Le président taiwanais dit accepter le principe d'"une Chine"
(Reuters, 28/6/2000)
Le président taiwanais Chen Shui-bian affirme que son gouvernement
est disposé à adopter le concept d'"une seule Chine" mais
que la Chine ne doit pas être le synonyme du gouvernement de la république
populaire à Pékin. C'est la première fois que Chen
déclare explicitement qu'il accepte le principe d'une seule Chine
qui, selon Taiwan, a été adopté par le précédent
gouvernement nationaliste.
Taiwan maintient que des négociateurs ont, verbalement, accepté
en 1992 l'idée qu'il n'y a qu'"une seule Chine", mais que chaque
partie peut avoir sa propre interprétation du concept. "Le nouveau
gouvernement est disposé à accepter un consensus(...)selon
lequel il y a une seule Chine mais que chaque partie peut avoir sa propre
définition", a déclaré Chen à des visiteurs
américains mardi. Pour Chen, il est "inacceptable" de considérer
"une Chine" comme synonyme de la République populaire de Chine.
Taiwan : l'armée chinoise serait sur le pied de guerre
(Reuters, 29/4/2000)
Les autorités chinoises ont accentué la préparation
de leurs forces armées à une éventuelle attaque sur
Taiwan, écrit samedi le Hong Kong Economic Times.Le quotidien, qui
cite des sources au sein de l'Armée populaire de libération,
précise que l'état-major planche sur des stratégies
d'attaque et que Guangzhou, Nanjing et cinq autres régions militaires
ont reçu l'ordre d'accroître leur aptitude au combat.Mais
à Taiwan, un porte-parole militaire a dit à Reuters que l'armée
n'avait reçu aucune information faisant état d'une telle
décision.Vendredi, le principal émissaire chinois aux affaires
taiwanaises, Wang Daohan, avait déclaré que Pékin
et Taipeh devraient régler leurs différends par le biais
d'un dialogue pacifique. Il ajoutait cependant que Taiwan devait accepter
le principe d'"une seule Chine" en condition préalable à
ces discussions - une formule que rejette le nouveau président de
l'île nationaliste, Chen Shui-bian.
Washington fait de la corde raide entre la Chine et Taiwan (AFP,
18/4/2000)
En décidant de reporter une décision sur la vente de
quatre destroyers ultra-modernes Aegis à Taiwan, tout en acceptant
de perfectionner les radars de l'île, Washington se livre à
un exercice de corde raide entre Taipei et Pékin, source de tracas
diplomatiques et politiques.
L'administration américaine "a fait du mieux qu'elle pouvait,
mais elle ne va pas manquer d'être critiquée par les deux
bords", estime Patrick Cronin, spécialiste de l'Asie à l'Institut
américain pour la Paix.
"La Chine continentale va continuer de se déclarer inquiète
face aux ventes d'armes américaines, et faire valoir que la décision
sur la vente des destroyers n'est que reportée", estime-t-il.
Parallèlement "si la vente des Aegis n'a pas lieu, Washington
sera accusé de brader la sécurité de Taiwan", reconnaît-il.
La décision américaine a toutefois l'avantage de
mettre les Etats-Unis dans une position de "jeu à somme nulle" dans
une région où l'annonce de la vente de bâtiments de
guerre "aurait complètement rompu l'équilibre des efforts
diplomatiques", affirme Patrick Cronin.
Taiwan a d'ailleurs réagi en affirmant que le "paquet"
annoncé par Washington était loin de répondre à
ses besoins en matière de défense, et insisté sur
le caractère indispensable des Aegis pour contre-balancer l'arsenal
balistique de la Chine.
Pékin pour sa part a réagi en demandant l'arrêt
des ventes d'armes américaines à l'île nationaliste,
considérées comme un "obstacle à l'amélioration
des relations" sino-américaines.
L'affaire risque également d'avoir des répercussions
intérieures pour le président démocrate Bill Clinton,
au moment où ses adversaires républicains majoritaires au
Congrès proposent de voter une loi renforçant les garanties
militaires américaines envers Taiwan. L'administration américaine,
qui a menacé d'opposer son véto au Congrès sur ce
dossier, considère ses choix comme une bonne voie médiane.
"Cela vise à repondre à nos responsabilités envers
Taiwan, un pays dont nous sommes en train d'évaluer à la
fois les capacités et les menaces auxquelles il doit faire face",
estime un responsable américain. "En fin de compte la Chine n'est
jamais contente de ce que nous apportons avec Taiwan", reconnaît
avec fatalisme ce responsable parlant sous couvert de l'anonymat.
L'attitude prudente de Washington dans ce dossier survient alors
que l'administration américaine déploie une intense activité
pour convaincre Israël de ne pas livrer d'avions radar de type AWACS
à Pékin, une technologie jugée sensible par Washington.
Cette affaire, considérée comme de la plus haute
importance par les Etats-Unis, a été directement évoquée
la semaine dernière entre le président Clinton et le Premier
ministre israélien Ehud Barak. Le président israélien
Ezer Weizman a toutefois catégoriquement dénoncé vendredi
l'opposition américaine à la vente de ce type d'appareil,
lors d'une visite de son homologue chinois Jiang Zemin en Israël.
Taïwan propose un "sommet de paix" avec Pékin (Reuters,
20/3/2000)
Chen Shui-bian, élu samedi président de Taïwan,
a proposé lundi un "sommet de paix" avec Pékin et a affiché
un assouplissement de sa position indépendantiste en se disant disposé
à discuter de la question d'"une seule Chine". Mais il a souligné
que Taïwan devait être traitée d'égal à
égal avec le continent. "Il n'y a rien dont nous ne puissions discuter
sur la base de l'égalité", a dit Chen à des journalistes.
"Je crois que nous pouvons nous asseoir et discuter de toutes les questions
avec la partie chinoise, y compris de celle d'une seule Chine'", a dit
Chen. Mais il a souligné que cette question d''une seule Chine'
ne pouvait servir de base à des discussions. "Nous pouvons parler
d'Une seule Chine pourvu que ce ne soit pas un principe", a dit le président
élu sans avancer de date possible pour le sommet proposé.
Taiwan a l'avantage militaire sur la Chine mais celui-ci se réduit
(AFP,
19/3/2000)
Le nouveau président taiwanais pourra compter sur la supériorité
militaire de ses forces armées vis-à-vis de la Chine, mais
cet avantage va en se réduisant, en raison de l'arsenal chinois
de missiles, ont estimé dimanche des analystes.
Malgré l'avalanche de menaces de guerre proférées
ces dernières semaines par les dirigeants chinois à l'encontre
des électeurs taiwanais, sommés, en vain, de ne pas choisir
le candidat pro-indépendance Chen Shui-bian, la Chine est incapable
de mener avec succès une attaque contre l'île de Taiwan, selon
ces sources.
Pékin dispose de beaucoup plus d'hommes que Taiwan mais
son matériel n'est encore pas en rapport avec la guerre technologique
que Taiwan peut plus confortablement mener.
"Le rapport de forces entre les deux rives du détroit
(de Taiwan) favorise l'île pour le moment, mais un renversement se
profile à l'horizon de la prochaine décennie", a déclaré
à l'AFP Robert Karniol, représentant pour l'Asie et le Pacifique
du magazine spécialisé dans les questions de défense,
Jane's Defence Weekly.
Dans le cas peu probable où la Chine aurait les moyens
de contrer l'aviation taiwanaise sophistiquée, elle n'a de toutes
façons qu'une faible capacité en termes de véhicules
amphibies, limitée au transport de deux divisions, qui seraient
anéanties par les forces taiwanaises en cas de débarquement,
selon cet expert.
Les forces taiwanaises sont mieux équipées que
leurs homologues chinoises et sont aussi mieux entraînées.
En outre, bien que la Chine affirme pouvoir mobiliser 3.000 avions
de combat, cette aviation ne peut pas rivaliser avec les chasseurs américains
F-16 ou français Mirage 2000.
Mais les experts soulignent aussi que cet avantage pourrait disparaître
avec l'augmentation du nombre de missiles déployés par la
Chine, capables de paralyser les systèmes taiwanais de défense
aérienne.
"La Chine dispose d'environ 200 missiles balistiques (de type
M-9) qui peuvent atteindre Taiwan et elle en ajoute 50 chaque année",
a indiqué la semaine dernière à Washington l'amiral
américain Dennis Blair, commandant en chef des forces américaines
dans le Pacifique. Il a toutefois précisé que leur précision
de tir n'était pas encore satisfaisante.
"Quant leur efficacité ira en s'améliorant, ils
poseront une réelle menace militaire pour Taiwan", a-t-il souligné.
Taiwan a commandé l'an dernier, selon le New York Times,
quatre contre-torpilleurs américains de la classe Aegis, équipés
de systèmes sophistiqués de défense anti-missiles.
Les Etats-Unis ont réservé leur réponse
pour ne pas provoquer la Chine, qui considère Taiwan comme partie
intégrante de son territoire et appelle à la réunification
de l'île à la "mère patrie".
En vertu du Taiwan Relations Act, les Etats-Unis sont tenus de
fournir une "défense suffisante" à Taiwan en cas de conflit,
mais le texte reste volontairement flou sur un engagement direct américain
à la défense de l'île.
Lors de la précédente élection présidentielle
en 1996, la Chine avait tiré des missiles au larges des côtes
taiwanaises pour faire pression sur les électeurs. Les Etats-Unis
avaient alors envoyé deux porte-avions au large de l'île.
Taiwan: mise en garde du Premier ministre chinois (Reuters, 15/3/2000)
A trois jours des élections présidentielles de Taïwan,
le Premier ministre chinois Zhu Rongji exhorte les électeurs de
l'île à écarter les candidats séparatistes.
"N'agissez pas de manière impulsive en un moment critique qui
décidera de la route que suivront la Chine et Taïwan, sinon
j'ai peur que vous n'ayez aucune occasion de le regretter", a déclaré
le dirigeant chinois.
Pékin ne s'est pas prononcé officiellement pour l'un
ou l'autre des trois candidats en lice, mais craint une victoire du chef
de l'opposition Chen Shui- Bian, dont le Parti démocrate progressiste
est favorable à l'indépendance.
Zhu Rongji a répété, au cours d'une conférence
de presse que la Chine n'avait pas changé d'avis et qu'elle ne permettrait
pas l'indépendance de la province, ajoutant qu'il n'y aurait pas
de seconde chance.Il a par ailleurs accusé les Etats Unis d'utiliser
la province chinoise pour contrarier l'Etat chinois."Certaines personnes
en Amérique (...) voient la Chine comme un ennemi potentiel. Ils
aimeraient laisser traîner indéfiniment la question taïwanaise",
a-t-il dit."Peu importe qui pendra le pouvoir à Taïwan, Taïwan
ne sera jamais autorisée à être indépendante
(...). C'est le souhait des 1,25 milliards de chinois", a-t-il dit.Il a
ajouté que la récente volatilité de la bourse chinoise
était "un clair reflet des peurs de l'agression et de l'arrogance
des forces pour l'indépendance de Taïwan".
De son côté, un universitaire chinois a estimé
que les électeurs de l'île choisiraient non seulement un nouveau
leader, mais aussi entre la guerre et la paix."La stratégie de Chen
vis-à-vis du continent n'est qu'une tactique pour gagner les élections,
pour obtenir des voix et tromper les électeurs", a déclaré
Xu Bodong au cours d'un entretien à la télévision
d'Etat.Le directeur des recherches sur Taïwan à l'Université
Lianhe de Pékin a ajouté qu'il ne croyait pas en la tenue
du référendum sur l'indépendance promis par Chen et
que les électeurs ne devaient pas se laisser abuser.Outre Chen,
principal candidat de l'opposition, sont en lice le vice-président
Lien Chan, du Parti nationaliste au pouvoir, et le candidat dissident James
Soong.
L'armée chinoise veut "se préparer" à un conflit
avec Taïwan (AFP, 8/3/2000)
L'armée chinoise doit "se préparer activement" pour un
conflit avec Taïwan, ont averti mercredi des militaires de haut rang,
alors que Pékin cherche à faire monter la pression sur les
électeurs taïwanais à dix jours d'un scrutin présidentiel
dans l'île. A l'occasion de la session annuelle de l'Assemblée
nationale populaire (ANP - parlement), "12 délégués
de l'armée se sont prononcés pour des préparatifs
actifs et minutieux pour la lutte militaire contre Taïwan", a rapporté
le Quotidien de l'Armée, sans préciser l'identité
des délégués en question.Ces propos ont été
tenus lors d'une réunion présidée par le ministre
de la Défense Chi Haotian, a précisé le journal."Si
les forces indépendantistes cherchent à diviser le pays,
nous allons être obligés de prendre des mesures très
radicales", a averti pour sa part le chef d'état-major de l'armée,
le général Fu Quanyou. "Il faut absolument renforcer le sens
de la mission (de l'armée) et se préparer avec beaucoup d'efforts
à la lutte militaire". A dix jours de l'élection présidentielle
à Taïwan, le général Fu a également appelé
à "populariser la connaissance des hautes technologies" au sein
de l'armée, afin de mettre l'armée chinoise en mesure de
rivaliser avec les armements taïwanais. Le général Wang
Ke, responsable de la logistique de l'Armée Populaire de Libération
(APL, l'armée chinoise), s'est prononcé en faveur du renforcement
de la défense nationale afin de "garantir la sécurité
et l'unité du pays"."Plus la défense nationale est puissante
et les préparatifs militaires correctement menés, plus grande
sera la possibilité de réunifier le pays", a-t-il estimé.
Pékin, qui considère Taiwan comme une province rebelle depuis
la fuite des nationalistes dans l'île en 1949, a lancé ces
dernières semaines des mises en garde quasi quotidiennes aux principaux
candidats au scrutin du 18 mars. La Chine redoute que l'élection
ne se traduise par un renforcement des indépendantistes taïwanais
qui souhaitent revenir sur "le principe de la Chine unique", bien qu'aucun
candidat ne souhaite organiser de référendum sur l'indépendance.De
son côté, le président Jiang Zemin, qui avait évoqué
samedi des "mesures radicales" contre Taïwan, s'est dit confiant mercredi
de parvenir à la réunification pacifique de l'île au
continent."Je suis optimiste par nature. Je pense que la grandeur de la
nation chinoise est telle qu'en fin de compte la réunification se
fera forcément", a-t-il déclaré à la presse
lors d'une réunion avec des délégués de Hong
Kong à l'ANP. Interrogé sur les risques d'intervention internationale
en cas de conflit, M. Jiang a rétorqué que "les Chinois n'ont
jamais eu peur des esprits mauvais". M. Jiang n'a pas voulu préciser
quelles conditions précises pourraient entraîner une intervention
armée. Le mois dernier, la Chine avait indiqué qu'elle recourrait
à la force si les dirigeants de l'île refusent "indéfiniment"
de discuter de la "réunification" à la mère patrie.
Les experts militaires occidentaux doutent toutefois de la capacité
de la Chine à sortir victorieusement d'un conflit avec l'île,
dont l'armée dispose d'armements occidentaux modernes. Mardi, le
commandant en chef de la flotte américaine dans le Pacifique, l'amiral
Dennis Blair, a indiqué à Washington n'avoir détecté
aucun mouvement de troupes anormal du côté chinois, en dépit
des menaces répétées de Pékin. Les experts
soulignent aussi les risques économiques qu'un conflit ferait peser
sur la Chine: quelque 40.000 entreprises taïwanaises sont à
l'origine d'environ 40 milliards de dollars d'investissements sur le continent.
Pékin ménage et menace Taïwan
(Le Monde, 21/2/2000)
A moins d'un mois de l'élection présidentielle
de Taïwan, le 18 mars, un calme fragile règne sur le détroit
de Formose. Selon toute vraisemblance, Pékin ne rééditera
pas avant cette échéance, qui verra le retrait du président
Lee Teng-hui, les gesticulations militaires qui furent orchestrées
à l'occasion de la précédente consultation présidentielle,
en 1996. Les leçons de l'échec de cette campagne d'intimidation
- entrée dans l'histoire comme la « crise des missiles »
- ont été tirées par le régime continental
: effaroucher l'opinion taïwanaise avant l'élection, c'est
courir le risque d'enflammer le séparatisme insulaire.
Cette retenue de Pékin est pour l'instant
facilitée par la modération des propos tenus sur la question
de l'indépendance par les candidats taïwanais en campagne.
Chacun pèse ses mots avec une infinie prudence. Le candidat du Kuomintang
(KMT), au pouvoir, Lien Chan, s'est bien gardé de réaffirmer
la doctrine avancée en juillet 1999 par le président Lee
Teng-hui, selon laquelle les relations entre les deux rives du détroit
doivent être définies comme des « relations d'Etat
à Etat » : la profession de foi avait déclenché
le courroux de Pékin, qui considère toujours Taïwan
comme une simple « province ». Le silence de M. Lien
ne signifie pas qu'il récuse sur le fond la vision de son mentor,
dont il est actuellement le vice-président. Il signifie simplement
que, sur la forme, il préfère ne pas évoquer les sujets
qui fâchent.
PLUS SOUPLE QU'AVEC HONGKONG ET MACAO
Tout aussi significatif est le profil bas adopté
par le candidat a priori le plus sulfureux aux yeux de Pékin
: Chen Shui-bian, le porte-drapeau du Parti progressiste démocratique
(DPP), qui a inscrit dans sa charte l'objectif de l'indépendance.
M. Chen a déclaré qu'en cas d'investiture suprême il
ne proclamerait pas formellement l'indépendance de l'île,
sauf si le continent devait attaquer Taïwan. Mieux : M. Chen souhaite
une intensification des échanges économiques entre les deux
rives, se montrant même sur ce sujet plus volontariste que le président
Lee, qui a toujours mis en garde contre le risque de dépendance
politique induit par la séduction du marché continental.
Face à tant de pragmatisme du côté
taïwanais, Pékin est d'autant plus enclin à se «
contenir » qu'une attitude par trop agressive pourrait ruiner les
chances du troisième candidat, a priori le plus recommandable
à ses yeux : James Soong. Aujourd'hui en tête des sondages,
ce dissident du KMT, né sur le continent, s'est toujours gardé
de « provocations » à l'égard du régime
chinois. Pékin veut espérer qu'en cas d'élection il
freinerait les forces centrifuges qui poussent Taïwan vers le grand
large. Pour lui faciliter la tâche, les dirigeants chinois multiplient
les déclarations souriantes sur le thème « Nous voulons
la paix » et proposent aux Taïwanais une formule de réunification
«
plus flexible et plus accommodante » que celle - dite «
un pays, deux systèmes » - offerte à Hongkong et à
Macao. Cette formule, qu'un expert chinois vient de baptiser « un
pays (la Chine), deux systèmes (socialiste et capitaliste) et trois
modèles (la République populaire, Hongkong-Macao, Taïwan)
», permettrait de consacrer la singularité de Formose, à
qui pourrait être accordée une plus grande autonomie en matière
diplomatique et de défense.
Si cette campagne présidentielle s'annonce
moins troublée que la précédente, on ne saurait être
aussi affirmatif pour la période qui suivra la consultation. Le
détroit de Formose reste plus que jamais une zone de tension. Le
directeur de la CIA, Georges Tenet, vient de déclarer devant le
Sénat américain que le risque était grand d'assister,
cette année, à « une flambée militaire à
travers le détroit ». Les dirigeants chinois l'annoncent,
il est vrai, tout de go : « L'indépendance de Taïwan,
c'est la guerre. » Et ils s'y préparent.
L'effort d'armement de Pékin est impressionnant. La revue spécialisée
dans les questions de défense Jane's Defense Weekly écrit
ainsi que le programme chinois d'équipement en missiles s'est développé
«
plus vite que prévu ».
LA SUSPICION PERSISTE AVEC WASHINGTON
A ce rythme, selon l'expert américain Richard
Fischer, l'Armée populaire de libération sera en mesure d'aligner
sur la côte faisant face à Taïwan environ 650 missiles
balistiques et de croisière en 2005, arsenal qui pourrait atteindre
un millier en 2010. Simultanément, Pékin équipe à
tour de bras sa marine et son aviation à partir de matériel
russe. Dans ce contexte, la relation sino-américaine reste d'une
grande précarité. L'heure est certes au réchauffement,
onze mois après le déclenchement de la guerre du Kosovo,
qui avait déchaîné en Chine un anti-américanisme
virulent. La volonté d'apaisement des deux côtés a
permis la signature, à l'automne 1999, d'un important accord commercial
sur l'entrée de Pékin dans l'OMC et la reprise des contacts
militaires, suspendus au lendemain du bombardement par l'OTAN de l'ambassade
chinoise à Belgrade.
Mais la suspicion mutuelle reste profonde. En Chine,
elle se manifeste par la publication continue d'articles appelant à
faire pièce à l' « hégémonisme américain
». Aux Etats-Unis, elle s'est récemment exprimée
à travers l'adoption par la Chambre des représentants d'une
proposition de loi qui permettrait un renforcement de la coopération
militaire entre Washington et Taïpeh. Bien que la Maison Blanche ait
fait savoir qu'elle opposerait son veto en cas de vote du texte par le
Sénat, le ministère chinois des affaires étrangères
a convoqué l'ambassadeur américain en poste à Pékin,
Joseph Prueher, pour lui signifier son « indignation »
devant une telle « ingérence grossière dans les
affaires intérieures de la Chine ». Remontrance très
formelle sans doute, mais qui témoigne de la grande volatilité
des équilibres stratégiques dans cette région du monde.
Union démocratique seulement
C'est l'abandon officiel de ce concept, il y a une semaine, par les
autorités de l'île nationaliste au profit de "relations spéciales"
d'Etat à Etat qui a provoqué cette nouvelle crise. La
théorie d'un seul Etat chinois, que les régimes de Pékin
et Taieph prétendaient chacun incarner depuis le repli des nationalistes
du Kuomingtang vers Formose en 1949, était jusqu'à présent
la pierre angulaire de la sécurité en Asie de l'Est. Le président
taiwanais Lee Ten-hui a démenti les accusations chinoises voulant
que son changement de cap ouvre la voie à l'indépendance
de l'île, une hypothèse que Pékin considererait comme
un casus belli. Mais il a affirmé mardi que le concept d'"une
seule Chine" n'était plus désormais réaliste que dans
le cadre d'une démocratisation de la Chine populaire, a-t-il dit
en incitant Pékin à s'ouvrir au multipartisme. Un sondage
publie dans le China Daily montre que 86,9% des habitants de Chine communiste
soutiendraient une action militaire de Pékin contre Taiwan en cas
de déclaration unilatérale d'indépendance de l'île.
Le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, s'est
déclaré lundi à Vienne perturbé par la montée
de la tension sur les rives du détroit de Formose et a engagé
les deux parties à rechercher une solution diplomatique.
Tension Pékin-Taipei: la Chine met ses
troupes en alerte dans le sud-est (16/7/99, AFP)
La Chine a mis en alerte limitée ses
troupes stationnées dans la région militaire de Nankin (sud),
située face à Taiwan, selon une source proche des milieux
officiels. La Chine a, dans le même temps, menacé d'annuler
la visite historique à Taïpei du chef négociateur chinois
pour Taïwan, Wang Daohan, si le président Lee Teng-hui ne clarifiait
pas ses récents propos sur le statut de l'île nationaliste,
a indiqué vendredi la presse chinoise. Dans l'armée chinoise,
l'alerte de niveau deux vient juste après l'alerte normale (niveau
trois). Elle est précédée de l'alerte de niveau un
et de l'alerte maximum. Plusieurs journaux de Hong Kong ont rapporté
vendredi que le président chinois Jiang Zemin aurait dès
mardi signé un ordre demandant aux troupes des régions militaires
de Nankin (est) et Canton (sud) d'être sur le pied de guerre, mais
un porte parole du ministère chinois s'est refusé à
faire le moindre commentaire sur la question. Un quotidien de Hong Kong
a même affirmé, citant des sources non identifiées,
que la Chine pourrait occuper une ou deux îles situées à
proximité de Taiwan, pour dissuader Taipei de réclamer l'indépendance.
Cette éventualité a été totalement écartée
par un expert militaire occidental à Pékin. "Il n'y a rien
à redouter pour l'instant" a-t-il affirmé en estimant que
la crise actuelle ressemblait à celle de 1995-96 dans le détroit
de Taiwan lorsque la Chine avait lancé d'importantes manoeuvres
militaires pour protester contre la visite du président taiwanais
Lee Teng-hui à Washington. Un responsable du bureau des affaires
étrangères de la province du Fujian, qui fait face à
Taïwan, a pour sa part confirmé à l'AFP des informations
du quotidien Sun de Hong Kong affirmant que 110 navires civils avaient
été mobilisés jeudi à Shezhi, dans le Fujian,
pour des exercices. La Chine avait averti jeudi qu'elle était prête
à intervenir militairement à Taiwan pour éviter que
l'île ne proclame son indépendance, après les propos
"séparatistes" tenus le week-end dernier par le président
taïwanais Lee Teng-hui. Alors que ses troupes ont été
mises en état d'alerte limitée dans le sud du pays, Pékin
a maintenu le suspense sur une visite prévue à l'automne
à Taipei du principal négociateur chinois sur Taiwan. "Nous
attendons des éclaircissements de la part des autorités taïwanaises
avant de prendre une décision" a déclaré vendredi
à l'AFP un porte parole de l'Association chinoise pour les relations
de part et d'autre du détroit de Taiwan (ARATS), l'organisme chinois
chargé des relations avec Taiwan. Selon un officiel chinois, également
cité vendredi par le quotidien de langue anglaise China daily, la
visite à Taiwan du principal négociateur chinois Wang Daohan,
prévue à l'automne, sera "impossible" à "moins que
Taiwan ne fournisse des éclaircissements sur son nouveau concept
concernant les relations d'Etat à Etat". ..
Pékin menace de changer de stratégie militaire face
à Taïwan (16/7/99, AP)
Furieux de déclarations récentes du président
taïwanais, Pékin menace de modifier sa stratégie militaire
en envahissant un ou deux petits ilôts taïwanais, a affirmé
le Hong Kong Economic Times. Il cite une source non identifiée
à Pékin selon laquelle la Chine est en train de réétudier
sa stratégie militaire, qui consistait jusqu'ici à intimider
Taïwan en faisant des essais de missiles. Les commentaires du président
taïwanais Lee Teng-Hui, qui avait déclaré la semaine
dernière que la Chine et Taïwan devaient avoir
des relations ``d'Etat à Etat'', ont rendu Pékin furieux,
la Chine considérant l'île comme une province renégate
qui doit revenir à terme
dans le giron chinois. Un négociateur chinois pourrait même
annuler sa visite prévue de longue date si les autorités
taïwanaises ne clarifient pas leur position à l'égard
de Pékin, a affirmé vendredi un quotidien chinois officiel.
La visite de Wang Daohan serait ``impossible'' sans une explication de
Taïwan concernant les récentes remarques de Lee Teng-hui, a
précisé le China Daily. Zhang Zehui, responsable d'une organisation
chinoise s'occupant des questions taïwanaises, a déclaré
que ``le moment ne sera pas
favorable pour la visite de Wang'', jusqu'à ce que son homologue
taïwanais, Koo Chen-fu, ``clarifie la définition de pourparlers
croisés
s'inscrivant dans le cadre de ``discussions bilatérales entre
deux Etats'', selon The China Daily. Si Taïwan ne revient pas sur
sa position, Pékin pourrait même envisager ``de courts contacts
militaires'', tels que l'occupation d'un ou deux îlots taïwanais,
afin de contraindre M. Lee à revenir sur ses déclarations,
selon le Hong Kong Economic Times.
Pékin
remet en cause la visite d'un émissaire à Taïwan(AP)
vendredi 16 juillet 1999, 6h13
PEKIN (AP) -- Un négociateur chinois sur la question
de Taïwan pourrait annuler sa visite prévue de longue date
si les autorités taïwanaises ne clarifient pas leur position
à l'égard de Pékin, rapporte vendredi un quotidien
chinois officiel.
Unité
chinoise - Taïwan est prêt à subir les conséquences(Reuters)jeudi
15 juillet 1999, 5h39