USA Today + Réunion au sommet sur l'économie japonaise
(La Tribune, 24/9/98)
« Le président Clinton et le Premier ministre japonais,
Keizo Obuchi, se sont rencontrés pour la première fois mardi
pour discuter des tensions économiques entre les deux principales
puissances économiques du monde et des mesures qui doivent être
prises pour stabiliser l'économie de l'archipel et pour sortir
l'économie asiatique de la récession. [...] Des officiels
américains ont demandé au Japon depuis des mois de
mettre en place un véritable plan de restructuration de sonystème
bancaire. Washington insiste aussi sur le fait que le Japon doit
réduire les impôts, accroître les dépenses publiques
et prendre d'autres mesures économiques pour stimuler l'économie
nippone, perçue comme la clef économique de toute une
région. »
Herald Tribune + Obuchi n'est ni optimiste ni pessimiste (La
Tribune, 24/9/98)
« Le Premier ministre japonais, Keizo Obuchi, s'est déclaré
« ni optimiste ni pessimiste » sur les chances de voir aboutir
le plan de restructuration du secteur bancaire et financier [de son
pays, Ndlr] (...) après un entretien avec Bill Clinton, mardi dernier
à New York (...). Le Premier ministre nippon estimait que
beaucoup de personnes au Japon « réalisaient que cette situation
n'était pas seulement un problème pour le Japon mais
qu'il y avait des implications majeures pour les autres pays asiatiques
et sans doute pour le reste du monde ».
Il a également indiqué qu'à partir de ce
constat, il « ferait de son mieux », convaincu que le Japon
serait « capable de le suivre dans cette voie » (...)
Le secrétaire au Trésor, Lawrence Summers, indiquait que
le président Clinton n'avait pas demandé [à Obuchi,
NDLR] la mise en place d'un échéancier précis
pour la mise en place de mesures et que, de son côté, le leader
japonais n'avait pas promis de changements spécifiques. »
Les faillites japonaises ont progressé de 15 % en août
(La Tribune, 15/9/98)
Le nombre des défaillances d'entreprises au Japon a progressé
de 15,4 % en août, par rapport au même mois de 1997,
pour frapper 1.534 sociétés, selon la société
d'analyse crédit Teikoku Databank. Les faillites augmentent ainsi
pour le quinzième mois consécutif. Les passifs en jeu ont
simultanément augmenté de 49 %, à 1.006 milliards
de yens (7,7 milliards de dollars), montant le plus élevé
jamais atteint pour un mois d'août. Le mois écoulé
a été marqué par deux importantes faillites,
celles du groupe de négoce Okura et du fabricant de photocopieurs
Mita Industrial. Comme les mois précédents, les sociétés
faillies expliquent à plus de 70 % l'origine de leurs malheurs par
la dégradation de la situation économique. Par secteur, la
hausse des faillites est particulièrement nette dans l'industrie
(+ 31,1 %) et dans le commerce de gros (+ 25,5 %).
Nouvelles précautions en vue pour soutenir les banques japonaises
(La Tribune, 8/9/98)
Les créances douteuses des 19 premières banques
japonaises en Asie ont presque triplé au cours de l'exercice
1997-98, achevé fin mars. Selon un rapport présenté
à une commission parlementaire, les créances douteuses de
ces banques en Asie sont passées en un an de 0,31 % à 1,05
% de l'ensemble des créances japonaises dans la région.
Et selon le Asahi Shimbun, Tokyo pourrait faire croître l'enveloppe
prévue pour renforcer les fonds propres des banques. Tokyo
a déjà mis de côté 1.380 milliards de francs
dont 600 milliards afin recapitaliser les établissements en
difficultés passagères (dont seulement 83 milliards utilisés
à ce jour) et 780 milliards pour garantir les dépôts
des établissements en faillite.
«Le Japon dépend totalement des informations américaines»
Pour l'expert Kensuke Ebata, le Japon devrait se doter d'un satellite
d'alerte. (Libération,7/9/98)
«Le déploiement du missile Taepodong 2 qui devrait
avoir une portée de 4 000 à 7 000 km pourrait
intervenir dans les deux ou trois ans.»
Kensuke Ebata, analyste militaire indépendant, est l'auteur
de plusieurs ouvrages sur les questions de sécurité
en Asie.
De quels moyens le Japon dispose-t-il pour riposter à un
tir de missile nord-coréen?
A l'heure actuelle, nous n'avons ni la capacité de détecter
un lancement de missile ni a fortiori de le neutraliser. Le Japon
est totalement dépendant des informations fournies par
les Américains puisqu'il ne dispose ni de satellite de reconnaissance
qui permettrait de voir ce que préparent les Nord-coréens
et encore moins de système d'alerte satellitaire capable de détecter
un tir de missile en temps réel. Bien sûr, nous ne sommes
pas totalement démunis. Nous avons les moyens de suivre la
progression d'un missile. Les Forces d'autodéfense maritimes disposent
de quatre destroyers Aegis équipés de radars pouvant
détecter des missiles. Mais les données qu'ils recueillent
ne peuvent pas être traitées en temps réel. Ce
type de système permet seulement de reconstituer après coup
la trajectoire du missile.
Le tir nord-coréen au dessus de l'archipel a relancé
le débat sur la nécessité pour le Japon de se
doter d'équipements de détection plus sophistiqués,
d'améliorer son système de défense anti-aérienne.
Quels problèmes politiques cela pose-t-il?
Le Japon a les moyens techniques et financiers de développer
et de lancer son propre satellite de reconnaissance. Il dispose d'ailleurs
d'un satellite d'observation mais qui n'est pas utilisé (du moins
officiellement, Ndlr) à des fins militaires. Il pourrait aussi
se doter d'un satellite d'alerte en temps réel comme seuls les Russes
et les Américains en disposent à ce jour. Mais une
telle initiative ne serait certainement pas du goût de ses voisins,
en particulier la Chine, ni d'ailleurs de celui des Américains.
Car dans ce cas, le Japon pourrait avoir sa propre stratégie
de défense et ne dépendrait plus des Etats-Unis. Les obstacles
à une telle décision ne sont que politiques. En revanche,
les Etats-Unis veulent que le Japon participe au programme américain
de défense antimissile de théâtre (TMD) qui prévoit
à la fois des satellites de détection de missiles hostiles
et des armes antimissiles pour les détruire. Ils espèrent
que l'incident de lundi décidera enfin le Japon à débloquer
les fonds nécessaires. Je crois que le Japon n'a pas d'autre choix
que de participer à ce programme.
Que démontre ce lancement sur les capacités militaires
de la Corée du Nord?
En lançant un Taepodong 1, un missile à deux étages
dont la portée est d'environ 2 000 km, la Corée du
Nord a surpris tout le monde. Les experts pensaient que Pyongyang
mettrait plus de temps à mettre au point ce type de
missile. Cela veut sans doute dire que le développement et le déploiement
du Taepodong 2 qui devrait avoir une portée comprise entre 4 000
et 7 000 km pourraient intervenir dans les deux ou trois ans. Or
un tel missile pourrait atteindre l'Ouest des Etats-Unis et bien sûr
Hawaï! Jusqu'ici on pensait que la Corée du Nord procéderait
à plusieurs tests, quatre ou cinq au moins, avant de déployer
leur missile. Or il n'y a eu qu'un seul test de lancement du Rodong 1 en
1993. Ensuite, ils sont immédiatement passés au Taepodong
1. Cela tend à montrer que leur but n'est pas tant de
tester la fiabilité et la précision de leur missile que de
s'en servir comme une arme politique.
Que signifierait un second tir?
L'important sera de savoir de quel type de missile il s'agit.
S'ils lancent un autre Taepodong 1, cela voudra dire
qu'ils ont une capacité de production en série et cela
plongera l'opinion publique japonaise dans l'angoisse. Il y aura une très
forte pression sur le gouvernement. Si c'est un missile de portée
plus réduite de type Rodong ou Scud C, il y aura moins de
raisons de s'inquiéter.
Restructurations - Après la banque, l'industrie japonaise
dans la tourmente (La Tribune
5/998)
La crise financière a brisé la confiance dans
l'avenir du pays. La demande intérieure est en panne. Les difficultés
s'accumulent pour les entreprises qui entreprennent de lourdes restructurations.
La dernière faillite annoncée dans le secteur
de l'acier au Japon - celle de Toa Steel détenu à 51 % par
NKK, le
numéro deux du secteur - traduit la crise qui affecte
désormais les fondements de l'appareil de production nippon.
Toa Steel laisse derrière lui un passif record de 11 milliards de
francs, après avoir échoué dans ses tentatives de
restructuration. Cette liquidation portera un sérieux coup à
NKK (voir ci-dessous). Il s'agit d'un cas symptomatique, dans la
mesure où Toa, comme beaucoup d'entreprises manufacturières,
s'est trouvé soumis à une double pression : d'un côté
les pertes enregistrées en Bourse, avec un indice Nikkei ayant perdu
plus de 40 % en huit ans, d'un autre côté des carnets
de commandes de plus en plus dépouillés, surtout depuis la
baisse d'activité généralisée dans les
pays voisins d'Asie.
Les banques ne suivent plus. Autre cas récent, le 21
août, la société de commerce Okura, en banqueroute,
témoignait de la fin d'une époque, quand les grandes keiretsu
et zaibatsu japonaises parvenaient à tirer d'affaire un membre
du groupe grâce aux renvois d'ascenseur. A présent, la fragilité
du système financier est telle que les banques ne veulent
plus se mouiller pour sauver les sociétés défaillantes
au sein d'un même groupe, et les fusions deviennent difficiles
pour les canards boiteux. D'autre part, le contexte économique n'offre
plus de perspectives suffisantes pour permettre la survie d'établissements
tels que Toa ou Okura. D'autant que les producteurs d'acier sont
en surcapacité. La moitié des activités d'Okura portait
sur les équipements lourds, machinerie, industrie de l'acier.
Mais confrontés à une concurrence acharnée, les clients
de la maison de commerce sur ce segment de marché devaient
peu à peu se passer de ses services afin de réduire les coûts.
Un redéploiement en direction des marchés de l'immobilier
et de l'alimentaire n'allait pas suffire à empêcher le naufrage.
Ces exemples illustrent l'effet dominos provoqué par
la crise financière, qui, en brisant la confiance dans l'avenir
du pays, se répercute d'une sphère à l'autre
de l'économie. La demande intérieure reste en panne, et chaque
effort entrepris pour relancer la consommation des ménages
est voué à l'échec. Que sont devenus les 2.000 milliards
de yens (87 milliards de francs) d'allégements fiscaux concédés
par le précédent gouvernement à la fin de l'année
calendaire 1998 ? A en croire l'enquête réalisée par
le grand quotidien économique Nihon Keizai Shimbun, les consommateurs
ont utilisé cette manne à de menus achats quotidiens, ce
qui a permis de compenser les restrictions imposées notamment
par des réductions de salaire. Mauvaise nouvelle pour l'industrie,
la plupart des personnes interrogées répondent qu'elles
ont résisté à la tentation de dépenser leur
argent pour des équipements durables : électronique
grand public, mobilier, voiture.
La confiance perdue. Si les autorités ne parviennent
pas à restaurer un climat de confiance, les réflexes de
prudence des consommateurs, ajoutés à la baisse des investissements
du secteur privé, risquent de compromettre tout espoir de
reprise. Les constructions de logements sont en perte de vitesse (- 11,3
% en juillet par rapport à juillet 1997, dix-neuvième
mois de baisse en glissement annuel), la déprime affecte aussi la
construction automobile, mê- me Toyota sera touché en
août par une diminution des ventes, selon le rapport intérimaire
de l'Association des constructeurs automobiles japonais qui table
sur un déclin généralisé le mois dernier de
plus de 9 % par rapport à l'an passé.
Baisse de la consommation des ménages (La
Tribune 4/9/1998)
La consommation des ménages japonais a chuté
de 3,4 % en juillet par rapport à son niveau du même mois
de 1997, a annoncé jeudi l'agence gouvernementale de planification
économique (EPA). Ce recul, le neuvième consécutif,
est plus marqué que ne le craignaient les marchés financiers,
qui prévoyaient une baisse allant de 0,2 % à 2,3 %.
En juin, la consommation avait reculé de 1,0 %.