Politique
intérieure
Népal: attaques meurtrières après la prolongation
de l'état d'urgence (Le Figaro, 22/2/02)
Les attaques des rebelles maoïstes
ont fait une quarantaine de morts quelques heures seulement après
le vote par le parlement népalais de la prolongation de l'état
d'urgence décrété en novembre 2001 pour combattre
l'insurrection.
Jeudi soir, 32 policiers et 4 rebelles ont été
tués au cours d'une attaque par des insurgés d'un poste de
police de Sitalpati --où 85 hommes étaient déployés--,
à 260 kilomètres à l'ouest de Katmandou, a annoncé
le vice-ministre népalais de l'Intérieur Devendra Raj Kandel.
Une bataille d'une heure et demie s'en est suivie au cours de laquelle
au moins 32 policiers ont péri et quatre rebelles ont été
tués, même si le vice-ministre estime que "les pertes maoïstes
doivent être supérieures", laissant entendre que des corps
ont été emmenés par les rebelles.
De plus, vendredi matin, cinq civils ont été tués
au cours de l'attaque d'un autocar. "Un groupe de rebelles a arrêté
le car à Bhandara dans le sud du Népal et a ordonné
à tous les passagers de descendre", a déclaré le vice-ministre
de l'Intérieur. Ensuite, les rebelles ont jeté un engin incendiaire
dans le véhicule tuant ainsi cinq passagers qui s'y trouvaient encore
vraisemblablement endormis, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, un enfant a été blessé par une bombe
dans le centre de Katmandou. L'engin avait été caché
dans un conteneur en plastique et a explosé au moment où
le jeune garçon, qui faisait de la récupération, s'en
est
emparé.
Ces actions sont intervenues alors que les rebelles maoïstes ont
lancé un mot d'ordre de grève nationale à partir de
vendredi à l'aube pour marquer le sixième anniversaire du
lancement de leur "guerre populaire" en février 1996.
Résultat, la capitale ressemblait vendredi matin à une
ville morte: les magasins, les écoles, les usines et de nombreux
bureaux sont restés fermés tandis que très peu de
véhicules circulaient dans les rues.
Pour beaucoup, ce confinement chez soi semble moins dû à
un soutien des insurgés qu'à une peur d'attentats. "Les usines
sont fermées en raison de la peur d'attaques des maoïstes",
a, à cet égard, déclaré le porte-parole de
la fédération des chambres népalaises du commerce
et de l'industrie.
C'étaient surtout les véhicules de l'armée et
de la police qui sillonnaient les artères de la capitale à
la recherche de personnes ou de colis suspects.
Le prolongement de l'état d'urgence a été approuvé
par 194 députés --beaucoup plus que la majorité des
deux tiers requise-- à la demande du gouvernement népalais
dans ce contexte de regain de violence.
Le week-end dernier, la guérilla a lancé une offensive
qui a fait plus de 150 morts, soit le plus lourd bilan depuis février
1996.
Ainsi prolongé jusqu'au 25 mai, l'état d'urgence avait
été décrété le 26 novembre dernier suite
à la violation par la guérilla d'un cessez-le-feu de quatre
mois et à son retrait des pourparlers de paix.
Derrière d'éventuels pourparlers entre les autorités
et les insurgés : la question de la monarchie (Le
Monde, 25/8/2001)
Accueilli avec soulagement par une population qui a soif de paix, le
cessez-le-feu entre le gouvernement et les maoïstes tient depuis près
d'un mois. Mais aucune date n'a encore été avancée
pour l'ouverture éventuelle de négociations de paix qui s'annoncent
difficiles. A l'origine de l'appel à l'arrêt des hostilités,
immédiatement accepté par la guérilla maoïste,
le nouveau premier ministre, Sher Bahadur Deuba, membre du parti du Congrès
comme son prédécesseur G. P. Koirala, dispose de plusieurs
atouts : son attitude constante en faveur du dialogue avec les maoïstes
; sa connaissance du mouvement et de certains de ses dirigeants, acquise
du temps où il présidait le comité mis en place, après
les élections de mai 1999, pour suggérer des solutions au
problème ; sa popularité présente.
"Les deux parties sont sérieuses et font de leur mieux pour
instaurer des mesures de confiance à travers une politique mutuelle
d'apaisement", affirme Kapil Shrestha, président de la Commission
nationale des droits de l'homme. Le gouvernement a déjà relâché
une quarantaine de maoïstes, et la guérilla a libéré
une quarantaine de policiers sur les cent trente-cinq qu'elle détiendrait.
Des organisations sœurs des maoïstes ont récemment tenu des
réunions au cœur de Katmandou sans être pour le moins importunées.
M. Deuba et le chef des maoïstes, Prachanda, ont tenu des propos
aimables l'un sur l'autre. Même le passage au Parlement de la loi
instaurant une force paramilitaire de 15 000 hommes, dont la tâche
principale sera de combattre la guérilla, ne semble pas avoir fait
dérailler le processus. Cette force avait été décidée
du temps du roi assassiné Birendra et déjà 8 000 hommes
sont entraînés pour la fonction. Après trois semaines
d'attente, les deux parties ont annoncé les noms de leurs négociateurs.
Le ministre du plan et du travail, Chiranjivi Wagle, conduira la délégation
gouvernementale alors que Krishna Bahadur Mahara dirigera la troïka
des responsables maoïstes.
Au-delà de la rencontre, un agenda de négociations prenant
en compte les aspirations contradictoires des maoïstes et du gouvernement
- ils luttent pour l'établissement d'une république qui
"donne le pouvoir aux masses opprimés" alors que le premier
ministre vient de rappeler que le multipartisme et l'existence de la monarchie
constitutionnelle ne sont pas négociables - reste à définir.
TRANSFORMATION EN "GANGS"
"Le gouvernement doit accepter le fait qu'il dialogue avec une force
extra-constitutionnelle",note Padma Ratna Tuladhar, un militant des
droits de l'homme, qui a parfois servi d'intermédiaire entre le
gouvernement et les maoïstes.
Selon lui, les maoïstes pourraient provisoirement céder
sur le maintien de la monarchie dans la mesure où un référendum
sur le sujet serait prévu par la nouvelle Constitution, qu'ils appellent
de leurs vœux. "Les dirigeants maoïstes sont confiants dans leur
pouvoir de convaincre le peuple que la monarchie est une survivance féodale
et qu'il devrait choisir un régime dans lequel un de leurs proches
pourrait être président", dit M. Tuladhar.
Le débat sur la monarchie est ravivé depuis le massacre,
par le prince héritier d'alors, de la grande majorité de
la famille royale le 1er juin."Depuis cet épisode, la monarchie
est en difficulté et plusieurs partis politiques demandent qu'elle
soit réduite à un rôle uniquement protocolaire",
affirme Lok Raj Baral, professeur de sciences politiques à l'université
Tribhuvan. "Le peuple népalais ne regrettera pas que le roi perde
ses pouvoirs", estime Kapil Shrestha.
Le succès ou l'échec du dialogue, s'il s'ouvre enfin,
dépendra grandement de la volonté d'aboutir des chefs maoïstes,
Prachanda et Baburam Bhattarai. "Depuis le début, toutes les
initiatives de dialogue sont venues du gouvernement, les maoïstes
n'ont fait qu'y répondre", souligne M. Tuladhar. Plusieurs raisons
expliquent l'acceptation rapide des chefs maoïstes du dialogue.
Premièrement, la demande populaire pour une trêve est d'autant
plus forte que la crainte d'une guerre civile augmente avec l'accélération
des succès maoïstes et l'intervention consécutive, même
limitée, de l'armée. Jusqu'à maintenant, l'armée,
qui en dernier ressort dépend du roi, n'était pas intervenue.
Quand elle a été employée, pour la première
fois en juillet, elle a rapidement conclu un accord tacite avec les guérilleros
pour éviter l'affrontement. Cette situation n'est toutefois pas
viable et déjà des politiciens critiquent les prétentions
des chefs militaires à poser des conditions à leur intervention.
Autre souci des maoïstes, une éventuelle intervention des
grands voisins du Népal, Inde et Chine, au cas où la situation
se détériorerait trop. Enfin, les succès des guérilleros
ont attiré des éléments criminels dans les rangs maoïstes
et, affirme M. Shrestha : "Le mouvement est en train de se transformer
rapidement en gangs. Dans certaines régions, ces seigneurs de la
guerre ont commencé à acheter des terres."
TRÉSOR DE GUERRE
"Prachanda doit négocier avant que les autres cadres ne se révoltent",
affirme un journaliste qui suit la lutte. Selon des informations non confirmées,
le trésor de guerre des maoïstes s'élèverait
à quelque 5 milliards de roupies (73 millions d'euros environ),
une somme qui, dans un pays où le revenu annuel par tête est
de 240 dollars (265 euros), peut attirer des convoitises. Certains prêtent
toutefois aux maoïstes la volonté d'accumuler le maximum d'argent
en prévision de consultations électorales auxquelles ils
pourraient participer.
Pour l'instant, le Népal, fortement secoué par le massacre
de la famille royale, déstabilisé par les crises politiques
à répétition, retient son souffle, tout en sachant
que si la trêve en vigueur devait échouer, la situation ne
pourrait que rapidement empirer.
La guérilla impose sa loi et son ordre
De février 1996, premier acte de la guérilla maoïste,
au 17 juillet 2001, les affrontements entre police et rebelles ont fait
1 667 morts, selon l'Insec (un organisme népalais des droits de
l'homme). Depuis deux ans toutefois, la courbe s'est renversée en
faveur des maoïstes : en 1999, 328 personnes ont été
tuées par la police et 141 par les maoïstes ; en 2000, c'est,
dans le même ordre, 179 et 219 ; en 2001, 63 et 199. Démoralisée
et saisie par la peur, la police préfère aujourd'hui laisser
faire les guérilleros, sans intervenir, quand elle n'y est pas obligée.
Ceux-ci ont les coudées franches et même la société
civile semble avoir démissionné devant eux. Un seul exemple
: à la suite d'un ordre de la guérilla, l'hymne national
népalais, qui glorifie le roi, alors que les maoïstes veulent
l'instauration d'une république, n'est plus chanté dans les
écoles.
Népal : le roi et les "maos"
(Le
Monde, 25/8/2001)
La rébellion armée maoïste népalaise a acquis
une telle popularité en palliant l'incurie de l'Etat qu'elle a contraint
le gouvernement à envisager de négocier avec elle. Le massacre
qui a décimé, en juin, la famille royale, a déstabilisé
la monarchie himalayenne.
Au fur et à mesure de la montée, d'abord en pente douce,
puis plus abrupte, le chemin se rétrécit et le maïs
fait place à des forêts de pins ou de sals aux troncs très
droits. Pour trouver les maoïstes népalais, pas besoin aujourd'hui
de s'éloigner de Katmandou. A moins de deux heures de route de la
capitale népalaise, le district de Khabre Palanchok est, comme la
quasi-totalité des soixante-quinze districts du Népal, une
"zone affectée par l'activité des maoïstes".
On est pourtant loin ici de cet Ouest népalais, à la pauvreté
absolue, dans lequel s'est manifestée pour la première fois,
le 13 février 1996, la guérilla maoïste. Depuis, le
mouvement a fait du chemin. Il est devenu une force avec laquelle n'importe
quel gouvernement doit compter et les maoïstes administrent directement
dix districts du pays, dans lesquels fonctionnent "les gouvernements
du peuple".
Sur le chemin d'Anekot, les villageois confirment que la police ne se
manifeste plus guère dans les villages reculés, où
les maoïstes circulent librement. "Ils viennent sans armes et en
civil voir si nous avons des problèmes, si leurs sympathisants sont
ennuyés ou harcelés par les autorités", affirme
Zhalak Prasad Lamichani, membre de l'association des paysans, très
proche des maoïstes. "Beaucoup de gens les soutiennent car ils
leur rendent justice et leur assurent la sécurité", dit
encore ce petit fermier qui ne cache pas qu'il "aime les maoïstes,
parce qu'ils sont honnêtes comme Gautama Bouddha et qu'ils combattent
l'exploitation de la société".
Dans un Népal où près de 80 % des 23 millions d'habitants
sont illettrés, où près de 100 000 jeunes des campagnes
échouent chaque année à leurs examens de fin d'études
et ne trouvent ni emploi, ni formation technique, où de très
nombreux villages ne sont encore accessibles qu'après plusieurs
jours de marche et n'ont ni école, ni électricité,
ni facilité médicale, où les féodaux gardent
encore la tête haute, la tâche des maoïstes n'est pas
vraiment difficile.
Si la plupart de leurs dirigeants, à l'image de leur chef, Pushpa
Kamal Dahal, "Prachanda" de son nom de guerre, sont des brahmanes lettrés,
la troupe est largement issue des basses castes ou des tribus, qui constituent
35 % de la population népalaise. Agée de dix-sept ans, Champa
revient de l'école gouvernementale (deux heures de marche aller-retour)
avec trois de ses amies. Elle résume le succès des maoïstes
: ils combattent pour obliger les exploiteurs à verser des salaires
décents, pour empêcher la pratique courante de taux usuriers,
pour punir l'immoralité, c'est-à-dire les viols, pour protéger
les pauvres.
INTERDICTION DE BOIRE
"Dans notre village de Kotyang, il y avait un exploiteur qui ne versait
jamais les salaires, traînait les pauvres en justice, suscitait des
querelles", dit Champa.
"Les maoïstes l'ont averti à plusieurs reprises de changer
d'attitude. Il n'a pas écouté, ils l'ont tué et maintenant
tout est bien dans le village." Autre interdit des maoïstes qui
fait l'affaire des villageoises, à défaut des hommes d'affaires
qui ont investi plus de 50 millions de dollars (55 millions d'euros) dans
cette industrie : l'interdiction de boire et de jouer pour de l'argent.
"Les hommes ne perdent plus leur argent et leur temps", se réjouit
Sanikanchi, soixante ans.
Dans le village de Narmada, les slogans sont peints en noir ou bleu
sur les murs : "Longue vie au mouvement maoïste ; nous punirons
les informateurs de la police ; mort à Gyanendra", le nouveau
roi. Bhavani Sapkota, vingt-six ans, élève seule ses deux
fils de onze et six ans. Clandestin depuis trois ans, son mari est un cadre
militaire maoïste. Harcelée et menacée régulièrement
par la police, Bhavani ne regrette rien. "Quand il est parti, les gens
du village m'ont boycottée, ils surveillaient mes allées
et venues et je ne voyais plus personne. Mais petit à petit, ils
ont compris qui étaient les maoïstes et ils savent maintenant
qu'ils luttent pour le bien de la société et du pays",
dit-elle. Si ce n'était pour ses deux fils, Bhavani, qui garde de
son passage au poste de police de violentes douleurs crâniennes,
aurait rejoint les maoïstes, qui comptent un tiers de femmes parmi
leurs cadres – un chiffre remarquable, compte tenu des traditions sociales.
ÉQUIPEMENTS RÉCUPÉRÉS
Les guérilleros maoïstes sont environ sept mille. Armés
pour une large part grâce aux équipements récupérés
sur la police – plus de quatre cents postes ont été attaqués
ces six dernières années –, ils disposent aussi d'armes rudimentaires
achetées dans les fabriques clandestines des Etats frontaliers indiens
du Bihar et d'Uttar-Pradesh, ainsi que d'explosifs fabriqués localement.
Si, au début du mouvement, ils ont été aidés
par des naxalites (maoïstes) de l'Inde, ils profitent aujourd'hui
de l'expérience d'anciens gurkhas, les soldats d'élite des
armées britannique, indienne et népalaise.
Fils d'un policier, Govindra, trente ans, père de trois fillettes,
a intégré l'aile militaire du mouvement après trois
ans de probation. "Pendant la période d'essai, j'ai posé
des affiches, distribué des tracts, et puis ils m'ont demandé
des choses plus difficiles, démonter et remonter des explosifs,
les déposer dans des endroits sensibles, comme un poste de police",
raconte-t-il. Aujourd'hui, Govindra est à la fois commandant adjoint
de son escadron (12 combattants dont 4 femmes) et de la force spéciale
(STF, 4 escadrons, soit 48 guérilleros).
A l'échelon supérieur, une compagnie compte 15 STF, soit
720 personnes. "Une ou plusieurs compagnies sont déployées
par région (3 ou 4 districts)", explique Govindra en notant
que le pays a été divisé en trois régions :
est, centre et ouest. A côté des combattants qui se déplacent
en fonction des besoins et portent treillis de combat, les milices du peuple
sont composées de jeunes villageois qui restent chez eux et surveillent
l'application des lois et des interdits du parti. Certains seulement sont
armés.
Même s'il est difficile à mesurer, le soutien populaire
aux maoïstes s'explique à la fois par l'absence d'alternative
dans certaines régions abandonnées par le gouvernement, par
le besoin d'être protégé d'une police dont les excès
ont contribué à grossir les rangs de la guérilla,
et par la peur de représailles en cas d'opposition. Car les maoïstes
ne plaisantent pas avec ceux qui résistent à leurs exigences.
Plus de 1 500 écoles privées ont été fermées
en trois mois par crainte des maoïstes qui exigent qu'elles réduisent
de 50 % leurs frais de scolarité. Volontaire ou pas, chacun doit
contribuer à la caisse des maoïstes qui rackettent commerçants
ou hommes d'affaires jusqu'en plein Katmandou.
"Leur succès est proportionnel à l'échec de
l'Etat et du gouvernement", affirme Raj Lok Baral, professeur de sciences
politiques à l'université de Katmandou. "La démocratie
sans progrès social radical ne peut pas réussir". Onze
ans après l'établissement d'un régime démocratique,
la désillusion des Népalais est totale. Le mieux-être
attendu de la fin de la monarchie absolue n'est pas venu. Tout cela a fait
le lit d'un mouvement perçu comme le nouvel espoir des déshérités.
D'anciens communistes liés au PC... américain
Passés dans la clandestinité en 1995, les dirigeants
maoïstes sont tous issus des scissions multiples du Parti communiste
népalais (CPN). Leur chef, Prachanda, quarante-sept ans, diplômé
en agronomie de l'université de Chitwan, son district d'origine,
et leur idéologue, Baburam Bhattarai, quarante-huit ans, diplômé
en architecture de l'université Jaharawal-Nehru de New Delhi, se
sont unis en 1990 pour participer aux premières élections
du retour à la démocratie. Leur parti avait alors obtenu
9 sièges. Une tentative du gouvernement de diviser leur formation,
en 1993, les a convaincus de la vanité du jeu démocratique.
Début 1996, ils remettaient un manifeste en quarante points que
le gouvernement devait accepter dans les trois semaines. Avant même
l'expiration du délai, les premières bombes explosaient :
la guérilla maoïste était née. Les maoïstes
népalais, très liés au Parti communiste américain,
admirent le Sentier lumineux péruvien. Ils prônent une république
communiste dans laquelle le peuple népalais aurait tous les droits.
Le Népal, un royaume hindou en butte à une guerilla
maoïste (AFP, 7/4/2001)
PARIS, 7 avr (AFP) - Le Népal, où deux attentats maoïstes
en une semaine contre des policiers ont fait au moins 79 morts, dont 61
policiers, dans l'ouest du pays, est l'un des plus pauvres et les moins
développés de la planète. Près de la moitié
des Népalais vivent en-dessous du seuil de pauvreté.
Depuis 1996, la "guerre populaire" maoïste destinée
à renverser la monarchie constitutionnelle a fait au moins 1.600
morts. Les guerilleros, qui déclarent lutter contre les propiétaires
terriens et la corruption, n'étaient que quelques centaines au départ.
Aujourd'hui, ils comptent quelque 25.000 hommes et leur soutien ne cesse
de croître.
Les rebelles réclament notamment la démission du Premier
ministre Girija Prasad Koirala en raison d'un marché douteux signé
par la compagnie aérienne nationale avec la compagnie autrichienne
Lauda Air. L'affaire doit être jugée le 18 avril.
SITUATION GEOGRAPHIQUE ET SUPERFICIE: le Népal (147.000 km2),
situé sur le versant méridional de l'Himalaya, est bordé
par la Chine (Tibet) au nord et par l'Inde à l'est, au sud et à
l'ouest. Il constitue un rectangle de 885 km de long et de 193 km de large.
POPULATION: 22,8 millions d'habitants, dont plus de 70% d'illettrés.
Espérance de vie: 58 ans.
CAPITALE: Katmandou
LANGUE OFFICIELLE: Le népali, parlé par 58,4% de la population.
RELIGIONS : Hindouistes (près de 90%), bouddhistes (5%),
musulmans (2,7%).
HISTOIRE: peuplé initialement par un groupe mongol mélangé
ensuite avec des Indiens, le Népal est envahi, en 1768, par les
Gurkhas venus d'Inde. Leurs menaces sur le Tibet entraîne l'intervention
victorieuse de la Chine (1791).
Protectorat britannique depuis 1816, le Népal acquiert
son indépendance en 1923. La constitution de 1951 établit
une démocratie parlementaire. Le roi Mahendra Il la remplace en
1962 par une constitution fondée sur le système du panchayat,
sans parti, constitué par un ensemble d'assemblées et de
conseils hiérarchisés. Au sommet: le Panchayat national,
dont le rôle est surtout consultatif. Le gouvernement est responsable
devant le roi.
En avril 1990, après un soulèvement populaire, le
roi Birendra Bir Bikram Shah Dev dissout le Panchayat et, en novembre,
accepte le multipartisme.
En 1996, la guerilla maoiste, boycottant les élections
en raison, selon elle, de la corruption du système parlementaire,
lance une "guerre populaire" pour tenter de renverser la monarchie constitutionnelle.
Ses chefs sont Pushpa Kamal Dahal, alias Prachand, un agronome
fils de paysans, et Babu Ram Bhattarai, docteur en ingéniérie.
Le soutien à leur lutte ne cesse de croître, particulièrement
parmi les jeunes villageois inactifs.
INSTITUTIONS POLITIQUES: Monarchie constitutionnelle dotée
d'un pouvoir législatif partagé entre la Chambre des représentants,
dont les 205 membres sont élus au suffrage universel, et un Conseil
national composé de 60 membres, dont 10 désignés par
le roi. Ce dernier, Birendra Bir Bikram Shah Deva, est sur le trône
depuis le 31 janvier 1972.
Le 9 novembre 1990, une nouvelle constitution instaure le multipartisme.
ECONOMIE-RESSOURCES: 80% de la population se consacrent à
l'agriculture qui représente 40% du PNB. Le tourisme est la première
source en devises du pays: 124 millions de dollars pour 435.000 visiteurs
en 1998.
PNB: 210 dollars par habitant (1998, Banque mondiale), un des
plus bas au monde.
DETTE EXTERIEURE: 2,6 milliards de dollars (1998).
ARMEE: 46.000 hommes.
Législatives au Népal: vers une majorité absolue
pour le Congrès népalais (AFP, 20/5/99)
KATMANDOU, 20 mai (AFP) - Le Congrès népalais
du Premier ministre sortant Girija Prasad Koirala se rapprochait tôt
jeudi de la majorité absolue aux élections législatives
au Népal après le décompte de 76% des votes.
Le Congrès népalais a emporté 89 sièges et
était en tête dans 16 autres circonscriptions, ont indiqué
des responsables de la commission électorale. Le parti du Premier
ministre pourrait ainsi obtenir 105 des 205 sièges du parlement.
Un minimum de 103 membres à la chambre est nécessaire pour
former un gouvernement. Le Parti communiste népalais-uni
marxiste et léniniste (NCP-UML), principal parti d'opposition, est
de son côté crédité de 55 sièges et se
trouve en première position dans neuf autres circonscriptions.
Cette tendance laissait présager une majorité absolue pour
le Congrès népalais, ce qui marquerait la fin d'une période
de plusieurs années d'instabilité politique pour le Népal.
Monarchie constitutionnelle, le Népal, petit et pauvre royaume himalayen
coincé entre l'Inde et la Chine, a voté les 3 et 17 mai pour
ses troisièmes législatives depuis l'avènement de
la démocratie et la fin de la monarchie absolue en 1990.
Deuxième phase d'élections législatives lundi
au Népal (AFP, 16/5/99)
Les Népalais votent lundi pour la deuxième phase d'élections
législatives dont ils espèrent enfin un gouvernement stable
mais qui ont déjà été marquées par des
accusations de fraude.Troisièmes législatives depuis l'avènement
de la démocratie dans ce petit et pauvre royaume himalayen, ces
élections, qui avaient débuté le 3 mai, ont été
réparties sur deux jours afin de permettre aux forces de sécurité
de contrer la menace d'une guérilla maoïste.Les 13,5 millions
d'électeurs népalais (sur une population de quelque 23 millions)
devaient choisir leurs 205 députés parmi 38 partis présentant
plus de 2.200 candidats. Le vote de lundi concerne 39 des 75 districts
du pays. Selon les sondages et les analystes, le Congrès népalais
(centriste) du Premier ministre sortant Girija Prasad Koirala doit remporter
ce scrutin, devant les deux partis communistes. Mais il n'est pas certain
qu'il puisse obtenir la majorité absolue de 103 sièges. Faute
d'une telle majorité, le Népal se retrouverait de nouveau
avec un parlement éclaté, comme après les précédentes
législatives, en 1994. Depuis cette date, il a connu six gouvernements,
instabilité qui a fait obstacle au développement d'un des
pays parmi les plus pauvres du monde.Malgré les menaces des maoïstes,
qui avaient exigé un boycottage du scrutin, le taux de participation
lors de la première phase dans 35 districts a été
de près de 60%. Mais l'opposition a affirmé que le Congrès
avait usé de son influence sur les forces de sécurité
pour fausser le vote, ce que ce parti
a vigoureusement démenti. "Ces accusations sont totalement infondées",
a déclaré le porte-parole du Congrès Narhari Acharya.
"Ils nous accusent de fraude parce qu'ils savent qu'ils ont été
nettement défaits lors de la première phase et qu'ils le
seront lundi". Bien que seuls quelques incidents avec les guérilleros
maoïstes aient eu lieu le 3 mai, 35.000 membres des forces de sécurité
seront déployés dans les circonscriptions où l'on
votera lundi. Le Népal est une monarchie constitutionnelle depuis
1990, date à laquelle le roi Birendra a été privé
de la plupart de ses prérogatives à la suite d'un soulèvement
populaire qui avait fait 500 morts. Mais l'instabilité politique,
la corruption et une mauvaise gestion économique a laissé
nombre d'électeurs sans illusions. La lutte des factions politiques
a empêché l'adoption d'un véritable plan de développement
à long terme pour ce pays vivant encore essentiellement d'une agriculture
de subsistance et où le taux d'analphabétisme est toujours
de plus de 70%. La croissance est tombée de 5,3% en 1995-96 à
1,9% en 1997-98, et pas plus de 2% sont prévus pour cette année.
Le revenu par tête reste de moins de 250 dollars par an et le taux
officiel du chômage est de 14%. "Seul un gouvernement démocratique
capable pourra soulager le pays de la violence, la criminalisation de la
vie politique, la mafia, la contrebande, la corruption, l'instabilité
et la terreur maoïste", a récemment déclaré le
Premier ministre Koirala dans un sombre tableau du Népal démocratique.
Elections législatives au Népal: faible espoir de stabilité
KATMANDOU, 3 mai (AFP) - Le Népal a voté
lundi pour ses troisièmes élections législatives depuis
qu'il a accédé à la démocratie en 1990, avec
un faible espoir d'enfin trouver un gouvernement stable, essentiel au développement
de ce petit pays himalayen parmi les plus pauvres du monde.
Le scrutin s'est déroulé dans 35 des 75 districts du Népal,
monarchie constitutionnelle de quelque 23 millions d'habitants. Les autres
régions du pays voteront le 17 mai. Une heure avant
la fin de la première journée de vote, le taux de participation
était de 55%, légèrement inférieur à
celui des précédentes législatives, en 1994. Mais
dans des districts éloignés du nord-ouest, il tombait à
35% du fait des menaces de groupes de guérilla maoïstes qui
avaient promis d'exécuter ceux qui iraient aux urnes.
Les 13,5 millions d'électeurs népalais étaient appelés
à choisir leurs 205 députés parmi 38 partis présentant
plus de 2.200 candidats. Les sondages d'avant-scrutin avaient
prévu une victoire du Congrès népalais du Premier
ministre sortant Girija Prasad Koirala, devant le principal parti communiste.
Mais il est loin d'être certain que le Congrès puisse obtenir
la majorité absolue de 103 sièges au parlement, et les analystes
craignent un nouveau parlement éclaté, comme celui qui avait
résulté des précédentes législatives
en 1994. Le Népal a connu depuis lors six gouvernements,
instabilité politique qui a fait obstacle au développement
économique et social du pays. "Il nous faut un gouvernement
stable", a expliqué un agent de voyages de 40 ans, Purna Bahadur
Shahi, après avoir voté. "Nous ne pouvons nous permettre
cinq autres années de valse politique. C'est entre nos mains".
Le Népal a obtenu un régime démocratique en 1990 après
un soulèvement populaire qui a fait 500 morts. Mais l'instabilité
politique, la corruption et une mauvaise gestion économique a laissé
nombre d'électeurs, notamment chez les jeunes, sans illusions.
"Je ne suis pas vraiment certain pourquoi je vote", a indiqué un
étudiant de 19 ans, Amogh Shakya. "La politique népalaise
concerne des intérêts particuliers, pas ceux du peuple".
La lutte des factions politiques a empêché l'adoption d'un
véritable plan de développement à long terme pour
ce pays vivant encore essentiellement d'une agriculture de subsistance
et où le taux d'analphabétisme est toujours de plus de 70%.
La croissance est tombée de 5,3% en 1995-96 à
1,9% en 1997-98, et pas plus de 2% sont prévus pour cette année.
Le revenu par tête reste de moins de 250 dollars par an et le taux
officiel du chômage est de 14%. Le scrutin s'est déroulé
sans incident à Katmandou, la capitale, où une interdiction
du trafic chaotique en ce jour férié avait permis de rendre
respirable l'air habituellement très pollué.
Quelque 40.000 membres des forces de sécurité avaient été
déployés dans le pays et le scrutin réparti sur deux
jours pour permettre aux autorités de faire face à la menace
maoïste. Six guérilleros et deux policiers avaient
été tués dans des accrochages dans l'ouest du pays
au cours du week-end précédent le vote
Népal-drogue : Arrestation de 351 trafiquants au Népal,
dont des occidentaux (AFP, 24/9/98)
Népal-politique : Le gouvernement forme une coalition avec
un parti communiste (AFP, 26/8/98)
Nepal-Maoistes : Près de 300 maoïstes se sont rendus
(AFP,
21/7/98)
Népal-meurtre : Arrestation des meurtriers présumés
d'un parlementaire (AFP, 15/7/98)
Népal-meurtre : Un parlementaire et son chauffeur abattus
(AFP, 29/6/98)
Népal-violence : La rébellion maoïste au Népal
a fait plus de 200 morts, selon le ministère de l'Intérieur
(AFP,
16/6/98)
Népal-manifestation : Des manifestantes arrêtées
par la police anti-émeute féminine au Nepal (AFP, 8/5/98) |