Scientifique
et Technique
Une fusée chinoise Longue Marche 3 lance un satellite météo
(Reuters, 27/6/2000)
La Chine mis sur orbite dimanche un satellite météorologique
Fengyun 2 grâce à un tir réussi d'une fusée
Longue Marche 3 de fabrication nationale, rapporte le quotidien du peuple.
Il s'agit du 13e tir du troisième modèle d'une Longue Marche
3 et du 61e depuis la première mise au point de la fusée
porteuse chinoise, qui, par le passé, a connu quelques déboires.
Les Chinois prêts à envoyer un homme dans l'espace,
selon un expert (AP, 10/6/2000)
La Chine est prête à envoyer des hommes dans l'espace,
et la mission pourrait même avoir lieu dès cette année,
selon le Quotidien de la jeunesse, qui cite le directeur de ce programme
de vol spatial habité, Wang Yongzhi. Après sept années
de travail, les ''cibles visées'' ont été atteintes,
dit-il, et les candidats au départ ont été choisis
parmi des pilotes de combat. En novembre dernier, la Chine avait lancé,
et récupéré avec succès, sa première
fusée, le Shenzhou, depuis son centre spatial entièrement
rénové de Jiuquan, dans le désert de Gobi.
Selon des experts occidentaux, c'est dès cette année
que Pékin pourrait envoyer en orbite ses premiers ''taïkonautes'',
nom des
spationautes en Chine. La Chine deviendrait ainsi le troisième
pays au monde à envoyer elle-même un humain dans l'espace.
Après avoir franchi cette ''étape historique'', poursuit
Wang, Pékin compte lancer et assembler des stations spatiales, pour
de
courtes missions dans un premier temps, puis plus élaborées.
La Chine a envoyé son premier satellite dans l'espace en 1970.
Son programme de vol spatial habité, le très secret ''Projet
921'',
s'est accéléré ces dernières années,
avec plus de fonds, l'aide des Russes et la volonté de ne pas être
à la traîne, expliquent les
experts occidentaux. Si le programme spatial a des objectifs de prestige
et de recherche scientifique, certains n'excluent pas que la Chine ait
aussi des objectifs militaires. Pékin n'a pas mis au point de satellites
espions et des responsables de sa hiérarchie militaire ont évoqué
la nécessité de développer des systèmes de
défense spatiale.
Naissance d'une société chinoise de lanceurs de fusée
(Reuters, 26/5/2000)
La Chine vient de créer une société chargée
de mettre au point et d'exporter des lance-fusées à combustible
solide qui pourront servir à lancer des satellites en orbite basse,
rapporte samedi le journal Economic Daily.
La Space Solid Fuel Rocket Carrier Co. Ltd se situera sur le même
créneau commercial qu'une petite poignée de sociétés
étrangères qui fabriquent et commercialisent ce type de lance-fusées,
précise le journal.
Ces fusées, très mobiles, peuvent être lancées
sans qu'il y ait besoin d'un pas de tir. Douze heures seulement sont nécessaires
pour les lancer dans l'espace.
La nouvelle société a été crée conjointement
par la China Space Machinery & Electronics Company et un institut gouvernemental
de recherche en matière de fusées.
"Les lance-fusées à combustible solide de fabrication
chinoise s'apprêtent à faire leur entrée sur le marché
international dans un avenir proche", prédit de son côté
l'agence officielle Chine nouvelle.
La Chine dissimule la conquête spatiale derrière sa
Grande Muraille (AFP, 28/5/2000)
D'immenses photos de la Grande Muraille de Chine sont tendues sur les
trois pavillons chinois de l'exposition universelle 2000. A l'intérieur,
les visiteurs ont rendez-vous avec la conquête spatiale.Dans un décor
à la Star Trek, ils sont invités à admirer les maquettes
de vaisseaux spatiaux, de navette ou de station orbitale. "Notre objectif
est de lier les paysages de la Chine traditionnelle et les nouvelles technologies",
explique l'architecte allemande du bâtiment, Britta Kerber.Après
la fermeture de l'Expo 2000, le 31 octobre, le bâtiment fait d'éléments
de béton préfabriqué sera remodelé pour devenir
une clinique de médecine traditionnelle chinoise dotée de
quatorze chambres, explique-t-elle.Les visiteurs entrent dans une sorte
de pagode chinoise stylisée et gravissent un escalier flanqué
de murs d'images qui conduira à une grande salle au sol vitré,
formant une sorte "d'autoroute de l'information".Des écrans tactiles
permettent de pêcher des informations supplémentaires sur
la Chine. Puis un dédale de couloirs aux décors de stations
spatiales dignes des séries télévisées des
années 70 conduit à une salle tournante où sont exposées
les maquettes de la conquête de l'espace.Les visiteurs rejoignent
ensuite un vaste hall où ils trouvent un temple de bois consacré
à l'acupuncture, une maquette du barrage des Trois Gorges, et une
présentation des efforts de reboisement de forêts de bambous.
Pour regagner la Chine traditionnelle, un cinéma sur 360 complète
l'ensemble.Un magasin de produits chinois et un restaurant referment le
circuit de la visite.
La Chine choisit Shanghai pour promouvoir internet (Reuters,
24/2/2000)
La Chine a retenu Shanghai pour accueillir un projet expérimental
destiné à rendre internet accessible au plus grand nombre
de ses 13 millions d'habitants, a annoncé jeudi le maire de la ville,
Xu Kuangdi. Si la grande cité de Chine méridionale souhaite
s'ouvrir sur le web, le comité des sages de la ville veut purger
internet des "choses malsaines", a-t-il précisé au cours
d'une conférence de presse. Le très puissant Conseil d'Etat
(gouvernement) a approuvé le choix de Shanghai pour accueillir un
projet
pilote prévoyant de combiner le réseau de télévision
câblée de la ville, son réseau de télécommunications
et internet pour créer une plate-forme unique à "large bande
passante", a souligné Xu. Il n'a pas fourni de date pour la mise
en place du projet, mais, de source autorisée, on fait savoir que
la ville entend accélérer le travail dès cette année.
"Nous voulons rendre internet universellement accessible aux citoyens qui
souhaitent l'utiliser. Nous souhaitons également réfléchir
au moyen d'empêcher la pollution du web par des choses malsaines",
a-t-il dit. "Nous avons remarqué que dans les pays où internet
est plus répandu, comme les Etats-Unis, il y a un petit nombre de
mauvaises gens qui utilisent internet pour violer la loi", a encore souligné
Xu. Selon des statistiques officielles, la Chine comptait sept millions
d'internautes fin 1999 sur une population de 1,25 milliards
d'habitants. Divers analystes du secteur prévoient que la Chine
aura 33 millions d'utilisateurs d'internet d'ici 2004.
Bogue informatique: Aucune anomalie en Chine (AFP, 3/1/2000)
Le travail a repris normalement lundi en Chine après le week-end
du Nouvel an, le pays franchissant apparemment avec succès une deuxième
"journée test" face au bogue informatique de l'an 2000. Aucun incident
n'était signalé, le téléphone, l'électricité
et les transports fonctionnant sans problème. "Tout va bien, aucun
incident particulier ne nous a été rapporté aujourd'hui",
a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère
des Industries de l'information. Après le passage sans encombre
du cap du 1er janvier à 00h00, les ordinateurs chinois devaient
encore relever le défi de lundi, lorsque des milliers d'employés
se sont assis derrière leur écran. Le bogue risquait d'apparaître
sur certains ordinateurs incapables de "lire" les deux derniers chiffres
de l'année, confondant "00" avec l'année 1900. L'inquiétude
était particulièrement forte dans les banques, où
des problèmes isolés ont été signalés
durant le week-end avec certains courriers électroniques et distributeurs
automatiques de billets. Malgré les assurances fournies ces dernières
semaines par les autorités qui ont estimé avoir fait tous
les tests nécessaires dans les secteurs sensibles, la Chine était
considérée comme un pays vulnérable par certains experts
étrangers. Une autre étape sera le 29 février. Certains
ordinateurs pourraient ne pas reconnaître l'an 2000 comme étant
une année bissextile car les changements de siècle ne sont
bissextiles que tous les 400 ans.
Social, Culture
et Religion
La prostitution s'affiche au grand jour en Chine (AFP, 25/6/2000)
Réapparue progressivement dans les années 80, la prostitution
est aujourd'hui omniprésente en Chine où les autorités
envisagent désormais publiquement la création de quartiers
spécialisés.Et même si le phénomène n'a
pas encore atteint les niveaux de certains pays d'Asie du sud-est, les
régions touristiques chinoises se font fort de rattraper le temps
perdu pendant la période maoïste, quand la prostitution avait
été pratiquement éradiquée, à coups
de slogans et de lourdes condamnations.C'est le cas de l'île méridionale
de Hainan où il est quasiment impossible aujourd'hui de passer la
nuit dans un hôtel sans être dérangé par les
coups de téléphone intempestifs des péripatéticiennes.
"Voulez-vous un massage" susurrent inlassablement des voix douces au
client masculin potentiel, sans même se laisser
décontenancer par une présence féminine dans la
chambre.Et lorsque le client excédé finit par ne plus répondre,
ou déconnecter son combiné, elles viennent tambouriner contre
sa porte en pleine nuit pour le relancer.Mais au delà des services
rendus dans les hôtels, avec la complicité passive des gérants,
les belles de nuit fleurissent dans les bars à karaoké, les
saunas, les salons de beauté et de coiffure, les restaurants, voire
carrément dans les rues.Le problème a pris une telle ampleur
que l'hebdomadaire officiel Beijing Review n'hésite pas, dans son
dernier numéro, à poser une question inimaginable il y a
encore quelques années : "la Chine a-t-elle besoin de quartiers
réservés (à la prostitution)" ?
Les partisans d'une telle mesure avancent la possibilité d'engranger
de nouvelles recettes fiscales, de lutter contre la corruption ou
encore de mieux contrôler les maladies vénériennes
qui ont littéralement explosé au cours des dernières
années.Mais ses opposants, note l'hebdomadaire de langue anglaise,
"craignent qu'elle n'accélère la dégradation morale
et aille à l'encontre
des valeurs traditionnelles".
Bien qu'il reste officiellement hors la loi, le plus vieux métier
du monde attire désormais des adolescentes de plus en plus jeunes,
notamment dans les régions rurales, mais également dans
les grandes métropoles où le fossé entre riches et
pauvres ne cesse de
s'accroître.Les sanctions encourues sont aujourd'hui minimes,
les amendes ne dépassant pas 5.000 yuans (600 USD) et les peines
allantjusqu'à deux ans de rééducation par le travail
au maximum.Peu de chiffres sont disponibles, mais selon des estimations
policières établies en 1996 à partir du nombre des
prostituées interpellées - 420.000 en un an -, leur nombre
s'élevait déjà à au moins 4 millions.Selon
l'agence Chine nouvelle, quelque 18 millions de jeunes femmes d'une vingtaine
d'années, faisant partie des quelque 150 millions de migrants qui
ont déserté la campagne ces dernières années
à la recherche d'un niveau de vie plus élevé, sont
des cibles idéales pour l'industrie du sexe.
"Il s'agit d'un sujet sensible, mais le gouvernement n'a pas l'intention
de légaliser la prostitution" assure un responsable du ministère
de la Santé, tout en reconnaissant que de nombreux cadres, tant
civils que militaires rendent régulièrement visite à
des prostituées.Les réseaux organisés, souvent infiltrés
par la mafia, bénéficient de protections diverses, notamment
policières, lorsque les réseaux ne sont pas directement pris
en charge par des fonctionnaires locaux, selon des articles parus dans
la presse officielle.Quant à la clientèle, elle réunit
désormais des catégories de plus en plus larges: à
en croire des plaintes relayées par les journaux, elle inclut des
adolescents de 16 à 17 ans qui, selon leurs parents, n'hésitent
pas à dépenser plusieurs milliers de yuans pour obtenir le
service de "masseuses" professionnelles.
Les Chinois découvrent la rue pour défendre leurs droits
(AFP, 15/6/2000)
Onze ans après la répression sanglante du mouvement pro-démocratique
de Tiananmen, un nombre croissant de Chinois, confrontés à
des problèmes sociaux grandissants, on trouvé une façon
de faire entendre leurs récriminations: la manifestation spontanée.Qu'il
s'agisse d'investisseurs floués, d'ouvriers au chômage, de
citadins expropriés, privés d'eau, d'électricité
ou d'école, voire des paysans protestant contre la corruption et
les impôts, il ne passe pas un jour sans que soit signalé
un rassemblement intempestif devant un site gouvernemental.
"Je suis venue pour protester contre le non versement de ma pension
de retraite" explique Mme Zhou, une retraitée de 65 ans,
devant le ministère des affaires civiles, au milieu d'un petit
groupe d'une dizaine de plaignants."Il y a des petites manifestations de
ce type pratiquement tous les jours", commente un commerçant du
quartier.
Juste avant l'anniversaire de la répression du 4 juin 1989,
plusieurs centaines de Pékinois étaient descendus dans la
rue pour
protester contre leur expropriation, tandis que les étudiants
de la célèbre Université de Pékin obtenaient
après 48 heures d'agitation
le droit d'organiser une cérémonie funéraire en
hommage à une étudiante assassinée. Plus récemment,
des parents ont bloqué l'accès à une école
réputée du centre de Pékin pendant plusieurs jours
afin de protester contre la fermeture de 4 classes. Dans les régions
en crise, telles le nord-est, les manifestations peuvent parfois devenir
violentes: en février, plus de 20.000 mineurs se sont affrontés
avec la police pendant trois jours dans la province du Liaoning pour protester
contre la fermeture de leur mine.Le mois dernier, 5.000 métallurgistes
sont descendus dans les rues de Liaoyang pour protester contre le non-paiement
de leurs salaires depuis plus d'un an.
"Le gouvernement est placé devant un dilemme: ces gens n'ont
aucune motivation politique (...) et des arrestations ne peuvent
qu'envenimer les choses" commente Frank Lu, le responsable du centre
d'Information sur les droits de l'homme et la démocratie.
Malgré un nombre croissant de manifestations -plus de 100.000
l'an dernier, soit une hausse de 70% par rapport à 1998, selon des
informations obtenues par M. Lu- les autorités n'ont pas modifié
leur attitude: les simples manifestants sont incités à rentrer
chez
eux, parfois moyennant la distribution de billets de 100 yuans (12
dollars), tandis que les meneurs sont interpellés, voire condamnés
à de lourdes peines pour "subversion".
C'est le cas de tous ceux qui se mettent en avant, qu'il s'agisse de
défendre les ouvriers ou l'environnement, sans compter la secte
Falungong, accusée d'avoir voulu renverser le régime
communiste, après avoir défié les autorités
en organisant une manifestation
monstre de 10.000 personnes l'an dernier à Pékin."Les
autorités tolèrent les manifestations spontanées dès
lors que celles-ci ne mettent pas en cause le régime, mais c'est
un cercle vicieux: moins les gens sont sanctionnés, plus ils deviennent
téméraires", relève le sinologue Joseph Cheng, de
la City University de Hong Kong.
Selon Jean-François Huchet, un chercheur travaillant pour le
Centre d'Etudes françaises sur la Chine contemporaine, "le régime
continue à contrôler encore relativement bien la situation
dans le monde ouvrier grâce aux organisations du parti, comme la
fédération des femmes ou les syndicats qui distribuent
les aides aux licenciés et aux chomeurs".Mais avec l'entrée
prévue de la Chine à l'Organisation Mondiale du commerce,
combinée à une corruption endémique et à l'aggravation
du fossé entre les riches et les pauvres, la situation pourrait
rapidement devenir explosive."L'instabilité risque de s'accroître
à moins que la croissance ne reparte et que les autorités
en profitent pour établir un système général
de protection sociale" ajoute M. Cheng.
Les autorités de Pékin se préparent à
nommer de nouveaux évêques (AFP, 5/5/2000)
L'Association patriotique des catholiques chinois se prépare
à nommer de nouveaux évêques, illégitimes aux
yeux du Vatican et du pape, a indiqué vendredi à l'AFP le
père Bernardo Cervellera, directeur de l'agence vaticane Fides.
Selon ce dernier, cette décision se heurterait à
une forte resistance au sein de l'Eglise catholique officielle, dont de
nombreux évêques, prêtres et fidèles cherchent
à rétablir la communion avec le pape.
Mercredi dernier, le cardinal Jozef Tomko, chef de la Congrégation
pour l'Evangélisation, a réaffirmé la "légitimité"
des évêques catholiques désignés par le pape
par rapport aux évêques "patriotiques", contrôlés
par le gouvernement de Pékin.
"Aucun pouvoir humain ne peut prétendre changer la constitution
de l'Eglise catholique", a déclaré le prélat slovaque
lors d'une messe célébrée à Radio Vatican à
l'occasion de l'anniversaire de ses 50 ans d'émission vers la Chine.
Il a souligné que si personne ne pouvait changer cette
constitution de l'Eglise, cette dernière "ne veut pas à son
tour remplacer le pouvoir politique ni s'ingérer dans son domaine".
Pékin a toujours accusé le Vatican d'ingérence
dans les affaires intérieures de la Chine, en nommant notamment
les évêques du pays.
"Seuls les évêques unis au successeur de Pierre
(NLRD: le pape) sont les pasteurs légitimes de l'Eglise catholique
dans le monde entier et aucune autorité, institution ou association
ne peut s'arroger cette fonction", a affirmé le cardinal Tomko.
Les deux premiers évêques "autonomes" ont été
nommés par Pékin en 1958, un an après la naissance
à Shanghaï de l'Association patriotique des catholiques chinois.
Trois nouveaux évêques "illégitimes" ont été
ordonnés à Pékin en janvier dernier. Il y a actuellement
70 évêques "officiels" contre 60 pour l'"Eglise du silence",
liée au Vatican.
Deux Eglises catholiques coexistent en Chine, l'une officielle,
qui a fait allégeance au autorités chinoises, compte environ
4 millions de fidèles et ne reconnaît pas l'autorité
du pape, et l'autre clandestine, fidèle au Vatican, qui passe pour
compter quelque 10 millions de membres.
Des livres anciens très rares retournent en Chine (AFP,
29/4/2000)
PEKIN, 29 avr (AFP) - Une collection de livres anciens très
rares, certains datant du VIe siècle, a été vendue
à la Chine par une famille américaine d'origine chinoise
qui conservait secrètement ces livres depuis 150 ans, a annoncé
samedi l'agence Chine nouvelle.
Les 542 livres ont été remis vendredi à
la bibliothèque de Shanghaï à la suite d'un accord conclu
par leur propriétaire, Weng Wange, qui les a vendus au gouvernement
municipal de Shanghaï pour une somme de plusieurs millions de dollars,
selon l'agence.
"De nombreux livres de la collection Weng sont des trésors
d'Etat qui n'ont jamais été vus dans des bibliothèques
dans le monde", a indiqué Ji Shuying, expert en livres anciens,
cité par l'agence.
Les livres, y compris plusieurs premières éditions,
contiennent par exemple des poèmes de Han Yu, poète fameux
sous la dynastie Tang (618-907), des conseils à l'empereur ou des
cartes anciennes.
Cette collection est également considérée
comme la plus importante somme de livres datant de la dynastie Qing (1644-1911)
emportée à l'étranger.
Six générations de la famille Weng ont pris part
à leur conservation.
La collection a débuté avec Weng Xincun, haut-dignitaire
à la cour pendant la dynastie Qing. Son fils, Weng Tonghe, a ensuite
accumulé la plus grande partie de cette collection alors qu'il était
précepteur de l'empereur Guangxu dans les années 1800.
Weng Wange, fils de l'arrière petit-fils de Weng Tonhe,
a hérité de cette collection qu'il a emportée avec
lui aux Etats-Unis où il a émigré dans les années
1940 pour fuir la guerre sino-japonaise.
Après deux ans de négociations, la firme China
Guardian Auctions a obtenu l'accord de Weng Wange à la fin de l'année
1999 pour mettre cette collection aux enchères et la rapatrier en
Chine.
Le livre le plus précieux de cette collection est l'édition
complète originale de l'oeuvre de Ji Yun, soit huit volumes datant
de la dynastie Song (960-1279) dont la valeur est considérée
comme inestimable par les linguistes chinois.
Ces huit volumes font partie des 79 livres de la collection totale
qui sont les seules copies au monde, selon Qi Gong, président du
Comité national pour l'authentification et la préservation
des biens culturels.
La diaspora, moteur du décollage économique
chinois de la fin du siècle (Le Monde, 15/3/2000)
Pékin a su tirer avantage d'un pays immatériel
fort de 30 à 50 millions de personnes
par Francis Deron
L'AMÉRIQUE du Nord, l'Europe de l'Ouest, le
Japon et l'Australie – ainsi que Taïwan – sont confrontés à
une vague d'arrivées clandestines de Chinois généralement
originaires des provinces côtières, exportatrices de main-d'œuvre
depuis une dizaine de siècles. Les autorités de Pékin
reconnaissent à présent que le phénomène a
pris des proportions préoccupantes : Le Quotidien du peuple, organe
du Parti communiste, a concédé en janvier que la police avait
arrêté près d'un millier de passeurs de migrants clandestins
en 1999 et intercepté une dizaine de milliers de candidats à
l'expatriation illégale – probablement une goutte d'eau dans l'océan.
Pendant des siècles, les autorités
chinoises ont fortement découragé l'émigration. Les
liens sentimentaux très denses des Chinois envers leur terre natale
rendaient le départ pour l'étranger significatif d'un malaise
social profond. De fait, les vagues d'émigration ayant donné
naissance à une diaspora – qui a essaimé d'abord en Asie
– se sont produites principalement à des époques où
le pouvoir impérial se trouvait en difficulté et perdait
son autorité. S'il était besoin d'aller faire fortune à
l'étranger, c'est bien qu'il n'y avait pas moyen d'y parvenir au
pays-même.
Quand Mao prit le pouvoir, en 1949, il lança
un vibrant appel aux « Chinois d'outre-mer » à rentrer
au pays afin de mettre leurs talents au service du nouveau régime.
Ceux – nombreux – qui le firent eurent par la suite de bonnes raisons de
le regretter…
Depuis vingt ans, le gouvernement chinois
a compris l'avantage qu'il pouvait tirer des ressources de ce véritable
pays immatériel qu'est la diaspora chinoise, forte de 30 à
50 millions de personnes, travailleuses, parfois fortunées et aptes
à maîtriser les mécanismes économiques modernes.
Ce sont eux, plus que les investisseurs étrangers, qui ont été
le moteur du décollage économique chinois du dernier quart
du XX e siècle. Dans les années 1990, Taïwanais, Hongkongais
et Chinois d'outre-mer détenaient les deux tiers des investissements
extérieurs sur le continent. Cela explique l'ambivalence de Pékin
devant l'explosion de l'émigration clandestine.
Le gouvernement admet qu'il est en partie de sa
responsabilité de juguler cette émigration, mais en blâme
aussi les gouvernements occidentaux auxquels il reproche d'alimenter le
phénomène en accordant à une partie des migrants un
droit d'asile politique. Un mauvais procès : s'il est vrai que les
demandes d'asile politique en Occident de la part de sans-papiers chinois
connaissent une forte hausse, il est tout aussi avéré que
les gouvernements occidentaux ont, depuis plusieurs années, freiné
des quatre fers devant l'utilisation manifeste, par les candidats à
l'installation, de cette procédure expéditive pour acquérir
un droit de séjour.
CHANGEMENT D'ATTITUDE
Ces migrants économiques citent, pour
appuyer leur demande, la répression politique, les campagnes contre
les Eglises clandestines et les sectes, ainsi que d'autres motifs de mécontentement
moral, mais il est clair que les réseaux qu'ils empruntent pour
se rendre dans les pays riches participent d'opérations qui n'ont
rien à voir avec la fuite des activistes prodémocratiques
ayant suscité, après le drame de Tiananmen, en 1989, la compassion
des opinions publiques occidentales.
Car, en dépit des postures réprobatrices
qu'il affecte, le gouvernement chinois, dans les faits, ferme les yeux
sur une certaine émigration clandestine à laquelle participent
ses propres agents. Il en coûte 80 000 à 120 000 francs à
un candidat à l'exil pour réaliser son rêve de départ,
avec un paiement initial au passeur d'environ 20 % pour le convaincre d'arranger
les choses auprès des fonctionnaires corrompus des autorités
locales. Dans tous les cas, notent les spécialistes de ces questions,
c'est à un certain asservissement économique que l'opération
donne lieu, l'individu et sa famille perdant une grande partie de leur
liberté socio-économique du seul fait du caractère
clandestin de ce départ.
On a noté, ces derniers temps, un net
changement d'attitude de la part des représentants de la Chine dans
les pays occidentaux envers ces communautés chinoises d'exilés
qui sont parvenues à s'y implanter. Alors que les ambassades de
Pékin entretenaient peu de relations avec elles autrefois, les soupçonnant
d'être des nids d'opposition politique, elles semblent beaucoup mieux
disposées à leur égard désormais et les encouragent
à régulariser leur situation, à prospérer dans
la mesure des possibilités et à garder à l'esprit
le souvenir de leur mère patrie afin d'éventuellement y retourner,
sous passeport étranger, et d'y investir le fruit de leur labeur.
Cela ne concerne évidemment qu'une portion infime des asservis clandestins,
dont une bonne partie sont condamnés à végéter
dans la précarité. Ce risque n'est pourtant que rarement
pris en compte au départ, comme en témoigne la crédulité
avec laquelle sont accueillies les assurances des réseaux quant
à l'avenir qu'ils promettent à leurs « clients »
: vagues amnisties promises à l'occasion d'une élection américaine
ou, à Sydney, des Jeux olympiques, perspectives ronflantes d'intégration
au pays d'accueil sur le modèle de quelques réussites individuelles
de Chinois qui s'y sont effectivement enrichis… Tout est bon pour faire
fonctionner ce flux migratoire que les Chinois appellent « le Dragon
» et dont les passeurs sont les « têtes » souterraines.
Les nouvelles routes de l'émigration clandestine
chinoise (Le Monde, 15/3/2000)
Par l'intermédiaire de "passeurs",
les candidats à l'exil venus du continent arrivent par dizaines
de milliers en Asie, en Amérique du Nord ou en France, au bout d'un
voyage ruineux et dangereux. Ils y sont ensuite durement exploités.
Des fonctionnaires de Pékin participent parfois à ces réseaux
WENZHOU (Chine de l'Est) de notre envoyé
spécial Frédéric Bobin
Wen Mei s'était moulée de turquoise.
Ses joues était fardées et ses lèvres scintillaient
de rose. Du bout des doigts, elle tenait un mouchoir rouge, le mouchoir
des danses chinoises qui, une fois tournoyant au-dessus des têtes,
festonne l'air de pétales. Ce jour-là, Wen Mei s'apprêtait
à entrer en scène sur le tréteau de son école
de Pingyang, dans la lointaine banlieue de Wenzhou. C'était en 1997.
Juste avant la grande aventure de son départ pour la France.
Les parents de l'adolescente cherchent leurs mots
en feuilletant, l'œil humide, l'album de photos. Ils pèsent chaque
formule. L'immigration des gens de Wenzhou en France est un sujet sensible,
délicat. Par quelle filière la jeune fille est-elle sortie
de Chine ? Les parents « ne savent pas ». Ils évoquent
un « long trajet ». Ils sont avares de détails sur l'escale
de Canton, où Wen Mei a récupéré un faux passeport
(à la date de naissance trafiquée pour la rajeunir) puis
sur son passage au Vietnam, où elle a été arrêtée
par la police, puis relâchée. Ils taisent aussi son transit
par la Hongrie, puis par l'Allemagne, avant son arrivée en France.
Le « passeur » a réclamé 120 000 renminbi (environ
86 000 francs) pour l'ensemble du périple. Wen Mei était
également munie de 2 000 dollars et chargée de bijoux. Lorsqu'elle
a débarqué à Paris, il ne lui restait quasiment plus
rien : il avait encore fallu « payer » en cours de route.
ELLE OU LUI
Pourquoi Wen Mei a-t-elle quitté Pingyang
? Ses parents sont plutôt aisés. La mère n'est qu'une
simple employée d'hôpital, mais le père est un prospère
petit patron routier. L'appartement est spacieux, plaqué de boiseries
rutilantes. Wen Mei n'est pas une émigrée de la faim. Alors,
pourquoi cet exil ? « Elle voulait voir du pays, répond la
mère. Elle était curieuse de tout. »
Est-ce si sûr ? Les parents l'ont vivement
incitée à s'intéresser à la France. Le fond
de l'affaire, c'est que le couple avait un deuxième enfant – en
violation de la politique de l'« enfant unique » en vigueur
en Chine. Agé de huit ans, le garçon vivait clandestinement
chez des cousins de la province du Fujian. Les parents se languissaient
de cette séparation imposée. Un jour, ils ont voulu ramener
le fils auprès d'eux. Mais l'affaire était impossible tant
que Wen Mei vivait à Pingyang. Ainsi est né le projet de
l'envoyer à Paris : il y a là-bas des oncles et tantes qui
tiennent un atelier de maroquinerie. Ils l'hébergeront. Depuis le
départ de Wen Mei, le petit frère vit au domicile parental.
Il a obtenu le précieux hukou (certificat de résidence) de
Pingyang. Ce qui signifie que Wen Mei a disparu des registres administratifs.
Car c'était elle ou lui.
Les parents ne chuchotent que des demi-vérités.
Ils se félicitent que Wen Mei se plaît, là-bas, en
France. « Elle trouve que l'environnement n'est pas pollué
comme en Chine et que les gens sont polis. » Ce qu'ils passent sous
silence, c'est que la gamine a failli craquer à de multiples reprises
quand elle a découvert ce qui l'attendait dans le microcosme chinois
de Paris : au sortir de l'école, elle doit faire le ménage
et la cuisine chez sa tante, puis travailler à l'atelier de maroquinerie,
y compris le week-end. Elle est grossièrement exploitée.
Elle dort sur une couverture étalée sur le carreau de la
cuisine. La pesanteur clanique est si forte qu'elle n'a que peu d'amis
parisiens. Ses progrès en français sont médiocres.
Elle n'est qu'une petite clandestine, mais une clandestine totale. Elle
n'existe pas encore en France. Elle n'existe plus en Chine.
CERCLES CONCENTRIQUES
Wen Mei s'est trouvée happée
à son insu dans un flux migratoire privilégié entre
la Chine et la France. Ce flux prend sa source à Wenzhou, bourgade
côtière de la province du Zhejiang, une région dont
le génie artisanal et commerçant est réputé
dans la Chine entière. Wenzhou a l'âme capitaliste – les gardes
rouges le lui firent payer cher durant la Révolution culturelle
– et voue à Pékin une hautaine indifférence : la ville
est le paradis de l'initiative libérale où prospèrent
tailleurs, maroquiniers, lunetiers et fabricants de briquets. L'aéroport
a été financé en partie par ce capital privé.
On trouve même des fonds taïwanais dans le chemin de fer, un
cas unique en Chine.
La permanence de ce flux d'émigration peut
sembler étonnante, voire paradoxale, au regard de l'opulence qui
règne aujourd'hui à Wenzhou après vingt ans de réforme
économique chinoise. La ville est riche. Les passants sont habillés
à la dernière mode européenne. Dans les boutiques
de l'avenue centrale, des pull-overs Lacoste coûtant 1 600 renminbi
(1 200 francs) s'arrachent sans mal.
Alors, pourquoi partir ? « Le courant migratoire
se renouvelle », explique la spécialiste ayant enquêté
sur Wenzhou. Deux nouvelles couches apparaissent. D'abord, les ruraux de
la lointaine périphérie, notamment les villages des montagnes,
qui eux n'ont pas encore été touchés par l'enrichissement
du centre-ville. Comme si le « réservoir » des candidats
se réalimentait par le jeu de cercles concentriques autour du foyer
initial. Ensuite, et c'est le plus troublant, l'âge moyen de émigrants
tend à s'abaisser : les adolescents sont de plus en plus nombreux.
Une des raisons de l'émergence de cette
nouvelle catégorie tient à la réputation des universités
françaises qui, croit-on, sont faciles d'accès alors qu'en
Chine la concurrence est impitoyable. Wen Mei ne marchait pas très
fort à l'école. Ses parents se sont dit qu'elle décrocherait
aisément un diplôme à Paris. Mais sa carrière
académique est mal partie : elle est piégée dans son
atelier de maroquinerie.
Arrestation en Chine de 600 dirigeants d'une secte (AP, 4/3/2000)
Les autorités chinoises ont arrêté au moins 600
responsables d'une secte qu'ils ont qualifiée de ``culte diabolique'',
similaire au mouvement spirituel interdit Falun Gong, a affirmé
samedi un groupe de défense des droits de l'homme. Le gouvernement
chinois surveillait depuis octobre les membres de la secte Zhong Gong,
selon le Centre d'information sur les droits de l'homme et le mouvement
démocratique, basé à Hong Kong. Une centaine de centres
Zhong Gong ont également été fermés. Comme
Falun Gong, Zhong Gong a attiré de très nombreux disciples,
dont de hauts responsables gouvernementaux. Les deux groupes enseignent
des exercices de relaxation connus sous le nom de qigong, censés
assurer une bonne santé. Selon le Centre d'information sur les droits
de l'homme, Zhong Gong a été fondé en 1988 et a 20
millions de disciples. Parallèlement, la police a rapidement interpellé
samedi une dizaine de membres de Falun Gong qui avaient pris une position
de méditation place Tienanmen. Ces arrestations interviennent à
la veille de l'ouverture dimanche de la session annuelle du Congrès
populaire national.
Le suicide, une arme à portée de main en Chine (AFP,
22/2/2000)
Le recours trop facile au suicide dans les campagnes chinoises donne
à la Chine l'un des taux de suicide les plus élevés
du monde, comme vient de le rappeler la mort spectaculaire d'un paysan
sur la place Tiananmen à Pékin. Li Xiangshan a mis fin à
ses jours la semaine dernière en faisant sauter une bombe sur la
place symbole du régime chinois. La police a expliqué qu'il
s'agissait d'un "malade mental" qui s'était déjà plaint
à plusieurs reprises de l'administration fiscale. La presse chinoise
se fait régulièrement l'écho de suicides à
la bombe, particulièrement dans les campagnes, où le taux
de suicide est trois fois supérieur aux villes, et où les
explosifs sont utilisés anarchiquement pour les travaux agricoles.
Mais leur impact est négligeable par rapport aux insecticides, qui
interviennent dans 80% à 90% des tentatives en zone rurale, souligne
le Dr Michael Phillips, un psychiatre canadien à la tête d'un
projet de recherche sur le suicide à l'hôpital Huilongguan
de Pékin. "Les bouteilles d'insecticides sont gardées au
réfrigérateur dans pratiquement chaque foyer rural. Les agriculteurs
les utilisent pour leurs cultures", explique le chercheur, qui tente de
convaincre les autorités de mieux contrôler la circulation
des pesticides. Sans les insecticides, un grand nombre de suicides "réussis"
ne seraient que des tentatives ratées survenant après une
dispute conjugale.
"D'après des entretiens que nous avons eus avec des femmes qui
ont tenté de se suicider, il ressort que dans plus de 30% des cas,
elles se sont décidées en 10 minutes", explique le Dr Phillips.
Une fois ingurgité, le liquide peut provoquer la mort en moins d'une
heure. "Mais souvent, le médecin de campagne ne sait pas quoi faire.
Il préfère attendre si le patient n'a pas l'air d'aller trop
mal. Quand on l'envoie le lendemain à l'hôpital, il est trop
tard". Selon des chiffres de l'Organisation Mondiale de la Santé
(OMS), la Chine a enregistré 413.000 suicides en 1998, soit 4,44%
des décès de l'année.
Rapporté à la population, ce taux extrapolé par
l'OMS à partir de statistiques chinoises ressort à 33 pour
100.000 habitants, trois
fois la moyenne mondiale. Les dernières statistiques officielles,
qui remontent à 1994, font état d'un taux de 22 pour 100.000.
"Des cas de suicide rapportés par la presse chinoise suggèrent,
sans certitude, que ces taux élevés sont liés aux
changements
sociaux qui ont accompagné les réformes économiques",
avance le Dr Phillips, tout en soulignant que les évolutions sont
difficiles à cerner en l'absence de statistiques fiables avant 1990.
Depuis la fin des années 1970, les réformes et l'ouverture
du pays ont vu l'émergence de phénomènes jadis quasi
impensables
comme l'adultère, le divorce et la drogue, qui peuvent avoir
stimulé le taux de suicide, tout comme la disparition progressive
de l'Etat providence et le creusement de l'écart entre riches et
pauvres.
La Chine se signale par un taux anormalement élevé de
suicide féminin: 56% des femmes qui se sont suicidées dans
le monde en
1990 étaient chinoises, alors que le pays ne représente
"que" 22% de la population mondiale.
La Chine est le seul pays à signaler à l'OMS un plus
grand nombre de suicides féminins que masculins. En Occident, les
hommes sont trois fois plus nombreux que les femmes à mettre fin
à leurs jours. Selon le Dr Phillips, les autorités ont pris
conscience du problème, devenu "moins sensible", comme le montre
l'apparition de téléphones rouges ouverts aux désespérés.
Fin mars, l'OMS et le ministère de la Santé doivent discuter
d'un programme national de prévention. Restera à convaincre
des millions de jeunes femmes que "la vie est précieuse et qu'il
existe d'autres moyens de résoudre ses problèmes", reconnaît-il.
"Dans certains villages, le suicide est socialement presque normalisé".
Pas de répit dans la destruction du vieux Pékin
(AFP, 11/2/2000)
Pour faire place au grand opéra qui va être construit
par l'architecte français Paul Andreu, Li Baoming se prépare
sans enthousiasme à quitter sa petite maison traditionnelle du centre
de Pékin, où il vit depuis plus de 30 ans. "Je n'ai guère
le choix", explique Li, un retraité d'une soixantaine d'années,
qui vit à deux pas de l'austère Palais du peuple, le siège
de l'Assemblée nationale, à l'endroit même où
d'ici deux à trois ans devrait s'élever un gigantesque opéra.Après
16 mois de délibérations, le président chinois Jiang
Zemin a tranché l'été dernier en faveur du projet
Andreu prévoyant la construction d'une bulle ultra-moderne recouverte
de titane et entourée d'un plan d'eau.Pour permettre aux travaux
de débuter comme prévu le 1er avril, Li et les quelque 200
familles qui vivent encore sur le site devront déménager
très prochainement, sans savoir encore exactement ni où ni
comment.
"On nous a dit qu'on devrait être partis avant le 1er mai" explique
Li qui vit avec son épouse dans une cour carrée aux murs
gris
foncé, construite il y a une centaine d'années dans le
style traditionnel pékinois, avec trois autres familles. Pour quitter
son logement de plain-pied, Li s'est vu offrir 6.500 yuans par m2, soit
près de 90.000 yuans, un dédommagement nettement supérieur
à ceux généralement proposés aux victimes de
la spéculation immobilière qui frappe Pékin depuis
le début des années 90. Après les bouleversements
des années 50, notamment la destruction des murs d'enceinte de la
capitale et la construction de la
gigantesque place Tiananmen, la situation s'était figée
dans les années 60 à 80, conduisant les gens à se
serrer dans leurs cours
traditionnelles.
"Les autorités nous disent désormais que les cours carrées
sont sales, sans confort et qu'il ne reste plus qu'à les démolir,
mais
elles sont responsables de n'avoir rien fait pendant des années
pour les remettre en état" commente Hu Jie, un employé d'hôtel
qui
a a entrepris de défendre les intérêts des propriétaires
expulsés arbitrairement. Selon Hua Xinmin, une militante française
d'origine chinoise qui défend le vieux Pékin, près
de la moitié des 3.000 hutong (ruelles) existant dans la capitale
en 1949 ont disparu pour laisser la place à de luxueux immeubles
de bureaux. La destruction des vieux quartiers d'une ville devenue capitale
d'empire au 13ème siècle s'est accélérée
au milieu des années 90, lorsque les prix de l'immobilier ont commencé
à flamber.
Aucune statistique n'a pu être obtenue de source officielle,
mais selon des estimations fournies par Hua, 70.000 familles auraient au
total été chassées de leurs maisons du centre de Pékin
ces dernières années et envoyées dans de lointaines
banlieues, souvent mal desservies en transports et équipements sociaux.Face
à des promoteurs entretenant d'étroites relations avec une
administration omnipotente et pratiquement jamais contestée par
les tribunaux, les expulsés ont peu de poids.Sur un millier de procès
intentés par des Pékinois spoliés, pratiquement aucun
n'a abouti à une décision en leur faveur, selon Hua. Malgré
les appels à la retenue de plusieurs architectes et intellectuels,
seuls quelques rares quartiers, situés dans les environs immédiats
de la Cité interdite, devraient être épargnés
par les démolisseurs.Mais même dans ces quartiers, protection
de l'héritage culturel ne rime pas forcément avec restauration.
"On ne pourra pas construire d'immeubles, mais on pourra parfaitement reconstruire
des cours carrées de fond en comble, en faisant partir la population
actuelle", note Zhang Lin, un autre militant du patrimoine urbain.
L'agence vaticane dénonce une vague de répression contre
l'église en Chine (AFP, 31/1/2000)
L'agence vaticane Fides a dénoncé lundi une vague de
répression contre l'église catholique clandestine en Chine,
en évoquant des dizaines d'arrestations et de disparitions de prêtres
ces derniers mois."Des dizaines de prêtres de l'église catholique
clandestine ont été enlevés par la police au cours
des derniers mois;au moins six évêques non reconnus par le
gouvernement ont +disparu+, certains depuis plus de trois ans, d'autres
depuis des mois: tous ont subi des pressions pour accepter le contrôle
de l'Association patriotique chinoise (NDLR:église catholique officielle)",
affirme l'agence vaticane.
"Ces mêmes pressions sont exercées à l'égard
de familles de chrétiens clandestins: leurs fils sont exclus des
écoles et leurs
églises sont détruites", ajoute Fides."Selon des personnalités
de l'église de Hong Kong, le gouvernement est en train de mettre
en oeuvre les directives contenues dans un document secret (NDLR: publié
par Fides en août dernier) qui prévoyait l'intégration
de l'Eglise clandestine dans l'Association patriotique, ou son élimination".
Fides a réalisé une "carte de la persécution au cours
des derniers mois" en Chine. Les informations obtenues par Fides sont la
"confirmation de l'enlèvement en octobre dernier dans le diocèse
de Yantai (Shandong,est) de l'abbé Jean Gao Kexian, âgé
de 72 ans" et la destruction de 13 églises en 1999 dans le seul
diocèse de Fuzhou (Fujian, sud-est) et de cinq autres églises
à Wenzhou (Zhejiang), a indiqué à l'AFP le directeur
de l'agence, le père Bernardo Cervellera.Fides évoque également,
citant l'agence catholique Ucan à Hong Kong, une série de
pressions et violences dont ont été victimes en novembre
dernier des prêtres et des catholiques dans le diocèse de
Wenzhou. L'évêque de ce diocèse, Jacques David Lin
Xili, 80 ans, a disparu en septembre dernier à Shanghai.L'agence
vaticane rappelle que selon la Kung Fondation, installée à
Stanford, au Connecticut, (Etats-Unis), l'évêque clandestin
de Yongnian, Mgr Jean Ilan Dingxiang, 63 ans, a été arrêté
en novembre dernier et que trois prêtres et un laïc ont été
arrêtés au cours de l'année dernière. Elle rappelle
également que trois autres évêques sont portés
disparus, deux depuis 1966, et un depuis le mois d'août dernier.
L'église catholique en Chine
Deux églises catholiques coexistent en Chine, l'une officielle,
qui a fait allégeance au Parti communiste, compte environ 4 millions
de fidèles, selon Pékin, et ne reconnaît pas l'autorité
du pape, et l'autre clandestine, fidèle au Vatican, qui passe pour
compter
quelque 10 millions de membres.
L'adoption des petites Chinoises par des étrangers en plein
essor (AFP, 30/1/00)
La Chine, confrontée à une multiplication des abandons
de petites filles, est en train de s'imposer comme l'un des principaux
viviers d'adoptions à l'échelon international tout en maintenant
pudiquement le voile sur ce sujet sensible. "Nous sommes tellement heureux,
cela faisait trois ans que nous attendions" explique une jeune Néerlandaise,
exhibant fièrement Fujian, une petite fille de huit mois, originaire
d'une province pauvre, qu'elle vient juste d'adopter. "L'argent ne compte
pas" ajoute-t-elle. Elle fait partie d'un groupe d'une vingtaine de Néerlandais
venus à Pékin dans le cadre d'un "séjour d'adoption"
mis en place par des agences de voyages chinoises spécialement habilitées
par les autorités. Pour ne pas être accusées de sacrifier
la dignité nationale à des Occidentaux fortunés, les
autorités ont mis en place en 1996 un système d'adoption
totalement contrôlé par un Centre chinois pour les affaires
d'adoption (CCAA), mais dont les préoccupations financières
sont loin d'être absentes. Le "séjour d'adoption", d'une durée
moyenne de 10 à 15 jours, avec le déplacement en province
pour aller chercher l'enfant, peut à lui seul atteindre 3.000 à
4.000 dollars. A cette somme vient s'ajouter une série impressionnante
de frais - droits d'enregistrement, frais de notaire, de traduction, certificats
divers, visas - sans compter le "don" obligatoire à l'orphelinat,
de l'ordre de 3.000 à 5.000 dollars. Selon plusieurs agences d'adoption
étrangères, le coût moyen d'un bébé chinois
pour des étrangers non résidant en Chine, varie
entre 13.000 et 24.000 dollars. Interrogés à Pékin,
plusieurs parents adoptants se sont montrés peu réticents
à fournir des détails, reconnaissant avoir été
mis en garde contre la curiosité des médias. "L'adoption
est un sujet sensible en Chine" relève pour sa part un document
sur l'adoption en Chine diffusé sur le site internet du département
d'Etat américain. Une publicité excessive, ajoute le document,
"pourrait réduire ou éliminer complètement l'adoption
d'enfants chinois par les ressortissants de pays ayant attiré l'attention
de l'opinion publique" sur le sujet. Le CCAA se refuse à fournir
toute statistique sur les adoptions, mais le quotidien de langue anglaise
China Daily a fait état en juin de 21.000 enfants adoptés
par des étrangers depuis le milieu des années 90. Selon des
sources diplomatiques, quelque 5.800 enfants - à 99% des filles,
en raion de la politique de l'enfant unique - ont été adoptés
en 1998 par des étrangers, un nombre en augmentation régulière
depuis le début des années 1990. Les Etats-Unis viennent
largement en tête, avec 4.174 adoptions au cours de l'année
fiscale 1999 (s'achevant le 30 septembre), contre 4.192 en 1998 et 3.553
en 1997, selon des chiffres fournis par le consulat des Etats-Unis à
Canton. Ils sont suivis par le Canada, avec environ 800 adoptions en 1998,
les Pays-Bas et l'Espagne (environ 200 chacun), devant le Danemark, la
Suède, la Grande-Bretagne, la Belgique et la Norvège. "L'adoption
étrangère constitue une part encore modeste mais significative
de l'ensemble des adoptions" note Mark Hereward, du bureau de l'UNICEF
à Pékin qui relève que les garçons, beaucoup
moins nombreux à être abandonnés dans une société
qui met l'accent sur la descendance mâle, trouvent plus facilement
des parents adoptifs en Chine même. La législation a été
modifiée l'an dernier pour faciliter l'adoption par des Chinois,
mais les petites filles restent très majoritaires dans les 152 orphelinats.
Aucune statistique n'est disponible sur le nombre total d'enfants abandonnés,
une partie importante d'entre eux étant placés dans les 42.000
"instituts de protection sociale" qui récupèrent les pauvres
et les nécessiteux, tous âges confondus.
Le raidissement chinois contre les religions,
par Francis Deron (Le Monde, 21/1/2000)
Il serait vain de tenter d'établir une hiérarchie
des nouvelles préoccupantes provenant de Chine en ce tournant de
siècle à propos des libertés fondamentales des individus,
à commencer par celle du culte.
La priorité doit-elle aller à la poursuite
d'une politique erronée au Tibet, que laisse deviner l'arrivée
récente en Inde du jeune karmapa tibétain, fuyant sa patrie
sous contrôle chinois ? Ou à la consécration de cinq
évêques catholiques par l'Etat à Pékin, sans
approbation du Vatican, gifle à ceux qui, autour du pape, s'efforcent
de rouvrir la Chine à la chrétienté romaine ? A l'arrestation,
dès les premières heures de l'an 2000, de chrétiens
n'ayant pour seule ambition que se rassembler pour prier hors des canaux
autorisés ? Aux tracas - pour ne pas dire plus - infligés
aux missionnaires chrétiens sud-coréens qui cherchent à
porter assistance aux milliers de personnes ayant fui la famine au nord
de la péninsule et qui, parvenus du côté chinois de
la frontière, se trouvent dans un « trou noir » de la
diplomatie du fait que Pékin leur dénie le statut de réfugiés
?
Ou bien aux avertissements d'un dignitaire du régime,
Ismail Amat, un musulman rallié qui entend représenter les
ethnies de l'extrême ouest islamisé de la Chine populaire,
contre des « forces hostiles de l'étranger » qui
utiliseraient la religion afin de déstabiliser le pays ? Ou encore
à la campagne de répression à l'encontre de la secte
mystique Fa Lun Gong, déclarée « hérétique
» par le dernier grand régime marxiste-léniniste de
la planète ?
La question religieuse semble, ces temps-ci, poser
un sérieux problème à Pékin. Le fait qu'elle
se manifeste de manière répétée par des informations
sur des personnes arrêtées, des congrégations fermées,
ou par des rodomontades gouvernementales traduit à tout le moins
une nervosité des autorités chinoises qui contredit l'assurance
qu'elles affichent.
Cette question religieuse a été, voici
un demi-siècle, brouillée par le prisme idéologique
qui conditionnait la création de la République populaire
dans le carcan de la guerre froide.
La sévère répression antireligieuse
des années 50, dirigée contre toutes les formes de croyances,
a pris l'allure d'une croisade du matérialisme scientifique voulant
éradiquer les superstitions de toutes sortes - hormis celle qu'il
recréait en même temps, centrée autour de l'adulation
du chef fondateur, Mao Zedong.
Le réalisme revenu au pouvoir à la
mort de celui-ci, l'ère de l'ouverture, soit les vingt-cinq dernières
années, fit que la pratique d'une foi religieuse n'est plus considérée
en Chine comme totalement incompatible avec la docilité qui est
exigée de tout sujet de la République populaire.
La politique religieuse chinoise de nos jours est
dictée par cette conviction exprimée sans ambage dans un
Livre blanc, publié en 1997 par le gouvernement chinois, selon lequel
« la religion doit être adaptée à
la société où elle évolue ». Selon
ce texte, « le peuple chinois est en train d'édifier en
Chine un pays socialiste moderne original auquel la religion doit s'adapter.
Cette adaptation demande aux citoyens non pas d'abandonner leur croyance
religieuse et d'en modifier les doctrines fondamentales, mais de pratiquer
leur religion dans la légalité pour accompagner le développement
de la société et les progrès de la civilisation ».
Soit, sachant que la « légalité » est du seul
ressort des tenants du pouvoir : l'athéisme n'est pas immédiatement
prescrit, mais l'assujetissement du spirituel au temporel demeure une loi
historique devant mener à l'abolition des croyances religieuses.
Dès lors, la limite est très floue entre l'allégeance
qui est demandée aux croyants envers le gouvernement au nom de la
loi socialiste et la répression pure et simple, parfois brutale,
de toute activité religieuse qui n'a pas l'heur de plaire à
des autorités politiques dont les priorités n'ont, en fait,
rien à voir avec la spiritualité.
ENCADREMENT SOCIAL
Or, entre-temps, un schisme s'est formé entre
les dirigeants du pays et les pratiquants des diverses confessions : taoïsme,
bouddhisme, islam, christianisme. Après le choc terrible de la révolution
culturelle dans les années 60, les religions se sont reconstituées,
dans une bonne mesure, hors du champ social administré par le gouvernement
communiste. Elles composent avec lui dans la stricte mesure où cela
peut leur garantir une certaine autonomie. Le gouvernement, pour sa part,
a laissé faire, en partant du principe que les clergés fournissaient
un minimum d'encadrement social qu'il n'était plus toujours en mesure
d'assurer lui-même, surtout dans les campagnes.
La Constitution (papier programmatique plutôt
que loi fondamentale, qui est régulièrement remodelé
en fonction des aléas de la politique) garantit à chaque
ressortissant le droit de « pratiquer ou de ne pas pratiquer »
une religion, à condition de conformer son éventuelle
pratique à des normes fixées par l'Etat, qui entend conserver
le contrôle absolu des hiérarchies confessionnelles.
LES CONTORSIONS DU RÉGIME
C'est mieux que rien, et c'est moins que satisfaisant,
tant l'équation demeure dans le domaine politique. Car si le politique
n'est jamais très éloigné du religieux, c'est particulièrement
vrai en Chine, où les Saint-Barthélemy et édits de
Nantes révoqués parsèment l'histoire depuis des siècles,
expressions épisodiques de sursauts du pouvoir face à des
dérives confessionnelles souvent perçues comme des intrusions
intolérables de cultures étrangères. «
les affaires religieuses et les groupements religieux ne sont pas assujettis
au contrôle étranger », proclame le
Livre blanc cité plus haut. Et d'énumérer les épisodes
de l'histoire qui, à partir de 1840, ont mêlé les missionnaires
chrétiens occidentaux à l'assujettissement semi-colonial
de la Chine et qui ont justifié ce « choix historique »
de la non-allégeance externe.
Ainsi, les contorsions qui permettent aujourd'hui
au régime chinois de prétendre présider à des
choix purement spirituels, comme la désignation de dignitaires religieux
(tibétains, chrétiens ou autres), s'expliquent-elles d'abord
par ses perceptions en matière de rapports de force et de souveraineté.
Le fait que le dix-septième karmapa se soit enfui avec l'évidente
complicité de la hiérarchie de son monastère, alors
qu'il était à l'origine un élément du clergé
tibétain choisi par Pékin (avec l'aval du dalaï-lama
exilé), est vécu par la direction chinoise comme d'autant
plus humiliant que c'est la deuxième fois qu'elle subit pareil revers
politique au « royaume des neiges ».
Le dixième panchen-lama, mort en 1989, que
Pékin avait un temps cru avoir détaché du dalaï-lama
à l'heure de la répression la plus sévère au
Tibet, s'était révélé un élément
discrètement mais fermement rétif à l'assimilation
: auteur, dès 1962, d'un pamphlet long de 70 000 mots en chinois
qui passe pour la plus sérieuse critique jamais formulée
au sein de l'administration chinoise à l'encontre de sa politique
envers les minorités ethniques, il s'en tint à ces vues après
quatorze ans de prison jusqu'à l'heure de s'éteindre. Mais
ce personnage avait toujours pris soin d'enrober ses attaques de marques
d'allégeance à l'endroit de la suzeraineté chinoise
sur le Tibet, ce qui contraignit Pékin à composer avec lui
de manière à conserver un fer au feu dans la marmite tibétaine.
Le rapport de forces dicte également la conduite
de Pékin envers le Vatican, dans la mesure où celui-ci est
soupçonné de vouloir maintenir des relations avec Taïwan
tout en s'ouvrant au continent : ces rapports sont un atout clé
de l'île pour conserver son autonomie politique par rapport à
Pékin. Dans ce contexte, la consécration d'évêques
catholiques chinois par le gouvernement chinois sont pour lui une manière
de rappeler ses exigences diplomatique au moins autant qu'un rappel à
l'ordre intérieur.
L'ERREUR DES ÉTATS-UNIS
Car cette dimension intérieure existe aussi
à l'heure où, en Chine, tout un chacun sait que le «
communisme » n'est plus qu'une façade. Le montre le phénomène
spectaculaire qu'est l'éclosion à grande échelle de
la secte Fa Lun Gong et d'autres mouvements mystiques du même ordre,
ancrés dans la tradition chinoise, qui signalent un mal d'être
profond devant les mutations sociales occasionnées par l'ouverture
économique et le repli du « tout-Etat » socialiste.
Pour autant, les Occidentaux, à juste titre inquiets du raidissement
des autorités chinoises devant les phénomènes religieux,
feraient sans doute une erreur en plaçant - comme le font les Etats-Unis
- sur un même plan d'indignation les atteintes à la liberté
de culte dont souffrent les fidèles des religions établies
en Chine et les mesures prises à l'encontre des sectes mystiques
par le gouvernement de Pékin. Les premiers ne vont en rien contre
l'ouverture de la Chine telle qu'elle s'est produite, à un rythme
soutenu, depuis vingt-cinq ans. Ils en sont, en fait, les accompagnateurs
meurtris. Les sectes, en revanche, sont l'expression d'une hostilité
viscérale à toute influence culturelle extérieure,
en dépit du fait que l'un ou l'autre de leurs gourous se servent
d'Internet pour propager leur discours.
UNE INQUISITION TOTALITAIRE
Car à tout mélanger, on risquerait
de passer à côté de ce qui, en Chine, est encore aujourd'hui
au moins autant scandaleux que la répression antireligieuse : le
fait que, après un demi-siècle de dictature communiste, aucune
recherche sérieuse ne soit encore possible sur les conséquences
humaines de ce règne-là, ses cohortes de victimes, les misères
qu'il a engendrées.
Depuis le 7 août 1999, un Chinois américanisé,
Song Yongyi, chercheur à Dickinson College, en Pennsylvanie, est
emprisonné en Chine pour avoir tenté de rassembler de vieux
journaux et autres matériaux écrits relatifs à la
révolution culturelle, son sujet d'études. Il ne recherchait
pas des documents secrets (encore que tout soit secret en pareil régime),
mais des matériaux historiques publics sur ce qui constitue une
des grandes tragédies du XXe siècle. Le sujet est hautement
sensible en Chine, le pays étant dirigé par des hommes qui
refusent de remettre en question le passé dont ils sont issus. Les
pétitions abondent pour la libération de M. Song, coupable
de peu de chose si ce n'est d'avoir, de son côté, voulu creuser
les mystères de cette inquisition-là.
La Chine annonce l'intronisation d'un nouveau "Bouddha vivant" (AFP,
17/1/2000)
En annonçant l'intronisation d'un nouveau "bouddha vivant" de
premier plan au Tibet, la Chine s'efforce de sauver la face après
la fuite de l'un des principaux dignitaires religieux tibétains
en Inde. L'annonce est intervenue sous la forme d'une brève dépêche
dimanche de l'agence officielle Chine nouvelle faisant état de l'intronisation
dimanche d'un garçonnet de 2 ans comme 7ème réincarnation
du Rimpotché (lama réincarné) du monastère
de Reting, au nord de Lhassa. Selon l'agence, le nouveau "Bouddha vivant",
Soinam Puncog, est né dans la région de Lhari (nord de Lhassa)
le 13 octobre 1997. La cérémonie d'intronisation du nouveau
Rimpotché, dont la légitimité est contestée
par le Dalaï Lama - le principal chef religieux tibétain qui
vit en exil en Inde - s'est déroulée dans le temple du Johkang
à Lhassa, en présence des principales autorités de
la ville et de la région autonome du Tibet. Chine nouvelle a pris
la peine de souligner que le vice-président de la région
autonome avait "présenté un certificat officiel du
gouvernement régional approuvant le 7ème Reting", présenté
comme "l'une des figures les plus importantes du bouddhisme
tibétain". L'agence a également fait allusion à
la "tradition patriotique" de ses prédecesseurs. Son prédécesseur
immédiat, le 6ème Rimpotché de Reting, décèdé
en 1997, avait été une figure du Tibet pro-communiste, ce
qui ne l'avait pas empêché d'être persécuté
pendant la révolution culturelle (1966-76). Mais son prédécesseur
le plus célébre, le 5ème Rimpotché de Reting,
avait joué un rôle de premier plan au Tibet après le
décès du 13ème dalai lama en 1933, lorsqu'il avait
été désigné comme régent pour administrer
le pays en attendant l'intronisation de l'actuel dalai Lama en 1940. Il
avait également servi de professeur au dalai lama, avant d'être
arrêté en 1947 par le gouvernement tibétain pour "collusion"
avec la Chine. Il était mort un mois plus tard en prison, quatre
ans avant l'arrivée des troupes chinoises au Tibet. L'intronisation
du 7ème Reting survient alors que le 17ème Karmapa, seul
grand dirigeant religieux tibétain reconnu à la fois par
Pékin et le Dalaï Lama, a créé la surprise en
arrivant en Inde début janvier après avoir fui la Chine.
Sa fuite a provoqué un vif embarras à Pékin où
l'on assure qu'il est parti se procurer des instruments de musique traditionnels
et n'a pas formellement fait défection. Les Tibétains en
exil redoutent que la Chine, encore sous le coup de cette fuite, puisse
utiliser à l'avenir le Rimpotché de Reting pour "légitimer"
le choix d'un successeur au Dalaï Lama actuel, en arguant de la précédente
régence. Dès avant l'intronisation de dimanche, le gouvernement
en
exil du Dalaï Lama, basé à Dharamsala en Inde, avait
contesté la légitimité du 7ème Rimpotché,
soulignant que le Dalaï Lama n'avait été à aucun
moment informé des recherches et que toute réincarnation
devait nécessairement être "approuvée" par lui. "La
tradition et la foi veulent que sa Sainteté le dalai lama reconnaisse
et approuve tous les lamas importants au Tibet", avait déclaré
jeudi à l'AFP Thubten Samphel, le secrétaire du département
de l'information et des relations internationales du gouvernement tibétain
en exil. La Chine comptait sur le Karmapa pour accréditer l'idée
d'une version "patriotique" du bouddhisme tibétain, n'hésitant
pas à mettre en avant ce jeune homme de 14 ans pour contrecarrer
l'influence du dalai Lama, dénoncé comme un dangereux "séparatiste".
Le conflit autour de la légitimité des lamas avait déjà
conduit à la désignation en 1995 de deux panchen lamas (le
deuxième personnage du bouddhisme lamaiste) distincts, l'un par
Pékin et l'autre par le dalai lama.
Les candidats à l'immigration aveuglés par le rêve
américain (AFP, 12/1/2000)
Le chômage et une bonne dose d'illusions sur l'Occident poussent
de plus en plus de Chinois à se risquer dans un conteneur pour traverser
le Pacifique, dans l'espoir d'une vie facile aux Etats-Unis."Cela vaut
la peine quand on pense à l'argent. Si l'on est pris, on peut toujours
essayer de repartir", explique un candidat au départ interrogé
dans la province du Fujian (sud-est), le principal réservoir de
l'immigration chinoise."Il est inutile de vouloir rester en Chine. On ne
peut pas gagner un sou ici", ajoute l'homme du nom de Chen. "Il n'y a pas
assez de travail", explique-t-il. L'annonce de l'arrestation de nombreux
clandestins à leur arrivée aux Etats-Unis a commencé
à se répandre lentement au Fujian, mais sans décourager
les immigrés potentiels qui n'hésitent plus à se cacher
dans un conteneur pour traverser l'océan -- une méthode qui
vient de coûter la vie à trois d'entre eux. Mais M. Chen,
30 ans, ne craint pas le séjour en mer si cela peut lui permettre
d'espérer plus que les 300 yuans (36 dollars) qu'il gagne au mieux
chaque mois avec des emplois précaires sur des chantiers de construction.
Accessoirement, immigrer offre une échappatoire à la
politique de l'enfant unique imposée depuis 20 ans par le gouvernement
chinois pour lutter contre la surpopulation. "Je veux absolument avoir
avoir un fils. Ma femme vient juste d'accoucher d'une fille et maintenant
ils veulent l'opérer", explique-t-il, en référence
aux stérilisations pratiquées dans les hôpitaux chinois.
"Alors que si je vais aux Etats-Unis, je peux avoir la carte verte (permis
de séjour) et déposer une demande pour faire venir ma femme",
espère-t-il. Les arrestations et les rapatriements de dizaines de
clandestins chinois annoncés ces derniers jours aux Etats-Unis n'entament
en rien le rêve américain de nombreux candidats à l'exil,
qui comptent sur l'indulgence de la politique d'immigration de l'Oncle
Sam. Une jeune femme qui a envisagé de faire la grande traversée
s'étonne que Washington rapatrie chaque année des centaines
de clandestins. "Vous voulez dire qu'ils ne font pas d'exceptions?", demande-t-elle.
"C'est vraiment dommage: ces gens-là ont eu la vie tellement difficile,
ils se sont endettés auprès de leurs amis afin de payer leur
passage et ont dû endurer le voyage", ajoute-t-elle. La jeune
femme se rassure en pensant que "si l'on a déjà de la famille
sur place, ils peuvent payer la caution pour vous libérer et prendre
en charge votre séjour".
Les "têtes de serpent", passeurs clandestins qui organisent les
réseaux d'immigration, réclament en moyenne 30.000 dollars
pour
acheminer un exilé de l'autre côté du Pacifique.
Moins d'un vingtième de la somme est payable avant le départ,
le reste devant être versé aux Etats-Unis, une fois que le
nouvel immigré a commencé à gagner de l'argent. La
jeune femme a fait le choix de rester en Chine pour s'occuper de son enfant
qu'elle ne peut laisser seul. "Mais beaucoup d'hommes prennent le risque
parce qu'il est trop difficile de trouver du travail", explique-t-elle,
ajoutant que la réforme des entreprises d'Etat s'est traduite par
la fermeture de milliers d'usines et d'innombrables licenciements dans
toute la Chine depuis deux ans.
Pour Mark Canning, porte-parole du consulat des Etats-Unis à
Canton (sud), la majorité des clandestins sont des jeunes hommes
âgés de 16 à 26 ans. Selon lui, l'une des clés
de la lutte contre l'immigration clandestine est d'avertir la population
des risques encourus. "Nous avons beaucoup de travail à faire pour
éliminer les malentendus à l'égard de la politique
américaine", reconnaît-il.
La Chine dément vendre des organes provenant de prisonniers
exécutés (AP, 12/1/2000)
La Chine a démenti mercredi de nouvelles accusations selon lesquelles
elle se livrerait à un trafic d'organes dans les prisons du pays.
Un journal de Hong Kong, le ``South China Morning Post'', avait notamment
affirmé dimanche dernier qu'un hôpital universitaire de Guangzhou
(sud) effectuait ainsi des transplantations avec des foies prélevés
sur des cadavres de prisonniers exécutés. L'agence officielle
Chine nouvelle a démenti ces informations affirmant que l'établissement
n'avait jamais acquis d'organes de détenus ``en attente de leur
exécution'' et qu'il utilisait seulement des foies provenant de
dons. Toutefois, l'agence ne parle pas explicitement du prélèvement
d'organes sur des condamnés à mort après leur exécution.
L'Eglise catholique chinoise défie le Vatican (AP, 6/1/2000)
Regain de tension entre le Vatican et Pékin. Le même jour
de l'ordination par Jean Paul II jeudi de 12 évêques en la
basilique Saint-Pierre, l'Eglise catholique officielle chinoise a défié
Rome en ordonnant ses propres évêques sans l'aval du pape.
Le Vatican a dénoncé un pas en arrière de Pékin
alors que de récents signes laissaient espérer un réchauffement
des relations. Les
deux Etats n'ont plus de lien diplomatique formel depuis 1951, lorsque
le pouvoir chinois a chassé les missionnaires de Rome et
contraint les catholiques du pays à rompre l'allégeance
au Saint-Siège. ``Ce geste élèvera des obstacles qui
gêneront certainement le processus'' de rapprochement, avait averti
mardi le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls. Le pape a respecté
la tradition en célébrant la cérémonie d'ordination
le jour de l'Epiphanie. Les nouveaux prélats sont originaires des
Etats-Unis, de Hongrie, d'Angola, d'Inde, d'Italie, de Pologne et de Roumanie
et se verront confier des charges en Amérique
latine, Afrique, Europe, au Vatican et à Cheyenne au Wyoming.
Dans son homélie à la basilique Saint-Pierre, Jean Paul II
n'a pas fait allusion aux ordinations de l'Eglise chinoise intervenues
quelques heures plus tôt. Il a déclaré aux futurs évêques,
allongés face contre terre sur le tapis rouge devant l'autel en
signe de loyauté, qu'ils représentaient la nature universelle
de l'Eglise. ``Autour de vous, en fait, se réunissent idéalement
les fidèles de plusieurs parties du monde, vers qui vous êtes
envoyés comme successeurs des apôtres'', leur a dit le pape.
Un peu plus tôt, l'Eglise catholique officielle chinoise, contrôlée
par le régime et qui ne reconnaît pas l'autorité papale,
a ordonné cinq évêques chinois dans la cathédrale
sud de Pékin. Le vice-secrétaire de l'''Association patriotique
des catholiques chinois'', Liu Bainian, nie tout lien entre les deux cérémonies,
affirmant que la nomination des évêques chinois répond
seulement ``aux besoins de nos diocèses''. Ce n'est pas la première
fois que l'Eglise chinoise ordonne des évêques, toutefois
la concomitance des cérémonies donne bien l'impression que
Pékin a voulu infliger un camouflet au Vatican. L'un des prélats
ordonnés, âgé de 76 ans, prendra en charge l'une des
paroisses les plus actives et ``turbulentes'' à Baoding, dans
l'est du pays. Il y a quelques années, la police y avait détruit
un temple dédié à la Vierge Marie. Un groupe de défense
des
catholiques basé hors du pays avait rapporté dans cette
ville des cas d'arrestation et de tortures de fidèles clandestins
l'an dernier. La Chine dit vouloir améliorer ses relations avec
le Vatican mais pose ses conditions: le Saint-Siège doit pour cela
rompre ses liens avec Taïwan, reconnaître la souveraineté
de Pékin sur l'île et ``ne pas interférer dans les
affaires internes (de la Chine)'', déclare le porte-parole du ministère
chinois des Affaires étrangères, Zhu Bangzao. ``Ordonner
des évêques est une affaire interne de l'Eglise catholique
chinoise'', ajoute-t-il. Selon l'Eglise chinoise, le pays compte cinq millions
de catholiques. Les experts étrangers avancent plutôt le chiffre
de 12 millions en prenant en compte les croyants restés fidèles
à l'autorité de Rome et qui pratiquent dans la clandestinité.
Dans le passé, le régime a emprisonné et harcelé
des évêques et prêtres restés fidèles
au Vatican.
Pékin continuera à rechercher une normalisation avec
le Vatican (AFP, 5/1/2000)
La Chine devrait rester engagée sur la voie d'une normalisation
avec le Vatican malgré la consécration prochaine par Pékin
de trois évêques qui a déplu d'avance à Rome,
estimaient mercredi les analystes. Alors que des rumeurs circulent depuis
plusieurs mois sur une normalisation prochaine des relations entre Pékin
et le Saint-Siège, les autorités catholiques chinoises ont
créé la surprise en annonçant mardi qu'elles consacreraient
trois évêques jeudi, le jour même de l'Epiphanie, lorsque
le pape ordonne traditionnellement les évêques.
Le Vatican a aussitôt réagi, exprimant sa "surprise" et
sa "déception" à la suite de cette annonce, qui "ajoute des
obstacles" au
processus de normalisation des relations entre la Chine et le Saint-Siège,
a indiqué un porte parole du Vatican.
La Chine avait rompu ses relations avec le Vatican en 1957 après
l'excommunication de deux évêques désignés par
le régime
communiste de Pékin proclamé huit ans plus tôt
par Mao Tsé-toung.
"Cela va rendre la tâche plus délicate, mais sans mettre
un terme au processus de négociations avec le Vatican", a commenté
Jean-Pierre Cabestan, directeur du Centre d'Etudes français
sur la Chine contemporaine, basé à Hong Kong.
Il a ajouté que le processus, amorcé ces derniers mois,
risquait de "prendre un peu plus de temps".
Un expert des questions religieuses chinoises, qui a requis l'anonymat,
a lui aussi minimisé l'impact de la nomination des trois
évêques, estimant que Pékin tout comme le Vatican
"avaient besoin d'un accord".
Pour le Vatican, il s'agit d'éviter une "division permanente"
des deux Eglises catholiques chinoises, l'une officielle, qui compte
environ 4 millions de fidèles et ne reconnaît pas l'autorité
du pape, et une autre clandestine qui passe pour compter environ 10
millions de membres, a estimé l'expert.
"Pour le président chinois Jiang Zemin, renouer avec le Vatican
constituerait un coup diplomatique formidable", note M. Cabestan,
qui estime que les autorités chinoises ont les moyens d'empêcher
une éventuelle Eglise catholique réunifiée de devenir
"un foyer
d'opposition".
L'intérêt est d'autant plus grand, ajoute-t-il, que les
autorités sont confrontées à une recrudescence de
sectes "qu'elles ne contrôlent pas" comme la secte d'obédience
bouddhiste Falungong interdite en juillet dernier mais qui continue à
défier le régime.
Depuis sa rupture avec le Vatican, la Chine a nommé plus de
130 évêques et 900 prêtres, mais la dichotomie entre
l'Eglise officielle et l'Eglise du silence serait loin d'être totale.
"La majorité des évêques chinois sont reconnus à
la fois par la Chine et le Vatican qui les reconnaît après
leur nomination officielle", a affirmé l'expert.
Pékin réitère régulièrement sa volonté
de n ormaliser ses relations avec le Saint-Siège à condition
que le Vatican rompe ses
relations diplomatiques avec Taiwan et n'intervienne pas dans la nomination
de son clergé.
Selon des rumeurs insistantes, les deux parties seraient en train de
négocier un concordat prévoyant un système de nomination
conjointe des évêques (qui seraient nommés par
le vatican après approbation par Pékin).
L'un des grands perdants d'un concordat serait l'Association catholique
patriotique chinoise, un organisme qui chapeaute l'Eglise
officielle et approuve la nomination de son clergé.
"La nomination de trois évêques renforce la position de
l'Association patriotique dans les négociations avec le Vatican",
a noté un
diplomate occidental, en soulignant qu'en cas d'accord avec le Vatican,
l'Eglise officielle serait contrainte de revoir sa structure.
La Chine entre dans l'an 2000 en prélude à l'Année
du Dragon (AP, 31/12/1999)
La Chine a accueilli l'an 2000 en allumant des feux de cérémonie
sur la Grande Muraille, mais aussi une nuit de shopping non-stop, mariage
d'ancienne civilisation et d'ouverture économique pour les classes
moyennes. Des porteurs de torches habillés en costumes de l'ère
impériale ont allumé des feux à toutes les tours de
guet de l'immense Muraille de Chine, qui serpente sur 4.800 km, alors que
peu avant minuit, tous les dragons étaient de sortie dans le pays:
c'est en effet le 5 février que le Nouvel An chinois marquera l'entrée
dans l'Année du Dragon, année de chance mais aussi de dangers.
``Ce soir, les peuples de tous les pays du monde, est, ouest, nord sud,
quelle que soit leur nationalité ou leur foi, sont ravis de l'arrivée
de ce moment historique'', a déclaré le président
Jiang Zemin dans un discours télévisé, peu avant minuit.
Devant l'Autel du Siècle, monument en forme de cadran solaire construit
pour l'occasion, Jiang a allumé une nouvelle flamme éternelle
avec une torche amenée par un coureur de Zhoukoudian, où
furent retrouvés dans les années 20 les reste de ``l'homme
de Pékin'' préhistorique. Manière pour le régime
chinois de revendiquer une histoire vieille de 10.000 ans... Mais Jiang
y a promis ``le grand rajeunissement'' de la Chine, par l'union avec Taïwan
l'île nationaliste, et la construction d'une ``société
socialiste moderne, prospère, forte, démocratique et culturellement
avancée''. Pendant ce temps, à Shanghaï, sous des cieux
cléments, une artère commerciale a fêté l'an
2000 en permettant aux amateurs de shopping de se livrer de nuit à
leur passe-temps favori, avec des magasins ouverts toute la nuit. Mais
à Pékin, juste avant minuit, sur la place Tiananmen, la police
a arrêté au moins six adeptes de la secte interdite Falun
Gong. La répression dont est victime ce mouvement religieux depuis
l'été dernier s'était renforcée, les forces
de l'ordre, sur les dents, craignant qu'il ne profite du passage à
l'an 2000 pour mener de nouvelles actions. Et, tandis que les premières
heures de la nouvelle année n'apportaient aucune information inquiétante
concernant le bogue, le président de la China Eastern Airlines a
pris, comme un défi, les commandes d'un vol Shanghai-Pékin
qui a passé dans les airs le moment fatidique, a rapporté
l'agence Chine nouvelle: deux mariages ont été célébrés
pendant ce vol très spécial.
Politique
intérieure
L'homme le plus riche de la Chine condamné à la prison
à vie (AP, 31/5/2000)
Mou Qizhong, un homme d'affaires considéré par les médias
chinois comme l'homme le plus riche du pays, a été condamné
mardi à la prison à vie pour fraude, a annoncé la
télévision d'Etat.
Mou, président du groupe Land, a été reconnu coupable
par le tribunal populaire de Wuhan dans la province centrale de Hubeï,
d'avoir utilisé frauduleusement des lettres de crédit, a
précisé la télévision.
D'autres prévenus ont été également condamnés
au cours de ce procès et le groupe Land s'est vu infliger une amende
de cinq millions de yuans (4,6 millions de FF/701.000 euros).
Pendant une décennie, Mou était devenu le sujet favori
des médias chinois pour son style flamboyant qui semblait symbolique
de l'ère de réforme de la Chine. Mou Qizhong, l'un des rares
milliardaires de la Chine a financé des choses aussi diverses que
des clubs de football ou encore une expédition polaire.
Pour certains en Chine, le cas de Mou est révélateur
des difficultés que peuvent rencontrer les hommes d'affaires face
au système socialiste.
Mou avait acquis sa notoriété en 1989 grâce à
un troc par lequel il avait pu échanger 500 camions remplis de surplus
de chaussettes, de chaussures et d'autres produits contre quatre avions
de ligne TU-154 de fabrication soviétique, réalisant un bénéfice
de 25 millions de dollars (182,5 millions de FF/27,8 millions d'euros).
Problèmes sur tous les fronts pour la Chine, selon l'IISS
(AFP, 4/5/2000)
Répression contre la secte Falungong, tension persistante avec
Taïwan et défis économiques: la Chine du président
Jiang Zemin est confrontée à des "problèmes sur tous
les fronts" à l'amorce du troisième millénaire, estime
l'IISS.
"Même si, prises séparément, aucune (de ces
difficultés) n'a eu d'ampleur suffisante (en 1999) pour mettre en
danger la capacité du régime à diriger, chacune a
mis en lumière les faiblesses profondes et continuelles de la Chine",
souligne l'Institut international d'études stratégiques dans
son rapport annuel.
Elles révèlent un régime qui est "mal à
l'aise" avec le monde extérieur mais aussi de plus en plus, à
l'intérieur, avec la société chinoise, ajoute l'institut.
La vigueur de la répression qui a visé l'an dernier
la secte d'inspiration bouddhiste Falungong est symptomatique de la nervosité
du régime, aux yeux des experts de l'IISS.
Pékin a interdit la secte, qui affirme rassembler quelque
80 millions d'adeptes -- 2 millions selon les autorités --, trois
mois après qu'elle eut défié le régime en organisant
une manifestation monstre dans la capitale.
L'IISS estime que "plusieurs milliers" d'adeptes ont été
incarcérés et souligne la particularité sociologique
d'un mouvement qui recrute non seulement chez les étudiants, mais
ausi chez les fonctionnaires et même parmi certains membres du parti
communiste et des services de sécurité.
La nervosité du pouvoir chinois a été tout
aussi clairement illustrée par sa tendance à jeter de l'huile
sur le feu sur le dossier taïwanais, en multipliant les menaces voilées
d'intervention militaire avant les élections présidentielles
sur l'île, souligne l'IISS.
Les pressions n'ont pas empêché la victoire du candidat
pro-indépendantiste Chen Shui-bian. Ce dernier a depuis tendu la
main à Pékin, mais sans parvenir à désamorcer
la tension des deux côtés du détroit de Formose.
Selon l'IISS, la Chine a augmenté de 50 par an depuis
1998 le nombre de ses missiles de croisière visant directement Taïwan
(200 à présent). "Ils pourraient constituer une menace dans
un avenir proche", souligne l'institut, qui doute toutefois de l'éventualité
d'une opération militaire d'envergure compte tenu du soutien de
Washington à la province rebelle.
La perspective d'une adhésion de la Chine à l'Organisation
mondiale du Commerce (OMC) --dont l'accord bilatéral sino-américain
de novembre dernier constitue un premier jalon-- représente un autre
"grand défi" pour Pékin.
La Chine espère qu'elle donnera un coup de fouet à
la croissance du pays et aux investissements extérieurs. Mais l'intégration
à l'économie mondiale pourrait entraîner de douloureuses
restructurations dans l'industrie nationale encore largement étatisée,
prévient l'institut. "Un pas de géant a été
accompli qui aura immanquablement des répercussions énormes
à l'intérieur du pays", analyse-t-il.
Une centaine d'avions de combat chinois ont décollé
en direction de Taïwan, selon les médias chinois (AP, 20/3/2000)
Une centaine d'avions de combat chinois ont décollé lundi
en direction de Taïwan, deux jours après la victoire à
l'élection présidentielle du candidat indépendantiste
Chen Sui-Bian, a affirmé lundi un journal chinois. Les avions ont
décollé en direction du nord-est, depuis les bases militaires
de la province du Guangdong, dans le sud du pays, et de Fujian, province
chinoise qui fait face à Taïwan, selon le ``South China Morning
Post''. ``Toutes les deux ou trois minutes, un avion de combat passait
au-dessus de nos têtes. Cela a duré quatre heures sans arrêt'',
selon un témoin chinois cité par le journal. ``Nous avons
l'habitude de voir des avions voler, mais les gens ici n'en ont jamais
vus autant'', a-t-il ajouté. Les autorités taïwanaises
se voulaient cependant rassurantes lundi. Selon un responsable du ministère
de la Défense, les militaires taïwanais n'ont noté aucun
mouvement de troupes chinois anormal, ni manoeuvres particulières
depuis le scrutin de samedi. M. Chen a été élu président
samedi avec 39% des voix, contre 37% pour le candidat indépendant
James Soong, un dissident du Kuomintang, et 23% seulement pour Lien Chan,
candidat de l'ancien parti unique. La participation des Taïwanais
a été très forte, 83% des 15 millions d'électeurs
inscrits ayant pris part au vote.
Chine: onze exécutions dans la province musulmane du Xinjiang
(Reuters, 20/3/2000)
Onze personnes ont été exécutées dans la
province musulmane du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, après
avoir été reconnues coupables de meurtres, vols à
main armée et activités séparatistes, rapporte le
Xinjiang Daily dans son édition du 15 mars parvenue lundi à
Pékin. Les suppliciés, présentés comme de "violents
terroristes", ont été fusillés par un peloton d'exécution.
Ils avaient abattu deux policiers et tué un troisième à
l'arme blanche lors d'un raid en octobre 1996 contre une ferme, précise
le
journal. Ils avaient aussi assassiné six mineurs en août
1997. Le Xinjiang abrite les Ouïgours turcophones qui luttent depuis
de nombreuses années pour la création d'un Etat indépendant
dans la région. Le régime communiste de Pékin qualifie
les militants ouïgours de "terroristes".
Corruption: le Premier ministre chinois prêt à frapper
à la tête (AFP, 5/3/2000)
Le Premier ministre chinois Zhu Rongji s'est fait fort dimanche d'éradiquer
la corruption au sommet du régime communiste, tout en accélérant
les réformes économiques afin de préparer la Chine
à adhérer à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC)."On
se montrera impitoyable à l'égard des éléments
corrompus", a averti M. Zhu dans un discours de 90 minutes, à l'ouverture
de la
session de l'Assemblée nationale populaire (ANP - parlement),
la grand messe annuelle du système politique chinois.Alors qu'une
vingtaine d'adeptes de la secte interdite Falungong étaient interpellés
à proximité de l'immense Palais du Peuple, M. Zhu a promis
de poursuivre la répression "des sectes hérétiques".
Les contestataires entendaient protester contre la mise hors-la-loi du
mouvement accusé d'avoir voulu renverser le régime l'an dernier
en manifestant devant le siège du gouvernement. Fermant la porte
à toute possibilité d'assouplissement du régime, M.
Zhu s'est également engagé à lutter contre d'indéfinis
"éléments hostiles", en Chine et à l'étranger.
Les quelque 5.000 parlementaires ont quant à eux été
prévenus que la lutte contre la corruption viserait dorénavant
"les cadres dirigeants des organismes gouvernementaux aux différents
échelons".M. Zhu a reconnu l'existence d'un important mécontentement
populaire face à la corruption, qui avait largement été
à l'origine du mouvement de Tiananmen en 1989. "Il existe encore
un grand écart entre les résultats obtenus d'une part et
les exigences des autorités centrales ainsi que les espérances
de la population de l'autre", a-t-il admis.Zhu Rongji "a attaqué
les cadres corrompus avec des mots très durs", a commenté
depuis Hong Kong le sinologue Joseph Cheng. "Le problème, ce sera
la mise en oeuvre de ce mot d'ordre".
L'avertissement du Premier ministre survient alors que les autorités
ont lancé une nouvelle campagne contre les dirigeants
corrompus, dont l'un des représentants risque d'être passé
par les armes pendant la session de l'ANP, son appel venant d'être
rejeté. Hu Changqing, ancien vice-gouverneur de la province
du Jiangxi, est le plus haut responsable chinois à avoir jamais
été condamné à mort pour corruption, tandis
que la révocation d'un vice-président de l'ANP, Cheng Kejie,
a été annoncée samedi pour la même raison. Le
plus gros scandale de l'histoire du pays est en cours d'investigation dans
la ville de Xiamen (sud-est), où une affaire de contrebande évaluée
à 10 milliards de dollars aurait été organisée
avec l'encouragement des autorités locales.
"M. Zhu a promis de ne pas mollir face à la corruption. Mais
Xiamen aura valeur de test: les plus hauts dirigeants de la ville ont
jusqu'à présent été bien protégés",
a observé M. Cheng. Sur le front économique, le Premier ministre
a annoncé la poursuite d'une politique fiscale accommodante afin
de soutenir la demande par des investissements massifs. Il a annoncé
l'émission de 12 milliards de dollars d'emprunts, afin de financer
de nouvelles infrastructures ainsi que la modernisation des entreprises
d'Etat, engagées depuis deux ans dans une délicate restructuration
qui a déjà coûté leur poste à des millions
de quasi-fonctionnaires.
L'adhésion en vue de la Chine à l'OMC va obliger à
accélérer les réformes pour permettre au pays de résister
à l'ouverture des
frontières, a-t-il averti, quatre mois après l'accord
sino-américain sur l'OMC.
Face à Taiwan, il a prévenu que Pékin ripostera
"à toute activité séparatiste grave". A deux semaines
des élections présidentielles
taiwanaises, Pékin cherche à mettre en garde les différents
candidats contre toute velléité d'indépendance formelle
de l'île que la
Chine considère comme une de ses provinces malgré la
sécession de 1949. Samedi, le président Jiang Zemin a promis
"des mesures radicales" au cas où Taiwan continuerait à refuser
les termes de son rattachement au Continent.
Réformes et corruption au menu de la grand-messe du parlement
chinois (AFP, 3/3/2000)
Le parlement chinois ouvre dimanche sa grand-messe annuelle qui sera
chargée d'endosser "démocratiquement" les décisions
du Parti communiste sur l'approfondissement des réformes économiques
et l'interminable lutte contre la corruption.Près de 3.000 députés
ont commencé à affluer à Pékin pour la session
plénière de l'Assemblée nationale populaire (ANP),
qui se déroulera pendant une dizaine de jours au Palais du Peuple,
en bordure de la place Tiananmen.La question de Taïwan, où
un nouveau président sera élu le 18 mars, devrait figurer
en bonne place dans tous les discours, Pékin ayant averti le mois
dernier qu'il n'hésiterait pas à employer la force contre
l'île si ses dirigeants refusent indéfiniment de négocier
leur "réunification à la mère-patrie". Comme chaque
année, les députés, dont l'élection au scrutin
indirect est soigneusement filtrée par le régime, devraient
massivement approuver le "rapport de travail" lu à l'ouverture de
la session par le Premier ministre, Zhu Rongji.Selon des sources ayant
vu à l'avance une copie du discours, M. Zhu devrait appeler à
poursuivre la délicate réforme des entreprises
d'Etat, entrée dans sa troisième et dernière année.
Cette réforme, qui vise à fermer, restructurer ou fusionner
des milliers d'entités
non rentables, devrait se traduire par au moins 5 millions de licenciements
supplémentaires cette année.M. Zhu devrait aussi plaider
pour l'adhésion rapide de la Chine à l'Organisation Mondiale
du Commerce (OMC), perçue comme un moyen d'accélérer
la modernisation de l'outil de production en le confrontant à la
concurrence internationale.Les réformes continuent à se heurter
à la résistance de millions de cadres locaux qui utilisent
l'administration et les entreprises publiques pour leur enrichissement
personnel. Quelque 16 milliards de dollars de fonds publics ont ainsi été
détournés en 1999, ont avoué les autorités."Au
cours des dernières années, nous avons obtenu certains succès
dans le combat contre la corruption, mais nous sommes encore très
loin de ce que le peuple attend de nous", devrait reconnaître le
Premier ministre, tout en rappelant qu'une nouvelle phase de "rectification"
est en route.Pour enfoncer le clou, un ancien vice-gouverneur de la province
du Jiangxi, Hu Changqing, court le risque d'être exécuté
pendant la session, son appel venant d'être rejeté. Il est
le plus haut responsable chinois à avoir jamais été
condamné à mort pour corruption.Le plus gros scandale de
l'histoire du pays est en cours d'investigation à Xiamen (sud-est),
l'une des villes les plus dynamiques de Chine, où quelque 800 enquêteurs
travaillent sur une affaire de contrebande évaluée à
10 milliards de dollars, avec l'encouragement des autorités locales.Par
le passé, les députés ont su montrer leur mauvaise
humeur face à l'incapacité du régime à juguler
la corruption. En 1998, le rapport du procureur suprême, principal
personnage chargé de la lutte contre les pots-de-vin, a même
failli être rejeté en ne réunissant qu'une majorité
de 55%, du jamais vu dans les annales.
Cette année, les délégués devraient aussi
discuter dans les couloirs des prochaines "têtes" qui risquent de
tomber et se préparer
pour la relève de l'actuelle direction du régime, attendue
à partir de 2002 lorsque le président Jiang Zemin est censé
céder au moins l'un de ses postes à la tête de l'Etat,
de l'armée ou du Parti. Zhu Rongji doit quant à lui passer
la main en 2003.De possibles nominations au gouvernement durant la session
pourraient donner une idée de l'architecture de la "quatrième
génération" de dirigeants communistes, centrée
autour de l'actuel vice-président Hu Jintao, à l'instar des
précédentes générations
Mao Tsé-toung, Deng Xiaoping et Jiang Zemin.
Toujours pas d'accord entre la Chine et l'Europe sur l'OMC (Reuters,
24/2/2000)
La Chine et l'Union européenne ont donné deux versions
très différentes de l'issue de leurs discussions relatives
à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC). Selon la première,
un accord est proche, mais la seconde souligne que les progrès effectués
restent insuffisants. Citant le chef de la délégation chinoise,
Long Yongtu, qui a négocié quatre jours durant avec l'Union
européenne (UE), l'agence Chine Nouvelle a annoncé que les
deux parties étaient "très proches" d'un accord. Chine Nouvelle
a ajouté que le ministre chinois du Commerce, Shi Guangsheng, invitait
le commissaire européen Pascal Lamy à se rendre à
Pékin pour y sceller un accord concernant l'adhésion de la
Chine à l'OMC. Mais l'UE a démenti l'existence d'un "accord
de base". "Nous n'avons aucunement connaissance d'un quelconque accord
de base", a déclaré Anthony Gooch, porte-parole de la Commission.
Le stratégie du bord de l'abîme et les coups de théâtre
politiques sont des tactiques caractéristiques des négociateurs
chinois, qui
ont pour habitude de prendre par surprise leurs homologues pour aboutir
à des accords de dernière minute.
L'UE, dernier rempart avant un accord global
La Chine doit nouer des accords avec tous les membres de l'OMC qui demandent
des discussions avant de pouvoir entrer dans
l'organisation. L'UE est le plus important des 13 membres de l'OMC
à ne pas avoir encore signé d'accord avec Pékin. La
Chine a en revanche signé l'année dernière avec les
Etats-Unis, le Japon, l'Australie et le Canada, puis avec l'Inde cette
semaine. De sources européennes proches des discussions, on indique
que les télécommunications sont la principale pomme de discorde
et
que les discussions n'ont pas encore abordé la question des
assurances, l'une des principales inquiétudes de l'UE. Un diplomate
européen en poste à Pékin, qui a préféré
garder l'anonymat, a déclaré que les négociateurs
de l'UE ont passé leur temps à discuter de questions qu'ils
croyaient déjà réglées lors de négociations
à Bruxelles en janvier. "Les questions qui semblaient avoir été
clarifiées à Bruxelles ont été de nouveau mises
en doute", explique-t-il. Mais pour Chine Nouvelle, l'avenir des
négociations semblent nettement plus rose. "Le ministre du Commerce
Shi Guangsheng souhaite la bienvenue en Chine au commissaire européen
Pascal Lamy, pour finalement conclure les négociations entre l'UE
et la Chine sur l'accession de cette dernière à l'OMC", écrit
l'agence, citant le chef de la délégation chinoise, Long
Yongtu. Le porte-parole de la Commission européenne a toutefois
souligné que les discussions n'avaient pas échoué.
"Nous sommes allés aussi loin que nous le pouvions dans ce cycle",
a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. "Nous
restons prêts à un accord avec la Chine à la première
occasion."
Pas d'influence de Taiwan
Gooch a ajouté que les discussions n'avaient pas été
influencées par la controverse sur la menace d'invasion chinoise
de Taiwan si l'île freine le processus de réunification. "Les
discussions sur l'OMC sont considérées à l'aune des
critères de l'accession l'OMC", a-t-il dit. La nouvelle menace de
Pékin met cependant en péril l'accord commercial noué
en novembre avec les Etats-Unis. Taiwan bénéfice d'un très
fort soutien du Congrès américain, qui devra prochainement
approuver l'accord de Washington et Pékin. Aux Etats-Unis,
des parlementaires républicains très écoutés
estiment que les menaces de la Chine à l'encontre de Taiwan
pourraient compromettre l'adoption d'une disposition accordant à
la Chine le statut dit de "relations commerciales normales" (NTR), une
étape primordiale dans le processus d'accession à l'OMC.
Des responsables de l'administration Clinton ont exhorté la Chine
et l'UE à conclure leurs discussions dès que possible, craignant
qu'un nouveau retard sur le vote du NTR pourrait y être fatal, tant
l'opposition à l'adhésion de la Chine à l'OMC croît
parmi les syndicats et dans l'ensemble des Etats-Unis en année électorale.
Hans-Friedrich Beseler, qui conduit la délégation de l'UE,
n'a pas exclu un accord de dernière minute. Prié de dire
s'il retournerait à la table des négociations s'il y est
convoqué, il a répondu: "Nous l'envisagerons certainement.
Cela dépend des conditions, cela dépend de la situation."
Beseler s'est refusé à préciser la raison du blocage.
"Les positions se sont rapprochées, a-t-il déclaré,
mais nous ne sommes pas encore au bout de nos peines." De source européenne,
on explique que la Chine avait refusé de discuter d'une exigence
européenne visant à augmenter les participations étrangères
dans des réseaux de télécommunications au-delà
des 49% qui avaient fait l'objet d'un accord avec les Etats-Unis en novembre.
Cinq séparatistes musulmans condamnés à mort
en Chine (AP, 24/1/2000)
Cinq personnes ont été condamnées à mort
et sept autres à la prison à perpétuité dans
le nord-est de la Chine, dans le Xinjiang secoué par les violences
des séparatistes ouïgours, rapporte un journal gouvernemental
local. Le 18 janvier, ces membres présumés d'un groupe séparatiste
auteur d'actes de terrorisme contre le pouvoir chinois ont été
reconnus coupables de séparatisme, meurtre vol, commerce illégal
et possession d'armes. Les condamnés sont des Ouïgours, l'ethnie
majoritaire du Xinjiang, musulmane et turcophone, qui dispute aux Han chinois,
en nombre croissant ces dernières années le contrôle
de cette région stratégique d'Asie centrale, riche en pétrole.
La dernière grande répression des séparatistes ouïgours,
suite à des manifestations violentes en février 1997, a fait
dix morts selon la police, mais une centaine selon les exilés ouïgours.
Quatre ans de prison pour avoir défendu le Falungong sur l'internet
(AFP, 3/1/2000)
Un professeur assistant de médecine a été condamné
à quatre ans de prison dans le centre de la Chine pour avoir diffusé
un plaidoyer en faveur de la secte interdite Falungong sur un site web
étranger, a-t-on appris lundi à Pékin. "Li Fujun a
été condamné à 4 ans de prison jeudi pour avoir
"utilisé une secte hérétique afin de saper l'application
de la loi" a déclaré à l'AFP un porte parole du tribunal
de la ville de Xinxiang, dans la province du Henan (centre). Selon le centre
d'information pour les droits de l'Homme et le mouvement démocratique
en Chine, basé à Hong Kong, Li, 37 ans, un professeur assistant
de l'institut médical de Xinxiang, avait été interpellé
le 29 octobre après avoir manifesté avec d'autres adeptes
sur la place Tiananmen à Pékin. Mais il lui a surtout été
reproché d'avoir défendu "l'hérésie" en publiant
un article faisant du Falungong une "science supérieure sur le plan
médical" sur un site internet étranger. Dans cet article,
Li affirmait que l'enseignement du Falungong permettait de contribuer à
la guérison des maladies, ajoute le centre. Une dizaine de dirigeants
de la secte d'inspiration bouddhiste, interdite le 22 juillet dernier,
ont déjà été condamnés à des
peines de prison exemplaires. C'est le cas des deux principaux bras droits
du gourou Li Hongzhi qui ont été condamnés à
des peines de 16 et 18 ans de prison récemment à Pékin.Selon
le Centre d'information, 150 "membres importants" de la secte devraient
au total être jugés, pour la plupart courant janvier, tandis
que des centaines, voire des milliers d'adeptes devraient à terme
se voir infliger des peines administratives de "rééducation
par le travail", ne pouvant théoriquement pas dépasser trois
ans. Le centre a cité le cas du camp pour femmes de Changchun (nord-est)
où 250 adeptes purgent actuellement des peines allant d'un à
trois ans de "rééducation par le travail". Interdite trois
mois après avoir défié le régime en organisant
une manifestation monstre à Pékin, la secte a maintenu la
pression ces dernières semaines en incitant ses adeptes à
manifester individuellement sur la place Tiananmen, où sont en permanence
déployées d'importantes forces de sécurité.Selon
le centre d'information, plus d'une centaine d'adeptes ont été
interpellés par la police les 1er et 2 janvier sur cette place,
située au centre de Pékin.
Nouveau coup de filet contre des dissidents chinois (AP, 1/1/2000)
La police chinoise a interpellé samedi à Pékin
cinq dissidents à Pékin, tandis qu'un autre a pu échapper
de justesse aux forces de l'ordre. On a d'abord interpellé sans
ménagement le militant pro-démocratie Xu Yonghaï à
la sortie de l'hôpital pékinois où il venait d'assurer
le service de nuit. Le médecin de confession protestante a été
blessé à la tête après avoir été
jeté à terre, a déclaré son ami He Depu, membre
du Parti de la Démocratie (interdit). He lui-même et trois
autres proches de Xu ont été interpellés un peu plus
tard au domicile du dissident où ils avaient rendez-vous. Tout le
monde a été relâché peu après, à
l'exception de Xu Yonghaï. En revanche, la dissidente He Xintong a
échappé à l'arrestation après avoir répéré
les policiers au domicile de Xu. Elle est la femme du dissident Xu Wenli,
un membre important du Parti de la Démocratie qui a été
condamné en décembre 1998 à 13 ans de prison. La veille
au soir, la police avait arrêté sur la place Tiananmen au
moins six adeptes de la secte interdite Falun Gong. La répression
dont est victime ce mouvement religieux depuis l'été dernier
s'est récemment renforcée, les forces de l'ordre craignant
qu'elle ne profite du passage à l'an 2000 pour mener de nouvelles
actions.
Economie, Industries
et R&D
Normalisation des relations commerciales avec la Chine: Jiang Zemin
remercie Bill Clinton (AP, 29/5/2000)
Le président chinois Jiang Zemin a téléphoné
à Bill Clinton pour le remercier de son aide qui a contribué
à l'adoption, par la chambre des représentants américaine,
d'un projet de loi qui normalise définitivement les relations commerciales
entre les Etats-Unis et la Chine, a rapporté lundi l'agence de presse
officielle Chine Nouvelle.Jiang Zemin a souligné que la Chambre
des représentants avait été ''sage'' d'adopter cette
législation controversée. Mais il a précisé
que ''le projet de loi contient des articles que la Chine ne peut accepter''.La
Chine se plaint de dispositions dans la législation visant à
créer une commission pour surveiller les agissements de Pékin
en matière de travail et de droits de l'homme.
Les milieux d'affaires saluent la normalisation du commerce avec
la Chine (AFP, 24/5/2000)
Les milieux d'affaires américains ont salué mercredi
le vote de la Chambre des représentants normalisant de façon
permanente les relations commerciales avec la Chine qui va leur ouvrir
le plus grand marché potentiel de la planète avec 1,3 milliard
de consommateurs.
De leur côté, les syndicats américains, les
groupes de défense des droits de l'Homme et de l'environnement,
ont déploré la décision de la Chambre qu'ils ont qualifiée
"de capitulation des élus au lobbying des grands groupes capitalistes".
Dans un communiqué, ces groupes rassemblés au sein de la
coalition Citizen Trade Campaign, ont estimé que le Congrès
"a abandonné le mouvement démocratique en Chine".
"Ce vote est une victoire historique pour le libre échange
et pour l'économie américaine ainsi que pour la sécurité
nationale de notre pays", a pour sa part déclaré Thomas Donohue,
le président de la Chambre de Commerce.
L'adoption de ce texte à une large majorité de
237 voix contre 197 est la reconnaissance par les républicains et
les démocrates "que l'accord bilatéral commercial sino-américain
de 1999, est très largement en faveur des Etats-Unis", a-t-il dit.
"Les concessions commerciales faites par Pékin sont le
prix à payer pour que la Chine accéde à l'Organisation
mondiale du commerce (OMC)", a-t-il ajouté.
L'accord de novembre 1999 porte surtout sur l'engagement de la
Chine à ouvrir son marché en échange du soutien américain
à son accession à l'OMC. Toutefois, Pékin demandait
pour l'honorer que le Congrès américain vote un texte lui
octroyant de façon permanente la clause dite de relations commerciales
normales (PNTR), renouvelée jusqu'à présent chaque
année.
Le PDG de Boeing, Phil Condit, a déclaré que cette
normalisation allait contribuer "à assurer la croissance et la prospérité
économique des Etats-Unis et de la Chine". Elle va aussi stabiliser
les relations entre les deux pays et établir des bases solides pour
régler d'autres questions importantes", a-t-il ajouté dans
un communiqué.
Pour Christopher Galvin, le PDG du groupe d'équipements
de télécommunications Motorola, "le vote de la Chambre représente
un pas très important pour maintenir la compétitivité
de l'Amérique dans une économie de plus en plus mondialisée".
"Davantage d'exportations signifie plus de possibilités
pour les entreprises américaines et plus d'emplois pour les travailleurs
américains", a-t-il estimé.
Mustafa Mohatarem, le principal économiste du constructeur
automobile General Motors, a relevé que cela allait permettre "aux
Etats-Unis de bénéficier de l'accession de la Chine à
l'OMC qui entraînera l'élimination de barrières commerciales,
ouvrant d'importants débouchés pour les entreprises américaines.
General Motors compte pour sa part exporter pour deux milliards
de dollars d'automobiles et d'équipements automobiles au cours des
cinq prochaines années, a-t-il indiqué.
Tim Tinken, vice président du groupement des industries
manufacturières américaines (NAM, 14.000 entreprises), s'est
quant à lui félicité "de la résurgence aux
Etats-Unis d'un consensus bipartite (républicain et démocrate)
sur l'importance du commerce extérieur et de l'ouverture des marchés
mondiaux pour assurer la poursuite de l'expansion américaine".
L'industrie textile, quasiment la seule opposée à
la normalisation commerciale avec la Chine, a qualifié le vote de
"sérieux revers pour le textile américain".
"L'accession de la Chine à l'OMC va forcer les Etats-Unis
à éliminer les quotas d'importations sur les textiles sur
cinq ans au lieu de dix ans ce qui va entraîner plus de 150.000 pertes
d'emplois dans ce secteur", a prédit Roger Chastain, le président
du groupement professionel "ATMI".
La clause de relations commerciales normales, relique de la guerre
froide (AFP, 24/5/2000)
En votant pour l'établissement de relations commerciales normales
avec la Chine, la Chambre des représentants américaine devait
mercredi débarrasser ce pays des contraintes d'un amendement législatif
de 1974, relique de la guerre froide. Cet amendement à la
législation commerciale de 1974, dit amendement Jackson-Vanik, permettait
au président d'octroyer de façon conditionnelle la clause
de la nation la plus favorisée, ensuite rebaptisée clause
de relations commerciales normales (Normal Trade Relations,NTR) à
des pays communistes ou n'ayant pas une économie de marché,
à condition que ceux-ci autorisent la libre émigration. Cette
clause permet aux pays bénéficiaires de bénéficier
d'un régime douanier préférentiel.
Concernant la Chine, après la normalisation de ses relations
avec les Etats-Unis en 1979, le président Jimmy Carter avait créé
un statut spécial, exigeant que la situation des droits de l'homme
en Chine fasse l'objet d'un débat annuel au Congrès. Il avait
en effet estimé qu'il ne pouvait déterminer si Pékin
respectait entièrement les obligations de l'amendement Jackson-Vanik
en matière de libre émigration. Le président devait
jusqu'à présent informer le Congrès de son intention
concernant le renouvellement de la clause avant le 3 juin. Le Congrès
américain a de fait reconduit cette clause au profit de Pékin
chaque année depuis plus de 20 ans, même après les
événements de la place Tiananmen en 1989. La clause dite
NTR est accordée de manière permanente par Washington à
160 pays y compris l'Iran, l'Irak et la Libye. Seuls l'Afghanistan, Cuba,
le Laos, la Corée du Nord, la Yougoslavie et le Vietnam n'en bénéficient
pas.
Taiwan: bond des investissements en Chine à 736 millions de
dollars de janvier à avril (AFP, 24/5/2000)
Taiwan a approuvé 198 projets d'investissements en Chine pour
735 millions de dollars sur la période janvier/avril, soit un bond
de plus de 140%, malgré le climat tendu avec Pékin, a annoncé
mercredi la commission d'approbation des investissements étrangers.
Cette très forte progression reflète les paris
sur les bénéfices de l'entrée prochaine de la Chine
dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et des mesures favorables
aux investisseurs étrangers prises par Pékin, indique un
communiqué de la commission. La Chine et l'Union Européenne
ont signé vendredi un accord historique sur l'ouverture de leurs
marchés, ce qui ouvre la voie à l'entrée rapide de
la Chine à l'OMC. 46 demandes d'investissements taiwanais en Chine
pour une valeur de 171 millions de dollars ont été approuvé
en avril. Acer Peripherals Inc, va investir 20 millions de dollars, Taiwan
Liton Electronics 19,5 millions d'USD et Hon Hai Precision 16 millions
d'USD. Les relations avec la Chine restent toutefois tendues depuis l'élection
à Taiwan du nouveau président Chen Shui-bian du Parti démocratique
et progressiste (DPP), qui prêche pour le concept d'un Taiwan indépendant,
alors que Pékin s'en tient farouchement à son concept d'"une
seule Chine".
Lors de son discours inaugural samedi, le nouveau président
Chen a bien évoqué l'hypothèse d'une " seule Chine
dans le futur" incluant Taiwan et le continent, mais il n'a pas répondu
à Pékin qui lui demandait d'accepter préalablement
le principe d'une Chine unique. La commission a d'autre part approuvé
435 demandes d'investissements étrangers à Taiwan entre janvier
et avril pour une valeur de 1,90 milliard de dollars, soit un quasi-doublement
par rapport à l'an dernier. Elle a approuvé 133 projets étrangers
à Taiwan en avril pour une valeur de 391 millions de dollars, dont
33 millions émanant du groupe américain GTE et dirigé
sur la société Pacific Cellular Corp. Elle a autorisé
275 investissements taiwanais à l'étranger -- Chine exclue
-- pour une valeur de 1,29 milliard de dollars sur les 4 premiers mois
de l'année, soit une augmentation de 5,10% par rapport à
l'année précedente.
Forcing des entreprises pour une normalisation du commerce avec la
Chine (AFP, 22/5/2000)
Les milieux d'affaires américains déploient les grands
moyens pour convaincre les législateurs de
voter cette semaine une normalisation permanente des relations commerciales
avec la Chine, multipliant les spots publicitaires et
déployant une armée de lobbyistes au Congrès.
"The Business Round Table", qui représente les 200 plus grandes
sociétés aux Etats-Unis et se trouve en première ligne
des efforts pour faire adopter par les deux chambres du Congrès
la clause dite de "relations commerciales normales permanentes à
la Chine", a déjà dépensé 10 millions de dollars,
a précisé Johana Schneider, son porte-parole.
"The Business Round Table" a surtout concentré son énergie
sur la Chambre des Repésentants où nombre de démocrates,
sous la pression des syndicats et des groupes de protection de l'environnement,
restent indécis ou opposés à ce projet de loi réclamé
par la Chine pour honorer l'accord commercial sino-américain de
1999, préalable à l'accession de la Chine à l'Organisation
Mondiale du Commerce (OMC).
De son côté, la Chambre américaine de Commerce
a déjà consacré plus de 4 millions de dollars pour
faire adopter la clause sur
laquelle la Chambre doit voter mercredi, a indiqué un de ses
responsables, Frank Coleman.
"Nous avons mis en place des programmes d'information et d'éducation
sur les enjeux de l'ouverture du marché chinois, le plus grand de
la planète avec 1,3 milliard de consommateurs, dans 66 circonscritions
électorales aux Etats-Unis", a-t-il dit.
A Washington, la Chambre de Commerce a déployé 20 lobbyistes
à plein temps au Congrès, a encore précisé
M. Coleman.
"Nous avons fait passer des spots publicitaires dans les journaux,
les radios et sur différents réseaux de télévision",
a-t-il ajouté,
qualifiant cette campagne de "la plus intense entreprise à la
Chambre depuis ces dernières années".
Michael Kehs, le directeur général du cabinet de publicité
de Washington Goddard and Claussen, qui a réalisé plusieurs
spots
publicitaires pour le compte du "Business Round Table" ainsi que pour
des grandes entreprises comme Motorola, a jugé la
campagne des milieux d'affaires "d'efforts substantiels". Mais il a
refusé de précisé le montant du budget alloué
à ces publicités.
Un responsable de Motorola ayant requis l'anonymat a expliqué
que la Chine "est une grand marché très important pour le
groupe
d'équipements téléphoniques où il a déjà
réalisé 10% de son chiffre d'affaires ou trois milliards
de dollars en 1999".
Motorola décline une publicité sur la chaîne cablée
d'informations CNN uniquement dans la région de Washington, où
se trouvent
actuellement tous les élus.
Tous ces efforts devraient porter leurs fruits, a estimé Johana
Schneider, qui s'est déclarée "prudemment optimiste" sur
l'issue du
vote à la Chambre des représentants.
OMC: Clinton rend public l'accord commercial avec la Chine (Reuters,
14/3/2000)
La Maison Blanche a rendu public le texte intégral de son accord
commercial avec la Chine, espérant forcer le soutien au pacte d'un
Congrès américain sceptique. Le document de 250 pages, publié
pour les députés et la presse, expose pour la première
fois en détail les engagements de la Chine pour ouvrir son marché
dans le cadre d'un accord qui permettrait à Pékin d'entrer
dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le document, tenu secret
depuis sa finalisation en novembre 1999, couvre les relations commerciales
pour 5.000 types des biens et des services, de l'agriculture aux télécommunications.
La plus grande part des concessions clé ont déjà été
rendues publiques par la Maison Blanche, de l'engagement de la Chine à
éliminer les quotas sur les ordinateurs à sa promesse de
baisser les droits de douanes sur un vaste éventail de produits
agricoles. La Maison Blanche espère que la publication du document
renforcera le soutien du Congrès au pacte et apaisera les craintes
selon lesquelles l'administration Clinton garde secrètes des clauses
controversées. Le message est bien passé au Congrès,
qui a salué la
décision de la Maison Blanche. Mais, déplore le député
du Michigan David Bonior, membre de la direction des Démocrates
au Congrès, "la principale nouvelle de la publication de l'accord
commercial avec la Chine est qu'il n'y a rien dedans. Il n'y a rien sur
les droits des travailleurs, rien sur l'environnement, rien sur les Droits
de l'Homme ou la démocratisation".
L'aval du Congrès est crucial. En échange de l'ouverture
des marchés chinois, la Maison Blanche a dit que le Capitole devait
accorder à Pékin le statut de Relations commerciales
normales (NTR). Si le Congrès refuse, Pékin pourrait rejoindre
l'OMC, mais
les groupes américains n'auraient pas accès au marché
chinois, potentiellement le plus grand du monde avec 1,3 milliard de
consommateurs, dit la Maison Blanche. Le statut permanent de NTR, tel
qu'il est proposé par Bill Clinton, garantirait aux produits chinois
le même accès à bas droits de douane aux marchés
américains qu'aux produits de quasiment tous les autres pays. L'administration
Clinton a demandé au Congrès d'entériner la législation
d'ici juin, craignant qu'un nouveau report enlise le processus, le second
semestre devant être dominé aux Etats-Unis par l'élection
présidentielle de novembre. L'approbation du Sénat est quasiment
assurée, mais il n'est pas certain que Clinton parvienne à
rassembler 100 voix démocrates à la Chambre des Représentants,
comme l'exige la majorité républicaine.
Gigantesque affaire de contrebande découverte en Chine (Reuters,
9/3/2000)
Des sanctions seront prises rapidement contre les auteurs de la plus
grosse affaire de contrebande survenue en Chine depuis 50 ans, annonce
un juge d'instruction chinois. Cette fraude portant sur des milliards de
dollars de marchandises s'est déroulée dans le port de Xiamen,
dans la province du Fujian, dans le sud-est du pays. Elle implique près
de 200 personnes, dont la femme de Jia Qinglin, un des 22 membres du Politburo
allié du président Jiang Zemin, selon les médias de
Hong Kong. Le pouvoir chinois a appelé récemment au renforcement
de la lutte contre la corruption. Un ancien vice-gouverneur de la province
du Jiangxi, dans le centre de la Chine, a été exécuté
cette semaine pour avoir accepté plus de 650.000 dollars de pots-de-vin.
Exécution en Chine d'un ancien vice-gouverneur reconnu coupable
de corruption (AP, 8/3/2000)
Soulignant la détermination du gouvernement chinois de lutter
contre la corruption dans son administration, un ancien vice-gouverneur
provincial a été exécuté. Il s'agit de l'un
des plus hauts responsables chinois à avoir étéxécuté
depuis le début de la campagne de Pékin pour lutter
contre la corruption. Hu Changqing, ancien vice-gouverneur de Jiangxi,
a été exécuté dans la matinée à
Nanchang, la capitale de cette province de l'est du pays après que
la Cour suprême eut rejeté son pourvoi, rapporte l'agence
officielle Chine Nouvelle. Ancien directeur du service des Affaires religieuses
au sein du Conseil d'Etat chinois avant sa nomination en tant que vice-gouverneur
de Jiangxi, Hu Changqing a été condamné à la
peine capitale le mois dernier après avoir été reconnu
coupable d'avoir reçu des pots-de-vin de l'ordre de 5,44 millions
de yuans (4,6 millions de FF/700.000 d'euros) et pour avoir détenu
en sa possession une somme de 1,6 million de yuans (1,32 million de FF/200.000
euros) dont l'origine n'a pas pu être déterminée.
La Chine table sur une croissance d'environ 7% cette année
(Reuters, 6/3/2000)
L'économie chinoise devrait connaître une croissance de
7% cette année, soit autant ou presque que les 7,1% de l'an dernier,
selon un rapport de la Commission d'Etat pour la planification du développement.
Le niveau des prix devrait rester sensiblement le même qu'en 1999,
précise Zeng Peiyan, président de cette commission. "Nous
devons fournir de grands efforts pour accroître la demande intérieure
afin de promouvoir un développement rapide et sain de l'économie
nationale", lit-on dans le rapport élaboré par les services
de Zeng Peiyan, qui doit en présenter les conclusions ce lundi devant
le parlement. De son côté, le ministre des Finances Xiang
Huaicheng doit soumettre un projet de budget aux parlementaires, qui prévoit
un déficit budgétaire record de 229,9 milliards de yuans
(27,7 milliards de dollars). Les dépenses militaires doivent ainsi
augmenter en 2000 de 12,7% pour atteindre les 120,5 milliards de yuans.
Cet accroissement des dépenses militaires fait suite aux sévères
avertissements lancés en février par Pékin contre
Taiwan, menacée d'intervention armée si elle tarde trop à
entamer avec la Chine populaire des négociations sur une réunification.
Chine: Zhu promet une croissance rapide pour l'an 2000 (Reuters,
5/3/2000)
Le Premier ministre chinois, Zhu Rongji, a donné le coup d'envoi
de la session annuelle du Congrès national populaire (Parlement)
en promettant une "croissance rapide" cette année grâce à
de fortes dépenses de l'Etat. Au plan politique, l'orateur a donné
sa bénédiction à la colère qui monte dans la
population face à la corruption des fonctionnaires et sur le front
diplomatique, il a lancé une nouvelle mise en garde aux autorités
de Taipeh contre toute velléité d'indépendance. La
session, qui durera onze jours en tout, se déroule en présence
de près 3.000 délégués réunis dans un
bâtiment lugubre de style soviétique construit en lisière
de la place Tiananmen, haut lieu de la contestation politique. La place,
également emblématique du pouvoir communiste et de sa liturgie,
et ses accès ont été bouclés par les forces
de sécurité pour empêcher toute nouvelle manifestation
de membres de la secte du Falun Gonga, mise hors-la-loi en juillet par
le pouvoir. Une trentaine d'adeptes de cette secte, qui mélange
philosophie taoïste et bouddhiste et gymnastique respiratoire, avaient
été arrêtés par la police après le déploiement
par certains d'entre eux de banderoles. La place Tianamen est interdite
au public, à l'exception du secteur de la porte de la Paix céleste
dominée par le portrait géant de Mao Tsé-toung, le
défunt fondateur de la Chine communiste. Le chef du gouvernement
s'est réjoui des bonnes nouvelles économiques, affirmant
que l'ambitieux plan dévoilé en 1998 pour redresser en trois
ans les sociétés d'Etat déficitaires était
en bonne voie. Le secteur textile, a-t-il révélé,
ne perd plus d'argent, et ce avec un an d'avance sur les objectifs. Le
gouvernement va émettre cette année des bonds d'Etat à
long terme pour un montant de 100 milliards de yuans (12 milliards de
dollars) dans le cadre de sa politique fiscale en vigueur depuis 1998
pour financer les infrastructures et encourager la croissance. "Il s'agit
là de la méthode la plus directe et la plus efficace aujourd'hui
pour raffermir la demande", a-t-il dit en expliquant qu'une forte croissance
cette année était cruciale pour approfondir les réformes
de structure, réformer le secteur industriel public et faire face
aux pressions sur l'emploi.
"C'est aussi essentiel pour accroître les revenus de l'Etat,
contenir les risques financiers et maintenir la paix sociale", a ajouté
le
Premier ministre, apôtre de l'"économie socialiste de
marché".
Tonnerre d'applaudissements
Il n'a pas donné de chiffre précis quant à l'objectif
de croissance du PNB pour l'an 2000. L'an dernier, le PNB avait augmenté
de
7,1%, et les autorités prédisent une croissance encore
plus marquée cette année. Sans fournir de précisions,
Zhu a promis d'assouplir la législation sur les investissements
étrangers et d'ouvrir plus largement le secteur bancaire et des
assurances ainsi que les télécommunications. Sa tirade contre
la corruption au sein de l'administration a été, apparemment
spontanément, très applaudie par les délégués
à un congrès par ailleurs très encadré. "Nous
encore très loin de ce que le pouvoir central nous demande et de
ce que le peuple attend de nous", a-t-il dit en promettant des "efforts
inlassables" pour régler le problème de la corruption. A
la veille de l'ouverture du congrès, les autorités avaient
annoncé qu'un des vice-présidents du Parlement et ancien
président du gouvernement de la province du Guangxi, Cheng Kejie,
faisait l'objet d'une enquête pour son implication dans une affaire
de pots-de-vin. L'épineuse question de Taiwan devrait prendre une
place centrale dans les débats du Parlement à Pékin
à moins de deux semaines des élections présidentielles
dans l'île nationaliste. "Nous ne resterons pas les bras croisés
en cas de grave action séparatiste visant à nuire à
la souveraineté et l'intégrité territoriale de la
Chine", a-t-il lancé. Sa mise en garde a été accueillie
par un tonnerre d'applaudissements dans tout le bâtiment abritant
la session. La veille, le président Jiang Zemin avait prévenu
que Pékin prendrait des "mesures sévères" si Taiwan
repoussait indéfiniment l'ouverture de pourparlers sur la réunification.
Zhu a précisé qu'il entendait par "action séparatiste"
la proclamation de l'indépendance ou la poursuite de la "théorie
des deux
Etats" prônée par le président tailladais El Teng-hui,
qui a indiqué que Taiwan ne négocierait avec la Chine que
si les deux entités
étaient traitées sur un pied d'égalité.
Cette formule n'a été rejetée par aucun des trois
candidats qui brigueront la succession du président Lee, le 18 mars.
La Chine communiste ne reconnaît pas la souveraineté de Taiwan,
qu'elle considère comme une simple "province rebelle".
Reportage: la Chine veut "faire renaître l'ouest" du pays (Reuters,
1/3/2000)
Vingt ans après la réforme économique lancée
par Deng Xiaoping sous le slogan "devenir riche est merveilleux", ses successeurs
tentent d'étendre la prospérité aux parties les plus
pauvres de l'ouest du pays. Lors de la prochaine session de l'Assemblée
nationale populaire, qui débute dimanche et doit durer deux semaines,
les députés chinois devraient discuter d'un plan baptisé
"Faire renaître l'Ouest" prévoyant des investissements de
plusieurs milliards de dollars. Une grande partie de ses 3.000 élus
proviennent de provinces enclavées qui n'ont pas eu leur part de
la croissance dynamique ayant bénéficié aux régions
côtières orientales depuis les années 80. Le Parti
communiste a qualifié le développement des provinces à
la traîne situées dans l'ouest de "mission historique difficile"
ayant des implications pour la croissance économique nationale,
l'éradication de la pauvreté et la stabilité sociale,
particulièrement dans les régions frontalières plus
rétives. Le Premier ministre présentera au Congrès
son plan ambitieux qui comprend des investissements dans les réseaux
autoroutier et ferroviaire et d'autres chantiers d'infrastructure dans
dix provinces intérieures. Les provinces visées -- Gansu,
Guizhou, Ningxia, Qinghai, Shaanxi, Sichuan, Tibet, Xinjiang, le Yunnan
et la municipalité de Chongqing -- représentent 56% du territoire
de la Chine. Leur population s'élève à 300 millions
d'habitants, un quart de la population chinoise, et les estimations officielles
démontrent que l'arrière-pays abrite 90% des 42 millions
de Chinois vivant sous le seuil absolu de pauvreté de 60 dollars
par an. Une autre étude montre également qu'en 1998, le produit
national brut par habitant à Shanghai, la région la plus
riche de Chine, était de 28.236 yuans (3.410 dollars). Dans la région
aride de Gansu il était à peine de 3.470 yuans. Les médias
officiels déclarent en outre que le gouvernement a l'intention de
proposer des avantages fiscaux et autres régimes préférentiels
pour charmer les investisseurs étrangers dans 19 provinces intérieures.
Une source du milieu des affaires a déclaré que ces avantages
fiscaux ne pourraient pourtant pas effacer les nombreuses raisons qui ont
fait qu'en 1998 les provinces de l'Ouest n'ont reçu que 3%, et les
provinces du centre 10%, du total des investissements étrangers
s'élevant à 45,6 milliards de dollars. Les 87% restant sont
allés aux régions côtières. "C'est déjà
assez dur de faire des affaires et de gagner de l'argent dans les parties
les plus ouvertes de la Chine", a déclaré cette source."
Il reste à voir si les milliards de dollars proposés par
le gouvernement chinois suffiront à améliorer la bureaucratie,
le manque d'infrastructure, les conditions de vie difficiles et la résistance
des autorités qui, selon cette source, sont autant de raisons pour
lesquelles sociétés occidentales ont boudé l'Ouest
de la Chine.
Chine: croissance ferme, mais 5 millions de licenciements en vue
(AFP, 28/2/2000)
La Chine s'attend à conserver un taux de croissance soutenu
cette année, tout en poursuivant la réforme de ses entreprises
d'Etat, qui devrait encore coûter leur emploi à 5 millions
de quasi-fonctionnaires, a annoncé lundi un haut responsable gouvernemental.
"Le taux de croissance de l'an 2000 ne sera pas inférieur à
celui de l'an dernier. Nous espérons qu'il sera supérieur
à celui de 1999", a déclaré Liu Hong, le commissaire
du Bureau national des statistiques (BNS).
Au cours d'une conférence de presse, M. Liu a confirmé
que le PIB avait progressé l'an dernier de 7,1%, contre 7,8% en
1998, soit
son score le plus faible depuis 1991. Mais la Chine devrait parvenir
à renverser la tendance cette année, notamment grâce
aux
exportations, qui se sont redressées de 6,1% l'an dernier, après
avoir stagné en 1998 (+0,5%).
"L'économie ainsi que le commerce mondiaux sont en phase de
reprise, ce qui va fournir un environnement favorable aux
exportations (qui) maintiendront une croissance stable cette année",
a-t-il estimé, alors que son adjoint, Qiu Shaohua, écartait
une
dévaluation de la monnaie nationale, le yuan.
"La balance des paiements reflète une situation très
favorable, ce qui garantit que le yuan restera fort", a déclaré
M. Qiu, tout en
espérant que les investissements étrangers, qui ont baissé
de 11,4% l'an dernier dans la foulée de la crise financière
asiatique,
reviendront stimuler la croissance.
M. Liu a estimé que la réforme des entreprises d'Etat,
qui arrive dans sa dernière année, devrait soutenir l'activité
en forçant in
extremis de nombreuses sociétés à des efforts
de rentabilité.
Lors du lancement de la réforme fin 1997, le régime s'était
donné trois ans pour ramener dans le vert "la plupart" des grandes
entreprises déficitaires.Selon M. Liu, ces dernières
ont encore perdu 10,2 mds de dollars l'an dernier, soit une baisse de 15,9%
par rapport à 1998. Au total, le secteur d'Etat a dégagé
un profit de 11,6 mds USD, en hausse de 77,7%, grâce aux entités
bénéficiaires, a-t-il assuré. La réforme devrait
encore coûter cette année leur emploi à quelque 5 millions
de salariés du secteur public, a-t-il averti. Ces licenciés
vont venir s'ajouter aux plus des 6,5 millions qui n'avaient toujours pas
retrouvé d'emploi à la fin de l'an dernier, soit 400.000
de plus qu'à la fin 1998.En 1999, 5,64 millions de quasi-fonctionnaires
ont été licenciés contre 6,1 millions en 1998, a indiqué
M. Liu. Ces chiffres sont très inférieurs à ceux avancés
ces derniers mois par d'autres sources gouvernementales. En août,
le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Zhang Zuoji,
avait ainsi indiqué que 7,42 millions de salariés avaient
été licenciés durant le seul premier semestre de 1999.Selon
d'autres chiffres officiels, 8,9 millions de licenciements ont été
prononcés en 1998 et 11,5 millions en 1997. Les salariés
licenciés ne sont pas comptabilisés dans le nombre des chômeurs
stricto sensu, qui était de 5,7 millions à fin 1999, soit
un taux de chômage stable de 3,1%, pour les seules zones urbaines.Le
chômage n'est pas calculé pour les zones rurales, mais les
autorités reconnaissent l'existence d'une "population flottante"
d'au moins 120 millions de personnes précairement employées
dans les villes développées de l'est et du sud du pays.L'agriculture,
qui emploie la moitié d'une population de 1,259 milliard d'habitants,
a produit l'an dernier 508 millions de tonnes de céréales,
en baisse de 0,8% sur 1998.
OMC: l'Inde et la Chine seraient parvenues à un accord (Reuters,
22/2/2000)
Indiens et Chinois seraient parvenus à un accord sur l'entrée
de la Chine à l'Organisation mondiale du Commerce qui devrait contribuer
à doubler les échanges bilatéraux au cours des trois
prochaines années. Le ministre indien du Commerce et de l'Industrie,
Murasoli Maran, devrait signer l'accord dans l'après-midi avec le
ministre chinois du Commerce extérieur, Shi Guanghseng, a déclaré
à Reuters un conseiller commercial à l'ambassade indienne.
L'annonce de cet accord conclu lundi intervient alors que des négociateurs
de l'Union européenne entament une deuxième journée
de discussions avec Pékin pour parvenir à un accord levant
les principaux obstacles à l'accès de la Chine à l'OMC.
"Les Chinois sont très accommodants et nous avons obtenu ce que
nous voulions pour nos produits et nos services", a déclaré
un porte-parole de l'ambassade d'Inde.
L'Inde avait présenté une liste de 180 produits - principalement
agricoles - sur lesquels elle voulait un abaissement des taxes à
l'importation, a dit le conseiller. Aux termes de l'accord, la Chine
ramènera en trois ans les taxes sur ces produits de 20% actuellement
à 9-10%, a-t-il dit. Parmi ces produits figurent le riz, les fruits,
les légumes, les produits de la mer et les médicaments. La
Chine a aussi accepté de revoir ses restrictions sanitaires et phytosanitaires
sur les importations de fruits et de légumes. "Dans les secteurs
de la banque, des assurances et des services financiers, nous avons obtenu
des concessions similaires à celles accordées à d'autres
pays lors de récentes négociations bilatérales", a
encore dit le conseiller.
Deuxième journée de négociations avec l'UE
Les échanges commerciaux bilatéraux entre l'Inde et la
Chine ont représenté un volume de deux milliards de dollars
en 1999 et ils
devraient doubler d'ici trois ans, a-t-il ajouté. Pendant ce
temps, les délégations dirigées par le vice-ministre
chinois du Commerce extérieur Long Yongtu et par le délégué
commercial européen Hans Friedrich Beseler entamaient une deuxième
journée de négociations. Les responsables européens
se sont refusés à tout commentaire depuis l'ouverture des
discussions, lundi. De source européenne, on indique toutefois qu'une
troisième journée sera organisée si les discussions
évoluent favorablement. Le
commissaire européen Pascal Lamy s'est pour sa part déclaré
prêt à prendre l'avion pour Pékin dans le courant de
la semaine,
selon les progrès réalisés. Pour adhérer
à l'OMC, qui fixe les règles du commerce mondial, la Chine
doit d'abord conclure des accords avec tous les membres de l'organisation.
Avec l'Union européenne, cela reste à faire. De source proche
du dossier, on estime toutefois que la série de négociations
en cours pourrait apporter une issue à une situation bloquée
depuis 13 ans.
Washington, premier partenaire commercial de Pékin, a conclu
en octobre dernier un accord historique d'ouverture des marchés
avec la Chine. Les autorités américaines tiennent donc
maintenant à ce que Pékin trouve rapidement un accord avec
ses autres
partenaires. Dans ces conditions, l'accord sino-américain pourrait
être soumis au vote du Congrès avant que les courants de l'opinion
publique américaine qui lui sont hostiles n'aient le temps de s'amplifier.
Télécommunications et assurances
En cette année d'élections présidentielles, les
syndicats américains ont en effet engagé une campagne de
grande envergure pour
s'opposer à l'entrée de la Chine dans l'OMC. Mike Moore,
directeur général de l'OMC, s'est rendu la semaine dernière
à Pékin, où le Premier ministre Zhu Rongji lui a déclaré
espérer la conclusion rapide d'un accord. Zhu Rongji et le président
Jiang Zemin tiennent tous deux à assurer une adhésion rapide
de la Chine, objectif qu'ils ont âprement défendu face à
l'opposition des éléments conservateurs du pouvoir chinois.
Dans ce contexte, les Européens semblent déterminés
à exploiter la situation à leur avantage et campent sur leurs
positions en déclarant préférer la qualité
à la rapidité. Pascal Lamy a déjà déclaré
qu'un accord pourrait intervenir en à peine un mois, mais a aussi
souligné qu'en cas de difficultés, les négociations
risquaient de traîner en longueur huit mois, voire davantage. De
source proche des entretiens, on déclare que les Européens
tenteront vraisemblablement d'obtenir de la Chine des concessions supérieures
à celles que Pékin a consenties aux Américains dans
les domaines des télécommunications et des services financiers.L'Union
européenne souhaite notamment obtenir davantage de licences d'exploitation
pour les assureurs du vieux continent. Jusqu'à présent, la
Chine n'a accordé des licences qu'à 14 assureurs étrangers,
dont cinq américains et cinq européens. Mais certaines sociétés
américaines détiennent plus d'une licence. Par ailleurs,
d'autres questions spécifiquement européennes restent en
suspens, par exemple l'ouverture du marché chinois aux produits
de beauté français, au gin et au scotch britanniques ou aux
articles de cuir italiens. Outre les Etats-Unis, le Japon, l'Australie
et le Canada ont conclu l'année dernière des accords séparés
avec Pékin. Parmi les pays émergents, des pays tels que l'Argentine,
la Thaïlande, le Mexique et la Malaisie doivent encore achever leurs
propres négociations.
Corruption à Xiamen : règlement de comptes politique,
selon ses habitants (AFP, 30/1/00)
Nombre d'habitants de Xiamen (sud-est) considèrent l'énorme
scandale récemment mis à jour dans leur ville comme le résultat
d'un règlement de comptes politique, mais aussi une illustration
de la place qu'occupe la corruption dans le paysage chinois. Les habitants
de ce port de la mer de Chine, plaque tournante de bien des trafics, ont
vu récemment débarquer de Pékin quelque
400 enquêteurs de choc pour traquer les responsables d'un énorme
scandale de corruption et de contrebande portant sur des
milliards de dollars et impliquant plusieurs personnalités locales.
Environ 200 personnes, dont des responsables des douanes et de la police
ou du Parti communiste, ont déjà été arrêtées,
mais pour les habitants de Xiamen, ces responsables corrompus sont tombés
pour des raisons politiques et non morales. "La contrebande à Guangdong
(province de Canton) est bien plus grave qu'ici. Vous devriez aller là-bas",
a expliqué un de ses habitants à l'AFP en citant la province
voisine. "Ce qui a été fait ici n'est que de la petite bière",
a-t-il ajouté, résumant le sentiment général
dans cette ville de 1,2 million d'habitants. Dans la rue, le scandale est
connu sous le nom d'"affaire quatre deux zéro", en référence
à la date du 20 avril lorsque le Premier ministre chinois Zhu Rongji
a donné le feu vert pour enquêter sur le groupe Yuan Hua (adieu),
au centre du scandale."Avant, tout le monde essayait d'avoir les meilleures
relations possibles avec cette société. Maintenant, tout
le monde se bat pour s'en écarter", a expliqué un homme originaire
de la province d'Hubei et installé à Xiamen. Selon cet homme,
la corruption est générale en Chine, mais les responsables
politiques ont plus de chances de gagner de l'argent facilement le long
de la côte, où est concentrée la puissance économique
chinoise. L'équipe d'enquêteurs anticorruption est logée
dans un hôtel de 28 étages dans le centre de Xiamen, symbole
de l'ouverture et du boom des affaires dans cette ville depuis qu'elle
est devenue en 1981 une zone économique spéciale. Au centre
de ce scandale, se trouve le président du groupe Yuan Hua, Lai Changxing,
accusé d'avoir versé des pots-de-vin à des
responsables civils et militaires pour acheminer en toute quiétude,
et en contrebande, du pétrole, du caoutchouc, des voitures ou
encore des cigarettes. Devenu subitement très riche, Lai s'est
aussi rendu célèbre en 1997 en devenant le propriétaire
du club de football local. Depuis, il est supposé avoir fui le pays,
tout comme le maire adjoint de Xiamen Lan Pu après avoir été,
semble-t-il, prévenus à temps de l'imminence d'un coup de
force. Yuan Hua et tous les projets qui sont liés au groupe ont
été fermés, y compris un projet d'hôtel presque
terminé et la construction d'une tour de 88 étages. Mais
à Xiamen, ville touristique reconnue comme une des plus propres
et des plus sûres de Chine, tous ces remous laissent indifférents.
Des surfeurs continuaient dimanche à chercher la vague non loin
de la base navale où certains navires auraient escorté les
transferts illégaux de marchandises.
"On essaie juste de gagner notre vie", explique, de son côté,
un travailleur migrant. Pour d'autres, ce scandale est révélateur
des
problèmes de la Chine en général. "N'est-il pas
vrai que la Chine et Taïwan ne pourront être réunis que
lorsque les choses seront un peu en ordre d'un point vue légal",
a estimé un entrepreneur en bâtiment, faisant allusion à
la position taïwanaise liant réunification et démocratisation
en Chine. A peine trois kilomètres séparent Xiamen de l'île
de Jinmen, contrôlée par Taïwan.
Nouvelle offensive contre la corruption en Chine (AFP, 24/1/2000)
La Chine, qui se prépare à adhérer à l'Organisation
mondiale du commerce (OMC), s'est lancée dans une nouvelle offensive
anticorruption, mais la plupart des analystes étrangers se montraient
sceptiques quant à ses chances de succès en l'absence de
réforme politique. "La direction chinoise se doit de démontrer
sa volonté de combattre la corruption (...) une campagne anticorruption
est toujours populaire, elle permet également de renforcer le contrôle
des autorités centrales sur les provinces", a déclaré
lundi à l'AFP Joseph Cheng, un professeur de science politique de
la City University à Hong Kong. Il a dans le même temps regretté
que le pouvoir ne s'attaque pas aux "causes profondes" du mal endémique
qui frappe la Chine. M. Cheng était interrogé sur l'énorme
affaire de contrebande apparue dernièrement dans la province du
Fujian (sud-est), l'un des plus gros scandales mis à jour depuis
la fondation de la Chine communiste en 1949 et qui est en passe d'éclabousser
des hauts
dirigeants dans la capitale. Quelque 400 enquêteurs ont été
dépêchés par Pékin sur place pour tenter de
faire la lumière sur ce scandale, qui porte sur des milliards, voire
des dizaines de milliards de dollars de produits importés en fraude
(principalement de l'essence et des voitures) et qui s'est déjà
traduit par une trentaine d'arrestations, dont celles de plusieurs responsables
locaux des douanes et de la police. Environ 150 responsables seraient au
total impliqués, parmi lesquels un maire adjoint de Xiamen, qui,
selon un journal de Hong Kong, serait en fuite, ainsi que plusieurs très
hauts dirigeants de la province du Fujian, tandis que des rumeurs insistantes
font également état de l'implication de l'épouse de
l'actuel secrétaire du parti à Pékin Jia Qingling.
Ce dernier était numéro un du Fujian en 1997 lorsqu'il avait
été appelé à Pékin par le président
Jiang Zemin pour remplacer l'ancien maire Chen Xitong, lui-même condamné
à 16 ans de prison en 1998 pour un scandale de corruption portant
sur 2,2 milliards de dollars. "C'est un bon signe, cela montre qu'ils sont
prêts à sanctionner des gens importants", a commenté
un diplomate occidental, tout en soulignant que pour être efficace
à long terme, la lutte anticorruption avait besoin "d'un organisme
d'enquête indépendant du parti communiste".
Pour la plupart des experts, la corruption est inévitable dans
un système hybride, combinant l'allocation administrative des
ressources et la logique de l'économie de marché, avec
une justice incapable de faire contrepoids au pouvoir du parti communiste.
Malgré une tournée du Premier ministre chinois Zhu Rongji,
le principal artisan de la lutte anticorruption, dans le sud de la Chine
au début de l'an dernier, qui s'est déjà traduite
par des sanctions exemplaires contre des responsables corrompus des provinces
du Guangxi et du Guangdong, la prévarication a continué.
Faisant preuve d'une exceptionnelle transparence, le Bureau national d'audit
(BNA), a révélé jeudi dernier que près de 15
milliards de dollars avaient été détournés
au cours de la seule année écoulée au détriment
de la lutte contre la pauvreté ou des grands projets d'infrastructure.
Dans cette somme figurent notamment 600 millions destinés au relogement
des personnes déplacées par le colossal barrage des Trois
Gorges, le projet fétiche du numéro deux chinois Li Peng.
"Tous ces scandales risquent d'avoir un impact sur les efforts" faits
par la Chine pour se préparer à son adhésion à
l'OMC ou encore introduire certaines de ses sociétés en bourse,
a commenté pour sa part Bob Broadfoot, qui dirige une société
de conseil sur les risques politiques et économiques en Chine, basée
à Hong Kong. La contrebande ou l'évasion fiscale coûtent
chaque année des dizaines de milliards de dollars à l'Etat
chinois qui parvient de plus en plus difficilement à asseoir son
contrôle sur les provinces éloignées de Pékin.
Trois Gorges: détournement massif des fonds destinés
au relogement (AFP, 21/1/2000)
Le barrage chinois des Trois Gorges du Yangtsé, qui doit devenir
la plus grande installation hydro-électrique du monde, donne lieu
à une corruption non moins colossale aux dépens des habitants
déplacés par la montée des eaux, ont reconnu vendredi
les autorités. Cinq milliards de yuans (600 millions de dollars),
soit 12% de la somme prévue pour le relogement d'au moins 1,13 million
de riverains, ont été détournés pour la seule
année 1999, a rapporté vendredi le Quotidien du Peuple. "Quatorze
personnes sont impliquées", a ajouté l'organe du Parti communiste
chinois (PCC) sans plus de détails sur un projet déjà
largement critiqué pour son coût humain et écologique.Ces
chiffres, dévoilés par le Bureau national d'audit (BNA),
sont les premiers à révéler l'ampleur de la corruption
entourant le projet de barrage qui doit être achevé en 2009.
"Les détournements ont servi à construire des immeubles
de bureaux, à investir en bourse ou bien à financer des sociétés",
a
expliqué à l'AFP Mlle Wang, directrice du département
d'information du BNA. Les 14 personnes impliquées sont "des responsables
locaux chargés du relogement", a-t-elle ajouté, précisant
que "certains" d'entre eux avaient été déférés
au parquet. "D'autres font encore l'objet d'une enquête", a-t-elle
indiqué. Selon le journal, les détournements s'inscrivent
dans un total de 125 mds de yuans (15 mds USD) siphonnés l'an dernier
en Chine. Le ministère des Ressources en eau, l'un des principaux
organes chargés du barrage des Trois Gorges, a notamment perçu
de façon illicite 3 milliards de yuans (360 M USD) qui ont été
utilisés frauduleusement. En 1995, le ministère avait ainsi
consacré 18 millions de dollars à la construction d'un gigantesque
hôtel de luxe dans l'ouest de Pékin, qui n'a a jamais été
inauguré.
La prévarication autour des Trois Gorges avait commencé
à faire surface en début d'année dernière,
juste après une visite du
Premier ministre Zhu Rongji, qui avait mis en garde contre toute "négligence"
dans le projet lancé par son prédécesseur, Li Peng,
qui reste numéro deux de la hiérarchie communiste. Une
centaine de cadres locaux avaient alors été poursuivis pour
des faits de corruption allant de 1.200 à 24.000 dollars, mais aucun
chiffre global n'avait été fourni.Les médias officiels
ont reconnu par la passé que la corruption avait fait prendre du
retard au déplacement des populations, 60% seulement des nouveaux
logements prévus ayant été achevés à
temps en 1998. La corruption a aussi provoqué le mécontentement
des habitants qui ne touchent souvent pas plus de 10.000 yuans (1.200 dollars)
pour déménager. Plusieurs milliers ont adressé des
pétitions aux autorités pour protester contre leur expropriation.
Au risque d'attiser la grogne, le régime a commencé à
organiser le déplacement des riverains dans des zones éloignées
du barrage, revenant sur sa promesse initiale de maintenir toute la population
dans la région.
Selon l'organisation canadienne Probe International, le gouvernement
a ordonné à plus de 55.000 expropriés de s'exiler
dès cette
année dans d'autres provinces afin de laisser place au lac de
retenue de 632 km2 qui doit envahir l'amont du barrage. Selon le plan des
autorités, au moins 150.000 personnes devaient avoir quitté
les lieux à fin 1999 et 500.000 avant 2003, lors de la première
montée des eaux.
La banque centrale chinoise insiste sur les réformes, sans
dévaluation (AFP, 20/1/2000)
La Chine maintiendra le cap des restructurations économiques
et financières cette année, en s'interdisant de dévaluer
la monnaie nationale, le yuan, a assuré jeudi le gouverneur de la
banque centrale chinoise, Dai Xianglong.
"Cette année, nous concentrerons nos efforts sur la rationalisation
de la structure économique", a déclaré M. Dai au cours
d'une
conférence de presse. La perspective de l'adhésion de
la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) impose de poursuivre
la réforme des entreprises d'Etat pour qu'elles puissent résister
à l'ouverture des frontières, a-t-il expliqué.
"Nous fermerons ou réduirons les capacités de production
des industries redondantes ainsi que les petites usines dont la
technologie est dépassée", a-t-il promis, tout en dévoilant
les orientations du prochain plan quinquennal (2001-2005) en cours
d'élaboration.
"Ce sera un plan de restructuration économique", a-t-il dit.
De l'agriculture à l'industrie, les entreprises devront privilégier
la qualité en répondant aux besoins du marché et mettre
fin à la surproduction de produits médiocres.
"Avec l'adhésion à l'OMC, la Chine devrait rester compétitive
dans les secteurs des matières premières et de l'industrie
légère, mais pour les machines-outils, nous ne sommes pas
très sûrs", a-t-il admis. "Certains resteront compétitifs
et d'autres pas, notamment dans l'automobile".
Aux termes de l'accord sino-américain du 15 novembre sur l'entrée
de la Chine à l'OMC, les droits de douane sur les automobiles
importées devront tomber à 25% d'ici à 2005, contre
100% actuellement. Mercredi, le président Jiang Zemin a réaffirmé
la nécessité d'ouvrir les frontières à la concurrence
afin de forcer les entreprises chinoises à se moderniser. Pour sa
part, la banque centrale renforcera la supervision financière des
entreprises d'Etat, dont la restructuration a provoqué près
de 30 millions de licenciements au cours des trois dernières années.
Aucun nouveau prêt ne sera accordé aux entreprises non-rentables,
a-t-il averti. Les entrepreneurs chinois ne doivent en aucun cas espérer
une dévaluation du yuan, qui leur permettrait pourtant de survivre
à la concurrence internationale, a dit M. Dai.
"Le taux de change restera stable" cette année, a-t-il assuré,
expliquant que les exportations devraient continuer à croître,
même
après l'adhésion à l'OMC. "Nous nous attendons
à ce que les investissements étrangers ainsi que la balance
des paiements restent favorables", a-t-il ajouté. M. Dai a laissé
entendre que la santé financière des banques chinoises s'était
encore détériorée, en évaluant leurs dettes
non-récupérables à environ 8% à 9% de leur
portefeuille de prêts, alors qu'il avait évoqué le
chiffre de 6% à 7% il y a un an. Les analystes occidentaux évaluent
en général entre 25% et 40% la proportion des créances
non-récupérables accumulées par les banques chinoises
du fait de leur soutien apporté pendant des décennies aux
entreprises publiques. Les banques commerciales ont commencé au
printemps dernier à transférer leurs créances douteuses
vers des structures
spécialisées, afin d'alléger leurs bilans. 350
milliards de yuans (42,2 milliards de dollars) ont ainsi été
transférés l'an dernier, dont
100 milliards (12 milliards de dollars) ont été convertis
en actions, a indiqué M. Dai. Le gouverneur a reconnu que l'Etat
serait forcé de couvrir les pertes en dernier ressort. "Les pertes
finales seront absorbées par le ministère des Finances",
a-t-il déclaré. Prêt à mettre de l'ordre dans
les pratiques douteuses du système bancaire, M. Dai s'est fait fort
d'obliger les Chinois à ouvrir des
comptes en banque sous leur vrai nom et non sous un pseudonyme, une
pratique par laquelle les entreprises dissimulent encore
couramment au fisc leur trésorerie réelle.
Clinton: efforts tous azimuts pour un statut commercial normal à
la Chine (AFP, 10/1/2000)
Le président Clinton a annoncé lundi le lancement d'"efforts
tous azimuts" pour accorder le statut dit de relation commerciale normale
(NTR) à titre permanent à la Chine. Ces efforts seront menés
par le secrétaire général de la Maison Blanche, John
Podesta, avec la collaboration des conseillers présidentiels chargés
des questions économiques internationales, a précisé
le président américain. Bill Clinton a rappelé que
l'octroi de ce statut était nécessaire après l'accord
bilatéral conclu en décembre entre Pékin et Washington
en vue de l'entrée de la Chine à l'Organisation mondiale
du commerce (OMC). La Chine doit toutefois encore conclure d'autres accords
bilatéraux avant de pouvoir intégrer l'OMC.
La Chine déclare la guerre aux statistiques truquées
(AP, 12/1/2000)
La Chine entend mettre fin à une pratique ancienne: les
statistiques truquées. Les autorités menacent de ``sévère
punition'' tout responsable local qui sera pris à gonfler les données
économiques pour tenter de s'attirer les bonnes grâces des
autorités, rapportait mercredi l'agence Chine Nouvelle. Quelque
8.000 entreprises ont également reçu l'ordre de communiquer
leur bilan directement à Pékin pour éviter que des
fonctionnaires locaux ne les manipulent. ``Le but sera de découvrir
et punir les personnes qui utilisent illégalement leur pouvoir pour
intervenir dans la compilation des statistiques, surtout ceux qui utilisent
de fausses statistiques pour (obtenir) des avantages politiques ou financiers'',
a déclaré Liu Hong, directeur du Bureau national des statistiques,
cité par Chine Nouvelle. Jusqu'au Pemier ministre Zhu Rongji, les
dirigeants du pays se plaignent de manquer de données fiables. Ce
mal chinois, apparu avec le régime communiste en 1949, a parfois
eu des conséquences désastreuses. A la fin des années
50, des responsables locaux trop zélés ont gonflé
le tonnage des récoltes de céréales. Se fiant à
ces chiffres, Mao Tsé-Toung a ordonné l'exportation de grandes
quantités de denrées, ce qui a conduit à la famine
de 1958-62, qui aurait fait 30 millions de morts.
Pékin compte sur l'investissement pour maintenir la croissance
en 2000 (AFP, 4/1/2000)
Pékin va poursuivre sa politique d'investissements massifs dans
les infrastructures afin de maintenir la croissance économique sur
un rythme de croisière d'environ 7% cette année, a annoncé
mardi le ministre chargé de la Commission nationale à la
Planification du développement, Zeng Peiyan.La croissance du produit
intérieur brut devrait se situer à un niveau proche des 7,1%
obtenus en 1999, a-t-il estimé. "En fonction de la situation économique
actuelle, nous pouvons maintenir le taux obtenu en 1999. Nous sommes confiants.
Je ne pense pas que cela posera de problèmes", a-t-il déclaré
lors d'une conférence de presse. L'Etat continuera à investir
massivement dans les grands projets afin de stimuler la demande intérieure,
a-t-il dit.
L'Etat s'est endetté en 1999 à hauteur de 200 milliards
de yuans (24 milliards de dollars) pour financer des projets qui ont attiré
au
total 2.000 milliards de yuans si l'on ajoute les fonds débloqués
par les banques et les collectivités locales.
Selon M. Zeng, la moitié de cette somme a été
dépensée, le reste devant être investi cette année
et en 2001.
Ces investissements, répartis entre quelque 5.000 projets, ont
permis d'ajouter deux points à la croissance en 1999, contre 1,5
point en 1998, a-t-il souligné.
L'Etat vise particulièrement les régions peu développées
de l'Ouest, où les fonds sont destinés à la protection
des ressources en
eau, aux transports (route, train, aéroports) et aux services
publics dans les villes.
Ces projets visent à compenser "la faiblesse de la demande,
qui reste le principal facteur de freinage de la croissance économique",
a expliqué M. Zeng. Signe de l'excès de l'offre, la Chine
est confrontée depuis plus de deux ans à la déflation.
"Je pense que la baisse sera moins forte cette année", a dit
M. Zeng sans fournir de chiffres.
Afin de soutenir la demande, Pékin prévoit d'augmenter
les revenus des citadins. En ce qui concerne les paysans, l'Etat rachètera
leurs excédents de céréales, avec une prime à
la qualité.
La croissance permettra d'éviter une dévaluation de la
monnaie nationale, le yuan, a estimé M. Zeng. "L'an dernier, la
situation des
exportations a été très bonne, le commerce dégageant
un excédent de 30 milliards de dollars", a-t-il fait valoir. "Il
n'y a donc aucune raison ni besoin de modifier la valeur du yuan dans un
avenir proche."
Certains économistes redoutent que l'Etat n'investisse dans
des projets peu rentables et à l'efficacité douteuse.
"Les mesures de stimulation fiscale et monétaire visant à
stimuler la croissance à court terme sont moins efficaces sur le
long
terme et présentent des risques pour le système financier",
selon Li Yang, directeur du Centre de recherche financière de
l'Académie chinoise des sciences sociales, cité par le
China Securities Daily.
D'autres économistes se montrent encore plus optimistes que
le gouvernement : pour Eddy Wong, de la banque ABN Amro Asia
(Hong Kong), les exportations de la Chine devraient s'accroître
de 12% cette année.
Relations internationales
Immigrants clandestins et OMC au programme de Zhu Rongji en Europe
(AFP, 25/6/2000)
Le Premier ministre chinois Zhu Rongji part mardi pour la Bulgarie
et cinq pays de l'Union européenne auréolé du récent
accord Chine-UE sur l'OMC, mais ses hôtes l'attendent aussi sur la
délicate question de l'immigration clandestine.M. Zhu, accompagné
de son épouse Lao An, est attendu mardi à Sofia pour une
visite de deux jours en Bulgarie, première étape d'une tournée
qui le conduira en Allemagne (du 29 juin au 3 juillet), au Luxembourg (3
et 4 juillet), aux Pays-Bas (4 et 5), en Italie (du 5 au 9) et en Belgique
ainsi qu'au siège de l'Union européenne à Bruxelles
(9 au 11).
La tournée débute un mois et demi après l'accord
obtenu à l'arraché à Pékin entre négociateurs
chinois et de l'UE sur l'adhésion de
la Chine à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), qui devrait
être chose faite vers la fin de l'année. M. Zhu est considéré
comme le principal artisan de l'adhésion de son pays à
l'OMC.Au cours des rencontres prévues dans chaque pays avec les
milieux d'affaires, M. Zhu devrait appeler les entreprises européennes
à investir dans les réformes économiques chinoises,
notamment dans le développement des infrastructures encore arriérées
de l'ouest du pays. L'ouverture du marché chinois négociée
par le commissaire européen Pascal Lamy doit permettre à
l'UE de rattraper son retard sur le Japon et les Etats-Unis en termes de
commerce bilatéral avec la Chine, a fait valoir un haut responsable
du ministère chinois des Affaires étrangères.
"Le potentiel du commerce sino-européen reste considérable",
a ajouté ce responsable qui a requis l'anonymat.
Le chef du gouvernement chinois, qui est accompagné du gouverneur
de la banque centrale Dai Xianglong, devrait aussi se pencher
sur la question de l'euro lors de ses entretiens avec les dirigeants
de l'UE, notamment le président de la Commission, Romano
Prodi. "L'euro est une devise prometteuse qui va remonter au bout d'un
certain temps", a assuré récemment M. Zhu, en réaffirmant
que la Chine augmenterait la part de la monnaie européenne dans
ses réserves en devises, actuellement dominées par le dollar.
Une semaine après la découverte dans le port britannique
de Douvres de 58 Chinois morts étouffés dans un camion frigorifique,
M.
Zhu s'attend à être interrogé sur les mesures que
Pékin compte prendre pour enrayer l'émigration clandestine.
"Nous sommes prêts à renforcer la coopération internationale
dans ce domaine", a assuré le haut responsable des Affaires étrangères.
Le sommet européen de Feira (Portugal) a également appelé
la semaine dernière à un renforcement de la coopérationeuropéenne
contre les réseaux d'immigration clandestine.
En Bulgarie, M. Zhu effectuera la première visite d'un haut
responsable chinois dans ce pays depuis la chute du communisme en1989.
Il sera reçu par son homologue Ivan Kostov et par le président
Petar Stoïanov.
En Allemagne, il aura à Berlin des entretiens avec le chancelier
Gerhard Schroeder et visitera Potsdam, Hambourg et Hanovre, où sed
éroule l'exposition universelle Expo-2000. Il doit également
visiter un site expérimental du train à sustentation magnétique
Transrapid et pourrait signer un contrat de financement pour une première
ligne de 50 km à Shanghai, selon la presse allemande.
Au Luxembourg, il sera reçu par son homologue Jean-Claude Juncker
et aux Pays-Bas par la reine Beatrix ainsi que le Premierministre Wim Kok.
Il gagnera ensuite Rome pour des entretiens avec le président du
Conseil italien Giuliano Amato, puis Florence et Venise. Aucun déplacement
n'est prévu au Vatican, avec qui la Chine n'entretient pas de relations
diplomatiques, en dépit de rumeurs de rapprochement entre Pékin
et le Saint-Siège.
Départ du Premier ministre chinois pour une tournée
européenne (AP, 27/6/2000)
Le Premier ministre chinois Zhu Rongji a entamé mardi une tournée
européenne de deux semaines au cours de laquelle il se rendra dans
six pays pour promouvoir les liens commerciaux et diplomatiques avec la
Chine, a annoncé l'agence de presse officielle Chine nouvelle. Zhu
Rongji commencera par une visite de trois jours en Bulgarie, le seul pays
non membre de l'Union européenne de sa tournée. Il se rendra
ensuite en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Italie et en Belgique.
Il s'entretiendra également avec le président de l'UE, Romano
Prodi. Pékin voudrait surtout donner encourager les échanges
commerciaux avec les Quinze pour dépasser les 59 milliards de dollars
(413 milliards de FF/63 milliards d'euros) de l'année dernière.
M. Zhu voyage d'ailleurs avec le gouverneur de la banque centrale et d'autres
conseillers économiques de haut rang.
Khatami: il n'a pas été question du nucléaire
avec les Chinois (Reuters, 27/6/2000)
Le président iranien Mohamad Khatami assure qu'il n'a jamais
été question de coopération nucléaire durant
les entretiens qu'il a eus pendant sa visite en Chine la semaine dernière,
rapporte le quotidien saoudien al Hayat. Khatami a tenu ces propos dans
une interview accordée à ce journal pendant sa visite en
Chine. "Nous avons de très bonnes relations avec la Chine, mais
nous n'avons pas discuté de coopération nucléaire
avec les autorités chinoises. Nous espérons que cette visite
aura été fructueuse pour le développement des relations
dans tous les secteurs entre nous et la Chine", a-t-il ajouté. Le
président Khatami et son homologue chinois Jiang Zemin se sont engagés
à relancer le commerce bilatéral et à faire revivre
la "route de la Soie", qui relia les civilisations anciennes de leurs pays.
Ils ont également signé cinq accords dans les domaines de
l'énergie, du tourisme, des échanges culturels et éducatifs,
les investissements, ainsi que les minéraux et la métallurgie.
Khatami en Chine, un allié stratégique de l'Iran en
Asie (AFP, 20/6/2000)
Le président iranien Mohammad Khatami se rend jeudi en Chine
pour une visite d'Etat hautement symbolique dans un pays considéré
comme un allié stratégique de l'Iran en Asie depuis la révolution
islamique de 1979.
Annoncée pour six jours, cette visite doit permettre aux
deux pays de raffermir leurs relations aussi bien sur le plan politique,
économique que militaire. Sa durée et la composition de la
délégation présidentielle confirme l'importance du
déplacement.
M. Khatami, qui répond à une invitation du président
Jiang Zemin, sera accompagné de quatre ministres: Kamal Kharazi
(Affaires étrangères), Ataollah Mohadjerani (Culture et Orientation
islamique), Ali Chamkhani (Défense) et Esshagh Djahanguiri (Mines
et Métaux).
"La participation importante de la Chine dans des projets de
développement en Iran témoigne de la profondeur des relations
entre les deux pays", selon M. Mohsen Aminzadeh, vice-ministre iranien
des Affaires étrangères.
Selon M. Aminzadeh, "la vente de gaz naturel" et "la participation
de la Chine dans des projets de construction de centrales" en Iran seront
au menu des entretiens de M. Khatami à Pékin.
Une importante délégation commerciale accompagnera
aussi le président iranien qui prononcera au cours de sa visite
un discours à l'Université de Pékin et se rendra également
dans le Sin kiang et à Hong Kong.
Il s'agira de la pemière visite en Chine du président
Khatami depuis son élection en mai 1997, et la deuxième d'un
président iranien. L'ayatollah Ali Khamenei, aujourd'hui guide de
la République islamique, s'était rendu à Pékin
en 1989 en tant que président de la République.
Pékin et Téhéran ont décidé
ces derniers mois de renforcer leur coopération politique et économique
et de développer leurs échanges commerciaux, qui se sont
montés à 1,3 milliard USD en 1999, selon des chiffres officiels.
Mais l'Iran souhaite désormais augmenter la part de ses
exportations pétrolières et non-pétrolières
vers la Chine.
La coopération militaire bilatérale se poursuit
malgré l'opposition de pays occidentaux qui soupçonnent Pékin
d'assister Téhéran dans le domaine nucléaire.
Face à ces accusations, principalement américaines,
la Chine dément systématiquement toute coopération
dans ce domaine.
La Chine, tout comme la Corée du Nord, a été
été l'un des principaux fournisseurs d'armes de l'Iran en
Asie durant la guerre Iran-Irak (1980-88).
Les deux pays coopèrent également dans divers domaines
industriels, notamment les équipements pour le métro de Téhéran.
M. Khatami avait inauguré en février la première ligne
du métro de Téhéran en présence du ministre
chinois des Affaires étrangères Tang Jiaxuan.
Les deux pays, systématiquement accusés par les
Etats-Unis de violation des droits de l'Homme, coopèrent également
dans le domaine politique affirmant vouloir refuser le "monde unipolaire"
qu'ils accusent Washington de vouloir imposer.
En outre, tant Téhéran que Pékin récusent
"l'ingérence" des pays occidentaux sur la question des "droits de
l'Homme" dans leurs pays respectifs.
"Ils commettent ainsi une ingérence, ces sujets ne devant
pas être utilisés comme un outil politique pour exercer des
pressions sur un pays", avait déclaré en février le
chef de la diplomatie iranienne devant son homologue chinois, en visite
à Téhéran.
L'amitié entre la Chine et la Corée du Nord rétablie
(Reuters, 1/6/2000)
La Chine lève le secret sur la visite du dirigeant nord-coréen
Kim Jong-il et a claironné son amitié rétablie avec
son vieil allié communiste, à deux semaines seulement d'un
sommet historique entre les deux Corées.
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il a effectué cette
semaine une visite de trois jours en Chine à l'invitation du président
Jiang Zemin, a rapporté dans la journée l'agence Chine Nouvelle.
Cette visite a été décrite comme "non officielle"
par l'agence officielle chinoise.
L'émissaire de Corée du Nord à Pékin a
précisé que Kim avait rencontré Jiang Zemin lundi,
puis qu'il s'était entretenu le lendemain avec d'autres hauts responsables
dont le Premier ministre Zhu Rongji. Il a regagné son pays mercredi.
"Kim Jong-il a salué les réformes et l'ouverture de la
Chine et a exprimé le soutien de la Corée du Nord pour les
réformes et le programme d'ouverture de Deng Xiaoping ", a déclaré
Kwon Byong-hyon à la presse.
Il s'agissait de la première visite à l'étranger
d'un dirigeant nord-coréen depuis une autre visite en Chine en 1983.
La Chine est le seul pays à avoir une influence sur les dirigeants
stalinistes nord-coréens. La visite de Kim a donc provoqué
une grande effervescence à Séoul, à deux semaines
du sommet historique entre les dirigeants des deux Corées qui doit
avoir lieu à Pyongyang, capitale de la Corée du Nord.
Les relations entre les deux voisins s'étaient refroidies depuis
1992, lorsque la Chine avait établi des relations diplomatiques
avec la Corée du Sud.
Pourtant, les deux parties ont semblé frileuses à l'heure
de montrer que cette visite marquait leur réconciliation.
A propos de la rencontre de Pyongyang entre les deux Corées,
Jiang a déclaré à Kim, selon l'agence Chine nouvelle,
que Pékin "salue et soutient le sommet entre les deux parties".
"La Chine espère aussi que les deux parties vont améliorer
leurs relations", a déclaré le président chinois.
Le Président grec rend hommage à la Chine "force de
stabilité" (AFP, 21/4/2000)
Le chef de l'Etat grec Costis Stéphanopoulos a rendu hommage
vendredi à la Chine, la qualifiant de "force de stabilité
dans sa région et le monde" à l'issue d'un entretien avec
son homologue Jiang Zemin lors de la première visite d'un président
chinois en Grèce.
Après deux étapes en Israël et en Turquie,
le président chinois entamait à Athènes une visite
officielle de trois jours en Grèce, où il partagera son temps
entre des entretiens politiques et la découverte du riche patrimoine
archéologique du pays.
"La Grèce suit avec un intérêt tout particulier
les progrès effectués par Pékin qui a mis en place
des programmes de modernisation (du pays) qui ont fait de la Chine une
force de stabilité dans sa région et dans le monde", a souligné
M. Stéphanopoulos qui a reçu au palais présidentiel
M. Jiang avec tous les honneurs.
"La Grèce désire développer ses rapports
avec la Chine, mais elle peut aussi servir d'intermédiaire pour
de bonnes relations entre l'Union européenne, dont elle est membre,
et la Chine", a assuré M. Stéphanopoulos.
"Nos deux pays appliquent le droit international et respectent
la légalité internationale et les résolutions adoptées
par les organes de l'ONU", a ajouté M. Stéphanopoulos. Il
n'a pas fait d'allusion explicite à la Yougoslavie, que l'OTAN avait
bombardé au printemps dernier sans mandat explicite du Conseil de
sécurité.
Très souriant, M. Jiang a rappelé que "la Chine
en Asie et la Grèce en Europe sont deux pays anciens mais avec une
brillante civilisation et une longue histoire. Aujourd'hui à l'aube
du 21è siècle, les deux pays vont renforcer ces relations",
a-t-il ajouté devant un parterre de journalistes mais aussi deux
importantes délégations chinoise et grecque.
Il a fait étalage de sa culture hellénique : "J'ai
appris à l'école tant de choses sur Homère et ses
épopées, sur la philosophie de Socrate, Platon et Aristote.
J'avais appris à distinguer vos lettres dans l'alphabet mais aujourd'hui
à vous entendre parler, je ne comprends pas grand-chose", a-t-il
reconnu.
"Mes connaissances sur la Chine sont beaucoup plus restreintes,
mais je trouve justement qu'il faut d'abord développer nos relations
culturelles", a déclaré de son côté le chef
de l'Etat grec en réponse à un journaliste chinois qui lui
demandait "comment les deux pays pouvaient développer leur liens
dans cette époque de mondialisation".
"Viendront ensuite les relations commerciales et le secteur touristique
qui, comme j'entends, ont de l'avenir", a ajouté M. Stéphanopoulos.
Côté grec, les ministres des Affaires étrangères
Georges Papandréou et de l'Economie nationale Yannos Papantoniou
ont participé aux entretiens entre les deux chefs d'Etat.
Le président chinois s'est rendu au palais Maxime, tout
proche de la présidence hellénique, pour rencontrer le Premier
ministre Costas Simitis, le dirigeant politique du pays, le chef de l'Etat
n'ayant que des fonctions honorifiques en Grèce.
La section grecque d'Amnesty International a adressé jeudi
une lettre ouverte à M. Simitis lui demandant d'intervenir auprès
de son interlocuteur en faveur des droits de l'Homme.
M. Stéphanopoulos devait offrir dans la soirée
un dîner à la présidence en l'honneur de son invité.
La Chine échappe à toute condamnation par la Commission
des droits de l'Homme (AFP, 18/4/2000)
La Chine a une nouvelle fois échappé mardi à une
condamnation de la Commission des droits de l'Homme de l'ONU, contrairement
au souhait de Washington.
Par un artifice de procédure, déjà largement
utilisé, la Chine a fait voter par la Commission une "résolution
de non action" ayant pour but d'interdire la mise au vote de tout autre
texte.
Depuis 1990, Pékin a systématiquement utilisé
cette procédure, sauf en 1995, échappant ainsi à toute
condamnation.
Comme les années précédentes, les Etats-Unis
tenaient prêt un texte de résolution par lequel la Commission
aurait notamment exprimé sa "préoccupation devant la détérioration
des droits de l'homme et des libertés fondamentales" en Chine.
Washington souhaitait également que la Commission appelle
solennellement Pékin à assurer la liberté d'expression
pour l'ensemble de ses citoyens, et plus concrètement, libère
tous les prisonniers politiques, et autorise toutes les activités
pacifiques des Boudhistes, des Musulmans, des Chrétiens et d'autres
groupes.
"Ce n'est pas de la confrontation que d'appeler la Chine à
obéir au droit international qu'elle a accepté", a souligné
Harald Koh, secrétaire d'Etat adjoint chargé des droits de
l'Homme en présentant devant la Commission les raisons de la résolution
américaine. Mais, déjà à ce stade, nombreux
étaient les délégués parmi les 53 pays membres
de la Commission qui avaient parié sur un soutien à la Chine
plutôt qu'à sa condamnation.
Depuis plusieurs semaines en effet, Pékin avait allumé
des contre-feux, jusque dans l'enceinte de la Commission, en rappelant
systématiquement les violations des droits de l'homme aux Etats-Unis
même: discrimination raciale, brutalités policières,
tortures dans les prisons et fusillades sur les campus américains.
L'ambassadeur de Chine à l'ONU, M. Qiao Zonghuai, a non
seulement repris ces arguments mais rappelé que Washington n'avait
toujours pas ratifié la Convention sur les droits de l'enfant. Les
Etats-Unis et la Somalie sont les seuls Etats aux monde à ne pas
encore avoir adhéré à cette convention.
De plus, a souligné l'ambassadeur, "ce sont les Etats-Unis
qui ont violé les droits de l'homme chinois en ayant bombardé
l'ambassade de Chine en République fédérale de Yougoslavie,
le 8 mai 1999, ayant tué trois journalistes et blessé plus
de 20 personnes".
Malgré ces passes d'armes, récurrentes dans une
telle enceinte, les Etats-Unis n'en sont pas moins les principaux soutiens
à l'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale
du Commerce (OMC), qui donnerait un caractère encore plus mondial
à la seule instance de régulation du commerce international.
Les Etats-Unis, premier investisseur étranger en Chine, ont conclu
en novembre dernier un accord avec Pékin sur les conditions de son
accession à l'OMC.
Pour sa part, l'Union européenne, qui devant la Commission
des droits de l'Homme s'est également opposée à l'artifice
de procédure chinois, n'en cherche pas moins à surmonter
toutes les difficultés pour permettre une adhésion de la
Chine à l'OMC. Le même jour à Pékin, l'ambassadeur
de l'UE, Endymion Wilkinson, a annoncé que les négociations
reprendraient "très bientôt", soulignant ainsi la séparation
des genres entre commerce et défense des droits de l'Homme, à
laquelle s'astreignent aussi bien les Européens de l'UE que les
Etats-Unis. Malgré son échec à faire condamner Pékin,
le représentant américain Harald Koh à la Commission
s'est félicité d'avoir une nouvelle fois attiré l'attention
mondiale sur la situation des droits de l'homme en Chine.
Le président chinois visite les lieux saints de Jérusalem
(AFP, 16/4/2000)
Le président chinois Jiang Zemin s'est rendu dimanche aux les
lieux saints musulmans, juifs et chrétiens dans la vieille ville
de Jérusalem, au cinquième jour de sa visite, la première
du genre.
Le président chinois s'est rendu au Dôme du Rocher,
troisième lieu saint de l'islam, sur l'Esplanade des mosquées,
au Mur des Lamentations, lieu le plus sacré du judaïsme, et
au Saint-Sépulcre, un des sites les plus vénérés
du christianisme.
M. Jiang portait un costume sombre, une casquette de base-ball
blanche et des lunettes de soleil. Il était accompagné sur
ces trois sites de gardes du corps israéliens et chinois.
Il a été accueilli sur l'Esplanade des mosquées
par le responsable palestinien en charge du dossier de Jérusalem
Fayçal Husseini, ainsi que des représentants de l'administration
des Wakfs (biens religieux musulmans).
"Le président (chinois) est un homme politique et sa visite
a donc une signification politique, ainsi que sociale, les relations entre
les Chinois et les Palestiniens sont très bonnes", a déclaré
M. Husseini aux journalistes.
Le mufti de Jérusalem, principal responsable musulman
palestinien, Ekrima Sabri n'était pas présent. Selon des
dirigeants palestiniens, le mufti a décidé de boycotter cette
visite parce que le président chinois n'est pas un dignitaire religieux.
Les visites sur les lieux saints de Jérusalem, situés
dans la partie orientale de la ville, sont particulièrement sensibles,
car Israël considère la Ville sainte, y compris Jérusalem-est,
conquise en 1967, comme sa capitale "réunifiée et éternelle",
une décision contestée par la communauté internationale.
En outre, les Palestiniens veulent faire du secteur oriental
la capitale de leur futur Etat, que le président de l'Autorité
palestinienne Yasser Arafat a déclaré son intention de proclamer
le 13 septembre, même sans accord de paix avec l'Etat hébreu.
M. Jiang s'est ensuite rendu au Mur des Lamentations, où
il a été accueilli par le directeur du bureau des Lieux saints
au ministère israélien des Affaires religieuses Oded Vinter.
Le président chinois, chef d'un Etat officiellement laïc et
athée, n'a pas glissé de papier contenant une prière
dans un interstice du Mur, une coutume juive à laquelle se plient
de nombreux responsables étrangers en déplacement à
Jérusalem.
A l'Eglise du Saint-Sépulcre, c'est le "numéro
2" de l'Eglise grecque-orthodoxe, le père Timothée, qui l'a
reçu officiellement, en compagnie de l'ambassadeur d'Israël
en Chine Ora Namir. Le père Timothée a indiqué avoir
évoqué avec M. Jiang l'importance de la paix dans le monde
et du rôle des dirigeants de la planète dans sa recherche.
"J'ai également demandé au président chinois d'aider
les chrétiens dans le monde à exercer leur droit à
la liberté de culte", a souligné le père Timothée.
M. Namir a estimé que cette visite aux lieux saints marquait la
"complexité" de la question de Jérusalem. M. Jiang devait
ensuite rencontrer à Tel Aviv l'ancien Premier ministre et actuel
ministre de la Coopération régionale Shimon Peres, ainsi
que le président du Conseil pour le développement des relations
israélo-chinoises Irwin Eisenberg. Yasser Arafat avait appelé
samedi la Chine à jouer un rôle dans le processus de paix
israélo-palestinien et à désigner un représentant
permanent pour le suivre, à l'image des Etats-Unis et de l'Union
européenne. Mais la coopération militaire israélo-chinoise
a monopolisé l'attention sur la visite, M. Barak laissant entendre
le 13 avril que son gouvernement procéderait comme prévu
à la vente à Pékin d'un avion radar de type AWACS,
malgré le silence absolu observé par M. Jiang sur ce contrat.
Arafat veut impliquer Pékin dans le processus de paix
(Reuters, 15/4/2000)
Le président palestinien Yasser Arafat a demandé au président
chinois Jiang Zemin, en visite dans les territoires autonomes, de nommer
un émissaire permanent au Proche-Orient pour accélérer
les négociations de paix avec Israël.
"La Chine a des relations fortes avec Israël. Il est dans notre
intérêt qu'elle joue un rôle dans le processus de paix",
a déclaré Nabil Chaat, le ministre de la Planification de
l'Autorité palestinienne, à l'issue d'un entretien à
Bethléem entre Jiang Zemin et Arafat.
L'Onu dispose d'un émissaire au Proche-Orient, Terje Larsen,
de même que l'Union européenne, en la personne de Miguel Moratinos.
Jiang Zemin a entamé mercredi une tournée historique de cinq
jours en Israël et dans les territoires palestiniens.
Sa visite marque l'aboutissement du réchauffement des relations
entre la Chine et l'Etat hébreu, favorisé par la vente à
Pékin de matériel militaire israélien d'une valeur
de plusieurs dizaines millions de dollars. Israël a signé un
contrat de vente à la chine d'un avion de fabrication russe équipé
d'un système d'alerte et de contrôle ultra-sophistiqué
(Awacs) en dépit des réticences américaines. Craignant
que Pékin n'utilise l'Awacs contre Taïwan et les Etats-Unis,
Washington avait demandé à Israël d'annuler le contrat,
dont la valeur est estimée à 250 millions de dollars.
Arafat appelle au respect des résolutions de l'Onu
Lors d'une conférence de presse commune avec le chef de l'Autorité
palestinienne à Bethléem, Jiang Zemin a déclaré
que son pays ferait "tout son possible, en dépit de la grande distance
séparant la Chine et la Palestine, pour faire avancer le processus
de paix". "C'est l'occasion rêvée d'impliquer son Excellence
le président Jiang Zemin dans le processus de paix", a pour sa part
estimé Yasser Arafat. Le président palestinien a ajouté
qu'il souhaitait qu'Israël respecte les résolutions de l'Onu
qui exigent un retrait israélien de Cisjordanie, notamment de Jérusalem-Est
et de Gaza, territoires occupés par Israël depuis le conflit
de 1967.
Les pourparlers israélo-palestiniens se sont achevés
vendredi aux Etats-Unis et doivent reprendre à la fin du mois au
Proche-Orient. Israéliens et Palestiniens étaient réunis
depuis le 7 avril sur la base aérienne de Bolling, près de
Washington, pour tenter de jeter les bases d'un accord-cadre. Les deux
parties ont jusqu'au 13 septembre pour signer un accord final.
Le président chinois en terre palestinienne (AP, 15/4/2000)
Le président chinois dans la ville natale du Christ. Après
une visite de trois jours en Israël, Jiang Zemin est arrivé
samedi matin à Bethléem, en Cisjordanie, où il a été
accueilli par le président de l'Autorité palestinienne Yasser
Arafat. Peu après l'entrée de la limousine du chef de l'Etat
chinois dans la cour du palais du dirigeant palestinien, une garde d'honneur
a joué les hymnes nationaux. Le président Jiang a serré
la main de Yasser Arafat et de ses ''ministres''. Lors de leur rencontre,
MM. Jiang et Arafat devaient signer dans la journée un accord de
coopération économique. Pékin a également promis
de contribuer à hauteur de quatre millions de dollars (27,3 millions
de ff / 4,2 millions d'euros) à la construction d'un hôpital
dans la ville cisjordanienne de Qalqiliya.Le président chinois devait
ensuite visiter la basilique de la Nativité, construite sur la grotte
où selon la tradition biblique Jésus est né. Jiang
Zemin prévoyait également de prendre la parole devant le
conseil législatif palestinien.Chaque visite d'un chef d'Etat étranger
dans les territoires palestiniens représente un succès diplomatique
pour Yasser Arafat, qui a menacé de proclamer un Etat palestinien
dès cette année.Les Palestiniens veulent profiter de la visite
du président Jiang pour faire jouer un rôle à la Chine
dans les négociations de paix israélo-palestiniennes. ''Le
peuple chinois ont soutenu la révolution palestinienne dès
les années 60, c'est-à-dire avant d'établir des relations
avec Israël'', a ainsi souligné le ''ministre'' palestinien
de la Planification Nabil Chaath.
Kosovo: les Chinois rejettent les explications américaines
(Reuters, 11/4/2000)
La Chine rejette les explications officielles américaines sur
le bombardement de son ambassade à Belgrade lors de la guerre du
Kosovo en mai 1999. "Notre mission diplomatique en Yougoslavie porte des
signes aisément reconnaissables et elle est aussi clairement indiquée
sur les cartes américaines", a déclaré Zhu Bangzao,
porte-parole du ministère des Affaires étrangères
cité par l'agence Chine nouvelle. "Les affirmations des Etats-Unis
selon lesquelles ils ne connaissaient pas l'emplacement exact ne tiennent
pas", a-t-il ajouté. Il s'agit de la première réaction
officielles chinoise depuis que Washington a officiellement communiqué
samedi à Pékin les résultats de l'enquête interne
ouverte à propos du bombardement, qui avait fait trois morts côté
chinois. Dimanche, la CIA a annoncé avoir limogé l'un de
ses agents et avoir sanctionné six autres pour avoir commis des
erreurs ayant
abouti au bombardement.
Bombardement de l'ambassade de Chine à Belgrade: Pékin
ne se satisfait pas du limogeage d'un employé de la CIA (AP,
11/4/2000)
Malgré des excuses répétées de Washington,
une offre de dédommagement et des sanctions contre des employés
de la CIA, Pékin a jugé mardi ''difficiles à croire''
et même ''inacceptables'' les explications de Washington concernant
le bombardement par erreur l'an dernier de l'ambassade de Chine à
Belgrade.Ce bombardement le 7 mai dernier, lors de la campagne de l'OTAN
contre l'offensive serbe au Kosovo, avait tué trois Chinois, blessé
27 autres et gravement endommagé la chancellerie. L'événement
avait considérablement tendu les relations entre les deux pays.Samedi
dernier, un employé de la CIA accusé d'avoir inclu par erreur
l'ambassade chinoise parmi les cibles potentielles des avions de l'Alliance,
avait été limogé, tandis que six autres agents ont
écopé de sanctions administratives, qui vont de la lettre
d'avertissement à la réprimande.Mais la Chine ne s'est pas
du tout satisfaite de ces mesures. ''Les explications américaines
sur cette affaire sont difficiles à croire et sont inacceptables
à nos yeux'', a déclaré mardi Sun Yuxi, porte-parole
du ministère chinois des Affaires. Pékin réclame donc
toujours une ''explication satisfaisante'' de la part des autorités
américaines.
Clinton en Inde et au Pakistan: espoirs et craintes
à Pékin (AFP, 24/3/2000)
La Chine a suivi la visite historique du président Bill Clinton
en Inde avec des sentiments mitigés, espérant que celle-ci
favoriserait la paix en Asie du sud, tout en redoutant un renforcement
de l'influence américaine dans cette région.
Alors que la diplomatie chinoise s'efforçait de donner
une tonalité positive au rééquilibrage de la politique
américaine dans le sous-continent indien, le Quotidien de l'Armée
chinoise s'est singularisé en avertissant que la Chine et la Russie
ne resteraient pas "les bras croisés" face à un renforcement
de l'influence américaine.
"Ces deux pays ne vont rester les bras croisés face aux
efforts américains pour renforcer leur influence stratégique
en Asie du sud" a écrit le journal jeudi dans un commentaire consacré
aux "difficultés" de la mission de Bill Clinton en Inde.
Ce dernier s'apprêtait vendredi à achever sa visite
en Inde, la première depuis 22 ans d'un président américain
dans ce pays qui entretient des relations traditionnelles d'amitié
avec la Russie, avant de se rendre samedi au Pakistan - qui entretient
lui des relations privilégiées avec la Chine.
Mais la Chine s'efforce également depuis l'an dernier
d'améliorer ses relations avec son puissant voisin indien, envenimées
par un bref, mais sanglant conflit frontalier en 1962, et qui avaient à
nouveau souffert lors des essais nucléaires indiens de mai 1998,
vivement condamnés par Pékin.
Signe de ce réchauffement, le président indien
K.R. Narayanan devrait ainsi se rendre en visite en Chine à la fin
du mois de mai pour marquer le cinquantenaire de l'établissement
des relations diplomatiques bilatérales.
Officiellement, Pékin a jusqu'à présent
fait preuve de prudence face à la visite de M. Clinton: "nous espérons
que cette visite jouera un role positif dans la promotion de la paix et
de la stabilité en Asie du sud" a déclaré le porte-parole
du ministère chinois des Affaires étrangères Sun Yuxi
mardi lors de l'arrivée de M. Clinton en Inde.
"Nous saluons cette visite qui montre que les Etats-Unis accordent
plus d'importance à la région" a commenté pour sa
part vendredi M. Cheng Ruisheng, un ancien ambassadeur de Chine à
Delhi, devenu conseiller auprès de l'Institut chinois des études
internationales.
M. Cheng s'est félicité de ce que le président
américain ait décidé de se rendre également
au Pakistan "afin de maintenir un équilibre", mais a en revanche
rejeté toute constitution d'une "alliance" indo-américaine
destinée à contrebalancer la Chine.
"L'Inde comme la Chine sont de grands pays qui ont des politiques
étrangères indépendantes, les Etats-Unis n'ont aucune
raison de former une nouvelle alliance" a noté M. Cheng.
Si la Chine n'attend guère des visites de M. Clinton qu'elles
permettent d'influer sur les programmes nucléaires des deux pays,
elle attend en revanche quelques effets positifs sur la situation au Cachemire,
le principal différend entre New Delhi et Islamabad qui s'est traduit
par plusieurs conflits armés dans le passé.
"Contrairement à ce qui s'était passé immédiatement
après la fin de la guerre froide, les Etats-Unis, la Chine et la
Russie ont aujourd'hui tous trois intérêt à avoir la
paix et la stabilité dans la région, ils vont donc s'efforcer
d'encourager le dialogue entre l'Inde et le Pakistan" a encore noté
M. Cheng.
L'attitude de Pékin face au grand rééquilibrage
en cours en Asie du sud était également suivie avec beaucoup
d'attention dans les milieux diplomatiques à Pékin. "La Chine
va suivre avec beaucoup d'attention tout en veillant à ce que cela
ne se retourne pas contre elle" a estimé un diplomate occidental,
tandis qu'un diplomate asiatique se félicitait de l'attitude "plus
équilibrée et plus coopérative" de la Chine dans le
sous continent indien.
Pékin rend Washington responsable des tensions avec Taïwan
(Reuters, 10/3/2000)
Le ministre chinois des Affaires étrangères Tang Jiaxuan
a accusé vendredi les Etats-Unis de porter la responsabilité
des récentes tensions entre Pékin et Taïwan, ajoutant
que les relations sino-américaines étaient à "un moment
critique". "Ce que les Etats-Unis font sur la question de Taïwan a
renforcé l'arrogance des forces séparatistes à Taïwan.
Par conséquent, les Etats-Unis portent une forte responsabilité
dans la tension dans le détroit de Taïwan", a déclaré
Tang. Fin février, Pékin avait menacé de recourir
à la force contre Taïwan si l'île nationaliste, séparée
depuis 50 ans du continent, s'entête à retarder l'ouverture
de négociations sur sa réunification. Washington continue
de son côté de vendre des armes à Taïwan malgré
les critiques chinoises.
Nouvelle mise en garde de la Chine à Taiwan (Reuters,
5/3/2000)
A quelques jours de l'élection présidentielle à
Taiwan, le Premier ministre chinois, Zhu Rongji, a adressé une nouvelle
mise en garde aux autorités de Taipeh contre toute velléité
d'indépendance. "Nous ne resterons pas sans réaction en cas
de grave action séparatiste visant à nuire à la souveraineté
et l'intégrité territoriale de la Chine", a-t-il prévenu
dans son discours d'ouverture de la session annuelle du Congrès
national du peuple, le Parlement chinois. La veille, c'est le président
Jiang Zemin qui avait annoncé que Pékin prendrait des "mesures
drastiques" si Taiwan repoussait indéfiniment l'ouverture de pourparlers
sur la réunification. Zhu Rongji a précisé qu'il entendait
par "action séparatiste" la proclamation de l'indépendance
ou la poursuite de la "théorie des
deux Etats" prônée par le président taïwanais
Lee Teng-hui, qui a indiqué que Taiwan ne négocierait avec
la Chine que si les deux
entités étaient traitées sur un pied d'égalité.
Cette formule n'a été rejetée par aucun des trois
candidats qui brigueront la succession du président Lee, le 18 mars
prochain. La Chine communiste ne reconnaît pas la souveraineté
de Taiwan, qu'elle considère comme une province en rébellion.
Pékin dénonce l'amalgame Taiwan-OMC au Congrès
américain (AFP, 24/2/2000)
La Chine a rejeté jeudi la mise en garde des Etats-Unis
à propos de Taiwan, tout en espérant que la polémique
provoquée par les nouvelles menaces de Pékin n'empêcheront
pas Washington de ratifier l'accord sur son adhésion à l'Organisation
Mondiale du Commerce (OMC). Dans sa première réaction à
l'avertissement américain, le porte-parole du ministère chinois
des Affaires étrangères a estimé que les ambitions
commerciales de Pékin et son engagement à réunifier
le pays était deux questions séparées.
"L'octroi de la clause des relations commerciales normales (NTR) est
conforme à l'intérêt des deux pays. Cela n'a rien à
voir avec la question de Taiwan et nous nous opposons à tout lien
entre les deux", a déclaré le porte-parole, Zhu Bangzao,
au cours d'un point de presse.
A la suite de la publication lundi d'un "Livre blanc" de Pékin
accentuant la menace d'un recours à la force contre Taiwan, des
membres du Congrès américain ont menacé de ne
pas accorder la clause NTR à la Chine, ce qui bloquerait l'accord
sino-américain sur l'adhésion de Pékin à l'OMC
signé en novembre.
"Nous pensons que tout membre sensé du Congrès soutiendra
la clause des relations commerciales normales", a estimé M. Zhu,
tout en souhaitant un vote positifi du Congrès le plus rapidement
possible "afin de créer les conditions favorables au développement
des relations économiques et commerciales entre les deux pays".
M. Zhu a rejeté la mise en garde lancée par Washington
après la publication de son "Livre blanc" sur Taiwan.
"Nous tenons à exprimer notre vif mécontentement et notre
ferme opposition devant cette ingérence grossière dans les
affaires
intérieures chinoises", a dit M. Zhu, tout en estimant qu'"aucun
pays étranger n'a le droit d'intervenir" dans la question de Taiwan
qui, a-t-il rappelé, est "comme tout le monde le sait, une affaire
intérieure chinoise".
La Maison Blanche a mis en garde les autorités chinoises dès
mardi après les menaces publiées la veille du "Livre blanc",
dans
lequel Pékin a pour la première fois menacé de
recourir à la force si l'île continue à rejeter indéfiniment
son offre de réunification
"pacifique". Le "Livre blanc" a été interprété
comme un durcissement de la politique chinoise à l'égard
de l'île considérée par Pékin comme une province
rebelle. "Nous considérerions toute menace contre Taïwan avec
une grande inquiétude", a déclaré le porte-parole
de la Maison Blanche, Joe Lockhart, en appelant Pékin et Taipei
à résoudre leur différend par le "dialogue pacifique".
Le porte-parole du département d'Etat, James Rubin, a réitéré
mercredi cette inquiétude tout en estimant qu'il était impossible
de ne pas tenir compte de cette "nouvelle menace de recours à la
force".
L'ambassadeur chinois aux Etats-Unis, Li Zhaoxing, a pour sa part été
convoqué au département d'Etat, mais au Pentagone, on
indiquait qu'il n'était pas question pour le moment de déployer
des navires dans la région. Le brusque accès de fièvre
dans les relations sino-américaines survient alors que celles-ci
s'étaient largement réchauffées au cours des derniers
mois, après être tombées à leur niveau le plus
bas lors du bombardement de l'ambassade de Chine à Belgrade par
l'OTAN en mai dernier. Mais les autorités chinoises n'ont cessé
de répéter que le problème taiwanais est le problème
"le plus sensible et le plus difficile, au coeur des relations sino-américaines".
Pékin exhorte Tokyo à ne pas recevoir le dalaï-lama
(AP, 24/2/2000)
La Chine a exhorté le gouvernement japonais jeudi à empêcher
le dalaï-lama de visiter le pays comme il prévoit de le faire
en avril prochain. Pékin, par la voix du porte-parole du ministère
chinois des affaires étrangères Zhu Bangzao, s'est déclaré
inquiet des informations selon lesquelles les autorités japonaises
autoriserait le leader spirituel tibétain à visiter le pays,
exhortant Tokyo à le tenir à l'écart pour éviter
que les relations bilatérales ne s'enveniment. Le porte-parole du
gouvernement japonais a déclaré mercredi lors d'une conférence
de presse que le dalaï-lama avait fait une demande de visa pour se
rendre au Japon, une demande que Tokyo étudie actuellement. La décision
d'autoriser ou non cette visite ``relèvera du droit et n'aura aucun
rapport avec les problèmes liés à la Chine'', souligne
le quotidien japonais ``Yomiuri'', citant le porte-parole, Mikio Aoki.
Le dalaï-lama envisage de se rendre au Japon le 13 avril prochain,
pour une visite de huit jours. Selon ``Yomiuri'', il s'y est déjà
rendu à huit reprises. Le porte-parole du ministère chinois
des affaires étrangères a rappelé que Pékin
considérait le dalaï-lama comme un ``exilé politique
qui, sous couvert de religion, s'est engagé dans des activités
séparatistes''.
L'internet au service de l'ouverture de la Chine ? [ZDNet
France, 22/1/2000]
Madeleine Albright, le chef de la diplomatie américaine, célèbre
le petit coup de pouce que le développement des nouvelles technologies
donne à l'ouverture de la Chine. D'après le secrétaire
d'État américain, « Il n'y a aucun doute sur «
Le développement de l'internet et de l'information ne peut se faire
en dehors de la Chine. » le fait que le développement de l'internet
et de l'information ne peut se faire en dehors de la Chine si celle-ci
veut rester en compétition. » En clair, les avancées
technologiques facilitent l'ouverture de l'empire du Milieu. Les Chinois
ont besoin des outils qui leur permettent de rester dans le système
économique mondial.Elle a ajouté dans son discours à
l'université Johns Hopkins qu'elle ne savait pas « combien
de temps passerait avant que le parti communiste chinois croule sous la
volonté de son peuple de s'ouvrir aux alternatives politiques. Pourtant
ces évolutions sont à terme inévitables. »
La Chine rappelle à l'Inde ses engagemetns après la
fuite du Karmapa Lama (AP, 11/1/2000)
Pékin lance des mises en garde à peine voilées
à New Delhi. Le ministère chinois des Affaires étrangères
a averti mardi que les relations bilatérales avec l'Inde, où
s'est réfugié la semaine dernière le Karmapa Lama,
chef spirituel tibétain, étaient en jeu dans cette affaire.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères,
Zhu Bangzao, s'est gardé de demander directement à l'Inde
de ne pas accorder l'asile au Karmapa Lama, un adolescent de 14 ans, dont
la défection est la plus importante qu'ait connu la Chine depuis
l'exil du Dalaï Lama, le chef politique et spirituel tibétain,
après l'échec du soulèvement tibétain de 1959.
Mais il a espéré que ``la partie indienne honorera strictement
ses propres engagements sur des questions pertinentes de telle sorte que
les relations entre l'Inde et la Chine puisse continuer à s'améliorer
et se développer''.
``La partie indienne a dit de façon explicite qu'elle reconnaît
le Tibet comme une partie inaliénable du territoire chinois et que
le Dalaï Lama ne peut pas participer à des activités
politiques en Inde'', a rappelé Zhu Bangzao lors d'un point de presse.
Le gouvernement en exil du Dalaï Lama avait fait savoir lundi qu'il
n'avait pas demandé à New Delhi d'accorder l'asile au Karmapa,
mais qu'il l'accepterait s'il était offert. Le 17e Karmapa était
la seule figure religieuse reconnue à la fois par Pékin et
par le Dalaï Lama. Sa fuite constitue donc une source d'embarras importante
pour les autorités chinoises qui avaient approuvé son sâcre
en 1992 et l'utilisaient comme un symbole pour marquer qu'elles tolérait
le bouddhisme tibétain. Accompagné de cinq fidèles,
dont sa soeur de 24 ans, une religieuse bouddhiste, le ``Bouddha vivant''
a quitté le 28 décembre son monastère de Tsurphu dans
le centre du Tibet pour gagner à pied l'Inde où il est arrivé
mercredi dernier au terme d'un périple dans l'Himalaya.
Fuite du "Bouddha vivant": la Chine cache mal son embarras (AFP,
8/1/2000)
La Chine cachait mal son embarras samedi au lendemain de l'annonce
de la fuite du "Bouddha vivant" tibétain auprès du Dalaï
Lama, les médias gardant le silence sur cette affaire qui met à
mal la stratégie chinoise au Tibet.A l'exception du China Daily,
le quotidien de langue anglaise destiné aux lecteurs étrangers,
la presse chinoise était totalement muette sur le départ
secret du 17ème Karmapa, l'un des plus hauts personnages de la hiérarchie
religieuse tibétaine."Le Bouddha vivant s'est simplement rendu à
l'étranger", titrait le China Daily, reprenant une brève
dépêche de Chine nouvelle diffusée vendredi en anglais
mais "oubliée" par le service chinois de l'agence officielle comme
par la télévision.La version officielle du départ
du Karmapa omet de préciser que l'adolescent, âgé de
14 ans, s'est rendu auprès du Dalaï Lama, l'ennemi juré
de Pékin, et sous-entend qu'il reviendra après s'être
procuré des instruments de musique traditionnels "à l'étranger".
Dans une lettre qu'il aurait laissée à son monastère
avant de fuir pour l'Inde à travers l'Himalaya, le jeune homme se
serait également défendu de vouloir "trahir l'Etat, la nation,
le monastère ni les dirigeants", selon la version du gouvernement
chinois. Le 17ème Karmapa, chef de la secte Kagyu, est l'une des
très rares personnalités religieuses tibétaines à
avoir été reconnues à la fois par le Dalaï Lama
et par le régime de Pékin, dont les troupes sont entrées
au Tibet en 1951, provoquant la fuite en exil du chef spirituel tibétain
huit ans plus tard."La réaction prudente des autorités chinoises
à la nouvelle de l'arrivée du Karmapa en Inde et le fait
qu'elles ne l'aient pas condamné suggèrent qu'elles souhaitent
se ménager la possibilité qu'il rentre au Tibet dans un avenir
proche", a commenté depuis Londres le service d'information Tibet
Information Network (TIN)."Les Tibétains craignent depuis un certains
temps que la Chine ne tente de manipuler le Karmapa à des fins politiques,
notamment pour saper la popularité du Dalaï Lama au Tibet",
a ajouté l'organisation dans un communiqué. TIN rappelle
que depuis son intronisation au monastère de Tsurphu en 1992, le
garçon a effectué deux tournées officielles en Chine
au cours desquelles il a été reçu par les plus hauts
dirigeants dont le président Jiang Zemin.Il avait encore été
reçu à Pékin par le numéro quatre de la hiérarchie
communiste, Li Ruihuan, il y a moins d'un an. Dans un discours alors repris
par la presse officielle, il s'était engagé "à suivre
les instructions de Jiang Zemin et à travailler à l'unification
dela patrie et à l'unité nationale", selon TIN.Li Ruihuan
avait déclaré à cette occasion que les "progrès"
du Karmapa "auraient une grande influence sur le développement et
la stabilité du Tibet". La première visite du Karmapa à
Pékin, en 1994, avait déclenché des incidents au monastère
de Tsurphu, lorsque plusieurs moines avaient jeté des pierres contre
les véhicules des représentants du régime. Au moins
trois de ces moines, qui protestaient contre le fait que le Karmapa ne
soit pas autorisé à se rendre en Inde suivre une
instruction religieuse, avaient ensuite été envoyés
sans procès en camp de "rééducation par le travail"
pendant deux ans, selon TIN. Le gouvernement tibétain en exil en
Inde est resté jusqu'à présent très discret
sur la fuite du Karmapa, confirmant qu'il se trouvait bien auprès
du Dalaï Lama, mais sans parler d'exil définitif.Selon TIN,
le jeune homme a choisi de partir parce que les autorités chinoises
lui refusaient d'être instruit par son maître Situ Rinpoche,
lui-même en exil en Inde. Ce dernier avait été à
l'origine de la "découverte" de l'enfant, alors âgé
de 7 ans, en tant que réincarnation du 16ème Karmapa.
Défense
Tensions entre
la Chine et Taiwan
M. Weizman dénonce l'opposition américaine à
la vente d'AWACS à la Chine (AFP, 14/4/2000)
Le président israélien Ezer Weizman a dénoncé
vendredi la ferme opposition américaine à la vente d'un avion
radar de type AWACS à Pékin, lors d'une visite avec son homologue
chinois Jiang Zemin dans la région de la mer Morte (sud). M. Weizman
a estimé que les Etats-Unis, hérauts du libre-échange,
faisaient preuve d'hyprocrisie, en exerçant des pressions sur Israël
pour qu'il renonce à un marché lucratif de vente d'avions
équipés d'un système ultra-sophistiqué de détection
et d'alerte AWACS à la Chine.
"On ne peut faire l'éloge du libre-échange ou de la libre-entreprise
et torpiller une telle initiative, lorsqu'elle vient de nous", a déclaré
le président Weizman à la presse.
Le directeur des Industries aéronautiques d'Israël (IAI)
a appelé l'Etat hébreu à exécuter la première
partie du contrat, conclu en
1996 avec la Chine, en livrant un appareil.
"Nous sommes tenus de respecter des contrats dûment signés.
Il en va de la crédibilité de notre société
et de l'Etat", a déclaré à la radio publique le directeur
des IAI Moshe Karet.
Le système de détection doit être embarqué
sur des avions de transport russes de type Iliouchine-76, mais M. Karet
a souligné que l'équipement électronique installé
par Israël "ne comprenait aucune technologie spécifiquement
américaine".
Les avions, d'un montant de 250 millions de dollars chacun, doivent
être construits par la société Elta, une filiale des
IAI.
Washington craint que leur vente ne rompe le fragile équilibre
stratégique entre la Chine et Taiwan, en dotant Pékin d'équipements
dont il ne dispose pas encore.
A terme, jusqu'à huit appareils pourraient être livrés
à la Chine.
Un responsable israélien avait fait état d'une mise en
garde du président américain Bill Clinton au Premier ministre
israélien Ehud
Barak, selon laquelle cette vente pourrait causer "des problèmes
et des embarras à Israël".
Les Etats-Unis fournissent à l'Etat hébreu une aide économique
et militaire annuelle de quelque trois milliards de dollars.
M. Jiang n'a fait aucun commentaire sur ce contrat, une attitude qu'il
a observée tout au long de sa visite entamée mercredi, et
a eu un déjeuner privé avec M. Weizman avant de se baigner
dans l'eau, à haute teneur en sel, de la mer Morte.
Auparavant, il avait visité des installations agricoles expérimentales
dans cette région aride.
Il a marché à travers les champs, où des fermiers
israéliens produisent des fruits avec très peu d'eau et un
usage modéré d'engrais. M. Jiang a souligné jeudi,
après une rencontre avec M. Barak, que Pékin espérait
apprendre d'Israël les techniques d'économie de l'eau pour
des projets de développement dans l'ouest de la Chine. Mais la coopération
militaire israélo-chinoise a monopolisé l'attention sur la
visite, M. Barak laissant entendre jeudi que son gouvernement procéderait
comme prévu à la vente à Pékin d'un avion de
type AWACS. Interrogé sur ce contrat lors d'une conférence
de presse commune avec le président chinois, M. Barak a refusé
de dire explicitement que la livraison détection aurait bien lieu.
Mais, a-t-il souligné, "nous attachons une grande importance à
nos relations avec la Chine et à notre crédibilité".
Le contrat a également été par le ministre des Affaires
étrangères David Lévy, qui a assuré aux journalistes,
avant une entrevue avec le président chinois, qu'Israël n'avait
"rien fait dans le dos des Etats-Unis". Israël "n'a rien fait et ne
fera rien qui pourrait (...) mettre en danger des soldats américains",
a-t-il affirmé.
M. Jiang doit se rendre dans les territoires palestiniens et rencontrer
le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat, samedi,
jour de repos hebdomadaire en Israël.
Israël reste décidé à vendre au moins un
AWACS à la Chine (AFP, 13/4/2000)
Le gouvernement israélien restait déterminé jeudi,
au deuxième jour de la visite du président chinois Jiang
Zemin, à vendre à Pékin un avion de détection
et d'alerte de type AWACS, malgré les pressions américaines.
L'Etat juif était toutefois à la recherche d'un difficile
compromis lui permettant de préserver ses intérêts
commerciaux et ses relations avec la Chine sans compromettre ses liens
privilégiés avec Washington, son principal allié.
Les Etats-Unis estiment que l'acquisition par Pékin d'un appareil
de ce genre --un avion de transport russe Ilyouchine-76 transformé
par une société d'Etat israélienne, qui l'a équipé
d'un système radar ultra-sophistiqué-- risque de modifier
profondément le fragile équilibre stratégique en mer
de Chine entre le régime communiste et la Chine nationaliste, un
allié fidèle de Washington. "Israël n'a rien fait et
ne fera rien qui mettrait en danger les intérêts américains
et bien sûr rien qui mettrait en danger les soldats américains",
a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères,
David Lévy, dans une claire référence aux soldats
américains de la flotte du Pacifique qui pourraient être entraînés
dans un conflit entre la Chine et Taïwan. Il parlait à la presse
avant une entrevue à Jérusalem avec M. Jiang, qui devait
ensuite rencontrer le Premier ministre israélien Ehud Barak. "Nous
n'avons rien fait dans le dos des Etats-Unis", a dit M. Lévy. "L'Amérique
sait très bien que nous ne violons aucune loi", a-t-il poursuivi.
"Nous n'avons transféré aucune technologie ou savoir-faire
américain", a-t-il poursuivi, estimant que l'affaire avait pris
"des proportions excessives". "Je pense que nous parviendrons à
un arrangement à ce sujet", a-t-il conclu, sans toutefois dire quelle
forme il pourrait prendre. Dans la matinée, le très influent
président de la Knesset (parlement israélien), Avraham Burg,
avait estimé qu'une solution de compromis consisterait pour Israël
à s'en tenir à la vente à Pékin d'un seul avion.
"Je pense qu'Israël devrait mener à bien l'affaire avec
le premier avion, parce qu'il s'agit d'un accord et d'un contrat qui ne
doivent pas être violés, mais nous ne devrions pas aller plus
loin", a-t-il dit.
Le contrat avec Pékin, qui porte sur 250 millions de dollars,
offre, en effet, à la Chine la possibilité d'acheter d'autres
appareils et
Pékin aurait manifesté l'intention de faire jouer cette
option.
M. Burg, qui venait de rencontrer M. Jiang, a fait montre de compréhension
pour les arguments américains sur la sécurité de
Taïwan, dont il a comparé l'isolement à celui d'Israël
au Proche-Orient.
Recevant M. Jiang à la Knesset, il lui a déclaré
que l'avenir des relations bilatérales ne devrait pas reposer uniquement
sur les
relations militaires.
Les relations sino-israéliennes, qui se sont développées
avant même l'établissement de relations diplomatiques entre
les deux pays, en 1992, font actuellement la part belle aux échanges
militaires, la vente de cet AWACS n'en étant que l'illustration.
M. Burg a estimé qu'Israël "s'était enfermé"
dans l'impasse actuelle avec les Etats-Unis en privilégiant le secteur
militaire dans ses
relations avec la Chine.
M. Jiang a entamé mercredi une visite officielle de six jours
en Israël qui le conduira aussi samedi dans les Territoires palestiniens.
Il avait débuté sa journée jeudi par un dépôt
de gerbes à Yad Vashem, le mémorial aux six millions de victimes
juives de la Shoah,
et sur la tombe de l'ancien Premier ministre Yitzhak Rabin, assassiné
en 1995.
Le président du parlement israélien pour
la vente d'un seul AWACS à la Chine (AFP, 13/4/2000)
Le président de la Knesset (parlement israélien), Avraham
Burg, faisant un lien entre la sécurité d'Israël et
celle de Taïwan, a estimé jeudi que l'Etat juif devrait s'en
tenir à la vente à Pékin d'un seul avion de type AWCAS.
M. Burg parlait après une entrevue après le président
chinois Jiang Zemin au cours de laquelle droits de l'Homme et démocratie
--deux sujets épineux pour les dirigeants chinois-- ont été
abordés par les Israéliens.
M. Jiang a entamé mercredi une visite officielle de six
jours en Israël dominée par une polémique entre Israël
et les Etats-Unis à propos de la vente prévue à Pékin
d'un avion israélien de détection et d'alerte de type AWACS.
Le contrat, qui porte sur 250 millions de dollars, offre à
la Chine la possibilité d'acheter d'autres appareils et Pékin
aurait manifesté l'intention de faire jouer cette option.
"Je pense qu'Israël devrait mener à bien l'affaire
avec le premier avion, parce qu'il s'agit d'un accord et d'un contrat qui
ne doivent pas être violés, mais nous ne devrions pas aller
plus loin", a déclaré M. Burg à la presse.
Recevant M. Jiang à la Knesset, M. Burg, connu pour son
franc parler et son soutien à la cause des droits de l'Homme, lui
avait déclaré que l'avenir des relations bilatérales
ne devrait pas reposer uniquement sur les relations militaires.
"Nous pensons que l'avenir de nos peuples devrait être
un avenir de coopération et de réciprocité reposant
sur des valeurs et des philosophies humaines, et pas nécessairement
sur l'expérience tragique des peuples et pas seulement sur des échanges
militaires", avait-il dit.
Les relations sino-israéliennes, qui se sont développées
avant même l'établissement de relations diplomatiques entre
les deux pays, en 1992, font actuellement la part belle aux échanges
militaires.
M. Burg a développé ce thème après
l'entrevue en déclarant qu'Israël "s'était enfermé"
dans l'impasse actuelle avec les Etats-Unis en privilégiant le secteur
militaire dans ses relations avec la Chine.
Les Etats-Unis ont manifesté avec force leur opposition
à la vente à Pékin de cet avion --à l'origine
un avion de transport russe Ilyouchine-76 transformé par une société
d'Etat israélienne, qui l'a équipé d'un système
radar ultra-sophistiqué-- en affirmant qu'il risquait de modifier
l'équilibre stratégique entre la Chine et Taïwan.
La Chine considère Taïwan comme une simple province
renégate et M. Jiang a réitéré mercredi soir
à Jérusalem la position traditionnelle de son pays à
ce sujet, à savoir que Pékin ne renoncera pas à l'usage
de la force pour assurer la réunification avec la Chine nationaliste.
M. Burg a fait montre de compréhension pour les arguments
américains sur la sécurité de Taïwan. "Ce dont
nous parlons, c'est l'équilibre de la paix (...) dans une autre
région du monde", a-t-il déclaré.
"Israël, qui est parfois tellement isolé en tant
que petit pays, isolé dans une mer d'animosité, ne peut ignorer
les intérêts de Taïwan dans une autre région du
monde qui ressemble parfois beaucoup" au Proche-Orient, a-t-il dit.
Le sujet devait être abordé dans l'après-midi
au cours d'un entretien entre M. Jiang et le Premier ministre Ehud Barak.
M. Burg a précisé que plusieurs parmi la douzaine
des membres de la Knesset ayant participé à l'entrevue avec
M. Jiang avaient soulevé le thème des libertés en
Chine et aussi celui des droits des femmes.
Il a également indiqué que la délégation
chinoise lui avait indirectement reproché sa rencontre en novembre
à Jérusalem avec le Dalaï Lama, le leader spirituel
des Tibétains.
M. Jiang avait entamé la journée en déposant
une gerbe à Yad Vashem, le mémorial aux six millions de victimes
juives de la Shoah.
Portant la kippa (calotte) traditionnelle des juifs religieux,
comme le veut la tradition, il avait assisté dans un grand recueillement
à une cérémonie d'une quinzaine de minutes au Hall
du Souvenir, une crypte au milieu de laquelle brûle une flamme éternelle.
Environnement/Santé
La Chine prévoit 1,4 milliard d'habitants en 2010 (AP,
7/5/2000)
PEKIN (AP) -- La Chine compte limiter son expansion démographique
avec pour objectif 1,4 milliard d'habitants en 2010, en renforçant
l'efficacité de sa déjà très stricte politique
de ''l'enfant unique'', rapporte dimanche l'agence officielle chinoise
Xinhua (Chine Nouvelle).
La population de la République populaire de Chine s'élève
aujourd'hui officiellement à 1,25 milliard d'habitants, mais le
chiffre réel serait supérieur de plusieurs dizaines de millions
selon les estimations. Depuis la fin des années 70, Pékin
n'autorise à la plupart des couples qu'un seul enfant, des amendes
et autres pénalités étant prévues pour ceux
qui ne respectent pas cette politique de contrôle de la natalité.
Le 2 mars dernier, le gouvernement chinois et le parti communiste se
sont fixés pour objectif la limitation de la croissance démographique
annuelle à moins de 1,5%, selon Xinhua. Néanmoins note l'agence
officielle, ''la population augmentera de 10 millions par an dans les prochaines
décennies''.
''Un système de contrôle amélioré sera construit
et un environnement meilleur sera créé par la législation
et la politique de l'Etat'', ajoute Chine Nouvelle. ''Des méthodes
de contraception plus sûres, efficaces et appropriées devraient
être mises à la disposition de toutes les femmes en âge
de procréer''.
Les autorités locales ont été accusées d'utiliser
la menace, les stérilisations forcées et les avortements
tardifs pour respecter les quotas de naissance. Le gouvernement dément
soutenir de telles pratiques.
Les couples mariés peuvent recevoir gratuitement des préservatifs
et autres moyens de contraception. La Chine a récemment permis la
promotion du préservatif afin de lutter contre le SIDA et les autres
maladies sexuellement transmissibles, mais les autorités locales
limitent sa distribution aux couples non mariés, estimant que cela
encouragerait la prostitution.
La politique de l'enfant unique a entraîné d'extrêmes
distorsions démographiques et de fortes pressions sociales. La préférence
accordée au fils qui entretiendra la famille conduit certains couples
à abandonner ou tuer la petite fille qui nait dans l'espoir d'avoir
ensuite un garçon. Selon les démographes chinois, le contrôle
des naissances a ainsi produit une société qui compte jusqu'à
100 millions d'hommes de plus que de femmes.
Par ailleurs, l'âge moyen de la population chinoise s'est rapidement
élevé et le nombre de retraités par rapport à
la population active risque de devenir un fardeau pour ce pays dont le
revenu par tête est d'environ 5.000 yuans (environ 3.900ff; 600 euros)
par an
Selon les experts, même avec un contrôle des naissances,
la population chinoise devrait atteindre environ 1,6 milliard d'habitants
au milieu du XXIe siècle. Malgré la croissance économique,
les autorités craignent que l'eau, l'agriculture et les ressources
du pays ne suffisent pas à nourrir cette population. La Chine devrait
devenir un importateur majeur de céréales, ce qui inquiète
un régime qui considère l'auto-suffisance en matière
d'alimentation comme une question de sécurité nationale.
La propagation de la tuberculose menace le
développement économique en Chine (AP, 24/3/2000)
L'épidémie de tuberculose a pris
une telle ampleur en Chine qu'elle ralentit le développement économique
du pays, se sont inquiétés vendredi les responsables chinois
de la Santé. Quelque 500 millions de Chinois sont en effet infectés
par la tuberculose, dont 6 millions qui ont développé la
maladie, selon les chiffres de l'agence de presse chinoise sur la santé
et d'autres médias chinois. Quelque 41% de ces patients ont contracté
une souche de la maladie qui résiste aux traitements et se répand
donc très vite dans le pays, en raison aussi de la pauvreté
et du manque de soins, selon Yin Dakui, vice-ministre de la Santé,
cité par le ``China Daily''. Ce dernier a souligné que la
tuberculose avait des conséquences importantes sur l'activité
économique, beaucoup de ses victimes étant en âge de
travailler. Entre un et deux millions de personnes meurent chaque année
de la tuberculose, maladie qui s'attaque aux poumons, dans le monde, dont
95% dans les pays en voie de développement. Au palmarès des
pays les plus touchés par ce mal, la Chine occupe le deuxième
rang, derrière l'Inde. Chaque année, la tuberculose fait
250.000 morts en Chine. |