Pakistan-Actualités L'actualité du Pakistan avec l'AFP/Reuters/AP | Archives 1998-2001
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Politique intérieure  

En un tournant politique, le président Moucharraf s'en prend aux groupes islamistes pakistanais (Le Monde, 14/01/02)
En un tournant politique, le président Moucharraf s'en prend aux groupes islamistes pakistanais naguère soutenu par Islamabad dans le djihad en Afghanistan et au Cachemire. Plus de 1  500  activistes ont été arrêtés.
 
C'est un nouveau départ pour le Pakistan, souhaité par la grande majorité des habitants, que le président Pervez Moucharraf a annoncé, samedi 12 janvier, balayant la période d'islamisation politique mise en œuvre depuis le général Zia Ul-Haq. En soixante-deux minutes d'un discours très attendu, le général-président a redessiné les contours d'un Pakistan défini comme un "Etat-providence islamique, progressiste et dynamique".
Incontestablement aidé par les circonstances nées des attentats du 11 septembre, le général a annoncé un changement total de la donne pakistanaise, alors qu'il avait affiché sa volonté de réforme dès sa prise de pouvoir en octobre 1999. Après avoir abandonné les talibans et la politique afghane du Pakistan, il s'en prend maintenant aux mouvements extrémistes islamistes qui s'étaient développés dans les coulisses de la lutte en Afghanistan et au Cachemire, et qui sont appelés à faire les frais de la nouvelle politique annoncée.
Les groupes extrémistes islamiques "ont créé un Etat dans l'Etat et ont défié le pouvoir du gouvernement, a affirmé le président Moucharraf, avant d'annoncer une série de mesures pour remédier à la situation. Le Pakistan est devenu un Etat mou dans lequel la suprématie de la loi peut être mise en question. Cette situation ne sera plus tolérée." Cinq groupes islamistes, dont deux engagés dans une guérilla armée au Cachemire et dont l'Inde demandait l'interdiction, ont été bannis. Plus de mille cinq cents membres de ces cinq organisations ont déjà été arrêtés.
Le général a longuement disserté sur les madrasas (écoles coraniques), qu'il a remerciées de promouvoir "d'excellentes mesures de bien-être [pour les défavorisés] sans les fonds de l'Etat". Tout en rendant hommage à l'immense majorité d'entre elles pour l'"excellente éducation"qu'elles délivrent, il a annoncé de sérieuses restrictions à leur fonctionnement. Désormais, toutes les madrasas devront être enregistrées auprès des autorités ; elles devront suivre un cursus moderne et contrôlé par le gouvernement ; tous leurs étudiants ou professeurs étrangers devront avoir à la fois la permission de leur gouvernement et celle du Pakistan.
De la même façon, le général Moucharraf a annoncé que toutes les mosquées devront être enregistrées auprès du gouvernement et qu'aucune mosquée ne pourra être construite sans autorisation préalable. L'usage des haut-parleurs sera désormais limité à l'appel à la prière et au sermon du vendredi. Si les sermons sont utilisés à des fins politiques, a-t-il averti, la permission de les diffuser par haut-parleur sera retirée et la loi s'appliquera aux responsables de la mosquée.
Enfin, le général-président - qui évoquait, il y a plusieurs mois, les bienfaits du djihad (guerre sainte) dans le contexte du Cachemire - a cette fois affirmé que "le djihad n'est pas seulement la lutte armée. Avons-nous jamais pensé engager le djihad contre l'analphabétisme, la pauvreté, l'arriération et la faim ?", s'est-il interrogé en citant le prophète, évoqué à plusieurs reprises dans son discours, de même que le fondateur du Pakistan, Mohammed Ali Jinnah. A l'adresse des groupes extrémistes prônant l'expansionnisme au nom de l'islam, le général a observé que "le Pakistan n'est pas responsable du djihad dans le monde".
En s'attaquant directement aux groupes islamistes, dont beaucoup ont été au fil des ans parrainés par l'armée ou les services de renseignements (ISI) pakistanais, le général Moucharraf prend un risque certain.
Si les événements du 11 septembre lui ont permis de mettre à l'écart certains hauts responsables militaires qui ne partageaient pas ses vues libérales, l'armée et l'ISI restent, en particulier aux niveaux subalternes, très influencés par des années d'islamisation. Le général Moucharraf peut compter sur le soutien d'une opinion publique très largement hostile au fondamentalisme rigoriste, mais il devra sans doute démontrer à ses pairs qu'ils ont tout à gagner au nouveau virage qu'il impose au Pakistan. Pour cela, il aura besoin d'un soutien durable de la communauté internationale.

Cinq mouvements sont interdits

Deux des cinq groupes islamiques extrémistes pakistanais bannis étaient tenus par l'Inde pour responsables de l'attentat du 13 décembre contre le Parlement de New Delhi.

Lashkar-i-Taiba (Armée des purs) : bras armé du Dawat-wal-Irshad, qui se propose de défendre les musulmans opprimés partout dans le monde. Très actif au Cachemire sous contrôle indien, ce mouvement de Pakistanais originaires du Pendjab était dirigé par le professeur Mohammed Hafez Saeed, qui a été arrêté.

Jaish-i-Mohammad (Armée de Mohammad) : dirigé par le maulana Massoud Ahzar (relâché par l'Inde en 1999 lors du détournement d'un avion indien sur Kandahar, à présent emprisonné au Pakistan), ce groupe de Pakistanais était devenu le mouvement de guérilla le plus actif au Cachemire indien grâce à des liens très étroits avec les services pakistanais.

Sipah-i-Sahaba Pakistan (SSP, Armée des disciples du Prophète) : créé à Jhang (Pendjab) en 1984, mouvement sunnite sectaire, violemment antichiite. Il prône un Pakistan sunnite où les chiites (15 % des 98 % de musulmans pakistanais) seraient déclarés non musulmans.

Teehrik-i-Jafria Pakistan (TJP, Mouvement de la loi islamique chiite) : fondé en 1984, mouvement chiite qui veut le respect de la loi chiite dans un pays majoritairement sunnite. Proche de l'Iran. Le bras armé du TJP, Sipah-i-Mohammad, a été banni le 14 août.

Teehrik Nifaz-i-Shariat-i-Mohammadi (TNSM, Mouvement pour l'application de la charia) : fondé en 1989 par le maulana Sufi Mohammed dans l'agence tribale de Bajaur et le district de Malakand, le TNSM prône une stricte application de la charia. Le groupe avait envoyé des centaines de Pakistanais au secours des talibans après le début des frappes américaines. Beaucoup ont été tués dans les bombardements.

1 400 extrémistes interpellés au Pakistan (Libération - 23/01/02)
Le président pakistanais, Pervez Musharraf, paraît depuis ces dernières semaines enclin à abandonner la politique de soutien d'Islamabad à plusieurs groupes extrémistes islamistes. Selon la police pakistanaise, 1 400 extrémistes ont été interpellés lors d'une rafle contre cinq organisations interdites par Musharraf. Il s'agit de Lashkar-e-Taiba et du Jaish-e-Mohammad ­ les deux formations accusées par l'Inde d'avoir perpétré l'attentat contre le Parlement de New Delhi ­; de deux mouvements sectaires, le sunnite Sipah-i-Sahaba Pakistan et son homologue chiite Tehreek-i-Jafria Pakistan; ainsi que d'une organisation protalibane qui a envoyé des milliers de volontaires en Afghanistan, le Tehreek-i-Nifaz-e-Shariat Mohammedi (mouvement pour la stricte application du code islamique).


Musharraf rassure New Delhi (LaTribune - 14/01/02)
Le chef de l’Etat pakistanais a condamné la «culture de la kalachnikov» dans son pays et dénoncé l’extrémisme islamique, avertissant qu’aucune activité terroriste ne devait se produire au nom du Cachemire

L’Inde a salué hier la décision du président pakistanais Pervez Musharraf d’interdire des organisations islamistes mais a averti que les actes devaient suivre les paroles pour désamorcer la tension entre les deux puissances nucléaires sur le pied de guerre. «Nous accueillons avec satisfaction l’engagement déclaré du Pakistan de ne plus soutenir ou permettre l’utilisation de son territoire pour le terrorisme n’importe où dans le monde, y compris dans l’Etat indien de Jammu-et-Cachemire», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Jaswant Singh. Il a néanmoins ajouté dans une conférence de presse à New Delhi que l’engagement du président pakistanais dans un important discours prononcé samedi dernier serait jugé «sur les actions concrètes prises pour stopper le terrorisme transfrontalier» à l’origine de la crise actuelle. Le ministre a par ailleurs exclu toute médiation internationale dans le conflit du Cachemire qui oppose l’Inde et le Pakistan depuis l’indépendance de 1947, comme l’avait suggéré le président Musharraf en invitant les Etats-Unis à « jouer un rôle actif». «Il n’y a pas de place pour l’implication d’une tierce partie», a-t-il dit, reprenant la position traditionnelle de New Delhi. Donnant le ton à une possible détente alors que les deux armées continuent de se faire face de part et d’autre de la frontière, le chef de la diplomatie a ajouté que l’Inde était prête à faire preuve de réciprocité et à laisser au dirigeant pakistanais le temps de mettre en œuvre sa politique. «Pour chaque mesure que le Pakistan prendra, nous en prendrons deux.» «Nous devons faire preuve de patience. Nous ne pouvons pas nous attendre à une action immédiate», a déclaré M. Singh. Le président Musharraf a notamment annoncé l’interdiction de cinq groupes extrémistes, dont deux mouvements considérés par l’Inde comme responsables de l’attaque du 13 décembre contre le Parlement de New Delhi. L’incident, le plus spectaculaire après une série d’attentats en Inde et au Cachemire, a mis les deux rivaux au bord d’une nouvelle guerre. «Si le gouvernement du Pakistan met en œuvre ses intentions et agit dans le but d’éradiquer le terrorisme transfrontalier, nous sommes prêts à reprendre le processus d’un dialogue», a ajouté le chef de diplomatie indienne. Sans attendre les exigences indiennes, le président pakistanais a fait arrêter dès samedi plusieurs centaines de militants des mouvements extrémistes interdits. L’Inde a dit par ailleurs espérer que le général Musharraf réexaminerait son refus de livrer vingt suspects dont elle a transmis la liste des noms à Islamabad pour obtenir leur extradition. M. Singh a noté que 14 ou 15 sont des «criminels de nationalité indienne». M. Musharraf a promis d’agir contre les extrémistes, mais a exclu d’extrader des Pakistanais chez l’ennemi héréditaire.L’opposition indienne a exprimé une position identique à celle du gouvernement, maintenant la rare union nationale qui s’est faite jour depuis l’attentat ayant fait 14 morts à New Delhi il a un mois. Ailleurs dans le monde, le discours de M. Musharraf a généralement été bien accueilli, notamment aux Etats-Unis, en Europe et aux Nations unies. Ainsi, le président Bush se félicite de «la ferme décision du président Musharraf de s’opposer au terrorisme et à l’extrémisme, et de son engagement à ce que nul ne soit autorisé à recourir au terrorisme pour faire avancer sa cause», a déclaré dans un communiqué le porte-parole de la Maison-Blanche Ari Fleischer. «Le président applaudit la vision du Pakistan du président Musharraf, celle d’un Etat progressiste et moderne, et son effort vigoureux pour promouvoir l’éducation et un meilleur avenir économique pour sonpeuple», a ajouté M. Fleischer. 

Le Pakistan ou l'impossible démocratie - Dossier du Monde interactif.
Puissance nucléaire de 150 millions d'habitants, le Pakistan, qui parraina le régime des talibans à Kaboul, est au coeur de la tourmente provoquée par les attentats du 11 septembre. Le dossier du Monde dresse le portrait d'une nation mal dans sa peau, née de la partition de l'Inde en 1947, taraudée par l'islamisme militant. 

Pakistan - Dossier du "Monde diplomatique".



Sofres - L'opinion pakistanaise après l'intervention américaine en Afghanistan
Le 17 octobre 2001 - L’étude Gallup réalisée avant la venue du Secrétaire d’Etat à la Défense américain Colin Powell au Pakistan et après les premières frappes aériennes sur l’Afghanistan révèle les fortes tensions qui secouent l’opinion publique du pays. Que ce soit à l’égard de leur chef d’Etat ou de l’intervention américaine en Afghanistan et ses conséquences économiques et géostratégiques, les Pakistanais se montrent divisés. En revanche, ils apportent leur soutien à Oussama Ben Laden, qu’ils perçoivent d’abord comme un moudjahidin, et non comme un terroriste.

L’action du général Moucharraf approuvée, mais pas de ralliement aux Etats-Unis
Premier concerné par les tensions de l’opinion publique, le chef d’Etat pakistanais. Environ la moitié des interviewés (51%) se dit aujourd’hui en accord avec la politique du général Moucharraf de coopération avec les Etats-Unis dans la crise actuelle - soit une part sensiblement plus importante qu’il y a 3 semaines (32%). En outre, son action dans la crise actuelle est jugée bonne par 37% de la population, mauvaise par 21%, et acceptable par 42%. Néanmoins, 41% des Pakistanais désapprouvent la position de leur chef d’Etat. Leurs sympathies se portent quasi unanimement du côté des talibans (83%), contre 3% côté américain. En conséquence, l’opération militaire américaine engagée dans la région suscite le rejet d’une grande partie de l’opinion. Seulement 16% des Pakistanais sont favorables au fait que les Etats-Unis soient autorisés à utiliser les bases aériennes du Pakistan, (contre 75%) et seulement 14% soutiennent l’idée d’une intervention terrestre américaine à partir du sol pakistanais (contre 77%).

Oussama Ben Laden, un moudjahidin plus qu’un terroriste
En revanche, la personnalité d’ Oussama Ben Laden ne suscite pas de rejet. Certes, environ deux tiers (64%) estiment que les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis constituent un acte terroriste - contre 24% une action du djihad (" guerre sainte "). Mais de leur point de vue, Oussama Ben Laden n’est pas responsable des attaques perpétrées aux Etats-Unis le 11 septembre : seulement 12% le désignent responsable, contre 48% Israël, 25% des groupuscules américains, 5% des Palestiniens et 10% d’autres groupes. C’est pourquoi seulement 6 % le considèrent comme un terroriste alors que 82% voient en lui un moudjahidin. Si une large majorité s’oppose à ce que Ben Laden se livre lui-même à la justice (57%), une part conséquente de l’opinion pakistanaise (34%) s’y montre favorable.

Des craintes d’extension du conflit actuel sur le Cachemire
L’enquête révèle par ailleurs la crainte d’une part significative de l’opinion pakistanaise quant aux suites de l’intervention américaine en Afghanistan, notamment à propos de la question du Cachemire. Près de 6 Pakistanais sur 10 estiment les risques d’une intervention des Etats-Unis au Cachemire probables (17% très probables, 42% juste probables), contre 41%.

L’aide économique américaine au Pakistan divise l’opinion
Par ailleurs, l’opinion publique pakistanaise se montre partagée à propos de la question de l’aide américaine et ses conséquences sur la situation économique du pays. Si 59% pensent qu’elle serait utile au pays, 38% l’estiment au contraire nuisible. Mais une part importante de l’opinion se montre pessimiste sur l’évolution de la situation économique du pays : 54% estiment qu’elle se dégradera à la suite de l’intervention américaine dans la région, 22% qu’elle s’améliorera et 24% qu’elle restera identique.
voir l'ensemble de l'étude Gallup Pakistan

Pakistan Human Rights Developments - Rapport de 1999 de Human Rights Watch

Environnement/Social/Santé/

 

Economie, Industries et R&D
 

 
Relations internationales
Mission des Nations Unies au Pakistan
Amnesty International USA: Pakistan
Defense
voir  conflit Inde-Pakistan

U.S. Library of Congress Country Study - Pakistan - Introduction au pays et aux forces armées
Directorate for Inter-Services Intelligence [ISI] - Pakistan Intelligence Agencies - Un article sur les services secrets pakistanais (ISI) par le Intelligence Ressource Program.
 

Mise à jour :  mars 2002
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