Politique
intérieure
L'ancien Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif condamné
à 14 ans de prison (AP, 22/7/2000)
Un tribunal anti-corruption a condamné samedi l'ancien Premier
ministre pakistanais Nawaz Sharif à 14 ans de prison pour fraude
fiscale et lui a interdit de faire de la politique pendant 21 ans. M. Sharif,
qui purge déjà deux peines de prison à vie pour détournement
d'avion et terrorisme, a également été condamné
à une amende de 20 millions de roupies (2,6 millions de FF-400.000
euros). Le tribunal anti-corruption a jugé que M. Sharif -qui est
emprisonné depuis le coup d'Etat du 12 octobre- était coupable
d'avoir falsifié sa déclaration d'impôts en omettant
de mentionner l'achat d'un hélicoptère parmi ses biens personnels.
Nawaz Sharif, qui fait l'objet d'autres accusations de corruption,
a accusé le gouvernement militaire d'avoir lancé une chasse
aux
sorcières contre lui et sa famille.
Pakistan: la Cour suprême juge légal le "coup" d'octobre
(Reuters, 12/5/2000)
La Cour suprême du Pakistan estime que le coup de force qui a
porté l'armée au pouvoir le 12 octobre dernier est légal,
mais elle a fixé un délai maximum de trois ans pour l'organisation
d'élections. Le juge Irshad Hassan Khan a fait valoir que l'armée
avait pris le pouvoir et renversé le Premier ministre Nawaz Sharif
au moment où les institutions de l'Etat étaient en voie de
destruction et qu'il n'existait aucune mesure constitutionnelle pour porter
remède à la situation. Le putsch "est validé par une
période de transition découlant d'une nécessité
nationale", a-t-il dit tout en ajoutant que le général Pervez
Musharraf, l'homme fort du pays, avait trois ans pour appliquer son programme,
après quoi des élections devraient avoir lieu dans les 90
jours. La Cour se prononçait sur des recours déposés
par la Ligue musulmane pakistanaise de Sharif contre le putsch d'octobre.
Musharraf a refusé de fixer un calendrier pour le retour à
la démocratie, mais il s'est engagé à renvoyer l'armée
dans ses casernes dès qu'elle aurait éliminé la corruption,
relancé l'économie et ouvert la voie à une "démocratie
réelle".
Nawaz Sharif, la chute d'un autocrate
par Jean-Claude CHAPON (AFP, 19/1/2000)
L'inculpation formelle, mercredi, de l'ancien Premier ministre
pakistanais Nawaz Sharif devant un tribunal anti-terroriste est un ultime
revers pour cet homme qui a chuté après avoir pris tous les
risques pour asseoir une autocratie incontestable.
Quatre ans après une victoire écrasante aux élections
législatives, Nawaz Sharif et son frère Shahbaz, qui était
chef du
gouvernement de la puissante province du Penjab, se retrouvent sur
le banc des accusés à Karachi, la métropole économique
du
sud du Pakistan où les milieux d'affaires ne leur ont, dans
le passé, jamais ménagé leur soutien.
Il est vrai que M. Sharif, 52 ans, qui a débuté sa carrière
à l'ombre du dictateur Zia-ul Haq dans les années 80, est
issu de la
bourgeoisie industrielle du pays.Il s'est tout de suite posé
en alternative au pouvoir des grands féodeaux qui dominent le Pakistan
et sont représentés par Benazir Bhutto, la rivale de toujours
de M. Sharif, qui appartient à l'une des plus puissantes familles
terriennes du pays. La rivalité entre les deux principales figures
de la vie publique pakistanaise ne cessera jamais. En 1990, M. Sharif remplace
Mme Bhutto, destituée pour corruption, à la tête du
gouvernement, pour lui céder à nouveau la place en 1993 avant
de la reprendre en 1996.
Mais ces dernières années, le Pakistan s'est enfoncé
dans la crise économique, M. Sharif renonçant à prendre
les mesures
d'assainissement nécessaires réclamées par le
Fonds monétaire international (FMI), par crainte de réactions
populaires.
En revanche, Nawaz Sharif a osé tenter une normalisation des
relations entre le Pakistan et l'Inde qui se font la guerre depuis 50
ans pour le Cachemire, une région himalayenne revendiquée
par les deux pays. Mais la rencontre entre M. Sharif et son homologue indien
Atal Behari Vajpayee, en février 1999 à Lahore (Penjab),
après avoir suscité d'énormes espoirs, a tourné
court et les tensions se sont rallumées entre les deux pays devenus
des puissances nucléaires déclarées.Dans le même
temps, après sa victoire massive aux élections de février
1996, M. Sharif -- dont le régime se teinte alors de plus en plus
d'affairisme et de corruption -- n'aura de cesse de conforter son pouvoir
personnel au détriment de ceux du Parlement, qui devient une chambre
d'enregistrement, du président, qui perd son pouvoir de dissolution,
et du judiciaire, après la démission du chef de la Cour Suprême,
Sajjad Ali Shah. M. Sharif tentera aussi de placer ses hommes à
la tête de la puissante armée pakistanaise qui se plait à
souligner qu'elle est la seule institution stable du pays. Après
avoir poussé à la démission, sans réel problème,
le chef d'état-major général, Jahangir Karamat, en
1998, le Premier ministre nomme à sa place le général
Pervez Musharraf. Mais très vite, les relations entre les deux hommes
se tendent au point que le général Musharraf, quelques heures
après avoir été démis de ses fonctions par
M. Sharif, prend le pouvoir le 12 octobre 1999 et entame une procédure
judiciaire qui a abouti à ces inculpations pour terrorisme, détournement
d'avion et tentative de meurtres, pour lesquelles M. Sharif risque la peine
de mort.
Plus de 200 personnes arrêtées au Pakistan dans la crainte
d'attentats contre des intérêts américains (AP,
21/12/99)
Les autorités pakistanaises ont interpellé dans la nuit
de samedi à dimanche plus de 200 personnes dans la crainte
d'attentats contre des intérêts américains au Pakistan,
a annoncé dimanche un responsable des services de renseignements.
Les personnes interpellées, pour la plupart des Afghans, devaient
être interrogées à la suite d'information selon lesquelles
des partisans d'Osama bin Laden, recherché pour terrorisme par les
Etats-Unis, pourraient attaquer des cibles américaines au Pakistan
ou transiter par le pays pour préparer d'autres attentats. Les interpellations
ont été réalisées lors d'une série de
raids à Peshawar, dans le nord-ouest du pays, à la frontière
avec l'Afghanistan, et dans la capitale Islamabad. Par ailleurs, la sécurité
dans les aéroports internationaux a été renforcée
dans le cadre de la traque menée contre les hommes d'Osama bin Laden,
a précisé ce responsable des renseignements. Le mois dernier,
six roquettes avaient été tirées à Islamabad
contre des immeubles des Nations unies et des Etats-Unis. L'attentat était
intervenu deux jours après les sanctions imposées par l'ONU
contre le régime des Talibans pour avoir refusé de livrer
Osama bin Laden, soupçonné d'être de se cacher en Afghanistan.
Les Etats-Unis accusent l'homme d'affaires saoudien d'avoir commandité
les attentats contre les ambassades américaines au Kenya et Tanzanie
à l'été 1998 qui avaient fait 224 morts.
La menace
Pakistan, par Ignacio Ramonet (Le Monde Diplomatique, 11/99)
Nawaz Sharif présenté devant un tribunal anti-terroriste
(AP,
26/11/99)
Entouré par des forces de sécurité, le Premier
ministre destitué du Pakistan a été amené devant
un tribunal vendredi, où il doit être officiellement accusé
de trahison et de détournement. Ces deux chefs d'accusation sont
passibles de la peine de mort ou de la prison à vie au Pakistan.
Nawaz Sharif a été entraîné à l'intérieur
de l'enceinte bien gardée du tribunal spécial anti-terroriste
dans un véhicule blindé. D'autres co-accusés, dont
son jeune frère, étaient également présents.
Les deux hommes clament leur innocence et accusent l'armée d'avoir
fabriqué les accusations. Devant l'enceinte du tribunal, plusieurs
femmes, brandissant des photographies du Premier ministre destitué,
criaient: ``Longue vie à Nawaz Sharif''. La femme de l'ancien Premier
ministre, Kulsoom, et sa fille sont arrivées au tribunal accompagnées
par plusieurs policiers. Ijaz Bahalvi, un des avocats du Premier ministre
destitué, a expliqué que Nawaz Sharif allait entendre pour
la première fois les détails des accusations. Nawaz Sharif
et les autres prévenus sont accusés de tentative de meurtre
sur le chef de l'armée. Ils auraient refusé à l'avion
qui ramenait le général Pervez Musharraf du Sri Lanka d'atterrir
au Pakistan. Ce même jour, le 12 octobre, l'armée avait pris
le contrôle du Pakistan et placé Nawaz Sharif en détention
provisoire.
Pakistan - Tirs de roquettes visant les USA et l'Onu (Reuters,
12/11/99)
La capitale pakistanaise a été le théâtre
de six tirs de roquettes visant des bâtiments diplomatiques des Etats-Unis
et de l'Onu, vendredi, deux jours avant l'expiration de l'ultimatum de
l'Onu aux Talibans afghans sur la reddition du milliardaire saoudien intégriste
Oussama Ben Laden. Les attentats d'Islamabad surviennent aussi un mois
jour pour jour après le coup d'Etat militaire qui a renversé
le gouvernement civil du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif. Mais
il ne semble pas que les deux événements soient liés.
Les six tirs de roquettes se sont produits à quelques minutes d'intervalle
à proximité de bâtiments diplomatiques des Etats-Unis
et des Nations unies. La police pakistanaise a également découvert
l'épave incendiée d'un véhicule équipé
d'un lance-roquettes dans les parages de l'ambassade américaine.
La police ne fait pour le moment état que d'un blessé léger
- un vigile pakistanais qui montait la garde près des sites visés
et qui a été touché par des éclats de projectile.
Un porte-parole des services d'information de l'ambassade des Etats-Unis
(Usis), dont le bâtiment était visé, a confirmé
qu'aucun ressortissant américain n'avait été touché.
Les autorités pakistanaises affirment ignorer qui sont les auteurs
de ces attaques coordonnées, qui n'ont pas été pour
le moment revendiquées. L'une des déflagrations a eu lieu
près d'un bâtiment officiel américain et les trois
autres se sont produites à proximité de bâtiments de
l'Onu et d'un véhicule de l'organisation internationale. Selon un
haut gradé de la police, six roquettes ont, semble-t-il, été
tirées au total à partir de véhicules situés
dans trois endroits différents à quelques minutes d'intervalle,
vers 11h15 locales (06h15 GMT). Néanmoins, les policiers n'ont pu
retrouver pour le moment que quatre projectiles.
Les Talibans condamnent
"Il n'y a pas de suspects pour l'instant. Il semble que les roquettes
visaient les bureaux des Etats-Unis et de l'Onu, mais les
projectiles ont raté leur cible", a ajouté ce policier
sous le couvert de l'anonymat.
Les véhicules utilisés étaient, semble-t-il, équipés
de lance-roquettes à double tube. Tous ont pris feu après
le départ des
projectiles, ce qui a semé la confusion sur le nombre et la
nature des attentats. Dans un premier temps, la police avait évoqué
l'explosion de véhicules piégés.
Un premier engin s'est écrasé sur une barrière
métallique de l'Usis, blessant légèrement un garde,
un deuxième a atteint sans
exploser une voiture du Programme alimentaire mondial de l'Onu (Pam)
tandis qu'un troisième s'écrasait non loin d'un bâtiment
officiel pakistanais. La quatrième roquette qui a été
retrouvée s'est écrasée sur une hauteur des environs
de la capitale.
L'Onu a menacé d'appliquer à partir de dimanche des sanctions
à l'encontre des Talibans au pouvoir en Afghanistan pour ne pas
avoir livré Oussama Ben Laden. Ce dernier est accusé
par Washington d'être le commanditaire des deux attentats à
la bombe d'août 1998 contre les ambassades américaines de
Nairobi et de Dar-es-Salaam, qui ont fait plus de 200 victimes.
L'imminence de ces sanctions a déjà provoqué des
protestations en Afghanistan, où les bureaux des Nations unies à
Kandahar, la
"capitale des mollahs" afghans, ont été attaqués
mercredi par une foule de 50.000 manifestants armés de cailloux.
Et ce vendredi, l'explosion d'une voiture piégée appartenant
à un responsable des Talibans a fait trois blessés devant
une mosquée
du quartier des ambassades à Kaboul. Le mollah Omar, guide suprême
de l'"Emirat islamique d'Afghanistan", a condamné les attentats
à la roquette d'Islamabad. "Notre émirat a toujours condamné
et continue de condamner le terrorisme", dit-il dans un fac-similé
adressé à Reuters en se disant persuadé que ces attentats
visent à nuire aux relations des Talibans avec le Pakistan voisin.
Pakistan: Nawaz Sharif accusé de trahison et d'enlèvement
(AP,
10/11/99)
Le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif renversé lors d'un
coup d'Etat et huit autres personnes ont été accusés
jeudi de trahison et d'enlèvement par les militaires au pouvoir.
Ils sont passibles de la peine de mort. Ces accusations prononcées
peu après mercredi minuit sont liés à un épisode
du 12 octobre, au cours duquel l'appareil à bord duquel se trouvait
le général Pervaiz Musharraf, le nouvel homme fort du Pakistan,
qui regagnait le Pakistan s'était vu refuser le droit d'atterrir
dans la ville portuaire de Karachi (sud du pays). Nawaz Sharif avait
été renversé le 12 octobre lors d'un coup d'état
militaire sans effusion de sang et placé en détention.
La junte militaire cherche une assise populaire (Reuters, 1/11/99)
Le chef du nouveau régime militaire pakistanais, le général
Pervez Musharraf, a annoncé lundi qu'il envisageait d'organiser
un référendum pour donner à son gouvernement une assise
populaire et a souhaité le réglement du contentieux qui oppose
son pays à l'Inde, sur le Cachemire notamment. "C'est une demande
formulée par certains secteurs de la population. Je voudrais demander
au Conseil national de Sécurité (qui gère le pays
en attendant la mise en place d'un gouvernement de technocrates) si un
référendum ou un autre dispositif légal doit être
organisé", a déclaré Musharraf au cours de sa première
conférence de presse depuis le renversement le 12 octobre du gouvernement
démocratiquement élu de Nawaz Sharif. C'est également
la première fois que le chef d'état-major de l'armée
pakistanaise indique qu'il entend légitimer son pouvoir par le biais
des urnes. Durant ses 90 minutes d'intervention où il est apparu
détendu, Musharraf a établi la liste des priorités
de son gouvernement : améliorer "une économie plongée
dans le chaos total", punir les élites corrompues, rénover
les institutions, renforcer les liens entre
les quatre provinces et installer des bases de démocratie à
l'échelon local.
Pas de retour à la démocratie prévu
Toutefois, malgré les pressions exercées par les Etats-Unis,
le Commonwealth, l'Union européenne et le Japon, Musharraf n'a
annoncé aucun calendrier pour un retour à la démocratie.
Il s'est contenté de reconnaître qu'il s'agissait pour les
pays donateurs et les organismes financiers internationaux d'"un sujet
brûlant". Le chef de la junte militaire a également répété
qu'en matière de politique étrangère, il entendait
poursuivre la ligne du gouvernement déchu. Il a exprimé le
voeu de résoudre le contentieux entre le Pakistan et l'Inde tout
en avertissant New Delhi qu'il répondrait "à tout acte d'hostilité
par des actes d'hostilité". "Nous voulons une coexistence pacifique
avec tout le monde", a-t-il affirmé avant de préciser : "Nous
voulons résoudre tous nos problèmes, à savoir en premier
lieu la question du Cachemire". Durant l'été, les deux puissances
nucléaires ont été au bord d'un nouvel affrontement
à propos de la région himalayenne. L'Inde accusait le Pakistan
d'infiltrer des soldats dans la partie indienne du Cachemire mais Islamabad
assurait qu'il s'agissait de combattants indépendantistes. Les autorités
indiennes ont refusé le mois dernier de prendre au sérieux
les déclarations de Musharraf qui affirmait vouloir réduire
les effectifs militaires le long des frontières entre les deux frères
ennemis du sous-continent indien. "Nous répondrons aux actes d'hostilité
par des actes d'hostilité. J'assurerai l'honneur et la dignité
de ce pays. Personne ne peut nous menacer sans être menacé
à son tour", a-t-il averti.
Pakistan/Démocratie - Musharaff n'avance aucun calendrier
(Reuters,
29/10/99)
Le général Pervez Musharaff, qui a pris le pouvoir au
Pakistan par un coup d'Etat le 12 octobre, a déclaré vendredi
qu'il ne pouvait donner aucune assurance à une délégation
ministérielle du Commonwealth quant à la date à laquelle
le pays reviendrait à la démocratie. "Ma réponse a
consisté à dire qu'il m'est impossible d'avancer un calendrier
pour une certaine raison, et sans la moindre intention malveillante. La
raison étant que je dois me fixer certains objectifs et que je m'ajuste
à ces objectifs", a dit Musharaff aux journalistes après
des entretiens avec les quatre ministres des Affaires étrangères
du Commonwealth. Il s'agissait de la première rencontre entre le
chef de la junte pakistanaise et des journalistes occidentaux depuis le
coup de force qui a renversé le Premier ministre Nawaz Sharif. Musharaff
a dit s'être donné pour priorités la stabilisation
de l'économie, le renforcement de la Fédération pakistanaise
et la mise en oeuvre de "certaines réformes électorales":
"Tels sont donc mes objectifs prioritaires. Et je leur ai dit que j'aimerais
avoir un ordinateur (...) qui me donne un calendrier (pour le
retour à la démocratie). Comme un tel ordinateur n'existe
pas, je ne puis avancer de calendrier."
Musharaff a par ailleurs dit avoir autorisé les ministres du
Commonwealth à s'entretenir par téléphone avec Sharif,
mais non à le
rencontrer en tête à tête.
"Je ne les ai pas autorisés à le rencontrer. Je leur
ai permis de lui parler au téléphone en leur assurant que
je n'étais pas un homme vindicatif", a déclaré le
général Musharaff aux journalistes accompagnant la délégation.
Jeudi, les ministres du Commonwealth avaient exhorté la junte
à lui indiquer quand la démocratie serait rétablie
dans le pays. Leur
visite fait suite à une suspension temporaire du Pakistan du
Comonwealth et à des critiques émises à propos du
coup d'Etat
militaire par les Etats-Unis et l'Europe.
Pakistan - L'armée nomme des gouverneurs de province (Reuters,
21/10/99)
Les nouveaux dirigeants militaires du Pakistan ont nommé jeudi
trois officiers en retraite et un juge aux postes de gouverneurs de province
après le renversement du gouvernement central et des instances provinciales
lors du coup d'Etat du 12 octobre. Ces nominations sont les premières
annoncées depuis que le général Pervez Musharraf a
renversé le Premier ministre Nawaz Sharif, suspendu la constitution
et annoncé que l'armée ne gouvernerait que le temps nécessaire
à la mise à l'écart d'une élite corrompue.
Les nominations ont été annoncées par les médias
officiels après une réunion de responsables militaires, politiques
et financiers
présidée par Musharraf et consacrée à la
situation économique. Les nouveaux gouverneurs sont les généraux
Muhammad (Pendjab), Muhammad Azim Daudpota (Sindh) et Muhammad Shafiq (Frontière
du Nord-Ouest) ainsi que le juge Amirul Mulk Mengal (Balouchistan). Aux
termes de la constitution suspendue, les gouverneurs étaient nommés
par le gouvernement central et jouissaient de pouvoirs étendus en
qualité de représentants du parti au pouvoir et du Premier
ministre. Musharraf s'est abstenu de nommer à ces fonctions des
officiers d'active. Il a pris l'engagement de désigner à
la fois des représentants de l'armée et de la société
civile, ainsi que de favoriser une "démocratie réelle" en
assainissant les instances nationales. Les Etats-Unis et l'Union européenne,
déplorant que Musharraf n'ait pas précisé quand le
pays reviendrait à un système démocratique, ont menacé
de bloquer l'octroi de prêts du FMI à Islamabad jusqu'à
ce que soient satisfaites leurs exigences en matière de démocratie.
Le nouvel homme fort du Pakistan précise ses intentions (AP,
17/10/99)
Le nouvel homme fort du Pakistan, le général Pervaiz
Musharraf, lève enfin un coin du voile sur ses intentions. Quatre
jours après son coup d'Etat, il a annoncé dimanche le début
d'un retrait unilatéral des troupes pakistanaises de la frontière
indienne, avant d'assurer qu'il comptait à terme rétablir
la démocratie: ``L'armée n'a pas l'intention de rester au
pouvoir plus longtemps que nécessaire''. C'était la première
apparition télévisée du nouveau chef autoproclamé
de l'exécutif pakistanais depuis mardi, lorsqu'il a annoncé
le renversement du gouvernement civil de Nawaz Sharif. Le général
Musharraf a également annoncé la formation d'un Conseil national
de sécurité: composé d'officiers et d'experts, il
sera assisté d'un conseil consultatif restreint. Sur le dossier
du Cachemire, il s'est dit favorable à la reprise du dialogue avec
New Delhi en vue d'un règlement. Mais Islamabad continuera de soutenir
moralement, politiquement et diplomatiquement les séparatistes musulmans
du Cachemire indien, a-t-il souligné.
L'annonce du début d'une ``désescalade'' sur le Cachemire,
geste inattendu de la part de celui qui commanda les opérations
pakistanaises de l'été dans les montagnes du Cachemire
indien, vise à rassurer New Delhi. L'Inde avait en effet reçu
avec suspicion l'annonce de la prise du pouvoir par celui qu'elle considérait
comme un ``faucon'', artisan des plus violents combats de ces 30 dernières
années entre les deux pays et ordonné l'état d'alerte
maximale. Face à la communauté internationale au sens large,
le général Musharraf a également choisi de rassurer,
notamment sur le nucléaire. Le Pakistan est ``conscient des inquiétudes
internationales en matière de non-prolifération'', a-t-il
déclaré, affirmant que ``l'Inde et le Pakistan devaient faire
preuve de responsabilité et de la plus grande retenue'': Selon lui,
l'objectif d'Islamabad reste de promouvoir ``la paix et la stabilité
dans la région''. La communauté internationale, inquiète
de la récente escalade entre les deux voisins ennemis, devenus l'année
dernière puissances nucléaires, attendait les prises de position
du nouvel homme fort.
Le Pakistan respectera tous les engagements pris, a ajouté le
général, qui dit vouloir entretenir de bonnes relations avec
les
Etats-Unis, tout en donnant priorité au monde musulman pour
sa politique étrangère.
Affirmant que la loi martiale n'était pas en vigueur mais qu'il
s'agissait plutôt sous sa férule d'un ``autre chemin vers
la démocratie'', il a expliqué que la Constitution n'était
que suspendue.
Se présentant comme le ``Monsieur Propre'' du Pakistan pour
un discours principalement axé sur la situation intérieure,
il a réaffirmé sa volonté de lutter contre la corruption,
les détournements de fonds, dans un pays discrédité
par la gestion désastreuse de Nawaz Sharif, ainsi que de restaurer
une cohésion nationale érodée par les affrontements
inter-religieux.
``Nous sommes aujourd'hui dans un état où notre économie
s'est effondrée, notre crédibilité est perdue, nos
institutions sont à terre (...), des peuples qui hier étaient
frères aujourd'hui se sautent à la gorge. En résumé,
nous avons perdu notre honneur, notre dignité et le respect de la
communauté des nations''.
L'armée pakistanaise lance la chasse aux corrompus (AP,
16/10/99)
Les militaires pakistanais perquisitionnaient samedi dans les banques
et surveillaient les voyageurs dans les aéroports, le pouvoir issu
du coup d'Etat ayant fait de la lutte contre la corruption et le pillage
des ressources sa priorité et interdit aux hommes politiques de
quitter le pays. La recherche de biens illégalement détournés
est le premier acte du régime militaire depuis l'autoproclamation
de son chef, le général Pervaiz Musharraf à la tête
de l'exécutif. Ce dernier a annulé sans explication samedi
l'intervention au cours de laquelle il devait présenter ``un système
intérimaire efficace et impartial'' d'administration du pays. A
Lahore, la police a investi une usine sucrière appartenant au Premier
ministre renversé Nawaz Sharif, emportant des caisses de
documents et des chéquiers. Son gendre a été arrêté
et des documents appartenant à la famille saisis à son domicile.
Vendredi, l'armée avait ordonné le gel de centaines de comptes
bancaires appartenant à tous les hommes politiques du pays et leur
avait interdit de quitter le territoire. Les comptes de l'ancien Premier
ministre Benazir Bhutto ont également été gelés
alors qu'une dizaine de personnes, proches du Premier ministre renversé,
ont été arrêtées depuis le coup d'Etat.
Coup
d'Etat militaire(12/10/99)
Pakistan: coup de filet contre des extrémistes sunnites (AP,
8/10/99)
En dépit des menaces brandies par des groupes islamistes radicaux,
le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a fait procéder samedi
à l'arrestation de nombreux militants sunnites afin de lutter contre
la violence religieuse. ``Le gouvernement veut fermer les madrassas (écoles
religieuses) et affaiblir les partis religieux pour plaire aux américains'',
a réagi Tarik Mahmoud Madni, porte-parole du groupe extrémiste
Sipah-e-Shahaba Pakistan (SSP, Gardiens des amis du Prophète). Proche
des talibans afghans, ce dernier est accusé d'attentats contre la
communauté chiite, notamment à Karachi (sud). Le gouvernement
répond qu'il a de ``solides'' indices prouvant que les extrémistes
sunnites s'entraînent en Afghanistan. M. Sharif veut ainsi fermer
ces camps d'entraînement et l'a demandé plusieurs fois au
mollah Mohammed Omar, chef spirituel des talibans. Ces camps accueilleraient
aussi le Harakat-ul-Moudjahedine, placé par Washington sur sa liste
noire des groupes terroristes.
Asie - Les déséquilibres budgétaires aggravent
la pauvreté (Reuters, 14/9/99)
L'Inde et le Pakistan consacreront dans les dix ans qui viennent 15
milliards de dollars à leur arsenal militaire, ce qui suffirait
pour alimenter et éduquer plus de 37,5 millions d'enfants, premières
victimes de l'aggravation de la pauvreté dans le Sud-Est asiatique.
Selon le rapport de 1999 du Centre sur le développement humain basé
à Islamabad, les dépenses militaires de l'Inde et du Pakistan
ont augmenté respectivement de 14% et de 8,5% après l'escalade
nucléaire de l'an dernier entre les deux pays. Une augmentation
d'autant plus alarmante que le niveau de vie ne cesse de se dégrader
en Asie méridionale après une légère
amélioration ces deux dernières décennies. "Durant
les années 70 et les années 80, le taux de pauvreté
a baissé en Asie du Sud. (...) Cette tendance à la baisse
s'est ralentie, voire inversée dans tous les pays de la région,
à l'exception de l'Inde", note le rapport 1999 sur le Développement
humain en Asie du Sud, une étude publiée en collaboration
avec les Nations unies à Colombo, capitale du Sri Lanka. "La remise
en cause du développement humain en Asie du Sud, l'an dernier, est
intervenue sur fond d'accélération des changements politiques,
de catastrophes naturelles de grande ampleur, d'expansion nucléaire
et de ralentissement général de l'économie mondiale",
précise le rapport.
La corruption, fléau numéro un
"Les conséquences de ces événements laissent craindre
un appauvrissement de la région la plus défavorisée,
avec une aggravation des problèmes de nutrition, de santé,
et d'éducation". L'Asie du Sud, qui représente 23% de la
population mondiale, compte à elle seule plus de 40% des pauvres
de la planète. En Inde, où le taux de pauvreté a baissé
de 8% entre 1988 et 1993, 43% de la population reste touchée par
la grande pauvreté. "Les cas de pauvreté tels que le manque
d'accès à l'éducation, aux soins médicaux,
à l'emploi, aux infrastructures sanitaires et aux ressources ne
cessent d'augmenter dans tous les pays, à l'exception de l'Inde",
indique le rapport. Vingt pour cent des habitants d'Asie méridionale
détiennent près de 40% des richesses de la région,
alors que les vingt pour cent les plus pauvres en possèdent moins
de 10%. "Plus d'un sixième de la population de la région,
environ 200 millions de personnes, ne devrait pas dépasser les 40
ans", selon le rapport.
Quelque 100.000 enfants sont contraints de se prostituer quotidiennement
pour survivre.
Un mal, en particulier, ronge l'économie régionale:
la corruption.
"La corruption coûte à l'Asie du Sud des milliards de
dollars chaque année, les populations les plus pauvres étant
les premières
affectées". "Au Pakistan, la corruption représente 5%
du PNB, soit plus de 100 milliards de roupies par an".
Mme Benazir Bhutto à Londres pour faire campagne en faveur
de son mari (AFP, 20/5/99)
L'ancien Premier ministre pakistanais Benazir Bhutto a quitté
jeudi Dubai pour Londres, pour lancer une campagne en faveur de son mari
emprisonné, a-t-on appris dans son entourage. "Mme Bhutto
s'est rendue à Londres. Elle veut expliquer au monde entier ce qui
se passe et estime qu'elle pourra toucher un plus grand public à
partir de la Grande-Bretagne", a indiqué une source de l'entourage
de Mme Bhutto à Dubaï. L'ancien Premier ministre
pakistanais était arrivée le 28 avril à Dubaï,
où vivent sa mère et ses enfants, mais s'était abstenue
de faire des déclarations à la presse pour ne pas embarrasser
les autorités de l'émirat. Un proche de sa famille
avait indiqué mardi qu'elle craignait pour la vie de son mari, Asif
Ali Zardari, et qu'elle accusait la police pakistanaise d'avoir essayé
de le tuer. La police pakistanaise avait affirmé que
M. Zardari avait tenté de se suicider dans les locaux de la police
à Karachi (sud) et qu'il s'était blessé.
"C'est une histoire montée de toutes pièces", avait indiqué
le proche de la famille Bhutto. "Nous sommes en train de préparer
un dossier pour prouver que cela est une tentative de meurtre", a-t-il
ajouté. M. Zardari, hospitalisé mercredi à
Karachi, a nié avoir tenté de se suicider et a accusé
la police de l'avoir torturé, selon ses proches. Il
avait entamé lundi une grève de la faim après avoir
été interrogé par la police dans le cadre d'une enquête
sur un double meurtre. Le gouvernement pakistanais a rejeté
mercredi les accusations selon lesquelles M. Zardari aurait été
torturé et aurait été victime d'une tentative d'assassinat
par des policiers. M. Zardari est emprisonné depuis
la destitution en novembre 1996 pour corruption du gouvernement de Mme
Bhutto, dont il était le ministre des Investissements étrangers.
M. Zardari et Mme Bhutto ont été condamnés à
cinq ans de prison et à une amende de 8,6 millions de dollars le
15 avril par un tribunal anti-corruption pour avoir perçu des commissions
sur des contrats passés avec des firmes suisses. Ils ont tous deux
fait appel de leur condamnation. Les Etats-Unis ont exprimé
mercredi leur inquiétude devant les informations faisant état
de mauvais traitements en prison du mari de Mme Bhutto et ont réclamé
une enquête.
L'ordre d'arrestation de Mme Bhutto diffusé dans tout le Pakistan
(AFP,
22/4/99)
L'ordre d'arrestation de Mme Benazir Bhutto
a été transmis dans tout le pays après la condamnation
de l'ancien Premier ministre par un tribunal anti-corruption, a annoncé
l'agence officielle APP jeudi. Le tribunal anti-corruption de la Haute
Cour de justice de Lahore a envoyé les avis d'arrestation de Mme
Bhutto, qui se trouve actuellement à l'étranger, aux autorités
responsables des quatre provinces du pays, a ajouté APP. Mme Bhutto
et son mari, Asif Ali Zardari ont été condamnés le
15 avril à cinq ans d'emprisonnement chacun et à une amende
de 8,6 millions de dollars. En cas de non-paiement de l'amende, le tribunal
a autorisé la saisie de biens appartenant au couple d'un montant
égal à l'amende. Selon des sources proches du couple, leurs
avocats s'apprêtent à interjeter appel de ces condamnations
devant la Cour Suprême. Seule cette dernière peut ordonner
le sursis à exécution de l'arrestation. Mme Bhutto, qui est
chef de l'opposition à l'Assemblée Nationale, et M. Zardari
qui est sénateur, font aussi face à une procédure
de destitution de leurs mandats parlementaires. Mme Bhutto, depuis la destitution
de son gouvernement en novembre 1996, a toujours accusé son successeur
M. Nawaz Sharif de vouloir la chasser de la scène politique pakistanaise
par le biais judiciaire. Le gouvernement a rejeté ces accusations
en affirmant que la lutte contre la corruption a toujours été
transparente et impartiale. M. Zardari est en détention depuis la
destitution du gouvernernent de Mme Bhutto dont il était le ministre
des Investissements étrangers.
Benazir Bhutto dénonce sa condamnation, Nawaz Sharif applaudit
(AFP,
16/4/99)
L'ancien Premier ministre pakistanais Benazir
Bhutto condamnée à la prison pour corruption a dénoncé
vendredi une "parodie de justice" alors que son rival, l'actuel chef du
gouvernement Nawaz Sharif s'est félicité de ce verdict contre
des "brigands".
"C'est une grossière parodie de justice", a dit
Mme Bhutto dans une déclaration faite à Londres, où
elle se trouve, en réaction à sa condamnation jeudi, en même
temps que son mari le sénateur Asif Ali Zardari à 5 ans de
prison et à une amende de 8,6 millions de dollars.
"Ma condamnation et mon emprisonnement sont une étape vers une dictature
de M. Nawaz Sharif", a-t-elle ajouté en appelant "les dirigeants
des pays démocratiques" à prendre "toutes les mesures actives
pour s'assurer que l'Etat de droit soit maintenu au Pakistan".
De son coté, M. Sharif s'est félicité du verdict qui
a permis "pour la première fois" dans l'histoire du Pakistan qu'une
accusation de corruption contre les "pillards de la nation" soit prouvée.
Mme Bhutto et son mari sont accusés d'avoir reçu des millions
de dollars de commissions sur des contrats de l'Etat pakistanais avec des
firmes suisses. A Karachi, capitale du Sindh, la province
natale de Mme Bhutto, des milliers de militants du Parti du Peuple Pakistanais
(PPP) ont commencé vendredi à manifester dans les rues pour
leur présidente à vie. A cet égard,
la police et les troupes para-militaires ont renforcé les mesures
de sécurité dans la capitale économique du pays qui
est aussi le bastion politique de l'ancien Premier ministre.
Les partisans de Mme Bhutto ont appelé à une grève
générale samedi à Karachi contre laquelle le gouverneur
de la province le général à la retraite Moeenuddin
Haider a déclaré qu'il entendait utiliser "toute la machinerie
de l'Etat". La condamnation de Mme Bhutto pourrait la
priver de ses droits civiques et donc l'obliger à se retirer de
la vie politique. Mme Bhutto a été deux
fois Premier ministre en 1988-1990 et 1993-1996 et destituée, les
deux fois pour corruption, pour être remplacée à chaque
fois par M. Nawaz Sharif. Elle a toujours nié
les accusations formulées contre elle et accusé M. Sharif
de vouloir la chasser de la scène politique.
Les camps de travail forcé pour familles endettées
toujours actifs au Pakistan (AFP, 2/4/99)
Des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants sont toujours
détenus dans des camps de travail forcé "privés" au
Pakistan à l'instigation de propriétaires fonciers auprès
desquels ces familles se sont endettées, en dépit des mesures
destinées à mettre fin à de telles pratiques, selon
la Commission des droits de l'Homme du Pakistan.Les militants de cette
organisation humanitaire non-gouvernementale pakistanaise, le HRCP, expliquent
que les propriétaires fonciers "piègent" les familles pauvres
en leur proposant des prêts. Les emprunteurs illettrés doivent
ensuite payer des intérêts exorbitants qu'ils ne sont jamais
en mesure de rembourser.L'affaire est revenue sous les feux de l'actualité
la semaine dernière avec la libération de 60 travailleurs
d'un camp de la province du Sind (sud) où se trouvent la plupart
des camps de travail forcé qui subsistent. Des représentants
du HRCP ont affirmé avoir permis, avec l'aide des autorités,
la libération de 3.500 travailleurs au cours des quatre dernières
années dans cette région du Sind. Une loi de 1992 interdit
le travail forcé et punit de peines de prison et d'amendes ceux
qui ne s'y plieraient pas.Mais jusqu'ici, trois personnes seulement ont
été jugées pour avoir dirigé des camps de travail
forcé et elles ont toutes les trois bénéficié
du sursis, les procédures n'ayant toujours pas atteint leur terme.
En outre, depuis que le scandale est devenu public, les "féodaux"
ont changé de tactique et ont commencé à transférer
leurs "serfs" d'un camp à l'autre pour échapper aux contrôles,
démontrant au passage qu'ils se revendaient entre eux la main-d'oeuvre
forcée.Selon les autorités, les organisations humanitaires
exagèrent considérablement l'importance du problème.
"La situation a été caricaturée et exploitée
par des militants humanitaires et des hommes politiques", a déclaré
le coordinateur pour la justice et les droits de l'Homme auprès
du Premier ministre Nawaz Sharif, M. Nihal Hashmi."Il s'agit simplement
d'un conflit entre des travailleurs sous contrat et des seigneurs féodaux
et non d'une affaire de travail forcé", a-t-il dit, tout en précisant
que le gouvernement mettait en place une stratégie pour régler
le problème. Nasreen Shakeel Pathan, du HRCP, affirme pour sa part
que quelque 40.000 personnes sont détenues dans des "prisons privées"
et forcées de travailler dans des fermes du Sind ou des briqueteries
du Pendjab. "C'est un défi aux principes humanitaires. Nous devons
nous débarrasser de ces pratiques d'un autre âge", dit-elle.
Son collègue Naz Sehto insiste sur l'importance de l'assistance
aux "serfs" libérés. L'année dernière, une
homme de 50 ans, Laung Bhagat, s'est échappé d'un camp situé
à Umerkot, dans le Sind, et il a demandé de l'aide pour faire
également libérer les 23 membres de sa famille. Les militants
affirment avoir fait irruption à deux reprises dans le camp d'où
ils ont libéré plusieurs personnes sans trouver la moindre
trace de la famille recherchée."Ils m'on torturé ainsi que
mes enfants . Ils m'ont enchaîné comme un chien", a déclaré
M. Bhagat à l'AFP. "Nous travaillions comme des animaux, en échange
nous n'avions même pas un vrai repas par jour", ajoute-t-il. Il affirme
que les femmes et les enfants travaillaient dans les champs ou soignaient
le bétail, tandis que les jeunes filles étaient placées
comme employées de maison.Laung Bhagat vit maintenant dans une cabane,
comme la plupart des "esclaves" libérés, sur un lopin de
terre donné par une organisation catholique et il entreprend fréquemment
la tournée des bureaux pour tenter d'obtenir des nouvelles de sa
famille disparue. Shahnu Bheel, 25 ans , affirme pour sa part qu'il a passé
toute sa vie dans les champs d'un seigneur avant sa libération à
la faveur d'une opération de police dans le domaine. "J'y suis né,
j'ai vu ma mère travailler aux champs. Mais je ne veux pas que mon
fils continue", dit-il.
Pakistan-violence : Des milliers de personnes aux funérailles
des victimes d'un attentat (AFP, 5/1/99)
Pakistan-violence : Craintes d'un regain de violence après
le carnage anti-chiite de lundi (AFP, 5/1/99)
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l'attentat manqué contre le Premier ministre (AFP, 4/1/99)
Pakistan-violence : 14 personnes tuées lors d'une fusillade
dans une mosquée, selon un bilan officiel (AFP, 4/1/99)
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le passage du Premier ministre (AFP, 3/1/99)
Pakistan-Bhutto : Un tribunal autorise Benazir Bhutto à quitter
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(AFP, 29/12/98)
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graves à Karachi (AFP, 20/11/98)
L'instauration de la chariah au coeur du débat au Pakistan
(FINANCIAL TIMES par La Tribune,
19/11/98)
« La commission des droits de l'homme au Pakistan, important
organisme indépendant, a sévèrement critiqué
[mardi] le Premier ministre Nawaz Sharif qui a proposé un système
judiciaire islamique très controversé dans le pays,
et qui s'apparente à celui qui a été introduit par
les législateurs talibans en Afghanistan. Sharif a intensifié
ses efforts cette semaine pour gagner le soutien du Sénat, chambre
haute, à la nouvelle loi islamique [la chariah] qui a été
déjà approuvée par l'Assemblée nationale l'été
dernier. Mais Sharif appréhende de ne pas atteindre la majorité
requise des deux tiers au Sénat. La commission des droits de l'homme
au Pakistan a insisté sur le fait que « cette [loi islamique]
va apporter sans aucun doute la paix, la paix des cimetières. D'innombrables
innocents seront exécutés parce que suspicion et punition
risquent de se rejoindre avec une rapidité terrible ». »
Pakistan-Chrétiens : Neuf chrétiens égorgés
au Pakistan (AFP, 18/11/98)
Pakistan-Islam : Des milliers de manifestants en faveur de la charia
à Islamabad (AFP, 18/11/98)
Pakistan-Bhutto : Un tribunal pakistanais accuse Mme Bhutto et son
mari de corruption (AFP, 10/11/98) |