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Politique
intérieure En un tournant politique, le président Moucharraf s'en prend aux groupes islamistes pakistanais (Le Monde, 14/01/02) En un tournant politique, le président Moucharraf s'en prend aux groupes islamistes pakistanais naguère soutenu par Islamabad dans le djihad en Afghanistan et au Cachemire. Plus de 1 500 activistes ont été arrêtés. C'est un nouveau départ pour le Pakistan, souhaité par la grande majorité des habitants, que le président Pervez Moucharraf a annoncé, samedi 12 janvier, balayant la période d'islamisation politique mise en œuvre depuis le général Zia Ul-Haq. En soixante-deux minutes d'un discours très attendu, le général-président a redessiné les contours d'un Pakistan défini comme un "Etat-providence islamique, progressiste et dynamique". Incontestablement aidé par les circonstances nées des attentats du 11 septembre, le général a annoncé un changement total de la donne pakistanaise, alors qu'il avait affiché sa volonté de réforme dès sa prise de pouvoir en octobre 1999. Après avoir abandonné les talibans et la politique afghane du Pakistan, il s'en prend maintenant aux mouvements extrémistes islamistes qui s'étaient développés dans les coulisses de la lutte en Afghanistan et au Cachemire, et qui sont appelés à faire les frais de la nouvelle politique annoncée. Les groupes extrémistes
islamiques "ont créé un Etat dans l'Etat et ont défié
le pouvoir du gouvernement, a affirmé le président Moucharraf,
avant d'annoncer une série de mesures pour remédier à
la situation. Le Pakistan est devenu un Etat mou dans lequel la suprématie
de la loi peut être mise en question. Cette situation ne sera plus
tolérée." Cinq groupes islamistes, dont deux engagés
dans une guérilla armée au Cachemire et dont l'Inde demandait
l'interdiction, ont été bannis. Plus de mille cinq cents
membres de ces cinq organisations ont déjà été
arrêtés.
Le général a longuement disserté sur les madrasas (écoles coraniques), qu'il a remerciées de promouvoir "d'excellentes mesures de bien-être [pour les défavorisés] sans les fonds de l'Etat". Tout en rendant hommage à l'immense majorité d'entre elles pour l'"excellente éducation"qu'elles délivrent, il a annoncé de sérieuses restrictions à leur fonctionnement. Désormais, toutes les madrasas devront être enregistrées auprès des autorités ; elles devront suivre un cursus moderne et contrôlé par le gouvernement ; tous leurs étudiants ou professeurs étrangers devront avoir à la fois la permission de leur gouvernement et celle du Pakistan. De la même façon, le général Moucharraf a annoncé que toutes les mosquées devront être enregistrées auprès du gouvernement et qu'aucune mosquée ne pourra être construite sans autorisation préalable. L'usage des haut-parleurs sera désormais limité à l'appel à la prière et au sermon du vendredi. Si les sermons sont utilisés à des fins politiques, a-t-il averti, la permission de les diffuser par haut-parleur sera retirée et la loi s'appliquera aux responsables de la mosquée. Enfin, le général-président - qui évoquait, il y a plusieurs mois, les bienfaits du djihad (guerre sainte) dans le contexte du Cachemire - a cette fois affirmé que "le djihad n'est pas seulement la lutte armée. Avons-nous jamais pensé engager le djihad contre l'analphabétisme, la pauvreté, l'arriération et la faim ?", s'est-il interrogé en citant le prophète, évoqué à plusieurs reprises dans son discours, de même que le fondateur du Pakistan, Mohammed Ali Jinnah. A l'adresse des groupes extrémistes prônant l'expansionnisme au nom de l'islam, le général a observé que "le Pakistan n'est pas responsable du djihad dans le monde". En s'attaquant directement aux groupes islamistes, dont beaucoup ont été au fil des ans parrainés par l'armée ou les services de renseignements (ISI) pakistanais, le général Moucharraf prend un risque certain. Si les événements du 11 septembre lui ont permis de mettre à l'écart certains hauts responsables militaires qui ne partageaient pas ses vues libérales, l'armée et l'ISI restent, en particulier aux niveaux subalternes, très influencés par des années d'islamisation. Le général Moucharraf peut compter sur le soutien d'une opinion publique très largement hostile au fondamentalisme rigoriste, mais il devra sans doute démontrer à ses pairs qu'ils ont tout à gagner au nouveau virage qu'il impose au Pakistan. Pour cela, il aura besoin d'un soutien durable de la communauté internationale. Cinq mouvements sont interdits Deux des cinq groupes islamiques extrémistes pakistanais bannis étaient tenus par l'Inde pour responsables de l'attentat du 13 décembre contre le Parlement de New Delhi. Lashkar-i-Taiba (Armée des purs) : bras armé du Dawat-wal-Irshad, qui se propose de défendre les musulmans opprimés partout dans le monde. Très actif au Cachemire sous contrôle indien, ce mouvement de Pakistanais originaires du Pendjab était dirigé par le professeur Mohammed Hafez Saeed, qui a été arrêté. Jaish-i-Mohammad (Armée de Mohammad) : dirigé par le maulana Massoud Ahzar (relâché par l'Inde en 1999 lors du détournement d'un avion indien sur Kandahar, à présent emprisonné au Pakistan), ce groupe de Pakistanais était devenu le mouvement de guérilla le plus actif au Cachemire indien grâce à des liens très étroits avec les services pakistanais. Sipah-i-Sahaba Pakistan (SSP, Armée des disciples du Prophète) : créé à Jhang (Pendjab) en 1984, mouvement sunnite sectaire, violemment antichiite. Il prône un Pakistan sunnite où les chiites (15 % des 98 % de musulmans pakistanais) seraient déclarés non musulmans. Teehrik-i-Jafria Pakistan (TJP, Mouvement de la loi islamique chiite) : fondé en 1984, mouvement chiite qui veut le respect de la loi chiite dans un pays majoritairement sunnite. Proche de l'Iran. Le bras armé du TJP, Sipah-i-Mohammad, a été banni le 14 août. Teehrik Nifaz-i-Shariat-i-Mohammadi (TNSM, Mouvement pour l'application
de la charia) : fondé en 1989 par le maulana Sufi Mohammed dans
l'agence tribale de Bajaur et le district de Malakand, le TNSM prône
une stricte application de la charia. Le groupe avait envoyé des
centaines de Pakistanais au secours des talibans après le début
des frappes américaines. Beaucoup ont été tués
dans les bombardements. Le président pakistanais, Pervez Musharraf, paraît depuis ces dernières semaines enclin à abandonner la politique de soutien d'Islamabad à plusieurs groupes extrémistes islamistes. Selon la police pakistanaise, 1 400 extrémistes ont été interpellés lors d'une rafle contre cinq organisations interdites par Musharraf. Il s'agit de Lashkar-e-Taiba et du Jaish-e-Mohammad les deux formations accusées par l'Inde d'avoir perpétré l'attentat contre le Parlement de New Delhi ; de deux mouvements sectaires, le sunnite Sipah-i-Sahaba Pakistan et son homologue chiite Tehreek-i-Jafria Pakistan; ainsi que d'une organisation protalibane qui a envoyé des milliers de volontaires en Afghanistan, le Tehreek-i-Nifaz-e-Shariat Mohammedi (mouvement pour la stricte application du code islamique). Musharraf rassure New Delhi (LaTribune - 14/01/02) Le chef de l’Etat pakistanais a condamné la «culture de la kalachnikov» dans son pays et dénoncé l’extrémisme islamique, avertissant qu’aucune activité terroriste ne devait se produire au nom du Cachemire L’Inde a salué hier la décision du
président pakistanais Pervez Musharraf d’interdire des organisations
islamistes mais a averti que les actes devaient suivre les paroles pour
désamorcer la tension entre les deux puissances nucléaires
sur le pied de guerre. «Nous accueillons avec satisfaction l’engagement
déclaré du Pakistan de ne plus soutenir ou permettre l’utilisation
de son territoire pour le terrorisme n’importe où dans le monde,
y compris dans l’Etat indien de Jammu-et-Cachemire», a déclaré
le ministre des Affaires étrangères Jaswant Singh. Il a néanmoins
ajouté dans une conférence de presse à New Delhi que
l’engagement du président pakistanais dans un important discours
prononcé samedi dernier serait jugé «sur les actions
concrètes prises pour stopper le terrorisme transfrontalier»
à l’origine de la crise actuelle. Le ministre a par ailleurs exclu
toute médiation internationale dans le conflit du Cachemire qui
oppose l’Inde et le Pakistan depuis l’indépendance de 1947, comme
l’avait suggéré le président Musharraf en invitant
les Etats-Unis à « jouer un rôle actif». «Il
n’y a pas de place pour l’implication d’une tierce partie», a-t-il
dit, reprenant la position traditionnelle de New Delhi. Donnant le ton
à une possible détente alors que les deux armées continuent
de se faire face de part et d’autre de la frontière, le chef de
la diplomatie a ajouté que l’Inde était prête à
faire preuve de réciprocité et à laisser au dirigeant
pakistanais le temps de mettre en œuvre sa politique. «Pour chaque
mesure que le Pakistan prendra, nous en prendrons deux.» «Nous
devons faire preuve de patience. Nous ne pouvons pas nous attendre à
une action immédiate», a déclaré M. Singh. Le
président Musharraf a notamment annoncé l’interdiction de
cinq groupes extrémistes, dont deux mouvements considérés
par l’Inde comme responsables de l’attaque du 13 décembre contre
le Parlement de New Delhi. L’incident, le plus spectaculaire après
une série d’attentats en Inde et au Cachemire, a mis les deux rivaux
au bord d’une nouvelle guerre. «Si le gouvernement du Pakistan met
en œuvre ses intentions et agit dans le but d’éradiquer le terrorisme
transfrontalier, nous sommes prêts à reprendre le processus
d’un dialogue», a ajouté le chef de diplomatie indienne. Sans
attendre les exigences indiennes, le président pakistanais a fait
arrêter dès samedi plusieurs centaines de militants des mouvements
extrémistes interdits. L’Inde a dit par ailleurs espérer
que le général Musharraf réexaminerait son refus de
livrer vingt suspects dont elle a transmis la liste des noms à Islamabad
pour obtenir leur extradition. M. Singh a noté que 14 ou 15 sont
des «criminels de nationalité indienne». M. Musharraf
a promis d’agir contre les extrémistes, mais a exclu d’extrader
des Pakistanais chez l’ennemi héréditaire.L’opposition indienne
a exprimé une position identique à celle du gouvernement,
maintenant la rare union nationale qui s’est faite jour depuis l’attentat
ayant fait 14 morts à New Delhi il a un mois. Ailleurs dans le monde,
le discours de M. Musharraf a généralement été
bien accueilli, notamment aux Etats-Unis, en Europe et aux Nations unies.
Ainsi, le président Bush se félicite de «la ferme décision
du président Musharraf de s’opposer au terrorisme et à l’extrémisme,
et de son engagement à ce que nul ne soit autorisé à
recourir au terrorisme pour faire avancer sa cause», a déclaré
dans un communiqué le porte-parole de la Maison-Blanche Ari Fleischer.
«Le président applaudit la vision du Pakistan du président
Musharraf, celle d’un Etat progressiste et moderne, et son effort vigoureux
pour promouvoir l’éducation et un meilleur avenir économique
pour sonpeuple», a ajouté M. Fleischer. Sofres - L'opinion pakistanaise après l'intervention américaine en Afghanistan Le 17 octobre 2001 - L’étude Gallup réalisée avant la venue du Secrétaire d’Etat à la Défense américain Colin Powell au Pakistan et après les premières frappes aériennes sur l’Afghanistan révèle les fortes tensions qui secouent l’opinion publique du pays. Que ce soit à l’égard de leur chef d’Etat ou de l’intervention américaine en Afghanistan et ses conséquences économiques et géostratégiques, les Pakistanais se montrent divisés. En revanche, ils apportent leur soutien à Oussama Ben Laden, qu’ils perçoivent d’abord comme un moudjahidin, et non comme un terroriste. L’action du général Moucharraf
approuvée, mais pas de ralliement aux Etats-Unis
Oussama Ben Laden, un moudjahidin plus
qu’un terroriste
Des craintes d’extension du conflit
actuel sur le Cachemire
L’aide économique américaine
au Pakistan divise l’opinion
Pakistan Human Rights Developments - Rapport de 1999 de Human Rights Watch |
Environnement/Social/Santé/
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Economie, Industries
et R&D
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Relations internationales
Mission des Nations Unies au Pakistan Amnesty International USA: Pakistan |
Defense
voir conflit Inde-Pakistan U.S. Library of Congress Country Study - Pakistan - Introduction au pays et aux forces armées Directorate for Inter-Services Intelligence [ISI] - Pakistan Intelligence Agencies - Un article sur les services secrets pakistanais (ISI) par le Intelligence Ressource Program. |
Mise à jour
: mars 2002
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