Politique intérieure
Japon
2001 (Le Monde)
Les Japonais, enthousiastes, attendent de voir leur princesse (Reuters,
3/12/01)
ARBRE
GENEALOGIQUE DE LA FAMILLE ROYALE JAPONAISE
Les Japonais continuaient de se presser pour saluer la naissance de
la nouvelle héritière impériale, une petite princesse
qu'ils ne pourront probablement pas apercevoir avant au moins une semaine.
La princesse Masako, qui fête ses 38 ans cette semaine, a donné
naissance samedi à Tokyo à une petite fille après
plus de huit ans de mariage avec le prince héritier Nahurito.
Les jardin du palais ont été ouverts pour la deuxième
journée consécutive au public, et quelque 27.000 personnes
faisaient la queue avant midi pour rendre hommage au bébé
impérial, rapporte l'agence de presse Kyodo.
Environ 62.000 Japonais, dans les quatre coins de l'archipel - 46.000
à Tokyo même -, ont écrit dimanche des messages destinés
à la princesse et à sa fille, tandis que des centaines d'autres
messages étaient envoyés par internet à la famille
impériale.
La même euphorie n'était pas partagée par les marchés.
Si d'aucuns pensaient que la naissance aurait redonné des couleurs
à une économie nippone essoufflée, les investisseurs
ne semblaient pas du même avis.
Malgré l'enthousiasme de la population, on ne savait toujours
ni le nom de la petite princesse, ni le moment auquel le public pourrait
la voir. Les photographes sont maintenus à l'écart de la
chambre d'hôpital où mère et fille se remettent de
l'accouchement.
Les nouveaux-nés impériaux sont d'habitude présentés
au public au Japon lorsqu'ils quittent l'hôpital. La famille royale
fait savoir que rien n'est encore décidé, mais qu'il pourrait
en être ainsi cette fois encore. Or, selon les médias japonais,
le bébé et sa maman ne devraient rentrer chez eux que dans
une, voire deux semaines.
Reste que les Japonais pourront peut-être voir l'héritière
vendredi prochain, journée de rituels au cours de laquelle le nom
de la petite princesse sera dévoilé. La naissance de cette
petite fille a en tout cas relancé le débat sur une éventuelle
modification du règlement de la plus ancienne monarchie du monde
afin de permettre à des femmes d'accéder au trône.
La famille impériale n'a donné naissance à aucun enfant
mâle depuis 1965.
Les candidats au poste de Premier ministre (AFP, 12/4/2001)
Quatre candidats ont déclaré jeudi leur candidature à
l'élection à la présidence du Parti Libéral
Démocrate (PLD), qui décidera du prochain Premier ministre
du Japon:
- Ryutaro Hashimoto, 63 ans
Chef de la principale faction du PLD, forte de 102 membres, il
est le seul à avoir déjà été Premier
ministre, en 1996 et 1998. Il démissionna après une défaite
du parti à des élections sénatoriales.
Après une traversée du désert, il est revenu
au premier plan en devenant ministre de la Réforme administrative
en décembre. Il est cependant peu populaire auprès de la
base du parti.
Il a récemment tempéré son programme de
réformes économiques afin de tenter de s'assurer le soutien
de la vieille garde du PLD. Les experts lui donnent de 60 à 70%
de chances de remporter l'élection.
- Junichiro Koizumi, 59 ans
Politicien de troisième génération, il est
l'un des dirigeants du PLD les plus populaires, grâce à son
franc parler et à son réformisme.
Son mot d'ordre est "transformer le PLD pour changer le Japon"
et il veut pour cela réduire le pouvoir des factions au sein du
parti. Il promeut également une stricte politique fiscale et la
restructuration sans délai des secteurs les plus fragiles de l'industrie.
Il est handicapé par une faible expérience gouvernementale
-il n'a été que ministre de la Santé- et par la méfiance
qu'il inspire parmi les conservateurs du PLD.
Il a environ 30% de chances de gagner, selon les estimations.
- Shizuka Kamei, 64 ans
Chef de la troisième faction du PLD, forte de 55 membres,
il a décidé au dernier moment de se présenter.
Parlant fort et sans fioriture, cet ancien policier est considéré
comme l'un des chefs de file des conservateurs au sein du PLD. A la tête
du comité politique du parti, il a exercé une forte influence
sur la politique économique du gouvernement, en promouvant les programmes
de dépenses publiques qui ont creusé l'endettement à
des niveaux records.
Ayant peu de chance de gagner, il devrait se rallier à
M. Hashimoto, moyennant l'obtention d'un poste important et des assurances
pour son avenir.
- Taro Aso, 60 ans
Ministre délégué aux Affaires économiques
depuis décembre, il est le moins connu des quatre postulants et
apparaît donc comme le candidat du rajeunissement du PLD.
Il a participé aux épreuves de tir des Jeux Olympiques
de 1976 et dirigé l'entreprise familiale de ciment avant de se consacrer
à la politique.
Très introduit dans les milieux politiques, M. Aso est
le petit-fils de l'ancien Premier ministre Shigeru Yoshida.
Membre de l'une des plus petites factions du PLD, ses chances
de gagner sont quasiment nulles.
Economie, Industries
et R&D
L'art et la manière de créer
de l'inflation quand les prix baissent (AFP, 26/8/01)
Le débat fait rage dans la classe politique japonaise sur l'opportunité
pour la Banque du Japon (BoJ) de fixer un objectif d'inflation mais la
vraie question, selon les analystes, est comment fabriquer de l'inflation
dans un pays où les prix ne cessent de baisser depuis deux ans.
Les premiers à monter au créneau ont été
des élus du Parti Libéral Démocrate (PLD, principale
formation au pouvoir) menés par Kozo Yamamoto, un ex-fonctionnaire
du ministère des Finances, qui jugent insuffisant l'assouplisement
monétaire du 14 août et demandent un débat parlementaire
sur la lutte contre la déflation.
Le gouverneur de la BoJ, Masaru Hayami, dont ils exigeaient la
convocation au parlement, a décliné l'invitation dans une
lettre et rappelé ses réticences face à la création
artificielle d'inflation.
"Nous n'allons pas appliquer la politique dite d'+inflation d'ajustement+
qui consiste à fixer un niveau élevé d'inflation et
à tout faire pour l'atteindre", écrit M. Hayami, estimant
qu'un objectif d'inflation ne peut être qu'un "moyen d'accroître
la transparence de la politique monétaire".
Le gouvernement est divisé. Heizo Takenaka, ministre de
la Politique économique est favorable à un objectif d'inflation
"modeste". Le ministre des Finances Masajuro Shiokawa et le Premier ministre
Junichiro Koizumi s'y opposent par crainte d'une flambée des prix.
"Si l'idée est de créer une inflation de 3/4%,
la BoJ est contre. Mais établir un régime favorisant plus
de transparence, par exemple en se fixant un taux inférieur à
2% à 5 ou 10 ans, ou définir la stabilité des prix
comme une inflation de moins de 2%, sur le modèle de la Banque centrale
européenne, cela peut être pas mal", a expliqué à
l'AFP un haut fonctionnaire de la BoJ.
"La question n'est pas de savoir si l'on doit ou non introduire
(l'inflation) mais comment on s'y prendrait pour réaliser l'objectif",
a estimé Masaaki Kanno, chef économiste chez JP Morgan.
Selon lui, le mieux serait d'accepter une déflation "jusqu'à
environ -1%". En cas de risque systémique (hausse rapide du chômage
et multiplication des faillites), il faudrait absolument éviter
toute spirale déflationniste, selon M. Kanno, mais "une politique
monétaire expansionniste de la BoJ devrait être menée
en parallèle à une politique budgétaire expansionniste
du gouvernement".
"Il n'y a pas un problème de liquidités mais de
dépenses. Les gens ont de gros dépôts en banque et
les entreprises sont riches en trésorerie", note-t-il, mais les
particuliers par exemple ne consomment pas par peur d'être touché
par le chômage ou d'une banqueroute du système des retraites.
Pour Ryutaro Kono, chef économiste chez BNP Paribas, si
la BoJ décidait de "générer de l'inflation", elle
devrait recourir à des moyens nouveaux pour une banque centrale
comme l'achat d'obligations d'entreprises, d'actions, de biens immobiliers
et de devises étrangères.
"Les politiques ne semblent pas comprendre qu'afin d'atteindre
une inflation même modeste, il faudrait mettre en place des politiques
non orthodoxes ayant d'importants effets pervers", a-t-il lancé.
Pour cet économiste, "les effets secondaires seraient
plus limités seulement si la BoJ achetait des devises, en l'occurence
du dollar".
Mais pour M. Kanno, "uniquement pour stabiliser les prix à
zéro, il faudrait au moins une parité de 200 yens pour un
dollar (contre moins de 120 actuellement), ce qui est impossible" et le
reste de l'Asie, notamment la Chine, n'accepterait sans doute pas une telle
dévaluation compétitive.
Scientifique
et Technique
Environnement/Santé
Social et culture
Relations Internationales
Le Japon cherche 19 islamistes et s'interroge
sur l'appui à apporter aux USA (AFP, 18/9/2001)
Le Japon s'est lancé mardi sur les traces de 19 militants islamistes
présumés dont certains en provenance d'Afghanistan, alors
que ses dirigeants débattaient du soutien à apporter aux
Américains dans leurs représailles aux attentats du 11 septembre.
"Nous enquêtons pour savoir si des cellules islamistes
se cachent au Japon et si de telles forces étaient ici cela voudrait
dire que des attaques terroristes pourraient être menées",
a indiqué Iwao Uruma, directeur du bureau de sécurité
de l'Agence nationale de la police, devant une commission parlementaire.
Ce sont les services de renseignement américains qui ont
averti les autorités japonaises de la présence de 19 extrémistes,
dont certains provenant du fief des taliban à Kandahar en Afghanistan,
selon l'agence de presse Kyodo qui avait parlé la veille de 12 militants
islamistes.
Ces informations ont fait monter la tension dans l'archipel et
plus de 6. 000 personnes ont été évacuées au
centre de Tokyo comme dans la ville voisine de Kawasaki à la suite
de menaces d'attentats à la bombe contre la banque américaine
Citibank, d'autres établissements financiers et les hôtels
New Otani et Okura. Selon la police, il s'agissait en fait de fausses alertes
lancées par de mauvais plaisantins.
La sécurité des installations américaines
au Japon assurée par les forces de police, a été renforcée
depuis les attentats du 11 septembre, a rappelé un porte-parole.
Plus de 70.000 Américains résident au Japon auxquels s'ajoutent
environ 50.000 hommes stationnés dans des bases militaires, soit
le plus gros contingent américain en Asie.
Le chef de l'Agence nationale de Défense, Gen Nakatani,
s'est plaint mardi des contraintes légales rendant difficile le
déploiement des forces d'autodéfense (Self Defense Forces,
SDF) pour la protection du pays.
"Avec les lois actuelles, si la police ne peut pas affronter
une situation, les SDF peuvent être envoyées mais nous avons
besoin d'une base légale plus solide pour accélérer
notre temps de réponse", a-t-il fait valoir lors d'une conférence
de presse.
Sensibles aux soucis de M. Nakatani partagés par le Premier
ministre Junichiro Koizumi, les partis de la coalition au pouvoir sont
tombés d'accord mardi pour déposer un projet de loi permettant
aux SDF de protéger les installations américaines et les
bâtiments du gouvernement japonais, a indiqué à l'AFP
un porte-parole du parti Komeito.
Parallèlement, les trois partis (Parti libéral
démocrate, Komeito et Parti Conservateur) continuent de discuter
du type d'appui, logistique ou autre, que pourraient fournir les SDF aux
forces américaines en cas de frappes en Afghanistan, selon le porte-parole
du Komeito.
Lundi, M. Koizumi avait invité la ministre des Affaires
étrangères Makiko Tanaka et le chef de l'Agence de Défense
à réfléchir à l'aide militaire pouvant être
apportée par Tokyo en restant dans le cadre de la constitution pacifiste
japonaise.
"Le Premier ministre appelle à un soutien qui n'aille
pas à l'encontre de la Constitution et nous étudions des
changements de ce point de vue", a indiqué Mme Tanaka mardi. L'article
9 de la Constitution interdit au Japon d'intervenir militairement dans
des conflits internationaux.
Shigenori Okazaki, analyste politique chez UBS Warburg a estimé
que "les questions constitutionnelles et sécuritaires vont dominer
le calendrier de la session parlementaire qui s'ouvre le 27 septembre".
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