Japon
Archives de novembre 98
Japon : démission du ministre des Finances (Les Echos, 27/11/98)
Le ministre japonais des Finances a annoncé sa démission prochaine, quatre mois après sa prise de fonctions et alors qu'il avait été présenté comme l'homme-clef d'un gouvernement Obuchi, auquel il n'avait pas souhaité participer à l'origine. "Rester dans le Cabinet serait contraire à mes convictions", a indiqué Kiichi Miyazawa, âgé de 79 ans, sans donner de date pour sa démission. La presse nippone évoque toutefois son départ avant fin décembre. Le ministre a simplement affirmé vouloir, au préalable, avancer dans la compilation de la prochaine loi de Finances, estimant qu'il lui faudrait "être certain que le budget soit bien engagé". 
Au même moment, le conseil des ministres japonais adoptait justement un collectif budgétaire de 47 milliards de dollars, qui permettra de financer les dernières mesures de relance récemment annoncées. Depuis sa prise de fonction, le 31 juillet, Kiichi Miyazawa a fait adopter un nouveau plan de relance, accueilli tièdement par les marchés, mais il est resté très en retrait lors des négociations sur le plan d'assainissement des banques. Il a aussi donné son nom à une initiative d'aide aux pays asiatiques frappés par la crise, totalisant 30 milliards de dollars. Juste après l'annonce de sa démission, le yen est tombé à 122,75 yens pour un dollar à Londres, contre 122,16 yens la veille au soir. La Bourse de Tokyo avait pour sa part clôturé en baisse de 0,9%.
Le montant des huit derniers plans de relance adoptés par Tokyo depuis 1993 
Le plan de stabilisation financière présenté par Tokyo, en février 
Le rapport du gouvernement japonais sur la restructuration financière nippone 

Japon: Obuchi met son mandat en jeu (AFP 27/11/98)
Le Premier ministre japonais Keizo Obuchi a mis son avenir politique en jeu vendredi, indiquant qu'il dépendrait de la remise ou   non de l'économie japonaise sur les rails de la croissance dès l'an prochain.
   "Je ferai de mon mieux et le sort de mon gouvernement dépendra de la fin du cycle de   récession, du retour de l'économie de notre pays à la croissance pendant l'année fiscale 1999   et de la réussite d'un renouveau économique d'ici l'année fiscale 2000", a ajouté le chef du   gouvernement japonais. Il s'exprimait lors d'un discours de politique générale à l'occasion de   l'ouverture d'une session extraordinaire du Parlement japonais pendant laquelle les élus   devront discuter de l'adoption d'une enveloppe budgétaire supplémentaire, la troisième cette   année.
   Le Japon traverse la pire récession depuis la fin de la guerre et la plupart des analystes tablent   sur une nouvelle année de croissance négative pendant l'année fiscale 1999 qui commence le   1er avril l'an prochain. Ce serait alors la troisième année consécutive de récession pour la   seconde économie mondiale.
   L'économie japonaise se trouve actuellement "dans une situation grave qui peut être qualifiée   de 'cycle de récession'", a souligné le chef du gouvernement japonais. M. Obuchi a cité la   hausse du chômage qui se trouve à des niveaux records, une consommation des ménages en   panne et la faiblesse des investissements des entreprises japonaises.
   "Pour sortir de cette situation et remettre notre économie sur les rails de la reprise d'ici un à   deux ans, nous avons besoin de ressusciter le système financier rapidement et de faire   avancer fortement les mesures de stimulation économique, telles que l'accroissement de   l'investissement public et la mise en place de réductions d'impôts permanentes", a-t-il dit.
   Le gouvernement japonais a adopté à l'automne un nouveau méga-plan de relance qui totalise   la somme phénoménale de 23.000 milliards de yens (190 milliards de dollars environ 1086   milliards de F), le dernier d'une longue série qui n'ont pas réussi à inverser la tendance   économique.

Japon: le chômage toujours au niveau record de 4,3% (AFP, 27/11/98)
 La proportion de Japonais à la recherche d'un   emploi est restée au niveau record de 4,3% de la population active en octobre, pour le   troisième mois consécutif, en données corrigées des variations saisonnières (CVS), a annoncé   vendredi l'agence de gestion et de coordination.  2,9 millions de Japonais étaient au chômage, ce qui correspond à une augmentation de 23% en   un an, a précisé l'agence statistique gouvernementale.   Dans un pays qui s'est longtemps flatté de son système d'emploi à vie, il est frappant qu'un   tiers des demandeurs d'emploi (soit 940.000 personnes) ont été contraints à quitter leur dernier   emploi. Traditionnellement, les restructurations industrielles se font dans l'archipel sans   recourir aux licenciements et une telle proportion est inédite dans l'histoire récente.
   Le ministère du Travail a par ailleurs indiqué que 48 offres d'emploi étaient recensées pour 100   demandes le mois dernier, contre 49 en septembre. Le ministère a précisé qu'il s'agissait là du   plus bas niveau des offres d'emploi jamais enregistré depuis qu'il compile cette statistique  (1963).

La LTCB aurait dissimulé 54 milliards de francs de créances douteuses (La Tribune, 26/11/98)
  La banque Long Term Credit Bank of Japan (LTCB), nationalisée le mois dernier, aurait dissimulé 1.152 milliards de yens (54 milliards de  francs) de créances douteuses au sein de plusieurs sociétés écrans, non portées à son bilan, selon le journal Yomiuri Shimbun. Le  ministère des Finances aurait été au courant de cette affaire depuis une inspection menée à la fin 1996. Mais il se serait contenté de  demander à la LTCB de se débarrasser au plus tôt de ces mauvaises créances.

Le système économique américain ne sied pas au Japon (WALL STREET JOURNAL par La Tribune, 26/11/98)
  « Le Japon est supposé être en crise, des mesures drastiques sont nécessaires pour remettre d'aplomb son économie souffrante, le remède  est dans le capitalisme style « américain-ouverture du marché », et dans la liquidation des sociétés faillies. C'est là le message du président  Bill Clinton prêché lors de sa visite au Japon la semaine dernière [...]. Clinton avait transmis un message sévère au Premier ministre Keiso  Obuchi dans lequel il lui demandait des réformes plus rapides. Même le nouveau plan japonais visant à renflouer et doper l'économie, d'un  montant global de 197 milards de dollars, ne semble pas satisfaire Washington. L'administration Clinton affermit encore plus sa pression  pour amener le Japon à adopter le modèle anglo-saxon de l'économie de marché. Mais rien n'est plus erroné. Le Japon n'est pas préparé à  modifier son système économique et social sur simple ordre des Etats-Unis. Ce n'est pas un hasard si, au cours du forum des pays de  l'Apec, organisé la semaine passée en Malaisie, ses membres ont considérablement dénoncé les effets de la globalisation rampante sur les  économies asiatiques. L'anti-américanisme et le nationalisme progressent en Asie en réponse au triomphalisme américain. Cette réalité est  plus apparente encore au Japon que nulle part ailleurs. Le Japon n'a jamais embrassé l'économie de marché. » 

Récession - Les finances publiques du Japon au bord de l'abîme (La Tribune, 26/11/98)
 Les recettes fiscales du Japon devraient être de 12 % inférieures aux dernières prévisions pour l'année budgétaire en cours. Du fait des mesures de relance, le déficit public pourrait dépasser 10 % du PIB.  Les discussions sur les baisses d'impôts n'en apparaissent que plus irréelles.
  Alors que les discussions sur les modalités des baisses d'impôts promises par le gouvernement Obuchi (environ 7.000 milliards de yens  soit 330 milliards de francs) sont entrées dans une phase active, le gouvernement japonais a de quoi s'angoisser : selon le bureau des taxes  du ministère des Finances, les calculs effectués, sur la base des résultats des sociétés (enregistrés en septembre à mi-exercice) portent  désormais les rentrées fiscales attendues en 1998 à 51.000 milliards de yens (2.422 milliards de francs), alors que les projections réalisées en  juin (prenant en compte l'allégement d'impôt de 2.000 milliards de yens consenti par le précédent gouvernement) étaient encore évaluées à  57.000 milliards de yens.
  Pour 1999, les prévisions tombent en dessous de la barre des 50.000 milliards de yens. Il faut remonter à 1987 pour observer un niveau  aussi bas. Or, l'accroissement simultané des dépenses publiques, inscrites dans les paquets de relance successifs - 16.600 milliards de  yens annoncés en février, 24.000 milliards de yens annoncés en novembre (total : plus de 1.900 milliards de francs) - aggravent  considérablement l'état des comptes de la nation.
  C'est ce qui a décidé l'agence de notation Moody's à dégrader le 17 novembre la note des emprunts d'Etat japonais, juste au lendemain de  l'annonce officielle des nouvelles dépenses. Les autorités ont vivement protesté, le ministre des Finances, Kiichi Miyazawa, déclarant : «  Les emprunts d'Etat japonais sont les plus fiables du monde. » Malgré tout, la récession force le Japon à mettre entre parenthèses les  efforts de réduction de ses déficits publics. L'objectif affirmé par le précédent chef du gouvernement, Ryutaroh Hashimoto, d'arrêter  progressivement l'émission d'obligations pour le financement des déficits est remis à plus tard. A la fin de l'année fiscale 1998 (s'achevant  en mars), les obligations d'Etat atteindront 297.000 milliards de yens (13.000 milliards de francs), d'après le ministère des Finances cité par le  quotidien Nikkei Shimbum, soit près du double de ce qui était programmé dans le budget initial.
  Déficits records. Les déficits de l'Etat et des collectivités locales atteignant le niveau record de 10 % du produit national brut. Le
  gouvernement précédent ayant expliqué en long et en large, la nécessité de remédier à cet état de fait, pour éviter de transmettre les dettes  aux générations futures, le risque est de voir l'impact de ces mesures coûteuses atténué par un réflexe d'épargne très fort chez les ménages,  tandis que les banques travaillant au nettoyage de leur comptabilité ne sont pas encore prêtes à rouvrir leurs lignes de crédit.
  Malgré ce contexte, l'administration poursuit la mise au point des baisses d'impôts. L'impôt national sur le revenu des personnes morales  (IS) pourrait ainsi être ramené de 34,5 % à 30 %, tandis que les taxes locales sur les sociétés seraient abaissées de 11 à 9,5 %, soit un taux  global passant de 46 à 40 %. Ce qui représenterait un manque à gagner de 1.800 milliards de yens pour l'Etat et près de 1.000 milliards pour  les collectivités locales - de plus en plus nombreuses à se trouver en état de faillite virtuelle. Si ces mesures s'accompagnaient d'un  redémarrage rapide de l'activité, la baisse des rentrées fiscales serait plus modérée. Mais les piètres résultats des entreprises ne permettent  pas d'envisager une amélioration rapide.

Japon : plan de relance record (Les Echos, 16/11/98)
Le Premier ministre japonais a annoncé l'engagement d'un nouveau plan de relance de plus de 190 milliards de dollars, soit plus 1.000 milliards de francs, le plus important de l'histoire du Japon, afin de replacer dès l'an prochain l'Archipel sur la voie de la croissance. Au printemps dernier, Tokyo avait compilé un "paquet" valant 137 milliards de dollars, dont les premiers et modestes effets sur l'économie commencent tout juste à se faire sentir. Le Japon a connu une croissance négative de 0,7% lors de l'année fiscale 1997 et prévoit officiellement une nouvelle contraction de son produit intérieur brut de 1,8% pour l'année fiscale en cours s'achevant fin mars. Or, selon l'Agence de planification économique, ces nouvelles mesures annoncées devraient ajouter 2,3 points à la croissance de l'Archipel. Tokyo prévoit notamment de consacrer cet argent à améliorer ses infrastructures sociales, à aider ses entreprises à faire face à la raréfaction du crédit et à assister les personnes ayant perdu leur emploi après une restructuration. Les investisseurs attendaient néanmoins des mesures concrètes de baisses d'impôts, et notamment une diminution des taxes à la consommation.
Parallèlement, le ministère des Finances nippon a annoncé que l'excédent dégagé par le Japon dans ses transactions courantes avec l'étranger a explosé en septembre de 70,4%, à 15,8 milliards de dollars, ce qui place sous de sombres auspices la venue au Japon, à compter de jeudi, du président américain Bill Clinton. En effet, les Etats-Unis enregistrent un déficit commercial record avec le Japon. La réunion ministérielle de l'APEC, le Forum de Coopération économique Asie-Pacifique, a déjà donné lieu ces derniers jours à un furieux affrontement nippo-américain en raison de la fin de non-recevoir opposée par le Japon à l'ouverture de certains de ses marchés agricoles. De son côté, le ministère japonais du Commerce international et de l'Industrie a revu à la hausse la production industrielle nippone en septembre, de 2,5% à 3,3. Enfin, la société d'analyse crédit Teikoku Databank a indiqué que les défaillances d'entreprises au Japon ont augmenté de 5,8% en octobre, par rapport à leur niveau du même mois de 1997.
Le plan de relance présenté par le gouvernement japonais fin avril 
Le besoin de financement des comptes publics du Japon 
La croissance et la consommation des ménages au Japon depuis 1995 
Le solde de la balance commerciale nippone depuis 1992 

Le Parti libéral-démocrate (PLD), au pouvoir à Tokyo, s'est mis d'accord jeudi sur les grandes lignes d'un plan de relance portant sur
plus de 10.000 milliards de yens (80 milliards de dollars). Ce projet autorise aussi les réductions d'impôts souhaitées par le Premier ministre Keizo Obuchi, pour un montant de 7.000 milliards de yens. Au total, l'effort de stimulation budgétaire qui sera formellement adopté par le gouvernement japonais lundi, représente donc près de 18.000 milliards de yens. Le financement de ce plan fera l'objet d'un collectif budgétaire lors d'une session extraordinaire prévue pour commencer le 27 novembre. (Les Echos, 12/11/98)

RUSSIE/JAPON - Le Japon, dont le Premier ministre Keizo Obuchi est arrivé mercredi à Moscou pour une visite de trois jours, est prêt à
accélérer le versement de son aide de 1,5 milliard de dollars promise en mars à la Russie en lui donnant "aussi vite que possible" 800 millions de dollars. Le président russe Boris Eltsine doit répondre jeudi aux propositions du Japon pour le règlement du contentieux sur quatre îles de l'archipel des Kouriles. La question de ces îles, occupées à la fin de la Deuxième Guerre mondiale par l'armée soviétique, empêche le Japon et la Russie de signer un traité de paix. (Les Echos, 12/11/98)
 

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Mise à jour :  octobre  1998       Retour à la page d'accueil