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Actualités  2000
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Scientifique et Technique

Une fusée chinoise Longue Marche 3 lance un satellite météo (Reuters, 27/6/2000) 
La Chine mis sur orbite dimanche un satellite météorologique Fengyun 2 grâce à un tir réussi d'une fusée Longue Marche 3 de fabrication nationale, rapporte le quotidien du peuple. Il s'agit du 13e tir du troisième modèle d'une Longue Marche 3 et du 61e depuis la première mise au point de la fusée porteuse chinoise, qui, par le passé, a connu quelques déboires. 

Les Chinois prêts à envoyer un homme dans l'espace, selon un expert (AP, 10/6/2000) 
La Chine est prête à envoyer des hommes dans l'espace, et la mission pourrait même avoir lieu dès cette année, selon le Quotidien de la jeunesse, qui cite le directeur de ce programme de vol spatial habité, Wang Yongzhi. Après sept années de travail, les ''cibles visées'' ont été atteintes, dit-il, et les candidats au départ ont été choisis parmi des pilotes de combat. En novembre dernier, la Chine avait lancé, et récupéré avec succès, sa première fusée, le Shenzhou, depuis son centre spatial entièrement rénové de Jiuquan, dans le désert de Gobi. 
Selon des experts occidentaux, c'est dès cette année que Pékin pourrait envoyer en orbite ses premiers ''taïkonautes'', nom des 
spationautes en Chine. La Chine deviendrait ainsi le troisième pays au monde à envoyer elle-même un humain dans l'espace. 
Après avoir franchi cette ''étape historique'', poursuit Wang, Pékin compte lancer et assembler des stations spatiales, pour de 
courtes missions dans un premier temps, puis plus élaborées. 
La Chine a envoyé son premier satellite dans l'espace en 1970. Son programme de vol spatial habité, le très secret ''Projet 921'', 
s'est accéléré ces dernières années, avec plus de fonds, l'aide des Russes et la volonté de ne pas être à la traîne, expliquent les 
experts occidentaux. Si le programme spatial a des objectifs de prestige et de recherche scientifique, certains n'excluent pas que la Chine ait aussi des objectifs militaires. Pékin n'a pas mis au point de satellites espions et des responsables de sa hiérarchie militaire ont évoqué la nécessité de développer des systèmes de défense spatiale. 

Naissance d'une société chinoise de lanceurs de fusée (Reuters, 26/5/2000) 
La Chine vient de créer une société chargée de mettre au point et d'exporter des lance-fusées à combustible solide qui pourront servir à lancer des satellites en orbite basse, rapporte samedi le journal Economic Daily. 
La Space Solid Fuel Rocket Carrier Co. Ltd se situera sur le même créneau commercial qu'une petite poignée de sociétés étrangères qui fabriquent et commercialisent ce type de lance-fusées, précise le journal. 
Ces fusées, très mobiles, peuvent être lancées sans qu'il y ait besoin d'un pas de tir. Douze heures seulement sont nécessaires pour les lancer dans l'espace. 
La nouvelle société a été crée conjointement par la China Space Machinery & Electronics Company et un institut gouvernemental de recherche en matière de fusées. 
"Les lance-fusées à combustible solide de fabrication chinoise s'apprêtent à faire leur entrée sur le marché international dans un avenir proche", prédit de son côté l'agence officielle Chine nouvelle. 

La Chine dissimule la conquête spatiale derrière sa Grande Muraille (AFP, 28/5/2000) 
D'immenses photos de la Grande Muraille de Chine sont tendues sur les trois pavillons chinois de l'exposition universelle 2000. A l'intérieur, les visiteurs ont rendez-vous avec la conquête spatiale.Dans un décor à la Star Trek, ils sont invités à admirer les maquettes de vaisseaux spatiaux, de navette ou de station orbitale. "Notre objectif est de lier les paysages de la Chine traditionnelle et les nouvelles technologies", explique l'architecte allemande du bâtiment, Britta Kerber.Après la fermeture de l'Expo 2000, le 31 octobre, le bâtiment fait d'éléments de béton préfabriqué sera remodelé pour devenir une clinique de médecine traditionnelle chinoise dotée de quatorze chambres, explique-t-elle.Les visiteurs entrent dans une sorte de pagode chinoise stylisée et gravissent un escalier flanqué de murs d'images qui conduira à une grande salle au sol vitré, formant une sorte "d'autoroute de l'information".Des écrans tactiles permettent de pêcher des informations supplémentaires sur la Chine. Puis un dédale de couloirs aux décors de stations spatiales dignes des séries télévisées des années 70 conduit à une salle tournante où sont exposées les maquettes de la conquête de l'espace.Les visiteurs rejoignent ensuite un vaste hall où ils trouvent un temple de bois consacré à l'acupuncture, une maquette du barrage des Trois Gorges, et une présentation des efforts de reboisement de forêts de bambous. Pour regagner la Chine traditionnelle, un cinéma sur 360 complète l'ensemble.Un magasin de produits chinois et un restaurant referment le circuit de la visite. 

La Chine choisit Shanghai pour promouvoir internet (Reuters, 24/2/2000) 
La Chine a retenu Shanghai pour accueillir un projet expérimental destiné à rendre internet accessible au plus grand nombre de ses 13 millions d'habitants, a annoncé jeudi le maire de la ville, Xu Kuangdi. Si la grande cité de Chine méridionale souhaite s'ouvrir sur le web, le comité des sages de la ville veut purger internet des "choses malsaines", a-t-il précisé au cours d'une conférence de presse. Le très puissant Conseil d'Etat (gouvernement) a approuvé le choix de Shanghai pour accueillir un projet 
pilote prévoyant de combiner le réseau de télévision câblée de la ville, son réseau de télécommunications et internet pour créer une plate-forme unique à "large bande passante", a souligné Xu. Il n'a pas fourni de date pour la mise en place du projet, mais, de source autorisée, on fait savoir que la ville entend accélérer le travail dès cette année. "Nous voulons rendre internet universellement accessible aux citoyens qui souhaitent l'utiliser. Nous souhaitons également réfléchir au moyen d'empêcher la pollution du web par des choses malsaines", a-t-il dit. "Nous avons remarqué que dans les pays où internet est plus répandu, comme les Etats-Unis, il y a un petit nombre de mauvaises gens qui utilisent internet pour violer la loi", a encore souligné Xu. Selon des statistiques officielles, la Chine comptait sept millions d'internautes fin 1999 sur une population de 1,25 milliards 
d'habitants. Divers analystes du secteur prévoient que la Chine aura 33 millions d'utilisateurs d'internet d'ici 2004. 

Bogue informatique: Aucune anomalie en Chine (AFP, 3/1/2000) 
Le travail a repris normalement lundi en Chine après le week-end du Nouvel an, le pays franchissant apparemment avec succès une deuxième "journée test" face au bogue informatique de l'an 2000. Aucun incident n'était signalé, le téléphone, l'électricité et les transports fonctionnant sans problème. "Tout va bien, aucun incident particulier ne nous a été rapporté aujourd'hui", a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère des Industries de l'information. Après le passage sans encombre du cap du 1er janvier à 00h00, les ordinateurs chinois devaient encore relever le défi de lundi, lorsque des milliers d'employés se sont assis derrière leur écran. Le bogue risquait d'apparaître sur certains ordinateurs incapables de "lire" les deux derniers chiffres de l'année, confondant "00" avec l'année 1900. L'inquiétude était particulièrement forte dans les banques, où des problèmes isolés ont été signalés durant le week-end avec certains courriers électroniques et distributeurs automatiques de billets. Malgré les assurances fournies ces dernières semaines par les autorités qui ont estimé avoir fait tous les tests nécessaires dans les secteurs sensibles, la Chine était considérée comme un pays vulnérable par certains experts étrangers. Une autre étape sera le 29 février. Certains ordinateurs pourraient ne pas reconnaître l'an 2000 comme étant une année bissextile car les changements de siècle ne sont bissextiles que tous les 400 ans. 

Social, Culture et Religion

La prostitution s'affiche au grand jour en Chine (AFP, 25/6/2000) 
Réapparue progressivement dans les années 80, la prostitution est aujourd'hui omniprésente en Chine où les autorités envisagent désormais publiquement la création de quartiers spécialisés.Et même si le phénomène n'a pas encore atteint les niveaux de certains pays d'Asie du sud-est, les régions touristiques chinoises se font fort de rattraper le temps perdu pendant la période maoïste, quand la prostitution avait été pratiquement éradiquée, à coups de slogans et de lourdes condamnations.C'est le cas de l'île méridionale de Hainan où il est quasiment impossible aujourd'hui de passer la nuit dans un hôtel sans être dérangé par les coups de téléphone intempestifs des péripatéticiennes. 
"Voulez-vous un massage" susurrent inlassablement des voix douces au client masculin potentiel, sans même se laisser 
décontenancer par une présence féminine dans la chambre.Et lorsque le client excédé finit par ne plus répondre, ou déconnecter son combiné, elles viennent tambouriner contre sa porte en pleine nuit pour le relancer.Mais au delà des services rendus dans les hôtels, avec la complicité passive des gérants, les belles de nuit fleurissent dans les bars à karaoké, les saunas, les salons de beauté et de coiffure, les restaurants, voire carrément dans les rues.Le problème a pris une telle ampleur que l'hebdomadaire officiel Beijing Review n'hésite pas, dans son dernier numéro, à poser une question inimaginable il y a encore quelques années : "la Chine a-t-elle besoin de quartiers réservés (à la prostitution)" ? 
Les partisans d'une telle mesure avancent la possibilité d'engranger de nouvelles recettes fiscales, de lutter contre la corruption ou
encore de mieux contrôler les maladies vénériennes qui ont littéralement explosé au cours des dernières années.Mais ses opposants, note l'hebdomadaire de langue anglaise, "craignent qu'elle n'accélère la dégradation morale et aille à l'encontre 
des valeurs traditionnelles". 
Bien qu'il reste officiellement hors la loi, le plus vieux métier du monde attire désormais des adolescentes de plus en plus jeunes, 
notamment dans les régions rurales, mais également dans les grandes métropoles où le fossé entre riches et pauvres ne cesse de 
s'accroître.Les sanctions encourues sont aujourd'hui minimes, les amendes ne dépassant pas 5.000 yuans (600 USD) et les peines allantjusqu'à deux ans de rééducation par le travail au maximum.Peu de chiffres sont disponibles, mais selon des estimations policières établies en 1996 à partir du nombre des prostituées interpellées - 420.000 en un an -, leur nombre s'élevait déjà à au moins 4 millions.Selon l'agence Chine nouvelle, quelque 18 millions de jeunes femmes d'une vingtaine d'années, faisant partie des quelque 150 millions de migrants qui ont déserté la campagne ces dernières années à la recherche d'un niveau de vie plus élevé, sont des cibles idéales pour l'industrie du sexe. 
"Il s'agit d'un sujet sensible, mais le gouvernement n'a pas l'intention de légaliser la prostitution" assure un responsable du ministère de la Santé, tout en reconnaissant que de nombreux cadres, tant civils que militaires rendent régulièrement visite à des prostituées.Les réseaux organisés, souvent infiltrés par la mafia, bénéficient de protections diverses, notamment policières, lorsque les réseaux ne sont pas directement pris en charge par des fonctionnaires locaux, selon des articles parus dans la presse officielle.Quant à la clientèle, elle réunit désormais des catégories de plus en plus larges: à en croire des plaintes relayées par les journaux, elle inclut des adolescents de 16 à 17 ans qui, selon leurs parents, n'hésitent pas à dépenser plusieurs milliers de yuans pour obtenir le service de "masseuses" professionnelles. 

Les Chinois découvrent la rue pour défendre leurs droits (AFP, 15/6/2000) 
Onze ans après la répression sanglante du mouvement pro-démocratique de Tiananmen, un nombre croissant de Chinois, confrontés à des problèmes sociaux grandissants, on trouvé une façon de faire entendre leurs récriminations: la manifestation spontanée.Qu'il s'agisse d'investisseurs floués, d'ouvriers au chômage, de citadins expropriés, privés d'eau, d'électricité ou d'école, voire des paysans protestant contre la corruption et les impôts, il ne passe pas un jour sans que soit signalé un rassemblement intempestif devant un site gouvernemental. 
"Je suis venue pour protester contre le non versement de ma pension de retraite" explique Mme Zhou, une retraitée de 65 ans, 
devant le ministère des affaires civiles, au milieu d'un petit groupe d'une dizaine de plaignants."Il y a des petites manifestations de ce type pratiquement tous les jours", commente un commerçant du quartier. 
Juste avant l'anniversaire de la répression du 4 juin 1989, plusieurs centaines de Pékinois étaient descendus dans la rue pour 
protester contre leur expropriation, tandis que les étudiants de la célèbre Université de Pékin obtenaient après 48 heures d'agitation 
le droit d'organiser une cérémonie funéraire en hommage à une étudiante assassinée. Plus récemment, des parents ont bloqué l'accès à une école réputée du centre de Pékin pendant plusieurs jours afin de protester contre la fermeture de 4 classes. Dans les régions en crise, telles le nord-est, les manifestations peuvent parfois devenir violentes: en février, plus de 20.000 mineurs se sont affrontés avec la police pendant trois jours dans la province du Liaoning pour protester contre la fermeture de leur mine.Le mois dernier, 5.000 métallurgistes sont descendus dans les rues de Liaoyang pour protester contre le non-paiement de leurs salaires depuis plus d'un an. 
"Le gouvernement est placé devant un dilemme: ces gens n'ont aucune motivation politique (...) et des arrestations ne peuvent 
qu'envenimer les choses" commente Frank Lu, le responsable du centre d'Information sur les droits de l'homme et la démocratie. 
Malgré un nombre croissant de manifestations -plus de 100.000 l'an dernier, soit une hausse de 70% par rapport à 1998, selon des 
informations obtenues par M. Lu- les autorités n'ont pas modifié leur attitude: les simples manifestants sont incités à rentrer chez 
eux, parfois moyennant la distribution de billets de 100 yuans (12 dollars), tandis que les meneurs sont interpellés, voire condamnés à de lourdes peines pour "subversion". 
C'est le cas de tous ceux qui se mettent en avant, qu'il s'agisse de défendre les ouvriers ou l'environnement, sans compter la secte 
Falungong, accusée d'avoir voulu renverser le régime communiste, après avoir défié les autorités en organisant une manifestation 
monstre de 10.000 personnes l'an dernier à Pékin."Les autorités tolèrent les manifestations spontanées dès lors que celles-ci ne mettent pas en cause le régime, mais c'est un cercle vicieux: moins les gens sont sanctionnés, plus ils deviennent téméraires", relève le sinologue Joseph Cheng, de la City University de Hong Kong. 
Selon Jean-François Huchet, un chercheur travaillant pour le Centre d'Etudes françaises sur la Chine contemporaine, "le régime 
continue à contrôler encore relativement bien la situation dans le monde ouvrier grâce aux organisations du parti, comme la 
fédération des femmes ou les syndicats qui distribuent les aides aux licenciés et aux chomeurs".Mais avec l'entrée prévue de la Chine à l'Organisation Mondiale du commerce, combinée à une corruption endémique et à l'aggravation du fossé entre les riches et les pauvres, la situation pourrait rapidement devenir explosive."L'instabilité risque de s'accroître à moins que la croissance ne reparte et que les autorités en profitent pour établir un système général de protection sociale" ajoute M. Cheng. 

Les autorités de Pékin se préparent à nommer de nouveaux évêques (AFP, 5/5/2000) 
L'Association patriotique des catholiques chinois se prépare à nommer de nouveaux évêques, illégitimes aux yeux du Vatican et du pape, a indiqué vendredi à l'AFP le père Bernardo Cervellera, directeur de l'agence vaticane Fides. 
 Selon ce dernier, cette décision se heurterait à une forte resistance au sein de l'Eglise catholique officielle, dont de nombreux évêques, prêtres et fidèles cherchent à rétablir la communion avec le pape. 
 Mercredi dernier, le cardinal Jozef Tomko, chef de la Congrégation pour l'Evangélisation, a réaffirmé la "légitimité" des évêques catholiques désignés par le pape par rapport aux évêques "patriotiques", contrôlés par le gouvernement de Pékin. 
 "Aucun pouvoir humain ne peut prétendre changer la constitution de l'Eglise catholique", a déclaré le prélat slovaque lors d'une messe célébrée à Radio Vatican à l'occasion de l'anniversaire de ses 50 ans d'émission vers la Chine. 
 Il a souligné que si personne ne pouvait changer cette constitution de l'Eglise, cette dernière "ne veut pas à son tour remplacer le pouvoir politique ni s'ingérer dans son domaine". 
 Pékin a toujours accusé le Vatican d'ingérence dans les affaires intérieures de la Chine, en nommant notamment les évêques du pays. 
 "Seuls les évêques unis au successeur de Pierre (NLRD: le pape) sont les pasteurs légitimes de l'Eglise catholique dans le monde entier et aucune autorité, institution ou association ne peut s'arroger cette fonction", a affirmé le cardinal Tomko. 
 Les deux premiers évêques "autonomes" ont été nommés par Pékin en 1958, un an après la naissance à Shanghaï de l'Association patriotique des catholiques chinois. 
Trois nouveaux évêques "illégitimes" ont été ordonnés à Pékin en janvier dernier. Il y a actuellement 70 évêques "officiels" contre 60 pour l'"Eglise du silence", liée au Vatican. 
 Deux Eglises catholiques coexistent en Chine, l'une officielle, qui a fait allégeance au autorités chinoises, compte environ 4 millions de fidèles et ne reconnaît pas l'autorité du pape, et l'autre clandestine, fidèle au Vatican, qui passe pour compter quelque 10 millions de membres. 

Des livres anciens très rares retournent en Chine (AFP, 29/4/2000) 
PEKIN, 29 avr (AFP) - Une collection de livres anciens très rares, certains datant du VIe siècle, a été vendue à la Chine par une famille américaine d'origine chinoise qui conservait secrètement ces livres depuis 150 ans, a annoncé samedi l'agence Chine nouvelle. 
 Les 542 livres ont été remis vendredi à la bibliothèque de Shanghaï à la suite d'un accord conclu par leur propriétaire, Weng Wange, qui les a vendus au gouvernement municipal de Shanghaï pour une somme de plusieurs millions de dollars, selon l'agence. 
 "De nombreux livres de la collection Weng sont des trésors d'Etat qui n'ont jamais été vus dans des bibliothèques dans le monde", a indiqué Ji Shuying, expert en livres anciens, cité par l'agence. 
 Les livres, y compris plusieurs premières éditions, contiennent par exemple des poèmes de Han Yu, poète fameux sous la dynastie Tang (618-907), des conseils à l'empereur ou des cartes anciennes. 
 Cette collection est également considérée comme la plus importante somme de livres datant de la dynastie Qing (1644-1911) emportée à l'étranger. 
 Six générations de la famille Weng ont pris part à leur conservation. 
 La collection a débuté avec Weng Xincun, haut-dignitaire à la cour pendant la dynastie Qing. Son fils, Weng Tonghe, a ensuite accumulé la plus grande partie de cette collection alors qu'il était précepteur de l'empereur Guangxu dans les années 1800. 
 Weng Wange, fils de l'arrière petit-fils de Weng Tonhe, a hérité de cette collection qu'il a emportée avec lui aux Etats-Unis où il a émigré dans les années 1940 pour fuir la guerre sino-japonaise. 
 Après deux ans de négociations, la firme China Guardian Auctions a obtenu l'accord de Weng Wange à la fin de l'année 1999 pour mettre cette collection aux enchères et la rapatrier en Chine. 
 Le livre le plus précieux de cette collection est l'édition complète originale de l'oeuvre de Ji Yun, soit huit volumes datant de la dynastie Song (960-1279) dont la valeur est considérée comme inestimable par les linguistes chinois. 
 Ces huit volumes font partie des 79 livres de la collection totale qui sont les seules copies au monde, selon Qi Gong, président du Comité national pour l'authentification et la préservation des biens culturels. 

La diaspora, moteur du décollage économique chinois de la fin du siècle (Le Monde, 15/3/2000)
Pékin a su tirer avantage d'un pays immatériel fort de 30 à 50 millions de personnes 
par Francis Deron

L'AMÉRIQUE du Nord, l'Europe de l'Ouest, le Japon et l'Australie – ainsi que Taïwan – sont confrontés à une vague d'arrivées clandestines de Chinois généralement originaires des provinces côtières, exportatrices de main-d'œuvre depuis une dizaine de siècles. Les autorités de Pékin reconnaissent à présent que le phénomène a pris des proportions préoccupantes : Le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste, a concédé en janvier que la police avait arrêté près d'un millier de passeurs de migrants clandestins en 1999 et intercepté une dizaine de milliers de candidats à l'expatriation illégale – probablement une goutte d'eau dans l'océan.
 Pendant des siècles, les autorités chinoises ont fortement découragé l'émigration. Les liens sentimentaux très denses des Chinois envers leur terre natale rendaient le départ pour l'étranger significatif d'un malaise social profond. De fait, les vagues d'émigration ayant donné naissance à une diaspora – qui a essaimé d'abord en Asie – se sont produites principalement à des époques où le pouvoir impérial se trouvait en difficulté et perdait son autorité. S'il était besoin d'aller faire fortune à l'étranger, c'est bien qu'il n'y avait pas moyen d'y parvenir au pays-même.
 Quand Mao prit le pouvoir, en 1949, il lança un vibrant appel aux « Chinois d'outre-mer » à rentrer au pays afin de mettre leurs talents au service du nouveau régime. Ceux – nombreux – qui le firent eurent par la suite de bonnes raisons de le regretter…
 Depuis vingt ans, le gouvernement chinois a compris l'avantage qu'il pouvait tirer des ressources de ce véritable pays immatériel qu'est la diaspora chinoise, forte de 30 à 50 millions de personnes, travailleuses, parfois fortunées et aptes à maîtriser les mécanismes économiques modernes. Ce sont eux, plus que les investisseurs étrangers, qui ont été le moteur du décollage économique chinois du dernier quart du XX e siècle. Dans les années 1990, Taïwanais, Hongkongais et Chinois d'outre-mer détenaient les deux tiers des investissements extérieurs sur le continent. Cela explique l'ambivalence de Pékin devant l'explosion de l'émigration clandestine.
Le gouvernement admet qu'il est en partie de sa responsabilité de juguler cette émigration, mais en blâme aussi les gouvernements occidentaux auxquels il reproche d'alimenter le phénomène en accordant à une partie des migrants un droit d'asile politique. Un mauvais procès : s'il est vrai que les demandes d'asile politique en Occident de la part de sans-papiers chinois connaissent une forte hausse, il est tout aussi avéré que les gouvernements occidentaux ont, depuis plusieurs années, freiné des quatre fers devant l'utilisation manifeste, par les candidats à l'installation, de cette procédure expéditive pour acquérir un droit de séjour.

 CHANGEMENT D'ATTITUDE

 Ces migrants économiques citent, pour appuyer leur demande, la répression politique, les campagnes contre les Eglises clandestines et les sectes, ainsi que d'autres motifs de mécontentement moral, mais il est clair que les réseaux qu'ils empruntent pour se rendre dans les pays riches participent d'opérations qui n'ont rien à voir avec la fuite des activistes prodémocratiques ayant suscité, après le drame de Tiananmen, en 1989, la compassion des opinions publiques occidentales.
 Car, en dépit des postures réprobatrices qu'il affecte, le gouvernement chinois, dans les faits, ferme les yeux sur une certaine émigration clandestine à laquelle participent ses propres agents. Il en coûte 80 000 à 120 000 francs à un candidat à l'exil pour réaliser son rêve de départ, avec un paiement initial au passeur d'environ 20 % pour le convaincre d'arranger les choses auprès des fonctionnaires corrompus des autorités locales. Dans tous les cas, notent les spécialistes de ces questions, c'est à un certain asservissement économique que l'opération donne lieu, l'individu et sa famille perdant une grande partie de leur liberté socio-économique du seul fait du caractère clandestin de ce départ.
 On a noté, ces derniers temps, un net changement d'attitude de la part des représentants de la Chine dans les pays occidentaux envers ces communautés chinoises d'exilés qui sont parvenues à s'y implanter. Alors que les ambassades de Pékin entretenaient peu de relations avec elles autrefois, les soupçonnant d'être des nids d'opposition politique, elles semblent beaucoup mieux disposées à leur égard désormais et les encouragent à régulariser leur situation, à prospérer dans la mesure des possibilités et à garder à l'esprit le souvenir de leur mère patrie afin d'éventuellement y retourner, sous passeport étranger, et d'y investir le fruit de leur labeur. Cela ne concerne évidemment qu'une portion infime des asservis clandestins, dont une bonne partie sont condamnés à végéter dans la précarité. Ce risque n'est pourtant que rarement pris en compte au départ, comme en témoigne la crédulité avec laquelle sont accueillies les assurances des réseaux quant à l'avenir qu'ils promettent à leurs « clients » : vagues amnisties promises à l'occasion d'une élection américaine ou, à Sydney, des Jeux olympiques, perspectives ronflantes d'intégration au pays d'accueil sur le modèle de quelques réussites individuelles de Chinois qui s'y sont effectivement enrichis… Tout est bon pour faire fonctionner ce flux migratoire que les Chinois appellent « le Dragon » et dont les passeurs sont les « têtes » souterraines.

Les nouvelles routes de l'émigration clandestine chinoise (Le Monde, 15/3/2000)
Par l'intermédiaire de "passeurs", les candidats à l'exil venus du continent arrivent par dizaines de milliers en Asie, en Amérique du Nord ou en France, au bout d'un voyage ruineux et dangereux. Ils y sont ensuite durement exploités. Des fonctionnaires de Pékin participent parfois à ces réseaux
WENZHOU (Chine de l'Est) de notre envoyé spécial Frédéric Bobin 

Wen Mei s'était moulée de turquoise. Ses joues était fardées et ses lèvres scintillaient de rose. Du bout des doigts, elle tenait un mouchoir rouge, le mouchoir des danses chinoises qui, une fois tournoyant au-dessus des têtes, festonne l'air de pétales. Ce jour-là, Wen Mei s'apprêtait à entrer en scène sur le tréteau de son école de Pingyang, dans la lointaine banlieue de Wenzhou. C'était en 1997. Juste avant la grande aventure de son départ pour la France. 
Les parents de l'adolescente cherchent leurs mots en feuilletant, l'œil humide, l'album de photos. Ils pèsent chaque formule. L'immigration des gens de Wenzhou en France est un sujet sensible, délicat. Par quelle filière la jeune fille est-elle sortie de Chine ? Les parents « ne savent pas ». Ils évoquent un « long trajet ». Ils sont avares de détails sur l'escale de Canton, où Wen Mei a récupéré un faux passeport (à la date de naissance trafiquée pour la rajeunir) puis sur son passage au Vietnam, où elle a été arrêtée par la police, puis relâchée. Ils taisent aussi son transit par la Hongrie, puis par l'Allemagne, avant son arrivée en France. Le « passeur » a réclamé 120 000 renminbi (environ 86 000 francs) pour l'ensemble du périple. Wen Mei était également munie de 2 000 dollars et chargée de bijoux. Lorsqu'elle a débarqué à Paris, il ne lui restait quasiment plus rien : il avait encore fallu « payer » en cours de route.

ELLE OU LUI

 Pourquoi Wen Mei a-t-elle quitté Pingyang ? Ses parents sont plutôt aisés. La mère n'est qu'une simple employée d'hôpital, mais le père est un prospère petit patron routier. L'appartement est spacieux, plaqué de boiseries rutilantes. Wen Mei n'est pas une émigrée de la faim. Alors, pourquoi cet exil ? « Elle voulait voir du pays, répond la mère. Elle était curieuse de tout. »
 Est-ce si sûr ? Les parents l'ont vivement incitée à s'intéresser à la France. Le fond de l'affaire, c'est que le couple avait un deuxième enfant – en violation de la politique de l'« enfant unique » en vigueur en Chine. Agé de huit ans, le garçon vivait clandestinement chez des cousins de la province du Fujian. Les parents se languissaient de cette séparation imposée. Un jour, ils ont voulu ramener le fils auprès d'eux. Mais l'affaire était impossible tant que Wen Mei vivait à Pingyang. Ainsi est né le projet de l'envoyer à Paris : il y a là-bas des oncles et tantes qui tiennent un atelier de maroquinerie. Ils l'hébergeront. Depuis le départ de Wen Mei, le petit frère vit au domicile parental. Il a obtenu le précieux hukou (certificat de résidence) de Pingyang. Ce qui signifie que Wen Mei a disparu des registres administratifs. Car c'était elle ou lui.
 Les parents ne chuchotent que des demi-vérités. Ils se félicitent que Wen Mei se plaît, là-bas, en France. « Elle trouve que l'environnement n'est pas pollué comme en Chine et que les gens sont polis. » Ce qu'ils passent sous silence, c'est que la gamine a failli craquer à de multiples reprises quand elle a découvert ce qui l'attendait dans le microcosme chinois de Paris : au sortir de l'école, elle doit faire le ménage et la cuisine chez sa tante, puis travailler à l'atelier de maroquinerie, y compris le week-end. Elle est grossièrement exploitée. Elle dort sur une couverture étalée sur le carreau de la cuisine. La pesanteur clanique est si forte qu'elle n'a que peu d'amis parisiens. Ses progrès en français sont médiocres. Elle n'est qu'une petite clandestine, mais une clandestine totale. Elle n'existe pas encore en France. Elle n'existe plus en Chine.

CERCLES CONCENTRIQUES

 Wen Mei s'est trouvée happée à son insu dans un flux migratoire privilégié entre la Chine et la France. Ce flux prend sa source à Wenzhou, bourgade côtière de la province du Zhejiang, une région dont le génie artisanal et commerçant est réputé dans la Chine entière. Wenzhou a l'âme capitaliste – les gardes rouges le lui firent payer cher durant la Révolution culturelle – et voue à Pékin une hautaine indifférence : la ville est le paradis de l'initiative libérale où prospèrent tailleurs, maroquiniers, lunetiers et fabricants de briquets. L'aéroport a été financé en partie par ce capital privé. On trouve même des fonds taïwanais dans le chemin de fer, un cas unique en Chine. 
La permanence de ce flux d'émigration peut sembler étonnante, voire paradoxale, au regard de l'opulence qui règne aujourd'hui à Wenzhou après vingt ans de réforme économique chinoise. La ville est riche. Les passants sont habillés à la dernière mode européenne. Dans les boutiques de l'avenue centrale, des pull-overs Lacoste coûtant 1 600 renminbi (1 200 francs) s'arrachent sans mal. 
Alors, pourquoi partir ? « Le courant migratoire se renouvelle », explique la spécialiste ayant enquêté sur Wenzhou. Deux nouvelles couches apparaissent. D'abord, les ruraux de la lointaine périphérie, notamment les villages des montagnes, qui eux n'ont pas encore été touchés par l'enrichissement du centre-ville. Comme si le « réservoir » des candidats se réalimentait par le jeu de cercles concentriques autour du foyer initial. Ensuite, et c'est le plus troublant, l'âge moyen de émigrants tend à s'abaisser : les adolescents sont de plus en plus nombreux.
 Une des raisons de l'émergence de cette nouvelle catégorie tient à la réputation des universités françaises qui, croit-on, sont faciles d'accès alors qu'en Chine la concurrence est impitoyable. Wen Mei ne marchait pas très fort à l'école. Ses parents se sont dit qu'elle décrocherait aisément un diplôme à Paris. Mais sa carrière académique est mal partie : elle est piégée dans son atelier de maroquinerie.

Arrestation en Chine de 600 dirigeants d'une secte (AP, 4/3/2000) 
Les autorités chinoises ont arrêté au moins 600 responsables d'une secte qu'ils ont qualifiée de ``culte diabolique'', similaire au mouvement spirituel interdit Falun Gong, a affirmé samedi un groupe de défense des droits de l'homme. Le gouvernement chinois surveillait depuis octobre les membres de la secte Zhong Gong, selon le Centre d'information sur les droits de l'homme et le mouvement démocratique, basé à Hong Kong. Une centaine de centres Zhong Gong ont également été fermés. Comme Falun Gong, Zhong Gong a attiré de très nombreux disciples, dont de hauts responsables gouvernementaux. Les deux groupes enseignent des exercices de relaxation connus sous le nom de qigong, censés assurer une bonne santé. Selon le Centre d'information sur les droits de l'homme, Zhong Gong a été fondé en 1988 et a 20 millions de disciples. Parallèlement, la police a rapidement interpellé samedi une dizaine de membres de Falun Gong qui avaient pris une position de méditation place Tienanmen. Ces arrestations interviennent à la veille de l'ouverture dimanche de la session annuelle du Congrès populaire national. 

Le suicide, une arme à portée de main en Chine (AFP, 22/2/2000) 
Le recours trop facile au suicide dans les campagnes chinoises donne à la Chine l'un des taux de suicide les plus élevés du monde, comme vient de le rappeler la mort spectaculaire d'un paysan sur la place Tiananmen à Pékin. Li Xiangshan a mis fin à ses jours la semaine dernière en faisant sauter une bombe sur la place symbole du régime chinois. La police a expliqué qu'il s'agissait d'un "malade mental" qui s'était déjà plaint à plusieurs reprises de l'administration fiscale. La presse chinoise se fait régulièrement l'écho de suicides à la bombe, particulièrement dans les campagnes, où le taux de suicide est trois fois supérieur aux villes, et où les explosifs sont utilisés anarchiquement pour les travaux agricoles. Mais leur impact est négligeable par rapport aux insecticides, qui interviennent dans 80% à 90% des tentatives en zone rurale, souligne le Dr Michael Phillips, un psychiatre canadien à la tête d'un projet de recherche sur le suicide à l'hôpital Huilongguan de Pékin. "Les bouteilles d'insecticides sont gardées au réfrigérateur dans pratiquement chaque foyer rural. Les agriculteurs les utilisent pour leurs cultures", explique le chercheur, qui tente de convaincre les autorités de mieux contrôler la circulation des pesticides. Sans les insecticides, un grand nombre de suicides "réussis" ne seraient que des tentatives ratées survenant après une dispute conjugale. 
"D'après des entretiens que nous avons eus avec des femmes qui ont tenté de se suicider, il ressort que dans plus de 30% des cas, elles se sont décidées en 10 minutes", explique le Dr Phillips. Une fois ingurgité, le liquide peut provoquer la mort en moins d'une heure. "Mais souvent, le médecin de campagne ne sait pas quoi faire. Il préfère attendre si le patient n'a pas l'air d'aller trop mal. Quand on l'envoie le lendemain à l'hôpital, il est trop tard". Selon des chiffres de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la Chine a enregistré 413.000 suicides en 1998, soit 4,44% des décès de l'année. 
Rapporté à la population, ce taux extrapolé par l'OMS à partir de statistiques chinoises ressort à 33 pour 100.000 habitants, trois 
fois la moyenne mondiale. Les dernières statistiques officielles, qui remontent à 1994, font état d'un taux de 22 pour 100.000. 
"Des cas de suicide rapportés par la presse chinoise suggèrent, sans certitude, que ces taux élevés sont liés aux changements 
sociaux qui ont accompagné les réformes économiques", avance le Dr Phillips, tout en soulignant que les évolutions sont difficiles à cerner en l'absence de statistiques fiables avant 1990. 
Depuis la fin des années 1970, les réformes et l'ouverture du pays ont vu l'émergence de phénomènes jadis quasi impensables 
comme l'adultère, le divorce et la drogue, qui peuvent avoir stimulé le taux de suicide, tout comme la disparition progressive de l'Etat providence et le creusement de l'écart entre riches et pauvres. 
La Chine se signale par un taux anormalement élevé de suicide féminin: 56% des femmes qui se sont suicidées dans le monde en 
1990 étaient chinoises, alors que le pays ne représente "que" 22% de la population mondiale. 
La Chine est le seul pays à signaler à l'OMS un plus grand nombre de suicides féminins que masculins. En Occident, les hommes sont trois fois plus nombreux que les femmes à mettre fin à leurs jours. Selon le Dr Phillips, les autorités ont pris conscience du problème, devenu "moins sensible", comme le montre l'apparition de téléphones rouges ouverts aux désespérés. Fin mars, l'OMS et le ministère de la Santé doivent discuter d'un programme national de prévention. Restera à convaincre des millions de jeunes femmes que "la vie est précieuse et qu'il existe d'autres moyens de résoudre ses problèmes", reconnaît-il. "Dans certains villages, le suicide est socialement presque normalisé". 

Pas de répit dans la destruction du vieux Pékin (AFP, 11/2/2000) 
Pour faire place au grand opéra qui va être construit par l'architecte français Paul Andreu, Li Baoming se prépare sans enthousiasme à quitter sa petite maison traditionnelle du centre de Pékin, où il vit depuis plus de 30 ans. "Je n'ai guère le choix", explique Li, un retraité d'une soixantaine d'années, qui vit à deux pas de l'austère Palais du peuple, le siège de l'Assemblée nationale, à l'endroit même où d'ici deux à trois ans devrait s'élever un gigantesque opéra.Après 16 mois de délibérations, le président chinois Jiang Zemin a tranché l'été dernier en faveur du projet Andreu prévoyant la construction d'une bulle ultra-moderne recouverte de titane et entourée d'un plan d'eau.Pour permettre aux travaux de débuter comme prévu le 1er avril, Li et les quelque 200 familles qui vivent encore sur le site devront déménager très prochainement, sans savoir encore exactement ni où ni comment. 
"On nous a dit qu'on devrait être partis avant le 1er mai" explique Li qui vit avec son épouse dans une cour carrée aux murs gris 
foncé, construite il y a une centaine d'années dans le style traditionnel pékinois, avec trois autres familles. Pour quitter son logement de plain-pied, Li s'est vu offrir 6.500 yuans par m2, soit près de 90.000 yuans, un dédommagement nettement supérieur à ceux généralement proposés aux victimes de la spéculation immobilière qui frappe Pékin depuis le début des années 90. Après les bouleversements des années 50, notamment la destruction des murs d'enceinte de la capitale et la construction de la 
gigantesque place Tiananmen, la situation s'était figée dans les années 60 à 80, conduisant les gens à se serrer dans leurs cours 
traditionnelles. 
"Les autorités nous disent désormais que les cours carrées sont sales, sans confort et qu'il ne reste plus qu'à les démolir, mais 
elles sont responsables de n'avoir rien fait pendant des années pour les remettre en état" commente Hu Jie, un employé d'hôtel qui 
a a entrepris de défendre les intérêts des propriétaires expulsés arbitrairement. Selon Hua Xinmin, une militante française d'origine chinoise qui défend le vieux Pékin, près de la moitié des 3.000 hutong (ruelles) existant dans la capitale en 1949 ont disparu pour laisser la place à de luxueux immeubles de bureaux. La destruction des vieux quartiers d'une ville devenue capitale d'empire au 13ème siècle s'est accélérée au milieu des années 90, lorsque les prix de l'immobilier ont commencé à flamber. 
Aucune statistique n'a pu être obtenue de source officielle, mais selon des estimations fournies par Hua, 70.000 familles auraient au total été chassées de leurs maisons du centre de Pékin ces dernières années et envoyées dans de lointaines banlieues, souvent mal desservies en transports et équipements sociaux.Face à des promoteurs entretenant d'étroites relations avec une administration omnipotente et pratiquement jamais contestée par les tribunaux, les expulsés ont peu de poids.Sur un millier de procès intentés par des Pékinois spoliés, pratiquement aucun n'a abouti à une décision en leur faveur, selon Hua. Malgré les appels à la retenue de plusieurs architectes et intellectuels, seuls quelques rares quartiers, situés dans les environs immédiats de la Cité interdite, devraient être épargnés par les démolisseurs.Mais même dans ces quartiers, protection de l'héritage culturel ne rime pas forcément avec restauration. "On ne pourra pas construire d'immeubles, mais on pourra parfaitement reconstruire des cours carrées de fond en comble, en faisant partir la population actuelle", note Zhang Lin, un autre militant du patrimoine urbain. 

L'agence vaticane dénonce une vague de répression contre l'église en Chine (AFP, 31/1/2000) 
L'agence vaticane Fides a dénoncé lundi une vague de répression contre l'église catholique clandestine en Chine, en évoquant des dizaines d'arrestations et de disparitions de prêtres ces derniers mois."Des dizaines de prêtres de l'église catholique clandestine ont été enlevés par la police au cours des derniers mois;au moins six évêques non reconnus par le gouvernement ont +disparu+, certains depuis plus de trois ans, d'autres depuis des mois: tous ont subi des pressions pour accepter le contrôle de l'Association patriotique chinoise (NDLR:église catholique officielle)", affirme l'agence vaticane. 
"Ces mêmes pressions sont exercées à l'égard de familles de chrétiens clandestins: leurs fils sont exclus des écoles et leurs 
églises sont détruites", ajoute Fides."Selon des personnalités de l'église de Hong Kong, le gouvernement est en train de mettre en oeuvre les directives contenues dans un document secret (NDLR: publié par Fides en août dernier) qui prévoyait l'intégration de l'Eglise clandestine dans l'Association patriotique, ou son élimination". Fides a réalisé une "carte de la persécution au cours des derniers mois" en Chine. Les informations obtenues par Fides sont la "confirmation de l'enlèvement en octobre dernier dans le diocèse de Yantai (Shandong,est) de l'abbé Jean Gao Kexian, âgé de 72 ans" et la destruction de 13 églises en 1999 dans le seul diocèse de Fuzhou (Fujian, sud-est) et de cinq autres églises à Wenzhou (Zhejiang), a indiqué à l'AFP le directeur de l'agence, le père Bernardo Cervellera.Fides évoque également, citant l'agence catholique Ucan à Hong Kong, une série de pressions et violences dont ont été victimes en novembre dernier des prêtres et des catholiques dans le diocèse de Wenzhou. L'évêque de ce diocèse, Jacques David Lin Xili, 80 ans, a disparu en septembre dernier à Shanghai.L'agence vaticane rappelle que selon la Kung Fondation, installée à Stanford, au Connecticut, (Etats-Unis), l'évêque clandestin de Yongnian, Mgr Jean Ilan Dingxiang, 63 ans, a été arrêté en novembre dernier et que trois prêtres et un laïc ont été arrêtés au cours de l'année dernière. Elle rappelle également que trois autres évêques sont portés disparus, deux depuis 1966, et un depuis le mois d'août dernier. 
L'église catholique en Chine 
Deux églises catholiques coexistent en Chine, l'une officielle, qui a fait allégeance au Parti communiste, compte environ 4 millions 
de fidèles, selon Pékin, et ne reconnaît pas l'autorité du pape, et l'autre clandestine, fidèle au Vatican, qui passe pour compter 
quelque 10 millions de membres. 

L'adoption des petites Chinoises par des étrangers en plein essor (AFP, 30/1/00) 
La Chine, confrontée à une multiplication des abandons de petites filles, est en train de s'imposer comme l'un des principaux viviers d'adoptions à l'échelon international tout en maintenant pudiquement le voile sur ce sujet sensible. "Nous sommes tellement heureux, cela faisait trois ans que nous attendions" explique une jeune Néerlandaise, exhibant fièrement Fujian, une petite fille de huit mois, originaire d'une province pauvre, qu'elle vient juste d'adopter. "L'argent ne compte pas" ajoute-t-elle. Elle fait partie d'un groupe d'une vingtaine de Néerlandais venus à Pékin dans le cadre d'un "séjour d'adoption" mis en place par des agences de voyages chinoises spécialement habilitées par les autorités. Pour ne pas être accusées de sacrifier la dignité nationale à des Occidentaux fortunés, les autorités ont mis en place en 1996 un système d'adoption totalement contrôlé par un Centre chinois pour les affaires d'adoption (CCAA), mais dont les préoccupations financières sont loin d'être absentes. Le "séjour d'adoption", d'une durée moyenne de 10 à 15 jours, avec le déplacement en province pour aller chercher l'enfant, peut à lui seul atteindre 3.000 à 4.000 dollars. A cette somme vient s'ajouter une série impressionnante de frais - droits d'enregistrement, frais de notaire, de traduction, certificats divers, visas - sans compter le "don" obligatoire à l'orphelinat, de l'ordre de 3.000 à 5.000 dollars. Selon plusieurs agences d'adoption étrangères, le coût moyen d'un bébé chinois pour des étrangers non résidant en Chine, varie 
entre 13.000 et 24.000 dollars. Interrogés à Pékin, plusieurs parents adoptants se sont montrés peu réticents à fournir des détails, reconnaissant avoir été mis en garde contre la curiosité des médias. "L'adoption est un sujet sensible en Chine" relève pour sa part un document sur l'adoption en Chine diffusé sur le site internet du département d'Etat américain. Une publicité excessive, ajoute le document, "pourrait réduire ou éliminer complètement l'adoption d'enfants chinois par les ressortissants de pays ayant attiré l'attention de l'opinion publique" sur le sujet. Le CCAA se refuse à fournir toute statistique sur les adoptions, mais le quotidien de langue anglaise China Daily a fait état en juin de 21.000 enfants adoptés par des étrangers depuis le milieu des années 90. Selon des sources diplomatiques, quelque 5.800 enfants - à 99% des filles, en raion de la politique de l'enfant unique - ont été adoptés en 1998 par des étrangers, un nombre en augmentation régulière depuis le début des années 1990. Les Etats-Unis viennent largement en tête, avec 4.174 adoptions au cours de l'année fiscale 1999 (s'achevant le 30 septembre), contre 4.192 en 1998 et 3.553 en 1997, selon des chiffres fournis par le consulat des Etats-Unis à Canton. Ils sont suivis par le Canada, avec environ 800 adoptions en 1998, les Pays-Bas et l'Espagne (environ 200 chacun), devant le Danemark, la Suède, la Grande-Bretagne, la Belgique et la Norvège. "L'adoption étrangère constitue une part encore modeste mais significative de l'ensemble des adoptions" note Mark Hereward, du bureau de l'UNICEF à Pékin qui relève que les garçons, beaucoup moins nombreux à être abandonnés dans une société qui met l'accent sur la descendance mâle, trouvent plus facilement des parents adoptifs en Chine même. La législation a été modifiée l'an dernier pour faciliter l'adoption par des Chinois, mais les petites filles restent très majoritaires dans les 152 orphelinats. Aucune statistique n'est disponible sur le nombre total d'enfants abandonnés, une partie importante d'entre eux étant placés dans les 42.000 "instituts de protection sociale" qui récupèrent les pauvres et les nécessiteux, tous âges confondus. 

Le raidissement chinois contre les religions, par Francis Deron (Le Monde, 21/1/2000)

Il serait vain de tenter d'établir une hiérarchie des nouvelles préoccupantes provenant de Chine en ce tournant de siècle à propos des libertés fondamentales des individus, à commencer par celle du culte.

La priorité doit-elle aller à la poursuite d'une politique erronée au Tibet, que laisse deviner l'arrivée récente en Inde du jeune karmapa tibétain, fuyant sa patrie sous contrôle chinois ? Ou à la consécration de cinq évêques catholiques par l'Etat à Pékin, sans approbation du Vatican, gifle à ceux qui, autour du pape, s'efforcent de rouvrir la Chine à la chrétienté romaine ? A l'arrestation, dès les premières heures de l'an 2000, de chrétiens n'ayant pour seule ambition que se rassembler pour prier hors des canaux autorisés ? Aux tracas - pour ne pas dire plus - infligés aux missionnaires chrétiens sud-coréens qui cherchent à porter assistance aux milliers de personnes ayant fui la famine au nord de la péninsule et qui, parvenus du côté chinois de la frontière, se trouvent dans un « trou noir » de la diplomatie du fait que Pékin leur dénie le statut de réfugiés ?

Ou bien aux avertissements d'un dignitaire du régime, Ismail Amat, un musulman rallié qui entend représenter les ethnies de l'extrême ouest islamisé de la Chine populaire, contre des « forces hostiles de l'étranger » qui utiliseraient la religion afin de déstabiliser le pays ? Ou encore à la campagne de répression à l'encontre de la secte mystique Fa Lun Gong, déclarée « hérétique » par le dernier grand régime marxiste-léniniste de la planète ? 

La question religieuse semble, ces temps-ci, poser un sérieux problème à Pékin. Le fait qu'elle se manifeste de manière répétée par des informations sur des personnes arrêtées, des congrégations fermées, ou par des rodomontades gouvernementales traduit à tout le moins une nervosité des autorités chinoises qui contredit l'assurance qu'elles affichent.

Cette question religieuse a été, voici un demi-siècle, brouillée par le prisme idéologique qui conditionnait la création de la République populaire dans le carcan de la guerre froide.

La sévère répression antireligieuse des années 50, dirigée contre toutes les formes de croyances, a pris l'allure d'une croisade du matérialisme scientifique voulant éradiquer les superstitions de toutes sortes - hormis celle qu'il recréait en même temps, centrée autour de l'adulation du chef fondateur, Mao Zedong.

Le réalisme revenu au pouvoir à la mort de celui-ci, l'ère de l'ouverture, soit les vingt-cinq dernières années, fit que la pratique d'une foi religieuse n'est plus considérée en Chine comme totalement incompatible avec la docilité qui est exigée de tout sujet de la République populaire.

La politique religieuse chinoise de nos jours est dictée par cette conviction exprimée sans ambage dans un Livre blanc, publié en 1997 par le gouvernement chinois, selon lequel «  la religion doit être adaptée à la société où elle évolue ». Selon ce texte, « le peuple chinois est en train d'édifier en Chine un pays socialiste moderne original auquel la religion doit s'adapter. Cette adaptation demande aux citoyens non pas d'abandonner leur croyance religieuse et d'en modifier les doctrines fondamentales, mais de pratiquer leur religion dans la légalité pour accompagner le développement de la société et les progrès de la civilisation ». Soit, sachant que la « légalité » est du seul ressort des tenants du pouvoir : l'athéisme n'est pas immédiatement prescrit, mais l'assujetissement du spirituel au temporel demeure une loi historique devant mener à l'abolition des croyances religieuses. Dès lors, la limite est très floue entre l'allégeance qui est demandée aux croyants envers le gouvernement au nom de la loi socialiste et la répression pure et simple, parfois brutale, de toute activité religieuse qui n'a pas l'heur de plaire à des autorités politiques dont les priorités n'ont, en fait, rien à voir avec la spiritualité.

ENCADREMENT SOCIAL

Or, entre-temps, un schisme s'est formé entre les dirigeants du pays et les pratiquants des diverses confessions : taoïsme, bouddhisme, islam, christianisme. Après le choc terrible de la révolution culturelle dans les années 60, les religions se sont reconstituées, dans une bonne mesure, hors du champ social administré par le gouvernement communiste. Elles composent avec lui dans la stricte mesure où cela peut leur garantir une certaine autonomie. Le gouvernement, pour sa part, a laissé faire, en partant du principe que les clergés fournissaient un minimum d'encadrement social qu'il n'était plus toujours en mesure d'assurer lui-même, surtout dans les campagnes.

La Constitution (papier programmatique plutôt que loi fondamentale, qui est régulièrement remodelé en fonction des aléas de la politique) garantit à chaque ressortissant le droit de « pratiquer ou de ne pas pratiquer » une religion, à condition de conformer son éventuelle pratique à des normes fixées par l'Etat, qui entend conserver le contrôle absolu des hiérarchies confessionnelles.

LES CONTORSIONS DU RÉGIME

C'est mieux que rien, et c'est moins que satisfaisant, tant l'équation demeure dans le domaine politique. Car si le politique n'est jamais très éloigné du religieux, c'est particulièrement vrai en Chine, où les Saint-Barthélemy et édits de Nantes révoqués parsèment l'histoire depuis des siècles, expressions épisodiques de sursauts du pouvoir face à des dérives confessionnelles souvent perçues comme des intrusions intolérables de cultures étrangères. «  les affaires religieuses et les groupements religieux ne sont pas assujettis au contrôle étranger  », proclame le Livre blanc cité plus haut. Et d'énumérer les épisodes de l'histoire qui, à partir de 1840, ont mêlé les missionnaires chrétiens occidentaux à l'assujettissement semi-colonial de la Chine et qui ont justifié ce « choix historique » de la non-allégeance externe.

Ainsi, les contorsions qui permettent aujourd'hui au régime chinois de prétendre présider à des choix purement spirituels, comme la désignation de dignitaires religieux (tibétains, chrétiens ou autres), s'expliquent-elles d'abord par ses perceptions en matière de rapports de force et de souveraineté. Le fait que le dix-septième karmapa se soit enfui avec l'évidente complicité de la hiérarchie de son monastère, alors qu'il était à l'origine un élément du clergé tibétain choisi par Pékin (avec l'aval du dalaï-lama exilé), est vécu par la direction chinoise comme d'autant plus humiliant que c'est la deuxième fois qu'elle subit pareil revers politique au « royaume des neiges ».

Le dixième panchen-lama, mort en 1989, que Pékin avait un temps cru avoir détaché du dalaï-lama à l'heure de la répression la plus sévère au Tibet, s'était révélé un élément discrètement mais fermement rétif à l'assimilation : auteur, dès 1962, d'un pamphlet long de 70 000 mots en chinois qui passe pour la plus sérieuse critique jamais formulée au sein de l'administration chinoise à l'encontre de sa politique envers les minorités ethniques, il s'en tint à ces vues après quatorze ans de prison jusqu'à l'heure de s'éteindre. Mais ce personnage avait toujours pris soin d'enrober ses attaques de marques d'allégeance à l'endroit de la suzeraineté chinoise sur le Tibet, ce qui contraignit Pékin à composer avec lui de manière à conserver un fer au feu dans la marmite tibétaine.

Le rapport de forces dicte également la conduite de Pékin envers le Vatican, dans la mesure où celui-ci est soupçonné de vouloir maintenir des relations avec Taïwan tout en s'ouvrant au continent : ces rapports sont un atout clé de l'île pour conserver son autonomie politique par rapport à Pékin. Dans ce contexte, la consécration d'évêques catholiques chinois par le gouvernement chinois sont pour lui une manière de rappeler ses exigences diplomatique au moins autant qu'un rappel à l'ordre intérieur.

L'ERREUR DES ÉTATS-UNIS

Car cette dimension intérieure existe aussi à l'heure où, en Chine, tout un chacun sait que le « communisme » n'est plus qu'une façade. Le montre le phénomène spectaculaire qu'est l'éclosion à grande échelle de la secte Fa Lun Gong et d'autres mouvements mystiques du même ordre, ancrés dans la tradition chinoise, qui signalent un mal d'être profond devant les mutations sociales occasionnées par l'ouverture économique et le repli du « tout-Etat » socialiste. Pour autant, les Occidentaux, à juste titre inquiets du raidissement des autorités chinoises devant les phénomènes religieux, feraient sans doute une erreur en plaçant - comme le font les Etats-Unis - sur un même plan d'indignation les atteintes à la liberté de culte dont souffrent les fidèles des religions établies en Chine et les mesures prises à l'encontre des sectes mystiques par le gouvernement de Pékin. Les premiers ne vont en rien contre l'ouverture de la Chine telle qu'elle s'est produite, à un rythme soutenu, depuis vingt-cinq ans. Ils en sont, en fait, les accompagnateurs meurtris. Les sectes, en revanche, sont l'expression d'une hostilité viscérale à toute influence culturelle extérieure, en dépit du fait que l'un ou l'autre de leurs gourous se servent d'Internet pour propager leur discours.

UNE INQUISITION TOTALITAIRE

Car à tout mélanger, on risquerait de passer à côté de ce qui, en Chine, est encore aujourd'hui au moins autant scandaleux que la répression antireligieuse : le fait que, après un demi-siècle de dictature communiste, aucune recherche sérieuse ne soit encore possible sur les conséquences humaines de ce règne-là, ses cohortes de victimes, les misères qu'il a engendrées.
Depuis le 7 août 1999, un Chinois américanisé, Song Yongyi, chercheur à Dickinson College, en Pennsylvanie, est emprisonné en Chine pour avoir tenté de rassembler de vieux journaux et autres matériaux écrits relatifs à la révolution culturelle, son sujet d'études. Il ne recherchait pas des documents secrets (encore que tout soit secret en pareil régime), mais des matériaux historiques publics sur ce qui constitue une des grandes tragédies du XXe siècle. Le sujet est hautement sensible en Chine, le pays étant dirigé par des hommes qui refusent de remettre en question le passé dont ils sont issus. Les pétitions abondent pour la libération de M. Song, coupable de peu de chose si ce n'est d'avoir, de son côté, voulu creuser les mystères de cette inquisition-là.

La Chine annonce l'intronisation d'un nouveau "Bouddha vivant" (AFP, 17/1/2000) 
En annonçant l'intronisation d'un nouveau "bouddha vivant" de premier plan au Tibet, la Chine s'efforce de sauver la face après la fuite de l'un des principaux dignitaires religieux tibétains en Inde. L'annonce est intervenue sous la forme d'une brève dépêche dimanche de l'agence officielle Chine nouvelle faisant état de l'intronisation dimanche d'un garçonnet de 2 ans comme 7ème réincarnation du Rimpotché (lama réincarné) du monastère de Reting, au nord de Lhassa. Selon l'agence, le nouveau "Bouddha vivant", Soinam Puncog, est né dans la région de Lhari (nord de Lhassa) le 13 octobre 1997. La cérémonie d'intronisation du nouveau Rimpotché, dont la légitimité est contestée par le Dalaï Lama - le principal chef religieux tibétain qui vit en exil en Inde - s'est déroulée dans le temple du Johkang à Lhassa, en présence des principales autorités de la ville et de la région autonome du Tibet. Chine nouvelle a pris la peine de souligner que le vice-président de la région autonome avait "présenté un certificat officiel du 
gouvernement régional approuvant le 7ème Reting", présenté comme "l'une des figures les plus importantes du bouddhisme 
tibétain". L'agence a également fait allusion à la "tradition patriotique" de ses prédecesseurs. Son prédécesseur immédiat, le 6ème Rimpotché de Reting, décèdé en 1997, avait été une figure du Tibet pro-communiste, ce qui ne l'avait pas empêché d'être persécuté pendant la révolution culturelle (1966-76). Mais son prédécesseur le plus célébre, le 5ème Rimpotché de Reting, avait joué un rôle de premier plan au Tibet après le décès du 13ème dalai lama en 1933, lorsqu'il avait été désigné comme régent pour administrer le pays en attendant l'intronisation de l'actuel dalai Lama en 1940. Il avait également servi de professeur au dalai lama, avant d'être arrêté en 1947 par le gouvernement tibétain pour "collusion" avec la Chine. Il était mort un mois plus tard en prison, quatre ans avant l'arrivée des troupes chinoises au Tibet.  L'intronisation du 7ème Reting survient alors que le 17ème Karmapa, seul grand dirigeant religieux tibétain reconnu à la fois par Pékin et le Dalaï Lama, a créé la surprise en arrivant en Inde début janvier après avoir fui la Chine. Sa fuite a provoqué un vif embarras à Pékin où l'on assure qu'il est parti se procurer des instruments de musique traditionnels et n'a pas formellement fait défection. Les Tibétains en exil redoutent que la Chine, encore sous le coup de cette fuite, puisse utiliser à l'avenir le Rimpotché de Reting pour "légitimer" le choix d'un successeur au Dalaï Lama actuel, en arguant de la précédente régence. Dès avant l'intronisation de dimanche, le gouvernement en exil du Dalaï Lama, basé à Dharamsala en Inde, avait contesté la légitimité du 7ème Rimpotché, soulignant que le Dalaï Lama n'avait été à aucun moment informé des recherches et que toute réincarnation devait nécessairement être "approuvée" par lui. "La tradition et la foi veulent que sa Sainteté le dalai lama reconnaisse et approuve tous les lamas importants au Tibet", avait déclaré jeudi à l'AFP Thubten Samphel, le secrétaire du département de l'information et des relations internationales du gouvernement tibétain en exil. La Chine comptait sur le Karmapa pour accréditer l'idée d'une version "patriotique" du bouddhisme tibétain, n'hésitant pas à mettre en avant ce jeune homme de 14 ans pour contrecarrer l'influence du dalai Lama, dénoncé comme un dangereux "séparatiste". Le conflit autour de la légitimité des lamas avait déjà conduit à la désignation en 1995 de deux panchen lamas (le deuxième personnage du bouddhisme lamaiste) distincts, l'un par Pékin et l'autre par le dalai lama. 

Les candidats à l'immigration aveuglés par le rêve américain (AFP, 12/1/2000) 
Le chômage et une bonne dose d'illusions sur l'Occident poussent de plus en plus de Chinois à se risquer dans un conteneur pour traverser le Pacifique, dans l'espoir d'une vie facile aux Etats-Unis."Cela vaut la peine quand on pense à l'argent. Si l'on est pris, on peut toujours essayer de repartir", explique un candidat au départ interrogé dans la province du Fujian (sud-est), le principal réservoir de l'immigration chinoise."Il est inutile de vouloir rester en Chine. On ne peut pas gagner un sou ici", ajoute l'homme du nom de Chen. "Il n'y a pas assez de travail", explique-t-il. L'annonce de l'arrestation de nombreux clandestins à leur arrivée aux Etats-Unis a commencé à se répandre lentement au Fujian, mais sans décourager les immigrés potentiels qui n'hésitent plus à se cacher dans un conteneur pour traverser l'océan -- une méthode qui vient de coûter la vie à trois d'entre eux. Mais M. Chen, 30 ans, ne craint pas le séjour en mer si cela peut lui permettre d'espérer plus que les 300 yuans (36 dollars) qu'il gagne au mieux chaque mois avec des emplois précaires sur des chantiers de construction. 
Accessoirement, immigrer offre une échappatoire à la politique de l'enfant unique imposée depuis 20 ans par le gouvernement 
chinois pour lutter contre la surpopulation. "Je veux absolument avoir avoir un fils. Ma femme vient juste d'accoucher d'une fille et maintenant ils veulent l'opérer", explique-t-il, en référence aux stérilisations pratiquées dans les hôpitaux chinois. "Alors que si je vais aux Etats-Unis, je peux avoir la carte verte (permis de séjour) et déposer une demande pour faire venir ma femme", espère-t-il. Les arrestations et les rapatriements de dizaines de clandestins chinois annoncés ces derniers jours aux Etats-Unis n'entament en rien le rêve américain de nombreux candidats à l'exil, qui comptent sur l'indulgence de la politique d'immigration de l'Oncle Sam. Une jeune femme qui a envisagé de faire la grande traversée s'étonne que Washington rapatrie chaque année des centaines de clandestins. "Vous voulez dire qu'ils ne font pas d'exceptions?", demande-t-elle. "C'est vraiment dommage: ces gens-là ont eu la vie tellement difficile, ils se sont endettés auprès de leurs amis afin de payer leur passage et ont dû endurer le voyage", ajoute-t-elle.  La jeune femme se rassure en pensant que "si l'on a déjà de la famille sur place, ils peuvent payer la caution pour vous libérer et prendre en charge votre séjour". 
Les "têtes de serpent", passeurs clandestins qui organisent les réseaux d'immigration, réclament en moyenne 30.000 dollars pour 
acheminer un exilé de l'autre côté du Pacifique. Moins d'un vingtième de la somme est payable avant le départ, le reste devant être versé aux Etats-Unis, une fois que le nouvel immigré a commencé à gagner de l'argent. La jeune femme a fait le choix de rester en Chine pour s'occuper de son enfant qu'elle ne peut laisser seul. "Mais beaucoup d'hommes prennent le risque parce qu'il est trop difficile de trouver du travail", explique-t-elle, ajoutant que la réforme des entreprises d'Etat s'est traduite par la fermeture de milliers d'usines et d'innombrables licenciements dans toute la Chine depuis deux ans. 
Pour Mark Canning, porte-parole du consulat des Etats-Unis à Canton (sud), la majorité des clandestins sont des jeunes hommes 
âgés de 16 à 26 ans. Selon lui, l'une des clés de la lutte contre l'immigration clandestine est d'avertir la population des risques encourus. "Nous avons beaucoup de travail à faire pour éliminer les malentendus à l'égard de la politique américaine", reconnaît-il. 

La Chine dément vendre des organes provenant de prisonniers exécutés (AP, 12/1/2000) 
La Chine a démenti mercredi de nouvelles accusations selon lesquelles elle se livrerait à un trafic d'organes dans les prisons du pays. Un journal de Hong Kong, le ``South China Morning Post'', avait notamment affirmé dimanche dernier qu'un hôpital universitaire de Guangzhou (sud) effectuait ainsi des transplantations avec des foies prélevés sur des cadavres de prisonniers exécutés. L'agence officielle Chine nouvelle a démenti ces informations affirmant que l'établissement n'avait jamais acquis d'organes de détenus ``en attente de leur exécution'' et qu'il utilisait seulement des foies provenant de dons. Toutefois, l'agence ne parle pas explicitement du prélèvement d'organes sur des condamnés à mort après leur exécution. 

L'Eglise catholique chinoise défie le Vatican (AP, 6/1/2000) 
Regain de tension entre le Vatican et Pékin. Le même jour de l'ordination par Jean Paul II jeudi de 12 évêques en la basilique Saint-Pierre, l'Eglise catholique officielle chinoise a défié Rome en ordonnant ses propres évêques sans l'aval du pape.  Le Vatican a dénoncé un pas en arrière de Pékin alors que de récents signes laissaient espérer un réchauffement des relations. Les 
deux Etats n'ont plus de lien diplomatique formel depuis 1951, lorsque le pouvoir chinois a chassé les missionnaires de Rome et 
contraint les catholiques du pays à rompre l'allégeance au Saint-Siège. ``Ce geste élèvera des obstacles qui gêneront certainement le processus'' de rapprochement, avait averti mardi le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls. Le pape a respecté la tradition en célébrant la cérémonie d'ordination le jour de l'Epiphanie. Les nouveaux prélats sont originaires des Etats-Unis, de Hongrie, d'Angola, d'Inde, d'Italie, de Pologne et de Roumanie et se verront confier des charges en Amérique 
latine, Afrique, Europe, au Vatican et à Cheyenne au Wyoming. Dans son homélie à la basilique Saint-Pierre, Jean Paul II n'a pas fait allusion aux ordinations de l'Eglise chinoise intervenues quelques heures plus tôt. Il a déclaré aux futurs évêques, allongés face contre terre sur le tapis rouge devant l'autel en signe de loyauté, qu'ils représentaient la nature universelle de l'Eglise. ``Autour de vous, en fait, se réunissent idéalement les fidèles de plusieurs parties du monde, vers qui vous êtes envoyés comme successeurs des apôtres'', leur a dit le pape. Un peu plus tôt, l'Eglise catholique officielle chinoise, contrôlée par le régime et qui ne reconnaît pas l'autorité papale, a ordonné cinq évêques chinois dans la cathédrale sud de Pékin. Le vice-secrétaire de l'''Association patriotique des catholiques chinois'', Liu Bainian, nie tout lien entre les deux cérémonies, affirmant que la nomination des évêques chinois répond seulement ``aux besoins de nos diocèses''. Ce n'est pas la première fois que l'Eglise chinoise ordonne des évêques, toutefois la concomitance des cérémonies donne bien l'impression que Pékin a voulu infliger un camouflet au Vatican. L'un des prélats ordonnés, âgé de 76 ans, prendra en charge l'une des paroisses les plus actives et ``turbulentes'' à Baoding, dans 
l'est du pays. Il y a quelques années, la police y avait détruit un temple dédié à la Vierge Marie. Un groupe de défense des 
catholiques basé hors du pays avait rapporté dans cette ville des cas d'arrestation et de tortures de fidèles clandestins l'an dernier. La Chine dit vouloir améliorer ses relations avec le Vatican mais pose ses conditions: le Saint-Siège doit pour cela rompre ses liens avec Taïwan, reconnaître la souveraineté de Pékin sur l'île et ``ne pas interférer dans les affaires internes (de la Chine)'', déclare le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhu Bangzao. ``Ordonner des évêques est une affaire interne de l'Eglise catholique chinoise'', ajoute-t-il. Selon l'Eglise chinoise, le pays compte cinq millions de catholiques. Les experts étrangers avancent plutôt le chiffre de 12 millions en prenant en compte les croyants restés fidèles à l'autorité de Rome et qui pratiquent dans la clandestinité. Dans le passé, le régime a emprisonné et harcelé des évêques et prêtres restés fidèles au Vatican. 

Pékin continuera à rechercher une normalisation avec le Vatican (AFP, 5/1/2000) 
La Chine devrait rester engagée sur la voie d'une normalisation avec le Vatican malgré la consécration prochaine par Pékin de trois évêques qui a déplu d'avance à Rome, estimaient mercredi les analystes. Alors que des rumeurs circulent depuis plusieurs mois sur une normalisation prochaine des relations entre Pékin et le Saint-Siège, les autorités catholiques chinoises ont créé la surprise en annonçant mardi qu'elles consacreraient trois évêques jeudi, le jour même de l'Epiphanie, lorsque le pape ordonne traditionnellement les évêques. 
Le Vatican a aussitôt réagi, exprimant sa "surprise" et sa "déception" à la suite de cette annonce, qui "ajoute des obstacles" au 
processus de normalisation des relations entre la Chine et le Saint-Siège, a indiqué un porte parole du Vatican. 
La Chine avait rompu ses relations avec le Vatican en 1957 après l'excommunication de deux évêques désignés par le régime 
communiste de Pékin proclamé huit ans plus tôt par Mao Tsé-toung. 
"Cela va rendre la tâche plus délicate, mais sans mettre un terme au processus de négociations avec le Vatican", a commenté 
Jean-Pierre Cabestan, directeur du Centre d'Etudes français sur la Chine contemporaine, basé à Hong Kong. 
Il a ajouté que le processus, amorcé ces derniers mois, risquait de "prendre un peu plus de temps". 
Un expert des questions religieuses chinoises, qui a requis l'anonymat, a lui aussi minimisé l'impact de la nomination des trois 
évêques, estimant que Pékin tout comme le Vatican "avaient besoin d'un accord". 
Pour le Vatican, il s'agit d'éviter une "division permanente" des deux Eglises catholiques chinoises, l'une officielle, qui compte 
environ 4 millions de fidèles et ne reconnaît pas l'autorité du pape, et une autre clandestine qui passe pour compter environ 10 
millions de membres, a estimé l'expert. 
"Pour le président chinois Jiang Zemin, renouer avec le Vatican constituerait un coup diplomatique formidable", note M. Cabestan, 
qui estime que les autorités chinoises ont les moyens d'empêcher une éventuelle Eglise catholique réunifiée de devenir "un foyer 
d'opposition". 
L'intérêt est d'autant plus grand, ajoute-t-il, que les autorités sont confrontées à une recrudescence de sectes "qu'elles ne contrôlent pas" comme la secte d'obédience bouddhiste Falungong interdite en juillet dernier mais qui continue à défier le régime. 
Depuis sa rupture avec le Vatican, la Chine a nommé plus de 130 évêques et 900 prêtres, mais la dichotomie entre l'Eglise officielle et l'Eglise du silence serait loin d'être totale. "La majorité des évêques chinois sont reconnus à la fois par la Chine et le Vatican qui les reconnaît après leur nomination officielle", a affirmé l'expert. 
Pékin réitère régulièrement sa volonté de n ormaliser ses relations avec le Saint-Siège à condition que le Vatican rompe ses 
relations diplomatiques avec Taiwan et n'intervienne pas dans la nomination de son clergé. 
Selon des rumeurs insistantes, les deux parties seraient en train de négocier un concordat prévoyant un système de nomination 
conjointe des évêques (qui seraient nommés par le vatican après approbation par Pékin). 
L'un des grands perdants d'un concordat serait l'Association catholique patriotique chinoise, un organisme qui chapeaute l'Eglise 
officielle et approuve la nomination de son clergé. 
"La nomination de trois évêques renforce la position de l'Association patriotique dans les négociations avec le Vatican", a noté un 
diplomate occidental, en soulignant qu'en cas d'accord avec le Vatican, l'Eglise officielle serait contrainte de revoir sa structure. 

La Chine entre dans l'an 2000 en prélude à l'Année du Dragon (AP, 31/12/1999) 
La Chine a accueilli l'an 2000 en allumant des feux de cérémonie sur la Grande Muraille, mais aussi une nuit de shopping non-stop, mariage d'ancienne civilisation et d'ouverture économique pour les classes moyennes. Des porteurs de torches habillés en costumes de l'ère impériale ont allumé des feux à toutes les tours de guet de l'immense Muraille de Chine, qui serpente sur 4.800 km, alors que peu avant minuit, tous les dragons étaient de sortie dans le pays: c'est en effet le 5 février que le Nouvel An chinois marquera l'entrée dans l'Année du Dragon, année de chance mais aussi de dangers. ``Ce soir, les peuples de tous les pays du monde, est, ouest, nord sud, quelle que soit leur nationalité ou leur foi, sont ravis de l'arrivée de ce moment historique'', a déclaré le président Jiang Zemin dans un discours télévisé, peu avant minuit. Devant l'Autel du Siècle, monument en forme de cadran solaire construit pour l'occasion, Jiang a allumé une nouvelle flamme éternelle avec une torche amenée par un coureur de Zhoukoudian, où furent retrouvés dans les années 20 les reste de ``l'homme de Pékin'' préhistorique. Manière pour le régime chinois de revendiquer une histoire vieille de 10.000 ans... Mais Jiang y a promis ``le grand rajeunissement'' de la Chine, par l'union avec Taïwan l'île nationaliste, et la construction d'une ``société socialiste moderne, prospère, forte, démocratique et culturellement avancée''. Pendant ce temps, à Shanghaï, sous des cieux cléments, une artère commerciale a fêté l'an 2000 en permettant aux amateurs de shopping de se livrer de nuit à leur passe-temps favori, avec des magasins ouverts toute la nuit. Mais à Pékin, juste avant minuit, sur la place Tiananmen, la police a arrêté au moins six adeptes de la secte interdite Falun Gong. La répression dont est victime ce mouvement religieux depuis l'été dernier s'était renforcée, les forces de l'ordre, sur les dents, craignant qu'il ne profite du passage à l'an 2000 pour mener de nouvelles actions.  Et, tandis que les premières heures de la nouvelle année n'apportaient aucune information inquiétante concernant le bogue, le président de la China Eastern Airlines a pris, comme un défi, les commandes d'un vol Shanghai-Pékin qui a passé dans les airs le moment fatidique, a rapporté l'agence Chine nouvelle: deux mariages ont été célébrés pendant ce vol très spécial. 

Politique intérieure

L'homme le plus riche de la Chine condamné à la prison à vie (AP, 31/5/2000) 
Mou Qizhong, un homme d'affaires considéré par les médias chinois comme l'homme le plus riche du pays, a été condamné mardi à la prison à vie pour fraude, a annoncé la télévision d'Etat. 
Mou, président du groupe Land, a été reconnu coupable par le tribunal populaire de Wuhan dans la province centrale de Hubeï, d'avoir utilisé frauduleusement des lettres de crédit, a précisé la télévision. 
D'autres prévenus ont été également condamnés au cours de ce procès et le groupe Land s'est vu infliger une amende de cinq millions de yuans (4,6 millions de FF/701.000 euros). 
Pendant une décennie, Mou était devenu le sujet favori des médias chinois pour son style flamboyant qui semblait symbolique de l'ère de réforme de la Chine. Mou Qizhong, l'un des rares milliardaires de la Chine a financé des choses aussi diverses que des clubs de football ou encore une expédition polaire. 
Pour certains en Chine, le cas de Mou est révélateur des difficultés que peuvent rencontrer les hommes d'affaires face au système socialiste. 
Mou avait acquis sa notoriété en 1989 grâce à un troc par lequel il avait pu échanger 500 camions remplis de surplus de chaussettes, de chaussures et d'autres produits contre quatre avions de ligne TU-154 de fabrication soviétique, réalisant un bénéfice de 25 millions de dollars (182,5 millions de FF/27,8 millions d'euros). 

Problèmes sur tous les fronts pour la Chine, selon l'IISS (AFP, 4/5/2000) 
Répression contre la secte Falungong, tension persistante avec Taïwan et défis économiques: la Chine du président Jiang Zemin est confrontée à des "problèmes sur tous les fronts" à l'amorce du troisième millénaire, estime l'IISS. 
 "Même si, prises séparément, aucune (de ces difficultés) n'a eu d'ampleur suffisante (en 1999) pour mettre en danger la capacité du régime à diriger, chacune a mis en lumière les faiblesses profondes et continuelles de la Chine", souligne l'Institut international d'études stratégiques dans son rapport annuel. 
 Elles révèlent un régime qui est "mal à l'aise" avec le monde extérieur mais aussi de plus en plus, à l'intérieur, avec la société chinoise, ajoute l'institut. 
 La vigueur de la répression qui a visé l'an dernier la secte d'inspiration bouddhiste Falungong est symptomatique de la nervosité du régime, aux yeux des experts de l'IISS. 
 Pékin a interdit la secte, qui affirme rassembler quelque 80 millions d'adeptes -- 2 millions selon les autorités --, trois mois après qu'elle eut défié le régime en organisant une manifestation monstre dans la capitale. 
 L'IISS estime que "plusieurs milliers" d'adeptes ont été incarcérés et souligne la particularité sociologique d'un mouvement qui recrute non seulement chez les étudiants, mais ausi chez les fonctionnaires et même parmi certains membres du parti communiste et des services de sécurité. 
 La nervosité du pouvoir chinois a été tout aussi clairement illustrée par sa tendance à jeter de l'huile sur le feu sur le dossier taïwanais, en multipliant les menaces voilées d'intervention militaire avant les élections présidentielles sur l'île, souligne l'IISS. 
 Les pressions n'ont pas empêché la victoire du candidat pro-indépendantiste Chen Shui-bian. Ce dernier a depuis tendu la main à Pékin, mais sans parvenir à désamorcer la tension des deux côtés du détroit de Formose. 
 Selon l'IISS, la Chine a augmenté de 50 par an depuis 1998 le nombre de ses missiles de croisière visant directement Taïwan (200 à présent). "Ils pourraient constituer une menace dans un avenir proche", souligne l'institut, qui doute toutefois de l'éventualité d'une opération militaire d'envergure compte tenu du soutien de Washington à la province rebelle. 
 La perspective d'une adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) --dont l'accord bilatéral sino-américain de novembre dernier constitue un premier jalon-- représente un autre "grand défi" pour Pékin. 
 La Chine espère qu'elle donnera un coup de fouet à la croissance du pays et aux investissements extérieurs. Mais l'intégration à l'économie mondiale pourrait entraîner de douloureuses restructurations dans l'industrie nationale encore largement étatisée, prévient l'institut. "Un pas de géant a été accompli qui aura immanquablement des répercussions énormes à l'intérieur du pays", analyse-t-il. 

Une centaine d'avions de combat chinois ont décollé en direction de Taïwan, selon les médias chinois (AP, 20/3/2000) 
Une centaine d'avions de combat chinois ont décollé lundi en direction de Taïwan, deux jours après la victoire à l'élection présidentielle du candidat indépendantiste Chen Sui-Bian, a affirmé lundi un journal chinois. Les avions ont décollé en direction du nord-est, depuis les bases militaires de la province du Guangdong, dans le sud du pays, et de Fujian, province chinoise qui fait face à Taïwan, selon le ``South China Morning Post''. ``Toutes les deux ou trois minutes, un avion de combat passait au-dessus de nos têtes. Cela a duré quatre heures sans arrêt'', selon un témoin chinois cité par le journal. ``Nous avons l'habitude de voir des avions voler, mais les gens ici n'en ont jamais vus autant'', a-t-il ajouté. Les autorités taïwanaises se voulaient cependant rassurantes lundi. Selon un responsable du ministère de la Défense, les militaires taïwanais n'ont noté aucun mouvement de troupes chinois anormal, ni manoeuvres particulières depuis le scrutin de samedi. M. Chen a été élu président samedi avec 39% des voix, contre 37% pour le candidat indépendant James Soong, un dissident du Kuomintang, et 23% seulement pour Lien Chan, candidat de l'ancien parti unique. La participation des Taïwanais a été très forte, 83% des 15 millions d'électeurs inscrits ayant pris part au vote. 

Chine: onze exécutions dans la province musulmane du Xinjiang (Reuters, 20/3/2000) 
Onze personnes ont été exécutées dans la province musulmane du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, après avoir été reconnues coupables de meurtres, vols à main armée et activités séparatistes, rapporte le Xinjiang Daily dans son édition du 15 mars parvenue lundi à Pékin. Les suppliciés, présentés comme de "violents terroristes", ont été fusillés par un peloton d'exécution. Ils avaient abattu deux policiers et tué un troisième à l'arme blanche lors d'un raid en octobre 1996 contre une ferme, précise le 
journal. Ils avaient aussi assassiné six mineurs en août 1997. Le Xinjiang abrite les Ouïgours turcophones qui luttent depuis de nombreuses années pour la création d'un Etat indépendant dans la région. Le régime communiste de Pékin qualifie les militants ouïgours de "terroristes". 

Corruption: le Premier ministre chinois prêt à frapper à la tête (AFP, 5/3/2000) 
Le Premier ministre chinois Zhu Rongji s'est fait fort dimanche d'éradiquer la corruption au sommet du régime communiste, tout en accélérant les réformes économiques afin de préparer la Chine à adhérer à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC)."On se montrera impitoyable à l'égard des éléments corrompus", a averti M. Zhu dans un discours de 90 minutes, à l'ouverture de la 
session de l'Assemblée nationale populaire (ANP - parlement), la grand messe annuelle du système politique chinois.Alors qu'une vingtaine d'adeptes de la secte interdite Falungong étaient interpellés à proximité de l'immense Palais du Peuple, M. Zhu a promis de poursuivre la répression "des sectes hérétiques". Les contestataires entendaient protester contre la mise hors-la-loi du mouvement accusé d'avoir voulu renverser le régime l'an dernier en manifestant devant le siège du gouvernement. Fermant la porte à toute possibilité d'assouplissement du régime, M. Zhu s'est également engagé à lutter contre d'indéfinis "éléments hostiles", en Chine et à l'étranger. Les quelque 5.000 parlementaires ont quant à eux été prévenus que la lutte contre la corruption viserait dorénavant "les cadres dirigeants des organismes gouvernementaux aux différents échelons".M. Zhu a reconnu l'existence d'un important mécontentement populaire face à la corruption, qui avait largement été à l'origine du mouvement de Tiananmen en 1989. "Il existe encore un grand écart entre les résultats obtenus d'une part et les exigences des autorités centrales ainsi que les espérances de la population de l'autre", a-t-il admis.Zhu Rongji "a attaqué les cadres corrompus avec des mots très durs", a commenté depuis Hong Kong le sinologue Joseph Cheng. "Le problème, ce sera la mise en oeuvre de ce mot d'ordre". 
L'avertissement du Premier ministre survient alors que les autorités ont lancé une nouvelle campagne contre les dirigeants 
corrompus, dont l'un des représentants risque d'être passé par les armes pendant la session de l'ANP, son appel venant d'être 
rejeté. Hu Changqing, ancien vice-gouverneur de la province du Jiangxi, est le plus haut responsable chinois à avoir jamais été condamné à mort pour corruption, tandis que la révocation d'un vice-président de l'ANP, Cheng Kejie, a été annoncée samedi pour la même raison. Le plus gros scandale de l'histoire du pays est en cours d'investigation dans la ville de Xiamen (sud-est), où une affaire de contrebande évaluée à 10 milliards de dollars aurait été organisée avec l'encouragement des autorités locales. 
"M. Zhu a promis de ne pas mollir face à la corruption. Mais Xiamen aura valeur de test: les plus hauts dirigeants de la ville ont 
jusqu'à présent été bien protégés", a observé M. Cheng. Sur le front économique, le Premier ministre a annoncé la poursuite d'une politique fiscale accommodante afin de soutenir la demande par des investissements massifs. Il a annoncé l'émission de 12 milliards de dollars d'emprunts, afin de financer de nouvelles infrastructures ainsi que la modernisation des entreprises d'Etat, engagées depuis deux ans dans une délicate restructuration qui a déjà coûté leur poste à des millions de quasi-fonctionnaires. 
L'adhésion en vue de la Chine à l'OMC va obliger à accélérer les réformes pour permettre au pays de résister à l'ouverture des 
frontières, a-t-il averti, quatre mois après l'accord sino-américain sur l'OMC. 
Face à Taiwan, il a prévenu que Pékin ripostera "à toute activité séparatiste grave". A deux semaines des élections présidentielles 
taiwanaises, Pékin cherche à mettre en garde les différents candidats contre toute velléité d'indépendance formelle de l'île que la 
Chine considère comme une de ses provinces malgré la sécession de 1949. Samedi, le président Jiang Zemin a promis "des mesures radicales" au cas où Taiwan continuerait à refuser les termes de son rattachement au Continent. 

Réformes et corruption au menu de la grand-messe du parlement chinois (AFP, 3/3/2000) 
Le parlement chinois ouvre dimanche sa grand-messe annuelle qui sera chargée d'endosser "démocratiquement" les décisions du Parti communiste sur l'approfondissement des réformes économiques et l'interminable lutte contre la corruption.Près de 3.000 députés ont commencé à affluer à Pékin pour la session plénière de l'Assemblée nationale populaire (ANP), qui se déroulera pendant une dizaine de jours au Palais du Peuple, en bordure de la place Tiananmen.La question de Taïwan, où un nouveau président sera élu le 18 mars, devrait figurer en bonne place dans tous les discours, Pékin ayant averti le mois dernier qu'il n'hésiterait pas à employer la force contre l'île si ses dirigeants refusent indéfiniment de négocier leur "réunification à la mère-patrie". Comme chaque année, les députés, dont l'élection au scrutin indirect est soigneusement filtrée par le régime, devraient massivement approuver le "rapport de travail" lu à l'ouverture de la session par le Premier ministre, Zhu Rongji.Selon des sources ayant vu à l'avance une copie du discours, M. Zhu devrait appeler à poursuivre la délicate réforme des entreprises 
d'Etat, entrée dans sa troisième et dernière année. Cette réforme, qui vise à fermer, restructurer ou fusionner des milliers d'entités 
non rentables, devrait se traduire par au moins 5 millions de licenciements supplémentaires cette année.M. Zhu devrait aussi plaider pour l'adhésion rapide de la Chine à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), perçue comme un moyen d'accélérer la modernisation de l'outil de production en le confrontant à la concurrence internationale.Les réformes continuent à se heurter à la résistance de millions de cadres locaux qui utilisent l'administration et les entreprises publiques pour leur enrichissement personnel. Quelque 16 milliards de dollars de fonds publics ont ainsi été détournés en 1999, ont avoué les autorités."Au cours des dernières années, nous avons obtenu certains succès dans le combat contre la corruption, mais nous sommes encore très loin de ce que le peuple attend de nous", devrait reconnaître le Premier ministre, tout en rappelant qu'une nouvelle phase de "rectification" est en route.Pour enfoncer le clou, un ancien vice-gouverneur de la province du Jiangxi, Hu Changqing, court le risque d'être exécuté pendant la session, son appel venant d'être rejeté. Il est le plus haut responsable chinois à avoir jamais été condamné à mort pour corruption.Le plus gros scandale de l'histoire du pays est en cours d'investigation à Xiamen (sud-est), l'une des villes les plus dynamiques de Chine, où quelque 800 enquêteurs travaillent sur une affaire de contrebande évaluée à 10 milliards de dollars, avec l'encouragement des autorités locales.Par le passé, les députés ont su montrer leur mauvaise humeur face à l'incapacité du régime à juguler la corruption. En 1998, le rapport du procureur suprême, principal personnage chargé de la lutte contre les pots-de-vin, a même failli être rejeté en ne réunissant qu'une majorité de 55%, du jamais vu dans les annales. 
Cette année, les délégués devraient aussi discuter dans les couloirs des prochaines "têtes" qui risquent de tomber et se préparer 
pour la relève de l'actuelle direction du régime, attendue à partir de 2002 lorsque le président Jiang Zemin est censé céder au moins l'un de ses postes à la tête de l'Etat, de l'armée ou du Parti. Zhu Rongji doit quant à lui passer la main en 2003.De possibles nominations au gouvernement durant la session pourraient donner une idée de l'architecture de la "quatrième 
génération" de dirigeants communistes, centrée autour de l'actuel vice-président Hu Jintao, à l'instar des précédentes générations 
Mao Tsé-toung, Deng Xiaoping et Jiang Zemin. 

Toujours pas d'accord entre la Chine et l'Europe sur l'OMC (Reuters, 24/2/2000) 
La Chine et l'Union européenne ont donné deux versions très différentes de l'issue de leurs discussions relatives à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC). Selon la première, un accord est proche, mais la seconde souligne que les progrès effectués restent insuffisants. Citant le chef de la délégation chinoise, Long Yongtu, qui a négocié quatre jours durant avec l'Union européenne (UE), l'agence Chine Nouvelle a annoncé que les deux parties étaient "très proches" d'un accord. Chine Nouvelle a ajouté que le ministre chinois du Commerce, Shi Guangsheng, invitait le commissaire européen Pascal Lamy à se rendre à Pékin pour y sceller un accord concernant l'adhésion de la Chine à l'OMC. Mais l'UE a démenti l'existence d'un "accord de base". "Nous n'avons aucunement connaissance d'un quelconque accord de base", a déclaré Anthony Gooch, porte-parole de la Commission. Le stratégie du bord de l'abîme et les coups de théâtre politiques sont des tactiques caractéristiques des négociateurs chinois, qui 
ont pour habitude de prendre par surprise leurs homologues pour aboutir à des accords de dernière minute. 

L'UE, dernier rempart avant un accord global 

La Chine doit nouer des accords avec tous les membres de l'OMC qui demandent des discussions avant de pouvoir entrer dans 
l'organisation. L'UE est le plus important des 13 membres de l'OMC à ne pas avoir encore signé d'accord avec Pékin. La Chine a en revanche signé l'année dernière avec les Etats-Unis, le Japon, l'Australie et le Canada, puis avec l'Inde cette semaine. De sources européennes proches des discussions, on indique que les télécommunications sont la principale pomme de discorde et 
que les discussions n'ont pas encore abordé la question des assurances, l'une des principales inquiétudes de l'UE. Un diplomate européen en poste à Pékin, qui a préféré garder l'anonymat, a déclaré que les négociateurs de l'UE ont passé leur temps à discuter de questions qu'ils croyaient déjà réglées lors de négociations à Bruxelles en janvier. "Les questions qui semblaient avoir été clarifiées à Bruxelles ont été de nouveau mises en doute", explique-t-il.  Mais pour Chine Nouvelle, l'avenir des négociations semblent nettement plus rose. "Le ministre du Commerce Shi Guangsheng souhaite la bienvenue en Chine au commissaire européen Pascal Lamy, pour finalement conclure les négociations entre l'UE et la Chine sur l'accession de cette dernière à l'OMC", écrit l'agence, citant le chef de la délégation chinoise, Long Yongtu.  Le porte-parole de la Commission européenne a toutefois souligné que les discussions n'avaient pas échoué. "Nous sommes allés aussi loin que nous le pouvions dans ce cycle", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. "Nous restons prêts à un accord avec la Chine à la première occasion." 

Pas d'influence de Taiwan 

Gooch a ajouté que les discussions n'avaient pas été influencées par la controverse sur la menace d'invasion chinoise de Taiwan si l'île freine le processus de réunification. "Les discussions sur l'OMC sont considérées à l'aune des critères de l'accession l'OMC", a-t-il dit. La nouvelle menace de Pékin met cependant en péril l'accord commercial noué en novembre avec les Etats-Unis. Taiwan bénéfice d'un très fort soutien du Congrès américain, qui devra prochainement approuver l'accord de Washington et Pékin.  Aux Etats-Unis, des parlementaires républicains très écoutés estiment que les menaces de la Chine à l'encontre de Taiwan 
pourraient compromettre l'adoption d'une disposition accordant à la Chine le statut dit de "relations commerciales normales" (NTR), une étape primordiale dans le processus d'accession à l'OMC. Des responsables de l'administration Clinton ont exhorté la Chine et l'UE à conclure leurs discussions dès que possible, craignant qu'un nouveau retard sur le vote du NTR pourrait y être fatal, tant l'opposition à l'adhésion de la Chine à l'OMC croît parmi les syndicats et dans l'ensemble des Etats-Unis en année électorale. Hans-Friedrich Beseler, qui conduit la délégation de l'UE, n'a pas exclu un accord de dernière minute. Prié de dire s'il retournerait à la table des négociations s'il y est convoqué, il a répondu: "Nous l'envisagerons certainement. Cela dépend des conditions, cela dépend de la situation." Beseler s'est refusé à préciser la raison du blocage. "Les positions se sont rapprochées, a-t-il déclaré, mais nous ne sommes pas encore au bout de nos peines." De source européenne, on explique que la Chine avait refusé de discuter d'une exigence européenne visant à augmenter les participations étrangères dans des réseaux de télécommunications au-delà des 49% qui avaient fait l'objet d'un accord avec les Etats-Unis en novembre. 

Cinq séparatistes musulmans condamnés à mort en Chine (AP, 24/1/2000) 
Cinq personnes ont été condamnées à mort et sept autres à la prison à perpétuité dans le nord-est de la Chine, dans le Xinjiang secoué par les violences des séparatistes ouïgours, rapporte un journal gouvernemental local. Le 18 janvier, ces membres présumés d'un groupe séparatiste auteur d'actes de terrorisme contre le pouvoir chinois ont été reconnus coupables de séparatisme, meurtre vol, commerce illégal et possession d'armes. Les condamnés sont des Ouïgours, l'ethnie majoritaire du Xinjiang, musulmane et turcophone, qui dispute aux Han chinois, en nombre croissant ces dernières années le contrôle de cette région stratégique d'Asie centrale, riche en pétrole. La dernière grande répression des séparatistes ouïgours, suite à des manifestations violentes en février 1997, a fait dix morts selon la police, mais une centaine selon les exilés ouïgours. 

Quatre ans de prison pour avoir défendu le Falungong sur l'internet (AFP, 3/1/2000) 
Un professeur assistant de médecine a été condamné à quatre ans de prison dans le centre de la Chine pour avoir diffusé un plaidoyer en faveur de la secte interdite Falungong sur un site web étranger, a-t-on appris lundi à Pékin. "Li Fujun a été condamné à 4 ans de prison jeudi pour avoir "utilisé une secte hérétique afin de saper l'application de la loi" a déclaré à l'AFP un porte parole du tribunal de la ville de Xinxiang, dans la province du Henan (centre). Selon le centre d'information pour les droits de l'Homme et le mouvement démocratique en Chine, basé à Hong Kong, Li, 37 ans, un professeur assistant de l'institut médical de Xinxiang, avait été interpellé le 29 octobre après avoir manifesté avec d'autres adeptes sur la place Tiananmen à Pékin. Mais il lui a surtout été reproché d'avoir défendu "l'hérésie" en publiant un article faisant du Falungong une "science supérieure sur le plan médical" sur un site internet étranger. Dans cet article, Li affirmait que l'enseignement du Falungong permettait de contribuer à la guérison des maladies, ajoute le centre. Une dizaine de dirigeants de la secte d'inspiration bouddhiste, interdite le 22 juillet dernier, ont déjà été condamnés à des peines de prison exemplaires. C'est le cas des deux principaux bras droits du gourou Li Hongzhi qui ont été condamnés à des peines de 16 et 18 ans de prison récemment à Pékin.Selon le Centre d'information, 150 "membres importants" de la secte devraient au total être jugés, pour la plupart courant janvier, tandis que des centaines, voire des milliers d'adeptes devraient à terme se voir infliger des peines administratives de "rééducation par le travail", ne pouvant théoriquement pas dépasser trois ans. Le centre a cité le cas du camp pour femmes de Changchun (nord-est) où 250 adeptes purgent actuellement des peines allant d'un à trois ans de "rééducation par le travail". Interdite trois mois après avoir défié le régime en organisant une manifestation monstre à Pékin, la secte a maintenu la pression ces dernières semaines en incitant ses adeptes à manifester individuellement sur la place Tiananmen, où sont en permanence déployées d'importantes forces de sécurité.Selon le centre d'information, plus d'une centaine d'adeptes ont été interpellés par la police les 1er et 2 janvier sur cette place, située au centre de Pékin. 

Nouveau coup de filet contre des dissidents chinois (AP, 1/1/2000) 
La police chinoise a interpellé samedi à Pékin cinq dissidents à Pékin, tandis qu'un autre a pu échapper de justesse aux forces de l'ordre. On a d'abord interpellé sans ménagement le militant pro-démocratie Xu Yonghaï à la sortie de l'hôpital pékinois où il venait d'assurer le service de nuit. Le médecin de confession protestante a été blessé à la tête après avoir été jeté à terre, a déclaré son ami He Depu, membre du Parti de la Démocratie (interdit). He lui-même et trois autres proches de Xu ont été interpellés un peu plus tard au domicile du dissident où ils avaient rendez-vous. Tout le monde a été relâché peu après, à l'exception de Xu Yonghaï. En revanche, la dissidente He Xintong a échappé à l'arrestation après avoir répéré les policiers au domicile de Xu. Elle est la femme du dissident Xu Wenli, un membre important du Parti de la Démocratie qui a été condamné en décembre 1998 à 13 ans de prison. La veille au soir, la police avait arrêté sur la place Tiananmen au moins six adeptes de la secte interdite Falun Gong. La répression dont est victime ce mouvement religieux depuis l'été dernier s'est récemment renforcée, les forces de l'ordre craignant qu'elle ne profite du passage à l'an 2000 pour mener de nouvelles actions. 

Economie, Industries et R&D

Normalisation des relations commerciales avec la Chine: Jiang Zemin remercie Bill Clinton (AP, 29/5/2000) 
Le président chinois Jiang Zemin a téléphoné à Bill Clinton pour le remercier de son aide qui a contribué à l'adoption, par la chambre des représentants américaine, d'un projet de loi qui normalise définitivement les relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, a rapporté lundi l'agence de presse officielle Chine Nouvelle.Jiang Zemin a souligné que la Chambre des représentants avait été ''sage'' d'adopter cette législation controversée. Mais il a précisé que ''le projet de loi contient des articles que la Chine ne peut accepter''.La Chine se plaint de dispositions dans la législation visant à créer une commission pour surveiller les agissements de Pékin en matière de travail et de droits de l'homme. 

Les milieux d'affaires saluent la normalisation du commerce avec la Chine (AFP, 24/5/2000) 
Les milieux d'affaires américains ont salué mercredi le vote de la Chambre des représentants normalisant de façon permanente les relations commerciales avec la Chine qui va leur ouvrir le plus grand marché potentiel de la planète avec 1,3 milliard de consommateurs. 
 De leur côté, les syndicats américains, les groupes de défense des droits de l'Homme et de l'environnement, ont déploré la décision de la Chambre qu'ils ont qualifiée "de capitulation des élus au lobbying des grands groupes capitalistes". Dans un communiqué, ces groupes rassemblés au sein de la coalition Citizen Trade Campaign, ont estimé que le Congrès "a abandonné le mouvement démocratique en Chine". 
 "Ce vote est une victoire historique pour le libre échange et pour l'économie américaine ainsi que pour la sécurité nationale de notre pays", a pour sa part déclaré Thomas Donohue, le président de la Chambre de Commerce. 
 L'adoption de ce texte à une large majorité de 237 voix contre 197 est la reconnaissance par les républicains et les démocrates "que l'accord bilatéral commercial sino-américain de 1999, est très largement en faveur des Etats-Unis", a-t-il dit. 
 "Les concessions commerciales faites par Pékin sont le prix à payer pour que la Chine accéde à l'Organisation mondiale du commerce (OMC)", a-t-il ajouté. 
 L'accord de novembre 1999 porte surtout sur l'engagement de la Chine à ouvrir son marché en échange du soutien américain à son accession à l'OMC. Toutefois, Pékin demandait pour l'honorer que le Congrès américain vote un texte lui octroyant de façon permanente la clause dite de relations commerciales normales (PNTR), renouvelée jusqu'à présent chaque année. 
 Le PDG de Boeing, Phil Condit, a déclaré que cette normalisation allait contribuer "à assurer la croissance et la prospérité économique des Etats-Unis et de la Chine". Elle va aussi stabiliser les relations entre les deux pays et établir des bases solides pour régler d'autres questions importantes", a-t-il ajouté dans un communiqué. 
 Pour Christopher Galvin, le PDG du groupe d'équipements de télécommunications Motorola, "le vote de la Chambre représente un pas très important pour maintenir la compétitivité de l'Amérique dans une économie de plus en plus mondialisée". 
 "Davantage d'exportations signifie plus de possibilités pour les entreprises américaines et plus d'emplois pour les travailleurs américains", a-t-il estimé. 
 Mustafa Mohatarem, le principal économiste du constructeur automobile General Motors, a relevé que cela allait permettre "aux Etats-Unis de bénéficier de l'accession de la Chine à l'OMC qui entraînera l'élimination de barrières commerciales, ouvrant d'importants débouchés pour les entreprises américaines. 
 General Motors compte pour sa part exporter pour deux milliards de dollars d'automobiles et d'équipements automobiles au cours des cinq prochaines années, a-t-il indiqué. 
 Tim Tinken, vice président du groupement des industries manufacturières américaines (NAM, 14.000 entreprises), s'est quant à lui félicité "de la résurgence aux Etats-Unis d'un consensus bipartite (républicain et démocrate) sur l'importance du commerce extérieur et de l'ouverture des marchés mondiaux pour assurer la poursuite de l'expansion américaine". 
 L'industrie textile, quasiment la seule opposée à la normalisation commerciale avec la Chine, a qualifié le vote de "sérieux revers pour le textile américain". 
 "L'accession de la Chine à l'OMC va forcer les Etats-Unis à éliminer les quotas d'importations sur les textiles sur cinq ans au lieu de dix ans ce qui va entraîner plus de 150.000 pertes d'emplois dans ce secteur", a prédit Roger Chastain, le président du groupement professionel "ATMI". 

La clause de relations commerciales normales, relique de la guerre froide (AFP, 24/5/2000) 
En votant pour l'établissement de relations commerciales normales avec la Chine, la Chambre des représentants américaine devait mercredi débarrasser ce pays des contraintes d'un amendement législatif de 1974, relique de la guerre froide.  Cet amendement à la législation commerciale de 1974, dit amendement Jackson-Vanik, permettait au président d'octroyer de façon conditionnelle la clause de la nation la plus favorisée, ensuite rebaptisée clause de relations commerciales normales (Normal Trade Relations,NTR) à des pays communistes ou n'ayant pas une économie de marché, à condition que ceux-ci autorisent la libre émigration. Cette clause permet aux pays bénéficiaires de bénéficier d'un régime douanier préférentiel. 
 Concernant la Chine, après la normalisation de ses relations avec les Etats-Unis en 1979, le président Jimmy Carter avait créé un statut spécial, exigeant que la situation des droits de l'homme en Chine fasse l'objet d'un débat annuel au Congrès. Il avait en effet estimé qu'il ne pouvait déterminer si Pékin respectait entièrement les obligations de l'amendement Jackson-Vanik en matière de libre émigration. Le président devait jusqu'à présent informer le Congrès de son intention concernant le renouvellement de la clause avant le 3 juin. Le Congrès américain a de fait reconduit cette clause au profit de Pékin chaque année depuis plus de 20 ans, même après les événements de la place Tiananmen en 1989. La clause dite NTR est accordée de manière permanente par Washington à 160 pays y compris l'Iran, l'Irak et la Libye. Seuls l'Afghanistan, Cuba, le Laos, la Corée du Nord, la Yougoslavie et le Vietnam n'en bénéficient pas. 

Taiwan: bond des investissements en Chine à 736 millions de dollars de janvier à avril (AFP, 24/5/2000) 
Taiwan a approuvé 198 projets d'investissements en Chine pour 735 millions de dollars sur la période janvier/avril, soit un bond de plus de 140%, malgré le climat tendu avec Pékin, a annoncé mercredi la commission d'approbation des investissements étrangers. 
 Cette très forte progression reflète les paris sur les bénéfices de l'entrée prochaine de la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et des mesures favorables aux investisseurs étrangers prises par Pékin, indique un communiqué de la commission. La Chine et l'Union Européenne ont signé vendredi un accord historique sur l'ouverture de leurs marchés, ce qui ouvre la voie à l'entrée rapide de la Chine à l'OMC. 46 demandes d'investissements taiwanais en Chine pour une valeur de 171 millions de dollars ont été approuvé en avril. Acer Peripherals Inc, va investir 20 millions de dollars, Taiwan Liton Electronics 19,5 millions d'USD et Hon Hai Precision 16 millions d'USD. Les relations avec la Chine restent toutefois tendues depuis l'élection à Taiwan du nouveau président Chen Shui-bian du Parti démocratique et progressiste (DPP), qui prêche pour le concept d'un Taiwan indépendant, alors que Pékin s'en tient farouchement à son concept d'"une seule Chine". 
 Lors de son discours inaugural samedi, le nouveau président Chen a bien évoqué l'hypothèse d'une " seule Chine dans le futur" incluant Taiwan et le continent, mais il n'a pas répondu à Pékin qui lui demandait d'accepter préalablement le principe d'une Chine unique. La commission a d'autre part approuvé 435 demandes d'investissements étrangers à Taiwan entre janvier et avril pour une valeur de 1,90 milliard de dollars, soit un quasi-doublement par rapport à l'an dernier. Elle a approuvé 133 projets étrangers à Taiwan en avril pour une valeur de 391 millions de dollars, dont 33 millions émanant du groupe américain GTE et dirigé sur la société Pacific Cellular Corp. Elle a autorisé 275 investissements taiwanais à l'étranger -- Chine exclue -- pour une valeur de 1,29 milliard de dollars sur les 4 premiers mois de l'année, soit une augmentation de 5,10% par rapport à l'année précedente. 

Forcing des entreprises pour une normalisation du commerce avec la Chine (AFP, 22/5/2000) 
Les milieux d'affaires américains déploient les grands moyens pour convaincre les législateurs de 
voter cette semaine une normalisation permanente des relations commerciales avec la Chine, multipliant les spots publicitaires et 
déployant une armée de lobbyistes au Congrès. 
"The Business Round Table", qui représente les 200 plus grandes sociétés aux Etats-Unis et se trouve en première ligne des efforts pour faire adopter par les deux chambres du Congrès la clause dite de "relations commerciales normales permanentes à la Chine", a déjà dépensé 10 millions de dollars, a précisé Johana Schneider, son porte-parole. 
"The Business Round Table" a surtout concentré son énergie sur la Chambre des Repésentants où nombre de démocrates, sous la pression des syndicats et des groupes de protection de l'environnement, restent indécis ou opposés à ce projet de loi réclamé par la Chine pour honorer l'accord commercial sino-américain de 1999, préalable à l'accession de la Chine à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). 
De son côté, la Chambre américaine de Commerce a déjà consacré plus de 4 millions de dollars pour faire adopter la clause sur 
laquelle la Chambre doit voter mercredi, a indiqué un de ses responsables, Frank Coleman. 
"Nous avons mis en place des programmes d'information et d'éducation sur les enjeux de l'ouverture du marché chinois, le plus grand de la planète avec 1,3 milliard de consommateurs, dans 66 circonscritions électorales aux Etats-Unis", a-t-il dit. 
A Washington, la Chambre de Commerce a déployé 20 lobbyistes à plein temps au Congrès, a encore précisé M. Coleman. 
"Nous avons fait passer des spots publicitaires dans les journaux, les radios et sur différents réseaux de télévision", a-t-il ajouté, 
qualifiant cette campagne de "la plus intense entreprise à la Chambre depuis ces dernières années". 
Michael Kehs, le directeur général du cabinet de publicité de Washington Goddard and Claussen, qui a réalisé plusieurs spots 
publicitaires pour le compte du "Business Round Table" ainsi que pour des grandes entreprises comme Motorola, a jugé la 
campagne des milieux d'affaires "d'efforts substantiels". Mais il a refusé de précisé le montant du budget alloué à ces publicités. 
Un responsable de Motorola ayant requis l'anonymat a expliqué que la Chine "est une grand marché très important pour le groupe 
d'équipements téléphoniques où il a déjà réalisé 10% de son chiffre d'affaires ou trois milliards de dollars en 1999". 
Motorola décline une publicité sur la chaîne cablée d'informations CNN uniquement dans la région de Washington, où se trouvent 
actuellement tous les élus. 
Tous ces efforts devraient porter leurs fruits, a estimé Johana Schneider, qui s'est déclarée "prudemment optimiste" sur l'issue du 
vote à la Chambre des représentants. 

OMC: Clinton rend public l'accord commercial avec la Chine (Reuters, 14/3/2000) 
La Maison Blanche a rendu public le texte intégral de son accord commercial avec la Chine, espérant forcer le soutien au pacte d'un Congrès américain sceptique. Le document de 250 pages, publié pour les députés et la presse, expose pour la première fois en détail les engagements de la Chine pour ouvrir son marché dans le cadre d'un accord qui permettrait à Pékin d'entrer dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le document, tenu secret depuis sa finalisation en novembre 1999, couvre les relations commerciales pour 5.000 types des biens et des services, de l'agriculture aux télécommunications. La plus grande part des concessions clé ont déjà été rendues publiques par la Maison Blanche, de l'engagement de la Chine à éliminer les quotas sur les ordinateurs à sa promesse de baisser les droits de douanes sur un vaste éventail de produits agricoles. La Maison Blanche espère que la publication du document renforcera le soutien du Congrès au pacte et apaisera les craintes selon lesquelles l'administration Clinton garde secrètes des clauses controversées. Le message est bien passé au Congrès, qui a salué la 
décision de la Maison Blanche. Mais, déplore le député du Michigan David Bonior, membre de la direction des Démocrates au Congrès, "la principale nouvelle de la publication de l'accord commercial avec la Chine est qu'il n'y a rien dedans. Il n'y a rien sur les droits des travailleurs, rien sur l'environnement, rien sur les Droits de l'Homme ou la démocratisation". 
L'aval du Congrès est crucial. En échange de l'ouverture des marchés chinois, la Maison Blanche a dit que le Capitole devait 
accorder à Pékin le statut de Relations commerciales normales (NTR). Si le Congrès refuse, Pékin pourrait rejoindre l'OMC, mais 
les groupes américains n'auraient pas accès au marché chinois, potentiellement le plus grand du monde avec 1,3 milliard de 
consommateurs, dit la Maison Blanche. Le statut permanent de NTR, tel qu'il est proposé par Bill Clinton, garantirait aux produits chinois le même accès à bas droits de douane aux marchés américains qu'aux produits de quasiment tous les autres pays. L'administration Clinton a demandé au Congrès d'entériner la législation d'ici juin, craignant qu'un nouveau report enlise le processus, le second semestre devant être dominé aux Etats-Unis par l'élection présidentielle de novembre. L'approbation du Sénat est quasiment assurée, mais il n'est pas certain que Clinton parvienne à rassembler 100 voix démocrates à la Chambre des Représentants, comme l'exige la majorité républicaine. 

Gigantesque affaire de contrebande découverte en Chine (Reuters, 9/3/2000) 
Des sanctions seront prises rapidement contre les auteurs de la plus grosse affaire de contrebande survenue en Chine depuis 50 ans, annonce un juge d'instruction chinois. Cette fraude portant sur des milliards de dollars de marchandises s'est déroulée dans le port de Xiamen, dans la province du Fujian, dans le sud-est du pays. Elle implique près de 200 personnes, dont la femme de Jia Qinglin, un des 22 membres du Politburo allié du président Jiang Zemin, selon les médias de Hong Kong. Le pouvoir chinois a appelé récemment au renforcement de la lutte contre la corruption. Un ancien vice-gouverneur de la province du Jiangxi, dans le centre de la Chine, a été exécuté cette semaine pour avoir accepté plus de 650.000 dollars de pots-de-vin. 

Exécution en Chine d'un ancien vice-gouverneur reconnu coupable de corruption (AP, 8/3/2000) 
Soulignant la détermination du gouvernement chinois de lutter contre la corruption dans son administration, un ancien vice-gouverneur provincial a été exécuté. Il s'agit de l'un des plus hauts responsables chinois à avoir étéxécuté depuis le début de  la campagne de Pékin pour lutter contre la corruption. Hu Changqing, ancien vice-gouverneur de Jiangxi, a été exécuté dans la matinée à Nanchang, la capitale de cette province de l'est du pays après que la Cour suprême eut rejeté son pourvoi, rapporte l'agence officielle Chine Nouvelle. Ancien directeur du service des Affaires religieuses au sein du Conseil d'Etat chinois avant sa nomination en tant que vice-gouverneur de Jiangxi, Hu Changqing a été condamné à la peine capitale le mois dernier après avoir été reconnu coupable d'avoir reçu des pots-de-vin de l'ordre de 5,44 millions de yuans (4,6 millions de FF/700.000 d'euros) et pour avoir détenu en sa possession une somme de 1,6 million de yuans (1,32 million de FF/200.000 euros) dont l'origine n'a pas pu être déterminée. 

La Chine table sur une croissance d'environ 7% cette année (Reuters, 6/3/2000)
L'économie chinoise devrait connaître une croissance de 7% cette année, soit autant ou presque que les 7,1% de l'an dernier, selon un rapport de la Commission d'Etat pour la planification du développement. Le niveau des prix devrait rester sensiblement le même qu'en 1999, précise Zeng Peiyan, président de cette commission. "Nous devons fournir de grands efforts pour accroître la demande intérieure afin de promouvoir un développement rapide et sain de l'économie nationale", lit-on dans le rapport élaboré par les services de Zeng Peiyan, qui doit en présenter les conclusions ce lundi devant le parlement. De son côté, le ministre des Finances Xiang Huaicheng doit soumettre un projet de budget aux parlementaires, qui prévoit un déficit budgétaire record de 229,9 milliards de yuans (27,7 milliards de dollars). Les dépenses militaires doivent ainsi augmenter en 2000 de 12,7% pour atteindre les 120,5 milliards de yuans. Cet accroissement des dépenses militaires fait suite aux sévères avertissements lancés en février par Pékin contre Taiwan, menacée d'intervention armée si elle tarde trop à entamer avec la Chine populaire des négociations sur une réunification. 

Chine: Zhu promet une croissance rapide pour l'an 2000 (Reuters, 5/3/2000) 
Le Premier ministre chinois, Zhu Rongji, a donné le coup d'envoi de la session annuelle du Congrès national populaire (Parlement) en promettant une "croissance rapide" cette année grâce à de fortes dépenses de l'Etat. Au plan politique, l'orateur a donné sa bénédiction à la colère qui monte dans la population face à la corruption des fonctionnaires et sur le front diplomatique, il a lancé une nouvelle mise en garde aux autorités de Taipeh contre toute velléité d'indépendance. La session, qui durera onze jours en tout, se déroule en présence de près 3.000 délégués réunis dans un bâtiment lugubre de style soviétique construit en lisière de la place Tiananmen, haut lieu de la contestation politique. La place, également emblématique du pouvoir communiste et de sa liturgie, et ses accès ont été bouclés par les forces de sécurité pour empêcher toute nouvelle manifestation de membres de la secte du Falun Gonga, mise hors-la-loi en juillet par le pouvoir. Une trentaine d'adeptes de cette secte, qui mélange philosophie taoïste et bouddhiste et gymnastique respiratoire, avaient été arrêtés par la police après le déploiement par certains d'entre eux de banderoles. La place Tianamen est interdite au public, à l'exception du secteur de la porte de la Paix céleste dominée par le portrait géant de Mao Tsé-toung, le défunt fondateur de la Chine communiste. Le chef du gouvernement s'est réjoui des bonnes nouvelles économiques, affirmant que l'ambitieux plan dévoilé en 1998 pour redresser en trois ans les sociétés d'Etat déficitaires était en bonne voie. Le secteur textile, a-t-il révélé, ne perd plus d'argent, et ce avec un an d'avance sur les objectifs. Le gouvernement va émettre cette année des bonds d'Etat à long terme pour un montant de 100 milliards de yuans (12 milliards de 
dollars) dans le cadre de sa politique fiscale en vigueur depuis 1998 pour financer les infrastructures et encourager la croissance. "Il s'agit là de la méthode la plus directe et la plus efficace aujourd'hui pour raffermir la demande", a-t-il dit en expliquant qu'une forte croissance cette année était cruciale pour approfondir les réformes de structure, réformer le secteur industriel public et faire face aux pressions sur l'emploi. 
"C'est aussi essentiel pour accroître les revenus de l'Etat, contenir les risques financiers et maintenir la paix sociale", a ajouté le 
Premier ministre, apôtre de l'"économie socialiste de marché". 

Tonnerre d'applaudissements 
Il n'a pas donné de chiffre précis quant à l'objectif de croissance du PNB pour l'an 2000. L'an dernier, le PNB avait augmenté de 
7,1%, et les autorités prédisent une croissance encore plus marquée cette année. Sans fournir de précisions, Zhu a promis d'assouplir la législation sur les investissements étrangers et d'ouvrir plus largement le secteur bancaire et des assurances ainsi que les télécommunications. Sa tirade contre la corruption au sein de l'administration a été, apparemment spontanément, très applaudie par les délégués à un congrès par ailleurs très encadré. "Nous encore très loin de ce que le pouvoir central nous demande et de ce que le peuple attend de nous", a-t-il dit en promettant des "efforts inlassables" pour régler le problème de la corruption. A la veille de l'ouverture du congrès, les autorités avaient annoncé qu'un des vice-présidents du Parlement et ancien président du gouvernement de la province du Guangxi, Cheng Kejie, faisait l'objet d'une enquête pour son implication dans une affaire de pots-de-vin. L'épineuse question de Taiwan devrait prendre une place centrale dans les débats du Parlement à Pékin à moins de deux semaines des élections présidentielles dans l'île nationaliste. "Nous ne resterons pas les bras croisés en cas de grave action séparatiste visant à nuire à la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Chine", a-t-il lancé. Sa mise en garde a été accueillie par un tonnerre d'applaudissements dans tout le bâtiment abritant la session. La veille, le président Jiang Zemin avait prévenu que Pékin prendrait des "mesures sévères" si Taiwan repoussait indéfiniment l'ouverture de pourparlers sur la réunification. Zhu a précisé qu'il entendait par "action séparatiste" la proclamation de l'indépendance ou la poursuite de la "théorie des deux 
Etats" prônée par le président tailladais El Teng-hui, qui a indiqué que Taiwan ne négocierait avec la Chine que si les deux entités 
étaient traitées sur un pied d'égalité. Cette formule n'a été rejetée par aucun des trois candidats qui brigueront la succession du président Lee, le 18 mars. La Chine communiste ne reconnaît pas la souveraineté de Taiwan, qu'elle considère comme une simple "province rebelle". 

Reportage: la Chine veut "faire renaître l'ouest" du pays (Reuters, 1/3/2000) 
Vingt ans après la réforme économique lancée par Deng Xiaoping sous le slogan "devenir riche est merveilleux", ses successeurs tentent d'étendre la prospérité aux parties les plus pauvres de l'ouest du pays. Lors de la prochaine session de l'Assemblée nationale populaire, qui débute dimanche et doit durer deux semaines, les députés chinois devraient discuter d'un plan baptisé "Faire renaître l'Ouest" prévoyant des investissements de plusieurs milliards de dollars. Une grande partie de ses 3.000 élus proviennent de provinces enclavées qui n'ont pas eu leur part de la croissance dynamique ayant bénéficié aux régions côtières orientales depuis les années 80. Le Parti communiste a qualifié le développement des provinces à la traîne situées dans l'ouest de "mission historique difficile" ayant des implications pour la croissance économique nationale, l'éradication de la pauvreté et la stabilité sociale, particulièrement dans les régions frontalières plus rétives. Le Premier ministre présentera au Congrès son plan ambitieux qui comprend des investissements dans les réseaux autoroutier et ferroviaire et d'autres chantiers d'infrastructure dans dix provinces intérieures. Les provinces visées -- Gansu, Guizhou, Ningxia, Qinghai, Shaanxi, Sichuan, Tibet, Xinjiang, le Yunnan et la municipalité de Chongqing -- représentent 56% du territoire de la Chine. Leur population s'élève à 300 millions d'habitants, un quart de la population chinoise, et les estimations officielles démontrent que l'arrière-pays abrite 90% des 42 millions de Chinois vivant sous le seuil absolu de pauvreté de 60 dollars par an. Une autre étude montre également qu'en 1998, le produit national brut par habitant à Shanghai, la région la plus riche de Chine, était de 28.236 yuans (3.410 dollars). Dans la région aride de Gansu il était à peine de 3.470 yuans. Les médias officiels déclarent en outre que le gouvernement a l'intention de proposer des avantages fiscaux et autres régimes préférentiels pour charmer les investisseurs étrangers dans 19 provinces intérieures. Une source du milieu des affaires a déclaré que ces avantages fiscaux ne pourraient pourtant pas effacer les nombreuses raisons qui ont fait qu'en 1998 les provinces de l'Ouest n'ont reçu que 3%, et les provinces du centre 10%, du total des investissements étrangers s'élevant à 45,6 milliards de dollars. Les 87% restant sont allés aux régions côtières. "C'est déjà assez dur de faire des affaires et de gagner de l'argent dans les parties les plus ouvertes de la Chine", a déclaré cette source." Il reste à voir si les milliards de dollars proposés par le gouvernement chinois suffiront à améliorer la bureaucratie, le manque d'infrastructure, les conditions de vie difficiles et la résistance des autorités qui, selon cette source, sont autant de raisons pour lesquelles sociétés occidentales ont boudé l'Ouest de la Chine. 

Chine: croissance ferme, mais 5 millions de licenciements en vue (AFP, 28/2/2000) 
La Chine s'attend à conserver un taux de croissance soutenu cette année, tout en poursuivant la réforme de ses entreprises d'Etat, qui devrait encore coûter leur emploi à 5 millions de quasi-fonctionnaires, a annoncé lundi un haut responsable gouvernemental. 
"Le taux de croissance de l'an 2000 ne sera pas inférieur à celui de l'an dernier. Nous espérons qu'il sera supérieur à celui de 1999", a déclaré Liu Hong, le commissaire du Bureau national des statistiques (BNS). 
Au cours d'une conférence de presse, M. Liu a confirmé que le PIB avait progressé l'an dernier de 7,1%, contre 7,8% en 1998, soit 
son score le plus faible depuis 1991. Mais la Chine devrait parvenir à renverser la tendance cette année, notamment grâce aux 
exportations, qui se sont redressées de 6,1% l'an dernier, après avoir stagné en 1998 (+0,5%). 
"L'économie ainsi que le commerce mondiaux sont en phase de reprise, ce qui va fournir un environnement favorable aux 
exportations (qui) maintiendront une croissance stable cette année", a-t-il estimé, alors que son adjoint, Qiu Shaohua, écartait une 
dévaluation de la monnaie nationale, le yuan. 
"La balance des paiements reflète une situation très favorable, ce qui garantit que le yuan restera fort", a déclaré M. Qiu, tout en 
espérant que les investissements étrangers, qui ont baissé de 11,4% l'an dernier dans la foulée de la crise financière asiatique, 
reviendront stimuler la croissance. 
M. Liu a estimé que la réforme des entreprises d'Etat, qui arrive dans sa dernière année, devrait soutenir l'activité en forçant in 
extremis de nombreuses sociétés à des efforts de rentabilité. 
Lors du lancement de la réforme fin 1997, le régime s'était donné trois ans pour ramener dans le vert "la plupart" des grandes 
entreprises déficitaires.Selon M. Liu, ces dernières ont encore perdu 10,2 mds de dollars l'an dernier, soit une baisse de 15,9% par rapport à 1998. Au total, le secteur d'Etat a dégagé un profit de 11,6 mds USD, en hausse de 77,7%, grâce aux entités bénéficiaires, a-t-il assuré. La réforme devrait encore coûter cette année leur emploi à quelque 5 millions de salariés du secteur public, a-t-il averti. Ces licenciés vont venir s'ajouter aux plus des 6,5 millions qui n'avaient toujours pas retrouvé d'emploi à la fin de l'an dernier, soit 400.000 de plus qu'à la fin 1998.En 1999, 5,64 millions de quasi-fonctionnaires ont été licenciés contre 6,1 millions en 1998, a indiqué M. Liu. Ces chiffres sont très inférieurs à ceux avancés ces derniers mois par d'autres sources gouvernementales. En août, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Zhang Zuoji, avait ainsi indiqué que 7,42 millions de salariés avaient été licenciés durant le seul premier semestre de 1999.Selon d'autres chiffres officiels, 8,9 millions de licenciements ont été prononcés en 1998 et 11,5 millions en 1997. Les salariés licenciés ne sont pas comptabilisés dans le nombre des chômeurs stricto sensu, qui était de 5,7 millions à fin 1999, soit un taux de chômage stable de 3,1%, pour les seules zones urbaines.Le chômage n'est pas calculé pour les zones rurales, mais les autorités reconnaissent l'existence d'une "population flottante" d'au moins 120 millions de personnes précairement employées dans les villes développées de l'est et du sud du pays.L'agriculture, qui emploie la moitié d'une population de 1,259 milliard d'habitants, a produit l'an dernier 508 millions de tonnes de céréales, en baisse de 0,8% sur 1998. 

OMC: l'Inde et la Chine seraient parvenues à un accord (Reuters, 22/2/2000) 
Indiens et Chinois seraient parvenus à un accord sur l'entrée de la Chine à l'Organisation mondiale du Commerce qui devrait contribuer à doubler les échanges bilatéraux au cours des trois prochaines années. Le ministre indien du Commerce et de l'Industrie, Murasoli Maran, devrait signer l'accord dans l'après-midi avec le ministre chinois du Commerce extérieur, Shi Guanghseng, a déclaré à Reuters un conseiller commercial à l'ambassade indienne. L'annonce de cet accord conclu lundi intervient alors que des négociateurs de l'Union européenne entament une deuxième journée de discussions avec Pékin pour parvenir à un accord levant les principaux obstacles à l'accès de la Chine à l'OMC. "Les Chinois sont très accommodants et nous avons obtenu ce que nous voulions pour nos produits et nos services", a déclaré un porte-parole de l'ambassade d'Inde. 
L'Inde avait présenté une liste de 180 produits - principalement agricoles - sur lesquels elle voulait un abaissement des taxes à 
l'importation, a dit le conseiller. Aux termes de l'accord, la Chine ramènera en trois ans les taxes sur ces produits de 20% actuellement à 9-10%, a-t-il dit. Parmi ces produits figurent le riz, les fruits, les légumes, les produits de la mer et les médicaments. La Chine a aussi accepté de revoir ses restrictions sanitaires et phytosanitaires sur les importations de fruits et de légumes. "Dans les secteurs de la banque, des assurances et des services financiers, nous avons obtenu des concessions similaires à celles accordées à d'autres pays lors de récentes négociations bilatérales", a encore dit le conseiller. 

Deuxième journée de négociations avec l'UE 
Les échanges commerciaux bilatéraux entre l'Inde et la Chine ont représenté un volume de deux milliards de dollars en 1999 et ils 
devraient doubler d'ici trois ans, a-t-il ajouté. Pendant ce temps, les délégations dirigées par le vice-ministre chinois du Commerce extérieur Long Yongtu et par le délégué commercial européen Hans Friedrich Beseler entamaient une deuxième journée de négociations. Les responsables européens se sont refusés à tout commentaire depuis l'ouverture des discussions, lundi. De source européenne, on indique toutefois qu'une troisième journée sera organisée si les discussions évoluent favorablement. Le 
commissaire européen Pascal Lamy s'est pour sa part déclaré prêt à prendre l'avion pour Pékin dans le courant de la semaine, 
selon les progrès réalisés. Pour adhérer à l'OMC, qui fixe les règles du commerce mondial, la Chine doit d'abord conclure des accords avec tous les membres de l'organisation. Avec l'Union européenne, cela reste à faire. De source proche du dossier, on estime toutefois que la série de négociations en cours pourrait apporter une issue à une situation bloquée depuis 13 ans. 
Washington, premier partenaire commercial de Pékin, a conclu en octobre dernier un accord historique d'ouverture des marchés 
avec la Chine. Les autorités américaines tiennent donc maintenant à ce que Pékin trouve rapidement un accord avec ses autres 
partenaires. Dans ces conditions, l'accord sino-américain pourrait être soumis au vote du Congrès avant que les courants de l'opinion publique américaine qui lui sont hostiles n'aient le temps de s'amplifier. 

Télécommunications et assurances 
En cette année d'élections présidentielles, les syndicats américains ont en effet engagé une campagne de grande envergure pour 
s'opposer à l'entrée de la Chine dans l'OMC. Mike Moore, directeur général de l'OMC, s'est rendu la semaine dernière à Pékin, où le Premier ministre Zhu Rongji lui a déclaré espérer la conclusion rapide d'un accord. Zhu Rongji et le président Jiang Zemin tiennent tous deux à assurer une adhésion rapide de la Chine, objectif qu'ils ont âprement défendu face à l'opposition des éléments conservateurs du pouvoir chinois. Dans ce contexte, les Européens semblent déterminés à exploiter la situation à leur avantage et campent sur leurs positions en déclarant préférer la qualité à la rapidité. Pascal Lamy a déjà déclaré qu'un accord pourrait intervenir en à peine un mois, mais a aussi souligné qu'en cas de difficultés, les négociations risquaient de traîner en longueur huit mois, voire davantage. De source proche des entretiens, on déclare que les Européens tenteront vraisemblablement d'obtenir de la Chine des concessions supérieures à celles que Pékin a consenties aux Américains dans les domaines des télécommunications et des services financiers.L'Union européenne souhaite notamment obtenir davantage de licences d'exploitation pour les assureurs du vieux continent. Jusqu'à présent, la Chine n'a accordé des licences qu'à 14 assureurs étrangers, dont cinq américains et cinq européens. Mais certaines sociétés américaines détiennent plus d'une licence. Par ailleurs, d'autres questions spécifiquement européennes restent en suspens, par exemple l'ouverture du marché chinois aux produits de beauté français, au gin et au scotch britanniques ou aux articles de cuir italiens. Outre les Etats-Unis, le Japon, l'Australie et le Canada ont conclu l'année dernière des accords séparés avec Pékin. Parmi les pays émergents, des pays tels que l'Argentine, la Thaïlande, le Mexique et la Malaisie doivent encore achever leurs propres négociations. 

Corruption à Xiamen : règlement de comptes politique, selon ses habitants (AFP, 30/1/00) 
Nombre d'habitants de Xiamen (sud-est) considèrent l'énorme scandale récemment mis à jour dans leur ville comme le résultat d'un règlement de comptes politique, mais aussi une illustration de la place qu'occupe la corruption dans le paysage chinois. Les habitants de ce port de la mer de Chine, plaque tournante de bien des trafics, ont vu récemment débarquer de Pékin quelque 
400 enquêteurs de choc pour traquer les responsables d'un énorme scandale de corruption et de contrebande portant sur des 
milliards de dollars et impliquant plusieurs personnalités locales. Environ 200 personnes, dont des responsables des douanes et de la police ou du Parti communiste, ont déjà été arrêtées, mais pour les habitants de Xiamen, ces responsables corrompus sont tombés pour des raisons politiques et non morales. "La contrebande à Guangdong (province de Canton) est bien plus grave qu'ici. Vous devriez aller là-bas", a expliqué un de ses habitants à l'AFP en citant la province voisine. "Ce qui a été fait ici n'est que de la petite bière", a-t-il ajouté, résumant le sentiment général dans cette ville de 1,2 million d'habitants. Dans la rue, le scandale est connu sous le nom d'"affaire quatre deux zéro", en référence à la date du 20 avril lorsque le Premier ministre chinois Zhu Rongji a donné le feu vert pour enquêter sur le groupe Yuan Hua (adieu), au centre du scandale."Avant, tout le monde essayait d'avoir les meilleures relations possibles avec cette société. Maintenant, tout le monde se bat pour s'en écarter", a expliqué un homme originaire de la province d'Hubei et installé à Xiamen. Selon cet homme, la corruption est générale en Chine, mais les responsables politiques ont plus de chances de gagner de l'argent facilement le long de la côte, où est concentrée la puissance économique chinoise. L'équipe d'enquêteurs anticorruption est logée dans un hôtel de 28 étages dans le centre de Xiamen, symbole de l'ouverture et du boom des affaires dans cette ville depuis qu'elle est devenue en 1981 une zone économique spéciale. Au centre de ce scandale, se trouve le président du groupe Yuan Hua, Lai Changxing, accusé d'avoir versé des pots-de-vin à des 
responsables civils et militaires pour acheminer en toute quiétude, et en contrebande, du pétrole, du caoutchouc, des voitures ou 
encore des cigarettes. Devenu subitement très riche, Lai s'est aussi rendu célèbre en 1997 en devenant le propriétaire du club de football local. Depuis, il est supposé avoir fui le pays, tout comme le maire adjoint de Xiamen Lan Pu après avoir été, semble-t-il, prévenus à temps de l'imminence d'un coup de force. Yuan Hua et tous les projets qui sont liés au groupe ont été fermés, y compris un projet d'hôtel presque terminé et la construction d'une tour de 88 étages. Mais à Xiamen, ville touristique reconnue comme une des plus propres et des plus sûres de Chine, tous ces remous laissent indifférents. Des surfeurs continuaient dimanche à chercher la vague non loin de la base navale où certains navires auraient escorté les transferts illégaux de marchandises. 
"On essaie juste de gagner notre vie", explique, de son côté, un travailleur migrant. Pour d'autres, ce scandale est révélateur des 
problèmes de la Chine en général. "N'est-il pas vrai que la Chine et Taïwan ne pourront être réunis que lorsque les choses seront un peu en ordre d'un point vue légal", a estimé un entrepreneur en bâtiment, faisant allusion à la position taïwanaise liant réunification et démocratisation en Chine. A peine trois kilomètres séparent Xiamen de l'île de Jinmen, contrôlée par Taïwan. 

Nouvelle offensive contre la corruption en Chine (AFP, 24/1/2000) 
La Chine, qui se prépare à adhérer à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), s'est lancée dans une nouvelle offensive anticorruption, mais la plupart des analystes étrangers se montraient sceptiques quant à ses chances de succès en l'absence de réforme politique. "La direction chinoise se doit de démontrer sa volonté de combattre la corruption (...) une campagne anticorruption est toujours populaire, elle permet également de renforcer le contrôle des autorités centrales sur les provinces", a déclaré lundi à l'AFP Joseph Cheng, un professeur de science politique de la City University à Hong Kong. Il a dans le même temps regretté que le pouvoir ne s'attaque pas aux "causes profondes" du mal endémique qui frappe la Chine. M. Cheng était interrogé sur l'énorme affaire de contrebande apparue dernièrement dans la province du Fujian (sud-est), l'un des plus gros scandales mis à jour depuis la fondation de la Chine communiste en 1949 et qui est en passe d'éclabousser des hauts 
dirigeants dans la capitale. Quelque 400 enquêteurs ont été dépêchés par Pékin sur place pour tenter de faire la lumière sur ce scandale, qui porte sur des milliards, voire des dizaines de milliards de dollars de produits importés en fraude (principalement de l'essence et des voitures) et qui s'est déjà traduit par une trentaine d'arrestations, dont celles de plusieurs responsables locaux des douanes et de la police. Environ 150 responsables seraient au total impliqués, parmi lesquels un maire adjoint de Xiamen, qui, selon un journal de Hong Kong, serait en fuite, ainsi que plusieurs très hauts dirigeants de la province du Fujian, tandis que des rumeurs insistantes font également état de l'implication de l'épouse de l'actuel secrétaire du parti à Pékin Jia Qingling. Ce dernier était numéro un du Fujian en 1997 lorsqu'il avait été appelé à Pékin par le président Jiang Zemin pour remplacer l'ancien maire Chen Xitong, lui-même condamné à 16 ans de prison en 1998 pour un scandale de corruption portant sur 2,2 milliards de dollars. "C'est un bon signe, cela montre qu'ils sont prêts à sanctionner des gens importants", a commenté un diplomate occidental, tout en soulignant que pour être efficace à long terme, la lutte anticorruption avait besoin "d'un organisme d'enquête indépendant du parti communiste". 
Pour la plupart des experts, la corruption est inévitable dans un système hybride, combinant l'allocation administrative des 
ressources et la logique de l'économie de marché, avec une justice incapable de faire contrepoids au pouvoir du parti communiste. Malgré une tournée du Premier ministre chinois Zhu Rongji, le principal artisan de la lutte anticorruption, dans le sud de la Chine au début de l'an dernier, qui s'est déjà traduite par des sanctions exemplaires contre des responsables corrompus des provinces du Guangxi et du Guangdong, la prévarication a continué. Faisant preuve d'une exceptionnelle transparence, le Bureau national d'audit (BNA), a révélé jeudi dernier que près de 15 milliards de dollars avaient été détournés au cours de la seule année écoulée au détriment de la lutte contre la pauvreté ou des grands projets d'infrastructure. Dans cette somme figurent notamment 600 millions destinés au relogement des personnes déplacées par le colossal barrage des Trois Gorges, le projet fétiche du numéro deux chinois Li Peng. 
"Tous ces scandales risquent d'avoir un impact sur les efforts" faits par la Chine pour se préparer à son adhésion à l'OMC ou encore introduire certaines de ses sociétés en bourse, a commenté pour sa part Bob Broadfoot, qui dirige une société de conseil sur les risques politiques et économiques en Chine, basée à Hong Kong. La contrebande ou l'évasion fiscale coûtent chaque année des dizaines de milliards de dollars à l'Etat chinois qui parvient de plus en plus difficilement à asseoir son contrôle sur les provinces éloignées de Pékin. 

Trois Gorges: détournement massif des fonds destinés au relogement (AFP, 21/1/2000) 
Le barrage chinois des Trois Gorges du Yangtsé, qui doit devenir la plus grande installation hydro-électrique du monde, donne lieu à une corruption non moins colossale aux dépens des habitants déplacés par la montée des eaux, ont reconnu vendredi les autorités. Cinq milliards de yuans (600 millions de dollars), soit 12% de la somme prévue pour le relogement d'au moins 1,13 million de riverains, ont été détournés pour la seule année 1999, a rapporté vendredi le Quotidien du Peuple. "Quatorze personnes sont impliquées", a ajouté l'organe du Parti communiste chinois (PCC) sans plus de détails sur un projet déjà largement critiqué pour son coût humain et écologique.Ces chiffres, dévoilés par le Bureau national d'audit (BNA), sont les premiers à révéler l'ampleur de la corruption entourant le projet de barrage qui doit être achevé en 2009. 
"Les détournements ont servi à construire des immeubles de bureaux, à investir en bourse ou bien à financer des sociétés", a 
expliqué à l'AFP Mlle Wang, directrice du département d'information du BNA. Les 14 personnes impliquées sont "des responsables locaux chargés du relogement", a-t-elle ajouté, précisant que "certains" d'entre eux avaient été déférés au parquet. "D'autres font encore l'objet d'une enquête", a-t-elle indiqué. Selon le journal, les détournements s'inscrivent dans un total de 125 mds de yuans (15 mds USD) siphonnés l'an dernier en Chine. Le ministère des Ressources en eau, l'un des principaux organes chargés du barrage des Trois Gorges, a notamment perçu de façon illicite 3 milliards de yuans (360 M USD) qui ont été utilisés frauduleusement. En 1995, le ministère avait ainsi consacré 18 millions de dollars à la construction d'un gigantesque hôtel de luxe dans l'ouest de Pékin, qui n'a a jamais été inauguré. 
La prévarication autour des Trois Gorges avait commencé à faire surface en début d'année dernière, juste après une visite du 
Premier ministre Zhu Rongji, qui avait mis en garde contre toute "négligence" dans le projet lancé par son prédécesseur, Li Peng, 
qui reste numéro deux de la hiérarchie communiste. Une centaine de cadres locaux avaient alors été poursuivis pour des faits de corruption allant de 1.200 à 24.000 dollars, mais aucun chiffre global n'avait été fourni.Les médias officiels ont reconnu par la passé que la corruption avait fait prendre du retard au déplacement des populations, 60% seulement des nouveaux logements prévus ayant été achevés à temps en 1998. La corruption a aussi provoqué le mécontentement des habitants qui ne touchent souvent pas plus de 10.000 yuans (1.200 dollars) pour déménager. Plusieurs milliers ont adressé des pétitions aux autorités pour protester contre leur expropriation. Au risque d'attiser la grogne, le régime a commencé à organiser le déplacement des riverains dans des zones éloignées du barrage, revenant sur sa promesse initiale de maintenir toute la population dans la région. 
Selon l'organisation canadienne Probe International, le gouvernement a ordonné à plus de 55.000 expropriés de s'exiler dès cette 
année dans d'autres provinces afin de laisser place au lac de retenue de 632 km2 qui doit envahir l'amont du barrage. Selon le plan des autorités, au moins 150.000 personnes devaient avoir quitté les lieux à fin 1999 et 500.000 avant 2003, lors de la première montée des eaux. 

La banque centrale chinoise insiste sur les réformes, sans dévaluation (AFP, 20/1/2000) 
La Chine maintiendra le cap des restructurations économiques et financières cette année, en s'interdisant de dévaluer la monnaie nationale, le yuan, a assuré jeudi le gouverneur de la banque centrale chinoise, Dai Xianglong. 
"Cette année, nous concentrerons nos efforts sur la rationalisation de la structure économique", a déclaré M. Dai au cours d'une 
conférence de presse. La perspective de l'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) impose de poursuivre la réforme des entreprises d'Etat pour qu'elles puissent résister à l'ouverture des frontières, a-t-il expliqué. 
"Nous fermerons ou réduirons les capacités de production des industries redondantes ainsi que les petites usines dont la 
technologie est dépassée", a-t-il promis, tout en dévoilant les orientations du prochain plan quinquennal (2001-2005) en cours 
d'élaboration. 
"Ce sera un plan de restructuration économique", a-t-il dit. De l'agriculture à l'industrie, les entreprises devront privilégier la qualité en répondant aux besoins du marché et mettre fin à la surproduction de produits médiocres. 
"Avec l'adhésion à l'OMC, la Chine devrait rester compétitive dans les secteurs des matières premières et de l'industrie légère, mais pour les machines-outils, nous ne sommes pas très sûrs", a-t-il admis. "Certains resteront compétitifs et d'autres pas, notamment dans l'automobile". 
Aux termes de l'accord sino-américain du 15 novembre sur l'entrée de la Chine à l'OMC, les droits de douane sur les automobiles 
importées devront tomber à 25% d'ici à 2005, contre 100% actuellement. Mercredi, le président Jiang Zemin a réaffirmé la nécessité d'ouvrir les frontières à la concurrence afin de forcer les entreprises chinoises à se moderniser. Pour sa part, la banque centrale renforcera la supervision financière des entreprises d'Etat, dont la restructuration a provoqué près de 30 millions de licenciements au cours des trois dernières années. Aucun nouveau prêt ne sera accordé aux entreprises non-rentables, a-t-il averti. Les entrepreneurs chinois ne doivent en aucun cas espérer une dévaluation du yuan, qui leur permettrait pourtant de survivre à la concurrence internationale, a dit M. Dai. 
"Le taux de change restera stable" cette année, a-t-il assuré, expliquant que les exportations devraient continuer à croître, même 
après l'adhésion à l'OMC. "Nous nous attendons à ce que les investissements étrangers ainsi que la balance des paiements restent favorables", a-t-il ajouté. M. Dai a laissé entendre que la santé financière des banques chinoises s'était encore détériorée, en évaluant leurs dettes non-récupérables à environ 8% à 9% de leur portefeuille de prêts, alors qu'il avait évoqué le chiffre de 6% à 7% il y a un an. Les analystes occidentaux évaluent en général entre 25% et 40% la proportion des créances non-récupérables accumulées par les banques chinoises du fait de leur soutien apporté pendant des décennies aux entreprises publiques. Les banques commerciales ont commencé au printemps dernier à transférer leurs créances douteuses vers des structures 
spécialisées, afin d'alléger leurs bilans. 350 milliards de yuans (42,2 milliards de dollars) ont ainsi été transférés l'an dernier, dont 
100 milliards (12 milliards de dollars) ont été convertis en actions, a indiqué M. Dai. Le gouverneur a reconnu que l'Etat serait forcé de couvrir les pertes en dernier ressort. "Les pertes finales seront absorbées par le ministère des Finances", a-t-il déclaré. Prêt à mettre de l'ordre dans les pratiques douteuses du système bancaire, M. Dai s'est fait fort d'obliger les Chinois à ouvrir des 
comptes en banque sous leur vrai nom et non sous un pseudonyme, une pratique par laquelle les entreprises dissimulent encore 
couramment au fisc leur trésorerie réelle. 

Clinton: efforts tous azimuts pour un statut commercial normal à la Chine (AFP, 10/1/2000) 
Le président Clinton a annoncé lundi le lancement d'"efforts tous azimuts" pour accorder le statut dit de relation commerciale normale (NTR) à titre permanent à la Chine. Ces efforts seront menés par le secrétaire général de la Maison Blanche, John Podesta, avec la collaboration des conseillers présidentiels chargés des questions économiques internationales, a précisé le président américain. Bill Clinton a rappelé que l'octroi de ce statut était nécessaire après l'accord bilatéral conclu en décembre entre Pékin et Washington en vue de l'entrée de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). La Chine doit toutefois encore conclure d'autres accords bilatéraux avant de pouvoir intégrer l'OMC. 

La Chine déclare la guerre aux statistiques truquées (AP, 12/1/2000) 
 La Chine entend mettre fin à une pratique ancienne: les statistiques truquées. Les autorités menacent de ``sévère punition'' tout responsable local qui sera pris à gonfler les données économiques pour tenter de s'attirer les bonnes grâces des autorités, rapportait mercredi l'agence Chine Nouvelle. Quelque 8.000 entreprises ont également reçu l'ordre de communiquer leur bilan directement à Pékin pour éviter que des fonctionnaires locaux ne les manipulent. ``Le but sera de découvrir et punir les personnes qui utilisent illégalement leur pouvoir pour intervenir dans la compilation des statistiques, surtout ceux qui utilisent de fausses statistiques pour (obtenir) des avantages politiques ou financiers'', a déclaré Liu Hong, directeur du Bureau national des statistiques, cité par Chine Nouvelle. Jusqu'au Pemier ministre Zhu Rongji, les dirigeants du pays se plaignent de manquer de données fiables. Ce mal chinois, apparu avec le régime communiste en 1949, a parfois eu des conséquences désastreuses. A la fin des années 50, des responsables locaux trop zélés ont gonflé le tonnage des récoltes de céréales. Se fiant à ces chiffres, Mao Tsé-Toung a ordonné l'exportation de grandes quantités de denrées, ce qui a conduit à la famine de 1958-62, qui aurait fait 30 millions de morts. 

Pékin compte sur l'investissement pour maintenir la croissance en 2000 (AFP, 4/1/2000) 
Pékin va poursuivre sa politique d'investissements massifs dans les infrastructures afin de maintenir la croissance économique sur un rythme de croisière d'environ 7% cette année, a annoncé mardi le ministre chargé de la Commission nationale à la Planification du développement, Zeng Peiyan.La croissance du produit intérieur brut devrait se situer à un niveau proche des 7,1% obtenus en 1999, a-t-il estimé. "En fonction de la situation économique actuelle, nous pouvons maintenir le taux obtenu en 1999. Nous sommes confiants. Je ne pense pas que cela posera de problèmes", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. L'Etat continuera à investir massivement dans les grands projets afin de stimuler la demande intérieure, a-t-il dit. 
L'Etat s'est endetté en 1999 à hauteur de 200 milliards de yuans (24 milliards de dollars) pour financer des projets qui ont attiré au 
total 2.000 milliards de yuans si l'on ajoute les fonds débloqués par les banques et les collectivités locales. 
Selon M. Zeng, la moitié de cette somme a été dépensée, le reste devant être investi cette année et en 2001. 
Ces investissements, répartis entre quelque 5.000 projets, ont permis d'ajouter deux points à la croissance en 1999, contre 1,5 point en 1998, a-t-il souligné. 
L'Etat vise particulièrement les régions peu développées de l'Ouest, où les fonds sont destinés à la protection des ressources en 
eau, aux transports (route, train, aéroports) et aux services publics dans les villes. 
Ces projets visent à compenser "la faiblesse de la demande, qui reste le principal facteur de freinage de la croissance économique", a expliqué M. Zeng. Signe de l'excès de l'offre, la Chine est confrontée depuis plus de deux ans à la déflation. 
"Je pense que la baisse sera moins forte cette année", a dit M. Zeng sans fournir de chiffres. 
Afin de soutenir la demande, Pékin prévoit d'augmenter les revenus des citadins. En ce qui concerne les paysans, l'Etat rachètera 
leurs excédents de céréales, avec une prime à la qualité. 
La croissance permettra d'éviter une dévaluation de la monnaie nationale, le yuan, a estimé M. Zeng. "L'an dernier, la situation des 
exportations a été très bonne, le commerce dégageant un excédent de 30 milliards de dollars", a-t-il fait valoir. "Il n'y a donc aucune raison ni besoin de modifier la valeur du yuan dans un avenir proche." 
Certains économistes redoutent que l'Etat n'investisse dans des projets peu rentables et à l'efficacité douteuse. 
"Les mesures de stimulation fiscale et monétaire visant à stimuler la croissance à court terme sont moins efficaces sur le long 
terme et présentent des risques pour le système financier", selon Li Yang, directeur du Centre de recherche financière de 
l'Académie chinoise des sciences sociales, cité par le China Securities Daily. 
D'autres économistes se montrent encore plus optimistes que le gouvernement : pour Eddy Wong, de la banque ABN Amro Asia 
(Hong Kong), les exportations de la Chine devraient s'accroître de 12% cette année. 

Relations internationales

Immigrants clandestins et OMC au programme de Zhu Rongji en Europe (AFP, 25/6/2000) 
Le Premier ministre chinois Zhu Rongji part mardi pour la Bulgarie et cinq pays de l'Union européenne auréolé du récent accord Chine-UE sur l'OMC, mais ses hôtes l'attendent aussi sur la délicate question de l'immigration clandestine.M. Zhu, accompagné de son épouse Lao An, est attendu mardi à Sofia pour une visite de deux jours en Bulgarie, première étape d'une tournée qui le conduira en Allemagne (du 29 juin au 3 juillet), au Luxembourg (3 et 4 juillet), aux Pays-Bas (4 et 5), en Italie (du 5 au 9) et en Belgique ainsi qu'au siège de l'Union européenne à Bruxelles (9 au 11). 
La tournée débute un mois et demi après l'accord obtenu à l'arraché à Pékin entre négociateurs chinois et de l'UE sur l'adhésion de 
la Chine à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), qui devrait être chose faite vers la fin de l'année. M. Zhu est considéré 
comme le principal artisan de l'adhésion de son pays à l'OMC.Au cours des rencontres prévues dans chaque pays avec les milieux d'affaires, M. Zhu devrait appeler les entreprises européennes à investir dans les réformes économiques chinoises, notamment dans le développement des infrastructures encore arriérées de l'ouest du pays. L'ouverture du marché chinois négociée par le commissaire européen Pascal Lamy doit permettre à l'UE de rattraper son retard sur le Japon et les Etats-Unis en termes de commerce bilatéral avec la Chine, a fait valoir un haut responsable du ministère chinois des Affaires étrangères. 
"Le potentiel du commerce sino-européen reste considérable", a ajouté ce responsable qui a requis l'anonymat. 
Le chef du gouvernement chinois, qui est accompagné du gouverneur de la banque centrale Dai Xianglong, devrait aussi se pencher 
sur la question de l'euro lors de ses entretiens avec les dirigeants de l'UE, notamment le président de la Commission, Romano 
Prodi. "L'euro est une devise prometteuse qui va remonter au bout d'un certain temps", a assuré récemment M. Zhu, en réaffirmant que la Chine augmenterait la part de la monnaie européenne dans ses réserves en devises, actuellement dominées par le dollar. 
Une semaine après la découverte dans le port britannique de Douvres de 58 Chinois morts étouffés dans un camion frigorifique, M. 
Zhu s'attend à être interrogé sur les mesures que Pékin compte prendre pour enrayer l'émigration clandestine. 
"Nous sommes prêts à renforcer la coopération internationale dans ce domaine", a assuré le haut responsable des Affaires étrangères. Le sommet européen de Feira (Portugal) a également appelé la semaine dernière à un renforcement de la coopérationeuropéenne contre les réseaux d'immigration clandestine. 
En Bulgarie, M. Zhu effectuera la première visite d'un haut responsable chinois dans ce pays depuis la chute du communisme en1989. Il sera reçu par son homologue Ivan Kostov et par le président Petar Stoïanov. 
En Allemagne, il aura à Berlin des entretiens avec le chancelier Gerhard Schroeder et visitera Potsdam, Hambourg et Hanovre, où sed éroule l'exposition universelle Expo-2000. Il doit également visiter un site expérimental du train à sustentation magnétique Transrapid et pourrait signer un contrat de financement pour une première ligne de 50 km à Shanghai, selon la presse allemande. 
Au Luxembourg, il sera reçu par son homologue Jean-Claude Juncker et aux Pays-Bas par la reine Beatrix ainsi que le Premierministre Wim Kok. Il gagnera ensuite Rome pour des entretiens avec le président du Conseil italien Giuliano Amato, puis Florence et Venise. Aucun déplacement n'est prévu au Vatican, avec qui la Chine n'entretient pas de relations diplomatiques, en dépit de rumeurs de rapprochement entre Pékin et le Saint-Siège.

Départ du Premier ministre chinois pour une tournée européenne (AP, 27/6/2000) 
Le Premier ministre chinois Zhu Rongji a entamé mardi une tournée européenne de deux semaines au cours de laquelle il se rendra dans six pays pour promouvoir les liens commerciaux et diplomatiques avec la Chine, a annoncé l'agence de presse officielle Chine nouvelle. Zhu Rongji commencera par une visite de trois jours en Bulgarie, le seul pays non membre de l'Union européenne de sa tournée. Il se rendra ensuite en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Italie et en Belgique. Il s'entretiendra également avec le président de l'UE, Romano Prodi. Pékin voudrait surtout donner encourager les échanges commerciaux avec les Quinze pour dépasser les 59 milliards de dollars (413 milliards de FF/63 milliards d'euros) de l'année dernière. M. Zhu voyage d'ailleurs avec le gouverneur de la banque centrale et d'autres conseillers économiques de haut rang. 

Khatami: il n'a pas été question du nucléaire avec les Chinois (Reuters, 27/6/2000) 
Le président iranien Mohamad Khatami assure qu'il n'a jamais été question de coopération nucléaire durant les entretiens qu'il a eus pendant sa visite en Chine la semaine dernière, rapporte le quotidien saoudien al Hayat. Khatami a tenu ces propos dans une interview accordée à ce journal pendant sa visite en Chine. "Nous avons de très bonnes relations avec la Chine, mais nous n'avons pas discuté de coopération nucléaire avec les autorités chinoises. Nous espérons que cette visite aura été fructueuse pour le développement des relations dans tous les secteurs entre nous et la Chine", a-t-il ajouté. Le président Khatami et son homologue chinois Jiang Zemin se sont engagés à relancer le commerce bilatéral et à faire revivre la "route de la Soie", qui relia les civilisations anciennes de leurs pays. Ils ont également signé cinq accords dans les domaines de l'énergie, du tourisme, des échanges culturels et éducatifs, les investissements, ainsi que les minéraux et la métallurgie. 

Khatami en Chine, un allié stratégique de l'Iran en Asie (AFP, 20/6/2000) 
Le président iranien Mohammad Khatami se rend jeudi en Chine pour une visite d'Etat hautement symbolique dans un pays considéré comme un allié stratégique de l'Iran en Asie depuis la révolution islamique de 1979. 
 Annoncée pour six jours, cette visite doit permettre aux deux pays de raffermir leurs relations aussi bien sur le plan politique, économique que militaire. Sa durée et la composition de la délégation présidentielle confirme l'importance du déplacement. 
 M. Khatami, qui répond à une invitation du président Jiang Zemin, sera accompagné de quatre ministres: Kamal Kharazi (Affaires étrangères), Ataollah Mohadjerani (Culture et Orientation islamique), Ali Chamkhani (Défense) et Esshagh Djahanguiri (Mines et Métaux). 
 "La participation importante de la Chine dans des projets de développement en Iran témoigne de la profondeur des relations entre les deux pays", selon M. Mohsen Aminzadeh, vice-ministre iranien des Affaires étrangères. 
 Selon M. Aminzadeh, "la vente de gaz naturel" et "la participation de la Chine dans des projets de construction de centrales" en Iran seront au menu des entretiens de M. Khatami à Pékin. 
 Une importante délégation commerciale accompagnera aussi le président iranien qui prononcera au cours de sa visite un discours à l'Université de Pékin et se rendra également dans le Sin kiang et à Hong Kong. 
 Il s'agira de la pemière visite en Chine du président Khatami depuis son élection en mai 1997, et la deuxième d'un président iranien. L'ayatollah Ali Khamenei, aujourd'hui guide de la République islamique, s'était rendu à Pékin en 1989 en tant que président de la République. 
 Pékin et Téhéran ont décidé ces derniers mois de renforcer leur coopération politique et économique et de développer leurs échanges commerciaux, qui se sont montés à 1,3 milliard USD en 1999, selon des chiffres officiels. 
 Mais l'Iran souhaite désormais augmenter la part de ses exportations pétrolières et non-pétrolières vers la Chine. 
 La coopération militaire bilatérale se poursuit malgré l'opposition de pays occidentaux qui soupçonnent Pékin d'assister Téhéran dans le domaine nucléaire. 
 Face à ces accusations, principalement américaines, la Chine dément systématiquement toute coopération dans ce domaine. 
 La Chine, tout comme la Corée du Nord, a été été l'un des principaux fournisseurs d'armes de l'Iran en Asie durant la guerre Iran-Irak (1980-88). 
 Les deux pays coopèrent également dans divers domaines industriels, notamment les équipements pour le métro de Téhéran. M. Khatami avait inauguré en février la première ligne du métro de Téhéran en présence du ministre chinois des Affaires étrangères Tang Jiaxuan. 
 Les deux pays, systématiquement accusés par les Etats-Unis de violation des droits de l'Homme, coopèrent également dans le domaine politique affirmant vouloir refuser le "monde unipolaire" qu'ils accusent Washington de vouloir imposer. 
 En outre, tant Téhéran que Pékin récusent "l'ingérence" des pays occidentaux sur la question des "droits de l'Homme" dans leurs pays respectifs. 
 "Ils commettent ainsi une ingérence, ces sujets ne devant pas être utilisés comme un outil politique pour exercer des pressions sur un pays", avait déclaré en février le chef de la diplomatie iranienne devant son homologue chinois, en visite à Téhéran. 

L'amitié entre la Chine et la Corée du Nord rétablie (Reuters, 1/6/2000) 
La Chine lève le secret sur la visite du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il et a claironné son amitié rétablie avec son vieil allié communiste, à deux semaines seulement d'un sommet historique entre les deux Corées. 
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il a effectué cette semaine une visite de trois jours en Chine à l'invitation du président Jiang Zemin, a rapporté dans la journée l'agence Chine Nouvelle. 
Cette visite a été décrite comme "non officielle" par l'agence officielle chinoise. 
L'émissaire de Corée du Nord à Pékin a précisé que Kim avait rencontré Jiang Zemin lundi, puis qu'il s'était entretenu le lendemain avec d'autres hauts responsables dont le Premier ministre Zhu Rongji. Il a regagné son pays mercredi. 
"Kim Jong-il a salué les réformes et l'ouverture de la Chine et a exprimé le soutien de la Corée du Nord pour les réformes et le programme d'ouverture de Deng Xiaoping ", a déclaré Kwon Byong-hyon à la presse. 
Il s'agissait de la première visite à l'étranger d'un dirigeant nord-coréen depuis une autre visite en Chine en 1983. 
La Chine est le seul pays à avoir une influence sur les dirigeants stalinistes nord-coréens. La visite de Kim a donc provoqué une grande effervescence à Séoul, à deux semaines du sommet historique entre les dirigeants des deux Corées qui doit avoir lieu à Pyongyang, capitale de la Corée du Nord. 
Les relations entre les deux voisins s'étaient refroidies depuis 1992, lorsque la Chine avait établi des relations diplomatiques avec la Corée du Sud. 
Pourtant, les deux parties ont semblé frileuses à l'heure de montrer que cette visite marquait leur réconciliation. 
A propos de la rencontre de Pyongyang entre les deux Corées, Jiang a déclaré à Kim, selon l'agence Chine nouvelle, que Pékin "salue et soutient le sommet entre les deux parties". 
"La Chine espère aussi que les deux parties vont améliorer leurs relations", a déclaré le président chinois. 

Le Président grec rend hommage à la Chine "force de stabilité" (AFP, 21/4/2000)
Le chef de l'Etat grec Costis Stéphanopoulos a rendu hommage vendredi à la Chine, la qualifiant de "force de stabilité dans sa région et le monde" à l'issue d'un entretien avec son homologue Jiang Zemin lors de la première visite d'un président chinois en Grèce. 
 Après deux étapes en Israël et en Turquie, le président chinois entamait à Athènes une visite officielle de trois jours en Grèce, où il partagera son temps entre des entretiens politiques et la découverte du riche patrimoine archéologique du pays. 
 "La Grèce suit avec un intérêt tout particulier les progrès effectués par Pékin qui a mis en place des programmes de modernisation (du pays) qui ont fait de la Chine une force de stabilité dans sa région et dans le monde", a souligné M. Stéphanopoulos qui a reçu au palais présidentiel M. Jiang avec tous les honneurs. 
 "La Grèce désire développer ses rapports avec la Chine, mais elle peut aussi servir d'intermédiaire pour de bonnes relations entre l'Union européenne, dont elle est membre, et la Chine", a assuré M. Stéphanopoulos. 
 "Nos deux pays appliquent le droit international et respectent la légalité internationale et les résolutions adoptées par les organes de l'ONU", a ajouté M. Stéphanopoulos. Il n'a pas fait d'allusion explicite à la Yougoslavie, que l'OTAN avait bombardé au printemps dernier sans mandat explicite du Conseil de sécurité. 
 Très souriant, M. Jiang a rappelé que "la Chine en Asie et la Grèce en Europe sont deux pays anciens mais avec une brillante civilisation et une longue histoire. Aujourd'hui à l'aube du 21è siècle, les deux pays vont renforcer ces relations", a-t-il ajouté devant un parterre de journalistes mais aussi deux importantes délégations chinoise et grecque. 
 Il a fait étalage de sa culture hellénique : "J'ai appris à l'école tant de choses sur Homère et ses épopées, sur la philosophie de Socrate, Platon et Aristote. J'avais appris à distinguer vos lettres dans l'alphabet mais aujourd'hui à vous entendre parler, je ne comprends pas grand-chose", a-t-il reconnu. 
 "Mes connaissances sur la Chine sont beaucoup plus restreintes, mais je trouve justement qu'il faut d'abord développer nos relations culturelles", a déclaré de son côté le chef de l'Etat grec en réponse à un journaliste chinois qui lui demandait "comment les deux pays pouvaient développer leur liens dans cette époque de mondialisation". 
 "Viendront ensuite les relations commerciales et le secteur touristique qui, comme j'entends, ont de l'avenir", a ajouté M. Stéphanopoulos. 
 Côté grec, les ministres des Affaires étrangères Georges Papandréou et de l'Economie nationale Yannos Papantoniou ont participé aux entretiens entre les deux chefs d'Etat. 
 Le président chinois s'est rendu au palais Maxime, tout proche de la présidence hellénique, pour rencontrer le Premier ministre Costas Simitis, le dirigeant politique du pays, le chef de l'Etat n'ayant que des fonctions honorifiques en Grèce. 
 La section grecque d'Amnesty International a adressé jeudi une lettre ouverte à M. Simitis lui demandant d'intervenir auprès de son interlocuteur en faveur des droits de l'Homme. 
 M. Stéphanopoulos devait offrir dans la soirée un dîner à la présidence en l'honneur de son invité. 

La Chine échappe à toute condamnation par la Commission des droits de l'Homme (AFP, 18/4/2000) 
La Chine a une nouvelle fois échappé mardi à une condamnation de la Commission des droits de l'Homme de l'ONU, contrairement au souhait de Washington. 
 Par un artifice de procédure, déjà largement utilisé, la Chine a fait voter par la Commission une "résolution de non action" ayant pour but d'interdire la mise au vote de tout autre texte. 
 Depuis 1990, Pékin a systématiquement utilisé cette procédure, sauf en 1995, échappant ainsi à toute condamnation. 
 Comme les années précédentes, les Etats-Unis tenaient prêt un texte de résolution par lequel la Commission aurait notamment exprimé sa "préoccupation devant la détérioration des droits de l'homme et des libertés fondamentales" en Chine. 
 Washington souhaitait également que la Commission appelle solennellement Pékin à assurer la liberté d'expression pour l'ensemble de ses citoyens, et plus concrètement, libère tous les prisonniers politiques, et autorise toutes les activités pacifiques des Boudhistes, des Musulmans, des Chrétiens et d'autres groupes. 
 "Ce n'est pas de la confrontation que d'appeler la Chine à obéir au droit international qu'elle a accepté", a souligné Harald Koh, secrétaire d'Etat adjoint chargé des droits de l'Homme en présentant devant la Commission les raisons de la résolution américaine. Mais, déjà à ce stade, nombreux étaient les délégués parmi les 53 pays membres de la Commission qui avaient parié sur un soutien à la Chine plutôt qu'à sa condamnation. 
 Depuis plusieurs semaines en effet, Pékin avait allumé des contre-feux, jusque dans l'enceinte de la Commission, en rappelant systématiquement les violations des droits de l'homme aux Etats-Unis même: discrimination raciale, brutalités policières, tortures dans les prisons et fusillades sur les campus américains. 
 L'ambassadeur de Chine à l'ONU, M. Qiao Zonghuai, a non seulement repris ces arguments mais rappelé que Washington n'avait toujours pas ratifié la Convention sur les droits de l'enfant. Les Etats-Unis et la Somalie sont les seuls Etats aux monde à ne pas encore avoir adhéré à cette convention. 
 De plus, a souligné l'ambassadeur, "ce sont les Etats-Unis qui ont violé les droits de l'homme chinois en ayant bombardé l'ambassade de Chine en République fédérale de Yougoslavie, le 8 mai 1999, ayant tué trois journalistes et blessé plus de 20 personnes". 
 Malgré ces passes d'armes, récurrentes dans une telle enceinte, les Etats-Unis n'en sont pas moins les principaux soutiens à l'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), qui donnerait un caractère encore plus mondial à la seule instance de régulation du commerce international. Les Etats-Unis, premier investisseur étranger en Chine, ont conclu en novembre dernier un accord avec Pékin sur les conditions de son accession à l'OMC. 
 Pour sa part, l'Union européenne, qui devant la Commission des droits de l'Homme s'est également opposée à l'artifice de procédure chinois, n'en cherche pas moins à surmonter toutes les difficultés pour permettre une adhésion de la Chine à l'OMC. Le même jour à Pékin, l'ambassadeur de l'UE, Endymion Wilkinson, a annoncé que les négociations reprendraient "très bientôt", soulignant ainsi la séparation des genres entre commerce et défense des droits de l'Homme, à laquelle s'astreignent aussi bien les Européens de l'UE que les Etats-Unis. Malgré son échec à faire condamner Pékin, le représentant américain Harald Koh à la Commission s'est félicité d'avoir une nouvelle fois attiré l'attention mondiale sur la situation des droits de l'homme en Chine. 

Le président chinois visite les lieux saints de Jérusalem (AFP, 16/4/2000) 
Le président chinois Jiang Zemin s'est rendu dimanche aux les lieux saints musulmans, juifs et chrétiens dans la vieille ville de Jérusalem, au cinquième jour de sa visite, la première du genre. 
 Le président chinois s'est rendu au Dôme du Rocher, troisième lieu saint de l'islam, sur l'Esplanade des mosquées, au Mur des Lamentations, lieu le plus sacré du judaïsme, et au Saint-Sépulcre, un des sites les plus vénérés du christianisme. 
 M. Jiang portait un costume sombre, une casquette de base-ball blanche et des lunettes de soleil. Il était accompagné sur ces trois sites de gardes du corps israéliens et chinois. 
 Il a été accueilli sur l'Esplanade des mosquées par le responsable palestinien en charge du dossier de Jérusalem Fayçal Husseini, ainsi que des représentants de l'administration des Wakfs (biens religieux musulmans). 
 "Le président (chinois) est un homme politique et sa visite a donc une signification politique, ainsi que sociale, les relations entre les Chinois et les Palestiniens sont très bonnes", a déclaré M. Husseini aux journalistes. 
 Le mufti de Jérusalem, principal responsable musulman palestinien, Ekrima Sabri n'était pas présent. Selon des dirigeants palestiniens, le mufti a décidé de boycotter cette visite parce que le président chinois n'est pas un dignitaire religieux. 
 Les visites sur les lieux saints de Jérusalem, situés dans la partie orientale de la ville, sont particulièrement sensibles, car Israël considère la Ville sainte, y compris Jérusalem-est, conquise en 1967, comme sa capitale "réunifiée et éternelle", une décision contestée par la communauté internationale. 
 En outre, les Palestiniens veulent faire du secteur oriental la capitale de leur futur Etat, que le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat a déclaré son intention de proclamer le 13 septembre, même sans accord de paix avec l'Etat hébreu. 
 M. Jiang s'est ensuite rendu au Mur des Lamentations, où il a été accueilli par le directeur du bureau des Lieux saints au ministère israélien des Affaires religieuses Oded Vinter. Le président chinois, chef d'un Etat officiellement laïc et athée, n'a pas glissé de papier contenant une prière dans un interstice du Mur, une coutume juive à laquelle se plient de nombreux responsables étrangers en déplacement à Jérusalem. 
 A l'Eglise du Saint-Sépulcre, c'est le "numéro 2" de l'Eglise grecque-orthodoxe, le père Timothée, qui l'a reçu officiellement, en compagnie de l'ambassadeur d'Israël en Chine Ora Namir. Le père Timothée a indiqué avoir évoqué avec M. Jiang l'importance de la paix dans le monde et du rôle des dirigeants de la planète dans sa recherche. "J'ai également demandé au président chinois d'aider les chrétiens dans le monde à exercer leur droit à la liberté de culte", a souligné le père Timothée. M. Namir a estimé que cette visite aux lieux saints marquait la "complexité" de la question de Jérusalem. M. Jiang devait ensuite rencontrer à Tel Aviv l'ancien Premier ministre et actuel ministre de la Coopération régionale Shimon Peres, ainsi que le président du Conseil pour le développement des relations israélo-chinoises Irwin Eisenberg. Yasser Arafat avait appelé samedi la Chine à jouer un rôle dans le processus de paix israélo-palestinien et à désigner un représentant permanent pour le suivre, à l'image des Etats-Unis et de l'Union européenne. Mais la coopération militaire israélo-chinoise a monopolisé l'attention sur la visite, M. Barak laissant entendre le 13 avril que son gouvernement procéderait comme prévu à la vente à Pékin d'un avion radar de type AWACS, malgré le silence absolu observé par M. Jiang sur ce contrat. 

Arafat veut impliquer Pékin dans le processus de paix (Reuters, 15/4/2000) 
Le président palestinien Yasser Arafat a demandé au président chinois Jiang Zemin, en visite dans les territoires autonomes, de nommer un émissaire permanent au Proche-Orient pour accélérer les négociations de paix avec Israël. 
"La Chine a des relations fortes avec Israël. Il est dans notre intérêt qu'elle joue un rôle dans le processus de paix", a déclaré Nabil Chaat, le ministre de la Planification de l'Autorité palestinienne, à l'issue d'un entretien à Bethléem entre Jiang Zemin et Arafat. 
L'Onu dispose d'un émissaire au Proche-Orient, Terje Larsen, de même que l'Union européenne, en la personne de Miguel Moratinos. Jiang Zemin a entamé mercredi une tournée historique de cinq jours en Israël et dans les territoires palestiniens. 
Sa visite marque l'aboutissement du réchauffement des relations entre la Chine et l'Etat hébreu, favorisé par la vente à Pékin de matériel militaire israélien d'une valeur de plusieurs dizaines millions de dollars. Israël a signé un contrat de vente à la chine d'un avion de fabrication russe équipé d'un système d'alerte et de contrôle ultra-sophistiqué (Awacs) en dépit des réticences américaines. Craignant que Pékin n'utilise l'Awacs contre Taïwan et les Etats-Unis, Washington avait demandé à Israël d'annuler le contrat, dont la valeur est estimée à 250 millions de dollars. 

Arafat appelle au respect des résolutions de l'Onu
Lors d'une conférence de presse commune avec le chef de l'Autorité palestinienne à Bethléem, Jiang Zemin a déclaré que son pays ferait "tout son possible, en dépit de la grande distance séparant la Chine et la Palestine, pour faire avancer le processus de paix". "C'est l'occasion rêvée d'impliquer son Excellence le président Jiang Zemin dans le processus de paix", a pour sa part estimé Yasser Arafat. Le président palestinien a ajouté qu'il souhaitait qu'Israël respecte les résolutions de l'Onu qui exigent un retrait israélien de Cisjordanie, notamment de Jérusalem-Est et de Gaza, territoires occupés par Israël depuis le conflit de 1967. 
Les pourparlers israélo-palestiniens se sont achevés vendredi aux Etats-Unis et doivent reprendre à la fin du mois au Proche-Orient. Israéliens et Palestiniens étaient réunis depuis le 7 avril sur la base aérienne de Bolling, près de Washington, pour tenter de jeter les bases d'un accord-cadre. Les deux parties ont jusqu'au 13 septembre pour signer un accord final. 

Le président chinois en terre palestinienne (AP, 15/4/2000) 
Le président chinois dans la ville natale du Christ. Après une visite de trois jours en Israël, Jiang Zemin est arrivé samedi matin à Bethléem, en Cisjordanie, où il a été accueilli par le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat. Peu après l'entrée de la limousine du chef de l'Etat chinois dans la cour du palais du dirigeant palestinien, une garde d'honneur a joué les hymnes nationaux. Le président Jiang a serré la main de Yasser Arafat et de ses ''ministres''. Lors de leur rencontre, MM. Jiang et Arafat devaient signer dans la journée un accord de coopération économique. Pékin a également promis de contribuer à hauteur de quatre millions de dollars (27,3 millions de ff / 4,2 millions d'euros) à la construction d'un hôpital dans la ville cisjordanienne de Qalqiliya.Le président chinois devait ensuite visiter la basilique de la Nativité, construite sur la grotte où selon la tradition biblique Jésus est né. Jiang Zemin prévoyait également de prendre la parole devant le conseil législatif palestinien.Chaque visite d'un chef d'Etat étranger dans les territoires palestiniens représente un succès diplomatique pour Yasser Arafat, qui a menacé de proclamer un Etat palestinien dès cette année.Les Palestiniens veulent profiter de la visite du président Jiang pour faire jouer un rôle à la Chine dans les négociations de paix israélo-palestiniennes. ''Le peuple chinois ont soutenu la révolution palestinienne dès les années 60, c'est-à-dire avant d'établir des relations avec Israël'', a ainsi souligné le ''ministre'' palestinien de la Planification Nabil Chaath. 

Kosovo: les Chinois rejettent les explications américaines (Reuters, 11/4/2000) 
La Chine rejette les explications officielles américaines sur le bombardement de son ambassade à Belgrade lors de la guerre du Kosovo en mai 1999. "Notre mission diplomatique en Yougoslavie porte des signes aisément reconnaissables et elle est aussi clairement indiquée sur les cartes américaines", a déclaré Zhu Bangzao, porte-parole du ministère des Affaires étrangères cité par l'agence Chine nouvelle. "Les affirmations des Etats-Unis selon lesquelles ils ne connaissaient pas l'emplacement exact ne tiennent pas", a-t-il ajouté. Il s'agit de la première réaction officielles chinoise depuis que Washington a officiellement communiqué samedi à Pékin les résultats de l'enquête interne ouverte à propos du bombardement, qui avait fait trois morts côté chinois. Dimanche, la CIA a annoncé avoir limogé l'un de ses agents et avoir sanctionné six autres pour avoir commis des erreurs ayant 
abouti au bombardement. 

Bombardement de l'ambassade de Chine à Belgrade: Pékin ne se satisfait pas du limogeage d'un employé de la CIA (AP, 11/4/2000) 
Malgré des excuses répétées de Washington, une offre de dédommagement et des sanctions contre des employés de la CIA, Pékin a jugé mardi ''difficiles à croire'' et même ''inacceptables'' les explications de Washington concernant le bombardement par erreur l'an dernier de l'ambassade de Chine à Belgrade.Ce bombardement le 7 mai dernier, lors de la campagne de l'OTAN contre l'offensive serbe au Kosovo, avait tué trois Chinois, blessé 27 autres et gravement endommagé la chancellerie. L'événement avait considérablement tendu les relations entre les deux pays.Samedi dernier, un employé de la CIA accusé d'avoir inclu par erreur l'ambassade chinoise parmi les cibles potentielles des avions de l'Alliance, avait été limogé, tandis que six autres agents ont écopé de sanctions administratives, qui vont de la lettre d'avertissement à la réprimande.Mais la Chine ne s'est pas du tout satisfaite de ces mesures. ''Les explications américaines sur cette affaire sont difficiles à croire et sont inacceptables à nos yeux'', a déclaré mardi Sun Yuxi, porte-parole du ministère chinois des Affaires. Pékin réclame donc toujours une ''explication satisfaisante'' de la part des autorités américaines. 

Clinton en Inde et au Pakistan: espoirs et craintes à Pékin (AFP, 24/3/2000)
La Chine a suivi la visite historique du président Bill Clinton en Inde avec des sentiments mitigés, espérant que celle-ci favoriserait la paix en Asie du sud, tout en redoutant un renforcement de l'influence américaine dans cette région. 
 Alors que la diplomatie chinoise s'efforçait de donner une tonalité positive au rééquilibrage de la politique américaine dans le sous-continent indien, le Quotidien de l'Armée chinoise s'est singularisé en avertissant que la Chine et la Russie ne resteraient pas "les bras croisés" face à un renforcement de l'influence américaine. 
 "Ces deux pays ne vont rester les bras croisés face aux efforts américains pour renforcer leur influence stratégique en Asie du sud" a écrit le journal jeudi dans un commentaire consacré aux "difficultés" de la mission de Bill Clinton en Inde. 
 Ce dernier s'apprêtait vendredi à achever sa visite en Inde, la première depuis 22 ans d'un président américain dans ce pays qui entretient des relations traditionnelles d'amitié avec la Russie, avant de se rendre samedi au Pakistan - qui entretient lui des relations privilégiées avec la Chine. 
 Mais la Chine s'efforce également depuis l'an dernier d'améliorer ses relations avec son puissant voisin indien, envenimées par un bref, mais sanglant conflit frontalier en 1962, et qui avaient à nouveau souffert lors des essais nucléaires indiens de mai 1998, vivement condamnés par Pékin. 
 Signe de ce réchauffement, le président indien K.R. Narayanan devrait ainsi se rendre en visite en Chine à la fin du mois de mai pour marquer le cinquantenaire de l'établissement des relations diplomatiques bilatérales. 
 Officiellement, Pékin a jusqu'à présent fait preuve de prudence face à la visite de M. Clinton: "nous espérons que cette visite jouera un role positif dans la promotion de la paix et de la stabilité en Asie du sud" a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Sun Yuxi mardi lors de l'arrivée de M. Clinton en Inde. 
 "Nous saluons cette visite qui montre que les Etats-Unis accordent plus d'importance à la région" a commenté pour sa part vendredi M. Cheng Ruisheng, un ancien ambassadeur de Chine à Delhi, devenu conseiller auprès de l'Institut chinois des études internationales. 
 M. Cheng s'est félicité de ce que le président américain ait décidé de se rendre également au Pakistan "afin de maintenir un équilibre", mais a en revanche rejeté toute constitution d'une "alliance" indo-américaine destinée à contrebalancer la Chine. 
 "L'Inde comme la Chine sont de grands pays qui ont des politiques étrangères indépendantes, les Etats-Unis n'ont aucune raison de former une nouvelle alliance" a noté M. Cheng. 
 Si la Chine n'attend guère des visites de M. Clinton qu'elles permettent d'influer sur les programmes nucléaires des deux pays, elle attend en revanche quelques effets positifs sur la situation au Cachemire, le principal différend entre New Delhi et Islamabad qui s'est traduit par plusieurs conflits armés dans le passé. 
"Contrairement à ce qui s'était passé immédiatement après la fin de la guerre froide, les Etats-Unis, la Chine et la Russie ont aujourd'hui tous trois intérêt à avoir la paix et la stabilité dans la région, ils vont donc s'efforcer d'encourager le dialogue entre l'Inde et le Pakistan" a encore noté M. Cheng. 
 L'attitude de Pékin face au grand rééquilibrage en cours en Asie du sud était également suivie avec beaucoup d'attention dans les milieux diplomatiques à Pékin. "La Chine va suivre avec beaucoup d'attention tout en veillant à ce que cela ne se retourne pas contre elle" a estimé un diplomate occidental, tandis qu'un diplomate asiatique se félicitait de l'attitude "plus équilibrée et plus coopérative" de la Chine dans le sous continent indien. 

Pékin rend Washington responsable des tensions avec Taïwan (Reuters, 10/3/2000) 
Le ministre chinois des Affaires étrangères Tang Jiaxuan a accusé vendredi les Etats-Unis de porter la responsabilité des récentes tensions entre Pékin et Taïwan, ajoutant que les relations sino-américaines étaient à "un moment critique". "Ce que les Etats-Unis font sur la question de Taïwan a renforcé l'arrogance des forces séparatistes à Taïwan. Par conséquent, les Etats-Unis portent une forte responsabilité dans la tension dans le détroit de Taïwan", a déclaré Tang. Fin février, Pékin avait menacé de recourir à la force contre Taïwan si l'île nationaliste, séparée depuis 50 ans du continent, s'entête à retarder l'ouverture de négociations sur sa réunification. Washington continue de son côté de vendre des armes à Taïwan malgré les critiques chinoises. 

Nouvelle mise en garde de la Chine à Taiwan (Reuters, 5/3/2000) 
A quelques jours de l'élection présidentielle à Taiwan, le Premier ministre chinois, Zhu Rongji, a adressé une nouvelle mise en garde aux autorités de Taipeh contre toute velléité d'indépendance. "Nous ne resterons pas sans réaction en cas de grave action séparatiste visant à nuire à la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Chine", a-t-il prévenu dans son discours d'ouverture de la session annuelle du Congrès national du peuple, le Parlement chinois. La veille, c'est le président Jiang Zemin qui avait annoncé que Pékin prendrait des "mesures drastiques" si Taiwan repoussait indéfiniment l'ouverture de pourparlers sur la réunification. Zhu Rongji a précisé qu'il entendait par "action séparatiste" la proclamation de l'indépendance ou la poursuite de la "théorie des 
deux Etats" prônée par le président taïwanais Lee Teng-hui, qui a indiqué que Taiwan ne négocierait avec la Chine que si les deux 
entités étaient traitées sur un pied d'égalité. Cette formule n'a été rejetée par aucun des trois candidats qui brigueront la succession du président Lee, le 18 mars prochain. La Chine communiste ne reconnaît pas la souveraineté de Taiwan, qu'elle considère comme une province en rébellion. 

Pékin dénonce l'amalgame Taiwan-OMC au Congrès américain (AFP, 24/2/2000)
 La Chine a rejeté jeudi la mise en garde des Etats-Unis à propos de Taiwan, tout en espérant que la polémique provoquée par les nouvelles menaces de Pékin n'empêcheront pas Washington de ratifier l'accord sur son adhésion à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Dans sa première réaction à l'avertissement américain, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a estimé que les ambitions commerciales de Pékin et son engagement à réunifier le pays était deux questions séparées. 
"L'octroi de la clause des relations commerciales normales (NTR) est conforme à l'intérêt des deux pays. Cela n'a rien à voir avec la question de Taiwan et nous nous opposons à tout lien entre les deux", a déclaré le porte-parole, Zhu Bangzao, au cours d'un point de presse. 
A la suite de la publication lundi d'un "Livre blanc" de Pékin accentuant la menace d'un recours à la force contre Taiwan, des 
membres du Congrès américain ont menacé de ne pas accorder la clause NTR à la Chine, ce qui bloquerait l'accord sino-américain sur l'adhésion de Pékin à l'OMC signé en novembre. 
"Nous pensons que tout membre sensé du Congrès soutiendra la clause des relations commerciales normales", a estimé M. Zhu, 
tout en souhaitant un vote positifi du Congrès le plus rapidement possible "afin de créer les conditions favorables au développement des relations économiques et commerciales entre les deux pays". 
M. Zhu a rejeté la mise en garde lancée par Washington après la publication de son "Livre blanc" sur Taiwan. 
"Nous tenons à exprimer notre vif mécontentement et notre ferme opposition devant cette ingérence grossière dans les affaires 
intérieures chinoises", a dit M. Zhu, tout en estimant qu'"aucun pays étranger n'a le droit d'intervenir" dans la question de Taiwan qui, a-t-il rappelé, est "comme tout le monde le sait, une affaire intérieure chinoise". 
La Maison Blanche a mis en garde les autorités chinoises dès mardi après les menaces publiées la veille du "Livre blanc", dans 
lequel Pékin a pour la première fois menacé de recourir à la force si l'île continue à rejeter indéfiniment son offre de réunification 
"pacifique". Le "Livre blanc" a été interprété comme un durcissement de la politique chinoise à l'égard de l'île considérée par Pékin comme une province rebelle. "Nous considérerions toute menace contre Taïwan avec une grande inquiétude", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Joe Lockhart, en appelant Pékin et Taipei à résoudre leur différend par le "dialogue pacifique". 
Le porte-parole du département d'Etat, James Rubin, a réitéré mercredi cette inquiétude tout en estimant qu'il était impossible de ne pas tenir compte de cette "nouvelle menace de recours à la force". 
L'ambassadeur chinois aux Etats-Unis, Li Zhaoxing, a pour sa part été convoqué au département d'Etat, mais au Pentagone, on 
indiquait qu'il n'était pas question pour le moment de déployer des navires dans la région. Le brusque accès de fièvre dans les relations sino-américaines survient alors que celles-ci s'étaient largement réchauffées au cours des derniers mois, après être tombées à leur niveau le plus bas lors du bombardement de l'ambassade de Chine à Belgrade par l'OTAN en mai dernier. Mais les autorités chinoises n'ont cessé de répéter que le problème taiwanais est le problème "le plus sensible et le plus difficile, au coeur des relations sino-américaines". 

Pékin exhorte Tokyo à ne pas recevoir le dalaï-lama (AP, 24/2/2000) 
La Chine a exhorté le gouvernement japonais jeudi à empêcher le dalaï-lama de visiter le pays comme il prévoit de le faire en avril prochain. Pékin, par la voix du porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères Zhu Bangzao, s'est déclaré inquiet des informations selon lesquelles les autorités japonaises autoriserait le leader spirituel tibétain à visiter le pays, exhortant Tokyo à le tenir à l'écart pour éviter que les relations bilatérales ne s'enveniment. Le porte-parole du gouvernement japonais a déclaré mercredi lors d'une conférence de presse que le dalaï-lama avait fait une demande de visa pour se rendre au Japon, une demande que Tokyo étudie actuellement. La décision d'autoriser ou non cette visite ``relèvera du droit et n'aura aucun rapport avec les problèmes liés à la Chine'', souligne le quotidien japonais ``Yomiuri'', citant le porte-parole, Mikio Aoki. Le dalaï-lama envisage de se rendre au Japon le 13 avril prochain, pour une visite de huit jours. Selon ``Yomiuri'', il s'y est déjà rendu à huit reprises. Le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a rappelé que Pékin considérait le dalaï-lama comme un ``exilé politique qui, sous couvert de religion, s'est engagé dans des activités séparatistes''. 

L'internet au service de l'ouverture de la Chine ?  [ZDNet France, 22/1/2000] 
Madeleine Albright, le chef de la diplomatie américaine, célèbre le petit coup de pouce que le développement des nouvelles technologies donne à l'ouverture de la Chine. D'après le secrétaire d'État américain, « Il n'y a aucun doute sur « Le développement de l'internet et de l'information ne peut se faire en dehors de la Chine. » le fait que le développement de l'internet et de l'information ne peut se faire en dehors de la Chine si celle-ci veut rester en compétition. » En clair, les avancées technologiques facilitent l'ouverture de l'empire du Milieu. Les Chinois ont besoin des outils qui leur permettent de rester dans le système économique mondial.Elle a ajouté dans son discours à l'université Johns Hopkins qu'elle ne savait pas « combien de temps passerait avant que le parti communiste chinois croule sous la volonté de son peuple de s'ouvrir aux alternatives politiques. Pourtant ces évolutions sont à terme inévitables. » 

La Chine rappelle à l'Inde ses engagemetns après la fuite du Karmapa Lama (AP, 11/1/2000) 
Pékin lance des mises en garde à peine voilées à New Delhi. Le ministère chinois des Affaires étrangères a averti mardi que les relations bilatérales avec l'Inde, où s'est réfugié la semaine dernière le Karmapa Lama, chef spirituel tibétain, étaient en jeu dans cette affaire. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhu Bangzao, s'est gardé de demander directement à l'Inde de ne pas accorder l'asile au Karmapa Lama, un adolescent de 14 ans, dont la défection est la plus importante qu'ait connu la Chine depuis l'exil du Dalaï Lama, le chef politique et spirituel tibétain, après l'échec du soulèvement tibétain de 1959. Mais il a espéré que ``la partie indienne honorera strictement ses propres engagements sur des questions pertinentes de telle sorte que les relations entre l'Inde et la Chine puisse continuer à s'améliorer et se développer''. 
``La partie indienne a dit de façon explicite qu'elle reconnaît le Tibet comme une partie inaliénable du territoire chinois et que le Dalaï Lama ne peut pas participer à des activités politiques en Inde'', a rappelé Zhu Bangzao lors d'un point de presse. Le gouvernement en exil du Dalaï Lama avait fait savoir lundi qu'il n'avait pas demandé à New Delhi d'accorder l'asile au Karmapa, 
mais qu'il l'accepterait s'il était offert. Le 17e Karmapa était la seule figure religieuse reconnue à la fois par Pékin et par le Dalaï Lama. Sa fuite constitue donc une source d'embarras importante pour les autorités chinoises qui avaient approuvé son sâcre en 1992 et l'utilisaient comme un symbole pour marquer qu'elles tolérait le bouddhisme tibétain. Accompagné de cinq fidèles, dont sa soeur de 24 ans, une religieuse bouddhiste, le ``Bouddha vivant'' a quitté le 28 décembre son monastère de Tsurphu dans le centre du Tibet pour gagner à pied l'Inde où il est arrivé mercredi dernier au terme d'un périple dans l'Himalaya. 

Fuite du "Bouddha vivant": la Chine cache mal son embarras (AFP, 8/1/2000) 
 La Chine cachait mal son embarras samedi au lendemain de l'annonce de la fuite du "Bouddha vivant" tibétain auprès du Dalaï Lama, les médias gardant le silence sur cette affaire qui met à mal la stratégie chinoise au Tibet.A l'exception du China Daily, le quotidien de langue anglaise destiné aux lecteurs étrangers, la presse chinoise était totalement muette sur le départ secret du 17ème Karmapa, l'un des plus hauts personnages de la hiérarchie religieuse tibétaine."Le Bouddha vivant s'est simplement rendu à l'étranger", titrait le China Daily, reprenant une brève dépêche de Chine nouvelle diffusée vendredi en anglais mais "oubliée" par le service chinois de l'agence officielle comme par la télévision.La version officielle du départ du Karmapa omet de préciser que l'adolescent, âgé de 14 ans, s'est rendu auprès du Dalaï Lama, l'ennemi juré de Pékin, et sous-entend qu'il reviendra après s'être procuré des instruments de musique traditionnels "à l'étranger". Dans une lettre qu'il aurait laissée à son monastère avant de fuir pour l'Inde à travers l'Himalaya, le jeune homme se serait également défendu de vouloir "trahir l'Etat, la nation, le monastère ni les dirigeants", selon la version du gouvernement chinois. Le 17ème Karmapa, chef de la secte Kagyu, est l'une des très rares personnalités religieuses tibétaines à avoir été reconnues à la fois par le Dalaï Lama et par le régime de Pékin, dont les troupes sont entrées au Tibet en 1951, provoquant la fuite en exil du chef spirituel tibétain huit ans plus tard."La réaction prudente des autorités chinoises à la nouvelle de l'arrivée du Karmapa en Inde et le fait qu'elles ne l'aient pas condamné suggèrent qu'elles souhaitent se ménager la possibilité qu'il rentre au Tibet dans un avenir proche", a commenté depuis Londres le service d'information Tibet Information Network (TIN)."Les Tibétains craignent depuis un certains temps que la Chine ne tente de manipuler le Karmapa à des fins politiques, notamment pour saper la popularité du Dalaï Lama au Tibet", a ajouté l'organisation dans un communiqué. TIN rappelle que depuis son intronisation au monastère de Tsurphu en 1992, le garçon a effectué deux tournées officielles en Chine au cours desquelles il a été reçu par les plus hauts dirigeants dont le président Jiang Zemin.Il avait encore été reçu à Pékin par le numéro quatre de la hiérarchie communiste, Li Ruihuan, il y a moins d'un an. Dans un discours alors repris par la presse officielle, il s'était engagé "à suivre les instructions de Jiang Zemin et à travailler à l'unification dela patrie et à l'unité nationale", selon TIN.Li Ruihuan avait déclaré à cette occasion que les "progrès" du Karmapa "auraient une grande influence sur le développement et la stabilité du Tibet". La première visite du Karmapa à Pékin, en 1994, avait déclenché des incidents au monastère de Tsurphu, lorsque plusieurs moines avaient jeté des pierres contre les véhicules des représentants du régime. Au moins trois de ces moines, qui protestaient contre le fait que le Karmapa ne soit pas autorisé à se rendre en Inde suivre une 
instruction religieuse, avaient ensuite été envoyés sans procès en camp de "rééducation par le travail" pendant deux ans, selon TIN. Le gouvernement tibétain en exil en Inde est resté jusqu'à présent très discret sur la fuite du Karmapa, confirmant qu'il se trouvait bien auprès du Dalaï Lama, mais sans parler d'exil définitif.Selon TIN, le jeune homme a choisi de partir parce que les autorités chinoises lui refusaient d'être instruit par son maître Situ Rinpoche, lui-même en exil en Inde. Ce dernier avait été à l'origine de la "découverte" de l'enfant, alors âgé de 7 ans, en tant que réincarnation du 16ème Karmapa. 

Défense

Tensions entre la Chine et Taiwan

M. Weizman dénonce l'opposition américaine à la vente d'AWACS à la Chine (AFP, 14/4/2000) 
Le président israélien Ezer Weizman a dénoncé vendredi la ferme opposition américaine à la vente d'un avion radar de type AWACS à Pékin, lors d'une visite avec son homologue chinois Jiang Zemin dans la région de la mer Morte (sud). M. Weizman a estimé que les Etats-Unis, hérauts du libre-échange, faisaient preuve d'hyprocrisie, en exerçant des pressions sur Israël pour qu'il renonce à un marché lucratif de vente d'avions équipés d'un système ultra-sophistiqué de détection et d'alerte AWACS à la Chine. 
"On ne peut faire l'éloge du libre-échange ou de la libre-entreprise et torpiller une telle initiative, lorsqu'elle vient de nous", a déclaré le président Weizman à la presse. 
Le directeur des Industries aéronautiques d'Israël (IAI) a appelé l'Etat hébreu à exécuter la première partie du contrat, conclu en 
1996 avec la Chine, en livrant un appareil. 
"Nous sommes tenus de respecter des contrats dûment signés. Il en va de la crédibilité de notre société et de l'Etat", a déclaré à la radio publique le directeur des IAI Moshe Karet. 
Le système de détection doit être embarqué sur des avions de transport russes de type Iliouchine-76, mais M. Karet a souligné que l'équipement électronique installé par Israël "ne comprenait aucune technologie spécifiquement américaine". 
Les avions, d'un montant de 250 millions de dollars chacun, doivent être construits par la société Elta, une filiale des IAI. 
Washington craint que leur vente ne rompe le fragile équilibre stratégique entre la Chine et Taiwan, en dotant Pékin d'équipements 
dont il ne dispose pas encore. 
A terme, jusqu'à huit appareils pourraient être livrés à la Chine. 
Un responsable israélien avait fait état d'une mise en garde du président américain Bill Clinton au Premier ministre israélien Ehud 
Barak, selon laquelle cette vente pourrait causer "des problèmes et des embarras à Israël". 
Les Etats-Unis fournissent à l'Etat hébreu une aide économique et militaire annuelle de quelque trois milliards de dollars. 
M. Jiang n'a fait aucun commentaire sur ce contrat, une attitude qu'il a observée tout au long de sa visite entamée mercredi, et a eu un déjeuner privé avec M. Weizman avant de se baigner dans l'eau, à haute teneur en sel, de la mer Morte. 
Auparavant, il avait visité des installations agricoles expérimentales dans cette région aride. 
Il a marché à travers les champs, où des fermiers israéliens produisent des fruits avec très peu d'eau et un usage modéré d'engrais. M. Jiang a souligné jeudi, après une rencontre avec M. Barak, que Pékin espérait apprendre d'Israël les techniques d'économie de l'eau pour des projets de développement dans l'ouest de la Chine. Mais la coopération militaire israélo-chinoise a monopolisé l'attention sur la visite, M. Barak laissant entendre jeudi que son gouvernement procéderait comme prévu à la vente à Pékin d'un avion de type AWACS. Interrogé sur ce contrat lors d'une conférence de presse commune avec le président chinois, M. Barak a refusé de dire explicitement que la livraison détection aurait bien lieu. Mais, a-t-il souligné, "nous attachons une grande importance à nos relations avec la Chine et à notre crédibilité". Le contrat a également été par le ministre des Affaires étrangères David Lévy, qui a assuré aux journalistes, avant une entrevue avec le président chinois, qu'Israël n'avait "rien fait dans le dos des Etats-Unis". Israël "n'a rien fait et ne fera rien qui pourrait (...) mettre en danger des soldats américains", a-t-il affirmé. 
M. Jiang doit se rendre dans les territoires palestiniens et rencontrer le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat, samedi, 
jour de repos hebdomadaire en Israël. 

Israël reste décidé à vendre au moins un AWACS à la Chine (AFP, 13/4/2000) 
Le gouvernement israélien restait déterminé jeudi, au deuxième jour de la visite du président chinois Jiang Zemin, à vendre à Pékin un avion de détection et d'alerte de type AWACS, malgré les pressions américaines. L'Etat juif était toutefois à la recherche d'un difficile compromis lui permettant de préserver ses intérêts commerciaux et ses relations avec la Chine sans compromettre ses liens privilégiés avec Washington, son principal allié. Les Etats-Unis estiment que l'acquisition par Pékin d'un appareil de ce genre --un avion de transport russe Ilyouchine-76 transformé par une société d'Etat israélienne, qui l'a équipé d'un système radar ultra-sophistiqué-- risque de modifier profondément le fragile équilibre stratégique en mer de Chine entre le régime communiste et la Chine nationaliste, un allié fidèle de Washington. "Israël n'a rien fait et ne fera rien qui mettrait en danger les intérêts américains et bien sûr rien qui mettrait en danger les soldats américains", a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères, David Lévy, dans une claire référence aux soldats américains de la flotte du Pacifique qui pourraient être entraînés dans un conflit entre la Chine et Taïwan. Il parlait à la presse avant une entrevue à Jérusalem avec M. Jiang, qui devait ensuite rencontrer le Premier ministre israélien Ehud Barak. "Nous n'avons rien fait dans le dos des Etats-Unis", a dit M. Lévy. "L'Amérique sait très bien que nous ne violons aucune loi", a-t-il poursuivi. "Nous n'avons transféré aucune technologie ou savoir-faire américain", a-t-il poursuivi, estimant que l'affaire avait pris "des proportions excessives". "Je pense que nous parviendrons à un arrangement à ce sujet", a-t-il conclu, sans toutefois dire quelle forme il pourrait prendre. Dans la matinée, le très influent président de la Knesset (parlement israélien), Avraham Burg, avait estimé qu'une solution de compromis consisterait pour Israël à s'en tenir à la vente à Pékin d'un seul avion. 
"Je pense qu'Israël devrait mener à bien l'affaire avec le premier avion, parce qu'il s'agit d'un accord et d'un contrat qui ne doivent pas être violés, mais nous ne devrions pas aller plus loin", a-t-il dit. 
Le contrat avec Pékin, qui porte sur 250 millions de dollars, offre, en effet, à la Chine la possibilité d'acheter d'autres appareils et 
Pékin aurait manifesté l'intention de faire jouer cette option. 
M. Burg, qui venait de rencontrer M. Jiang, a fait montre de compréhension pour les arguments américains sur la sécurité de 
Taïwan, dont il a comparé l'isolement à celui d'Israël au Proche-Orient. 
Recevant M. Jiang à la Knesset, il lui a déclaré que l'avenir des relations bilatérales ne devrait pas reposer uniquement sur les 
relations militaires. 
Les relations sino-israéliennes, qui se sont développées avant même l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays, en 1992, font actuellement la part belle aux échanges militaires, la vente de cet AWACS n'en étant que l'illustration. 
M. Burg a estimé qu'Israël "s'était enfermé" dans l'impasse actuelle avec les Etats-Unis en privilégiant le secteur militaire dans ses 
relations avec la Chine. 
M. Jiang a entamé mercredi une visite officielle de six jours en Israël qui le conduira aussi samedi dans les Territoires palestiniens. 
Il avait débuté sa journée jeudi par un dépôt de gerbes à Yad Vashem, le mémorial aux six millions de victimes juives de la Shoah, 
et sur la tombe de l'ancien Premier ministre Yitzhak Rabin, assassiné en 1995. 

Le président du parlement israélien pour la vente d'un seul AWACS à la Chine (AFP, 13/4/2000)
Le président de la Knesset (parlement israélien), Avraham Burg, faisant un lien entre la sécurité d'Israël et celle de Taïwan, a estimé jeudi que l'Etat juif devrait s'en tenir à la vente à Pékin d'un seul avion de type AWCAS. 
 M. Burg parlait après une entrevue après le président chinois Jiang Zemin au cours de laquelle droits de l'Homme et démocratie --deux sujets épineux pour les dirigeants chinois-- ont été abordés par les Israéliens. 
 M. Jiang a entamé mercredi une visite officielle de six jours en Israël dominée par une polémique entre Israël et les Etats-Unis à propos de la vente prévue à Pékin d'un avion israélien de détection et d'alerte de type AWACS. 
 Le contrat, qui porte sur 250 millions de dollars, offre à la Chine la possibilité d'acheter d'autres appareils et Pékin aurait manifesté l'intention de faire jouer cette option. 
 "Je pense qu'Israël devrait mener à bien l'affaire avec le premier avion, parce qu'il s'agit d'un accord et d'un contrat qui ne doivent pas être violés, mais nous ne devrions pas aller plus loin", a déclaré M. Burg à la presse. 
 Recevant M. Jiang à la Knesset, M. Burg, connu pour son franc parler et son soutien à la cause des droits de l'Homme, lui avait déclaré que l'avenir des relations bilatérales ne devrait pas reposer uniquement sur les relations militaires. 
 "Nous pensons que l'avenir de nos peuples devrait être un avenir de coopération et de réciprocité reposant sur des valeurs et des philosophies humaines, et pas nécessairement sur l'expérience tragique des peuples et pas seulement sur des échanges militaires", avait-il dit. 
 Les relations sino-israéliennes, qui se sont développées avant même l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays, en 1992, font actuellement la part belle aux échanges militaires. 
 M. Burg a développé ce thème après l'entrevue en déclarant qu'Israël "s'était enfermé" dans l'impasse actuelle avec les Etats-Unis en privilégiant le secteur militaire dans ses relations avec la Chine. 
 Les Etats-Unis ont manifesté avec force leur opposition à la vente à Pékin de cet avion --à l'origine un avion de transport russe Ilyouchine-76 transformé par une société d'Etat israélienne, qui l'a équipé d'un système radar ultra-sophistiqué-- en affirmant qu'il risquait de modifier l'équilibre stratégique entre la Chine et Taïwan. 
 La Chine considère Taïwan comme une simple province renégate et M. Jiang a réitéré mercredi soir à Jérusalem la position traditionnelle de son pays à ce sujet, à savoir que Pékin ne renoncera pas à l'usage de la force pour assurer la réunification avec la Chine nationaliste. 
 M. Burg a fait montre de compréhension pour les arguments américains sur la sécurité de Taïwan. "Ce dont nous parlons, c'est l'équilibre de la paix (...) dans une autre région du monde", a-t-il déclaré. 
 "Israël, qui est parfois tellement isolé en tant que petit pays, isolé dans une mer d'animosité, ne peut ignorer les intérêts de Taïwan dans une autre région du monde qui ressemble parfois beaucoup" au Proche-Orient, a-t-il dit. 
 Le sujet devait être abordé dans l'après-midi au cours d'un entretien entre M. Jiang et le Premier ministre Ehud Barak. 
 M. Burg a précisé que plusieurs parmi la douzaine des membres de la Knesset ayant participé à l'entrevue avec M. Jiang avaient soulevé le thème des libertés en Chine et aussi celui des droits des femmes. 
 Il a également indiqué que la délégation chinoise lui avait indirectement reproché sa rencontre en novembre à Jérusalem avec le Dalaï Lama, le leader spirituel des Tibétains. 
 M. Jiang avait entamé la journée en déposant une gerbe à Yad Vashem, le mémorial aux six millions de victimes juives de la Shoah. 
 Portant la kippa (calotte) traditionnelle des juifs religieux, comme le veut la tradition, il avait assisté dans un grand recueillement à une cérémonie d'une quinzaine de minutes au Hall du Souvenir, une crypte au milieu de laquelle brûle une flamme éternelle. 

Environnement/Santé

La Chine prévoit 1,4 milliard d'habitants en 2010 (AP, 7/5/2000) 
PEKIN (AP) -- La Chine compte limiter son expansion démographique avec pour objectif 1,4 milliard d'habitants en 2010, en renforçant l'efficacité de sa déjà très stricte politique de ''l'enfant unique'', rapporte dimanche l'agence officielle chinoise Xinhua (Chine Nouvelle). 

La population de la République populaire de Chine s'élève aujourd'hui officiellement à 1,25 milliard d'habitants, mais le chiffre réel serait supérieur de plusieurs dizaines de millions selon les estimations. Depuis la fin des années 70, Pékin n'autorise à la plupart des couples qu'un seul enfant, des amendes et autres pénalités étant prévues pour ceux qui ne respectent pas cette politique de contrôle de la natalité. 

Le 2 mars dernier, le gouvernement chinois et le parti communiste se sont fixés pour objectif la limitation de la croissance démographique annuelle à moins de 1,5%, selon Xinhua. Néanmoins note l'agence officielle, ''la population augmentera de 10 millions par an dans les prochaines décennies''. 

''Un système de contrôle amélioré sera construit et un environnement meilleur sera créé par la législation et la politique de l'Etat'', ajoute Chine Nouvelle. ''Des méthodes de contraception plus sûres, efficaces et appropriées devraient être mises à la disposition de toutes les femmes en âge de procréer''. 

Les autorités locales ont été accusées d'utiliser la menace, les stérilisations forcées et les avortements tardifs pour respecter les quotas de naissance. Le gouvernement dément soutenir de telles pratiques. 

Les couples mariés peuvent recevoir gratuitement des préservatifs et autres moyens de contraception. La Chine a récemment permis la promotion du préservatif afin de lutter contre le SIDA et les autres maladies sexuellement transmissibles, mais les autorités locales limitent sa distribution aux couples non mariés, estimant que cela encouragerait la prostitution. 

La politique de l'enfant unique a entraîné d'extrêmes distorsions démographiques et de fortes pressions sociales. La préférence accordée au fils qui entretiendra la famille conduit certains couples à abandonner ou tuer la petite fille qui nait dans l'espoir d'avoir ensuite un garçon. Selon les démographes chinois, le contrôle des naissances a ainsi produit une société qui compte jusqu'à 100 millions d'hommes de plus que de femmes. 

Par ailleurs, l'âge moyen de la population chinoise s'est rapidement élevé et le nombre de retraités par rapport à la population active risque de devenir un fardeau pour ce pays dont le revenu par tête est d'environ 5.000 yuans (environ 3.900ff; 600 euros) par an 

Selon les experts, même avec un contrôle des naissances, la population chinoise devrait atteindre environ 1,6 milliard d'habitants au milieu du XXIe siècle. Malgré la croissance économique, les autorités craignent que l'eau, l'agriculture et les ressources du pays ne suffisent pas à nourrir cette population. La Chine devrait devenir un importateur majeur de céréales, ce qui inquiète un régime qui considère l'auto-suffisance en matière d'alimentation comme une question de sécurité nationale. 

La propagation de la tuberculose menace le développement économique en Chine (AP, 24/3/2000)
L'épidémie de tuberculose a pris une telle ampleur en Chine qu'elle ralentit le développement économique du pays, se sont inquiétés vendredi les responsables chinois de la Santé. Quelque 500 millions de Chinois sont en effet infectés par la tuberculose, dont 6 millions qui ont développé la maladie, selon les chiffres de l'agence de presse chinoise sur la santé et d'autres médias chinois. Quelque 41% de ces patients ont contracté une souche de la maladie qui résiste aux traitements et se répand donc très vite dans le pays, en raison aussi de la pauvreté et du manque de soins, selon Yin Dakui, vice-ministre de la Santé, cité par le ``China Daily''. Ce dernier a souligné que la tuberculose avait des conséquences importantes sur l'activité économique, beaucoup de ses victimes étant en âge de travailler. Entre un et deux millions de personnes meurent chaque année de la tuberculose, maladie qui s'attaque aux poumons, dans le monde, dont 95% dans les pays en voie de développement. Au palmarès des pays les plus touchés par ce mal, la Chine occupe le deuxième rang, derrière l'Inde. Chaque année, la tuberculose fait 250.000 morts en Chine.