Relations internationales
Premier entretien "très bon" entre Jiang Zemin et George W.
Bush (Reuters, 21/2/02)
Le président chinois Jiang Zemin a qualifié de très
bon l'entretien qu'il a eu avec son homologue américain George W.
Bush sur des sujets d'intérêt commun.
"Nous venons d'avoir une très bonne discussion sur des sujets
du plus grand intérêt commun", a dit Jiang.
Bush a pour sa part remercié Jiang pour son "soutien solide
dans notre guerre contre la terreur" et a ajouté qu'ils allaient
discuter de la coopération en matière de renseignement -
l'un des éléments importants de la lutte contre le terrorisme.
Bush a ajouté qu'il espérait que la Chine s'opposerait
"fermement à la prolifération des missiles et d'autres technologies
mortelles".
Par le passé, les Etats-Unis ont accusé la Chine de transférer
de la technologie à la Corée du Nord et l'Iran dans le domaine
de l'armement. Bush a récemment déclaré que ces deux
pays faisaient partie d'un "axe du mal" cherchant à mettre au point
des armes de destruction massive.
Concernant la Corée du Nord proprement dite, Bush a demandé
à Jiang de transmettre au dirigeant nord-coréen Kim Jong-il
le message que les Etats-Unis souhaitent le rencontrer.
Jiang a répondu qu'il espérait que les contacts entre
Washington et Pyongyang pourraient être rétablis.
Le président américain a ensuite déclaré
que Washington n'avait pas changé de position concernant Taïwan,
mais a ajouté que le peuple chinois "devrait être libre de
choisir son mode de vie, sa religion et son mode de travail."
JIANG AUX ETATS-UNIS EN OCTOBRE
Les deux chefs d'Etat s'exprimaient après une première
entrevue privée et juste avant une réunion élargie,
en présence de responsables américains et chinois, à
Pékin.
Bush est arrivé jeudi en Chine, 30 ans jour pour jour après
la visite historique à Pékin de son prédécesseur
Richard Nixon.
La Maison blanche a précisé que Bush espérait
conclure un accord avec la Chine, pour que Pékin respecte un traité
de novembre 2000 sur la réduction des exportations de technologies
servant à la mise au point de missiles balistiques.
En dépit de profonds désaccords sur des questions comme
les droits de l'homme, la prolifération des armes, Taïwan et
le bouclier anti-missiles, des responsables américains ont suggéré
que les entretiens entre Bush et son homologue seraient plus cordiaux que
tendus.
D'ailleurs, Bush a invité Jiang à se rendre aux Etats-Unis
à l'automne.
Jiang a répondu qu'il acceptait "avec plaisir et reconnaissance"
l'invitation du chef de l'Etat américain. Il a précisé
que la visite aurait lieu en octobre avant la réunion du Forum de
coopération économique Asie-pacifique (Apec) au Mexique.
Le président chinois a ajouté qu'il serait accompagné
aux Etats-Unis de son vice-président Hu Jintao.
La dernière visite du chef de l'Etat et chef du Parti communiste
chinois aux Etats-Unis remonte à octobre 1997. Le prédécesseur
de Bush, Bill Clinton, y avait répondu en se rendant en Chine en
juin et juillet 1998.
Après le Japon et la Corée du Sud, la Chine est la troisième
et dernière étape de la tournée asiatique du chef
de l'Etat américain.
Bush défend les valeurs occidentales à Pékin
(Le Figaro, 22/2/02)
Perdus dans une étrange végétation tropicale propre
à réchauffer le très stalinien « Palais du Peuple
» place Tiananmen, George W. Bush et son hôte, le président
Jiang Zemin, ont donné une conférence de presse commune.
Le résultat le plus concret de cette visite, avant que le chef de
l'exécutif américain ne retourne cet après-midi à
Washington, est que son homologue chinois se rendra aux Etats-Unis en octobre
et que le successeur désigné de M. Jiang Zemin, Hu Jintao,
l'y précédera.
Pour le reste, les Chinois ont suggéré aux Américains,
qui leur demandaient de limiter leurs exportations d'armements, de s'occuper
de régler la crise israélo-palestinienne au Proche-Orient.
« La Chine espère que les Etats-Unis vont appeler Israël
et la Palestine à reprendre leur dialogue le plus tôt possible
», a déclaré M. Kong, un porte-parole du ministère
des Affaires étrangères citant M. Jiang Zemin, avant d'ajouter
: « Nous pensons que la clé de la question du Proche-Orient
est la question palestinienne. Les Israéliens doivent rendre les
territoires occupés. »
Ce n'est pas la seule pierre déposée par les Chinois
dans le jardin des Américains.
L'ambition de cette visite, du point de vue américain, consistait
à demander aux Chinois de limiter leurs exportations de technologies
militaires et surtout balistiques à des Etats comme l'Iran et l'Irak.
« Ce dont la Chine a besoin, a jugé Mme Rice, c'est d'une
législation sur le contrôle des exportations », afin
d'éviter que « des sociétés chinoises vendent
(du matériel sensible) en violation du régime des contrôles
des technologies sur les missiles ». Et d'ajouter : « Les discussions
vont dans un sens un peu meilleur, mais cela prendra un moment. »
Pour les Chinois, ce sont les ventes d'armements américains
à Taïwan qui posent un problème. En avril 2001, George
W. Bush avait donné son feu vert à la plus grande livraison
d'armes à Taïwan, et cela avait créé un climat
épouvantable entre les deux puissances, qui s'était cristallisé
par la crise de l'avion espion américain. Celui-ci, après
avoir envoyé un chasseur chinois à la mer, avait su se poser
en catastrophe sur l'île de Hainan.
La confiance entre les deux administrations a été
restaurée après le 11 septembre et la lutte commune contre
le terrorisme. Mais, sur Taïwan, les positions demeurent tranchées
: George W. Bush rappelait hier son soutien au Taiwan Relations Act, stipulant
que les Etats-Unis apporteront leur aide à Taïpeh pour que
« l'île rebelle » puisse se défendre contre la
Chine communiste.
Jiang Zemin, pour sa part, s'en est tenu à la position théologique
de son pays sur ce dossier : « J'ai expliqué la position de
principe du gouvernement chinois sur la réunification pacifique
et (la doctrine) un pays deux systèmes pour la solution taïwanaise
», a-t-il dit. L'impasse sur ce dossier est flagrante, George Bush
devant se contenter de promettre : « Nous lancerons un appel pour
qu'il n'y ait pas de provocation. »
Le discours américain sur « l'axe du mal » ne passe
pas davantage en Chine qu'en Europe, aussi bien en ce qui concerne l'Irak
(voir l'encadré) que la Corée du Nord, un pays satellite
de Pékin.
Paradoxalement, les déclarations belliqueuses de George
Bush, qui ont effrayé la Corée du Sud, fragilisent la position
américaine. Les Etats-Unis n'ont pas dans cette affaire leur allié
sud-coréen derrière eux, alors que la Chine peut incarner
désormais une voix plus modérée pour les deux Etats
de la péninsule.
Pékin veut rester maître du calendrier du rapprochement,
et a désormais les cartes en main. Bush hier à Pékin
a déclaré : « L'offre (de dialogue avec la Corée
du Nord) que j'ai faite hier à Séoul était une véritable
proposition », avant de préciser qu'il avait demandé
à Jiang Zemin de « transmettre ce message ».
C'est sur le sujet des libertés religieuses que la conversation
entre les deux présidents semble avoir été la plus
formelle : « Ils ont eu une discussion approfondie sur la liberté
de culte, a affirmé Mme Rice, un échange vraiment long, et
le président (Bush) a encouragé le président Jiang
à envisager sérieusement d'engager un dialogue avec les communautés
religieuses et avec des personnalités des différents clergés.
Il a mentionné spécifiquement l'importance d'un dialogue
avec le Vatican et avec le dalaï-lama. » Sur ces affaires, Jiang
Zemin, en véritable apparatchik du parti, ne discute jamais, opposant
une passivité exaspérante à tous ses interlocuteurs
internationaux. «Quelle que soit la religion à laquelle ils
appartiennent, les croyants doivent respecter les lois chinoises »,
s'est-il contenté de répondre aux journalistes, en éludant
les questions sur le sujet.
Bush à Pékin consacre l'amélioration des relations
sino-américaines (AFP, 21/2/2002)
Le président américain George W. Bush a entamé
jeudi une visite de travail de deux jours en Chine qui a consacré
la spectaculaire amélioration des relations entre les deux pays,
en dépit de la persistance de désaccords, notamment sur la
question de la prolifération des armements.
Arrivé à Pékin 30 ans jour pour jour après
la rencontre historique entre son prédécesseur Richard Nixon
et Mao Tsétoung, M. Bush a immédiatement donné le
ton, s'efforçant de convaincre ses interlocuteurs, sans jamais les
heurter de front publiquement.
Dès son arrivée au Grand palais du peuple où il
a été reçu par le président chinois Jiang Zemin,
le président américain a remercié son hôte pour
son "fort soutien à notre guerre contre la terreur".
M. Jiang a pour sa part souligné être "parvenu à
des points de vue communs et à des résultats positifs dans
beaucoup de domaines" dans ses entretiens avec M. Bush, alors que les rapports
entre l'administration Bush et Pékin se sont nettement améliorés
depuis les attentats du 11 septembre. Le président chinois a annoncé
avoir accepté une invitation de M. Bush à se rendre à
l'automne aux Etats-Unis, où son successeur désigné,
le vice-président Hu Jintao, doit également aller "dans un
proche avenir".
Les deux hommes ont décidé d'intensifier leur coopération,
dans les secteurs de l'énergie, de la santé, notamment dans
la lutte contre le sida, et "de conduire un dialogue sur des questions
économiques et financières régionales", a encore dit
M. Jiang. La Chine cherche à obtenir de Washington la levée
des restrictions sur des exportations de haute technologie.
De son côté, les Etats-Unis veulent que Pékin lutte
plus efficacement contre la prolifération d'armes de destruction
de massive. "Ce dont la Chine a besoin, c'est d'une législation
sur le contrôle des exportations" pour éviter que, comme cela
c'est produit par le passé, "des sociétés chinoises
vendent (du matériel sensible) en violation du régime des
contrôle des technologies sur les missiles", a expliqué la
conseillère de M. Bush à la sécurité nationale,
Condoleezza Rice. Selon elle, les discussions avec les Chinois sur ce sujet
"vont mieux mais il n'y a pas d'accord" sur ce sujet.
Les deux pays ont évité de s'affronter sur la question
taïwanaise, en dépit des récentes promesses de ventes
d'armes américaines à l'île, les plus importantes depuis
une décennie et qui ont beaucoup irrité Pékin. "Nous
lancerons un appel pour qu'il n'y a ait pas de provocation", dans le détroit
de Taïwan, a déclaré le président américain
tout en rappelant l'engagement américain à assurer à
l'île les moyens de se défendre.
Les deux pays ont également décidé de créer
un groupe de travail sur la protection de l'environnement et les changements
climatiques, a annoncé le porte-parole du ministère des Affaires
étrangères, Kong Quan.
M. Bush avait récemment appelé la Chine et l'Inde à
réduire leurs émissions de gaz à effet de serre alors
que Pékin a critiqué Washington pour son refus de signer
le protocole de Kyoto.
George W. Bush n'a en revanche pas évoqué publiquement
la question des violations de droits de l'Homme, se contenant de défendre
la liberté de religion dans des termes généraux. Mme
Rice, a toutefois déclaré à des journalistes que la
Chine "doit libérer" les personnalités religieuses tels que
les évêques de l'église catholiques du silence, détenus
dans des prisons chinoises.
La sécurité avait été considérablement
renforcée dans le centre de Pékin pour la venue du président
américain. La place Tiananmen avait été fermée
au public ainsi que la Cité interdite pour faire place à
la première dame des Etats-Unis, Laura Bush.
La Chine cherche à
regagner une influence régionale fragilisée par la guerre
en Afghanistan (Le Monde, 9/1/02)
En l'espace d'à peine
dix jours, Pervez Moucharraf aura effectué deux visites à
Pékin. Un record de fréquence dans les annales diplomatiques
sino-pakistanaises. Le second déplacement, le 4 janvier, est certes
un peu particulier puisqu'il ne s'agissait officiellement que d'un simple
"transit"
sur la route de Katmandou, le président pakistanais ayant souhaité
éviter le survol de l'espace aérien indien.
Mais de ce "transit" M. Moucharraf aura obtenu la réaffirmation
expresse que "la Chine se rangera du côté pakistanais quelque
soit le cas de figure", si l'on croit du moins un porte-parole de la
présidence pakistanaise.
Officiellement, les Chinois restent pourtant infiniment plus prudents.
Ils se contentent d'appeler l'Inde et le Pakistan à la "retenue".
Pékin joue au modérateur, sauf que cette posture n'impressionne
guère les Indiens. Ces derniers récusent en effet la neutralité
de la Chine dans le contentieux, eu égard à son long passé
d'intimité politique et militaire (et nucléaire) avec le
Pakistan. A New Delhi, on estime donc que les appels chinois à la
"retenue"
doivent avant tout s'adresser à Islamabad.
RENOUER SES CONTACTS
En réalité, la position de Pékin dans cette affaire
repose sur deux impératifs. D'un côté, l'actuelle poussée
de fièvre autour du Cachemire lui permet de renouer un contact étroit
avec le Pakistan, un pays où les Etats-Unis se sont de nouveau massivement
investis. La réaffirmation du lien privilégié avec
Islamabad lui permet de reprendre la main sur un dossier afghan qui lui
a largement échappé. Mais, simultanément, Pékin
doit conserver suffisamment de crédit aux yeux de New Delhi pour
espérer jouer un rôle dans un éventuel règlement
de la crise du Cachemire. Et là encore, éviter que l'initiative
ne revienne exclusivement qu'à Washington ou à Londres.
Car il est devenu de la première importance pour la Chine de
reprendre des positions en Asie du Sud à un moment où le
nouvel activisme militaire et diplomatique américain à ses
frontières inquiète, voire alarme, experts et dirigeants
à Pékin. Le bilan de la guerre en Afghanistan malmène
en effet ses intérêts. Certes, la Chine se réjouit
du tarissement de la source afghane d'un panislamisme radical aux confins
de sa province musulmane du Xinjiang, située dans l'extrême
ouest de l'empire. Mais cet acquis est plus qu'oblitéré par
la per- cée stratégique des Américains au cœur de
l'Asie centrale ainsi que par leur retour au Pakistan.
Déjà endiguée sur son flanc Pacifique par l'arc
stratégique déployé par Washington, la Chine voit
aujourd'hui hypothéquée sur son flanc occidental une décennie
d'offensive de charme auprès des Etats d'Asie centrale nés
des débris de l'empire soviétique. Ce revers est d'autant
plus inquiétant que l'offensive chinoise en Asie centrale, qui s'est
intensifiée après la "crise des missiles" de Taïwan
du printemps 1996, était largement d'inspiration antiaméricaine.
Il s'agissait de desserrer l'étau américain.
Or voilà que resurgit le spectre de l'encerclement par l'Est
et par l'Ouest, un vieux fantasme des stratèges chinois. Plus grave,
le "tournant proaméricain" de Vladimir Poutine a brutalement révélé
combien était fragile le partenariat stratégique noué
avec la Russie. En quelques mois, la Chine a goûté à
un amer sentiment de solitude, renforcé par l'absence d'une contrepartie
substantielle à son engagement dans la coalition antiterroriste.
Qu'il s'agisse du manque d'enthousiasme de Washington à entériner
sa répression antiséparatiste au Xinjiang ou du maintien
du projet américain de bouclier anti-missiles auquel elle est farouchement
hostile (parce que s'estimant visée), la Chine n'a pu que constater
son isolement.
Son quasi-silence après le retrait unilatéral de Washington
du traité de l'ABM - qui suscitait des propos enflammés il
y a encore quelques mois - est révélateur de cette impuissance.
Pékin s'est contenté d'exprimer sa "préoccupation",
tout en appelant à un "dialogue" avec les Etats-Unis afin
de limiter les dégâts. Alors même qu'elle survient à
un moment où s'approfondit l'internationalisation de son économie
(adhésion à l'OMC), la nouvelle donne issue des attentats
du 11 septembre aura fragilisé l'assise stratégique de la
Chine. D'où la nécessité de regagner des positions
où elle peut. A commencer par le plus facile, le Pakistan.
Scientifique
et Technique
Social, Culture
et Religion
Politique
intérieure
Zhu se pose en garant de la stabilité sociale de la Chine
(Reuters, 5/3/02)
Le Premier ministre Zhu Rongji s'est posé en garant de la stabilité
sociale de la Chine en 2002, année de transition économique
et politique capitale pour le pays, à l'ouverture de la session
annuelle du parlement ce mardi.
Sur le plan économique, la Chine découvre cette année
les arcanes de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qu'elle a rejointe
en décembre dernier.
Sur le plan politique, elle prépare une transition politique
historique, avec le départ de Zhu, du président Jiang Zemin,
et de l'ancien premier ministre Li Peng programmé l'an prochain.
Evoquant ces deux enjeux, Zhu Rongji a insisté sur le besoin
de stabilité sur tous les fronts et il a adopté un ton conciliant
à l'égard de Taiwan, s'engageant à accroître
les liens économiques et politiques avec l'île.
Il s'est également fait l'avocat d'une proposition de Jiang
Zemin d'autoriser les entrepreneurs privés à rejoindre le
Parti communiste afin de rendre ce dernier plus au fait des réalités
de la Chine moderne.
"L'année 2002 est une année très importante dans
le développement de notre parti et de notre pays", a déclaré
Zhu devant les quelque 3.000 délégués réunis
pour la cinquième session de la neuvième Assemblée
nationale populaire, le parlement chinois.
"L'adhésion de la Chine à l'OMC profitera à sa
politique de réformes et d'ouverture et au développement
économique dans son ensemble, mais à court terme, des industries
et entreprises moins compétitives seront confrontées à
des défis importants."
STIMULER LA DEMANDE
Selon les analystes, le gouvernement doit parvenir à un taux
de croissance annuel d'environ 7% afin de créer suffisamment d'emplois
pour contre-balancer les pertes d'emplois consécutives à
l'adhésion à l'OMC, qui signifie davantage de concurrence
étrangère.
Une des clés de cette croissance, selon Zhu, sera de stimuler
la demande en augmentant les revenus des paysans et des chômeurs.
"La tâche la plus urgente" est de garantir que les allocations chômage
et les retraites soient payées en temps et en heure, a-t-il dit.
"Nous ne tolèrerons plus, nulle part, des retards de paiement",
a-t-il ajouté.
Zhu a également promis de débarrasser le pays de la corruption
étatique pendant sa dernière année à la tête
du gouvernement.
Selon un sondage paru la semaine dernière dans le Quotidien
du peuple, cette question s'inscrit en tête des préoccupations
des Chinois.
Zhu a égrené une longue liste de pratiques préjuciables
à la société, mentionnant des projets d'infrastructures
creux et criblés de dettes ou des cérémonies superflues
et extravagantes.
"Des officiels utilisent les fonds publics pour boire et dîner,
pour des distractions extravagantes et des voyages privés à
l'étranger", a martelé le Premier ministre chinois.
"Certaines autorités locales aiment construire des projets ostentatoires
afin de faire bonne impression ou d'afficher leurs réalisations.
Certaines autorités locales lancent des projets de construction
qui ne sont pas viables alors qu'elles ne sont même pas en mesure
de payer les salaires à temps."
Zhu Rongji, parfois surnommé le "patron" en raison de son langage
direct et de son approche pragmatique des réformes économiques,
a la réputation d'être le chef du gouvernement le plus honnête
de Chine.
Agé de 73 ans, il nourrit une aversion pour les dépenses
superflues et l'on raconte qu'il limogea un jour un collaborateur qui venait
de brandir un briquet tape-à-l'oeil que son maigre salaire ne permettait
pas d'acheter.
Dans son discours, il s'en est pris également à la bureaucratie
qui empile "des montagnes de documents et des océans de réunions".
A son arrivée au pouvoir en 1998, il avait promis de licencier quatre
millions de fonctionnaires.
Zhu, comme Jiang Zemin et Li Peng, qui préside cette réunion
à laquelle participent 2.987 délégués, abandonnera
ses fonctions au sein du Parti cet automne. Il achèvera son mandat
de Premier ministre lors de la prochaine session du parlement en mars 2003.
Session cruciale pour l'Assemblée nationale populaire chinoise
(Reuters,
4/3/02)
Lorsque le rideau se lèvera mardi sur la nouvelle session annuelle
de l'Assemblée nationale populaire chinoise, une partie se jouera
dans la coulisse en vue de la succession, au sein du Parti, des trois plus
importantes figures de la politique nationale.
La cinquième session de la neuvième Assemblée
nationale populaire, le parlement national, se déroulera du 5 au
15 mars, en présence de 2.987 délégués, sous
la présidence de l'ancien Premier ministre Li Peng.
Cette année, la réunion est très particulière.
Le président Jiang Zemin, le Premier ministre Zhu Rongji et Li Peng
doivent tous abandonner leurs hautes fonctions au sein du PC cet automne,
et feront de même avec leurs fonctions étatiques lors de la
prochaine session de l'Assemblée nationale populaire en mars 2002.
Aussi, lorsque ces trois personnalités apparaîtront à
la tribune, ce qu'elles diront aura moins d'importance que ce qui se chuchotera
et se passera autour de leur succession.
"L'ordre du jour politique sera dominé par la transition au
sein de la direction", a déclaré Wengfang Tang, professeur
de sciences politiques à l'université de Pittsburgh. "Ils
feront preuve de prudence. Ils veulent donner le ton de ce que sera le
Congrès du parti (à l'automne) et s'occuper de la question
de la corruption, parce qu'elle menace la légitimité du parti",
ajoute-t-il.
Cinq des sept membres permanents du Bureau politique doivent prendre
leur retraite lors du prochain congrès du parti, qui se réunit
tous les cinq ans.
L'Assemblée nationale populaire ne va pas choisir les nouveaux
dirigeants du parti, mais elle décidera qui occupera, l'an prochain,
les postes gouvernementaux qui deviendront vacants. Et nombre de délégués
de l'Assemblée pourraient également obtenir, à terme,
des sièges au sein du futur Comité central (235 membres)
et bureau politique (23 membres au total).
Parmi les quatorze nouveaux gouverneurs de provinces et secrétaires
du PC, bon nombre ont des chances d'obtenir une place au sein de la future
direction. Aussi, pour la nouvelle garde, l'Assemblée est-elle la
tribune idéale pour faire son entrée en scène ; c'est
là aussi que la vieille garde cherche à consolider sa légitimité
ou préserver ses arrières en cas de mise à la retraite...
WEN JIABAO POUR LE GOUVERNEMENT
Jiang Zemin, chef de l'Etat et secrétaire général
du PC, âgé de 75 ans, ne devrait pas prendre la parole, mais
lors de réunions à huis clos, il devrait vanter les mérites
de son projet de restructurer le PC en autorisant qu'y adhèrent
des entrepreneurs privés, déclarent les analystes.
Il devrait aussi défendre son poulain, Zeng Qinghong, chef du
puissant département Organisation au sein du Parti, et obtenir qu'il
siège désormais au comité permanent de l'Assemblée
nationale, ajoutent-ils.
Quoi qu'il en soit, le dauphin de Jiang Zemin tant pour le poste de
dirigeant du Parti et de chef de l'Etat reste l'actuel vice-président,
Hu Jintao, personnage énigmatique qui n'occupe que le 5e rang dans
la hiérarchie du Parti.
Li Peng, à 73 ans, va tenter de garder son influence après
sa retraite, ne serait-ce que pour protéger sa famille après
les accusations de corruption dont il a fait l'objet ces derniers mois.
La rumeur a couru aussi qu'il serait à l'origine des micros retrouvés
sur le tout nouveau jet présidentiel acheté aux Etats-Unis,
même s'il a opposé un démenti catégorique.
Conservateur, Li Peng est respecté pour ses talents de gestionnaire
mais célèbre pour avoir dirigé la répression
du Printemps de Pékin, en juin 1989.
Son successeur probable à la présidence de l'Assemblée
est Li Ruihuan, qui dirige actuellement un organisme consultatif, la Conférence
politique consultative de Chine populaire, et est considéré
comme un "libéral".
"L'Assemblée dirigée par Li Ruihan l'an prochain serait
bien plus intéressante. Sous Li Peng, l'Assemblée a subi
des revers. Elle n'a pas fait de progrès en termes d'indépendance
à l'égard du gouvernement", a déclaré un cadre
d'une banque d'investissement de Pékin.Agé de 73 ans, le
Premier ministre, lui, devrait faire en sorte de garantir que le vice-Premier
ministre Wen Jiabao lui succède bel et bien lorsqu'il se retirera
l'an prochain.
Le tiercé politique gagnant de la politique chinoise devrait
donc être, si rien ne bouge en coulisse lors de cette session, Wen
Jiabao (comme futur chef du gouvernement), Hu Jintao (tête de l'Etat
et du Parti) et le protégé de Jiang Zemin, Zeng Qinghong.
L'Assemblée nationale populaire se réunit une fois par
an. Lorsqu'elle n'est pas en session, son comité permanent, fort
de 134 membres, exerce le pouvoir législatif. Ce comité se
réunit une fois tous les deux mois et est présidé
par Li Peng.
Le numéro 2 chinois déstabilisé-Un des fils
de Li Peng serait impliqué dans un scandale financier. (Libération,
19/2/02)
Li Peng, rends-nous notre argent»... Le slogan, repris
par plusieurs dizaines de manifestants, intrigue les passants que les nombreux
policiers présents empêchent de s'arrêter. Il n'est
effectivement pas banal, en Chine communiste, de manifester contre le numéro
deux du régime, président de l'Assemblée nationale
populaire, Li Peng, ou contre tout autre dignitaire. Ce mercredi-là,
le rassemblement, sur Chang'An, la plus grande artère de Pékin,
s'est déroulé sans encombre, jusqu'à la nuit tombée.
Spoliation. Plus tard ce soir-là, l'un des manifestants
de l'après-midi, qui se fera simplement appeler «M. Wang»,
nous donnera un discret rendez-vous dans un quartier très fréquenté
de la capitale. Ce retraité aux cheveux gris, bien habillé,
explique, documents à l'appui, que les manifestants sont des investisseurs
spoliés qui ont perdu près de 500 millions de yuans (80 millions
d'euros). Il affirme que le responsable du scandale est le propre fils
du président de l'Assemblée, Li Xiaoyong, qui était
à l'époque des faits à l'état-major de la Police
armée du peuple (PAP). Pourquoi attaquer le père pour les
turpitudes du fils? «Un magistrat de la plus haute juridiction
chinoise nous a dit que, quand un fils doit de l'argent, il faut le demander
au père», répond M. Wang...
Cette affaire n'est pas la seule à empoisonner Li Peng et sa
famille actuellement. Récemment, un magazine financier a été
retiré de la circulation et un de ses rédacteurs en chef
remplacé après la publication d'un article mettant en cause
la richesse de la famille Li. L'article visait la propre épouse
du président de l'Assemblée, Zhu Lin, et leur autre fils,
Li Xiaopeng, un des pontes du secteur énergétique. La femme
de Li Peng s'est défendue de toute implication dans des «affaires»,
au cours d'une interview sans précédent accordée à
un magazine nommé Elite de Chine. Pour illustrer un article
sur ce dossier, un quotidien hongkongais a choisi de publier une photo
de la femme de Li Peng en compagnie de... Bernadette Chirac!
Affaiblissement. Ce climat sulfureux tombe à un mauvais
moment pour Li Peng, au point que beaucoup y voient une opération
de déstabilisation de politique intérieure. A l'automne prochain,
le XVIe congrès du Parti communiste chinois (PCC) doit en effet
procéder à un profond renouvellement de la direction politique,
avec le remplacement des trois premiers personnages de l'Etat et du Parti:
le président de la République et secrétaire général
du PCC, Jiang Zemin, le président de l'Assemblée, Li Peng,
et le Premier ministre, Zhu Rongji. Chacun manoeuvre en coulisse pour placer
ses hommes aux postes clés, en particulier au sein du comité
permanent du Bureau politique, véritable coeur du pouvoir. Avec
ces attaques, Li Peng, dont il a été dit qu'il espérait
devenir président de la République après Jiang, est
aujourd'hui le plus affaibli des trois.
Réclamant justice depuis plus de trois ans, M. Wang et les manifestants
se défendent de toute arrière-pensée politicienne.
Les investisseurs avaient placé leurs économies 600
000 yuans (plus de 90 000 euros) dans le cas de M. Wang dans une
société d'achat à terme de matières premières
agricoles, Xinguoda Futures. Un placement sans risque, les actionnaires
de la société étant, selon lui, la Police armée
du peuple (5 %) et un fabricant d'armement lié à l'armée
chinoise... Garantie supplémentaire, M. Wang présente les
photos d'une partie de tennis entre les dirigeants de la société
et plusieurs leaders politiques, un vice-Premier ministre, un membre du
Bureau politique, et surtout Luo Gan, le responsable de la lutte contre
la criminalité et la corruption au sein de la direction chinoise,
un protégé de Li Peng, qui tente de le promouvoir au prochain
congrès du PCC... En 1998, toutefois, la société est
brutalement déclarée illégale et fermée: son
président, Cao Yufei, un Taïwanais, est arrêté,
condamné à mort et exécuté en mai 2001. L'argent
a pour l'essentiel disparu, les investisseurs ne récupérant
que 10 % de leur mise de fonds initiale. «Nous avons cherché
à porter plainte, mais aucun magistrat n'a voulu enregistrer notre
déclaration», affirme M. Wang, qui se plaint que les investisseurs
n'ont même pas pu avoir accès au dossier du procès
de Cao Yufei. «Où est l'argent, nous ne le savons pas»,
dit-il,
accusant, sans toutefois en détenir la preuve formelle, Li Xiaoyong
d'être au coeur de ce scandale.
Clan. Li Peng, tenu pour responsable de la répression
sanglante de la place Tiananmen en juin 1989, se bat aujourd'hui pour préserver
l'influence de son «clan» après le XVIe congrès.
Afin d'éviter toute révision du jugement du Parti sur les
«événements» de 1989, qui délégitimerait
son action, mais aussi pour préserver les intérêts
de sa famille, et en particulier de son autre fils, Xiaopeng («le
petit Peng»), appelé à jouer un rôle clé
dans la prochaine dérégulation du secteur énergétique.
Mais que, dans les rues de Pékin, on laisse des manifestants d'allure
respectable crier «Li Peng, rends-nous notre argent»,
a assurément de quoi inquiéter le numéro deux du régime.
Une campagne vise le clan de Li Peng, le numéro deux chinois
(Le Monde 17/1/02)
Une centaine de manifestants
scandant au cœur de la capitale chinoise le nom de Li Peng, numéro
deux du régime, en termes peu amènes : la scène est
lourde de symbole. Le rassemblement s'est bel et bien produit, mercredi
16 janvier, devant l'Assemblée populaire de la municipalité
de Pékin. Les protestataires interpellaient le père pour
les turpitudes prêtées au fils : Li Xiaoyong, qui est mis
en cause dans la faillite frauduleuse d'un fonds d'investissement dont
les 320 millions de dollars (près de 355 millions d'euros) ont disparu.
Les petits investisseurs floués se regroupent régulièrement
devant le siège du "parlement" municipal, mais leur défi
prend une tournure très particulière à l'aube d'une
année politique cruciale en Chine, qui verra, à l'automne,
une relève de grande envergure à la direction du Parti communiste.
Economie, Industries
et R&D
Environnement/Santé
«L'affaire
des seringues» ou l'histoire d'une rumeur qui sème la psychose
en Chine (Le Temps, 11/2/2002, http://www.letemps.ch/)
Dans les rues du centre de Tianjin, on
préfère ne plus s'étendre sur le sujet, comme saisi
par la honte. «Ce ne sont que des rumeurs, assure un restaurateur.
Il n'y a pas de danger.» «C'est une vieille histoire»,
renchérit un hôtelier. «Tout est normal», martèle
une vendeuse comme pour s'en convaincre elle-même. C'est vrai, la
rue piétonne de Binjiang, le cœur commercial de cette ville de 10
millions d'âmes, à une centaine de kilomètres à
l'est de Pékin, est à nouveau noire de monde. Mais le mois
dernier, elle était déserte. Saisis d'une psychose collective,
ses habitants n'osaient plus se plonger dans une foule.
La raison de cette panique? Des paysans
contaminés par le virus HIV, venus de la province du Henan, un peu
plus au sud, auraient pris d'assaut Tianjin. Armés de seringues
contenant du sang contaminé, ils attaqueraient au hasard des passants
pour les piquer et ainsi se venger de la société. L'histoire
a surgi à Noël, et s'est propagée comme une traînée
de poudre dans toute la ville en quelques semaines. Les «témoignages»
– presque toujours indirects – se sont multipliés et pas moins de
46 personnes, de sources officielles, se sont rendues à l'hôpital
persuadées d'être victimes de ce gang de séropositifs.
Alarmées, les autorités
ont finalement dû appeler la population à «ne pas écouter
les rumeurs et à ne pas avoir peur». La police a accusé
des «criminels mal intentionnés» de vouloir «créer
le désordre social» et de «saboter la stabilité
de la ville» pour profiter de la situation. Dans le même temps,
la télévision de Tianjin a diffusé les propos de médecins
expliquant qu'une simple piqûre ne suffit pas à transmettre
le sida. Le message a toutefois été brouillé lorsque
la police a reconnu que quatre personnes au moins ont été
arrêtées après avoir piqué des passantes: la
rumeur a donc un fond de vérité. Qui sont les assaillants?
Sont-ils porteurs du virus HIV? Sur ce point, les autorités se murent
dans le silence.
Mais alors que la fièvre semble
retombée à Tianjin, c'est au tour de Pékin d'être
gagnée par la rumeur. Des grands-mères interdisent à
leurs petits-enfants de jouer dehors après la tombée de la
nuit. Une étudiante aurait été piquée à
l'épaule la semaine dernière. L'«affaire des seringues»
est de toutes les conversations. Un chauffeur de taxi raconte: «Une
passagère a expliqué à mon ami conducteur de bus qu'elle
a vu un homme sortir une seringue et piquer une autre voyageuse durant
le transport. Elle n'a d'abord rien osé dire de peur d'être
piquée à son tour.» On parle de plusieurs personnes
qui auraient été interpellées.
Jusqu'ici, la presse locale est restée
muette sur l'affaire qui alimente en revanche les forums Internet. Questionnée
par un journal électronique, la police de la capitale explique que
la situation, à la veille du Nouvel An chinois, «est excellente»:
«Inutile d'avoir peur, assure son porte-parole. D'ailleurs aucune
des personnes arrêtées (à Tianjin) n'était séropositive.»
Selon une journaliste pékinoise, toutefois, l'Hôpital Tongren
a déjà «confirmé quatre ou cinq cas de personnes
victimes de piqûres».
En attendant, la rumeur court et prend
de nouvelles formes. On parle à présent de chômeurs
armés de simples punaises qui tentent de semer le trouble dans les
grands magasins en affirmant qu'ils viennent du Henan. «C'est tout
l'intérêt de cette rumeur, elle relaye la colère de
certaines catégories de gens, analyse un chercheur du Centre d'information
sur la population qui préfère rester anonyme. Les inégalités
sociales s'approfondissent et une partie de la population veut exprimer
son mécontentement à l'égard du gouvernement. La rumeur
devient un outil.»
La rumeur est surtout un puissant révélateur
des nouvelles peurs de la Chine des réformes. Ainsi, après
avoir nié durant des années les ravages du sida, le gouvernement
a reconnu, il y a quelques mois seulement, l'ampleur du problème
et a enfin lancé une campagne d'information. Officiellement, il
n'y aurait toujours «que» 29 000 séropositifs confirmés.
Les spécialistes parlent toutefois de 600 000 cas et l'ONU estime
à 10 millions le nombre de porteurs du sida d'ici à 2010
si rien n'est fait.
La population découvre le virus
alors même qu'un scandale du sang contaminé sans précédent
prend des proportions inquiétantes. Des centaines de milliers de
paysans du Henan (peut-être plusieurs millions) ont été
infectés à la suite d'un odieux commerce de sang organisé
par les autorités sanitaires de la province (Le Temps du 1er juin
2001). Aujourd'hui confrontées à la mort, ces personnes tentent
d'obtenir réparation et un traitement. En vain jusqu'à présent.
Parmi les différentes versions
de la rumeur circulant à Tianjin, l'une affirme que certains véhicules
venus collecter le sang des paysans portaient des plaques de cette ville.
Il s'agirait donc d'une vengeance. Selon une autre version, ils ne cherchent
qu'à attirer l'attention sur eux pour que justice leur soit enfin
rendue. A Pékin, dans le doute, on se répète qu'il
n'y a pas de fumée sans feu.
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