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Politique intérieure

Otages en Malaisie: la demande de rançon rejetée (AP, 27/4/2000)
Le président des Philippines Joseph Estrada a rejeté la demande de rançon de 100 millions de pesos (16,77 millions de FF/2,26 millions d'euros) déposée par les ravisseurs de 21 personnes, dont un couple de Français, enlevées dimanche soir dans l'est de la Malaisie. ''La politique du gouvernement est de ne pas verser de rançon'', a déclaré jeudi le secrétaire exécutif de la présidence Ronaldo Zamora.
Les autorités malaisiennes affirment travailler dans l'ombre pour obtenir la libération des prisonniers, parmi lesquels figurent au moins dix étrangers. Pris en otages dans un hôtel de l'île de Sipadan, ils ont ensuite été emmenés dans une île philippine voisine.
Le vice-Premier ministre a souligné que l'essentiel de ces négociations ne pouvaient pas être discutées au grand jour et que le silence était déterminant pour assurer la sécurité des otages. Abdullah Ahmad Badawi a ajouté qu'une cellule de crise avait été mise en place, le reliant aux ministères des Affaires étrangères, de la Défense et de l'Intérieur. Par ailleurs, le chef de la police malaisienne Norian Mai et les services du ministère des Affaires étrangères tiendront régulièrement des points de presse.
Les otages se trouvent à présent dans l'archipel de Sulu, à la pointe sud des Philippines, selon les autorités philippines. ''Ils sont en sécurité, je peux vous l'assurer'', a affirmé mercredi le général Jose Calimlim, à la tête des services de renseignement militaires. Selon un ancien chef rebelle cité par Ronaldo Zamora, certains otages se trouvent dans la province voisine de Tawi Tawi.
Les autres otages sont trois ressortissants allemands, un libanais, deux sud-africains, deux finlandais, un philippin et neuf malaisiens. La nationalité de la 21e personne n'est pas connnue.

Les Malaisiens appelés à donner un nouveau mandat au Dr Mahathir (AFP, 25/11/99)
La seule inconnue des élections générales, lundi prochain en Malaisie, réside dans l'avance que conservera sur l'opposition la coalition au pouvoir que dirige d'une main de fer le Dr Mahathir Mohamad. Jusqu'ici, le Front National a toujours emporté plus de deux tiers des 193 sièges du parlement, chiffre indispensable pour garder la haute main sur la Constitution du royaume. Regroupé dans un Front Alternatif, les quatre partis d'opposition doivent obtenir plus de 60 sièges pour infliger son premier revers au
Dr Mahathir, 73 ans, au pouvoir depuis 18 ans. Il faudrait que cette coalition d'opposants triple donc son score de 1995 et emporte
une quarantaine de sièges supplémentaires, ce qui s'apparente à une gageure, soulignent les observateurs. En effet l'opposition est plombée par un système despotique qui réduit ses moyens d'expression à la portion congrue. La campagne a été réduite à neuf jours et les médias sont entièrement dévolus à la coalition au pouvoir. Pour faire valoir leurs arguments auprès des quelque 9,5 millions d'électeurs, l'opposition en est réduite à choisir soit le porte-à-porte soit l'internet. La Malaisie figure au nombre des pays les plus avancés de la région en matière des nouvelles technologies. Ces dernières, prescrites par le Dr Mahathir comme un des remèdes au sous-développement, permettent en définitive à l'opposition de contourner le système. L'opposition a de surcroît un problème de crédibilité. Son leader, Anwar Ibrahim, ex-dauphin déchu de M. Mahathir, est en prison. Du fond de sa cellule il a lancé un appel aux électeurs pour qu'ils renversent M. Mahathir. "Le pouvoir dans un système démocratique est entre les mains du peuple. Et il s'agit de la meilleure chance pour nous de choisir nos futurs dirigeants", a-t-il souligné dans ce texte. Face à une opposition hétéroclite, le rouleau compresseur du système Mahathir s'est mis en branle inexorablement. Jeudi le Front National au pouvoir a lancé une campagne dans les medias tendant à faire croire que la propre épouse d'Anwar Ibrahim ne croit pas en son mari. Mme Wan Azizah dirige le Parti de la justice nationale, l'une des formations membres du Front Alternatif. Pour emporter les voix de la minorité chinoise qui représente 30% de la population, M. Mahathir a reçu mercredi l'appui du Premier ministre chinois Zhu Rongji qui a fait un éloge appuyé de sa gestion et en particulier de ses méthodes pour venir à bout de la crise économique, lors d'une visite à Kuala Lumpur. Ce coup de pouce électoral de Pékin a été donné en dépit de la mise en garde du chef du Parti de l'action démocratique, Lim Kit Siang, lui-même membre de la communauté chinoise de Malaisie, qui avait demandé publiquement au visiteur de rester sur la réserve de manière à ce qu'il n'apparaisse pas comme "impliqué dans la vie politique malaisienne". La communauté chinoise réclame depuis des années l'abolition des lois ségrégationnistes en particulier dans le domaine des affaires qui imposent notamment à toute société un quota de dirigeants d'origine malaise. Mais ces lois constituent les fondements même du système ultra-nationaliste mis en place par M. Mahathir. Il apparaît d'ores et déjà que cette élection ne contribuera pas à faire retomber les tensions politiques qui traversent le pays, soulignent les observateurs.

Le vote chinois peut jouer un rôle crucial (AFP, 25/11/99)
La minorité chinoise en Malaisie tient, si elle le désire, le sort des prochaines élections législatives entre ses mains, mais elle apparaît encore réticente à utiliser ce pouvoir. Les Chinois de Malaisie représentent un tiers des 9,5 millions d'électeurs contre 56% pour les Malais, le reste étant formé d'Indiens et d'autres minorités. Mais lundi prochain, fait inhabituel, le vote des Malais va se partager entre partisans du Premier ministre sortant Mahathir Mohamad et partisans de son rival emprisonné, l'ancien vice-Premier ministre Anwar Ibrahim. Dans ces conditions, les Chinois pourraient faire la différence dans plusieurs circonscriptions. Lim Kit Siang, secrétaire-général du Parti de l'action démocratique, dominé par les Chinois, estime que ce scrutin donne à la
minorité chinoise l'occasion de "jouer pour la première fois un rôle décisif dans l'avenir politique du pays".
Lors des précédents scrutins, un tiers des Chinois ont voté pour l'opposition, un tiers pour le gouvernement et le dernier tiers tantôt
pour l'un tantôt pour l'autre. Une nouvelle alliance de partis d'opposition espère que, cette fois, le partage du vote malais et un revirement des Chinois empêcheront le Front National (au pouvoir) d'obtenir, comme il en a l'habitude, la majorité des deux tiers au Parlement. Les Chinois peuvent y aider, selon Michael Yeoh, directeur d'un institut de recherches en sciences politiques, qui estime que leur vote pourrait déterminer le résultat dans au moins 60% des circonscriptions. Ils sont majoritaires dans 22 circonscriptions et représentent un tiers des votants dans 30 autres, a expliqué M. Yeoh, qui ne croit néanmoins guère à un comportement révolutionnaire. Il leur faudra en effet braver leur peur du changement et des menaces agitées par le Front National, au pouvoir depuis des décennies, sur l'éventualité d'émeutes raciales et le risque de ralentissement économique en cas de "mauvais choix" dans l'isoloir.
"Au vu des résultats précédents, les électeurs chinois ne votent jamais en bloc, mais cette fois la majorité d'entre eux pourraient
bien voter pour le Front National", a-t-il ajouté.
"Les Chinois accordent toujours beaucoup d'importance à la stabilité et à la relance de l'économie", a expliqué cet expert.
Chia Ooi Peng, professeur au département d'études chinoises de l'université de Malaya, estime de son côté que le parti au pouvoir
peut à ce propos compter sur les bonnes performances économiques de la Malaisie, qui est parvenue à sortir sans trop de
dommages de la crise asiatique. Les émeutes anti-chinoises de 1969 et les incidents contre la minorité chinoise qui se sont répétés l'an dernier effraient de plus suffisamment de Chinois, les incitant à voter pour la stabilité, c'est-à-dire pour le Front National. La minorité chinoise est très influente dans le monde des affaires et sa réussite provoque parfois la réaction violente des Malais, surtout en période de difficultés économiques comme ce fut le cas l'an dernier au plus fort de la crise asiatique. A l'opposé, M. Cha souligne que cette minorité souhaite aussi des changements comme le prouve un programme de réformes en 17
points élaboré par 11 organisations chinoises influentes et repris ensuite par 2.000 autres organisations. L'analyste politique Heng Pek Koon fait remarquer que la communauté chinoise, même lorsqu'elle s'impatiente vis-à-vis du pouvoir en place, a jusqu'à présent maintenu une "certaine distance" par rapport au mouvement réformiste dirigé par M. Anwar. Pour cette universitaire, il est clair que la majorité des Chinois voteront encore pour le Front National même s'ils ne sont pas satisfaits du statu quo actuel, car la peur du changement est encore trop forte.

Mahathir Mohamad, nationaliste et pourfendeur de l'Occident (AFP, 25/11/99)
Le Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad, vétéran des dirigeants élus en Asie, gouverne son pays depuis 18 ans en autocrate éclairé, farouchement nationaliste et anti-occidental. Candidat aux élections législatives de lundi prochain, à l'âge de 73 ans, le Dr Mahathir, comme il aime à être appelé, est Malais et fier de l'être. Ce credo nationaliste lui a d'abord valu les foudres de l'ancien Premier ministre Tunku Abdul Rahman lors de ses débuts en politique, avant de faire sa fortune. En 1969, il est exclu de l'Organisation nationale des Malais unis (UMNO) pour avoir dénoncé dans une lettre ouverte l'indifférence du gouvernement à l'égard de la communauté malaise, qui représente 60% de la population. Il en fera un livre et ce pamphlet nationaliste lui vaut d'être porté en triomphe par la jeune garde de l'UMNO. Le nationalisme et la défense des "valeurs asiatiques" deviennent alors son fonds de commerce. Réintégré en 1974, il est nommé ministre de l'Education, avant de devenir en 1981 Premier ministre. Fonction qu'il n'a jamais quittée, même après avoir subi un quintuple pontage coronarien en 1989. Sa critique acerbe du modèle occidental n'empêche pas l'ouverture, au moins d'un point de vue économique. Sous sa direction, la Malaisie passe du statut de simple exportateur de caoutchouc et d'étain à celui de cinquième dragon asiatique en puissance, producteur d'équipement électronique ou d'acier. Mais ce développement se fait "à la malaisienne". 
Le dr Mahathir -- il est diplômé de médecine -- a certes doté le pays d'une industrie automobile, mais en érigeant des barrières
douanières destinées à protéger la Proton, "sa" voiture, de toute concurrence internationale. La crise asiatique a frappé la Malaisie comme beaucoup d'autres pays de la région, mais les recettes pour en sortir ont la marque du Premier ministre. Dédaignant les conseils du Fonds monétaire international (FMI), M. Mahathir impose un contrôle des changes contre l'avis des milieux financiers. La Malaisie semble aujourd'hui sortie d'affaire et son Premier ministre ne manque jamais une occasion de le rappeler. Cette vision nationaliste en économie lui vaut ses premiers gros ennuis en politique. Son dauphin Anwar Ibrahim saisit cette occasion en 1998 pour marquer sa différence avec son mentor, dans l'espoir d'accélérer son arrivée au pouvoir. Mais M. Mahathir n'est pas prêt à prendre sa retraite. Evincé, arrêté, M. Anwar a été condamné l'an dernier à six ans de prison pour déviances sexuelles. Il est aujourd'hui en procès pour sodomie, une accusation grave dans ce pays majoritairement musulman. D'une manière générale, M. Mahathir se méfie des "étrangers", qu'il a accusés la semaine dernière d'avoir fait chuter l'Indonésien Suharto.
M. Mahathir, champion des "valeurs asiatiques", a sa propre conception des droits de l'homme qui n'a rien à voir avec l'"hypocrisie"
occidentale.
"Partout où l'Occident est presque obsédé par les droits de l'individu, l'Orient est plus soucieux des droits de la communauté",
écrit-il dans un livre récemment publié qui expose ses vues en la matière.
"La société et les individus doivent accepter la nécessité de faire des sacrifices dans l'intérêt et pour le bien de tous ... même les
droits élémentaires doivent être réduits si cela est nécessaire", ajoute M. Mahathir.
M. Mahatir, né le 20 décembre 1925, est marié et père de cinq enfants.

Anwar Ibrahim, des lustres du pouvoir à l'ombre du cachot (AFP, 25/11/99)
Ex-dauphin désigné de Mahathir Mohamad, l'homme fort de Malaisie, Anwar Ibrahim, 52 ans, est passé du jour au lendemain des lustres du pouvoir à l'ombre du cachot, poursuivi par la justice de son pays pour de prétendues turpitudes sexuelles.Pour avoir eu l'outrecuidance de faire savoir, en pleine crise économique asiatique, qu'il n'était pas d'accord avec la politique protectionniste de son mentor, Anwar Ibrahim a été brutalement limogé le 2 septembre 1998.Deux jours plus tard il était arrêté à son domicile en présence de sa femme et de ses deux enfants, et depuis la presse officielle, d'ordinaire pudibonde, se repaît de ses frasques sexuelles qui ont été à l'origine d'une première condamnation à six ans de prison en avril. Ensuite un deuxième procès pour sodomie lui a été intenté, mais ce dernier a été ajourné sine die le 15 novembre juste après la dissolution du parlement malaisien en prévision des élections générales du 29 novembre. Du coup Anwar Ibrahim, devenu la figure de proue de l'opposition, a renoncé à être candidat mais il a lancé du fond de sa cellule un appel aux électeurs en leur demandant de renverser Mahathir Mohamad. Curieusement dans ce pays de 20 millions d'habitants où la presse est à la botte du pouvoir, Anwar Ibrahim parvient encore à se
faire entendre grâce à l'internet qui compte plus de 300.000 abonnés. Ironie du sort, c'est le Premier ministre lui-même qui a
encouragé le développement du réseau dans une tentative d'apporter une nouvelle croissance au pays.Les opposants se sont emparés du reseau pour lutter contre la propagande officielle et une demi-douzaine de sites sont désormais consacrés au plus célèbre prisonnier du pays.

Libération de l'un des plus importants prisonniers politiques malaisiens (AP, 25/8/99)
Lim Guan Eng, l'un des plus importants prisonniers politiques malaisiens a été libéré mercredi de la prison de Kajang, située hors de la capitale du pays, Kuala Lumpur. Une foule de 1.000 partisans et membres des principaux partis d'opposition de Malaisie s'étaient massés devant les portes de la prison, criant ``reformasi'', le slogan de l'opposition inventé par l'ancien vice-Premier ministre incarcéré Anwar Ibrahim, pour attendre la sortie de Lim, député pendant 12 ans et secrétaire-général adjoint du Parti d'action démocratique. Lim et Anwar sont devenus des symboles nationaux de l'opposition croissante au Premier ministre Mahathir Mohamad, qui gouverne depuis 18 ans. Lim avait été incarcéré le 25 août 1998 après avoir été reconnu coupable de sédition et d'impression de fausses nouvelles dans un pamphlet distribué en 1995 critiquant le refus du gouvernement de poursuivre pour viol Abdul Rahim Tamby Clik, leader d'un parti politique et ancien dirigeant de l'Etat dont Lim était originaire. Député de Malacca, Lim a perdu son poste en raison de son incarcération. Condamné à 18 mois de prison, il a bénéficié d'une remise de peine pour bonne conduite. 

Anwar Ibrahim, condamné à 6 ans de prison, accuse Mahathir (AFP, 14/4/99)
L'ancien vice-Premier ministre de Malaisie Anwar Ibrahim, condamné mercredi à six ans de prison pour corruption, s'est déclaré dès la lecture de son verdict victime d'une "conspiration politique" dirigée par le Premier ministre Mohamad Mahathir pour le "détruire". Anwar Ibrahim, l'un des hommes politiques les plus brillants de son pays, avait été limogé le 2 septembre 98 à la suite d'un différend avec le Premier ministre Mahathir, puis arrêté et inculpé de dix actes de corruption et de sodomie. Après un premier procés de 77 jours portant sur quatre de ces accusations, le plus long de l'histoire judiciaire de Malaisie, Anwar
Ibrahim a été déclaré coupable d'abus de pouvoir destinés à couvrir des activités homosexuelles présumées. La peine d'emprisonnement qu'il a reçue signifie aussi, selon la loi malaisienne, la perte de son poste de député et l'interdiction de
se présenter à de nouvelles élections pendant la période de 5 ans qui suivra sa libération. "Je n'ai aucun espoir de justice", a déclaré Anwar Ibrahim devant la cour mercredi, une fois la sentence rendue, expliquant que les accusations portées contre lui permettaient à Mahathir de "maintenir son pouvoir à n'importe quel prix, même si cela signifie le sacrifice du peu qu'il reste de l'intégrité judiciaire". "Le Premier ministre utilise le système judiciaire comme un instrument de pression politique et tous les organes du gouvernement, du Procureur général au Judiciaire, en passant par la Police, sont sous sa coupe", a-t-il affirmé dans la déclaration finale qu'il a été autorisé à faire devant le juge qui l'a condamné. Agé de 51 ans, activiste pendant ses études et emprisonné pendant 2 ans pour ses positions radicales en faveur des fermiers déshérités, Anwar entre en 1982 dans la vie politique et y entame une carrière fulgurante, recevant successivement jusqu'en 1991 les portefeuilles des Sports, de l'Agriculture, de l'Education puis des Finances. C'est à ce poste qu'il se heurte de front au Premier ministre Mahathir, après le déclenchement en juillet 97 de la crise monétaire régionale, sur la politique à adopter face à la crise économique. Il est limogé de toutes ses fonctions le 2 septembre, au lendemain de l'introduction par Mahathir d'un strict contrôle des changes pour isoler son pays de la tourmente régionale. Depuis son limogeage et son arrestation, Anwar Ibrahim est devenu le symbole du ralliement de différents groupements d'opposition en Malaisie, demeurés jusque là isolés les uns des autres. Son épouse Wan Azizah Wan Ismail a formé le 4 avril un nouveau parti d'opposition, le Keadilan (Parti de Justice Nationale) qui pourrait devenir aux prochaines élections générales le rival direct du Front National du Premier ministre Mahathir qui détient actuellement 176 des 192 sièges du parlement. Les prochaines élections sont prévues pour avril 2000 mais pourraient, selon des analystes, être organisées avant cette date en raison de la crise politique qui secoue le pays. Le vice-président du Keadilan, Tien Chua, qui dirige aussi une coalition de groupements d'opposition, a été arrêté mercredi lors d'une manifestation organisée au moment du verdict pour prendre la défense d'Anwar Ibrahim. Un autre dirigeant de l'opposition, Malik Hussin, qui participait également à la manifestation, a aussi été arrêté, et la police a dû utiliser des gaz lacrymogènes pour disperser le rassemblement où plusieurs manifestants agitaient l'emblême du nouveau parti Keadilan. Le chef de la police de Kuala Lumpur, Kamarudin Ali, avait mis en garde mardi tous ceux qui voudraient organiser des rassemblements de soutien à l'occasion du verdict contre Anwar Ibrahim et averti que ses forces prendraient les actions "nécessaires" pour garantir l'ordre public. Tout rassemblememt public est interdit en Malaisie sans une autorisation préalable.

L'ancien vice-Premier ministre Anwar Ibrahim à la barre des témoins (AFP, 8/2/99)
L'ancien vice-Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, jugé depuis septembre dernier pour corruption et sodomie, a comparu pour la première fois lundi comme témoin de la défense qui le présente comme une victime d'une conspiration politique.
Anwar Ibrahim, ancien dauphin désigné du Premier ministre Mahathir Mohamad avant son limogeage en septembre 1998, répond
dans la première partie de son procès de quatre accusations de corruption. Le président du Tribunal, M. Augustine Paul, avait refusé fin janvier d'accorder un non-lieu ainsi que le demandait la défense qui fait valoir qu'Anwar Ibrahim n'a commis "aucune infraction" et qu'il est victime d'un complot. Son limogeage, alors qu'il détenait également le portefeuille des finances, était intervenu au plus fort de la crise économique asiatique au lendemain de l'imposition par le Premier ministre Mahathir d'un strict contrôle des changes en Malaisie. Vêtu d'un pantalon noir et d'une chemise bleue à manches longues, Anwar Ibrahim a rappelé dans sa première déposition à la barre des témoins qu'il présidait quand il était au pouvoir un comité ministériel chargé d'enquêter sur tous les cas de corruption, qu'ils impliquent "des ministres, des hauts officiels ou le Premier ministre lui-même". Cette responsabilité "ne plaisait pas à tout le monde", a déclaré Anwar Ibrahim qui parlait en malais et a fait allusion à des possibilités d'"obstructions" dans certains cas impliquant de hautes personnalités. Alors qu'il s'apprêtait à détailler ces cas d'obstructions, M. Augustine Paul a retenu l'objection du procureur qui faisait valoir que le sujet était "étranger à l'affaire". L'avocat d'Anwar Ibrahim a regretté la décision du juge estimant au contraire que le sujet était "directement lié au problème d'une conspiration" ayant abouti au limogeage de son client. Anwar Ibrahim, qui est âgé de 51 ans, est passible d'au moins 20 ans de prison s'il est reconnu coupable des accusations à son encontre. Les quatre actes d'accusation dont il répond dans la première partie de son procès portent sur un abus de ses pouvoirs auprès de la police dans le but de déguiser des relations sexuelles extra-conjugales et homosexuelles qu'il aurait eues avec des membres de son entourage. La seconde partie de son procès, la première devant en principe se terminer en juin prochain, portera sur une accusation de corruption et cinq accusations de sodomie. La sodomie constitue un acte criminel aux termes de la loi malaisienne. Anwar Ibrahim est devenu, depuis sa destitution le 2 septembre et son arrestation 18 jours plus tard, le symbole de l'opposition politique au Premier ministre Mahathir Mohamad. Ce dernier a ordonné le mois dernier la formation d'une commission d'enquête indépendante pour rechercher les coupables de brutalités dont son ancien dauphin dit avoir été l'objet alors qu'il était aux mains de la police, le soir de son arrestation. Anwar Ibrahim a porté plainte pour diffamation contre Mahathir Mohamad en faisant valoir que le Premier ministre, à qui il demande 26 millions de dollars (23 millions d'euros) de dédommagements, l'a considéré à plusieurs reprises dans des déclarations faites à la presse coupable avant même qu'un jugement soit rendu.

Malaisie: le Premier ministre assure que seul un assassinat pourra le déloger (AP, 7/2/99)
Le Premier ministre de Malaisie Mahathir Mohamad a ignoré dimanche les appels en faveur de sa démission, jurant de conserver le pouvoir qu'il exerce depuis 18 ans jusqu'à ce qu'''on me tire dessus ou tente de m'assassiner''.  Le chef du gouvernement, âgé de 73 ans, a affirmé que les pressions en faveur de sa démission étaient vaines et qu'il n'abandonnerait ses fonctions que s'il parvenait à trouver un successeur digne de confiance. ``Même si je suis maudit et même si je m'entends dire que je dois partir, je resterais car j'ai un devoir à accomplir pour le pays'', a déclaré Mahathir Mohamad, cité par l'agence de presse officielle Bernama. Mahathir Mohamad est vivement critiqué depuis le mois de septembre, lorsqu'il a limogé son très populaire vice-Premier ministre Anwar Ibrahim, dénonçant son comportement sexuel. 

L'affaire Anwar provoque la démission du chef de la police malaisienne (AP, 7/1/99)
Le chef de la police malaisienne a démissionné jeudi, assumant la responsabilité du passage à tabac de l'ancien vice-Premier ministre Anwar Ibrahim, arrêté le 20 septembre pour activités sexuelles illégales. L'annonce de la démission du général Abdul Rahim Noor intervient au lendemain de la prise de position du Premier ministre Mahathir Mohamad en faveur de la nomination d'une commission d'enquête indépendante sur cette affaire.  La décision du chef de la police a été jugée bien tardive par les défenseurs des droits de l'homme et par l'opposition. ``Cette démission aurait été honorable si elle avait eu lieu il y a trois mois'', a estimé Lim Kit Siang, chef de l'opposition parlementaire. Ancien successeur désigné du Premier ministre, Anwar Ibrahim a été renvoyé du gouvernement le 2 septembre dernier.

Malaisie-Anwar : La police reconnue responsable de brutalités à l'égard d'Anwar Ibrahim (AFP, 5/1/199)
Malaisie-arrestation : Quatre membres de l'opposition arrêtés pour distribution de tracts (AFP, 10/12/98)
Malaisie-Anwar : Un nouveau témoin accuse Anwar Ibrahim et son frère (AFP, 10/12/98)
Malaisie-Anwar : Coup de théâtre au procès d'Anwar Ibrahim : un témoin à charge avoue avoir menti  (AFP, 7/12/98)
Malaisie-Anwar : Le chauffeur d'Anwar Ibrahim reconnaît qu'il n'a pas abusé de lui  (AFP, 7/12/98)
Malaisie-Anwar : Le procès Anwar entre dans une phase cruciale avec l'audition d'un témoin-clé  (AFP, 2/12/98)
Malaisie-Anwar : Annulation de l'ordre d'arrestation d'un avocat de Anwar Ibrahim (AFP, 2/12/98)
Malaisie-Anwar-Horta : Un Nobel de la Paix demande la  libération des partisans de la réforme  (AFP, 1/12/98)
Malaisie-Anwar : Un avocat d'Anwar Ibrahim condamné à 3 mois de prison pour outrage à la Cour  (AFP, 24/11/98)
Malaisie-média : Des journalistes étrangers paient les manifestants, selon M.Mohamed (AFP, 24/11/98)
Malaisie-Anwar : Reprise des audiences au procès d'Anwar Ibrahim (AFP, 23/11/98)
Malaisie-arrestation : Arrestation d'un dirigeant de l'opposition malaisienne (AFP, 21/11/98)
Malaisie-Anwar : Dispersion d'une manifestation de soutien à Anwar Ibrahim (AFP, 21/11/98)

La Malaisie à l'abri pour 3 ans (La Tribune, 19/11/98)
 Le Docteur Mahatir persiste et signe. Le 1er septembre dernier, le premier ministre malaisien avait décidé de rompre radicalement avec les  politiques anti-crise inspirées par le FMI en instaurant un strict contrôle des changes sur la monnaie nationale, le ringitt. Le 10 novembre, il  s'est un peu plus démarqué des recettes classiques - qui tolèrent à la rigueur des mesures provisoires de protection - en indiquant que le  contrôle des changes pourrait rester en vigueur trois ou quatre ans, délai qu'il juge réaliste pour que la communauté internationale se  décide à mettre de l'ordre dans « l'anarchie » qui règne sur les marchés mondiaux. Reste à savoir si les investisseurs internationaux  apprécieront...

Malaisie-politique : La police choisit la fermeté face aux manifestations  anti-Mahathir (AFP, 15/11/98)

Malaysia's reformasi movement has no leader, no unity and little realistic prospect of  success. But it's still going strong. And the Islamic opposition may benefit. (Far Eastern Economic Review, 8/10/98) 

Frustrated by local media, Malaysians seek Anwar's story from other sources (Far Eastern Economic Review, 8/10/98) 

Anwar has reformist sympathizers in the region (Far Eastern Economic Review, 8/10/98) 

Crise + La contestation prend de l'ampleur en Malaisie  (La Tribune, 22/9/98) 
L'arrestation du vice-Premier ministre, Anwar Ibrahim, officiellement pour une affaire de moeurs, a dressé la population contre le Premier ministre Mahatir.  La récession pourrait atteindre jusqu'à 5 % cette année. 
  L'affaire Anwar-Mahatir prend des proportions insoupçonnées en Malaisie. L'arrestation, dimanche, de l'ancien vice-Premier ministre et  ministre des Finances, Anwar Ibrahim, a provoqué une agitation inhabituelle dans la capitale, où plus d'un millier de manifestants ont crié  leur colère à l'encontre du Premier ministre, Mahatir Mohamad, dont ils demandaient la démission. Rassemblés devant le Palais de justice,  les partisans de l'ancien vice-Premier ministre se sont heurtés à la police anti-émeutes, qui a fait usage de canon à eau et de gaz  lacrymogènes pour les disperser.   Mahatir Mohamad, qui a présidé, lundi, une réunion de crise du parti au pouvoir, l'UMNO, a annoncé hier que son ex-collaborateur, limogé  le 2 septembre, serait jugé par un tribunal. La mise à l'écart de l'ancien bras droit de l'actuel Premier ministre semble plus directement liée à  son combat politique et à des divergences de vues sur les orientations économiques qu'aux sombres histoires de sodomie dont Mahatir  Mohamad lui fait grief. Sa disgrâce tient plus à l'opposition dont celui-ci a fait preuve face à la politique économique mise en oeuvre par  son mentor qu'aux aléas de sa vie privée. Les deux hommes, qui ont un temps présidé de concert aux destinées de la nation, ont des  conceptions économques diamétralement opposées. Tandis qu'Anwar Ibrahim défend une politique d'austérité et de rigueur budgétaire  proche de celle préconisée par le FMI, Mahatir table sur une sortie de crise basée sur la relance budgétaire et la baisse des taux d'intérêt.  Revirement. Si, dans en premier temps, les théories d'Anwar ont dominé la politique économique, elles ont récemment été abandonnées au  profit de mesures plus souples, en accord avec les intuitions du Premier ministre. Le revirement de la politique économique, officialisé en  juin avec le retour au gouvernement de Daim Zainuddin (artisan de la sortie de la crise de 1985 et farouche opposant de la ligne « pro-FMI  »), s'est concrétisé par l'approbation de deux séries de mesures de relance budgétaire en juin et juillet (au total près de 3 milliards de dollars  ont été injectés dans l'économie du pays) et par la baisse résolue des taux d'intérêt par la banque centrale, dont le gouverneur a d'ailleurs  démissionné peu avant le renvoi d'Anwar. Le strict contrôle des changes finalement mis en place par le Premier ministre a marqué l'apogée  de l'affrontement auquel se livraient les deux hommes. Il a conduit à l'éviction simultanée du plus faible, en l'occurrence Anwar Ibrahim,  pourtant considéré depuis plusieurs années comme le dauphin de Mahatir. Les derniers développements du feuilleton malaisien ne sont  pas pour rassurer les investisseurs déjà passablement échaudés par les mesures de contrôle des changes. Le désordre politique suscité  par l'arrestation d'Anwar et le risque de voir se propager une réelle et durable contestation populaire ajoutent à la confusion des analystes.  « Cela fait six mois maintenant que la Malaisie a raté le coche », explique un expert français. 
  Isolement. D'après les spécialistes, l'ampleur de la récession se situera en 1998 entre - 3 % et 5 % - et l'assouplissement des politiques  budgétaire et monétaire ne fera sentir ses effets sur la production qu'à la mi-1999 au plus tôt. De plus, la reprise est conditionnée par la  réussite du plan de restructuration du secteur bancaire. L'isolement économique du pays, décrété par Mahatir, n'a pas que des avantages. 

Connections
Patronage politics Malaysia-style 
Post-Anwar
If the deputy PM goes, who's up next? 
Interview
 Economic czar Daim Zainuddin talks about his role in saving the country and his feelings towards Anwar 

Heir Unapparent (Far Eastern Economic Review, week August 24, 1998) 
 Once assumed to be Mahathir's chosen successor, Anwar Ibrahim is now in a quiet but desperate struggle for political survival. Did he make a political miscalculation that will cost him the premiership? 

FADING FROM THE PICTURE ? (Asiaweek, week August 21, 1998) 
 Could well be, given the political setbacks Anwar Ibrahim has recently suffered. SINCE ANWAR IBRAHIM BECAME deputy prime minister of Malaysia in 1993, he has been first in line to succeed PM Mahathir Mohamad. Sure, the two - mentor and protégé - are very unalike. Mahathir's politics are nationalistic, his manner is blunt and his instincts that of a streetfighter. Anwar's outlook is global, his style smooth and his bent more a philosopher's. True, too, they have publicly sparred on ways to tackle the current economic crisis. But the accepted wisdom has been that Anwar should logically follow Mahathir. The older man's legacy is that he pulled Malaysia into the modern age. The younger's destiny, so goes this thread of thinking, is to steer the nation in the next century. If Mahathir, 72, is Malaysia's past and present, then Anwar, 51, is its future. 

The Press Under Pressure (Asiaweek, week july 31, 1998) 
Two media resignations hit the Anwar camp. IN MOST COUNTRIES, THE resignation of a newspaper editor is not something that has nationwide consequences. It might cause a stir in publishing circles, but its impact usually stops there. Not in Malaysia. In a place where invisible ties bind the press and the government, such events are often seen as having broader political motives and ramifications. Thus when Johan Jaaffar announced July 14 that he was stepping down as editor-in-chief of Utusan Malaysia, the country's second-largest Malay-language daily, political pundits were quick to suspect something was afoot. The departure four days later of another prominent newspaper chief, Ahmad Nazri Abdullah, did little to dampen speculations. Nazri was group editor of the leading Malay paper, Berita Harian. There were also rumors of pending resignations at TV3, the nation's largest private television network. 

Economie, Industries et R&D

La Malaisie assouplit le crédit intérieur et les changes (La Tribune, 15/9/98) 
  La banque centrale de Malaisie a assoupli, lundi, le crédit et annoncé un relâchement du contrôle des changes  via une souplesse sur les marchés dérivés afin de donner un ballon d'oxygène à l'économie, entrée dans sa  première récession en treize ans. La Bank Negara Malaysia a ainsi décrété l'abaissement de 4 points à 2,5 points de  pourcentage la marge que les banques rajoutent aux taux de base avant de re-prêter à leurs clients. Son  gouverneur, Ali Abul Hassan Sulaiman, a également indiqué que les règles de changes sur les marchés dérivés  seraient assouplies. Mais il n'a pas donné de détail en indiquant qu'il s'agissait « de permettre au secteur des  marchés dérivés de se développer » en étant capables de fournir la liquidité nécessaire sans remettre en cause le  rétablissement d'un contrôle des changes. 

Depuis le début de la crise asiatique, le ringgit a perdu 40 %  de sa valeur par rapport au dollar. (Libération, 4/9/98) 
Pour défendre sa monnaie, la Malaisie a adopté la solution la plus radicale: l'instauration d'un contrôle des changes et d'une parité fixe de 3,80 ringgits pour 1 dollar pendant une période indéterminée. Annoncée mardi par le gouvernement du Premier ministre Mohamad Mahathir, la convertibilité du ringgit sera effective le 1er octobre. Le nouveau système instaure un contrôle des changes sur les comptes extérieurs, interdisant les règlements commerciaux en ringgits à l'étranger. Sur place, les transactions seront désormais assurées par des établissements financiers étatiques. Les investisseurs ne pourront rapatrier leurs gains avant une période d'un an. Depuis le début de la crise asiatique en juillet 1997, le ringgit a perdu 40% face au dollar. L'économie malaise entre cette année en récession: le produit  intérieur brut (PIB) a décru de 6,8% au deuxième trimestre par rapport à la même période de l'année dernière. La croissance sera cette année négative - de l'ordre de-1 à -2% - contre une moyenne de +8% pendant les années précédant la crise.  L'instauration d'un contrôle des changes est la seule solution pour arrêter net la dépréciation du ringgit, estime aujourd'hui le Premier ministre Mohamad  Mahathir, au pouvoir depuis quatorze ans. A court terme, le pays peut  connaître un reflux, voire même un afflux de capitaux en raison du taux de change officiel très attractif. Une parité fixe met certes un terme aux attaques des spéculateurs contre le ringgit, mais, à long terme, la non-convertibilité et  l'impossibilité de ressortir les bénéfices du pays avant un an risquent de décourager les gros investisseurs. En désaccord avec la nouvelle politique monétaire de Mahathir, le gouverneur de la banque centrale ainsi que son adjoint ont démissionné la semaine dernière. Plus grave pour la stabilité politique du pays, Anwar Ibrahim, vice-Premier ministre et ministre des Finances, a été limogé mercredi. Ancien  islamiste converti au libéralisme, Anwar Ibrahim était favorable à la liberté des changes et des mouvements de capitaux. La Malaisie, l'un des «bébés tigres» asiatiques, se retrouve donc au même niveau que la Chine, l'Inde, le Viêt-nam, la Birmanie, des pays à la monnaie nonconvertible. «Un renversement de la politique jusqu'ici libérale des pays asiatiques en matière de mouvement des capitaux n'est pas à exclure dans les  mois qui viennent», mettent en garde les analystes de Merrill Lynch. Déjà, à  Bangkok, le docteur Virabongsa Ramangkura, ancien ministre des Finances et économiste respecté, plaide pour que la Thaïlande s'engage sur une voie   similaire. 

Crise + Méthode chirurgicale pour redresser la Malaisie (La Tribune,4/9/98) 
Le renvoi de son dauphin Anwar Ibrahim lui laisse les mains libres pour tenter une relance de   l'économie. Pour les analystes, la rupture avec l'orthodoxie financière et le rétablissement du contrôle des changes constituent un pari risqué. 
  Après la tourmente économique, la Malaisie plonge maintenant dans l'incertitude politique. Mercredi, le Premier  ministre, Mahathir Mohamad, a brutalement congédié le vice-Premier ministre et dauphin présumé, Anwar Ibrahim.  Ce qui laisse le pays, jusqu'ici l'un des plus stables de la région sur le plan politique, sans successeur, au moment  où son leader, âgé de 73 ans, expérimente une méthode iconoclaste pour sauver l'économie. Anwar Ibrahim a  déclaré, hier, lors d'une conférence de presse devant des centaines de supporters qu'il était victime d'une  conspiration au plus niveau du gouvernement pour le débarquer. Il n'a cependant pas critiqué nommément le  Premier ministre et a gardé un ton mesuré. La capitale bruissait hier de rumeurs sur son éventuelle arrestation dont  lui-même n'a pas écarté le risque. Selon la loi malaisienne, un individu peut être arrêté sans être inculpé. Dans la  soirée, il s'est rendu au siège de l'UMNO, le parti au pouvoir devant lequel l'attendait de nombreux partisans. Le  comité directeur devait le démettre de ses fonctions au sein du parti.    Forte opposition. L'élimination d'Anwar Ibrahim, 51 ans, n'est pas une surprise. Depuis des mois, les relations entre  les deux hommes s'étaient détériorées. Le conflit a éclaté sur le type de réformes économiques à adopter pour sortir  le pays du marasme. Anwar Ibrahim, également ministre des Finances, appliquait depuis le début de la crise une  politique de rigueur dans la droite ligne de la doctrine FMI, maintenant de hauts taux d'intérêt pour soutenir le  ringgit. Mahathir n'a jamais caché son opposition à cette politique qui, disait-il, ne faisait qu'aggraver la situation  en privilégiant le soutien de la monnaie au détriment des entreprises qui ne pouvaient plus emprunter. C'est  finalement lui qui a gagné. Mardi, il annonçait son plan qui instaure un sévère contrôle des changes. Tous les  ringgits détenus offshore doivent être rapatriés avant le 1er octobre. Le montant des ringgits détenus à l'étranger  est estimé à 20 milliards, soit 5,2 milliards de dollars. Pour lutter contre la spéculation, les investisseurs doivent  également garder leurs actions un an avant de pouvoir les céder. La banque centrale dans un deuxième temps a fixé  le ringgit à 3,8 contre le dollar et baissé les taux d'intérêt. Un pari risqué. Mahathir est désormais libre de mettre en place son plan alors que de plus en plus de voix dans la  région s'expriment en faveur d'un contrôle des changes. L'expérience Mahathir a donc valeur de test pour les autres économies. C'est un pari risqué, remarquent cependant les analystes. Ils craignent une devise surévaluée et  surtout l'absence de réformes de fond pour restructurer les entreprises. Les milieux financiers s'inquiètent aussi de  la relève politique. Anwar Ibrahim, convaincu des bienfaits de l'économie libérale, a toujours été une caution pour  les investisseurs étrangers. 

Dossier : "Can anyone save Malaysia ?" (Asiaweek, week August 28, 1998) 
Malaysia
Reviving a sinking economy now seems beyond a  leadership stuck in solutions of the past and squabbles of the present 
Le gouvernement va soutenir la Bourse (La Tribune, 21/08/98) 
Le Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad a réaffirmé hier l'intention des autorités d'intervenir en soutien du marché boursier de  Kuala Lumpur en requérant pour cela différents investisseurs institutionnels locaux. Il a également confirmé que le gouvernement étudiait  les mesures utilisées par d'autres pays pour contrer la spéculation sur les marchés. La Bourse de Kuala Lumpur, après un bon de 8,8 % la  veille, a encore progressé hier, mais de 2,2 %. 

La Malaisie annule un emprunt obligataire de 2 milliards de dollars (La Tribune, 28/7/98) 
LA MALAISIE A ANNULÉ une émission obligataire de 2 milliards de dollars après l'annonce de l'abaissement des notes attribuées au  pays par deux grandes agences de notation financière. Standard and Poor's a diminué de A- à BBB + la note de la dette à long terme en devises du pays tandis que Moody's a baissé de A2 à Baa2 la note accordée à la dette en devises étrangères à long terme et de Baa1 à  Baa3 celle des dépôts bancaires. 
Fortis pourrait prendre pied en Malaisie (La Tribune, 20/7/98) 
Le groupe belgo-néerlandais Fortis aurait obtenu l'aval de la Banque centrale de Malaisie pour négocier son entrée à hauteur de 15 % dans le capital d'AMMB Holdings, le septième groupe bancaire du pays, rapportait la presse locale vendredi. Selon The Star, Arab-Malaysian Corp, holding de tête d'AMMB, pourrait profiter de l'occasion pour réduire sa participation dans le groupe bancaire, de 44 % aujourd'hui, en recherchant éventuellement d'autres partenaires étrangers. 

Malaisie + Le gouvernement promet 10 milliards de francs pour l'économie (La Tribune, 18/6/98) 
 Le gouvernement malais a annoncé son intention d'injecter des fonds à hauteur de 7,03 milliards de ringgits (plus de 10 milliards de   francs) pour redresser l'économie du pays. Le ministre malais des Finances, Anwar Ibrahim, a affirmé que le gouvernement avait décidé   d'appliquer « un programme de stabilisation pour contribuer à la relance économique après une chute de la croissance au premier trimestre ». 

Moody's place sous surveillance négative la dette  de la Malaisie (La Tribune, 8/6/98) 
L'AGENCE DE NOTATION Moody's a placé la note de la dette malaisienne sous surveillance avec implication négative. La note pour la  dette en devises, A2, actuellement, et celle des dépôts bancaires (Baa1) pourraient être toutes deux abaissées. L'abaissement des notes  rendraient les levées de fonds encore plus chères pour le pays sur le marché international des capitaux. Selon Moody's, une telle décision  s'expliquerait par le fait que l'économie pourrait se contracter dans les mois qui viennent (rendant donc les remboursements d'emprunts  plus difficiles), en raison de la crise financière qui se poursuit dans ce pays et dans la région. 

La Malaisie menace de se retirer de l'Organisation du caoutchouc (La Tribune, 14/4/98) 
Après la Thaïlande, c'est au tour du troisième producteur mondial de caoutchouc, la Malaisie, de brandir la menace d'un  retrait de l'Organisation internationale du caoutchouc (Inro). Tout comme Bangkok, Kuala Lumpur reproche aux pays  consommateurs leur manque de compréhension à l'égard des problèmes des producteurs. Et de citer l'exemple de la  Malaisie. Le ringgit a perdu 30 % face au dollar alors que le cours de la gomme s'est tassée de 2 % depuis juillet. Les  mécanismes de prix mis en place par l'Inro auraient dû jouer pour lisser la baisse des cours, estime, en substance, la  Malaisie. Mais le refus des consommateurs de revoir les seuils d'intervention pénalise les producteurs. 

La Malaisie peine à sortir de la crise (La Tribune, 7/4/98) 
La « méthode douce » du Premier ministre Mahatir semble avoir atteint ses limites. Les prévisions de croissance sont révisées en baisse. Mais la mise sous tutelle d'une filiale d'un grand groupe pourrait annoncer un changement. 

Fusion dans la finance malaisienne (La Tribune, 1/4/98) 
La banque centrale de Malaisie (Bank Negara), qui avait fixé jusqu'au 31 mars aux trente-neuf sociétés financières locales pour se réorganiser, a procédé hier à un vaste regroupement à l'intérieur de ce secteur. Ce mouvement se traduit  par une division par cinq du nombre des acteurs, qui est ramené à huit. « Ce programme fait partie d'une stratégie globale  préventive de la Banque Negara visant à augmenter la capacité des sociétés financières à résister à tout risque de  ralentissement de l'économie », expliquait-on hier au siège de la banque centrale. Ce mouvement a donné lieu à l'émergence de quatre groupes - Arab-Malaysian Finance Bhd., Hong Leong Finance Bhd.,  Mayban Finance Bhd. et Public Finance Bhd. - constitués autour de sociétés dites « de niveau un ». Ces dernières, dotées  d'un capital social au moins équivalent à 770 millions de francs, ont été autorisées à élargir leurs activités. Par ailleurs, deux  autres ensembles importants devraient être créés à partir de la fusion de plusieurs autres sociétés de moyenne ou petite  taille. Outre la constitution de ces six ensembles, cette réorganisation passera par des prises de participations majoritaires  de deux banques commerciales dans deux autres sociétés financières.

Relations internationales

ASEAN-Sommet-Malaisie : L'économie de Malaisie va se contracter de 6% en 1998 (AFP, 15/12/98)
Malaisie-arrestation : Quatre membres de l'opposition arrêtés pour distribution de tracts (AFP, 10/12/98)
USA-drogue-Iran-Malaisie : Drogue: l'Iran et et la Malaisie retirés de la liste noire américaine (AFP, 7/12/98)
Ouganda-Malaisie : L'Ouganda va reconsidérer la situation d'une société malaisienne (AFP, 7/12/98)
USA-drogue-Iran-Malaisie : Drogue: Iran et Malaisie retirés de la liste des producteurs majeurs (AFP, 7/12/98)
Malaisie-USA : L'ambassadeur américain convoqué au ministère des AE (AFP, 24/11/98)
Malaisie-USA : La Malaisie affirme que les Etats-Unis soutiennent le terrorisme (AFP, 20/11/98)

Les Etats-Unis accusés d'encourager l'opposition en Malaisie (THE TIMES par La Tribune, 19/11/98) 
« Par une foudroyante critique des Etats-Unis quant à une éventuelle incitation à la dissidence politique, le  gouvernement malaisien a déclaré [mardi] que Washington portera la responsabilité des nouvelles manifestations.  Répondant au discours tenu par le vice-président américain Al Gore lors du dîner sommet du forum de l'Apec,  l'exposé du ministre des Affaires étrangères s'est attaqué à « sa très grande intrusion injustifiée et son incitation à  l'anarchie ». Ainsi le gouvernement malaisien estime que le sommet économique est déjà un échec [...] Le sommet a  été déjà gâché par le désaccord sur l'ensemble de la libéralisation commerciale et sa portée a été réduite par  l'absence du président Bill Clinton. » 

Malaisie-USA-Mahathir : M. Mahathir tente de minimiser la tempête diplomatique  avec Washington (AFP, 18/11/98)
USA-APEC-Malaisie : Les Etats-Unis haussent le ton sur la situation en Malaisie (AFP, 17/11/98)
APEC-USA-Malaisie : Les propos de Al Gore "une ingérence grossière", selon  Kuala Lumpur (AFP, 17/11/98)
Malaisie-USA : Vive querelle Etats-Unis Malaisie à propos de la démocratie (AFP, 16/11/98)
Malaisie-Anwar-Albright : Le traitement réservé à Anwar Ibrahim est "effroyable":  Madeleine Albright (AFP, 15/11/98)
APEC-Malaisie-Anwar : L'unité de l'APEC ternie par la crise politique en Malaisie (AFP, 15/11/98)
Malaisie-APEC : Nouvelles manifestations contre Mahathir dans le centre de Kuala  Lumpur (AFP, 15/11/98)
Irak-Malaisie-USA : Mahathir Mohamad opposé au bombardement de l'Irak (AFP, 15/11/98)

MALAYSIA: TREATMENT OF ANWAR 'ROCKS ASEAN'S BOAT'(Foreign Media Reaction, USIS, 15/10/98)
Events in Malaysia over the past six weeks--beginning with Prime Minister Mahathir's sacking and subsequent arrest of former Deputy Premier and Finance Minister Anwar Ibrahim and the apparent physical mistreatment of Mr. Anwar while in detention--provoked a flurry of debate on ASEAN's long-held policy of non-interference in the affairs of other member states. Among ASEAN member countries, commentators in the Philippines, Indonesia and Thailand voiced the most strident condemnation of the treatment of Mr. Anwar by his "erstwhile boss and ally," Mr. Mahathir. These observers lobbed a volley of epithets at Mr. Mahathir following publication of photographs of a bruised and black-eyed Mr. Anwar as he was moved from prison for a court appearance on September 29. "Skulduggery Most Foul," bannered the government-oriented Indonesian Observer, echoing Thai and Philippine dailies that spoke of the "savagery" of Mr. Mahathir's agents and referred to the Malaysian prime minister as a "torturer." Not surprisingly, such rhetoric was absent from Malaysia's tightly controlled press. An editorial in Kuala Lumpur's government-controlled New Straits Times insisted that Malaysia would "brook no interference" in its internal affairs, especially "at a time when the nation should be focused on speedy economic recovery." Singapore's pro-government Straits Times likewise contended that Mr., Anwar's trial, which is scheduled to take place just prior to the November 17-18 APEC meeting in Kuala Lumpur, was "Malaysia's business." Amid speculation that some leaders might boycott the gathering or demand a change of venue, the Straits Times insisted: "Now, more than ever, Southeast Asian members of APEC need the oxygen of global economic interface.... Localized political troubles such as those in Malaysia are no excuse for slowing [APEC's] momentum." 

LITTLE COMMON GROUND (Asiaweek, week August 14, 1998) 
Singapore and Malaysia feel they are being railroaded. Singapore and Malaysia pick a fight over a new border checkpoint.  RELATIONS BETWEEN SINGAPORE AND MALAYSIA have never been easy. The difficulties between the two go back to the beginning, when Singapore withdrew from the Federation of Malaysia in 1965 because of Kuala Lumpur's preferential policies for native Malays. 


 
Social, culture 

La Malaisie mise sur de grands évènements sportifs pour obtenir les JO (AFP, 10/9/99)
Grand Prix de Formule 1 le 17 octobre, Coupe du monde de golf du 18 au 21 novembre, Championnat du monde par équipes de tennis de table en février 2000: la Malaisie mise sur l'organisation de grands évènements sportifs pour promouvoir sa candidature pour les jeux Olympiques de 2008 après des Jeux du Commonwealth réussis en 1998.

Fuyant la police islamique (AP, 23/8/99)
 Une femme de 29 ans, qui fuyait la police islamique, a fait une chute mortelle de cinq étages dimanche alors qu'elle tentait de s'échapper de l'appartement de son ami en passant par une fenêtre, a rapporté lundi le département religieux de l'Etat de Malacca (Malaisie), cité par le New Straits Times. La police religieuse a fait une perquistion dans l'appartement dimanche matin après avoir été prévenue qu'un couple non marié vivait à l'intérieur, a déclaré Rahimin Bani, le directeur adjoint du département religieux.
Après avoir frappé à la porte pendant un quart d'heure, les policiers ont été autorisés à entrer dans l'appartement par l'homme de 45 ans qui l'occupait. ``Les policiers ont alors entendu un bruit sourd provenant de l'arrière de l'appartement mais n'ont pensé à rien de spécial'', déclaré M. Rahimin dans le journal. En regardant par la fenêtre, ils ont vu la femme, dont l'identité n'a pas été révélée, gisant en bas dans une mare de sang. Selon le directeur adjoint du département religieux, elle tentait de s'enfuir en passant par le balcon, mais elle a glissé et elle est tombée. Son compagnon, un chauffeur de bus, a été arrêté pour être interrogé. En vertu de la loi islamique, les couples non mariés peuvent être accusés de ``kahlwat'', autrement dit de ``proche proximité'', s'ils sont trouvés seuls ensemble dans une pièce. Les relations sexuelles sont en effet interdites en dehors du mariage. Les perquisitions de la police sont fréquentes et les contrevenants sont jugés par des tribunaux islamiques, encourant jusqu'à deux mois de prison et une amende s'ils sont reconnus coupables. 

Malaisie : les islamistes favorisent à l'embauche les femmes laides (AFP, 21/7/99)
Les jolies femmes n'ont pas besoin de travailler car elles n'éprouvent pas de difficultés à trouver un mari riche. Au contraire, les femmes les moins dotées par la nature doivent se prendre elles-mêmes en charge. C'est à la suite de ce raisonnement que Nik Abdul Aziz Nik Mat, premier ministre islamiste d'un des Etats  fédérés de Malaisie, a ordonné aux membres de son gouvernement local de  n'embaucher que les femmes les plus laides, rapporte l'AFP.  "Normalement, les femmes à qui Dieu donne le cadeau de la beauté sont mariées à  des hommes riches. Si elles n'ont pas de travail, cela ne leur pose pas d'autre problème", a justifié Nik Abdul Aziz Nik, qui dirige le parti intégriste d'opposition, Islam Semalaysia (PAS), au pouvoir dans le seul Etat de Kelantan (nord). "Ce n'est que justice, a-t-il poursuivi. Si les jolies femmes ont un mari pour les prendre en charge, au moins les laides auront de l'argent." A la suite de ces déclarations, le gouvernement fédéral dirigé par le premier ministre  Mahathir Mohamad a sévèrement critiqué les dirigeants du PAS, les qualifiant  d'"égoïstes" et de "misogynes". "Les jolies femmes ne doivent pas être condamnées, car c'est Dieu qui les a faites belles. Ce n'est pas leur faute", a dit le premier ministre, soulignant que les islamistes du PAS sont " des égoïstes et les égoïstes ne  peuvent pas faire de bons dirigeants".  Zainah Anwar, membre d'un groupe de militantes féministes, Les soeurs dans l'Islam,  a déclaré que le PAS devait cesser de voir les femmes comme de simples objets sexuels. "La beauté ou la laideur de qui que ce soit ne doit pas devenir une référence pour une embauche ou un licenciement. Ce sont des pratiques discriminatoires qui n'ont pas leur place dans une société démocratique moderne",  a-t-elle ajouté.

 Mise à jour :  avril 2000
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