Pacifique - Actualités
Les Etats indépendants de Mélanésie sont trois archipels du Pacifique Sud, à environ 2 000 km au nord de l'Australie.
La République des Fidji | Les îles Salomon | La Papouasie-Nouvelle-Guinée


Elections aux Iles Fidji (Reuters, 25/8/2001)
Les électeurs fidjiens prennent part samedi au premier scrutin démocratique de l'archipel depuis un coup d'Etat dirigé, il y a un an, contre la minorité indienne du pays.
L'auteur de ce putsch, l'homme d'affaires George Speight, se présente au poste de Premier ministre depuis une cellule de prison où il attend d'être jugé pour trahison. Son procès avait été ajourné vendredi à l'an prochain par la Haute cour afin de détendre la situation dans l'archipel à la veille du scrutin.
L'homme qu'il avait déposé, l'ancien Premier ministre Mahendra Chaudhry, ainsi que Laisenia Qarase, que l'armée avait nommé l'an dernier son remplaçant provisoire, sont considérés comme de sérieux candidats, tout comme Tapeni Baba, un enseignant perçu comme un modéré. L'armée s'est engagée à demeurer discrète pendant les élections, qui doivent durer toute une semaine.
"Nous avons confié la sécurité des élections à la police", a déclaré à Reuters un porte-parole de l'armée.
Le 19 mai 2000, Speight s'était emparé, à la tête d'un commando nationaliste, de l'assemblée nationale, au nom de la communauté des Fidjiens de souche, et pris de nombreux otages.
Il avait renversé Chaudhry, premier Fidjien d'origine indienne à occuper le poste de chef du gouvernement depuis son triomphe électoral de mai 1999.
Mais samedi, peu d'électeurs sont allés voter dans les villes principales de Suva, Latouka et Nadi.
"Il y a quelque ratés, c'est vrai", a déclaré à Reuters Chaudhry, interrogé sur la faible fréquentation des bureaux de vote. "Mais la participation devrait augmenter."
Dix-huit partis et 351 candidats participent au scrutin législatif, dont le résultat ne sera pas connu avant le 6 septembre. Au sein du parlement, 46 sièges sont réservés aux Fidjiens de souche et aux Indiens et 25 aux métis et indépendants.
Les Fidji ont connu trois coups d'Etat ainsi qu'une mutinerie de l'armée depuis 1987. La constitution multiraciale y a été suspendue sur cet archipel comptant plus de 300 îles habitées et abritant environ 800.000 personnes.
L'archipel des Iles Salomon au bord du chaos (AFP, 20/2/2001)
L'archipel des Iles Salomon dans le Pacifique sud est en train de se disloquer sous l'effet de la multiplication des conflits ethniques et de l'effondrement de son économie, estiment des observateurs.
La capitale, Honiara, sombre dans l'anarchie alors que la ville touristique de Gizo, dans l'ouest du pays, est en train de tomber sous le contrôle de membres d'un mouvement de guérilla de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Des hommes armés ont récemment fait irruption au ministère des Finances et à la banque ANZ (Australie Nouvelle-Zélande) en réclamant leur salaire, mais l'Etat n'a plus d'argent dans ses caisses.
La situation financière des Salomon, l'un des rares pays à entretenir des relations diplomatiques avec Taïwan, s'est détériorée en janvier en raison de l'arrêt de l'aide financière décidée par les autorités de Taipeï. 
Les services de l'eau, du téléphone et de l'électricité sont progressivement interrompus dans le pays, qui connaît "une mort lente", selon le haut-commissaire (ambassadeur) de Nouvelle-Zélande, Nick Hurley.
Comptant 426.000 habitants d'origine mélanésienne principalement, les Iles Salomon ont toujours figuré parmi les pays les plus pauvres du Pacifique, subsistant grâce aux exportations de poissons, de bois, d'huile de palme et d'or.
Cependant, le déclenchement voici trois ans d'une guerre civile sur l'île de Guadalcanal a eu pour effet de perturber ou d'interrompre les activités économiques qui rapportaient des devises.
Les rebelles du Mouvement pour la Liberté d'Isatabu (IFM), nom originel de Guadalcanal, se sont mis en devoir de chasser de leur île les habitants originaires de l'île voisine de Malaita installés depuis la seconde guerre mondiale. En réaction se sont constituées les Forces de l'Aigle de Malaita (MEF). Ce conflit a fait plus de 60 morts et a entraîné l'expulsion de 20.000 Malaitans de Guadalcanal.
Cette guerre civile a débouché le 5 juin dernier sur un coup d'Etat des miliciens du MEF, qui ont renversé le Premier ministre, Bart Ulufa'alu. 
L'emprise des Malaitans sur la capitale Honiara a par la suite conduit les autres provinces de l'archipel à se désolidariser du pouvoir central. 
Les autorités de la province de l'ouest, proche de la Papouasie Nouvelle-Guinée, ont baptisé leur territoire "Etat de l'ouest" et ont pris fait et cause pour les indigènes de Guadalcanal.
La police des Salomon étant dominée par les Malaitans, le Premier ministre de cette province, Ruben Lilo, a fait appel à des membres de l'Armée Révolutionnaire de Bougainville, en guerre depuis 10 ans avec les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée, pour assurer la sécurité de la province. Mais les méfaits de ces derniers, particulièrement à Gizo qui se vide peu à peu de ses touristes, inquiètent les autorités de cette province.
Depuis la fermeture de toutes les industries du pays, le revenu du gouvernement salomonais a chuté de 112 millions de dollars US en 1998 à 60 millions. "Nous allons vers un crise dans les tout prochains mois", estime le haut-commissaire néo-zélandais Nick Hurley. 
Les bailleurs de fonds étrangers doivent se réunir la semaine prochaine pour étudier des solutions et éviter le chaos aux îles Salomon. Le ministre des finances salomonais, Snyder Rini, s'est rendu la semaine dernière à Taïwan, pour y réclamer une aide de 300 millions de dollars.

Des îles de moins en moins pacifiques (Libération, 8/6/2000)
Fidji, Salomon, Papouasie... le coup de force fait école dans la région.

A l'ouest du Pacifique, les pays mélanésiens s'en vont en guerre. Après les îles Fidji, où, il y a trois semaines, un homme d'affaires au bord de la faillite prenait le gouvernement en otage, c'était lundi au tour des îles Salomon de se lancer dans la pratique du coup d'Etat. Si la théorie des dominos reste à confirmer, il est évident que l'opération de George Speight, toujours installé au Parlement de Fidji avec sa trentaine d'otages, a inspiré l'avocat Andrew Nori et les miliciens de la Malaita Eagle Force, qui ont enlevé le Premier ministre des îles Salomon et le gouverneur général.

Chasse aux squatters. George Speight a sans doute les yeux plus gros que le ventre. Il s'offre un bras de fer avec l'armée alors qu'il a déjà obtenu tout ce qu'il réclamait. Le limogeage du Premier ministre et la démission du Président, l'amnistie pour ses hommes et lui-même, la garantie que la Constitution du pays serait taillée sur mesure pour que les Fidjiens d'origine indienne soient écartés du pouvoir. Si beaucoup désapprouvent les méthodes de Speight, une immense majorité de Mélanésiens se réjouissent du résultat. Ils veulent rester maîtres chez eux et les Indiens, «importés» à la fin du XIXe siècle par les colons britanniques pour travailler dans les plantations de canne à sucre et devenus aujourd'hui les commerçants de Fidji, sont toujours considérés comme des étrangers. Tout comme le sont les habitants de Malaita par ceux de Guadalcanal.

Deux îles voisines de l'archipel des Salomon, deux îles dont les habitants se détestent jusqu'à en perdre la tête. Littéralement. Malaita possède un des taux de natalité les plus élevés du Pacifique et depuis longtemps ses habitants viennent s'installer et trouver du travail sur Guadalcanal. Ils sont durs à la tâche. Au siècle dernier, les négriers faisaient la route jusqu'à Malaita pour recruter les hommes de l'île... Le Premier ministre Bartholomew Ulufa'alu et son kidnappeur, Andrew Nori, sont tout deux originaires de Malaita, qui a fourni nombre d'hommes politiques au pays depuis l'indépendance, en 1978.

L'année dernière, après avoir pillé un poste de police pour récupérer armes et munitions, les miliciens de l'Isatabu Revolutionary Movement (IRM) ont commencé à persécuter et chasser ceux qu'ils appellent des squatters, même si ces derniers ont le plus souvent acheté les terres sur lesquelles ils se sont installés. En juin 1999, 10 000 Malaitiens s'étaient enfuis vers leur île pour échapper à un conflit ethnique qui a fait au moins 50 morts. En avril dernier surgissait le mouvement de la Malaita Eagle Force qui est venu à la rescousse des «squatters», a tranché la tête de quelques hommes de l'IRM et pris en otage le Premier ministre... Les aigles de Malaita veulent des compensations pour ceux qui ont dû abandonner leur travail et leurs terres. Ils resteront et se battront, disent-ils, tant que le gouvernement (au bord de la banqueroute) n'aura pas payé.

Nombreux points de rupture. C'est la fin de la «Pacific Way», celle qui consiste à s'asseoir et à palabrer. Des jours et des lunes. Jusqu'à ce que la parole trouve son chemin. Mais si cette violence affole l'Australie, qui joue volontiers un rôle paternaliste dans la région ou déclenche la condamnation des anciennes puissances coloniales, les pays du Pacifique se taisent. Dans les îles, la terre ne se mesure pas en hectares mais en mémoire, elle a la densité de la chair. Demain, d'autres nations pourraient succomber à la tentation des armes. Pour l'instant, elles semblent réussir à George Speight qui, lors de sa dernière conférence de presse, était escorté d'un activiste Maori néo-zélandais pour le soutenir dans son combat nationaliste.

Le 29 mai, les chefs des tribus mélanésiennes d'Irian Jaya (partie ouest de la Nouvelle-Guinée devenue province indonésienne en 1963) se sont retrouvés pour une semaine de palabres. Ils n'ont que des flèches et des sagaies mais veulent leur indépendance, tout comme le Timor oriental a obtenu la sienne. Ils ont décidé de s'unir pour intensifier leur lutte contre Jakarta. De l'autre côté de la frontière, en Papouasie, le gouvernement de Mekere Morauta est contesté et le conflit qui oppose, depuis onze ans, Port-Moresby aux indépendantistes de Bougainville pourrait s'envenimer. Les points de rupture sont nombreux sur l'arc mélanésien qui déroule des centaines d'îles de la Papouasie-Nouvelle-Guinée à l'archipel fidjien. Deux d'entre eux viennent de céder.

Canberra et Wellington offrent une aide financière pour résoudre la crise (AFP, 12/6/2000)
L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont offert lundi leur aide financière aux îles Salomon dans l'espoir de mettre un terme au conflit entre deux milices rivales et éviter une guerre civile.
Un programme d'aide financière a été proposé aux leaders de ces deux milices, qui se battent notamment pour des problèmes de
droit de la terre, lors de la visite ce week-end à Honiara, capitale de l'archipel, d'une délégation ministérielle du Commonwealth, selon le ministre des Affaires étrangères néo-zélandais Phill Goff. Selon ce dernier, l'offre faite aux rebelles est de celle que l'on ne refuse pas."Nous avons dit: si vous vous asseyez à la table de négociations alors l'Australie et la Nouvelle-Zélande, par le biais du
Commonwealth, peuvent assurer un arrangement pour des compensations financières afin de régler les problèmes", a dit le ministre néo-zélandais.M. Goff a précisé qu'il était encore trop tôt pour chiffrer cette aide financière, mais a indiqué qu'elle serait prise en charge par l'Australie et la Nouvelle-Zélande, et aussi peut-être par le Commonwealth et l'Union européenne.
Mais aucune aide ne pourra être fournie si ces deux milices persistent à régler leurs différends par la violence et refusent de
négocier, a averti M. Goff. L'une de ces milices, la Force des Aigles de Malaita (MEF), a pris le contrôle de la capitale lundi dernier
et capturé le Premier ministre Bartholomew Ulufa'alu.Depuis début 1999, le MEF et le Mouvement de libération Isatabu (IFM) se livrent à une véritable guérilla sur l'île de Guadalcanal, qui abrite Honiara. Les combattants d'Isatabu, nom originel de l'île de Guadalcanal, veulent y chasser les planteurs, originaires de l'île voisine de Malaita.
Les affrontements, qui ont pris l'allure d'une guerre civile, ont fait des dizaines de morts. On estime à 20.000 le nombre de personnes contraintes au départ dans ce pays de quelque 300.000 habitants.Le ministre néo-zélandais, rentré d'Honiara dimanche, a également précisé lundi que le Premier ministre Ulufa'alu, allait probablement démissionné au cours des prochains jours.
M. Ulufa'alu, détenu par les miliciens du MEF, a été libéré vendredi après avoir notamment accepté un vote du Parlement jeudi sur
une motion de défiance à son encontre."Nous avons une situation aux Solomons où un Premier ministre craint pour sa vie et démissionnera cette semaine, j'en suis sûr, parce que le coût de son maintien au pouvoir est trop élevé", a déclaré M. Goff.
Il a également averti des dangers d'escalade dans l'archipel après la capture de la ville de Gizo (ouest) par une troisième milice.
Une milice apparentée aux rebelles séparatistes de l'île voisine de Bougainville (Papouasie Nouvelle-Guinée) s'est emparée du siège de la police et du bâtiment des télécommunications de la ville, où un milicien a été tué, avait rapporté dimanche la radio australienne ABC citant une radio locale. 

Le Premier ministre démissionne pour éviter la guerre civile (AFP, 6/6/2000)
Le Premier ministre des îles Salomon, Bartholomew Ulufa'alu, pris en otage lundi dans une tentative de coup d'Etat, a accepté de démissionner pour éviter le risque d'une guerre civile dans son pays, en proie à un conflit entre groupes ethniques, a annoncé mardi son gouvernement.
 A l'issue d'une journée de pourparlers avec les membres de son cabinet et les dirigeants du groupe rebelle à l'origine du putsch, les Forces de l'Aigle de Malaita, M. Ulufa'alu "a indiqué son intention de démissionner si sa démission était le prix à payer pour la paix", a déclaré à l'AFP un ministre, Alfred Sasaako.
 Le chef du gouvernement avait été conduit mardi de chez lui par des hommes armés vers une autre destination afin d'y rencontrer ses ministres.
 Les rebelles, issus d'une milice ethnique, les Forces de l'Aigle de Malaita, dirigée par un avocat, Andrew Nori, qui réclamaient cette démission, ont pris lundi le contrôle des installations clés de l'archipel.
 Les vols et les liaisons téléphoniques restaient coupées mardi avec les Salomon alors que des barrages quadrillaient la capitale, Honiara.
 Depuis début 1999, l'île de Guadalcanal, qui abrite Honiara, est le théâtre d'une guérilla ethnique entre deux factions rivales, les Forces de l'Aigle de Malaita (MEF) et les Combattants pour la Liberté d'Isatabu (IFF), nom originel de l'île de Guadalcanal, qui veulent chasser les planteurs, originaires de l'île voisine de Malaita.
 Ces affrontements, qui ont pris l'allure d'une guerre civile, ont fait environ 55 morts et disparus. On estime à 20.000 le nombre de personnes contraintes au départ dans un pays de quelque 300.000 habitants.
 Mardi, de violents affrontements entre les deux milices qui ont fait au moins quatre blessés ont fait rage pendant trois heures aux abords de l'aéroport international, situé à 11 km d'Honiara, a indiqué la radio locale.
 "La situation est tendue dans la capitale où la plupart des boutiques sont fermées", a indiqué à l'AFP un journaliste de la Solomon Islands Broadcasting Corporation (SIBC).
 La Nouvelle-Zélande a offert mardi sa médiation pour relancer les négociations entre les ethnies rivales afin d'éviter des regains de violences.
 "Ce que nous essayons de faire est de les ramener à suivre la voie constitutionnelle. C'est facile d'être pris dans un conflit mais c'est difficile d'en sortir. Nous disons donc +si vous êtes prêts à vous asseoir autour de la table de négociations nous sommes toujours prêts à le faciliter", a indiqué Phil Goff, ministre des Affaires étrangères.
 "Si cela est nécessaire, venez en Nouvelle-Zélande pour une rencontre", a-t-il ajouté.
 Depuis plusieurs mois, sous l'égide du Commonwealth, un processus de négociations était en cours entre les belligérants mais il avait à nouveau échoué la semaine dernière.
 Trois membres du Parlement européen, deux Britanniques et un Allemand, de même que deux diplomates africains dont le secrétaire général adjoint du Commonwealth, Ade Adesfuye, se trouvent toujours dans l'île de Guadalcanal où ils participaient aux négociations.
 Celles-ci avaient été placées sous la présidence de l'ancien Premier ministre des Fidji, Sitiveni Rabuka, lui-même derrière deux coups d'Etat dans son pays en 1987.
 En raison de la tentative de coup d'Etat également en cours aux Fidji depuis le 19 mai, Sitiveni Rabuka avait dû rentrer précipitamment dans son pays.
 Devenues indépendantes de la Grande-Bretagne en 1978, les îles Salomon comptent 70 dialectes utilisés par ses habitants répartis sur six grandes îles et de nombreux îlots et atolls.
 Pays figurant au nombre des plus déshérités de la planète, les Salomon ont un taux de natalité élevé et une courte espérance de vie en raison notamment des maladies endémiques telles que le paludisme, la tuberculose et la lèpre.

Le Premier ministre des Iles Salomon a été pris en otage, selon des diplomates néo-zélandais (AP, 5/6/2000)
Des rebelles armés ont pris en otage le Premier ministre des Iles Salomon et installé des barrages dans la capitale, Honiara, a annoncé lundi le ministère des Affaires étrangères de Nouvelle-Zélande.Selon le porte-parole du ministère, Brad Pattersfield, les insurgés de la milice Malaita eagle force retenaient en otage le Premier ministre Bartholemew Ulufa'alua.Cette tentative de coup d'Etat est la deuxième dans le Pacifique Sud en l'espace de quelques jours. Des rebelles armés retiennent en effet toujours en otages le Premier ministre destitué des Fidji et plus de 30 autres personnes dans le Parlement de ce pays.
Le Isatabu freedom movement et la Malaita eagle force s'affrontent depuis 18 mois dans des combats sur Guadalcanal, la principale île de l'archipel.La milice Malaita résiste à la force Isatabu qui essaye de refouler de Guadalcanal des milliers d'immigrés venus de l'île de Malaita. La capitale, Honiera, se trouve sur Guadalcanal.Au moins 50 personnes ont été tuées ou sont portées disparues et 20.000 autres ont dû fuir leurs habitations en raison de ces échauffourées.Des discussions de paix qui devaient avoir lieu entre les factions rivales ont été annulées la semaine dernière, juste avant l'ouverture prévue de ces pourparlers.
Lundi, le maire d'Honiara Donald Fugui a appelé les habitants de la ville à rester chez eux, selon Brad Pattersfield.

Les modérés l'emportent au congrès de la Papouasie occidentale (AFP, 4/6/2000)
Le congrès papou s'est achevé dimanche par une vibrante proclamation affirmant que l'Indonésie "doit reconnaître la souveraineté de la nation de la Papouasie occidentale" qui est "indépendante" depuis la fin de la colonisation néerlandaise, au début des années 60. Cette résolution qui conclut des travaux menés depuis lundi 29 mai à Jayapura, la capitale provinciale, par près de 3.000 délégués, dans une atmosphère passionnée, consacre la victoire des modérés, soucieux d'ouvrir un dialogue à la fois avec Jakarta et la communauté internationale, et avant tout d'éviter de donner aux autorités indonésiennes un prétexte pour déclencher une nouvelle vague de répressions.
 Les extrémistes ont accepté qu'il n'y ait pas de nouvelle proclamation formelle de l'indépendance et ont également retiré leur proposition de former un gouvernement de transition, deux points qui -- les autorités indonésiennes avaient mis en garde -- auraient été considérés comme une déclaration de guerre.
 Ils ont en revanche obtenu la présidence de la direction, jusqu'à présent collégiale du Présidium, l'instance suprême papoue, qui a été dotée par le congrès des mandats les plus larges possibles.
 Les modérés ont dû également accepter la reconnaissance officielle des "Satgas Papous" (forces d'intervention papoues) qui, de service d'ordre et de protection de personnalités indépendantistes, apparus plus ou moins spontanément, sont désormais investis de "la responsabilité de la protection de tout le peuple papou" alors que leur effectif est porté à 10.000 hommes.
 D'abord favorables à la tenue de ce congrès, né d'un appel au dialogue lancé par Jakarta en février 1999, les autorités indonésiennes se sont très vite alarmées du ton indépendantiste des travaux et ont déclaré en début de semaine que l'assemblée était "illégitime" et "non représentative".
 Le président Abdurrahaman Wahid a également réaffirmé que l'Indonésie ne renoncerait jamais à l'Irian Jaya, le nom donné à la moitié occidentale de l'île de Nouvelle-Guinée, à plus de 2.500 km à l'est de Jakarta, une province richement dotée en ressources naturelles de toutes sortes.
 Tom Beanal, le dirigeant modéré qui, "au nom de l'unité de la nation et de la lutte", a accepté de renoncer à la co-présidence pour reconnaître la direction suprême de Theys Eluav, considéré comme un extrémiste, a souligné dimanche que "tout devrait être fait pour éviter un désastre comme celui qui a eu lieu au Timor oriental".
 L'armée indonésienne et ses milices ont systématiquement, l'année dernière, détruit le Timor oriental occupé en 1975 et annexé un an plus tard, après que sa population eut voté à près de 80% en faveur de l'indépendance.
 La résolution finale adoptée à Jayapura par acclamation et paraphée au son des grosses caisses et des cris des guerriers traditionnels, dansant dans les allées, souligne que "l'Indonésie doit reconnaître la souveraineté de la nation de la Papouasie occidentale, fondée sur l'histoire, la géographie, la culture et l'ethnicité".
 La résolution affirme également que le processus lancé le 1er décembre 1961 par les colonisateurs néerlandais, et qui devait, en principe, aboutir à l'indépendance, est toujours valable, récusant comme sans fondement la résolution des Nations Unies de 1969 reconnaissant la souveraineté de Jakarta sur la Papouasie occidentale où elle avait envoyé des troupes en 1963.
 Le congrès demande enfin que "les crimes contre l'humanité" commis contre le peuple papou "soient l'objet d'une enquête et leurs responsables présentés à la justice".

La crise des Fidji dans l'impasse faute d'un accord entre mutins et militaires (AFP, 3/6/2000)
La crise politique aux Fidji était dans l'impasse samedi après l'échec de l'accord entre mutins et militaires qui devait en particulier permettre au Premier ministre Mahendra Chaudhry et aux membres de son gouvernement prisonniers au parlement de retrouver la liberté.
 L'homme d'affaires en faillite George Speight, dont l'action à la tête des insurgés a été à l'origine de tous les chamboulements qu'a connus le pays depuis deux semaines, a finalement renoncé à signer l'accord auquel il était parvenu avec le chef militaire, le contre-amiral Frank Bainimarama.
 Le porte-parole des forces armées, le lieutenant-colonel Filip Tarakinikini, avait pourtant indiqué dans la matinée que les auteurs du coup de force contre le gouvernement légal avaient donné leur accord verbal pour libérer leurs otages et pour rendre leurs armes. Ce pacte devait être signé samedi à midi (00H00 GMT), mais, à l'heure dite, il n'a pas été entériné.
 George Speight a décidé de ne pas tenir l'engagement pris auprès du militaire qui détient tous les pouvoirs depuis l'instauration de la loi martiale après avoir appris que l'armée avait l'intention de continuer à gouverner le pays une fois la crise passée.
 Au cours d'une conférence de presse, George Speight a affirmé que l'armée "avait manqué à sa parole" et que, du coup, les otages ne seraient vraisemblablement pas libérés avant lundi. 
Cette accusation a été rejetée par le lieutenant-colonel Filip Tarakinikini qui a nié une quelconque trahison de l'armée, tout en mettant en cause des "informations trompeuses destinées à accroître la confusion ambiante".
 Cependant, une source au sein des forces de sécurité tend à étayer la thèse du leader des insurgés. "On a dit à Speight que les militaires allaient gouverner le pays et nous allons le faire", a expliqué cette source.
 Cette dérobade des putschistes repousse encore la libération du Premier ministre Mahendra Chaudhry et des membres de son gouvernement retenus dans les locaux du parlement depuis le 19 mai.
 Un nouveau rendez-vous entre Speight et le chef de l'armée qui devait se dérouler en fin de journée samedi n'a finalement pas eu lieu. Le chef des insurgés a préféré rencontrer un célèbre opposant Maori de Nouvelle-Zélande, Tama Iti.
 Selon le colonel Tarakinikini, les insurgés ont présenté de nouvelles exigences. Jusqu'à présent, Speight avait réclamé pour lui et ses hommes l'amnistie en échange de la libération des otages au nombre desquels figure le chef du gouvernement d'origine indienne issu des élections. 
Après les négociations dans la nuit de vendredi à samedi, George Speight aurait été particulièrement en colère après avoir appris que l'accord passé avec le chef militaire donnant au très influent Grand Conseil des chefs le pouvoir de décider du futur gouvernement des Fidji était caduc.
 Théoriquement, le Conseil devait se prononcer lundi sur l'avenir de la direction du pays et en particulier sur la question de savoir si le gouvernement militaire allait continuer ou alors s'il fallait mettre en place un gouvernement civil qui aurait compté George Speight dans ses rangs.
 Selon une source des forces de sécurité, le contre-amiral Bainimarama aurait pris la direction de cette instance qui était auparavant présidée par Sitiveni Rabuka, ancien Premier ministre et responsable de deux coups d'Etat en 1987.
 Un renforcement des contrôles de l'armée autour du siège du parlement était visible samedi à Suva.

Les îles Salomon demandent un renfort de police face aux conflits ethniques (AFP, 19/4/2000)
Le gouvernement des îles Salomons, l'un des plus pauvres Etats d'Océanie, souhaite l'envoi de policiers d'Australie, de Fidji et de Nouvelle-Zélande face aux tensions ethniques qui secouent l'archipel depuis 18 mois, faisant une quarantaine de morts et autant de disparus, a-t-on appris de source diplomatique.
Le Premier ministre Bartholomew Ulufa'alu a demandé que 50 policiers armés viennent patrouiller dans l'île de Guadalcanal, mais les pays de la zone sont réticents.
Le Commonwealth, qui essaie de négocier un accord de paix avec les belligérants, a décidé mardi de prolonger de trois mois le
mandat d'un groupe de surveillance de 12 policiers fidjiens, qui tente de maintenir l'ordre dans le pays.
Depuis le début de l'année 1999, deux clans ethniques rivaux, organisés en guérilla, font quotidiennement monter la tension dans les forêts et les plantations des environs d'Honiara, capitale des Salomon, sur l'île de Guadalcanal.
Un mouvement du nom d'Armée révolutionnaire de Guadalcanal qui s'est transformé en Combattants pour la liberté d'Isatabu (IFF), en souvenir du nom originel de l'île, veut chasser les planteurs originaires de l'île voisine de Malaita.
Les affrontements, qui prennent de plus en plus l'allure d'une guerre civile, ont fait environ 40 morts et autant de disparus. On estime à 20.000 le nombre de personnes contraintes au départ dans un pays de quelque 300.000 habitants.
Bien que la plupart soient nées à Guadalcanal, elles ont dû se réfugier sur l'île de Malaita, alors que sur l'île de Guadalcanal, Honiara est devenue une enclave de Malaitans.
En janvier, un mouvement malaitan s'est créé, la Force de l'aigle Malaita (MEF), et a attaqué un poste de police, volant 34 armes
automatiques et un lance-grenades.De ce fait, le MEF semble mieux armé que les IFF, qui ne disposent que d'armes artisanales et d'armes américaines retapées, récupérées sur les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale.
L'an dernier, l'ancien Premier ministre des Fidji, Sitiveni Rabuka, et le secrétaire général adjoint du Commonwealth, le Nigérian Ade
Adefuye, avaient négocié une trêve qui avait été rompue dès le départ des deux hommes.Les négociations devaient reprendre ce mois-ci mais les militants les ont annulées, craignant qu'il ne s'agisse d'un stratagème pour les arrêter.
Sitiveni Rabuka a toutefois indiqué mardi dans un communiqué qu'elles allaient se poursuivre le mois prochain sur l'île de Santa
Isabel, considérée comme un terrain neutre. Santa Isabel s'étend sur 80 kilomètres au nord-ouest de Guadalcanal.
Ade Adefuye a précisé que ces pourparlers impliqueraient une délégation du gouvernement central et des délégations des
gouvernements provinciaux de Gualdalcanal et de Malaita, comprenant des militants.
"Je pense que les gens veulent la paix, mais il y a pas mal d'extrémistes, le plus souvent des criminels, qui rendent les choses très difficiles", a précisé M.Adefuye.
Devenues indépendantes de la Grande-Bretagne en 1978, les îles Salomon comptent 70 dialectes utilisés par ses habitants répartis sur six grandes îles et de nombreux îlots et atolls. Pays figurant au nombre des plus déshérités de la planète, les Salomon ont un taux de natalité élevé et une très courte espérance de vie en raison notamment des maladies endémiques telles que le paludisme, la tuberculose et la lèpre.

Les sociétés traditionnelles du Pacifique sud perverties par la corruption (AFP, 28/2/2000)
 L'importante corruption qui règne dans les pays insulaires du Pacifique sud a perverti les cultures traditionnelles océaniennes, mais, sous la pression internationales, ces petits Etats se voient contraints de faire le ménage.Une conférence, organisée à Fidji sur le thème "la culture de la transparence financière dans le Pacifique" a mis en évidence les dégâts de la corruption sur le développement économique et le niveau social de ces pays.Organisée par une association sur la "Transparence financière" dont le siège est à Berlin, cette manifestation a coïncidé avec les inquiétudes de plus en plus nombreuses concernant ces paradis fiscaux. En décembre dernier, Nauru, Palau et Vanuatu, qui figurent au nombre des plus petits pays au monde, ont fait l'objet d'un boycott de plusieurs banques internationales.
Les grands groupes bancaires ont interdit tout transferts de fonds en dollars américains vers ces pays qui ont été été soupçonnés
de blanchir des capitaux provenant de la mafia russe.
Les cultures traditionnelles de ces pays, qui ont parfois du mal à s'adapter aux règles de l'économie de marché, expliquent en partie le développement de la corruption, ont souligné plusieurs intervenants à ce congrès. 
Un membre de la commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie et le Pacifique, Savenaca Siwatibu, a toutefois
rejeté cette analyse, estimant que c'était abuser de la notion de valeurs traditionnelles.
Ainsi, la Banque Nationale de Fidji, qui avait accumulé 110 millions de dollars US de pertes, en prêts douteux accordés à des amis de l'ancien gouvernement, avait fait l'objet d'une enquête, durant laquelle des responsables de la banque, par ailleurs chefs
coutumiers de l'île, avaient été interrogés. 
Cette enquête avait suscité un tollé au sein de la population, qui estimait qu'on ne pouvait demander des comptes à des personnes haut placées dans la hiérarchie coutumière.
"Dans notre culture authentique, les chefs sont responsables devant la population. Je crois que les gens arrangent un peu la
tradition à leur façon", a estimé M. Siwatibu, qui est lui même d'origine fidjienne. 
La corruption ayant des effets négatifs sur le développement économique des pays insulaires du Pacifiques, plusieurs organismes
bailleurs de fonds comme la Banque Mondiale préfèrent désormais octroyer des aides techniques plutôt que des subventions. 
La corruption ne s'exprime pas uniquement par le biais de dessous de table. Elle prend aussi la forme de manipulations dans les
tarifs douaniers, l'octroi de licences commerciales ou les taux de change. 
Les ministres des Finances et de l'Economie des 16 pays membres du Forum du Pacifique, une organisation régionale, ont
toutefois rédigé une sorte de code de bonne conduite à destination des Etats membres. 
Ce document témoigne, selon l'ancien chef du Trésor des Samoa, Sala Epa Tuioti, d'une acceptation progressive par les
gouvernements de mettre en oeuvre une gestion plus transparente. 


 

La République des Fidji

Superficie: 18 274 m2. 
Capitale: Suva.
800 000 habitants, dont 51 % de Mélanésiens et 44 % d'origine indienne. 
Conflit : putsch de militaires mélanésiens contre le Premier ministre indien. 

Chronologie de la crise politique qui secoue les Fidji (AFP, 29/5/2000)
évènements survenus aux Fidji depuis le début de la tentative de coup d'Etat :

19 mai: un groupe d'hommes armés, fidjiens de souche, emmenés par un homme d'affaires en faillite, George Speight, investissent le parlement et capturent le Premier ministre Mahendra Chaudhry, les membres de son gouvernement ainsi que des parlementaires. C'est exactement le jour anniversaire de l'élection en 1999 du chef du gouvernement, qui est le premier fidjien d'origine indienne a accéder à ce poste. Des émeutes et des bagarres éclatent dans la capitale Suva, principalement prenant pour cible les commerces tenus par des Indiens.

20 mai: le chef des insurgés George Speight se proclame Premier ministre et affirme que M. Chaudhry n'a pas été battu par ses partisans. Vingt-cinq otages sont relâchés par les insurgés.

21 mai: l'instigateur du coup d'Etat menace d'exécuter les otages, dont le Premier ministre Mahendra Chaudhry, s'il n'est pas autorisé à diriger le pays.

22 mai : Speight reconnaît que M. Chaudhry, qui est gravement blessé, a bien été frappé. Le président Ratu Sir Kamisese Mara déclare qu'il n'est pas certain que M. Chaudhry sera maintenu à son poste de Premier ministre à l'issue de la crise.

23 mai : le Grand conseil des chefs appelle les insurgés à relâcher Mahendra Chaudhry et les parlementaires qu'ils détiennent en otages.

25 mai: les chefs coutumiers acceptent toutes les exigences de l'auteur du coup d'Etat et appellent à la formation d'un gouvernement intérimaire formé par les représentants de la communauté indigène. Les insurgés refusent de libérer leurs otages.

26 mai: mise en garde des Etats Unis sur les conséquences du renversement anticonstitutionnel du gouvernement susceptible d'entraîner des sanctions.

27 mai: le président fidjien suspend le parlement et annonce le limogeage du Premier ministre Mahendra Chaudhry ainsi que la nomination d'une équipe intérimaire. Mais le nouveau chef de gouvernement par intérim refuse et le chef de l'Etat se retrouve le seul pouvoir légal en place dans le pays. Les décisions du chef de l'Etat sont refusées par les insurgés ainsi que par le parti du Premier ministre congédié et par l'Australie. Deux soldats et un journaliste britannique sont blessés par balle à l'extérieur du parlement en état de siège.

28 mai: George Speight proclame qu'il va gouverner le pays par décrets pour une année. Une centaine de ses partisans déclenchent une émeute dans la capitale, attaquant le siège de la télévision qui est mis à sac. Un policier est tué par balle tandis qu'un autre meurt d'une crise cardiaque au cours de ces incidents. Le secrétaire général du Commonwealth Don McKinnon lance un appel au calme.

29 mai: le chef des armées, le contre-amiral Frank Bainimarama, proclame la loi martiale et annonce qu'il assume désormais le pouvoir exécutif. L'armée prend le contrôle de Suva, les soldats ayant l'ordre de tirer à vue afin de faire respecter le couvre-feu.



Quinze mois après le putsch, les Fidjiens  votent pour désigner leur premier ministre (Le Monde, 25/8/2001)
Depuis samedi 25 août, les électeurs des îles Fidji  votent aux élections législatives qui permettront de nommer le gouvernement de cet archipel du Pacifique sud. 

Fidji: l'armée va nommer un nouveau gouvernement sans consulter les preneurs d'otages (AP, 28/6/2000)
Les dirigeants de l'armée fidjienne ont annoncé mercredi qu'ils allaient nommer un nouveau gouvernement civil dans l'île sans consulter les putschistes qui retiennent toujours 27 membres du gouvernement renversé en otages.Cette mesure constitue un camouflet pour les preneurs d'otages, qui avaient demandé à être représentés dans le gouvernement provisoire avant de libérer les otages, parmi lesquels se trouve le Premier ministre Chaudhry, évincé du pouvoir. Mardi, l'armée avait adressé un ultimatum de 24 heures à George Speight, le chef des putschistes, pour qu'il accepte de signer un accord portant sur une libération immédiate des otages et sur la mise au point des procédures pour nommer le nouveau gouvernement. Mais le porte-parole de l'armée, Filipo Tarakinikini, a annoncé mercredi que l'heure limite avait été dépassée sans réponse positive de la part des rebelles, et que l'armée désignerait elle-même le nouveau gouvernement. Il n'a pas donné d'autres détails, mais il a ajouté que l'armée donnerait des précisions sur sa position au cours d'une conférence de presse plus tard dans la journée de mercredi. 

Fidji: les rebelles menacent de tuer les otages en cas d'assaut (AP, 27/6/2000)
Les 27 membres du gouvernement renversé du Premier ministre Chaudhry, retenus en otages depuis 40 jours dans le Parlement fidjien à Suva, risquent d'être tués si l'armée donne l'assaut, a prévenu mardi l'un des ravisseurs. 
''Le sang sera versé'', a déclaré à l'Associated Press l'un des rebelles, le commandant Ilisoni Ligairi, 62 ans, ancien officier d'élite du Special Air Service (SAS) de l'armée britannique. De nombreux Fidjiens le considèrent comme aussi, sinon plus, puissant que le chef des rebelles, George Speight. La tension monte à nouveau autour du Parlement où des partisans des rebelles ont lancé des cailloux sur un véhicule militaire peu avant la reprise des négociations entre les putschistes et l'armée. 
Le colonel Filipo Tarakinikini, porte-parole de l'armée, a déclaré que les rebelles avaient 24 heures pour accepter l'accord conclu la
semaine dernière. Sinon, l'armée nommera elle-même un gouevrnement civil intérimaire. George Speight a rejeté l'ultimatum et
déclaré qu'une telle décision ''provoquerait la colère du peuple''. 
Ilisoni Ligairi a ajouté de son côté que les otages ne seraient pas libérés tant que les demandes de son groupe ne seraient pas
satisfaites, notamment celle de se voir accorder une place dans le prochain gouvernement. Il soutient par ailleurs qu'il n'est pas
question que des non-chrétiens, des Hindous en l'occurence qui forment 44% des 813.000 habitants de l'archipel, participent au
prochain gouvernement. ''Ce pour quoi nous nous battons est un Etat chrétien''. 
Le 19 mai dernier, Ligairi et George Speight avec un groupe de soldats d'élite ont envahi le parlement. Ils affirment agir au nom d'une majorité de Mélanésiens dont les droits auraient été bafoués par le gouvernement de Mahendra Chaudhry, un Indo-fidjien qui s'est attaqué à la corruption. Dimanche, les rebelles ont libéré quatre femmes. 

Une possible troisième voie pour sortir de la crise (AFP, 27/6/2000)
Le rejet mardi par les putschistes aux îles Fidji d'un ultimatum de l'armée, qui les avait sommés de signer dans les 24 heures un accord sur la formation d'un gouvernement intérimaire, donne une chance à des partisans d'une troisième voie de trouver une issue à la crise. L'armée et les putschistes, qui retiennent notamment en otages à l'intérieur du parlement depuis le 19 mai le Premier ministre d'origine indienne Mahendra Chaudhry et des membres de son gouvernement, ont négocié en vain ces derniers jours la formation d'un gouvernement intérimaire. Lassée, l'armée a lancé mardi un ultimatum aux putschistes. Mais ces derniers ont aussitôt dénoncé cette "pression inadmissible" des militaires. 
Le colonel Filipo Tarakinikini, porte-parole de l'armée, avait déclaré devant la presse que si les putschistes refusaient de signer
l'accord dans le délai imparti, les militaires, qui contrôlent le pays, décideraient de la formation d'un nouveau gouvernement sans eux --il avait toutefois exclu une opération militaire pour libérer les 27 otages--.
Dans ce contexte, la proposition avancée par un mouvement de citoyens et par des parlementaires fidjiens de former un
gouvernement intérimaire, seule façon, selon eux, de sortir de l'impasse dans laquelle se trouve l'archipel depuis plus d'un mois,
suscite des espoirs .
Parmi les sénateurs et les députés, à l'origine de cette proposition, il y a en particulier le chef de l'opposition, Ratu Inoke Kubuabola. 
Dans une lettre adressée au chef de l'armée, Frank Bainimarama, ces parlementaires écrivent que "le nouveau gouvernement civil
doit comporter des élus du parlement, pour avoir une légitimité au niveau local et international". Lundi, le Forum constitutionnel des
citoyens, une organisation non-gouvernementale présidée par Akuila Yabaki, avait fait une proposition similaire. La communauté
internationale, Australie et Nouvelle-Zélande en tête, a indiqué à plusieurs reprises qu'elle considérait le gouvernement de M.
Chaudhry comme le seul légitime.
M. Yabaki avait souligné qu'il y avait 56 députés et sénateurs, disponibles pour la formation d'un gouvernement civil intérimaire, qui
serait, selon lui, bien plus acceptable aux yeux du monde, que le projet des autorités militaires. 
Les putschistes ont déclaré agir au nom de la population indigène de l'île et ont obtenu l'abrogation de la constitution de 1997, qui
instaurait l'égalité politique entre les différentes communautés de cet archipel, où les Indo-fidjiens représentent 43% des 800.000
habitants. 
Le président Ratu Sir Kamisese Mara a été contraint à la démission, transférant de fait le pouvoir exécutif à l'armée, qui n'est
jusqu'alors pas parvenue à mettre à terme à cette crise, en dépit des négociations engagées avec les insurgés sur la formation d'un
gouvernement civil intérimaire. 
Les négociations avaient failli aboutir à un accord samedi dernier, mais sa signature a été suspendue sine die dimanche après que
George Speight, qui ne cesse de faire monter les enchères, eut souhaité avoir un droit de regard sur la désignation du président. 
L'armée qui a qualifié "d'inacceptable" cette nouvelle requête a menacé lundi d'assumer le pouvoir pendant les deux prochaines
années, jusqu'à l'organisation d'élections législatives et la mise en oeuvre d'une nouvelle constitution. 

La tension monte d'un cran aux îles Fidji (Reuters, 12/6/2000)
La tension est subitement montée aux îles Fidji où l'armée a ouvert le feu sur une voiture transportant le chef des putschistes, George Speight. Ses partisans ont aussitôt accusé les militaires, qui ont pris le pouvoir à la suite de l'anarchie dans laquelle le coup d'Etat du 19 mai a plongé le pays, de chercher à l'assassiner. Les militaires ont présenté leurs excuses pour l'incident, présenté comme le résultat d'une "grave erreur de jugement" de la part de certains soldats. Les rebelles pro-mélanésiens de Speight ont néanmoins rejeté ces excuses. 
"Nous pensons qu'il s'est agi d'une tentative d'assassinat par l'armée", a déclaré à Reuters le porte-parole du chef des putschistes,
Jo Nata. "Les soldats qui ont ouvert le feu n'ont pas pu tirer sans avoir reçu l'ordre de le faire. C'est un acte de provocation d'une
extrême gravité". Il a exclu toute action de représailles de la part des partisans des putschistes qui campent devant l'enceinte du Parlement où Speight séquestre depuis le 19 mai le Premier ministre d'origine indienne, Mahendra Chaudhry, et 30 autres personnes. L'armée a tiré une vingtaine de coups de feu "d'avertissement" en direction d'un cortège de voitures dans lequel se trouvaient George Speight et ses gardes du corps, sans les atteindre, a annoncé un porte-parole militaire. 

Une enquête et des sanctions 
Le colonel Filip Tarakinikini, porte-parole de l'armée, a déclaré que les soldats avaient fait un "usage excessif de la force" et que les
officiers avaient déjà présenté leurs excuses à l'auteur du coup de force. "Il y aura une enquête et des sanctions appropriées", a-t-il
ajouté. Les soldats ont fait signe à un cortège de véhicules de s'arrêter à un point de contrôle et ont tiré quand ceux-ci ont refusé
d'obtempérer. Une voiture a été touchée par une balle et ses occupants ont été brièvement interpellés. Le véhicule abritant Speight a poursuivi sa route jusqu'à l'enceinte du Parlement. Par ailleurs, dans un village proche de la capitale Suva, une centaine d'Indiens de souche ont évacué discrètement leur domicile de peur d'être pris pour cible d'un groupe de Mélanésiens soupçonnés d'être liés à Speight. Ces hommes, femmes et enfants, ont prétendu partir à un mariage à un bord d'un bus et se sont réfugiés dans un centre chrétien de réfugiés à Lautoka, à l'ouest de leur village de Muanaweni. Speight prétend agir au nom de la communauté autochtone d'origine mélanésienne, qui représente 51% de la population forte de 800.000 habitants. L'armée, qui s'est arrogée les pleins pouvoirs le 29 mai, a aboli la Constitution multiethnique de 1997, une des principales revendications de Speight. Les Indiens, arrivés il y a un siècle environ pour travailler dans les plantations de canne à sucre, représentent 44% de la population. 

Le gouvernement militaire fidjien renforce son pouvoir (Reuters, 10/6/2000)
Le gouvernement militaire des îles Fidji a rejeté toute idée de retrait pour permettre de restaurer un régime civil. Les discussions entre le chef de l'armée Frank Bainimarama et des anciens de l'ouest de l'archipel qui demandent un rétablissement d'un gouvernement civil se sont soldées vendredi par un échec et aucune autre rencontre n'est prévue, a déclaré à Reuters le colonel
Filipo Tarakinikini, porte-parole de l'armée. "Rien n'a changé et il n'y a pas de nouvelles discussions prévues", a dit Tarakinikini à Reuters. Les deux parties avaient initialement prévu une nouvelle réunion samedi matin. L'impossibilité à parvenir à un accord bat également en brèche les efforts de l'armée dans les négociations pour la libération d'une trentaine d'hommes politiques retenus en otage. Parmi eux se trouve le Premier ministre Mahendra Chaudhry, premier chef de gouvernement d'origine indienne. Ils sont détenus depuis le 19 mai dans l'enceinte du parlement de Suva par des rebelles nationalistes, ce qui a incité l'armée à déclarer la loi martiale dans l'archipel. Le ministère du Travail a annoncé que plus de 2.000 emplois, principalement occupés par des Fidjiens natifs dans le secteur industriel où les salaires sont peu élevés, ont été perdus depuis le début de la crise en raison d'un embargo imposé par les syndicats australiens, premier partenaire commercial des Fidji. Depuis son bastion au parlement, le chef des putschistes George Speight a appelé les Fidjiens à accepter les difficultés économiques durant sa campagne visant à ôter aux Indiens tout rôle dans le gouvernement. 

Manifestation lundi à Suva 

Des milliers d'ouvriers des secteurs les plus affectés par la crise - confection, sucre et tourisme - comptent manifester lundi à Suva
contre la prise d'otage. "La manifestation prévue vise à protester contre la prise d'otage du pays par George Speight", a déclaré Ben Padarath, l'un des organisateurs de la manifestation. "Jusqu'à maintenant tout ce que nous avons fait était d'attendre que quelque chose se produise. Pendant ce temps, les cannes à sucre ne sont pas récoltées. Nous perdons chaque jour leur contenu en sucre avec la menace d'une perte de 200 millions de dollars dans notre économie", a ajouté Padarath. Le gouvernement militaire a proposé de diriger les îles Fidji pour une durée allant jusqu'à trois mois pour permettre la mise en place d'une nouvelle administration civile. Il n'y a pas eu de négociations entre Speight et le gouvernement militaire. Le chef des putschistes George Speight et ses partisans exigent une dissolution immédiate du gouvernement militaire en faveur d'un gouvernement civil dirigé par des Fidjiens indigènes avant de libérer les otages. Speight estime que les Fidjiens d'origine indienne, arrivés dans l'archipel il y a deux siècles pour travailler dans les champs de sucre de canne, et qui représentent maintenant 44% de la population, n'ont pas réussi à s'intégrer à la culture fidjienne et devraient partir. Il a également accusé l'Australie de jouer les "gros bras" dans le Pacifique. Le Commonwealth, qui regroupe 54 pays dont la Grande-Bretagne et une grande partie de ses anciennes colonies, avait suspendu les îles Fidji en 1987 à la suite d'un coup d'Etat. L'archipel avait été réintégré en 1997. 

Putsch aux îles Fidji: les chefs tribaux entament une médiation (AP, 9/6/2000)
Une délégation d'influents chefs tribaux a rencontré vendredi George Speight, le chef des putschistes qui retiennent le Premier ministre et 30 autres otages aux îles Fidji, mais n'ont fait aucune déclaration à leur sortie. Ces chefs tribaux, originaires des provinces occidentales, dont l'économie est la plus florissante, tentaient une médiation pour mettre un terme à la crise qui dure depuis trois semaines. Ils ont passé deux heures dans le QG de Speight au Parlement, où il s'est emparé des otages le 19 mai, mais rien n'a filtré des entretiens. ''Ce fut une bonne rencontre, une grande rencontre'', a juste déclaré Speight par la suite. Ils ont également rendu visite au contre-amiral Frank Bainimarama et aux militaires qui ont pris les commandes du pays et instauré
la loi martiale une semaine après le déclenchement de la crise. Dans un communiqué rendu public après la rencontre, les militaires ont annoncé que les chefs tribaux avaient proposé un plan de sortie de crise. Mais ''aucune décision n'a été prise'', ajoute le communiqué. Les négociations entre les putschistes et l'armée avaient échoué samedi, les militaires refusant de céder aux nouvelles exigences des hommes de Speight, qui ont entamé leur action pour réclamer plus de pouvoir pour les mélanésiens des Fidji et en enlever aux Fidjiens d'origine indienne. 

Reprise en main aux Fidji 
Le chef de l'armée a abrogé la Constitution et promis l'amnistie aux putschistes. (Libération, AFP, 31/5/2000)
Le chef de l'armée de Fidji, Frank Bainimarama, a abrogé hier la Constitution, au lendemain de la proclamation de la loi martiale, mais le chef des insurgés, George Speight, refusait toujours de libérer ses otages. Le contre-amiral Bainimarama, qui assume désormais tous les pouvoirs dans l'archipel, a annoncé mardi que Speight serait amnistié une fois la crise résolue. Il a également nommé un nouveau Premier ministre, Ratu Epeli Nailatikau. Nailatikau est l'époux de Adi Koila Mara, l'ancienne ministre du Tourisme qui fait partie de la trentaine d'otages détenus au Parlement par Speight. En promulguant son premier décret, le chef de l'armée a abrogé la loi fondamentale du pays mais a précisé que «toute la législation existante le 29 mai 2000 demeurait valable».
L'abrogation de la Constitution de 1997, qui instaurait l'égalité politique entre Fidjiens de souche et Fidjiens d'origine indienne, était réclamée par les putschistes, affirmant agir au nom de la population indigène. L'homme d'affaires en faillite Speight et ses hommes retiennent prisonniers le Premier ministre d'origine indienne, Mahendra Chaudhry, et une trentaine de parlementaires, depuis le 19 mai. Bainimarama a qualifié «d'acte criminel» l'action de Speight, mais a précisé à la BBC qu'il honorerait l'offre d'amnistie faite par le Président. Ce dernier se trouverait, selon le chef de la diplomatie australienne, Alexander Downer, à bord d'un patrouilleur au large des côtes fidjiennes. Plusieurs médias fidjiens ont annoncé sa démission mais la nouvelle n'a pas été confirmée. Londres avait annoncé lundi qu'il avait été déposé par l'armée. Agé de 80 ans, Mara était au pouvoir depuis l'indépendance en 1970. 

Aux îles Fidji, dans le Parlement transformé en village rebelle... (Le Monde, 23/5/2000)
« Ils ont sorti le premier ministre sur la pelouse avec un fusil sur la tempe » 

Derrière les barrières de l'enceinte du Parlement, de jeunes hommes armés de fusils d'assaut, vêtus de tee-shirts noirs, coiffés de chapeaux camouflage et les yeux protégés par des lunettes de motard montent la garde. C'est derrière ces grilles que sont gardés en otages par des putschistes, depuis le 19 mai, les membres du gouvernement fidjien à dominante indienne et une trentaine de députés membres de la coalition gouvernementale.
Les putschistes ont transformé l'Assemblée en un véritable village rebelle : des groupes de civils vaquent ici et là entre les différents immeubles dominés par le Parlement, construit sur le modèle des cases traditionnelles. Le planton, dans la guérite d'entrée, en uniforme militaire, vérifie l'identité des visiteurs comme si de rien n'était, répondant pourtant aux ordres des jeunes gens armés. Malgré la chaleur tropicale, certains portent une épaisse cagoule en laine kakie. On sait depuis dimanche que les quelques commandos professionnels de cette opération sont issus d'une unité spéciale de l'armée (Counter-revolution warfare unit), ce qui a semé de sérieux doutes quant à la fidélité de l'armée au pouvoir légitime. Il semblerait que cette unité de commandos se soit entraînée dans la ferme du général Sitiveni Rabuka, auteur du coup d'Etat de 1987 (perpétré, déjà, pour « rendre Fidji aux Fidjiens ») et un temps nommé médiateur entre le président et les putschistes d'aujourd'hui.
Une soixantaine de personnes sont assises à l'ombre de quelques grands arbres en contrebas, apparemment gardées par un seul homme armé. Quelques femmes les rejoignent. Certaines amènent des vivres. Des journalistes, fidjiens et étrangers, sont regroupés sur la petite terrasse où les parlementaires prennent normalement leur « morning tea », la collation du matin qui interrompt la séance. Mais le magnifique bol à kava sculpté est encore vide... Car quelle que soit l'issue de cette crise, c'est autour d'un bol de kava, extrait de racines aux effets des plus anesthésiants, qu'elle sera vraisemblablement discutée.

DROITS INDIGÈNES 
Un vent de panique souffle soudain dans l'enceinte. Les journalistes sont priés de se regrouper. Plusieurs hommes armés se précipitent vers les clôtures du Parlement, qui donne sur des champs de jungle. Faute de mitraillette, certains s'équipent simplement de gros cailloux. « On craint une intervention armée extérieure. C'est pour cela qu'ils ont sorti le premier ministre sur la pelouse avec un fusil sur la tempe », nous glisse à voix basse un sympathisant.
Un peu plus tard, l'auteur de cette tentative de coup d'Etat, George Speight, un homme d'affaires poursuivi par la justice, affichant des manières dignes d'un jeune diplômé fier de lui, vient une nouvelle fois parler aux médias. « Personne et aucune organisation ne doit envisager de s'approcher du Parlement, pour le bien des gens à l'intérieur de l'enceinte », prévient-il, rappelant que, outre les hommes politiques pris en otage, environ deux cents personnes seraient menacées. M. Speight souhaiterait instaurer la primauté des droits indigènes à Fidji qu'il estime menacés par le gouvernement à dominante indienne. Poursuivant ses efforts de relations publiques, le preneur d'otages, d'abord présenté comme un voyou sans foi ni loi, commence à rallier des voix. « Je lui ai dit depuis le début que je sympathisais avec sa cause mais pas avec les moyens auxquels il a eu recours », a déclaré l'ancien putchiste Sitiveni Rabuka.
Le président de la République, Ratu Sir Kamisese Mara, également chef du grand conseil des chefs, instance suprême pour les Fidjiens indigènes, a indiqué qu'il devrait peut-être demander au premier ministre indien de renoncer à son poste pour résoudre cette crise. Les chefs coutumiers vont se réunir à titre exceptionnel pour discuter de la situation. Au moment de quitter, non sans difficulté, l'enceinte du Parlement, un chef des îles de l'Est fait son entrée. « C'est le signe que le vent tourne en faveur de Speight », commente Malakai Veisamasama, journaliste fidjien. Alors que les grands chefs ou chefs de tribus continuent de se déclarer fidèles à Ratu Mara, certains patrons de clans, qui ont l'appui du peuple mélanésien, se préparent à désobéir aux « grands chefs » et viennent annoncer leur soutien aux putschistes. Et le journaliste fidjien d'ajouter : « Il pourrait bien y avoir des scissions au sein même des clans, des tribus et des provinces. C'est pour cela que certains parlent du risque de guerre civile. »
 

 


 
Les îles Salomon
Superficie: 28 446 km2. 
Capitale: Honiara. 
417 000 habitants. 
Conflit : lutte tribale entre la milice des Aigles, formée par les agriculteurs originaires de l'atoll de Malaita qui se sont installés sur les plaines côtières de l'île principale de Guadalcanal, et le Mouvement révolutionnaire d'Isatabu, qui veut défendre les intérêts des montagnards autochtones. 

Iles Salomon: les rebelles acceptent de remettre la sécurité entre les mains de la police (AP, 15/6/2000)
La tension baisse aux Iles Salomon où les rebelles qui s'étaient emparé de la capitale la semaine dernière ont accepté jeudi de remettre la sécurité entre les mains de la police. L'accord a été négocié après la démission mercredi du Premier ministre Bartholomew Alafu'alu pris en otage par les rebelles la semaine dernière et menacé à la pointe d'une arme. En annonçant sa démission, M. Alafu'alu a mis en place un comité chargé de négocier un accord de paix avec les rebelles d'ici à deux semaines. Il a prévu que le Parlement pourrait à ce moment nommer son successeur. L'accord de jeudi entre les forces de l'ordre et les rebelles prévoit un transfert du contrôle de la capitale des Iles Salomon, Honiara.Les rebelles refusent toutefois de rendre les armes qu'ils ont saisies la semaine dernière en s'emparant d'un dépôt. Ils affirment qu'ils rendront leurs armes lorsqu'un accord de paix global sera signé et que la question d'un dédommagement financier pour les terres perdues sur l'île de Guadalcanal par les leurs, des migrants de l'île de Malaita, sera réglée. Au cours de la dernière année et demi, plus de 20.000 personnes originaires d'Isatabu ont été délogés de Guadalcanal. 

Salomon: la milice Malaita affirme se retirer de la capitale (Reuters, 15/6/2000)
La milice des Aigles de Malaita, qui contrôle la capitale des îles Salomon, Honiara, depuis un coup de force il y a dix jours, a assuré qu'elle remettait les clés de la ville à la police jeudi. Elle a toutefois refusé de rendre les armes. A la radio, le chef de la milice, Andrew Nori, s'est félicité de la démission du Premier ministre Bartholomew Ulufa'alu, qu'il réclamait. Les habitants d'Honiara joints par téléphone n'ont vu aucun signe d'un déploiement policier jeudi matin. Ils ont en revanche confirmé que la trêve entre la milice malaitane et la milice rivale Isatabu, conclue vendredi dernier après plusieurs jours de violents affrontements, était toujours en vigueur. Bartholomew Ulufa'alu a remis sa démission mercredi, déclarant qu'il avait pris cette décision afin d'oeuvrer pour une paix à long terme dans le pays. Les îles Salomon n'ont pas d'armée, seulement une force de police qui s'est avérée inefficace lors du coup de force du 5 juin dernier par la milice des Aigles de Malaita. Ceux-ci avaient assigné le Premier ministre dans sa résidence et s'étaient également emparés d'installations clés à Honiara, qui se situe sur la grande île de Guadalcanal. Ce coup de force avait déclenché des combats entre Malaitans et Isatabu. Ces derniers disent défendre la communauté autochtonede Guadalcanal, où les Malaitans ont émigré après la Seconde guerre mondiale. 

Le Premier ministre des Salomon démissionne pour apaiser les rebelles (AFP, 14/6/2000)
Le Premier ministre des îles Salomon Bartholomew Ulufa'alu a démissionné mercredi dans l'espoir d'apaiser les rebelles qui se sont emparés de la capitale Honiara, le 5 juin, et éviter une guerre civile.Sa décision a été acceptée par le gouverneur-général de l'archipel, sir John Eni, et la session du Parlement, qui devait débattre jeudi d'une motion de défiance sur sa politique, a été reportée, selon M. Eni.Le Parlement va se réunir dans les 14 jours pour nommer un nouveau Premier ministre, a précisé de son côté à l'AFP un responsable de l'information au sein du gouvernement, Alfred Maesulia.Plusieurs conditions ont toutefois été mises par M. Eni avant la nomination de ce nouveau Premier ministre, dont le démantèlement de la milice de la Force des Aigles de Malaita (MEF), qui s'est emparée de la capitale le 5 juin avant de capturer le Premier ministre.Ce dernier a ensuite été libéré vendredi dernier.La milice rivale de la MEF, le Mouvement de libération d'Isatabu (IFM), devra de son côté se retirer à au moins 30 km de la capitale, située dans l'île de Guadalcanal.L'IFM a été formée il y a 18 mois pour déloger de l'île de Guadalcanal, dont le nom d'origine est Isatabu, les habitants originaires de l'île voisine de Malaita. En représailles, des habitants de Malaita ont formé la MEF pour défendre leurs droits.
Depuis début 1999, le MEF et l'IFM se livrent une véritable guérilla sur l'île de Guadalcanal.Les combattants d'Isatabu veulent y chasser les planteurs, originaires de l'île voisine de Malaita.Les affrontements, qui ont pris l'allure d'une guerre civile, ont fait des dizaines de morts. On estime à 20.000 le nombre de personnes contraintes au départ depuis Malaita dans ce pays de quelque 300.000 habitants.Le plan élaboré par le gouverneur-général prévoit que toutes les armes soient restituées à un arsenal de la police, qui avait été attaqué par une des milices, et placées sous la garde d'une force neutre, australienne ou néo-zélandaise par exemple."Ces conditions doivent être remplies et je pense qu'elles le seront. L'exigence principale des rebelles (la démission du Premier ministre) a été respectée", a indiqué M. Maesulia. Ce dernier a précisé avoir rencontré le leader de la MEF, Andrew Nori, qui lui a paru favorable au respect de ces conditions.Un comité composé de six représentants du gouvernement et de six représentants de l'opposition, présidé par M. Eni, a été créé pour mettre en oeuvre ces conditions.

Le Premier ministre des îles Salomon démissionne (AP, 14/6/2000)
Le Premier ministre des îles Salomon a démissionné deux jours avant le vote parlementaire qui devait décider de son sort jeudi, ont annoncé mercredi des médias locaux en citant les propos d'un ministre. La tenue de ce vote était une idée des rebelles qui ont pris le Premier ministre Bartholomew Ulufa'alu en otage le 5 juin, exigeant sa démission sous la menace des armes. Après l'avoir libéré quelques jours plus tard, les rebelles lui ont demandé de rester en poste jusqu'à ce que les députés se prononcent sur son avenir, histoire selon lui de sauver les apparences. Le ministre d'Etat des îles Salomon Alfred Sasako a fait savoir que M. Ulufa'alu avait démissionné mardi soir, mais qu'il assurerait la transition jusqu'à la réunion du Parlement qui doit élire jeudi un nouveau dirigeant, selon une radio locale et des médias australiens. 

Les îles Salomon demandent l'aide de troupes étrangères (Reuters, 13/6/2000)
Le gouvernement des îles Salomon, aux prises avec des affrontements entre milices rivales, a demandé l'aide de troupes étrangères afin de rétablir l'ordre dans la capitale Honiara. "Les habitants des îles Salomon quittent Honiara en raison de l'absence totale d'organisations capables d'assurer l'ordre public", a déclaré à la radio australienne le ministre des Affaires étrangères des îles Salomon Patteson Oti, dont le pays n'a pas d'armée. Oti réclame quotidiennement l'aide de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande depuis le coup d'Etat du 5 juin. L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont toutefois annoncé qu'elles n'interviendraient pas. Le ministre des Affaires étrangères néo-zélandais, Phil Goff, a mis en garde contre toute opération militaire extérieure qui risquerait selon lui d'aggraver la situation actuelle. Oti souhaiterait que les 200 soldats à bord du navire australien ancré dans le port d'Honiara pour superviser l'évacuation des expatriés viennent renforcer les forces policières des îles Salomon. Selon le ministre des Affaires étrangères australien, Alexander Downer, une solution politique doit être trouvée avant d'envisager l'envoi de troupes. Le pays du Pacifique sud traverse sa pire crise en 22 ans d'indépendance. Les Aigles de Malaita, qui ont pris en otage le Premier ministre des îles Salomon, Bartholomew Ulufa'alu la semaine dernière et saisi des installations clés de la capitale, sur l'île de Guadalcanal, combattent contre la milice du peuple Isatabu, qui dit défendre la communauté autochtone de Guadalcanal. 

Le Premier ministre des îles Salomon annonce qu'il va démissionner dans deux jours (AP, 13/6/2000)
Devant les menaces des rebelles qui ont pris le contrôle de la capitale Honiara, le Premier ministre des îles Salomon a annoncé mardi qu'il allait démissionner dans deux jours. Le Premier ministre Bartholomew Ulufa'alu a précisé à l'Associated Press qu'il n'avait pas d'autre choix que de démissionner jeudi, quel que soit le résultat du vote parlementaire prévu le même jour sur son sort. 
Ce vote fait suite à un accord conclu avec les rebelles qui l'avaient pris en otage il y a une semaine en demandant sa démission.
Jeudi, ils l'ont libéré, en lui permettant de rester au pouvoir jusqu'au vote du Parlement. Bartholomew Ulufa'alu a estimé qu'il s'agissait seulement d'une manoeuvre pour donner au changement de dirigeant l'apparence d'une légitimité. La crise aux îles Salomon a commencé avec la prise en otage par un groupe de miliciens mélanésiens, les ''Aigles de Malaita'', du Premier ministre Bartholomew Ulufa'alu, lundi dernier. Les ''Aigles'' ont pris les armes sur Guadalcanal pour défendre les leurs, migrants originaires de l'île voisine de Malaita, contre les exactions de la milice autochtone, le mouvement de libération d'Isatabu (nom mélanésien de Guadalcanal). 

Médiation aux Salomon des chefs de la diplomatie australienne et néo-zélandaise (AP, 10/6/2000)
Les ministres des Affaires étrangères des puissances régionales, l'Australie et la Nouvelle Zélande, sont arrivés samedi aux îles Salomon pour tenter de résoudre la crise qui secoue l'archipel du Pacifique sud. ne délégation menée par l'Australien Alexander Downer et le néo-zélandais Phil Goff a rencontré le Premier ministre Bartholomew Ulufa'alu et devait ensuite rencontrer les rebelles des ''Aigles de Malaita'', a-t-on précisé de sources officielles. Les ''Aigles de Malaita'', qui avaient pris le Premier ministre en otage lundi et réclamé sa démission, l'ont remis en liberté jeudi soir.Son avenir politique devrait être réglé devant le Parlement le 15 juin. 
Les émissaires étrangers devraient aussi rencontrer des responsables religieux, qui maintiennent des contacts avec les deux
mouvements rebelles qui s'affrontent sur l'île principale de l'archipel, Isatabu (nom mélanésien de Guadalcanal), a expliqué Brad
Tattersfield, porte-parole de la diplomatie néo-zélandaise. Les miliciens des ''Aigles de Malaita'' ont pris les armes sur Guadalcanal pour défendre les leurs, migrants originaires de l'île voisine de Malaita, contre les exactions de la milice autochtone, le mouvement de libération d'Isatabu (nom mélanésien de Guadalcanal). Vendredi, les deux mouvements ont échoué à signer une trêve de 14 jours. Honiara semblait calme samedi, avec une faible activité non loin d'une des bases rebelles, près de l'aéroport, qui est aussi la ligne de front. 

Libération du Premier ministre des Iles Salomon (Reuters, 7/6/2000)
Le Premier ministre des îles Salomon, Bartholomew Ulufa'aluj, a été libéré par les miliciens putschistes qui le retenaient en otage depuis deux jours.Le ministre d'Etat Alfred Sasako a déclaré à Reuters que le Premier ministre avait été remis entre les mains de ses gardes de sécurité par les miliciens des Aigles de Malaita à 18h30 (9h30 heure de Paris).
"Le Premier ministre est libre," a-t-il annoncé. "Il est en bonne forme mais il n'a pas l'habitude du traitement qu'il a subi pendant deux jours".
La libération du Premier ministre était attendue après la parution d'un communiqué des miliciens disant qu'il serait remis mercredi à la police.Ulufa'alu avait laissé entendre mardi qu'il était prêt à démissionner pour résoudre la crise. Les miliciens précisent dans leur communiqué qu'une séance extraordinaire du parlement a été convoquée pour le 15 juin. Ulufa'alu devrait alors démissionner ou subir une mention de censure.Le chef de miliciens des îles Salomon Andrew Nori a par ailleurs déclaré que 50 à 100 hommes d'une milice rivale avaient été tués lors de l'attaque d'une canonnière près de Honiara mercredi. Un diplomate a ajouté que des combats auraient éclaté près de l'aéroport, où les deux milices s'étaient déjà affrontées mardi. 

Poursuite des combats

La milice des Aigles de Malaita de Nori a pris le contrôle d'Honiara lundi et a arrêté le Premier ministre Bartholomew Ulufa'alu, exigeant sa démission. Les Malaitans ont braqué les dépôts d'armes de la police et ont pris le contrôle de patrouilleurs et coupé les communications vers les îles Salomon.
"Nous prendrons dans la journée possession des barrages et des bunkers d'Isatabu à l'Est et nous ramasserons également les cadavres. Il y a beaucoup de victimes", a dit Nori. "C'est une guerre qui devrait se poursuivre encore quelque temps".
Les Iles Salomon se situent à 1.800 km au nord de l'Australie. Une frange des autochtones de Guadalcanal se dresse contre l'immigration en provenance de l'île de Malaita. Depuis quelque temps, 20.000 personnes originaires de Malaita ont préféré regagner leur île ou se réfugier dans la capitale, par crainte des brimades et violences.Il s'agit du deuxième coup d'Etat dans le Pacifique sud en deux semaines après la prise de contrôle du parlement des îles Fidji à la mi-mai. Des hommes armés détiennent toujours le Premier ministre et une trentaine de responsables politiques en otage dans l'enceinte du parlement de Suva. 


 
La Papouasie-Nouvelle-Guinée

Superficie: 461 691 km2. 
Capitale: Port Moresby. 
4 600 000 habitants. 
Conflit: rébellion des tribus de Bougainville où se trouve l'unique mine de cuivre à ciel ouvert du monde.