L'intensification des liens avec les partenaires asiatiques
Elle constitue ainsi aujourd'hui l'axe majeur de la politique étrangère néo-zélandaise, à la fois pour des raisons commerciales (40% des échanges néo-zélandais sont réalisés avec l'Asie orientale) et des motifs de sécurité (pacte de défense des cinq nations, forum de sécurité de l'ASEAN...).
Cette politique volontariste s'inscrit dans une tendance à long terme de recentrage régional des intérêts néo-zélandais : en 1960, l'Europe recevait 50 % des exportations néo-zélandaises et l'Asie moins de 15 % : les chiffres sont aujourd'hui inférieurs à 17 % pour l'Europe et supérieurs à 35 % pour l'Asie.
Les relations politiques de Wellington avec ses voisins asiatiques se développent également ainsi que l'ont illustré récemment les voyages du Premier ministre néo-zélandais (notamment à Tokyo et à Séoul) et les nombreuses visites en Nouvelle-Zélande de dirigeants asiatiques (notamment malaisiens, singapouriens et philippins).
Il convient néanmoins de mesurer les limites et les handicaps de ce rapprochement avec l'Asie qui paraît indispensable aux dirigeants néo-zélandais mais est souvent mal compris par une opinion qui est à la fois fascinée et inquiétée par un continent asiatique difficile à appréhender pour une population d'origine européenne, très sensible notamment aux atteintes aux droits de l'homme. Il en résulte certaines contradictions apparentes entre une certaine revendication néo-zélandaise d'appartenance au continent asiatique et son souhait de réduire l'immigration en provenance d'Asie. Enfin, cette politique volontariste n'aboutit pas toujours aux résultats escomptés, ainsi que le soulignent le rythme insuffisant de la libéralisation des échanges au sein de l'APEC, les limites du rapprochement avec l'ASEAN, ou la mise à l'écart de Wellington du dialogue Europe-Asie.
Le recentrage de la diplomatie néo-zélandaise sur son environnement océanien
Le recentrage de la diplomatie néo-zélandaise sur son environnement océanien a deux destinations principales : le Pacifique insulaire et l'Australie.
- S'agissant des Etats insulaires du Pacifique sud, la diplomatie néo-zélandaise cherche à préserver un équilibre intra-régional et, le cas échéant, à neutraliser des partenaires difficiles, comme les îles Fidji et le Samoa occidental. Elle s'appuie sur une aide au développement limitée (0,25 % du PIB) mais efficace. La Nouvelle-Zélande se pose en avocat des micro-Etats de la région et son action, du fait notamment de son identité maorie, est souvent mieux perçue dans le Pacifique insulaire que celle de l'Australie.
Les relations avec les Iles Cook méritent une mention particulière même si elles ont traversé récemment une phase de tensions, liée à l'effort drastique de redressement des finances publiques qui a été imposé aux Iles Cook et aux agissements de sociétés néo-zélandaises dans ce paradis fiscal.
Il faut enfin souligner, parmi les inflexions -modestes- qui semblent devoir être données par le nouveau gouvernement à la diplomatie de Wellington, la priorité qui doit être attribuée au Pacifique insulaire dans l'aide au développement néo-zélandaise, M. Winston Peters -leader de "New Zealand First" étant particulièrement soucieux de limiter l'émigration vers la Nouvelle-Zélande.
- Les relations bilatérales avec l'Australie s'inscrivent naturellement dans un contexte très différent et revêtent une importance essentielle pour les intérêts néo-zélandais. Elles se sont intensifiées parallèlement à l'approfondissement de l'accord C.E.R. ("closer economic relations") qui a bénéficié récemment de l'harmonisation des normes phytosanitaires et de l'entrée en vigueur, en novembre 1996, du marché aérien transtasman, initialement refusée par Canberra.
La relation bilatérale bénéficie d'autre part aujourd'hui de l'alternance politique intervenue en 1996 à Canberra : l'identité des orientations politiques des deux gouvernements et la meilleure compatibilité des personnalités des nouveaux Premiers ministres ont favorisé un réchauffement des liens australo-néo-zélandais.
Il reste que la perception néo-zélandaise de "l'île de l'Ouest" reste fondamentalement celle d'un partenaire incontournable et d'un rival inévitable qui n'a pas toujours les égards attendus par son "petit" voisin. De plus, pour Canberra, le renforcement de l'alliance australo-américaine prime toujours sur l'approfondissement des liens avec Wellington -même si des projets d'unités militaires communes ont été récemment évoqués.
Sources :
site
du Ministère des Affaires étrangères néo-zélandais