Elections aux Iles Fidji (Reuters, 25/8/2001)
Les électeurs fidjiens prennent part samedi au premier scrutin démocratique
de l'archipel depuis un coup d'Etat dirigé, il y a un an, contre
la minorité indienne du pays.
L'auteur de ce putsch, l'homme d'affaires George Speight, se présente
au poste de Premier ministre depuis une cellule de prison où il
attend d'être jugé pour trahison. Son procès avait
été ajourné vendredi à l'an prochain par la
Haute cour afin de détendre la situation dans l'archipel à
la veille du scrutin.
L'homme qu'il avait déposé, l'ancien Premier ministre
Mahendra Chaudhry, ainsi que Laisenia Qarase, que l'armée avait
nommé l'an dernier son remplaçant provisoire, sont considérés
comme de sérieux candidats, tout comme Tapeni Baba, un enseignant
perçu comme un modéré. L'armée s'est engagée
à demeurer discrète pendant les élections, qui doivent
durer toute une semaine.
"Nous avons confié la sécurité des élections
à la police", a déclaré à Reuters un porte-parole
de l'armée.
Le 19 mai 2000, Speight s'était emparé, à la tête
d'un commando nationaliste, de l'assemblée nationale, au nom de
la communauté des Fidjiens de souche, et pris de nombreux otages.
Il avait renversé Chaudhry, premier Fidjien d'origine indienne
à occuper le poste de chef du gouvernement depuis son triomphe électoral
de mai 1999.
Mais samedi, peu d'électeurs sont allés voter dans les
villes principales de Suva, Latouka et Nadi.
"Il y a quelque ratés, c'est vrai", a déclaré
à Reuters Chaudhry, interrogé sur la faible fréquentation
des bureaux de vote. "Mais la participation devrait augmenter."
Dix-huit partis et 351 candidats participent au scrutin législatif,
dont le résultat ne sera pas connu avant le 6 septembre. Au sein
du parlement, 46 sièges sont réservés aux Fidjiens
de souche et aux Indiens et 25 aux métis et indépendants.
Les Fidji ont connu trois coups d'Etat ainsi qu'une mutinerie de l'armée
depuis 1987. La constitution multiraciale y a été suspendue
sur cet archipel comptant plus de 300 îles habitées et abritant
environ 800.000 personnes.
L'archipel des Iles Salomon au bord du chaos
(AFP, 20/2/2001)
L'archipel des Iles Salomon dans le Pacifique
sud est en train de se disloquer sous l'effet de la multiplication des
conflits ethniques et de l'effondrement de son économie, estiment
des observateurs.
La capitale, Honiara, sombre dans l'anarchie
alors que la ville touristique de Gizo, dans l'ouest du pays, est en train
de tomber sous le contrôle de membres d'un mouvement de guérilla
de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Des hommes armés ont récemment
fait irruption au ministère des Finances et à la banque ANZ
(Australie Nouvelle-Zélande) en réclamant leur salaire, mais
l'Etat n'a plus d'argent dans ses caisses.
La situation financière des Salomon, l'un
des rares pays à entretenir des relations diplomatiques avec Taïwan,
s'est détériorée en janvier en raison de l'arrêt
de l'aide financière décidée par les autorités
de Taipeï.
Les services de l'eau, du téléphone
et de l'électricité sont progressivement interrompus dans
le pays, qui connaît "une mort lente", selon le haut-commissaire
(ambassadeur) de Nouvelle-Zélande, Nick Hurley.
Comptant 426.000 habitants d'origine mélanésienne
principalement, les Iles Salomon ont toujours figuré parmi les pays
les plus pauvres du Pacifique, subsistant grâce aux exportations
de poissons, de bois, d'huile de palme et d'or.
Cependant, le déclenchement voici trois
ans d'une guerre civile sur l'île de Guadalcanal a eu pour effet
de perturber ou d'interrompre les activités économiques qui
rapportaient des devises.
Les rebelles du Mouvement pour la Liberté
d'Isatabu (IFM), nom originel de Guadalcanal, se sont mis en devoir de
chasser de leur île les habitants originaires de l'île voisine
de Malaita installés depuis la seconde guerre mondiale. En réaction
se sont constituées les Forces de l'Aigle de Malaita (MEF). Ce conflit
a fait plus de 60 morts et a entraîné l'expulsion de 20.000
Malaitans de Guadalcanal.
Cette guerre civile a débouché
le 5 juin dernier sur un coup d'Etat des miliciens du MEF, qui ont renversé
le Premier ministre, Bart Ulufa'alu.
L'emprise des Malaitans sur la capitale Honiara
a par la suite conduit les autres provinces de l'archipel à se désolidariser
du pouvoir central.
Les autorités de la province de l'ouest,
proche de la Papouasie Nouvelle-Guinée, ont baptisé leur
territoire "Etat de l'ouest" et ont pris fait et cause pour les indigènes
de Guadalcanal.
La police des Salomon étant dominée
par les Malaitans, le Premier ministre de cette province, Ruben Lilo, a
fait appel à des membres de l'Armée Révolutionnaire
de Bougainville, en guerre depuis 10 ans avec les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée,
pour assurer la sécurité de la province. Mais les méfaits
de ces derniers, particulièrement à Gizo qui se vide peu
à peu de ses touristes, inquiètent les autorités de
cette province.
Depuis la fermeture de toutes les industries
du pays, le revenu du gouvernement salomonais a chuté de 112 millions
de dollars US en 1998 à 60 millions. "Nous allons vers un crise
dans les tout prochains mois", estime le haut-commissaire néo-zélandais
Nick Hurley.
Les bailleurs de fonds étrangers doivent
se réunir la semaine prochaine pour étudier des solutions
et éviter le chaos aux îles Salomon. Le ministre des finances
salomonais, Snyder Rini, s'est rendu la semaine dernière à
Taïwan, pour y réclamer une aide de 300 millions de dollars.
Des îles de moins en moins pacifiques
(Libération,
8/6/2000)
Fidji, Salomon, Papouasie... le coup de force fait école dans
la région.
A l'ouest du Pacifique, les pays mélanésiens s'en vont
en guerre. Après les îles Fidji, où, il y a trois semaines,
un homme d'affaires au bord de la faillite prenait le gouvernement en otage,
c'était lundi au tour des îles Salomon de se lancer dans la
pratique du coup d'Etat. Si la théorie des dominos reste à
confirmer, il est évident que l'opération de George Speight,
toujours installé au Parlement de Fidji avec sa trentaine d'otages,
a inspiré l'avocat Andrew Nori et les miliciens de la Malaita Eagle
Force, qui ont enlevé le Premier ministre des îles Salomon
et le gouverneur général.
Chasse aux squatters. George Speight a sans doute les yeux plus
gros que le ventre. Il s'offre un bras de fer avec l'armée alors
qu'il a déjà obtenu tout ce qu'il réclamait. Le limogeage
du Premier ministre et la démission du Président, l'amnistie
pour ses hommes et lui-même, la garantie que la Constitution du pays
serait taillée sur mesure pour que les Fidjiens d'origine indienne
soient écartés du pouvoir. Si beaucoup désapprouvent
les méthodes de Speight, une immense majorité de Mélanésiens
se réjouissent du résultat. Ils veulent rester maîtres
chez eux et les Indiens, «importés» à la fin
du XIXe siècle par les colons britanniques pour travailler dans
les plantations de canne à sucre et devenus aujourd'hui les commerçants
de Fidji, sont toujours considérés comme des étrangers.
Tout comme le sont les habitants de Malaita par ceux de Guadalcanal.
Deux îles voisines de l'archipel des Salomon, deux îles
dont les habitants se détestent jusqu'à en perdre la tête.
Littéralement. Malaita possède un des taux de natalité
les plus élevés du Pacifique et depuis longtemps ses habitants
viennent s'installer et trouver du travail sur Guadalcanal. Ils sont durs
à la tâche. Au siècle dernier, les négriers
faisaient la route jusqu'à Malaita pour recruter les hommes de l'île...
Le Premier ministre Bartholomew Ulufa'alu et son kidnappeur, Andrew Nori,
sont tout deux originaires de Malaita, qui a fourni nombre d'hommes politiques
au pays depuis l'indépendance, en 1978.
L'année dernière, après avoir pillé un poste
de police pour récupérer armes et munitions, les miliciens
de l'Isatabu Revolutionary Movement (IRM) ont commencé à
persécuter et chasser ceux qu'ils appellent des squatters, même
si ces derniers ont le plus souvent acheté les terres sur lesquelles
ils se sont installés. En juin 1999, 10 000 Malaitiens s'étaient
enfuis vers leur île pour échapper à un conflit ethnique
qui a fait au moins 50 morts. En avril dernier surgissait le mouvement
de la Malaita Eagle Force qui est venu à la rescousse des «squatters»,
a tranché la tête de quelques hommes de l'IRM et pris en otage
le Premier ministre... Les aigles de Malaita veulent des compensations
pour ceux qui ont dû abandonner leur travail et leurs terres. Ils
resteront et se battront, disent-ils, tant que le gouvernement (au bord
de la banqueroute) n'aura pas payé.
Nombreux points de rupture. C'est la fin de la «Pacific
Way», celle qui consiste à s'asseoir et à palabrer.
Des jours et des lunes. Jusqu'à ce que la parole trouve son chemin.
Mais si cette violence affole l'Australie, qui joue volontiers un rôle
paternaliste dans la région ou déclenche la condamnation
des anciennes puissances coloniales, les pays du Pacifique se taisent.
Dans les îles, la terre ne se mesure pas en hectares mais en mémoire,
elle a la densité de la chair. Demain, d'autres nations pourraient
succomber à la tentation des armes. Pour l'instant, elles semblent
réussir à George Speight qui, lors de sa dernière
conférence de presse, était escorté d'un activiste
Maori néo-zélandais pour le soutenir dans son combat nationaliste.
Le 29 mai, les chefs des tribus mélanésiennes d'Irian
Jaya (partie ouest de la Nouvelle-Guinée devenue province indonésienne
en 1963) se sont retrouvés pour une semaine de palabres. Ils n'ont
que des flèches et des sagaies mais veulent leur indépendance,
tout comme le Timor oriental a obtenu la sienne. Ils ont décidé
de s'unir pour intensifier leur lutte contre Jakarta. De l'autre côté
de la frontière, en Papouasie, le gouvernement de Mekere Morauta
est contesté et le conflit qui oppose, depuis onze ans, Port-Moresby
aux indépendantistes de Bougainville pourrait s'envenimer. Les points
de rupture sont nombreux sur l'arc mélanésien qui déroule
des centaines d'îles de la Papouasie-Nouvelle-Guinée à
l'archipel fidjien. Deux d'entre eux viennent de céder.
Canberra et Wellington offrent une aide financière pour résoudre
la crise (AFP, 12/6/2000)
L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont offert lundi leur aide
financière aux îles Salomon dans l'espoir de mettre un terme
au conflit entre deux milices rivales et éviter une guerre civile.
Un programme d'aide financière a été proposé
aux leaders de ces deux milices, qui se battent notamment pour des problèmes
de
droit de la terre, lors de la visite ce week-end à Honiara,
capitale de l'archipel, d'une délégation ministérielle
du Commonwealth, selon le ministre des Affaires étrangères
néo-zélandais Phill Goff. Selon ce dernier, l'offre faite
aux rebelles est de celle que l'on ne refuse pas."Nous avons dit: si vous
vous asseyez à la table de négociations alors l'Australie
et la Nouvelle-Zélande, par le biais du
Commonwealth, peuvent assurer un arrangement pour des compensations
financières afin de régler les problèmes", a dit le
ministre néo-zélandais.M. Goff a précisé qu'il
était encore trop tôt pour chiffrer cette aide financière,
mais a indiqué qu'elle serait prise en charge par l'Australie et
la Nouvelle-Zélande, et aussi peut-être par le Commonwealth
et l'Union européenne.
Mais aucune aide ne pourra être fournie si ces deux milices persistent
à régler leurs différends par la violence et refusent
de
négocier, a averti M. Goff. L'une de ces milices, la Force des
Aigles de Malaita (MEF), a pris le contrôle de la capitale lundi
dernier
et capturé le Premier ministre Bartholomew Ulufa'alu.Depuis
début 1999, le MEF et le Mouvement de libération Isatabu
(IFM) se livrent à une véritable guérilla sur l'île
de Guadalcanal, qui abrite Honiara. Les combattants d'Isatabu, nom originel
de l'île de Guadalcanal, veulent y chasser les planteurs, originaires
de l'île voisine de Malaita.
Les affrontements, qui ont pris l'allure d'une guerre civile, ont fait
des dizaines de morts. On estime à 20.000 le nombre de personnes
contraintes au départ dans ce pays de quelque 300.000 habitants.Le
ministre néo-zélandais, rentré d'Honiara dimanche,
a également précisé lundi que le Premier ministre
Ulufa'alu, allait probablement démissionné au cours des prochains
jours.
M. Ulufa'alu, détenu par les miliciens du MEF, a été
libéré vendredi après avoir notamment accepté
un vote du Parlement jeudi sur
une motion de défiance à son encontre."Nous avons une
situation aux Solomons où un Premier ministre craint pour sa vie
et démissionnera cette semaine, j'en suis sûr, parce que le
coût de son maintien au pouvoir est trop élevé", a
déclaré M. Goff.
Il a également averti des dangers d'escalade dans l'archipel
après la capture de la ville de Gizo (ouest) par une troisième
milice.
Une milice apparentée aux rebelles séparatistes de l'île
voisine de Bougainville (Papouasie Nouvelle-Guinée) s'est emparée
du siège de la police et du bâtiment des télécommunications
de la ville, où un milicien a été tué, avait
rapporté dimanche la radio australienne ABC citant une radio locale.
Le Premier ministre démissionne pour éviter la guerre
civile (AFP, 6/6/2000)
Le Premier ministre des îles Salomon, Bartholomew Ulufa'alu,
pris en otage lundi dans une tentative de coup d'Etat, a accepté
de démissionner pour éviter le risque d'une guerre civile
dans son pays, en proie à un conflit entre groupes ethniques, a
annoncé mardi son gouvernement.
A l'issue d'une journée de pourparlers avec les membres
de son cabinet et les dirigeants du groupe rebelle à l'origine du
putsch, les Forces de l'Aigle de Malaita, M. Ulufa'alu "a indiqué
son intention de démissionner si sa démission était
le prix à payer pour la paix", a déclaré à
l'AFP un ministre, Alfred Sasaako.
Le chef du gouvernement avait été conduit mardi
de chez lui par des hommes armés vers une autre destination afin
d'y rencontrer ses ministres.
Les rebelles, issus d'une milice ethnique, les Forces de l'Aigle
de Malaita, dirigée par un avocat, Andrew Nori, qui réclamaient
cette démission, ont pris lundi le contrôle des installations
clés de l'archipel.
Les vols et les liaisons téléphoniques restaient
coupées mardi avec les Salomon alors que des barrages quadrillaient
la capitale, Honiara.
Depuis début 1999, l'île de Guadalcanal, qui abrite
Honiara, est le théâtre d'une guérilla ethnique entre
deux factions rivales, les Forces de l'Aigle de Malaita (MEF) et les Combattants
pour la Liberté d'Isatabu (IFF), nom originel de l'île de
Guadalcanal, qui veulent chasser les planteurs, originaires de l'île
voisine de Malaita.
Ces affrontements, qui ont pris l'allure d'une guerre civile,
ont fait environ 55 morts et disparus. On estime à 20.000 le nombre
de personnes contraintes au départ dans un pays de quelque 300.000
habitants.
Mardi, de violents affrontements entre les deux milices qui ont
fait au moins quatre blessés ont fait rage pendant trois heures
aux abords de l'aéroport international, situé à 11
km d'Honiara, a indiqué la radio locale.
"La situation est tendue dans la capitale où la plupart
des boutiques sont fermées", a indiqué à l'AFP un
journaliste de la Solomon Islands Broadcasting Corporation (SIBC).
La Nouvelle-Zélande a offert mardi sa médiation
pour relancer les négociations entre les ethnies rivales afin d'éviter
des regains de violences.
"Ce que nous essayons de faire est de les ramener à suivre
la voie constitutionnelle. C'est facile d'être pris dans un conflit
mais c'est difficile d'en sortir. Nous disons donc +si vous êtes
prêts à vous asseoir autour de la table de négociations
nous sommes toujours prêts à le faciliter", a indiqué
Phil Goff, ministre des Affaires étrangères.
"Si cela est nécessaire, venez en Nouvelle-Zélande
pour une rencontre", a-t-il ajouté.
Depuis plusieurs mois, sous l'égide du Commonwealth, un
processus de négociations était en cours entre les belligérants
mais il avait à nouveau échoué la semaine dernière.
Trois membres du Parlement européen, deux Britanniques
et un Allemand, de même que deux diplomates africains dont le secrétaire
général adjoint du Commonwealth, Ade Adesfuye, se trouvent
toujours dans l'île de Guadalcanal où ils participaient aux
négociations.
Celles-ci avaient été placées sous la présidence
de l'ancien Premier ministre des Fidji, Sitiveni Rabuka, lui-même
derrière deux coups d'Etat dans son pays en 1987.
En raison de la tentative de coup d'Etat également en
cours aux Fidji depuis le 19 mai, Sitiveni Rabuka avait dû rentrer
précipitamment dans son pays.
Devenues indépendantes de la Grande-Bretagne en 1978,
les îles Salomon comptent 70 dialectes utilisés par ses habitants
répartis sur six grandes îles et de nombreux îlots et
atolls.
Pays figurant au nombre des plus déshérités
de la planète, les Salomon ont un taux de natalité élevé
et une courte espérance de vie en raison notamment des maladies
endémiques telles que le paludisme, la tuberculose et la lèpre.
Le Premier ministre des Iles Salomon a été pris en
otage, selon des diplomates néo-zélandais (AP, 5/6/2000)
Des rebelles armés ont pris en otage le Premier ministre des
Iles Salomon et installé des barrages dans la capitale, Honiara,
a annoncé lundi le ministère des Affaires étrangères
de Nouvelle-Zélande.Selon le porte-parole du ministère, Brad
Pattersfield, les insurgés de la milice Malaita eagle force retenaient
en otage le Premier ministre Bartholemew Ulufa'alua.Cette tentative de
coup d'Etat est la deuxième dans le Pacifique Sud en l'espace de
quelques jours. Des rebelles armés retiennent en effet toujours
en otages le Premier ministre destitué des Fidji et plus de 30 autres
personnes dans le Parlement de ce pays.
Le Isatabu freedom movement et la Malaita eagle force s'affrontent
depuis 18 mois dans des combats sur Guadalcanal, la principale île
de l'archipel.La milice Malaita résiste à la force Isatabu
qui essaye de refouler de Guadalcanal des milliers d'immigrés venus
de l'île de Malaita. La capitale, Honiera, se trouve sur Guadalcanal.Au
moins 50 personnes ont été tuées ou sont portées
disparues et 20.000 autres ont dû fuir leurs habitations en raison
de ces échauffourées.Des discussions de paix qui devaient
avoir lieu entre les factions rivales ont été annulées
la semaine dernière, juste avant l'ouverture prévue de ces
pourparlers.
Lundi, le maire d'Honiara Donald Fugui a appelé les habitants
de la ville à rester chez eux, selon Brad Pattersfield.
Les modérés l'emportent au congrès de la Papouasie
occidentale (AFP, 4/6/2000)
Le congrès papou s'est achevé dimanche par une vibrante
proclamation affirmant que l'Indonésie "doit reconnaître la
souveraineté de la nation de la Papouasie occidentale" qui est "indépendante"
depuis la fin de la colonisation néerlandaise, au début des
années 60. Cette résolution qui conclut des travaux menés
depuis lundi 29 mai à Jayapura, la capitale provinciale, par près
de 3.000 délégués, dans une atmosphère passionnée,
consacre la victoire des modérés, soucieux d'ouvrir un dialogue
à la fois avec Jakarta et la communauté internationale, et
avant tout d'éviter de donner aux autorités indonésiennes
un prétexte pour déclencher une nouvelle vague de répressions.
Les extrémistes ont accepté qu'il n'y ait pas de
nouvelle proclamation formelle de l'indépendance et ont également
retiré leur proposition de former un gouvernement de transition,
deux points qui -- les autorités indonésiennes avaient mis
en garde -- auraient été considérés comme une
déclaration de guerre.
Ils ont en revanche obtenu la présidence de la direction,
jusqu'à présent collégiale du Présidium, l'instance
suprême papoue, qui a été dotée par le congrès
des mandats les plus larges possibles.
Les modérés ont dû également accepter
la reconnaissance officielle des "Satgas Papous" (forces d'intervention
papoues) qui, de service d'ordre et de protection de personnalités
indépendantistes, apparus plus ou moins spontanément, sont
désormais investis de "la responsabilité de la protection
de tout le peuple papou" alors que leur effectif est porté à
10.000 hommes.
D'abord favorables à la tenue de ce congrès, né
d'un appel au dialogue lancé par Jakarta en février 1999,
les autorités indonésiennes se sont très vite alarmées
du ton indépendantiste des travaux et ont déclaré
en début de semaine que l'assemblée était "illégitime"
et "non représentative".
Le président Abdurrahaman Wahid a également réaffirmé
que l'Indonésie ne renoncerait jamais à l'Irian Jaya, le
nom donné à la moitié occidentale de l'île de
Nouvelle-Guinée, à plus de 2.500 km à l'est de Jakarta,
une province richement dotée en ressources naturelles de toutes
sortes.
Tom Beanal, le dirigeant modéré qui, "au nom de
l'unité de la nation et de la lutte", a accepté de renoncer
à la co-présidence pour reconnaître la direction suprême
de Theys Eluav, considéré comme un extrémiste, a souligné
dimanche que "tout devrait être fait pour éviter un désastre
comme celui qui a eu lieu au Timor oriental".
L'armée indonésienne et ses milices ont systématiquement,
l'année dernière, détruit le Timor oriental occupé
en 1975 et annexé un an plus tard, après que sa population
eut voté à près de 80% en faveur de l'indépendance.
La résolution finale adoptée à Jayapura
par acclamation et paraphée au son des grosses caisses et des cris
des guerriers traditionnels, dansant dans les allées, souligne que
"l'Indonésie doit reconnaître la souveraineté de la
nation de la Papouasie occidentale, fondée sur l'histoire, la géographie,
la culture et l'ethnicité".
La résolution affirme également que le processus
lancé le 1er décembre 1961 par les colonisateurs néerlandais,
et qui devait, en principe, aboutir à l'indépendance, est
toujours valable, récusant comme sans fondement la résolution
des Nations Unies de 1969 reconnaissant la souveraineté de Jakarta
sur la Papouasie occidentale où elle avait envoyé des troupes
en 1963.
Le congrès demande enfin que "les crimes contre l'humanité"
commis contre le peuple papou "soient l'objet d'une enquête et leurs
responsables présentés à la justice".
La crise des Fidji dans l'impasse faute d'un accord entre mutins
et militaires (AFP, 3/6/2000)
La crise politique aux Fidji était dans l'impasse samedi après
l'échec de l'accord entre mutins et militaires qui devait en particulier
permettre au Premier ministre Mahendra Chaudhry et aux membres de son gouvernement
prisonniers au parlement de retrouver la liberté.
L'homme d'affaires en faillite George Speight, dont l'action
à la tête des insurgés a été à
l'origine de tous les chamboulements qu'a connus le pays depuis deux semaines,
a finalement renoncé à signer l'accord auquel il était
parvenu avec le chef militaire, le contre-amiral Frank Bainimarama.
Le porte-parole des forces armées, le lieutenant-colonel
Filip Tarakinikini, avait pourtant indiqué dans la matinée
que les auteurs du coup de force contre le gouvernement légal avaient
donné leur accord verbal pour libérer leurs otages et pour
rendre leurs armes. Ce pacte devait être signé samedi à
midi (00H00 GMT), mais, à l'heure dite, il n'a pas été
entériné.
George Speight a décidé de ne pas tenir l'engagement
pris auprès du militaire qui détient tous les pouvoirs depuis
l'instauration de la loi martiale après avoir appris que l'armée
avait l'intention de continuer à gouverner le pays une fois la crise
passée.
Au cours d'une conférence de presse, George Speight a
affirmé que l'armée "avait manqué à sa parole"
et que, du coup, les otages ne seraient vraisemblablement pas libérés
avant lundi.
Cette accusation a été rejetée par le lieutenant-colonel
Filip Tarakinikini qui a nié une quelconque trahison de l'armée,
tout en mettant en cause des "informations trompeuses destinées
à accroître la confusion ambiante".
Cependant, une source au sein des forces de sécurité
tend à étayer la thèse du leader des insurgés.
"On a dit à Speight que les militaires allaient gouverner le pays
et nous allons le faire", a expliqué cette source.
Cette dérobade des putschistes repousse encore la libération
du Premier ministre Mahendra Chaudhry et des membres de son gouvernement
retenus dans les locaux du parlement depuis le 19 mai.
Un nouveau rendez-vous entre Speight et le chef de l'armée
qui devait se dérouler en fin de journée samedi n'a finalement
pas eu lieu. Le chef des insurgés a préféré
rencontrer un célèbre opposant Maori de Nouvelle-Zélande,
Tama Iti.
Selon le colonel Tarakinikini, les insurgés ont présenté
de nouvelles exigences. Jusqu'à présent, Speight avait réclamé
pour lui et ses hommes l'amnistie en échange de la libération
des otages au nombre desquels figure le chef du gouvernement d'origine
indienne issu des élections.
Après les négociations dans la nuit de vendredi à
samedi, George Speight aurait été particulièrement
en colère après avoir appris que l'accord passé avec
le chef militaire donnant au très influent Grand Conseil des chefs
le pouvoir de décider du futur gouvernement des Fidji était
caduc.
Théoriquement, le Conseil devait se prononcer lundi sur
l'avenir de la direction du pays et en particulier sur la question de savoir
si le gouvernement militaire allait continuer ou alors s'il fallait mettre
en place un gouvernement civil qui aurait compté George Speight
dans ses rangs.
Selon une source des forces de sécurité, le contre-amiral
Bainimarama aurait pris la direction de cette instance qui était
auparavant présidée par Sitiveni Rabuka, ancien Premier ministre
et responsable de deux coups d'Etat en 1987.
Un renforcement des contrôles de l'armée autour
du siège du parlement était visible samedi à Suva.
Les îles Salomon demandent un renfort de police face aux conflits
ethniques (AFP, 19/4/2000)
Le gouvernement des îles Salomons, l'un des plus pauvres Etats
d'Océanie, souhaite l'envoi de policiers d'Australie, de Fidji et
de Nouvelle-Zélande face aux tensions ethniques qui secouent l'archipel
depuis 18 mois, faisant une quarantaine de morts et autant de disparus,
a-t-on appris de source diplomatique.
Le Premier ministre Bartholomew Ulufa'alu a demandé que 50 policiers
armés viennent patrouiller dans l'île de Guadalcanal, mais
les pays de la zone sont réticents.
Le Commonwealth, qui essaie de négocier un accord de paix avec
les belligérants, a décidé mardi de prolonger de trois
mois le
mandat d'un groupe de surveillance de 12 policiers fidjiens, qui tente
de maintenir l'ordre dans le pays.
Depuis le début de l'année 1999, deux clans ethniques
rivaux, organisés en guérilla, font quotidiennement monter
la tension dans les forêts et les plantations des environs d'Honiara,
capitale des Salomon, sur l'île de Guadalcanal.
Un mouvement du nom d'Armée révolutionnaire de Guadalcanal
qui s'est transformé en Combattants pour la liberté d'Isatabu
(IFF), en souvenir du nom originel de l'île, veut chasser les planteurs
originaires de l'île voisine de Malaita.
Les affrontements, qui prennent de plus en plus l'allure d'une guerre
civile, ont fait environ 40 morts et autant de disparus. On estime à
20.000 le nombre de personnes contraintes au départ dans un pays
de quelque 300.000 habitants.
Bien que la plupart soient nées à Guadalcanal, elles
ont dû se réfugier sur l'île de Malaita, alors que sur
l'île de Guadalcanal, Honiara est devenue une enclave de Malaitans.
En janvier, un mouvement malaitan s'est créé, la Force
de l'aigle Malaita (MEF), et a attaqué un poste de police, volant
34 armes
automatiques et un lance-grenades.De ce fait, le MEF semble mieux armé
que les IFF, qui ne disposent que d'armes artisanales et d'armes américaines
retapées, récupérées sur les champs de bataille
de la Seconde Guerre mondiale.
L'an dernier, l'ancien Premier ministre des Fidji, Sitiveni Rabuka,
et le secrétaire général adjoint du Commonwealth,
le Nigérian Ade
Adefuye, avaient négocié une trêve qui avait été
rompue dès le départ des deux hommes.Les négociations
devaient reprendre ce mois-ci mais les militants les ont annulées,
craignant qu'il ne s'agisse d'un stratagème pour les arrêter.
Sitiveni Rabuka a toutefois indiqué mardi dans un communiqué
qu'elles allaient se poursuivre le mois prochain sur l'île de Santa
Isabel, considérée comme un terrain neutre. Santa Isabel
s'étend sur 80 kilomètres au nord-ouest de Guadalcanal.
Ade Adefuye a précisé que ces pourparlers impliqueraient
une délégation du gouvernement central et des délégations
des
gouvernements provinciaux de Gualdalcanal et de Malaita, comprenant
des militants.
"Je pense que les gens veulent la paix, mais il y a pas mal d'extrémistes,
le plus souvent des criminels, qui rendent les choses très difficiles",
a précisé M.Adefuye.
Devenues indépendantes de la Grande-Bretagne en 1978, les îles
Salomon comptent 70 dialectes utilisés par ses habitants répartis
sur six grandes îles et de nombreux îlots et atolls. Pays figurant
au nombre des plus déshérités de la planète,
les Salomon ont un taux de natalité élevé et une très
courte espérance de vie en raison notamment des maladies endémiques
telles que le paludisme, la tuberculose et la lèpre.
Les sociétés traditionnelles du Pacifique sud perverties
par la corruption (AFP, 28/2/2000)
L'importante corruption qui règne dans les pays insulaires
du Pacifique sud a perverti les cultures traditionnelles océaniennes,
mais, sous la pression internationales, ces petits Etats se voient contraints
de faire le ménage.Une conférence, organisée à
Fidji sur le thème "la culture de la transparence financière
dans le Pacifique" a mis en évidence les dégâts de
la corruption sur le développement économique et le niveau
social de ces pays.Organisée par une association sur la "Transparence
financière" dont le siège est à Berlin, cette manifestation
a coïncidé avec les inquiétudes de plus en plus nombreuses
concernant ces paradis fiscaux. En décembre dernier, Nauru, Palau
et Vanuatu, qui figurent au nombre des plus petits pays au monde, ont fait
l'objet d'un boycott de plusieurs banques internationales.
Les grands groupes bancaires ont interdit tout transferts de fonds
en dollars américains vers ces pays qui ont été été
soupçonnés
de blanchir des capitaux provenant de la mafia russe.
Les cultures traditionnelles de ces pays, qui ont parfois du mal à
s'adapter aux règles de l'économie de marché, expliquent
en partie le développement de la corruption, ont souligné
plusieurs intervenants à ce congrès.
Un membre de la commission économique et sociale des Nations
Unies pour l'Asie et le Pacifique, Savenaca Siwatibu, a toutefois
rejeté cette analyse, estimant que c'était abuser de
la notion de valeurs traditionnelles.
Ainsi, la Banque Nationale de Fidji, qui avait accumulé 110
millions de dollars US de pertes, en prêts douteux accordés
à des amis de l'ancien gouvernement, avait fait l'objet d'une enquête,
durant laquelle des responsables de la banque, par ailleurs chefs
coutumiers de l'île, avaient été interrogés.
Cette enquête avait suscité un tollé au sein de
la population, qui estimait qu'on ne pouvait demander des comptes à
des personnes haut placées dans la hiérarchie coutumière.
"Dans notre culture authentique, les chefs sont responsables devant
la population. Je crois que les gens arrangent un peu la
tradition à leur façon", a estimé M. Siwatibu,
qui est lui même d'origine fidjienne.
La corruption ayant des effets négatifs sur le développement
économique des pays insulaires du Pacifiques, plusieurs organismes
bailleurs de fonds comme la Banque Mondiale préfèrent
désormais octroyer des aides techniques plutôt que des subventions.
La corruption ne s'exprime pas uniquement par le biais de dessous de
table. Elle prend aussi la forme de manipulations dans les
tarifs douaniers, l'octroi de licences commerciales ou les taux de
change.
Les ministres des Finances et de l'Economie des 16 pays membres du
Forum du Pacifique, une organisation régionale, ont
toutefois rédigé une sorte de code de bonne conduite
à destination des Etats membres.
Ce document témoigne, selon l'ancien chef du Trésor des
Samoa, Sala Epa Tuioti, d'une acceptation progressive par les
gouvernements de mettre en oeuvre une gestion plus transparente. |