Politique intérieure
La Nouvelle-Zélande (membre du Commonwealth depuis 1907) est un Etat souverain indépendant depuis 1947. C'est une démocratie parlementaire sans Constitution écrite.
Les facteurs historiques et géographiques combinés à la nature du mouvement d'immigration initial expliquent qu'en dépit de leur accession à l'indépendance en 1947, les Néo-Zélandais restent attachés par un lien de nature sentimentale à la Couronne d'Angleterre. Alors que leurs voisins australiens, comme eux membres du Commonwealth, projètent de remplacer à la tête de l'Etat la Reine Elisabeth par un Président de la République, rien de tel n'est envisagé en Nouvelle-Zélande.
On doit voir une marque parmi d'autres de cet attachement dans la vigueur de l'engagement néo-zélandais aux côtés de la Grande-Bretagne et des alliés occidentaux au cours des deux grands conflits mondiaux du siècle. Au cours de la guerre de 1914-1918, les régiments de volontaires néo-zélandais, qui combattirent notamment sur les champs de bataille du Nord de la France, enregistrèrent des pertes considérables - plus de 18.000 hommes - compte tenu de la faible population du pays.
De même, lors du déclenchement de la Seconde guerre mondiale, la Nouvelle-Zélande a déclaré la guerre à l'Allemagne une heure et demie seulement après la Grande-Bretagne.
L'influence britannique n'a pas imprégné seulement les coeurs et les esprits en Nouvelle-Zélande. On la perçoit également au plan juridique -la Nouvelle-Zélande est un pays de Common law- et dans la vie quotidienne : la conduite routière s'y effectue à gauche.
Le poids des collectivités locales dans la vie publique en est un autre signe. Il n'existe en effet que deux niveaux d'administration territoriale : le "local government" dans le cadre de "communes" de taille importante et le gouvernement central. Il convient aussi de se rappeler que longtemps la Nouvelle-Zélande a pu être à juste titre qualifiée de "ferme de la Grande-Bretagne".
Dans les années 1960, 90 % de ses exportations étaient d'origine agricole et 90 % d'entre elles allaient vers la Grande-Bretagne. En retour, près de la moitié de ses importations en provenaient. Depuis l'entrée de celle-ci dans le Marché commun qui a été durement ressentie par la population, la situation a changé.
E n 1997, le Royaume-Uni ne représentait plus que 6,4 % des exportations et 5,4 % des importations néo-zélandaises. De même, dans le domaine des institutions politiques, au-delà des similitudes du régime parlementaire, on relève des ruptures d'importance par rapport aux traditions britanniques. Ainsi, en 1950, le Conseil législatif conçu à l'image de la Chambre des Lords a été supprimé et, aujourd'hui, la Nouvelle-Zélande est l'une des rares démocraties à posséder un Parlement monocaméral. Plus récemment, en 1993, l'adoption, par référendum, d'un nouveau mode de scrutin incluant une dose importante de proportionnelle a sonné le glas du "bipartisme à l'anglaise". Et même si le parti national et le parti travailliste -les deux partis traditionnels- demeurent les plus importants, cette novation a entraîné une nette reconfiguration du paysage politique.
Aussi, le tropisme britannique de la Nouvelle-Zélande ne doit-il pas être exagéré. Son enracinement dans la zone "Pacifique", son ouverture à l'Asie, sa politique d'intégration de la minorité ethnique maorie, la diversité croissante de son immigration, voire même la vigueur quasi "théologique" de ses positions antinucléaires composent autant de signes de transformation de la "matrice culturelle" léguée par l'Empire britannique. Il n'en reste pas moins que ce legs constitue encore le socle sur lequel ces transformations s'opèrent.
Les institutions politiques
Représentant la couronne britannique et nommé pour cinq ans, le gouverneur général convoque et dissout le Parlement et donne son assentiment aux lois. Il est le commandant en chef et il a le pouvoir de lever et de maintenir la Force navale, l'Armée de terre et la Force aérienne de la Nouvelle-Zélande. Il est assisté d'un conseil exécutif.
Nommé par le gouverneur général, le cabinet, composé d'une vingtaine de ministres, est présidé par le Premier Ministre.
Le système politique est démocratique, de type parlementaire, inspiré du modèle britannique, mais avec un parlement monocaméral, la Chambre des représentants, qui compte 120 membres élus à la proportionnelle mixte pour 3 ans, dont cinq représentant la population maorie. Les Néo-Zélandais ont voté dans le cadre d'un référendum pour un régime mixte à représentation proportionnelle, qui a remplacé le système en place lors du scrutin général de novembre 1996. Depuis 1865, le siège du gouvernement et des administrations centrales se trouve à Wellington, capitale de la Nouvelle-Zélande.
Les six parties qui siègent au
Parlement depuis les premières élections au scrutin de
liste avec panachage (régime mixte de représentation proportionnelle)
du 12 octobre 1996 sont :
le "Labour" (travailliste)
le "National" (conservateur)
le "New Zealand First Party" (centre droit)
l'"Alliance" (gauche)
l'"Act" (droite)
l'"United NZ"
Partis.
P. travailliste (pt ) fondé 1916
(Helen Clarke).
P. national (pn ) fondé 1936 (Jenny
Shipley).
P. communiste (prochinois) fondé
1921, 300 m. (Grant Morgan).
P. socialiste unifié (marxiste,
était prosoviétique) fondé 1966 (Marilyn Tucker).
New Zealand First Party (nzf ), fondé
1993 (Winston Peters).
Alliance Party (ap ) (Jim Anderton), regroupe
depuis déc. 1991 5 anciens partis : P. démocratique fondé
1953 (Margaret Cook), P. Mana Motuhake (maori) fondé 1980 (Peter
Mocahu), Nouveau P. travailliste fondé 1989 (Jim Anderton), P. vert
d'Aotearoa fondé 1990 (Rod Donald) et P. libéral fondé
1991 (Steve Rogers).
Right of Centre (roc ) devient P. conservateur
fondé 1994 (Trevor Rogers).
Christian Heritage (Graham Lee).
Act New Zealand (extrême droite)
fondé 1994, (Richard Prebble).
United New Zealand fondé juillet
1995 (Peter Dunne).
Progressive Greens fondé juillet
1995 (Guy Salmon).
Le pays est divisé en 9 districts provinciaux et 22 régions, et l'administration locale est composée de 14 conseils régionaux et de 74 autorités territoriales.
Les grands thèmes de la vie politique néo-zélandaise
La résurgence de la question maorie
Après une longue période de calme apparent, après les incidents sporadiques des années 1970, la contestation maorie est réapparue fin 1994 à l'occasion de manifestations ponctuelles de violences visant notamment des symboles de la " domination pakeha ", c'est-à-dire des Néo-Zélandais blancs d'origine anglo-saxonne. Ainsi, la fête nationale du 6 février -qui commémore le traité de Waitangi de 1840 entre les tribus maories et la couronne britannique- a-t-il été marqué en 1995 par des violences qui ont provoqué une nouvelle prise de conscience du problème.
Dans son expression extrême, la contestation
maorie remet en cause les institutions néo-zélandaises et
revendique la souveraineté maorie, à commencer par les terres
spoliées par les colons britanniques au cours du siècle dernier.
Les Maoris possèdent 1 200 000 hectares de terres et réclament
70% des terres au nom du territoire de Waitangi (traité de 1830).
De son côté, le gouvernement
estime que le traité de Waitangi consacre un partenariat et non
un quelconque droit à l'auto-détermination, encore moins
au séparatisme, sous peine de remettre en cause l'unité du
pays.
La question des flux migratoires
Il en va largement de même de la question de l'immigration d'origine asiatique. Est ainsi apparue l'existence dans l'opinion d'un terreau hostile, à tout le moins, à un développement de l'immigration sur une grande échelle. Des réactions de rejet sporadiques en résultent, y compris d'ailleurs au sein de la communauté maorie dont une partie voit dans l'immigration extra-océanienne une menace supplémentaire contre les garanties résultant du traité de Waitangi.
La question est naturellement délicate -parce qu'elle touche fondamentalement à celle de l'identité néo-zélandaise- dans un pays d'à peine 3,5 millions d'habitants, où la densité de la population est l'une des plus faibles du monde mais où les équilibres ethniques sont intrinsèquement fragiles.
L'éventualité du passage à la République
Le débat sur l'éventualité du passage à la Répulique revêt enfin en Nouvelle-Zélande une acuité moins grande qu'enAustralie.
Néanmoins, une telle éventualité ne saurait être écartée compte tenu de l'évolution des rapports, de facto distendus, entre Wellington et Londres au cours des dernières années en raison du désintérêt croissant du Royaume-Uni pour le Pacifique sud. Un certain consensus est ainsi apparu en faveur de la suppression du recours au Conseil privé de Londres en tant que Cour suprême de justice ou de la suppression du système des honneurs ou décorations qui exige encore aujourd'hui l'approbation favorable de la couronne britannique.
Un détachement progressif vis-à-vis
du Royaume-Uni, surtout si l'Australie allait dans le même sens,
n'est donc pas à exclure même s'il ne paraît pas revêtir
une actualité immédiate.
Bibliographie :
La
Nouvelle-Zélande éprouvette du capitalisme total (Le
Monde Diplomatique, avril 1997)