généreuse. « Un tel raisonnement économique  n'aurait rien d'absurde , juge Hervé Monet, économiste à la Société Générale. Les Etats-Unis n'ont vraiment aucun intérêt à laisser couler le   Japon. » Cela n'en constituerait pas moins un revirement spectaculaire de la position américaine. « Ce que le Japon doit faire n'est pas de  dépendre d'un affaiblissement du yen pour générer une croissance nourrie par les exportations, mais au contraire d'essayer de générer une  expansion engendrée par la demande intérieure », déclarait Robert Rubin le 5 mai dernier, dans une interview à la chaîne de télévision  CNBC. En outre, une chute importante du yen serait doublement dangereuse. D'abord pour le Japon lui-même : « Il y aurait alors un risque  d'une sortie de capitaux assez massive, ce serait une situation difficilement contrôlable », estime Hervé Monet de la Société Générale.  Ensuite pour l'ensemble du continent asiatique, secoué depuis près d'un an par de violentes turbulences monétaires. Un dollar à 150 yens,  voilà qui risquerait de « rendre la situation de la Chine invivable », estime cet économiste. La crise asiatique prendrait alors une tout autre  dimension.

L'excédent nippon au zénith (la Tribune, 14/5/98)
 Pour la première fois depuis cinq années, les excédents commerciaux japonais ont de nouveau augmenté. Le ministère des Finances a   annoncé un chiffre supérieur à 600 milliards de francs (13.600 milliards de yens) pour l'année fiscale 1997-1998, soit une hausse de 55 % par   rapport à l'année fiscale 1996-1997, tandis que l'excédent des paiements courants (incluant les échanges de services et les revenus   d'investissements) augmentait pour sa part de près de 82 %. Les autorités financières se sont empressées d'expliquer que ce gonflement   des excédents ne durerait pas, notamment à cause de la persistance de la crise asiatique et de la reprise espérée de la demande intérieure   suite au récent plan de relance.
  Néanmoins, l'on s'attend à Tokyo à de fortes pressions américaines, visant à obtenir des mesures capables de corriger un déséquilibre   commercial en train de s'aggraver. Washington compte non seulement sur la reprise de la consommation des ménages nippons, mais   surtout sur la mise en vigueur de la déréglementation, censée faciliter l'accès au marché japonais jugé beaucoup trop fermé. Les Japonais,   de leur côté, insistent sur le fait que la hausse des exportations (+ 11,3 %) est rendue inévitable par l'affaiblissement de leur monnaie   vis-à-vis du dollar.

Japon: portraits d'un pays en crise (4) (Libération, 14/5/98)
SOS cadres en détresse. Un syndicat, TMU, assiste les cols blancs harcelés et poussés à  la démission.

La morosité persiste au Japon (la Tribune, 13/5/98)
L'Agence de planification économique japonaise (EPA) s'est montrée pessimiste hier, lors de la présentation de son rapport mensuel.  Selon l'EPA, « l'impact négatif de la stagnation de la demande affecte désormais toute l'activité économique, notamment la production  industrielle et le marché de l'emploi, et les pressions baissières restent fortes ».  La déflation continue, d'autre part, à se manifester, comme le montre l'indice des prix de gros japonais. Cet indice est resté inchangé en avril  par rapport à mars, ce qui porte à 2,7 % le déclin de ces prix en rythme annuel. En mars, les prix de gros avaient reculé de 0,3 % par rapport  au mois précédent. La baisse des prix de gros est la plus marquée depuis quatre ans.   Seul signe encourageant : la dégradation de la confiance des ménages s'est interrompue, selon l'EPA. « Comme l'atteste la récente baisse  du taux d'épargne des ménages, le sentiment des consommateurs est sorti de sa phase la plus difficile », a déclaré le responsable des  services statistiques gouvernementaux, Kojo Omi.   Le ministre des Finances, Hikaru Matsunaga, a estimé de son côté que cette amélioration de la confiance des ménages était « le seul rayon  de soleil » dans une conjoncture morose.

Japon: portraits d'un pays en crise (3) (Libération, 11/5/98)
Une embauche rock'n'roll pour 2000 rescapés de  Yamaichi. Autre patron, autre méthode: Merryll Lynch paye au mérite.

Japon: portraits d'un pays en crise (2)  (Libération, 11/5/98)
 Un matin, à l'ANPE d'Iidabashi... Depuis l'après-guerre, les demandeurs d'emploi n'ont jamais été aussi nombreux.

Japon: portraits d'un pays en crise (1) (Libération, 11/5/98)
Le Japonais ne renonce pas au luxe, mais la consommation  chute. Par peur du chômage.

Le Japon a raison de se rebiffer (International Herald Tribune par La Tribune 6/5/98)
 « Tokyo, longtemps tolérant des sermons américains, a commencé à qualifier les demandes des Etats-Unis, pour qu'il change sa politique  économique, d'ingérence intolérable dans ses affaires intérieures. L'ambassadeur du Japon aux Etats-Unis, Kunihiko Saito, a été jusqu'à  dire que les dirigeants japonais ne sont pas "une bande d'imbéciles" et qu'ils peuvent prendre leurs décisions par eux-mêmes, merci.
  L'ambassadeur a raison. Washington se devait de prévenir Tokyo qu'il fallait faire quelque chose pour stimuler la demande intérieure. Mais  les conseils américains relatifs à comment le faire, en réduisant la fiscalité et de combien, sont déplacés. Aux Etats-Unis, où le problème est  de freiner la demande, les baisses d'impôts peuvent avoir un effet immédiat. Mais au Japon, surtout dans le marasme actuel, ces mesures  peuvent entraîner tout simplement une augmentation de l'épargne. »

Rubin souhaite que le Japon ne compte pas seulement sur la baisse du yen (La Tribune, 6/5/98)
Le Japon ne doit pas dépendre de la baisse du yen pour stimuler ses exportations et tirer sa croissance, a réaffirmé hier le secrétaire  américain au Trésor, Robert Rubin. « Ce que le Japon doit faire n'est pas de dépendre d'un affaiblissement du yen pour générer une  croissance nourrie par les exportations mais au contraire il doit créer les conditions d'une expansion engendrée par la demande intérieure »,  a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne financière CNBC. Par ailleurs, le secrétaire au Trésor a réaffirmé son intention de rester à son  poste jusqu'« au moins la fin 1998 ».

Le FMI demande des " mesures permanentes " au Japon (La Tribune, 5/5/98)
Le directeur général du Fonds monétaire international, Michel Camdessus, a demandé lundi au Japon de mettre en place des « mesures permanentes » de soutien à son économie et d'aide à la reprise dans le reste de l'Asie après  la crise financière. « Nous avons été impressionnés au FMI par l'ampleur des ressources que le gouvernement  japonais a mises sur la table, a déclaré Michel Camdessus au cours d'une conférence de presse à Singapour. Le  FMI considère comme extrêmement important que ces mesures temporaires soient dès que possible suivies de  mesures permanentes. » Tokyo a annoncé un « paquet » de plus de 120 milliards de dollars de dépenses publiques  et une réduction temporaire des impôts sur le revenu pour soutenir la demande et prévenir une récession, un  programme auquel les marchés ont réagi froidement, tandis que certains économistes estiment nécessaire de  pérenniser ces mesures.

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Mise à jour :  mai 1998        Retour à la page d'accueil