NOUVELLE ZELANDE

Politique de défense
Livre blanc de 1997


 
Une politique de défense à caractère régional souffrant d'un certain isolement stratégique

Dépourvue de toute menace militaire directe, la Nouvelle-Zélande s'est accordée sur une politique de défense, à caractère principalement régional, axée sur des relations étroites avec l'Australie et les pays insulaires du Pacifique sud.

Ce souci se heurte toutefois à un certain isolement stratégique néo-zélandais depuis le contentieux nucléaire avec les Etats-Unis. La crise entre Wellington et Washington -qui dure depuis qu'en 1984 le gouvernement travailliste de M. David Lange s'est opposé aux escales de bâtiments nucléaires en Nouvelle-Zélande- a en effet conduit les Etats-Unis à suspendre les dispositions de l'ANZUS en ce qui concerne la Nouvelle-Zélande et à réorganiser, sur une base exclusivement bilatérale, la coopération militaire avec l'Australie.

La législation néo-zélandaise interdisant les escales de navires à propulsion nucléaire ou porteur d'armes nucléaires a ainsi entraîné une rupture durable des relations militaires avec les Etats-Unis, malgré la publication fin 1992 du "rapport Somers" concluant à l'innocuité totale des escales de bâtiments de propulsion nucléaire. Elle n'a pas été davantage remise en cause malgré la victoire aux élections du parti national -traditionnellement favorable au rétablissement de relations de coopération militaire avec les Etats-Unis- qui s'est maintenu au pouvoir en 1996.

Dans le même temps, la Nouvelle-Zélande a vu un certain affaiblissement de ses relations militaires avec l'Australie. Or la fiabilité de la défense néo-zélandaise est fortement dépendante des liens avec l'Australie (en raison, précisément, de la perte de la protection américaine qui était assurée dans le cadre de l'ANZUS). La Nouvelle-Zélande apparaît ainsi d'une certaine manière prisonnière de sa propre législation antinucléaire qui l'a exclue de l'ANZUS et conduit logiquement l'Australie à privilégier son alliance 
avec les Etats-Unis.

Néanmoins, les armées australiennes et néo-zélandaises poursuivent des échanges fréquents et de nombreux exercices communs. Mais Wellington souhaiterait un approfondissement de ces relations de défense bilatérales alors que Canberra s'inquiète de la faiblesse de l'effort militaire néo-zélandais et notamment de l'avenir du programme ANZAC (qui porte sur la construction en coopération de 10 frégates, 8 pour l'Australie et 2 pour la Nouvelle-Zélande).

De même, la Nouvelle-Zélande souhaite la création de forces armées communes avec l'Australie, que Canberra juge prématurée et n'admet que comme un objectif à long terme.

La Nouvelle-Zélande a initié la création du Forum du Pacifique sud, qui est une instance politique régionale regroupant une quinzaine d'Etats insulaires indépendants, dont Tuvalu, Kiribas, Tonga. 

Des moyens militaires modestes (voir les ressources financières en 1998

Les forces armées néo-zélandaises ne disposent que de moyens très limités, situation aggravée par un budget de la défense faible (1,1 % du PIB néo-zélandais). 

Depuis une dizaine d'années, en effet, les réductions de crédits imposées à la défense néo-zélandaise ont réduit le pouvoir d'achat de son budget de plus d'un tiers. Ces réductions expliquent le débat sur l'opportunité du programme de frégates ANZAC dont le coût s'élève à 1,25 milliards de dollars néo-zélandais pour deux bâtiments qui devraient être livrés en 1997 et 1998. Ces contractions budgétaires se sont aussi traduites par une forte diminution des dépenses de fonctionnement. 

Les armées néo-zélandaises ont ainsi vu leurs effectifs réduits d'environ 20 % depuis 1990 pour compter aujourd'hui moins de 10 000 hommes :

- les forces terrestres ne regroupent que 4 480 hommes et disposent de matériels limités (26 chars), souvent vétustes ;

- les forces aériennes comptent 3 300 hommes mais ne peuvent mettre en oeuvre qu'un peu plus de 30 avions de combat et 18 hélicoptères, même si elles disposent de 6 appareils de patrouille maritime bien adaptés aux missions qu'elles ont à accomplir dans le Pacifique sud ;

- enfin, la marine néo-zélandaise (2 070 hommes) ne peut compter que sur une vingtaine de bâtiments (dont 3 frégates anciennes et 4 patrouilleurs) qui ne permettent pas une politique de présence très significative. 

Les réductions successives du budget de la défense depuis une dizaine d'années, s'ajoutant aux conséquences -stratégiques et opérationnelles- de la rupture militaire avec les Etats-Unis, constituent ainsi un problème délicat pour le gouvernement néo-zélandais alors que l'absence de menace extérieure directe rend difficile l'accroissement de l'effort de défense qui serait nécessaire pour relever le potentiel humain et technique des forces armées. 


Sources :
Site du Ministère de la Défense néo-zélandais : http://www.defence.govt.nz/
Extraits du rapport d'information du Sénat : Mission en Australie et en Nouvelle-Zélande du 7 au 16 février 1997